"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.
Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.
Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."
Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean
" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Saint Père François
1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II
Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II
Béatification du Père Popieluszko
à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ
Varsovie 2010
Basilique du
Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde
Divine
La miséricorde de Dieu
est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus
absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de
l’amour.
Père Marie-Joseph Le
Guillou
Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.
Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.
Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)
Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en
Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant
Jésus
feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de
Montmartre
Notre Dame de Grâce
Cathédrale Notre Dame de Paris
Ordinations du
samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris
la vidéo sur
KTO
Magnificat
Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de
Paris
NOTRE DAME DES VICTOIRES
Notre-Dame des
Victoires
... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !
SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ
BENOÎT XVI à CHYPRE
Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010
Benoît XVI en Terre Sainte
Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem
Yahad-In Unum
Vicariat hébréhophone en Israël
Mgr Fouad Twal
Vierge de Vladimir
Ainsi fut décrétée l'altération d'un livre liturgique reçu dans toute l'Église latine.
Ainsi le souverain pouvoir liturgique qui avait déjà reçu une première atteinte dans l'Assemblée de 1606, par l'irrégulière insertion du nom du roi au canon de la messe, en reçut une seconde bien plus violente dans les Assemblées de 1650, 1660 et 1670. Du moins, en 1606, on n'avait pas pris la peine de consulter le Siège apostolique avant de formuler un refus positif d'obéissance à ses prescriptions.
On n'avait pas dit et inséré au procès-verbal des délibérations, qu'une mesure prise par l'autorité apostolique était d'une dangereuse conséquence ; qu'un des livres les plus vénérables, les plus sacrés qui soient dans l'Eglise, un livre garanti par le Saint-Siège, renfermait des nouveautés préjudiciables à l'autorité des évêques ; comme si l'Eglise romaine n'avait pas, dans tous les siècles, maintenu, pour le bien de la chrétienté, l'autorité inviolable de l'Épiscopat. Il est vrai que, depuis bien des siècles, de concert avec les évêques eux-mêmes, Rome avait cru devoir assurer par des privilèges spéciaux les grands biens produits par les réguliers ; mais cette discipline étant universelle et promulguée par les canons des conciles œcuméniques et par les bulles des papes, deux choses devaient nécessairement être considérées avant tout par ceux auxquels elle aurait déplu. La première, qu'une discipline revêtue d'une sanction aussi sacrée ne pouvait, en aucune façon, être contraire à la constitution essentielle de l'Eglise ; autrement, il faudrait dire que l'Église aurait erré sur la discipline générale, ce qui est hérétique. La seconde, que l'exemption des réguliers étant une loi généraie de l'Eglise, toutes les atteintes qui lui seraient portées par un pouvoir autre que le pouvoir universel du concile œcuménique ou du souverain pontife, seraient illicites et nulles de plein droit.
Il y a donc contradiction de principes toutes les fois que, dans une église particulière, il est porté atteinte à l'exemption des corps réguliers, et voilà pourquoi les gouvernements ennemis de l'Église ont toujours poussé le clergé qui leur est soumis à annuler, par des règlements spéciaux, l'existence exceptionnelle des réguliers, et ont même décrété, comme loi de l'État, la soumission des réguliers aux ordinaires. Rappelons-nous Joseph II en Allemagne, Léopold en Toscane, Ferdinand IV à Naples, les archevêques électeurs à Ems, les Cortès de 1822 en Espagne, Nicolas Ier en Pologne, les articles de Baden, en 1834, pour la Suisse, etc. Ceci demande une histoire à part, et nous n'avons ici à traiter cette question que dans ses seuls rapports avec l'incident liturgique qui nous occupe. Nous dirons seulement que cette altération du Pontifical coïncida avec la fameuse déclaration de l'Assemblée de 1645 sur les réguliers, déclaration dont l'effet avait été préparé dans l'opinion par le Petrus Aurelius, par le livre de Hallier, sur la hiérarchie, etc., et qui fut bientôt suivie de la censure du livre de Jacques Vernant par la Sorbonne, censure censurée elle-même par Alexandre VII dans une bulle doctrinale qui fut rejetée en France. Mais, sans entrer dans toutes ces questions qui sont d'un autre sujet, nous avons à noter ici un acte solennel par lequel les prélats français déclarent qu'ils ne sont point tellement obligés à suivre les livres liturgiques de Rome reçus par eux, qu'ils n'en puissent à l'occasion juger et modifier le texte, et ce, sans avoir besoin de l'autorisation apostolique.
Pendant que les Assemblées du clergé, si zélées d'ailleurs contre les nouveautés, donnaient ainsi le fatal exemple d'une atteinte portée à la Liturgie universelle, la secte janséniste poursuivait, avec une audace toujours croissante, ses plans ténébreux. Elle marchait à son but en attaquant les principes de l'Église sur la Liturgie. Son coup d'essai public, en ce genre, fut la publication d'une traduction française du Missel romain.
Nous avons, dans notre chapitre XIV assigné comme le huitième caractère de l'hérésie antiliturgiste, la haine pour tout ce qui est mystérieux dans le culte, et spécialement pour l'emploi d'une langue sacrée inconnue au peuple. Les réformateurs du XVIe siècle, ancêtres naturels des jansénistes, avaient inauguré les traductions de l'Écriture sainte en langue vulgaire, comme le plus puissant moyen d'en finir avec la tradition, et d'affranchir l'intelligence des peuples du joug de Rome ; en même temps, ils réclamèrent l'emploi exclusif de la même langue vulgaire dans la Liturgie. Par là le culte se trouvait purgé de toute tendance mystique, et le dernier des fidèles devenait à même de juger de sa croyance, et conséquemment de sa pratique.
Les novateurs français du XVIIe siècle n'avaient garde de s'écarter d'une ligne de conduite si éprouvée, et, en attendant le Nouveau Testament de Mons, que Port-Royal publia en 1666, et qui excita de si grands troubles dans l'Église, dès 1660, le sieur Joseph de Voisin, docteur de Sorbonne, faisait paraître, avec l'approbation des vicaires généraux de Paris, un ouvrage en cinq volumes, intitulé : Le Missel romain, selon le règlement du concile de Trente, traduit en français, avec l'explication de toutes les messes, etc. Dans leur permission, les vicaires généraux s'étayaient d'une approbation de la Sorbonne qui se trouva être supposée, ainsi qu'il constate d'une déclaration donnée l'année suivante par la même Faculté, et dans laquelle les docteurs attestent d'abord qu'ils n'ont point donné la prétendue approbation ; qu'à la vérité on les avait consultés sur un ouvrage, mais qu'on ne leur avait parlé que d'une explication des messes de l'année, et non d'une traduction du Missel en langue française ; qu'elle ne pourrait donc s'empêcher d'improuver l'approbation qui, dit-on, aurait été donnée par quelques membres de son corps, puisque déjà elle s'est vue dans le cas, en 1655, de refuser son autorisation à une traduction française du Bréviaire romain, et en 1649, à une version du Nouveau Testament en langue vulgaire. La Sorbonne rappelle ensuite sa fameuse censure de 1527, contre les propositions d'Érasme, dont une, entre autres, exprimait le désir de voir les saintes Écritures traduites en toutes les langues.
L'Assemblée du clergé de 1660, se montra fidèle, dans cette occasion, à ces vénérables traditions qui n'auraient jamais dû périr chez nous. Elle condamna la traduction du Missel en langue vulgaire par le sieur de Voisin, et pour qu'il ne manquât rien à la solennelle réprobation de l'attentat qui venait d'être commis contre le mystère sacré de la Liturgie, un bref d'Alexandre VII, du 12 janvier 1661, vint joindre son autorité irréfragable à la sentence qu'avaient, en première instance, rendue les évêques de l'Assemblée. Le Pontife s'exprime ainsi :
" Il est venu à nos oreilles et nous avons appris avec une grande douleur que, dans le royaume de France, certains fils de perdition, curieux de nouveautés pour la perte des âmes, au mépris des règlements et de la pratique de l'Église, en sont venus à ce point d'audace que de traduire en langue française le Missel romain, écrit jusqu'ici en langue latine, suivant l'usage approuvé dans l'Église depuis tant de siècles ; qu'après l'avoir traduit, ils ont osé le publier par la presse, le mettant ainsi à la portée des personnes de tout rang et de tout sexe, et, par là, qu'ils ont tenté, par un téméraire effort, de dégrader les rites les plus sacrés, en abaissant la majesté que leur donne la langue latine, et exposant aux yeux du vulgaire la dignité des mystères divins.
" Nous qui, quoique indigne, avons reçu le soin de la vigne du Seigneur des armées, plantée par le Christ notre Sauveur, et arrosée de son précieux sang, voulant ôter les épines qui la couvriraient si on les laissait croître, et même en couper jusqu'aux racines, autant que Nous le pouvons par le secours de Dieu, détestant et abhorrant cette nouveauté qui déformerait l'éternelle beauté de l'Église et qui engendrerait facilement la désobéissance, la témérité, l'audace, la sédition, le schisme, et plusieurs autres malheurs.
" De notre propre mouvement, de notre science certaine et mûre délibération, Nous condamnons et réprouvons le susdit Missel traduit en français, en défendant à tous les fidèles du Christ de l'imprimer, lire ou retenir, sous peine d'excommunication, mandant à iceux de remettre aux ordinaires ou aux inquisiteurs les exemplaires qu'ils ont ou pourraient avoir dans la suite, afin que ceux-ci les fassent immédiatement jeter au feu."
Tout catholique verra, sans doute, à la gravité du langage du Pontife romain, qu'il s'agissait dans cette occasion d'une affaire majeure ; mais plus d'un de nos lecteurs s'étonnera, peut-être, après ce que nous venons de rapporter, de l'insensibilité avec laquelle on considère aujourd'hui un abus qui excitait à un si haut degré le zèle d'Alexandre VII.
Aujourd'hui, tous les fidèles de France, pour peu qu'ils sachent lire, sont à même de scruter ce qu'il y a de plus mystérieux dans le canon de la messe, grâce aux innombrables traductions qui en sont répandues en tous lieux ; la Bible, en langue vulgaire est, de toutes parts, mise à leur disposition : que doit-on penser de cet état de choses ? Certes, ce n'est pas à Rome que nous le demanderons : bien des fois, depuis Alexandre VII, elle s'est exprimée de manière à ne nous laisser aucun doute ; mais nous dirons avec tous les conciles des trois derniers siècles, que l'usage des traductions de l'Écriture sainte, tant qu'elles ne sont pas accompagnées d'une glose ou de notes tirées des saints Pères et des enseignements de la tradition, sont illicites, et, avec l'autorité du Saint-Siège et du clergé de France, nous assimilerons aux versions de l'Écriture prohibées, toute traduction du canon de la messe qui serait pas accompagnée d'un commentaire qui prévienne les difficultés.
D'autre part, nous confessons avec tous les catholiques qu'il y a un pouvoir de dispense dans l'Église, et il n'est pas le moins du monde dans notre sujet d'en rechercher les règles d'application. Nous poursuivrons donc notre récit.
DOM GUÉRANGER
INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XVII, DE LA LITURGIE DURANT LA SECONDE MOITIE DU XVIIe SIECLE. COMMENCEMENT DE LA DEVIATION LITURGIQUE EN FRANCE. — AFFAIRE DU PONTIFICAL ROMAIN. — TRADUCTION FRANÇAISE DU MISSEL. — RITUEL D'ALET. — BREVIAIRE PARISIEN DE HARLAY. — BRÉVIAIRE DE CLUNY. — HYMNES DE SANTEUIL. — CARACTÈRE DES CHANTS NOUVEAUX. — TRAVAUX DES PAPES SUR LES LIVRES ROMAINS. — AUTEURS LITURGIQUES DE CETTE ÉPOQUE.
À Laon, après 458, sainte Céline, mère des saints évêques Prince de Soissons et Remi de Reims.
Martyrologe romain
Nous entrons dans la partie la plus pénible et la plus délicate du récit que nous nous sommes imposé. Pendant que l'Église latine tout entière reste fidèle aux formes liturgiques établies par saint Pie V, suivant le vœu du concile de Trente, confirmé par les divers conciles provinciaux qui l'ont suivi, une révolution se prépare dans l'Eglise de France. En moins d'un siècle, nous allons voir les plus graves changements s'introduire dans la lettre des offices divins, et l'unité romaine, que proclamait si nettement encore l'Assemblée de 1605, disparaître en peu d'années.
Pour mettre dans tout leur jour les causes de ce changement, il serait nécessaire de faire en détail l'histoire de France pendant le XVIIe siècle. Peu de gens aujourd'hui la connaissent, et pourtant elle renferme seule la clef de tous les événements religieux accomplis dans le cours des deux siècles suivants. C'est à cette époque qui montre encore de si magnifiques débris des anciennes mœurs catholiques, et qui vit s'élever tant de pieuses institutions, que les germes du protestantisme, sourdement implantés dans les moeurs françaises, percèrent la terre et produisirent ces doctrines d'isolement dont les unes, formellement hétérodoxes, furent honteusement flétries du nom de jansénisme, les autres, moins hardies, moins caractérisées, plus difficiles à démêler dans leur portée, se groupèrent successivement en forme de système national du christianisme, et ont été dans la suite comprises sous la dénomination plus ou moins juste de gallicanisme.
La Liturgie devait ressentir le contre-coup de ce mouvement. On peut dire qu'elle est l'expression de l'Église ; du moment donc que des variations s'introduisaient dans la chose religieuse en France, on ne pouvait plus espérer que l'unité liturgique pût dès lors exister entre Rome et la France. S'il est une assertion d'une rigueur mathématique, c'est assurément celle que nous énonçons en ce moment. — Mais, dira-t-on, voulez-vous nous faire croire que les changements introduits au bréviaire et au missel sont le résultat de principes hétérodoxes et suspects, ou encore qu'ils ont eu pour auteurs et promoteurs des hommes qui n'étaient pas purs dans la foi ? A cela nous répondons simplement : Lisez notre récit, et jugez ; prouvez que les faits que nous racontons ne sont pas exacts, que les principes que nous soutenons ne sont pas sûrs. Nous n'entendons pas, certes, envelopper, en masse, dans une odieuse conspiration contre l'orthodoxie les générations qui nous .ont précédés; mais on ne saurait non plus nier l'histoire et les monuments.
Semblable en beaucoup de choses aux sectes gnostiques et manichéennes que nous avons signalées au chapitre XIV, essentiellement antiliturgique comme elles, le jansénisme eut pour caractère de s'infiltrer au sein du peuple fidèle, en pénétrant de son esprit, à des degrés divers, la société qu'il venait corrompre. A ceux qui étaient assez forts, il prêcha un calvinisme véritable qui, au XVIIIe siècle, se transforma en le gnosticisme le plus honteux, par les convulsions et le secourisme, en attendant qu'à la fin du même siècle, on vît ses adeptes passer, de plain-pied, de la doctrine de Saint-Cyran et de Montgeron, à l'athéisme et au culte de la raison.
A ceux au contraire qu'un attachement énergique à l'ensemble des dogmes, un éloignement prononcé pour une révolte contre les décisions évidentes de l'Eglise,garantissait de pareils excès, le jansénisme chercha à inspirer une défiance, un mépris, un éloignement même pour les formes extérieures du catholicisme, pour les croyances qui paraissent ne tenir au symbole que d'une manière éloignée. S'il n'osa révéler à ces derniers que l'Eglise avait cessé d'être visible, il se plut du moins à la leur montrer comme déchue de la perfection des premiers siècles, encombrée de superfétations que l'ignorance des bas siècles avait entassées autour d'elle, et surtout moins pure à Rome et dans les pays de la vieille catholicité qu'en France, où la science de l'antiquité, la critique, et surtout un zèle éclairé pour de saintes et précieuses libertés, avaient ménagé d'efficaces moyens de retour à la pureté primitive. Dans cette doctrine, le lecteur reconnaît sans doute, non-seulement Jansénius, Saint-Cyran et Arnauld, mais Letourneux, Ellies Dupin, Tillemont, Launoy, Thiers, Baillet, de Vert, Fleury, Duguet, Mésenguy, Coffin, Rondet, etc.; or ce qui nous reste à faire voir, c'est que ces législateurs du dogme et de la discipline en France, ces réformateurs des mœurs chrétiennes, ont été, directement ou indirectement, les promoteurs des énormes changements introduits dans la Liturgie de nos églises.
Avant d'offrir au lecteur le tableau de leurs opérations sur le culte et l'office divin, nous ouvrirons notre récit par un incident liturgique qui signala le commencement de la période dont nous traçons l'histoire dans ce chapitre.
En 1645, Urbain VIII ayant, ainsi que nous l'avons dit, donné une nouvelle édition du Pontifical romain, dans laquelle il avait, d'autorité apostolique, introduit plusieurs modifications et additions, il se trouva qu'une de ces modifications avait rapport à la promesse d'obéissance à l'évêque que doivent émettre les prêtres dans la cérémonie de leur ordination. Le Siège apostolique avait jugé à propos de prescrire que l'évêque, conférant l'ordination, exigerait cette promesse de la part des réguliers, non pour lui-même, mais pour leur supérieur, en ces termes : Promittis prœlato ordinario tuo pro tempore existenti reverentiam et obedientiam ? En effet, du moment que l'existence des corporations régulières est admise par l'Église, il n'est nullement extraordinaire que cette partie du droit reçoive aussi ses applications dans les formes ecclésiastiques : c'est le contraire qui devrait surprendre. Clément VIII, il est vrai, dans la première édition du Pontifical, avait omis cette particularité ; mais l'autorité de son successeur Urbain VIII, qui répara cette omission, était égale à la sienne, et le motif qui faisait agir ce dernier pontife ne pouvait être plus rationnel. Le but de la promesse d'obéissance exigée des prêtres dans leur ordination, est, sans doute, de les lier à un centre ecclésiastique quelconque. Ce centre naturel est l'évêque pour ceux qui doivent exercer le sacerdoce dans un diocèse en particulier; mais, comme il est évident que les individus faisant partie des corps réguliers doivent se transporter non seulement d'un diocèse à l'autre, mais d'un royaume, ou même d'une partie du monde à l'autre, il suit de là que la promesse d'obéissance émise par l'ordinand régulier à l'évêque qui célèbre l'ordination deviendrait le plus souvent illusoire, et que, par conséquent, la véritable dépendance à constater, en ce moment, est celle qu'il doit avoir à l'égard de son supérieur de droit et de fait.
L'Assemblée du clergé de 1650 témoigna néanmoins son déplaisir sur l'addition faite au Pontifical. "Le 17 août, l'évêque de Comminges représenta à l'Assemblée que, dans l'édition du Pontifical imprimé à Rome, en 1645, l'on avait ajouté un formulaire de serment particulier pour les prêtres réguliers, lequel n'était point dans les autres pontificaux, dans lesquels il n'y a qu'un même formulaire, tant pour les réguliers que pour les séculiers, lorsqu'ils sont promus à l'ordre de prêtrise ; que le formulaire de serment des religieux, ajouté dans ledit Pontifical nouveau, porte :Promittis prœlato ordinario tuo obedientiam, au lieu qu'à celui qui est pour les prêtres, il y a : Promittis pontifici ordinario tuo obedientiam, quand il n'est point son diocésain ; que par ce mot de prœlato mis dans le serment des réguliers, ils prétendent n'être entendu que la personne de leur supérieur, qu'ils qualifient du nom de prélat ; et, ce faisant, qu'ils ne se soumettent point à l'évêque ; qu'il croyait à propos d'en écrire au Pape, pour l'en avertir, et à Messeigneurs les Prélats de ne pas s'en servir. Ce qui ayant été trouvé raisonnable, Monseigneur de Comminges a été prié de faire les deux lettres.
" Le 20 septembre, Monseigneur de Comminges se mit au bureau et fit lecture des deux dites lettres qu'il avait été chargé de faire. Ayant été trouvées dans le sens de l'Assemblée, l'on ordonna de les envoyer, et les sieurs Agents furent chargés d'en prendre soin." (Procès-verbaux des Assemblées générales du Clergé, tom. III, pag. 610 et 611. Dans la même séance, l'évêque de Comminges se plaignit aussi de la formule du serment que doivent prêter, d'après le Pontifical de 1645, les abbesses exemptes, dans la cérémonie de leur bénédiction)
Rien, sans doute, ne nous oblige à croire que l'Assemblée de 1650 ne fût pas d'une parfaite bonne foi quand elle écrivait au Pape pour l'avertir des changements qu'on avait faits au Pontifical ; bien qu'on doive trouver un peu extraordinaire la lettre écrite en même temps aux évêques du royaume pour leur donner avis de ne pas se servir de ce Pontifical ainsi modifié. Quoi qu'il en soit, comme l'édition du Pontifical de 1645 avait été publiée à Rome par autorité apostolique, et accompagnée d'un bref solennel d'Urbain VIII, qui déclarait ce livre, dans sa nouvelle forme, obligatoire par toute l'Église, il était difficile à croire que les changements ou additions qu'on y avait introduits n'eussent pas été introduits par le souverain Pontife lui-même. Innocent X, qui tenait alors la chaire de saint Pierre, reçut donc la lettre de l'Assemblée de 1650 ; mais, ou il ne jugea pas à propos d'y répondre, ou il y fit telle réponse que le clergé n'eut pas lieu d'en être pleinement satisfait.
En effet, dix ans après, l'Assemblée de 1660 s'occupa encore de cette affaire, mais on ne saurait s'empêcher d'être effrayé des dispositions qu'elle fit paraître. "Le 12 août, Monseigneur l'évêque de Tulle dit que ceux qui doivent revoir le Pontifical qu'une compagnie d'imprimeurs de Paris veulent faire imprimer, le sont venus trouver et lui en ont donné quelques épreuves, dans lesquelles ils lui ont fait remarquer qu'à l'endroit où les prêtres font le serment à l'évêque lors de leur ordination, on y avait distingué celui que doivent faire les réguliers, comme s'ils ne devaient prêter le serment qu'à leur supérieur de religion, et non pas aux évêques qui les ordonnent ; et que, comme l'Assemblée de 1650 en avait fait plainte au pape Innocent X, et avait même envoyé une lettre circulaire à tous les évêques de France, pour les prier de ne pas vouloir se servir de ce Pontifical ainsi recorrigé, il importait à présent d'empêcher l'impression de celui-ci, s'il n'était conforme à celui que le pape Clément VIII avait fait imprimer à Rome, et dont on s'est toujours servi depuis. L'Assemblée a prié Monseigneur de Tulle et M. l'abbé de Colbert de voir lesdites épreuves et de mander ceux qui doivent les revoir, afin de voir par quel moyen on pourra empêcher cette impression, pour, après en avoir fait leur rapport à la compagnie, y être pris telle délibération qu'elle jugera nécessaire." (Procès-verbaux du Clergé, tom. IV, pag. 793)
Ainsi le prélat rapporteur jugeait que, du moment qu'on avait adressé des plaintes au Pape sur un acte de sa juridiction, et qu'on avait écrit à tous les évêques de France de n'avoir pas égard à cet acte, on était en droit de passer outre, sans avoir reçu décharge d'obéissance de la part du pouvoir auquel on s'était adressé. Avec de pareilles maximes quelle société pourrait subsister ? Quel moyen restait dès lors au clergé de parer les coups de la puissance séculière, quand lui-même, dans son propre sein, donnait l'exemple fatal d'un refus de subordination ?
Tout fut consommé en l'Assemblée de 1670.
Voici les termes du procès-verbal :
" Le 4 août, Monseigneur de Tréguier a pris le bureau et a rapporté que, dans le Pontifical romain qui a été imprimé en 1645 et 1664, il se trouve dés additions et des restrictions qui ne sont pas aux anciens pontificaux : et en ayant fait remarquer les endroits à la compagnie, l'Assemblée, après y avoir fait ses réflexions, a cru l'affaire d'assez grande importance pour être examinée par des commissaires, et pour cet effet, Monseigneur le président a nommé Messeigneurs les évêques de Montauban, de Tréguier et de La Rochelle, et Messieurs les abbés de Chavigny, de Valbelle et de Fromentières.
" Le 24 septembre, Monseigneur l'évêque de Montauban a dit qu'il avait rendu compte à la compagnie d'une commission qu'elle lui avait donnée, concernant le Pontifical romain, où, dans les nouvelles éditions, il a été changé quelques endroits ; ce qui semble avoir été fait dessein, afin que les réguliers paraissent être seulement soumis à leur supérieur dans les temps de l'ordination, et non pas à l'évêque ; ce qui étant d'une dangereuse conséquence, porta l'Assemblée de 1650 d'en écrire au Pape ; mais comme depuis on n'y a pas remédié, il estime qu'il serait à propos de le faire, en faisant réimprimer la Messe pontificale dont il n'y a plus d'exemplaires à vendre, et que l'impression fût conforme à l'ancienne manière de parler ; et en faire une lettre à tous Messeigneurs archevêques et évêques du royaume, pour leur en donner avis. Sur quoi Monseigneur le président a dit que ces expédients sont très judicieux, et qu'il faudrait joindre à l'édition de la messe la cérémonie de la bénédiction des abbesses, conformément à l'ancien usage ; mais comme la compagnie n'était pas complète, elle a remis à y délibérer quand elle sera plus nombreuse.
" Le 14 octobre de relevée, Monseigneur de Montauban a dit qu'il avait examiné, avec Messeigneurs les commissaires, les articles qu'on avait insérés dans les nouvelles éditions du Pontifical romain, où ils ont trouvé des nouveautés préjudiciables à l'autorité des évêques; que le meilleur remède serait de faire imprimer de nouveau la Messe pontificale, selon les exemplaires anciens. Ce qui a été ordonné en même temps au sieur Vitré, suivant les mémoires qui lui seront donnés par Messeigneurs les commissaires.
" Le 12 novembre, Monseigneur de Tréguier a dit que le sieur Vitré, qui avait été chargé d'imprimer les Messes pontificales, dit qu'ayant été chez les libraires pour voir s'il en trouverait assez pour en fournir tous les diocèses du royaume, en cas qu'on en eût besoin, il avait trouvé qu'il y en avait suffisamment, et qu'il faudra seulement en imprimer quelques feuilles pour les mettre dans l’état que l'Assemblée désire qu'elles soient mises, par sa délibération; que cela serait d'une grande épargne pour le Clergé, et ferait même qu'il ne resterait plus de ces messes pontificales imprimées qui ne fussent corrigées. L'Assemblée a approuvé cet expédient, et a prié Monseigneur de Tréguier de tenir la main à ce que cela s'exécute ainsi."
Ainsi fut décrétée l'altération d'un livre liturgique reçu dans toute l'Église latine.
DOM GUÉRANGER
INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XVII, DE LA LITURGIE DURANT LA SECONDE MOITIE DU XVIIe SIECLE. COMMENCEMENT DE LA DEVIATION LITURGIQUE EN FRANCE. — AFFAIRE DU PONTIFICAL ROMAIN. — TRADUCTION FRANÇAISE DU MISSEL. — RITUEL D'ALET. — BREVIAIRE PARISIEN DE HARLAY. — BRÉVIAIRE DE CLUNY. — HYMNES DE SANTEUIL. — CARACTÈRE DES CHANTS NOUVEAUX. — TRAVAUX DES PAPES SUR LES LIVRES ROMAINS. — AUTEURS LITURGIQUES DE CETTE ÉPOQUE.
À Savigny en Normandie, vers 1125, sainte Adeline, première abbesse du monastère de Mortain, qu’elle avait construit avec l’aide
de son frère saint Vital.
Martyrologe romain
Cloître de l' Abbaye Blanche, Mortain, Normandie
Le Missel monastique que publia aussi Paul V se répandit dans la même proportion que son bréviaire.
Urbain VIII, qui succéda à PauI V, après le trop court pontificat de Grégoire XV, entreprit la révision du bréviaire ; on ne l'avait pas faite depuis Clément VIII. Les commissaires qu'il nomma pour ce travail furent : le cardinal Louis Gaétan ; Tégrime Tegrimi, évêque d'Assise et secrétaire de la congrégation des Rites ; Fortuné Scacchi, sacristain de la chapelle papale ; Nicolas Riccardi, maître du sacré palais; Jérôme Lanni, référendaire de l'une et l'autre signature ; Hilarion Rancati, abbé de Sainte-Croix en Jérusalem ; Jacques Vulponi, de l'Oratoire de Saint-Philippe de Néri ; Barthélemi Gavanti, des clercs réguliers de Saint-Paul ; Térence Alciati, Milanais, consulteur de la congrégation des Rites, ainsi que plusieurs des précédents ; enfin le célèbre annaliste des frères mineurs, Luc Wading.
Le travail de la commission consista principalement à revoir les homélies des saints Pères sur les originaux, à substituer aux anciennes quelques-unes qui paraissaient mieux adaptées. On s'occupa aussi d'éclaircir les rubriques, et de fixer la ponctuation des Psaumes pour le chant. Cette correction, publiée par un bref du 25 janvier 1631, qui commence par ces mots : Divinam psalmodiam, est la dernière qui ait été faite ; les successeurs d'Urbain VIII ont pu ajouter des offices au bréviaire ; mais il ne porte en tête que les seuls noms de saint Pie V, de Clément VIII et d'Urbain VIII.
La correction d'Urbain VIII n'attirait pas seulement l'attention par les réformes dont nous venons de parler : une particularité plus importante encore la rendait remarquable. La plupart des hymnes avaient été retouchées et ramenées aux règles du vers, par ordre d'Urbain VIII. Ce pape, qui aimait les lettres et cultivait avec succès la poésie latine, ne pouvait supporter les nombreuses incorrections que présentaient la plupart des hymnes du bréviaire. Il regrettait, comme il le dit dans son bref, que les saints Pères eussent plutôt ébauché que perfectionné leurs hymnes ; et la décence du service divin lui semblait réclamer impérieusement une réforme sur cet article. Le talent dont il avait fait preuve dans la composition des hymnes qu'il a mises au bréviaire, et dont nous parlerons plus loin, le rendait fort capable de réaliser cette entreprise difficile : néanmoins il ne jugea pas à propos de s'en charger. Il la confia à quatre jésuites : Matthias Sarbiewski, Fabien Strada, Tarquin Galluzzi et Jérôme Petrucci, qui corrigèrent au-delà de neuf cent cinquante fautes contre la prosodie.
Comme il ne pouvait manquer d'arriver, l'œuvre de ces quatre commissaires a été jugée fort diversement. Les uns, comme les pères Théophile Raynaud, Charles Guyet, Faustin Arevalo, etc., ont pris la défense de l'œuvre de leurs confrères, et, il nous semble, avec raison. D'autres, comme le P. Louis Cavalli, franciscain, pénitencier de Saint-Jean de Latran, dans un livre d'observations qu'il a composé exprès ; Jean-Baptiste Thiers, dans sa satire du Bréviaire de Cluny ; Henri Valois, cité par Mérati, ont fort maltraité les correcteurs des hymnes romaines. Si, après tous ces auteurs, il nous est permis de faire connaître notre avis, nous dirons d'abord que c'était une œuvre grandement difficile de corriger les vers d'autrui, et des vers dont le sens et les paroles étaient dans la mémoire de tout le monde. On demandait aux correcteurs de conserver la mesure et le sens de chaque vers, de maintenir le fonds des expressions, en un mot la couleur particulière. Ils ont rempli cette tâche, suivant nous, autant qu'elle pouvait être remplie. Il y a sans doute de rares endroits où ils ont trop sacrifié à une pureté classique : mais la plupart du temps, l'onction primitive est restée, en même temps que l'expression devenait à la fois plus nette et plus claire. Nous leur reprocherons seulement d'avoir changé le mètre de l'hymne de saint Michel : Tibi, Christe, splendor Patris, et de celles de la dédicace d'une église, Urbs Jerusalem beata et Angularis fundamentum.
Quoi qu'il en soit de notre sentiment particulier, on ne peut nier que l'adoption des hymnes ainsi corrigées n'ait fourni matière à de grandes oppositions. Leurs causes principales étaient la difficulté, en tout temps si grande, de déraciner la routine, l'impossibilité de corriger, sans les gâter, les anciens livres de chœur, enfin la facture peu musicale d'un certain nombre de vers. Cavalli rapporte à ce sujet un mot qui, pour être devenu célèbre, n'en est pas pour cela plus juste. Un Belge, d'ailleurs homme pieux et docte, disait, en parlant des hymnes réformées : accessit latinitas et recessit pietas. Les chantres romains prétendaient aussi que les correcteurs étaient plus familiers avec les muses qu'avec la musique. Il fut impossible d'établir l'usage des hymnes corrigées dans la basilique de Saint-Pierre ; mais elles s'étendirent rapidement dans les autres églises de Rome, de l'Italie, et même de la chrétienté, hors en France. Ceux de nos diocèses qui suivaient le romain pur, préférèrent, en général, garder les anciennes. On rencontre peu d'éditions françaises du bréviaire avant 1789, dans lesquelles les nouvelles se trouvent : encore, le plus souvent, sont-elles renvoyées à la fin, en matière d'appendice. Au contraire, les éditions publiées depuis douze ou quinze ans, ont, presque toutes, reproduit uniquement les hymnes corrigées.
Quant aux ordres religieux, ceux qui sont astreints au Bréviaire romain embrassèrent les nouvelles hymnes, excepté toutefois les franciscains des provinces de France. Les ordres et congrégations monastiques gardèrent les anciennes. La congrégation de Saint-Maur est la seule qui, après diverses variations, ait enfin adopté définitivement la correction d'Urbain VIII. Aujourd'hui encore, dans Rome même, les bénédictins du Mont-Cassin, les cisterciens, les chartreux, etc., chantent les anciennes hymnes : elles sont également restées en usage dans le Bréviaire dominicain.
Urbain VIII, après avoir opéré la révision du bréviaire, entreprit celle du missel, considérant ces deux livres, fondement de la Liturgie, comme les deux ailes que le prêtre de la loi nouvelle, à l'exemple des chérubins du tabernacle antique, étend chaque jour vers le vrai propitiatoire du monde. La même commission qui avait été établie pour la révision du bréviaire, donna ses soins à celle du missel. On fit aux rubriques plusieurs corrections et éclaircissements, et on rétablit dans sa pureté le texte de l'Écriture, altéré en quelques endroits. Cette correction du missel est aussi la dernière : c'est pour cette raison que ce livre, comme le bréviaire, a porté depuis sur son titre le nom d'Urbain VIII avec ceux de saint Pie V et de Clément VIII. Le bref de publication est du 2 septembre 1634, et commence par ces mots : Si quid est in rebus humanis. Nous ne le donnons pas dans les notes de ce chapitre, parce qu'il présente moins d'intérêt que celui qui a rapport à la révision du bréviaire et à la correction des hymnes. Enfin Urbain VIII publia une nouvelle édition du pontifical, avec quelques changements et améliorations, et la promulgua, comme désormais obligatoire, par un bref du 17 juin 1644, qui commence par ces mots : Quamvis alias.
Nous ne terminerons pas cette histoire liturgique de la première moitié du XVIIe siècle, sans parler des accroissements que reçut, durant cette période, le Bréviaire romain par l'addition des offices de plusieurs saints qui furent proposés par les souverains Pontifes au culte de l'Eglise. Il est juste, en effet, que cette épouse du Christ célèbre les triomphes de ses enfants, à quelque siècle qu'ils aient appartenu ; car elle ne doit point rougir de placer dans ses fastes les fils qu'elle a nourris dans la vieillesse de ses mamelles, à côté de ceux qui furent les prémices de sa maternité. Au XVIIe siècle, la France ne s'était pas rendue sourde encore à cette voix du Pasteur suprême qui retentit à chaque pontificat, dans les églises de Dieu, portant l'ordre qu'à l'avenir tel jour de l'année demeure consacré à la mémoire d'un serviteur de Dieu. Sous la hutte de roseaux, au fond des antres qui le cachent, le missionnaire qui n'a pour consolation que son bréviaire, apprend cette grande nouvelle, et se sent fortifié par ce nouveau signe de vie que lui envoie la Mère des chrétiens; il s'unit à toutes les églises : celle de France est la seule qui ne répétera point avec lui le cantique nouveau.
Clément VIII, dans sa révision du bréviaire, avait, à l'exemple de Grégoire XIII et de Sixte-Quint, ajouté au calendrier de saint Pie V plusieurs nouveaux saints. Par différents décrets, il avait établi, pour la première fois, l'office de saint Romuald, abbé de Camaldoli, et celui de saint Stanislas, évêque de Cracovie et martyr, l'un et l'autre du rite semi-double. Il avait élevé au rang des doubles-majeurs la Visitation de la sainte Vierge, les deux fêtes de la Chaire de saint Pierre, à Rome et à Antioche, et celle de saint Pierre-aux-Liens. La fête de saint Jean Gualbert, abbé de Vallombreuse, avait été établie du rite simple, et celle de saint Polycarpe, évêque de Smyrne et martyr, élevée, de simple qu'elle était, au degré de semi-double. Clément VIII, après avoir uni le culte de l'illustre martyre Flavia Domitilla à celui des saints Nérée et Achillée, avait aussi rehaussé d'un degré cette fête simple jusqu'alors. Mais en retour, sans doute pour ménager davantage les droits du dimanche, il avait abaissé du rang des doubles à celui des semi-doubles, les fêtes de saint François de Paule, de saint Pierre, martyr, de saint Antoine de Padoue et de saint Nicolas de Tolentin.
Paul V établit l'office de saint Casimir, prince polonais, et celui de saint Norbert, instituteur des prémontrés, du rite semi-double. Il approuva du même degré, mais ad libitum, la fête de saint Charles Borromée, celle des Stigmates de saint François ; et du rite double, pareillement ad libitum, l'office des saints Anges gardiens. La fête de saint Ubalde, évêque de Gubbio, fut aussi instituée par le même pontife, mais du rite simple. Enfin Paul V rendit à saint François de Paule le degré de double que lui avait enlevé Clément VIII. Mais aucun pape de l'époque qui nous occupe ne surpassa Urbain VIII pour le zèle à instituer de nouveaux offices. Il établit la fête double de saint Hyacinthe, dominicain polonais, et institua semi-doubles de précepte les fêtes de sainte Bibiane, vierge et martyre ; de saint Hermégénilde, martyr ; de sainte Catherine de Sienne, vierge ; de saint Eustache et ses compagnons, martyrs ; enfin, de sainte Martine, vierge et martyre. Urbain VIII approuva, en outre, comme semi-doubles ad libitum, les fêtes de saint Philippe de Néri, instituteur de l'Oratoire de Rome ; de saint Alexis, confesseur ; de saint Henri II, empereur ; de sainte Thérèse, vierge, réformatrice du Carmel, et de sainte Elisabeth, reine de Portugal, dont il composa lui-même les hymnes et l'office entier. Innocent X, qui succéda à Urbain VIII, établit du rite double la fête de sainte Françoise, veuve romaine, et du rite semi-double et de précepte, celles de saint Ignace de Loyola, de sainte Thérèse et de saint Charles Borromée. L'office de sainte Claire fut aussi établi par ce pontife, mais seulement semi-double ad libitum.
Tels furent les accroissements du Bréviaire romain, et en même temps du missel, jusqu'à la moitié du XVIIe siècle. On doit remarquer que la plupart de ces fêtes sont du rite semi-double, pour conserver l'office du dimanche. Nous verrons une révolution en sens contraire s'accomplir successivement, et la récitation hebdomadaire du psautier perdre une partie de son importance à mesure que nous avancerons dans l'histoire liturgique des deux derniers siècles. Nous aurons ailleurs l'occasion de dire notre avis sur cette grave modification liturgique.
Donnons maintenant la bibliothèque des écrivains liturgistes qui ont fleuri dans la première moitié du XVIIe siècle.
En tête, nous placerons Victorius Scialak, moine maronite, né au Mont-Liban, qui vivait à Rome au commencement du XVIIe siècle, et y enseignait les langues orientales. Il traduisit d'arabe en latin les Liturgies attribuées à saint Basile, à saint Grégoire de Nysse et à saint Cyrille d'Alexandrie. Cette collection fut imprimée à Augsbourg, en 1604.
(1604). Jean de Angelis, frère mineur observantin, donna en espagnol un ouvrage imprimé à Madrid, sous ce titre : Tratadode los sacratissimos mysterios de la Misa.
(1605). André Hoius ou Hove, professeur de langue grecque à Douai, est auteur d'un livre intitulé : Antiquitatum liturgicarum arcana concionatoribus et pastoribus uberrimum promptuarium, sacerdotibus serium exercitium, religiosis meditationum speculum, nobilibus spiritualis venatio, laicis litteratis sancta devotio, omnia ex diversis auctoribus tribus tomis comprehensa. A Douai, in-8°. Pour être juste, nous devons dire que l'exécution du livre ne répond pas tout à fait à de si magnifiques promesses.
(1606). Jean-Paul Palantieri, franciscain, évêque de Cedonia, a laissé une explication des hymnes ecclésiastiques imprimées à Bologne, en 1606.
(1606). Le célèbre jésuite Jean Gretser, un des plus vaillants antagonistes de la réforme, et dont les œuvres volumineuses forment l'un des plus vastes répertoires de l'érudition catholique, a laissé plusieurs traités intéressants sur les matières liturgiques. Nous citerons en particulier : 1° De Sacris Peregrinationibus, libri IV; 2° De Ecclesiasticis Processionibus, libri II ; 3° Podoniptron seu Pedilavium, hoc est, de more lavandi pedes peregrinorum et hospitum, avec une addition au livre des pèlerinages; 4° De Funere christiano, libri III; 5° De Festis, libri II. Il donna plus tard un supplément à ce dernier ouvrage, dans lequel il traite d'une manière spéciale du culte et de la fête du Saint Sacrement. 6° De Benedictionibus, libri duo, et tertius de maledictionibus; 7° De sancta Cruce, ouvrage non moins fécond pour la science liturgique que pour, celle de l'antiquité chrétienne en général. Nous omettons un grand nombre d'autres opuscules qui figurent avec les livres que nous venons de citer dans la belle édition des œuvres de Gretser, donnée en dix-sept volumes in-folio, à Ingolstadt, en 1734.
(1607). Nicolas Serrarius, jésuite lorrain, est auteur de deux livres intitulés : le Litaneutique ou des Litanies, dans le premier desquels il traite de l'antiquité et de l'utilité des litanies, et dans le second de l'invocation des saints. Il a composé aussi un traité des Processions divisé pareillement en deux livres. Ces deux ouvrages, remplis de science et d'intérêt, se trouvent dans la collection des opuscules de Serrarius, imprimée à Mayence en 1611, in-folio.
(1608). Jean-Baptiste de Rubeis publia à Plaisance un livre intitulé : Rationale divinorum officiorum. Quelques recherches que nous ayons faites d'ailleurs, l'auteur et son livre ne nous sont connus que par la simple mention qu'en fait Zaccaria.
(1610). Ce fut en cette année que les éditeurs parisiens de la Bibliotheca veterum Patrum, de Margarin de la Bigne, donnèrent en manière de supplément un dixième tome qui contient une nouvelle et meilleure édition de la collection liturgique d'Hittorp. Cette édition, qui est postérieure de dix-neuf ans à celle que Ferrari avait publiée à Rome, à la fin du XVIe siècle, est la dernière de toutes. Elle est aussi la plus correcte, principalement pour l'ouvrage d'Honorius d'Autun, intitulé : Gemma animœ.
(1610). André Duval, docteur et professeur de Sorbonne, si connu par sa franche orthodoxie, a publié, en 1610, un ouvrage mentionné par Ellies Dupin, sous ce titre : Observations sur quelques livres de l'Église de Lyon.
(1611). Claude Villette, chanoine de Saint-Marcel de Paris, a laissé un ouvrage intitulé : Les raisons de l'office, et cérémonies qui se font en l'Église catholique, apostolique et romaine. Ensemble les raisons des cérémonies du sacre de nos rois de France, et des douze marques uniques de leur royauté céleste, par-dessus tous les rois du monde. Ce livre, dont la doctrine est puisée dans les liturgistes du moyen âge, présente un grand intérêt, et a eu plusieurs éditions, tant du format in-4° que du format in-12.
(1611). Jean Chapeauville, docteur de Louvain, est auteur de l'ouvrage suivant qui a été réimprimé plusieurs fois : Tractatus de necessitate et modo ministrandi sacramenta tempore pestis (Mayence, 1612, in-8°). On trouve, à la fin du second volume de l'histoire des évêques de Liège, par le même, un traité historique de prima et vera Origine festivitatis SS. Corporis et Sanguinis Christi.
(1613). Augustin de Herrera, jésuite espagnol, a laissé deux ouvrages importants, imprimés à Séville, dans la langue nationale, le premier sous ce titre : Del Origen, y progreso en la Iglesia catholica de los ritos, y ceremonias, que se usan en el santo sacrifïcio de la Misa (1613, in-4°) ; et le second intitulé : Origen,y progreso del oficio divin, y de sus observancias calholicas, desde el siglo primero de la Iglesia al presente (1644, in-4°).
(1613). Jean-Baptiste de Glano, religieux augustin, docteur de Paris, a composé, au rapport d'Ellies Dupin, un livre intitulé : Des Cérémonies des principales Églises de l'Europe.
(1615). Joseph Visconti, connu dans la république des lettres sous son nom latinisé de Vicecomes, fut un des conservateurs de la bibliothèque Ambrosienne, fondée à Milan, par l'illustre cardinal Frédéric Borromée. Il a composé sous le titre d'Observationes ecclesiasticœ, quatre volumes devenus rares, mais honorés d'une juste célébrité (Milan, 1615, 1618, 1620, 1626, in-4°). Le premier traite des rites du baptême ; le second, de ceux de la confirmation; le troisième, des cérémonies de la messe, et le quatrième, des choses à préparer pour célébrer convenablement ce sacrifice.
(1616). Jean-Baptiste Scortia, jésuite génois, a publié quatre livres, de Sacrosancto missœ sacrifïcio, qui ont été imprimés à Lyon, en 1616, in-4°, et qui attestent une science remarquable dans leur auteur.
(1617). Pierre Halloix, savant jésuite flamand, parmi ses nombreux écrits, a laissé sur une matière liturgique l'ouvrage intitulé : Triumphus sacer sanctorum, sive de cœremoniis in reliquiarum sanctorum translationibus usurpatis. Antverpiœ (In-8°).
(1618). Martin de Alcazar, hiéronymite, est auteur de l'ouvrage suivant : Kalendarium romanum perpetuum ex Breviario et Missali démentis VIII authoritate recognitis, cum festis quae generaliter in Hispaniam celebrantur, in quo ordo recitandi officium divinum et missas celebrandi dilucide exponitur (Madrid, in-4°). Cet ouvrage parait être le premier dans son genre, et précéda de plusieurs années l’Ordo perpetuus de Gavanti.
(1619). Gaspard Loartes est auteur d'un livre imprimé à Cologne, sous ce titre : De Sacris Peregrinationibus, Reliquiis et Divitiis (1619, in-4°). Nous ne connaissons cet auteur et son livre que par Etlies Dupin et Zaccaria.
(1619). Le cardinal Frédéric Borromée, archevêque de Milan et neveu de saint Charles, outre le Cœremoniale Ambrosianum, par lequel il compléta la Liturgie de son Eglise, est auteur d'un livre imprimé à Milan,en 1632, du format in-folio, sous ce titre : De Concionante Episcopo, dans lequel il traite savamment de l'appareil liturgique qui doit accompagner l'évêque annonçant la parole de Dieu à son peuple.
(1621). François-Bernardin Ferrari, préfet delà bibliothèque Ambrosienne, a laissé un ouvrage en trois livres sur un sujet analogue à celui du cardinal Frédéric Borromée, sous ce titre : De Ritu sacrarum ecclesiœ veteris concionum, in-4°. Ce livre remarquable a été réimprimé plusieurs fois. Nous avons encore du même Ferrari, sur une matière liturgique, sept livres de veterum Acclamationibus et Plausu. 1627, in-4°. Il y traite en effet des acclamations, tant dans les assemblées ecclésiastiques, que dans les réunions profanes.
(1623). Michel Lonigo, personnage dont nous ignorons les qualités, mais qui paraît avoir exercé les fonctions de cérémoniaire, a composé un livre curieux intitulé : Dell’uso delle vesti de signori cardinali, tanto nelle chiese di Roma, quanto fuori. A Venise, in-8°, 1623.
(1623). Gabriel de l'Aubespine, évêque d'Orléans, homme d'une grande érudition, a bien mérité de la Liturgie par son livre de Veteribus Ecclesiœ Ritibus, imprimé à Paris, in-4°, en 1623 ; et par un autre, en français, intitulé : Ancienne police de l'Eglise sur l'administration de l'eucharistie et sur les circonstances de la messe. Paris-8°, 1629.
(1625). Fortunat Scacchi, religieux augustin, fut évêque de Porphyre et sacristain de la chapelle papale. Il est l'auteur d'un bel ouvrage sur les huiles et les onctions sacrées, qui parut à Rome en 1625, in-4°, et a été réimprimé, au XVIIe siècle, à Amsterdam, du format in-folio. Il porte ce titre : Sacrorum Elœochrismatum myrothecia tria. Nous ne parlerons point de l'ouvrage inachevé du même Scacchi, sur la canonisation des saints, non plus que d'un certain nombre de traités de divers auteurs sur le même sujet, parce qu'ils sont presque exclusivement consacrés au détail et à la discussion des procédures, et que la partie liturgique n'y tient qu'une place fort restreinte. Il en est tout autrement de l'ouvrage de Benoît XIV.
(1626). Mutio, capucin italien, publia à Rome, en 1612, un ouvrage intitulé : Tractatus de significatis sacrosancti sacrificii missœ, et un autre, en 1626, sous ce titre : Declaratio de divinis officiis et de cœremoniis quae fiunt in exequiis defunctorum.
(1628). Barthélemi Gavanti, Milanais, de la congrégation des clercs réguliers de saint Paul, appelés aussi barnabites, a laissé un nom à jamais célèbre dans les fastes de la Liturgie. Nous avons vu qu'il fut appelé, par Clément VIII et Urbain VIII, à faire partie des commissions que ces deux pontifes formèrent, à trente années d'intervalle, pour la révision du bréviaire et du missel. En 1632, il fut désigné par l'archevêque de Milan pour faire à lui seul les changements, additions et corrections nécessaires dans le cérémonial de cette grande Église. Sa réputation de liturgiste s'étendit jusqu'en Allemagne et en France. Le cardinal d'Arach, archevêque de Prague, l'accabla de sollicitations pour le déterminer à venir régler les cérémonies de son diocèse : Urbain VIII refusa à Gavanti la permission de sortir de Rome. Le pape donnait en ces termes le motif de son refus, dans un bref qu'il adressa au célèbre liturgiste : Rescribo te, auctoritate nostra, universœ Ecclesiœ beneficio, in breviarii Romani emendatione occupatum. Le P. Boudier, savant liturgiste bénédictin, vint jusqu'à six fois à Rome pour conférer avec Gavanti. Enfin plusieurs évêques de France le sollicitèrent à leur tour de passer les Alpes, et de venir travailler à une édition du pontifical à l'usage des Églises de ce royaume. Il mourut en 1638. Ses principaux ouvrages sur la Liturgie sont :
1° Thesaurus sacrorum rituum, sive Commentaria in rubricas Missalis et Breviarii. Ce livre est trop populaire pour que nous ayons besoin de nous étendre sur son mérite. Nous parlerons plus loin de l'édition qu'en a donnée Merati.
2° Octavarium romanum. Nous aurons bientôt l'occasion de parler de ce livre.
3° Ordo perpetuus recitandi officium divinum.
(1629). Louis Cressol, jésuite français, a laissé, sous le titre de Mystagogus, de Sacrorum hominum disciplina (Paris, in-folio), un livre rempli d'érudition liturgique.
(1630). Jean Filesac, docteur de Sorbonne, doyen de cette Faculté, curé de Saint-Jean-en-Grève, fut un homme remarquable par sa profonde érudition sacrée et profane. On trouve sur certaines questions de la science liturgique, un grand nombre de détails curieux dans ses divers écrits, qui ont été recueillis en deux collections, l'une intitulée : Opera varia (Paris, 1614, 2 vol. in-8°); l'autre Opera selecta (Paris, 1621, 3 vol. in-4°). Cette dernière renferme, entre autres, les dissertations suivantes : De Cœremoniis ; de Sanctorum festis diebus ; Sanctorum imaginum radiatum caput ; Baptismi lux et candor ; Funus vespertinum ; de Cantu Ecclesiœ, etc.
(1634). Anaclet Secchi, barnabite, est auteur d'un ouvrage précieux et souvent réimprimé, sur le chant ecclésiastique ; il porte ce titre : Hymnodia ecclesiastica, et a été imprimé, entre autres éditions, à Anvers, en 1634, in-8°. Il a été depuis traduit en langue italienne.
(1634). Pierre Arcudius, savant prêtre grec, a laissé un ouvrage très-célèbre sur la Liturgie des Grecs comparée avec celle des Latins, dans l'administration des sacrements. Il est intitulé : De Concordia Ecclesiœ occidentalis et orientalis in sepiem Sacramentorum administratione. Les premières éditions de Paris sont de 1619 et 1625, in-4°.
(1635). Simon Vaz Barbosa, Portugais, docteur de Coïmbre, frère du célèbre canoniste du même nom, est auteur d'un livre imprimé à Lyon, in-8°, en 1635, sous ce titre : Tractatus de dignitate, origine, et significatis mjsteriosis ecclesiasticorum graduum, officii divini, vestium sacerdotalium et pontificalium, atque verborum, cceremoniarum et aliarum rerum pertinentium ad sanctissimum Missœ sacrificium.
(1637). Marc Diaz, Portugais, franciscain de l'observance, fit paraître à Rome, en 1637, un Ordo perpetuas recitandi officii divini.
(1637). Joseph de Sainte-Marie, chartreux espagnol, a publié à Séville, en 1637, un ouvrage in-4°, sous ce titre : Sacros ritos y ceremonias baptismales ; et un autre du même format, en 1642, intitulé : Triunfo del agua bendita. Il paraît qu'il avait travaillé aussi sur les exorcismes.
(1638). Dominique Giacobazzi, dit en latin Jacobatius, a composé le fameux traité de Conciliis, qui est joint à l'édition des Conciles de Labbe. On trouve dans cet important ouvrage, tous les détails nécessaires sur les formes liturgiques qui doivent être employées dans les conciles.
(1641). Jacques Éveillon, chanoine de Saint-Maurice d'Angers, fut chargé, vers 1620, par Guillaume Fouquet, son évêque, de la révision du bréviaire et du rituel de ce diocèse. Il a publié, sur les matières liturgiques, deux ouvrages estimés. Le premier est intitulé : De Processionibus ecclesiasticis liber. (Paris, in-8°, 1641.) Le second a pour titre : De Recta psallendi ratione. (La Flèche, in-4°, 1646.)
(1641). Jean Garcia, franciscain espagnol, publia, à Lima, en 1641, un ouvrage sous ce titre : Explicacion de los misierios de la misa, y de sus ceremonias.
(1641). Jacques Lobbetius, de Liège, est auteur d'un volume in-4°, imprimé en cette ville, sous ce titre : De Religioso templorum cultu.
(1642). Dom Hugues Ménard, qui ouvre avec tant de gloire l'imposante liste des savants de la congrégation de Saint-Maur, fut un liturgiste du premier ordre. Il suffira de mentionner ici son édition du Sacramentaire de saint Grégoire, donnée à Paris en 1642, in-4°, avec les excellentes notes dont il l'accompagna. On sait que Dom Denys de Sainte-Marthe n'a pas cru pouvoir mieux faire que d'admettre tout ce travail de son ancien confrère dans sa belle édition des œuvres de saint Grégoire le Grand.
(1643). Isaac Habert, docteur de Sorbonne, chanoine de Paris, puis évêque de Vabres, donna en cette année une édition de l’Archieraticon, ou Pontifical de l'Église grecque. Il appartient en outre à la bibliothèque des liturgistes du XVIIe siècle, par plusieurs hymnes remarquables par l'onction et. la facilité, et qui ont été admises dans la plupart des modernes bréviaires de France.
(1646). André du Saussay, évêque de Toul, a laissé trois ouvrages curieux sur les habits sacrés. Le premier, sur les ornements épiscopaux, est intitulé : Panoplia episcopalis, seu de sacro episcoporum ornatu. Libri VII. (Paris, 1646, in-folio.) Le second, qui traite de l'habit clérical, a pour titre : Panoplia clericalis, seu de clericorum tonsura et habitu. Libri XV. (Paris, 1649, in-folio.) Le troisième, enfin, a pour objet les vêtements sacrés du prêtre, sous ce titre : Panoplia sacerdotalis, seu de venerando sacerdotum habitu. Libri XIV. (Paris, 1653, in-folio.) Du Saussay est encore auteur d'un livre sur le chant ecclésiastique, publié à Toul, in-8°, en 1657, et intitulé : Divina doxologia, seu sacra glorificandi Deum in hymnis et canticis methodus, et d'un autre qui a pour titre : De sacro ritu prœferendi crucem majoribus prœlatis ecclesiœ libellus. 1628, in-8°.
(1647). Jacques Goar, dominicain, s'est rendu à jamais célèbre dans les fastes de la Liturgie, par son édition de l’Eucologion des Grecs, avec une traduction latine et des notes savantes. L'ouvrage fut imprimé à Paris, en 1647, in-folio.
(1648). Léon Allacci, en latin Allatius, l'un des plus savants littérateurs italiens du XVIIe siècle, était né de parents grecs. Il eut la charge de bibliothécaire du Vatican, et a laissé beaucoup de travaux destinés à faire connaître la Liturgie des Grecs modernes. Nous citerons, entre autres, les dissertations de Dominicis et hebdomadibus recentiorum Grœcorum; de Missa prœsanctificatorum, et de communione orientalium sub specie unica, que l'on trouve à la suite de l'excellent traité de Ecclesiœ occidentalis et orientalis perpetua consensione. (Paris, 1648, in-4°.) Allacci a laissé aussi un traité de Libris ecclesiasticis Grœcorum (Cologne, 1645, in-8°); un autre, de Templis Grœcorum recentioribus, de Narthece Ecclesiœ veteris et de Grœcorum quorumdam ordinationibus (Cologne, 1645, in-8°),etc.
(1646). Michel Bauldry, bénédictin de l'ancienne observance, grand prieur de Maillezais, a acquis une juste célébrité tant en France qu'à l'étranger, par son excellent Manuale sacrarum cœremoniarum juxta ritum sanctœ Romanœ ecclesiœ, in quo omnia quœ ad usum omnium cathedralium, collegiatarum, parochialium, sœcularium et regularium ecclesiarum pertinent, accuratissime tractantur. (Paris, 1646, in-4°.) Cet ouvrage, fruit des travaux d'un simple particulier, a obtenu six éditions, et la pratique qui y est exposée avec une clarté admirable a été adoptée par tous les auteurs qui, depuis, ont écrit sur les cérémonies romaines. Bauldry rédigea aussi le Cérémonial de la congrégation de Saint-Maur, à la prière des supérieurs de ce corps illustre : il y fit entrer une grande partie de son Manuel, qu'il adapta aux usages claustraux, et porta cet ouvrage à une grande perfection.
(1649). Marc-Paul Léo ne nous est connu que par Zaccaria, qui mentionne avec un grand éloge un livre publié par cet auteur, à Rome, en 1649, sous ce titre : De auctoritate et usu pallii pontificii.
Nous terminerons ce chapitre par les remarques suivantes :
1° Durant la première moitié du XVIIe siècle, l'Église universelle se reposa dans l'unité liturgique.
2° L'Église de France commença de ressentir les premières atteintes d'une réaction contre la liberté de la Liturgie. Cette réaction provenait des influences de la magistrature séculière.
3° En même temps qu'elle protestait, mais en vain, contre les entreprises de la magistrature, l'Assemblée de 1605 donna le premier exemple d'une entreprise contre le Missel de saint Pie V.
4° Rome continua de déterminer, avec une imposante solennité, les formes générales de la Liturgie, et l'Occident tout entier se montrait attentif et docile à ses prescriptions.
DOM GUÉRANGER
INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XVI, DE LA LITURGIE DURANT LA PREMIERE MOITIE DU XVIIe SIECLE. ZÈLE DE L'ÉPISCOPAT FRANÇAIS POUR LA LITURGIE ROMAINE. RÉACTION DE LA PUISSANCE SECULIERE. — TRAVAUX DES PONTIFES ROMAINS SUR LA LITURGIE. PAUL V. RITUEL ROMAIN. BRÉVIAIRE ROMAIN. BREVIAIRE MONASTIQUE. — URBAIN VIII. CORRECTION DES HYMNES. — AUTEURS LITURGISTES DE CETTE ÉPOQUE.