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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

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SALVE REGINA

19 octobre 2011 3 19 /10 /octobre /2011 04:00

Resplendissant du signe sacré de la Passion, Paul de la Croix fait aujourd'hui cortège au vainqueur de la mort. "Il fallait que le Christ souffrît, et qu'il entrât ainsi dans sa gloire" (LUC. XXIV, 26.). Il faut que le Chrétien, membre du Christ, suive son Chef à la souffrance, pour l'accompagner au triomphe. Paul, dès son enfance, a sondé l'ineffable mystère des souffrances d'un Dieu ; il s'est épris pour la Croix d'un immense amour, il s'est élancé à pas de géant dans cette voie royale, et c'est ainsi qu'à la suite du Chef il a traversé le torrent, et qu'enseveli avec lui dans la mort, il est devenu participant des gloires de sa Résurrection.

  

La diminution des vérités par les enfants des hommes semblait avoir tari la source des Saints, quand l'Italie, toujours féconde dans sa foi toujours vive, donna naissance au héros chrétien qui devait projeter sur la froide nuit du XVIIIe siècle le rayonnement de la sainteté d'un autre âge. Dieu ne manque jamais à son Eglise. Au siècle de révolte et de sensualisme qui couvre du nom de philosophie ses tristes aberrations, il opposera la Croix de son Fils.

 

Rappelant par son nom et ses œuvres le grand Apôtre des Gentils, un nouveau Paul surgira de cette génération enivrée de mensonge et d'orgueil, pour qui la Croix est redevenue scandale et folie. Faible, pauvre, méconnu longtemps, seul contre tous, mais le cœur débordant d'abnégation, de dévouement et d'amour, il ira, cet apôtre, avec la prétention de confondre, lui aussi, la sagesse des sages et la prudence des prudents, dans la grossièreté d'un habit étrange pour la mollesse du siècle, nu-pieds, la tête couronnée d'épines, les épaules chargées d'une lourde croix, il parcourra les villes, il se présentera devant les puissants et les faibles, estimant ne savoir autre chose que Jésus et Jésus crucifié. Et la Croix dans ses mains, fécondant son zèle, apparaîtra comme la force et la sagesse de Dieu. Qu'ils triomphent, ceux qui prétendent avoir banni le miracle de l'histoire et le surnaturel de la vie des peuples ; ils ne savent pas qu'à cette heure même, d'étonnants prodiges, des miracles sans nombre, soumettent des populations entières à la voix de cet homme, qui, par la destruction complète du péché dans sa personne, a reconquis le primitif empire d'Adam sur la nature et semble jouir déjà, dans sa chair mortelle, des qualités des corps ressuscités.

  

Mais l'apostolat de la Croix ne doit pas finir avec Paul. A la vieillesse d'un monde décrépit ne suffisent plus les ressources anciennes. Nous sommes loin des temps où la délicatesse exquise du sentiment chrétien était surabondamment touchée par le spectacle de la Croix sous les fleurs, telle que la peignait aux Catacombes un suave et respectueux amour. L'humanité a besoin qu'à ses sens émoussés par tant d'émotions malsaines, quelqu'un soit maintenant chargé d'offrir sans cesse, comme réactif suprême, les larmes, le sang, les plaies béantes du divin Rédempteur. Paul de la Croix a reçu d'en haut la mission de répondre à ce besoin des derniers temps ; au prix d'indicibles souffrances, il devient le père d'une nouvelle famille religieuse qui ajoute aux trois vœux ordinaires celui de propager la dévotion à la Passion du Sauveur, et dont chaque membre en porte ostensiblement le signe sacré sur la poitrine.

 

 N'oublions pas toutefois qu'elle-même la Passion du Sauveur n'est que la préparation pour l'âme chrétienne au grand mystère delà Pâque, terme radieux des manifestations du Verbe, but suprême des élus, sans l'intelligence et l'amour duquel la piété reste incomplète et découronnée. L'Esprit-Saint, qui conduit l'Eglise dans l'admirable progression de son Année liturgique, n'a pas d'autre direction pour les âmes qui s'abandonnent pleinement à la divine liberté de son action sanctificatrice. Du sommet sanglant du Calvaire où il voudrait clouer tout son être, Paul de la Croix est emporté maintes fois dans les hauteurs divines où il entend ces paroles mystérieuses qu'une bouche humaine ne saurait dire ; il assiste au triomphe de ce Fils de l'homme qui, après avoir vécu de la vie mortelle et passé par la mort, vit aujourd'hui dans les siècles des siècles ; il voit sur le trône de Dieu l'Agneau immolé, devenu le foyer des splendeurs des cieux ; et de cette vue sublime des célestes réalités il rapporte sur terre l'enthousiasme divin, l'enivrement d'amour qui, au milieu des plus effrayantes austérités, donne à toute sa personne un charme incomparable. "Ne craignez pas, dit-il à ses enfants terrifiés par les attaques furieuses des démons ; n'ayez pas peur, et dites bien haut : Alleluia ! Le diable a peur de l’Alleluia ; c'est une parole venue du Paradis."

 

Au spectacle de la nature renaissant avec son Seigneur en ces jours du printemps, au chant harmonieux des oiseaux célébrant sa victoire, à la vue des rieurs naissant sous les pas du divin Ressuscité, il n'y tient plus ; suffoquant de poésie et d'amour, et ne pouvant modérer ses transports, il gourmande les fleurs, il les touche de son bâton, en disant : "Taisez-vous ! Taisez-vous !" — "A qui appartiennent ces campagnes ? dit-il un jour à son compagnon de route... A qui appartiennent ces campagnes ? vous dis-je. Ah ! vous ne comprenez pas ?... Elles appartiennent à notre grand Dieu !" Et, transporté d'amour, raconte son biographe, il vole en l'air jusqu'à une certaine distance. "Mes frères, aimez Dieu ! répète-t-il à tous ceux qu'il rencontre, aimez Dieu qui mérite tant d'être aimé ! N'entendez-vous pas les feuilles mêmes des arbres qui vous disent d'aimer Dieu ? Ô amour de Dieu ! ô amour de Dieu !"

 

Nous nous laissons aller aux charmes d'une sainteté si suave et si forte à la fois ; attrait divin que n'inspirèrent jamais les disciples d'une spiritualité faussée, trop en vogue dans le dernier siècle auprès des meilleurs. Sous prétexte de dompter la nature mauvaise et d'éviter des écarts possibles, on vit les nouveaux docteurs, alliés inconscients du jansénisme, enserrer l'âme dans les liens d'une régularité contrainte, abattre son essor, la discipliner, la refaire à leur façon dans un moule uniforme, et, par des règles savamment déduites, déterminer avec précision les contours de la sphère où tous enfin marcheraient d'un pas égal, et, sous une direction logique, atteindraient sûrement la perfection de la sainteté. Mais c'est le divin Esprit, l'Esprit de sainteté qui seul fait les Saints, et cet Esprit d'amour est libre par essence. Il s'accommode peu du moule et des méthodes humaines : il souffle où il veut et quand il veut ; mais on ne sait d'où il vient, ni où il va. Ainsi en est-il de celui qui est né de l'Esprit, nous dit le Seigneur. L'Esprit a élu Paul dès sa première enfance ; il le saisit dans toute l'expansion de sa riche nature, ne détruit rien, sanctifie tout, et par la grâce décuplant son essor, il le produit sur les modèles antiques, toujours ardent, toujours aimable, et saint plus que personne, en face des chétifs produits d'une école dont les procédés corrects ont pour résultat le plus ordinaire d'user péniblement l'âme sur elle-même, dans les stériles efforts d'une ascèse impuissante.

 

Mais l'espace nous manque pour développer ces considérations, et nous ne devons donner ici que le récit abrégé consacré par l'Eglise à Paul de la Croix dans sa Liturgie : 

Paul de la Croix, originaire d'une noble famille de Castellazzo, près Alexandrie, naquit à Ovada en Ligurie. On put présager quelle serait sa sainteté, à la splendeur merveilleuse qui remplit la chambre de sa mère dans la nuit de sa naissance, et à la protection insigne de l'auguste Reine du ciel qui l'arracha dans son enfance aux eaux d'un fleuve où il allait s'engloutir. Dès les premières lueurs de sa raison, embrasé d'amour pour Jésus-Christ crucifié, il s'adonna à la contemplation de ce mystère, matant sa chair innocente par les veilles, les disciplines, les jeûnes, les traitements les plus durs, et, le vendredi, mélangeant sa boisson de fiel et de vinaigre. N'aspirant qu'au martyre, il s'enrôla dans l'armée qui s'assemblait à Venise contre les Turcs ; mais, ayant connu la volonté de Dieu dans la prière, il laissa les armes pour entreprendre une milice plus excellente qui eût pour but de défendre l'Eglise et de procurer par tous les moyens le salut des âmes. De retour dans sa patrie, il refusa une alliance honorable et l'héritage d'un oncle, et s'élançant dans la voie la plus étroite, il voulut être revêtu par son évêque d'une tunique grossière. Quoiqu'il ne fut pas clerc encore, celui-ci, considérant l'éminente sainteté de sa vie et sa science des choses divines, le chargea, au grand profit des âmes, de cultiver le champ du Seigneur par la prédication de la divine parole.

 

Il se rendit à Rome où,  après s'être pénétré de la science théologique, il reçut par obéissance l'ordination sacerdotale des mains du Souverain Pontife Benoît XIII. Avant obtenu du même Pontife la permission de réunir des compagnons, il se retira dans la solitude du mont Argentaro où l'avait appelé depuis longtemps la Bienheureuse Vierge, en lui montrant un vêtement de couleur noire, orné des insignes de la Passion de son fils ; ce fut là qu'il jeta les fondements de la nouvelle Congrégation. Après de nombreuses fatigues, il la vit bientôt se recruter de sujets d'élite et prendre avec la bénédiction divine de grands accroissements ; elle fut confirmée plus d'une fois par le Siège Apostolique, avec les Règles qu'il avait reçues de Dieu dans la prière, et le quatrième vœu de propager le souvenir béni de la Passion du Seigneur.

 

Il fonda aussi des Religieuses consacrées à méditer l'excès d'amour de l'Epoux divin. Au milieu de ces soins, un zèle insatiable des âmes l'empêchait d'interrompre jamais le cours de ses prédications ; des multitudes presque innombrables, des âmes perdues ou tombées dans l'hérésie furent amenées par lui dans la voie du salut. C'était surtout dans le récit de la Passion que la force merveilleuse de sa parole, noyée dans ses larmes et arrachant aussi les pleurs des assistants, brisait les cœurs endurcis des pécheurs.

 

La flamme d'amour divin qu'il nourrissait dans sa poitrine était telle que la partie de son vêtement la plus voisine du cœur parut souvent comme brûlée par le feu, et que deux de ses côtes se soulevèrent. Il ne pouvait arrêter ses larmes, surtout à l'autel ; on le voyait dans de fréquentes extases, le corps parfois merveilleusement élevé de terre, et le visage rayonnant d'une lumière surnaturelle. Plus d'une fois dans ses prédications, on entendit une voix du ciel lui suggérer les paroles, ou son discours retentir comme un tonnerre à plusieurs milles. Il fut illustré du don des langues, de prophétie, de pénétration des cœurs ; il eut puissance sur les démons, les maladies, les éléments. Chéri et vénéré des Papes eux-mêmes, il se regardait comme un serviteur inutile, le dernier des pécheurs, digne d'être foulé aux pieds par les démons. Enfin ayant fidèlement gardé jusqu'à une longue vieillesse l'austérité la plus grande, il fit à ses enfants d'admirables exhortations comme pour leur transmettre son esprit en héritage, reçut les sacrements de l’Eglise, et, réconforté par une vision céleste, il passa de la terre au ciel, à Rome, l'an mil sept cent soixante-quinze, au jour qu'il avait prédit. Le Souverain Pontife Pie IX l'inscrivit au nombre des Bienheureux, et, par suite de nouveaux miracles, au nombre des Saints.

 

Vous n'avez eu qu'une pensée, ô Paul : retiré dans les trous de la pierre, qui sont les plaies sacrées du Sauveur, vous eussiez voulu amener tous les hommes à ces sources divines où s'abreuve le vrai peuple élu dans le désert de la vie. Heureux ceux qui purent entendre votre parole toujours victorieuse, et la mettant à profit, se sauver par la Croix du milieu d'une génération perverse ! Mais en dépit de votre zèle d'apôtre, elle ne pouvait, cette parole, retentir à la fois sur tous les rivages ; et là où vous n'étiez pas, le mal débordait sur le monde. Préparé de longue main par la fausse science et la fausse piété, la défiance contre Rome et la corruption des grands, le siècle où devait sombrer la vieille société chrétienne s'abandonnait aux docteurs de mensonge, et avançait toujours plus vers son terme fatal. Votre œil, éclairé d'en haut, pénétrait l'avenir et voyait le gouffre où, pris de vertige, peuples et rois s'abîmaient ensemble. Battu par la tempête, le successeur de Pierre, le pilote du monde, impuissant à prévenir l'orage, cherchait par quels efforts, au prix de quel sacrifice il contiendrait au moins un temps les flots déchaînés.

 

Ô vous, l'ami des Pontifes et leur soutien dans ces tristes jours, témoin et confident des amertumes du Christ en son vicaire, de quelles angoisses suprêmes votre cœur n'eut-il pas le mortel secret ? Et quelles n'étaient pas vos pensées, en léguant, près de mourir, l'image vénérée de la Vierge des douleurs à celui des Pontifes qui devait boire jusqu'à la lie le calice d'amertume et mourir captif dans une terre étrangère ? Vous promîtes alors de reporter sur l'Eglise, du haut du ciel, cette compassion tendre et effective qui vous identifiait sur la terre à son Epoux souffrant. Tenez votre promesse, ô Paul de la Croix ! En ce siècle de désagrégation sociale, qui n'a pas su réparer les crimes du précédent, ni s'instruire aux leçons du malheur, voyez l'Eglise opprimée de toutes parts, la force aux mains des persécuteurs, le vicaire du Christ prisonnier dans son palais, vivant d'aumônes. L'Epouse n'a d'autre lit que la croix de l'Epoux ; elle vit du souvenir de ses souffrances. L'Esprit-Saint qui la garde et la prépare à l'appel suprême, vous a suscité, ô Paul, pour raviver sans cesse désormais ce souvenir qui doit la fortifier dans les angoisses des derniers jours.

  

Vos enfants continuent votre œuvre ici-bas ; répandus par le monde, ils gardent fidèlement l'esprit de leur père. Ils ont pris pied sur le sol d'Angleterre où les voyait d'avance votre esprit prophétique ; et ce royaume pour lequel vous avez tant prié se dégage peu à peu, sous leur douce influence, des liens du schisme et de l'hérésie. Bénissez leur apostolat ; qu'ils croissent et se multiplient dans la proportion toujours croissante des besoins de ces temps malheureux; que jamais leur zèle ne fasse défaut à l'Eglise, la sainteté de leur vie à la gloire de leur père.

  

Pour vous, ô Paul, fidèle au divin Crucifié dans ses abaissements, vous l'avez trouvé fidèle aussi dans sa Résurrection triomphante ; caché dans les enfoncements du rocher mystérieux au temps de son obscurité volontaire, quelle splendeur est la vôtre, aujourd'hui que du sommet des collines éternelles, cette pierre divine, qui est le Christ, illumine de ses rayons vainqueurs la terre entière et l'étendue des cieux ! Eclairez-nous, protégez-nous du sein de cette gloire. Nous rendons grâces à Dieu pour vos triomphes. Faites en retour que nous aussi soyons fidèles à l'étendard de la Croix, afin de resplendir comme vous dans sa lumière, quand paraîtra au ciel ce signe du Fils de l'homme, au jour où il viendra juger les nations.

 

Apôtre de la Croix, initiez-nous en ces jours au mystère de la Pâque si intimement uni au mystère sanglant du Calvaire : celui-là seul comprend la victoire qui fut au combat ; seul il partage le triomphe.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Altar of the Crucifixion by Josse de Corte, Santa Maria Gloriosa dei Frari, Venice

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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 11:30

Ce n'est pourtant encore ici que le commencement des douleurs de l'Église de France. Hœc autem initia sunt dolorum.

 

 Avant de dérouler le triste tableau de la révolution liturgique qui s'ensuivit bientôt, nous dirons du moins que cette première moitié du XVIIe siècle, malgré les fautes trop fécondes que nous venons de raconter, fut pour l'Église de France une dernière période de liberté. Ce fut dans ces années trop promptement écoulées, en 1614, que le cardinal Du Perron, organe du clergé, vengea avec tant d'éloquence et de dignité l'ancien droit public de la chrétienté, que les aveugles entreprises du tiers état menaçaient d'une destruction complète.

 

Plus tard, en 1625, l'assemblée du clergé professait encore la doctrine de l'infaillibilité du souverain Pontife. Bien plus, en 1653, on entendait une assemblée du clergé déclarer expressément que les jugements portés par les papes, en réponse aux consultations des évêques en matière de foi, ont une autorité souveraine et divine par toute l'Église, soit que les évêques aient cru devoir exprimer leur sentiment dans la consultation, soit qu'ils aient omis de le faire. Nous aimons à nous arrêter sur ces pures traditions de l'Église de France ; assez tôt, la marche des événements nous entraînera dans des récits lamentables : qu'il nous soit donc permis de les retarder encore, et aussi de faire voir  que, pour  se  montrer de nouveau  fidèle aux doctrines de l'Église romaine, l'Église gallicane aujourd'hui n'a qu'à remonter de quelques années dans ses souvenirs.

 

Pendant que la Liturgie était exposée, en France, à des attaques plus menaçantes encore pour l'avenir que dures dans le présent, Rome achevait le grand oeuvre de la réforme du culte divin.  Le bréviaire, le missel, le martyrologe, le pontifical, le cérémonial avaient déjà paru. Restait encore à publier un livre  non moins important, le rituel.

 

Paul V, dont le pontificat fut, sous   plusieurs points,  la continuation de celui de l'admirable Clément VIII, entreprit de mener à fin cette œuvre importante. Déjà, avait paru à Rome, par les soins  d'Albert Castellani, dominicain, le livre intitulé : Sacerdotale, seu liber sacerdotalis collectas, Leonis X auctoritate approbatus. Ce recueil, qui renfermait principalement les détails nécessaires  pour l'administration   des sacrements,   avait   été approuvé, au moins comme essai, par Léon X, mais ne fut mis au jour que sous le pontificat de Pie IV, qui s'abstint  d'en faire l'objet d'un  jugement quelconque. Il ne laissa pas de se répandre, et l'on en fit plusieurs éditions, plus ou moins fidèles, hors de Rome.   Au même siècle, Samarini,   chanoine de  Saint-Jean de Latran, entreprit une compilation du même   genre, dans laquelle il s'aida beaucoup du travail de Castellani. Elle parut à Venise, en 1579, sous ce titre : Sacerdotale, sive sacerdotum Theaurus ad consuetudinem sanctae Romance ecclesiœ, aliarumque  ecclesiarum    collectus, juxta    Tridentini   concilii sanctiones, etc. Le célèbre prélat Rocca donna  une édition  augmentée de ce recueil. Enfin, un troisième rituel fut rédigé par  le  cardinal  Sanctorio, dans les dernières années du XVIe siècle. Ce rituel, qui a mérité des éloges de Paul V, dans le bref même où il le déclare supprimé, est assez volumineux, et porte ce titre que Benoît XIV prouve avoir été mis après coup : Rituale sacramentorum Romanum, Gregorii XIII Pont. Max. jussu editum. Romœ, 1584. Il paraît en effet prouvé que ce fut seulement sous le pontificat de Paul V, qu'on songea à imprimer le rituel de Sanctorio, plusieurs années après la mort de ce cardina.

 

Ces divers essais tentés par des particuliers montrent clairement que jusqu'alors le rituel n'avait point formé un livre liturgique à part. Les formules qui le composent aujourd'hui se trouvaient soit dans les missels, soit dans les bréviaires. Mais le Bréviaire et le Missel de saint Pie V ne se trouvant plus renfermer ces sortes de détails, si l'on en excepte les bénédictions, et d'ailleurs le pontifical ne comprenant que les rites à l'usage des évêques, il devenait nécessaire de publier un livre spécial qui satisfît aux besoins du clergé.

 

Paul V entreprit et consomma cette opération. Le bref pour la publication du Rituel romain parut le 17 juin 1614, et commence par ces mots Apostolicœ Sedi. Le pape rappelle d'abord les travaux de saint Pie V et de Clément VIII pour la réforme liturgique, après quoi il ajoute :

" Tout étant donc ainsi réglé, il ne restait plus qu'à renfermer dans un seul volume muni de l'autorité du Siège apostolique, les rites sacrés et purs de l'Église catholique qui doivent être observés dans l'administration des sacrements et autres fonctions ecclésiastiques, par ceux qui ont la charge des âmes ; afin que ceux-ci se conformant uniquement à la teneur de ce volume, eussent à accomplir leur ministère, d'après une règle fixe et unique, et à marcher d'accord et sans scandale, sous une même direction, sans être plus jamais détournés par la multitude des rituels déjà existants.

" Cette affaire avait déjà été agitée précédemment ; mais elle avait été retardée par les soins donnés à l'impression de l'édition grecque et latine des conciles généraux. Nous l'avons reprise avec vigueur, pour obéir à ce que nous jugeons de notre  devoir, du moment que l'entreprise  dont nous parlons a cessé de Nous occuper.

" Afin donc que l'affaire se traitât convenablement et avec ordre, Nous l'avons confiée à plusieurs de nos vénérables frères cardinaux de la sainte  Église romaine, remarquables par leur piété, leur doctrine et leur prudence; lesquels ayant pris le conseil d'hommes érudits, et consulté les divers rituels anciens, mais principalement  celui que le cardinal Jules-Antoine (Sanctorio) du titre de Sainte-Séverine, homme  d'une piété singulière et d'une excellente doctrine, avait composé et rendu très complet par une longue étude et un travail éclairé ; ayant donc considéré mûrement toutes choses, ils ont enfin, par la clémence divine, rédigé ce rituel avec une brièveté convenable.

" C'est pourquoi,   Nous-même  ayant   vu  que les rites reçus et  approuvés de l'Église catholique  se  trouvent compris en leur ordre dans ce rituel, Nous avons jugé à propos, pour le bien public de l'Église de Dieu, de le publier sous le nom  de Rituel romain.

" A ces  causes, Nous exhortons dans le Seigneur nos vénérables frères les patriarches, archevêques et évêques, et nos chers fils leurs vicaires, les abbés, les curés, et généralement tous ceux auxquels il appartient, en quelque lieu qu'ils se trouvent, de se servir à l'avenir, dans les fonctions sacrées, comme  enfants  de l'Église romaine, du Rituel publié par l'autorité de cette Église mère et maîtresse de toutes les autres, et d'observer inviolablement, dans une chose de si grande conséquence, les rites que l'Église catholique que et l'usage de l'antiquité approuvé par elle ont statué.

" Donné   à    Rome,   à   Sainte-Marie-Majeure,   sous et l'anneau du pêcheur, le 17 juin 1614,  l'an dixième de ce de notre pontificat."

 

On voit, par la teneur de ce bref, que la publication du Rituel romain ne fut pas accomplie avec moins de solennité que celle du bréviaire, du missel, du cérémonial et du pontifical : toutefois, on doit remarquer qu'à la différence des bulles de saint Pie V et des brefs de Clément VIII, le bref de Paul V ne renferme point l'injonction expresse d'user du Rituel romain, à l'exclusion de tout autre. Le Pontife se borne à une simple, mais pressante exhortation. La raison de cette différence provient de l'extrême diversité qui s'était maintenue jusque-là, dans l'Occident, au sujet des cérémonies qui accompagnent  l'administration des sacrements. La destruction violente des coutumes locales, en cette matière, eût occasionné à la fois du scandale dans le peuple et des murmures dans le clergé. Il est remarquable  que le concile   de  Trente avait   lui-même reconnu en principe cette variété comme un fait et comme un   droit :   ainsi,  dans  sa   session   vingt-quatrième, au chapitre premier de Reformatione, les Pères disent que le curé, ayant interrogé les époux et reçu leur mutuel consentement, prononcera ces mots :  Ego vos in matrimonium conjungo, etc. ;  ou se servira d'autres paroles suivant le rite reçu  de  chaque province. On   pourrait   citer plusieurs passages   analogues   du   même   concile.  C'est ainsi que,  dans tous  les temps,  l'Eglise romaine   a su prendre   les tempéraments convenables pour régir avec force et douceur l'héritage du  Seigneur.  Néanmoins, ce qui devait arriver arriva en effet : le Rituel de Paul V fut bientôt adopté dans le plus grand nombre des Eglises de l'Occident. Les diocèses qui conservèrent le fond de leurs usages, adoptèrent du moins les formules concernant l’administration des sacrements, les bénédictions, etc. La publication de ce livre fut le complément de la réforme liturgique. Toutefois, les souverains Pontifes des âges suivants jugèrent à propos de faire quelques améliorations ou additions aux livres approuvés par leurs prédécesseurs : nous enregistrerons ces faits à mesure que le cours des années les amènera sous notre plume.

 

Paul V attacha encore son nom à une œuvre liturgique d'une importance secondaire, à la vérité, mais qui n'en doit pas moins trouver place dans cet ouvrage. Il s'agit de la publication du bréviaire monastique. Nous avons montré précédemment que les ordres et congrégations monastiques de l'Occident, sont en possession d'une forme particulière d'office divin fondée sur la règle de Saint-Benoît. La bulle de saint Pie V qui supprimait tous les bréviaires postérieurs aux deux cents dernières années, ne pouvait atteindre un ordre d'office qui datait, de mille ans. Les moines continuèrent donc à suivre leurs usages ; mais ces usages étaient différents sous plusieurs points, suivant les pays, ou encore suivant les ordres ou congrégations dans un même pays. Ainsi Cluny avait ses coutumes différentes de celles du Mont-Cassin ; les cisterciens avaient leurs us fort dissemblables de ceux des camaldules ; les abbayes des bords du Rhin ou du Danube, s'écartaient en plusieurs points des formes usitées dans celles de l'Espagne et du Portugal. Il n'y avait en cela rien qui dût surprendre ni scandaliser personne : un corps vaste comme l'Église d'Occident, privé d'un centre et divisé en de nombreux rameaux, puisant une vie propre non seulement dans les diverses réformes qui l'avaient modifié, mais encore dans les mœurs des contrées où il était répandu, ne pouvait, pas plus que l'Église elle-même, avoir gardé une discipline uniforme dans toutes ses coutumes liturgiques. Il y avait donc plusieurs bréviaires monastiques au moment de la publication de la  bulle de saint Pie V, et ils n'avaient rien à redouter de cette constitution, pas plus que les bréviaires ambrosien, lyonnais,parisien.

 

D'autre part, on ne peut nier que le Bréviaire réformé de saint Pie V ne fût de beaucoup supérieur à tous ceux qui existaient  alors  dans l'Église ; du  moment que les moines songeaient, à leur tour, à réformer leurs propres bréviaires, ils ne pouvaient recourir à une source plus pure. En outre, à ne considérer que les moyens d'exécution les plus faciles pour la réforme d'un bréviaire monastique, il est clair qu'on épargnait une grande partie des frais, et qu'on facilitait grandement l'opération, en ramenant   à  l'unité  la Liturgie  bénédictine,  en effaçant  les usages particuliers de chaque ordre ou congrégation. Ce plan, dont les  avantages balancent les inconvénients, fut conçu et exécuté par les procureurs généraux des diverses congrégations bénédictines,   résidant  à Rome.  Tout en maintenant la forme générale de l'Office monastique, ils s'attachèrent à faire  entrer dans leur cadre la presque totalité du Bréviaire de saint Pie V, et soumirent à l'approbation du souverain  Pontife ce nouveau travail. Un grand nombre de traditions antiques et vénérables dans l'ordre avait été sacrifié ; le psautier, dont la règle de Saint-Benoît exige si strictement la récitation chaque semaine, se trouvait interrompu dans toutes les fêtes des saints ; mais alors ces fêtes, beaucoup moins multipliées qu'aujourd'hui, laissaient encore la liberté de satisfaire le plus souvent à cette inviolable loi. Paul V accorda son approbation par un bref du 1er octobre 1612 : cependant il ne voulut pas  obliger tous les ordres militants sous la règle bénédictine, à rejeter les autres bréviaires pour suivre exclusivement celui que venaient de rédiger les procureurs généraux ; il se contenta de les exhorter en général à recevoir le bréviaire et les livres de chœur nouvellement réformés, et afin de porter plus efficacement les bénédictins à les adopter, il attribua à la récitation du nouveau Bréviaire monastique les mêmes indulgences dont saint Pie V avait encouragé l'usage du Bréviaire romain.

 

En Italie et généralement dans les pays étrangers, les ordres et congrégations qui vivaient sous la règle de Saint-Benoît embrassèrent le Bréviaire de Paul V. Outre l'avantage de se rapprocher en beaucoup de choses de l'office réformé, on trouvait celui de se procurer aisément les livres, et d'éviter les grands frais qu'occasionnait toujours, dans chaque congrégation, la réimpression des usages particuliers. Néanmoins l'ordre de Cîteaux tout entier refusa de changer ses livres, dans lesquels, ainsi que nous l'avons dit, l'élément grégorien était mélangé de parisien. En France, les congrégations de Saint-Vannes et de Saint-Maur acceptèrent le nouveau bréviaire, mais plutôt de fait que de droit, en déclarant expressément, dans leurs constitutions, qu'elles n'entendaient pas recevoir les nouveaux offices de saints qu'on ajoutait sans cesse à ce bréviaire. En Espagne, la congrégation tarragonaise se tint aussi à ses anciens livres ; celle de Valladolid attendit jusqu'en 1621 pour adopter les nouveaux ; mais elle se maintint, comme celle de Saint-Vannes et de Saint-Maur, dans l'usage de fixer son calendrier. Nous parlerons de Cluny au chapitre suivant.

 

Quatre ans après la publication du Bréviaire monastique de Paul V, il émana un avis et déclaration de la congrégation des Rites, portant que l'opinion de ce tribunal était que tous les moines et moniales qui militent sous la règle de Saint-Benoît, peuvent et doivent se servir du Bréviaire de Paul V, nonobstant que plusieurs exempts se fussent servis, par le passé, du romain ou de tout autre.

 

L'autorité de cette déclaration ne prévalut pas néanmoins de telle sorte, qu'elle détruisit les bréviaires monastiques qui avaient survécu. On jugea qu'elle n'était pas  préceptive, puisque, dans ce cas, elle eût été en contradiction avec le bref de Paul V, antérieur seulement de quatre ans, et dans lequel ce pontife se contente d'exhorter les moines à adopter le Bréviaire rédigé par les procureurs généraux. Dans Rome même, l'ordre de Cîteaux, en particulier, continua, longtemps encore, d'employer dans les offices divins le seul Bréviaire cistercien ; et, vers la fin du même siècle, le cardinal Bona, dans son beau traité de Divina Psalmodia, imprimé à Rome, consacrait un chapitre entier à détailler avec complaisance les avantages du Bréviaire cistercien sur le monastique de Paul V.

 

Au reste, tous ces bréviaires monastiques ne différaient les uns des autres que dans des particularités d'un intérêt secondaire. La disposition des offices était, dans tous, celle de la règle de Saint-Benoît ; dans tous, la plupart des antiennes, répons, hymnes, étaient conformes aux anciens responsoriaux de saint Grégoire, par conséquent au Bréviaire de saint Pie V. Le reste, ainsi que dans les bréviaires des diocèses, était emprunté aux coutumes locales, mais surtout au romain-français, dont l'influence s'était étendue si loin. Pour le missel, nous avons déjà remarqué que les moines n'en connaissaient point d'autre que celui de l'Église romaine, auquel ils joignaient quelques usages particuliers. Le Missel monastique que publia aussi Paul V se répandit dans la même proportion que son bréviaire.

 

DOM GUÉRANGER 

INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XVI,  DE LA LITURGIE DURANT LA PREMIERE MOITIE DU XVIIe SIECLE. ZÈLE DE L'ÉPISCOPAT FRANÇAIS POUR LA LITURGIE ROMAINE. RÉACTION DE LA PUISSANCE SECULIERE. — TRAVAUX DES PONTIFES ROMAINS SUR LA LITURGIE. PAUL V. RITUEL ROMAIN. BRÉVIAIRE ROMAIN. BREVIAIRE MONASTIQUE. — URBAIN VIII. CORRECTION DES HYMNES. — AUTEURS LITURGISTES DE CETTE ÉPOQUE.

 

Monument to Pope Paul V

Monument to Pope Paul V by Flaminio Ponzio

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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 04:00

Saint Luc L'Évangéliste, par Ghirlandaio, Santa Maria Novella, Florence

Fête de saint Luc, Évangéliste.

Né, comme on le rapporte, à Antioche d’une famille païenne, médecin, il se convertit à la foi du Christ et devint le compagnon très cher de l’Apôtre saint Paul.

Dans son Évangile, il exposa avec soin tout ce que Jésus a fait et enseigné, en scribe de la miséricorde du Christ, et, dans les Actes des Apôtres, il se fit l’historien des débuts de la vie de l’Église jusqu’au premier séjour de saint Paul à Rome. 
Martyrologe romain

 

 

St Luke the Apostle and Evangelist by Unknown Icon Painter, Russia


Parmi ses disciples, le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux devant lui dans toutes les villes et localités où lui-même devait aller.

 

Il leur dit :

 

" La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux.

Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson.

 

Allez ! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups.

 

N'emportez ni argent, ni sac, ni sandales, et ne vous attardez pas en salutations sur la route.

 
Dans toute maison où vous entrerez, dites d'abord : 'Paix à cette maison.'

S'il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous.

Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l'on vous servira ; car le travailleur mérite son salaire.

 

Ne passez pas de maison en maison.

 


Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qu'on vous offrira.

Là, guérissez les malades, et dites aux habitants :

' Le règne de Dieu est tout proche de vous.'

 


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

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17 octobre 2011 1 17 /10 /octobre /2011 11:30

Prions, afin que le Dieu de la paix et de l'unité dispose toutes choses dans sa force et sa douceur; afin que l'unité de prière se rétablisse au sein de notre patrie, et que la prière du Pasteur suprême soit la prière des brebis, comme déjà sa foi et sa doctrine sont leur foi et leur doctrine.

 

L'unité liturgique régnait donc désormais en Occident. Un demi-siècle devait s'écouler avant qu'on osât y porter atteinte. Non moins fidèle que les autres églises à cette unité, l'Église de France, qui avait si vigoureusement exécuté, dans ses divers conciles provinciaux, les dispositions de la bulle de saint Pie V, jouissait en paix d'un si grand bienfait et travaillait avec zèle à en perpétuer la durée.

 

Ce fut pour ce motif que, dans l'assemblée du clergé de 1605 à 1606, l'archevêque d'Embrun, bien qu'il n'ignorât pas qu'un nombre assez considérable d'églises n'avaient reçu le Bréviaire réformé que pour le fondre avec les usages diocésains, remontra qu'il serait à propos que toutes les églises fussent uniformes en la célébration du service divin, et que l'office romain fût reçu partout. Il ajouta qu'on avait trouvé un imprimeur qui offrait d'imprimer tous les livres nécessaires,à la seule condition qu'il plût à l’assemblée de lui avancer une somme de mille écus. Cette proposition fut agréée par les prélats, et un contrat fut passé entre le clergé et l'imprimeur en question, sous la date du 8 mai 1606, ainsi qu'on le peut voir dans les actes de l'assemblée de 1612. On y lit pareillement que l'évêque de Chartres et les agents du clergé furent priés et chargés de faire distribuer aux provinces et diocèses qui en auraient besoin, tous les livres de l'usage romain imprimés ci-devant.

 

Le résultat de cette mesure fut de déterminer un certain nombre de diocèses qui n'avaient pas encore quitté leurs bréviaires particuliers, à embrasser le romain pur ; elle ne fut pas non plus sans utilité pour les églises qui voulaient absolument retenir le rite diocésain, puisque ce rite n'était lui-même que le romain réformé, auquel on avait associé l'office des saints locaux et quelques anciens usages particuliers. Par cette mesure de l'assemblée de 1605, la Liturgie romaine était donc, pour ainsi dire, proclamée la Liturgie de l'Église de France en général ; vérité qui résultait déjà de l'ensemble des canons portés dans les divers conciles du XVIe siècle que nous avons cités au chapitre précédent.

 

Un événement, d'abord imperceptible, mais bientôt devenu célèbre, sembla, dès le commencement du XVIIe siècle, fournir un présage des atteintes qui devaient un jour être portées, en France, à la Liturgie romaine. Charles Miron, évêque d'Angers, sur la demande de plusieurs membres du clergé de l'église de la Trinité d'Angers, qui formait un chapitre uni à l'insigne abbaye du Ronceray, avait rendu deux ordonnances, en date du 26 octobre 1599 et du 26 mars 1600, portant suppression du Bréviaire angevin dans ladite église de la Trinité, et injonction d'y user à l'avenir du seul Bréviaire romain réformé par saint Pie V. Les oppositions formées par la majorité du chapitre avaient été fortement repoussées par l'official ; des sentences de prise de corps, et même l'incarcération s'étaient ensuivies contre plusieurs des récalcitrants ; on prétend même que les livres angevins à l'usage de l'église de la Trinité avaient été brûlés par ordre de l'évêque.

 

Les choses étant poussées à cette extrémité, l'abbesse et les religieuses du Ronceray interjetèrent, avec les chanoines et chapelains de leur église de la Trinité, appel comme d'abus au parlement de Paris. L'avocat général Servin, homme audacieux et bien connu par son aversion pour la liberté de l'Église, embrassa avec chaleur la cause du Bréviaire angevin contre celui de Rome, et procura un arrêt devenu fameux, par lequel la cour :

" Ordonne que le service divin ordinaire en l'église de la Trinité sera continué ; et a fait et fait inhibitions et défenses audit évêque d'innover aucune chose en l'exercice et célébration du service divin aux églises de son diocèse, sans l'autorité du Roi ; et à son promoteur et official d'entreprendre cour, juridiction et connaissance que celle qui leur est attribuée par les ordonnances. Et pour se voir faire plus amples défenses et répondre aux conclusions que ledit procureur général voudra prendre et élire contre eux, seront ajournés à comparoir en personne au mois ; et jusques à ce qu'ils aient comparu, leur interdit l'exercice de la juridiction ecclésiastique. Condamne les intimés es dépens des causes d'appel, dommages et intérêts des emprisonnements, et de ce qui s'est ensuivi : ordonne, si aucuns des appelants sont détenus prisonniers, que les prisons leur seront ouvertes : aura le procureur général du Roi commission pour informer des faits concernant les livres de ladite église de la Trinité brûlés, et paroles scandaleuses proférées aux prédications publiques , pour ce fait et rapporté, ordonner ce que de raison : et sur le surplus par lui requis, ladite cour en délibérera au conseil.

Fait en Parlement, le 27e jour de février, l'an 1603. "

 

Maintenant, si l'on examine quels étaient les motifs sur lesquels les magistrats avaient pu baser un arrêt aussi scandaleux, on trouvera que la haine de Rome, sentiment inné dans l'âme des légistes français, depuis et avant Philippe le Bel, l'avait, du moins en grande partie, inspiré. C'est cette haine de Rome qui dicta les fameuses conclusions de la Sorbonne contre la réception du Bréviaire romain, au temps de Pierre de Gondy, en 1583 ; monument étrange, mais bien précieux, dont nous devons la conservation au même avocat général Servin, qui trouva bon, pour accroître encore le scandale, de l'insérer dans son plaidoyer contre l'évêque d'Angers. Nous avons dit que la Sorbonne réclama sur la publicité donnée à cette pièce qui ne devait, disait-elle, être considérée que comme le fait de quelques particuliers. Mais le temps était venu où la mauvaise semence allait germer, et où l'ivraie étoufferait le bon grain dans le champ du père de famille.

 

Outre cette haine pour tout ce qui vient de Rome, caractère distinctif de l'esprit des parlements, on doit noter encore une autre tendance dans l'arrêt que nous venons de citer, savoir l'envie de conférer au prince séculier le pouvoir souverain sur la Liturgie. C'est le douzième caractère de l'hérésie antiliturgiste. Nous le verrons se développer en France et passer enfin dans les livres de droit à l'usage du clergé. Si on y réfléchit bien, on verra que les deux maximes de l'avocat Servin s'enchaînent merveilleusement. D'abord, arrêter les influences directes de Rome sur la Liturgie : car la Liturgie est un enseignement haut et populaire qu'on ne doit point laisser au pape, dans un pays de liberté comme est la France ; ensuite, surveiller, par autorité souveraine, le clergé dans une chose aussi importante que la prière publique, de manière qu'il ne puisse faire un pas sans ressentir sa dépendance sur cet article.

 

Nous n'ignorons pas que, sur ce point comme sur tout autre, la puissance séculière prétendait n'intervenir que comme gardienne des anciens usages ; mais rien ne nous empêche plus aujourd'hui d'appeler persécution de l'Église toute politique séculière qui la veut contraindre, soit de retenir telle forme à laquelle elle juge à propos de renoncer, soit d'embrasser telle autre vers laquelle son propre mouvement ne la porte pas.

 

L'assemblée du clergé de 1605 vit avec indignation l'attentat du parlement contre le droit sacré de la Liturgie. Elle résolut de supplier le roi de casser l'arrêt et tout ce qui s'était fait en exécution ; demandant aussi que ledit arrêt fût rayé des registres, et que défense fût faite au sieur Servin de plaider à l'avenir en aucune cause d'Église. L'assemblée nomma même des députés pour poursuivre la cassation ; mais nous ne voyons pas que l'arrêt ait jamais été rapporté. Bien plus, il est devenu célèbre dans tous les livres qui traitent du droit ecclésiastique français, comme l'un des premiers fondements de cette maxime de nos libertés, qui porte que les évêques de France ne peuvent rien sur la Liturgie, dans leurs propres diocèses, sans la permission du roi.

 

Au reste, l'assemblée de 1605, tout en réclamant les imprescriptibles droits de l'Église, prêtait elle-même le flanc aux envahisseurs de la puissance laïque. On se rappelle que lors de la publication du Missel de saint Pie V, le parlement fit défense d'imprimer ce livre en France, à moins qu'on n'y ajoutât au canon de la messe ces mots : Et rege nostro N. Cette entreprise irrégulière n'aurait pas dû, au moins, être sanctionnée par l'autorité ecclésiastique. Le devoir du clergé, dans ce cas, était de recourir à Rome qui eût facilement accordé à la France ce que déjà l'Espagne avait obtenu. Loin de là, les prélats de l'assemblée, avant de clore leurs opérations, ordonnèrent, en date du 24 avril 1606, que la première feuille du Missel romain qu'on avait imprimé à Bordeaux, l'année précédente, serait réformée, et qu'on insérerait dans la nouvelle impression, la mention du roi à la suite de celle du pape et de l'évêque. Ainsi la même assemblée qui refusait aux gens du roi le droit d'intervenir contre les changements introduits par un évêque dans la Liturgie générale de son diocèse, acceptait l'initiative donnée par une cour séculière dans une question qui intéressait la lettre même du monument principal de la Liturgie, le canon de la messe.

 

Il est vrai que le clergé comptait bien, dans cette affaire, n'agir qu'en son nom et indépendamment des antécédents posés par les magistrats ; mais du moment qu'il n'allait pas chercher son point d'appui hors des limites du royaume, à Rome, en un mot, il était censé vaincu, et on pouvait désormais ajouter une nouvelle page à l'histoire de ces honteuses servitudes que ceux mêmes qui les imposaient ont appelées, d'une manière dérisoire, les libertés de l'église gallicane. Les parlements, en effet, ne s'en firent pas faute, et l'on rencontre depuis lors de nombreuses applications de leur fameux principe : Que le roi a un droit spécial sur les choses du culte divin.

 

Nous trouvons, en effet, sous la date du 27 juillet de la même année 1606, les lettres patentes de Henri IV, qui, vingt ans après la tenue du concile de Bordeaux dont nous avons parlé au chapitre précédent, daigne approuver le canon fait dans ce concile pour l'adoption des livres romains dans toute la province, sans tirer en conséquence pour les autres résolutions qui pourraient avoir été prises dans ladite assemblée et concile provincial dudit Bordeaux. L'occasion de ces lettres patentes fut la demande que firent à Sa Majesté l'évêque et le Chapitre de Poitiers, qui, ayant été jusqu'alors empêchés par le malheur des temps, de mettre à exécution le canon du concile de Bordeaux, se trouvaient enfin en mesure de satisfaire à ce devoir. Ils avaient trouvé expédient, avant de passer outre, d'avoir sur ce "déclaration du vouloir et intention de Sa Majesté, afin qu'il n'y eût aucun sujet ni occasion de plainte à l'avenir en général, ni en particulier, sur l'exécution d'icelle". Quel chemin on avait fait déjà en si peu d'années ! A peine le XVIIe siècle était ouvert, et le pouvoir ecclésiastique, le même qui, dans les conciles de Rouen, de Reims, de Bordeaux, d'Aix, de Bourges, de Tours, de Toulouse, de Narbonne, avait procédé si franchement, si largement à la réforme de la Liturgie, n'osait déjà plus mettre en pratique ses propres résolutions sans s'assurer de l'agrément du roi ! On avait bien réclamé, dans l'assemblée, contre l'outrage fait à l'évêque d'Angers : mais à peine quelques mois étaient écoulés, qu'on reconnaissait, par des actes positifs, la compétence du pouvoir laïque dans les choses de la Liturgie !

 

On lit encore dans l'important recueil intitulé : Preuves des libertés de l'Église gallicane, un arrêt du parlement de Paris, rendu sur les conclusions de l'avocat général Servin, en date du 9 août 1611, au sujet de l'introduction du Bréviaire romain réformé dans l'église collégiale de Saint-Maixme de Chinon. Il est dit en cet arrêt que, dans les choses qui concernent la Liturgie :

" L'autorité du Roi y doit passer pour donner règle, sans laquelle on ne peut faire aucune innovation en la police ecclésiastique. En conséquence, vu le désir des parties de terminer l'affaire d'une manière légale, la cour permet que l'on suive, dans la collégiale de Saint-Maixme de Chinon, le Bréviaire romain qui (on en convient), est le plus repurgé de tous, à la condition d'y joindre les offices des saints qui sont particulièrement en vénération dans cette église."

 

Après quoi, on lit ces curieuses paroles :

" Et c'est la voie qu'il faut tenir en telle occurrence, laquelle si l'évêque d'Angers eut voulu prendre lorsqu'il voulut introduire le Bréviaire romain en une église de son diocèse, la grande controverse qui fut plaidée sur ce sujet, eût été abrégée promptement ; au lieu qu'icelui évêque n'ayant voulu recourir au roi en ce regard, la cour a improuvé ce qu'il aurait fait de son mouvement, et à lui fait défenses, par son arrêt du 27 février 1603, d'innover aucune chose en l'exercice et célébration du service divin, sans l'autorité royale."

Le recueil que nous citons produit ensuite des lettres patentes de Louis XIII, en date du 9 juillet 1611, par lesquelles la permission ci-dessus mentionnée est octroyée au chapitre de Saint-Maixme de Chinon, dans des termes analogues à ceux de l'arrêt que nous venons de rapporter.

 

Ces détails suffiront pour faire voir combien les vrais principes sur la Liturgie s'altéraient déjà en France, et comment la dépendance à l'égard du pouvoir séculier, sur cet article, commençait à s'établir. Nous avons indiqué, au chapitre XIV, ce caractère comme un de ceux qui constituent le système destructif de la Liturgie. Nul catholique, nous le pensons, ne contestera ni le fait ni l'application.

 

Ce n'est pourtant encore ici que le commencement des douleurs de l'Église de France. Hœc autem initia sunt dolorum.

 

DOM GUÉRANGER 

INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XVI,  DE LA LITURGIE DURANT LA PREMIERE MOITIE DU XVIIe SIECLE. ZÈLE DE L'ÉPISCOPAT FRANÇAIS POUR LA LITURGIE ROMAINE. RÉACTION DE LA PUISSANCE SECULIERE. — TRAVAUX DES PONTIFES ROMAINS SUR LA LITURGIE. PAUL V. RITUEL ROMAIN. BRÉVIAIRE ROMAIN. BREVIAIRE MONASTIQUE. — URBAIN VIII. CORRECTION DES HYMNES. — AUTEURS LITURGISTES DE CETTE ÉPOQUE.

 

Parisian Book of Hours

Parisian Book of Hours

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17 octobre 2011 1 17 /10 /octobre /2011 04:00

C'est un des plus fameux martyrs du Christ qui paraît sur le Cycle : Ignace le Théophore, Evêque d'Antioche. Une antique tradition nous dit que ce vieillard, qui confessa si généreusement le Crucifié devant Trajan, avait été cet enfant que Jésus présenta un jour à ses disciples comme le modèle de la simplicité que nous devons posséder pour parvenir au Royaume des cieux. Aujourd'hui, il se montre à nous, tout près du berceau dans lequel ce même Dieu nous donne les leçons de l'humilité et de l'enfance.

 

 Ignace, à la Cour de l'Emmanuel, s'appuie sur Pierre dont nous avons glorifié la Chaire ; car le Prince des Apôtres l'a établi son second successeur sur son premier Siège à Antioche. Ignace a puisé dans cette mission éclatante la fermeté qui lui a donné de résister en face à un puissant empereur, de défier les bêtes de l'amphithéâtre, de triompher par le plus glorieux martyre. Comme pour marquer la dignité incommunicable du Siège de Rome, la providence de Dieu a voulu que, sous les chaînes de sa captivité, il vînt aussi voir Pierre, et terminât sa course dans la Ville sainte, mêlant son sang avec celui des Apôtres. Il eût manqué à Rome quelque chose, si elle n'eût hérité de la gloire d'Ignace. Le souvenir du combat de ce héros est le plus noble souvenir du Colisée, baigné du sang de tant de milliers de Martyrs.

 

Le caractère d'Ignace est l'impétuosité de l'amour ; il ne craint qu'une chose, c'est que les prières des Romains n'enchaînent la férocité des lions, et qu'il ne soit frustré de son désir d'être uni au Christ. Admirons cette force surhumaine qui se révèle tout à coup au milieu de l'ancien monde, et reconnaissons qu'un si ardent amour pour Dieu, un si brûlant désir de le voir n'ont pu naître qu'à la suite des événements divins qui nous ont appris jusqu'à quel excès l'homme était aimé de Dieu. Le sacrifice sanglant du Calvaire n'eût-il pas été offert, la Crèche de Bethléhem suffirait à tout expliquer. Dieu descend du ciel pour l'homme ; il se fait homme, il se fait enfant, il naît dans une crèche. De telles merveilles d'amour auraient suffi pour sauver le monde coupable ; comment ne solliciteraient-elles pas le cœur de l'homme à s'immoler à son tour ? Et qu'est-ce que la vie terrestre à sacrifier, quand il ne s'agirait que de reconnaître l'amour de Jésus, dans sa naissance parmi nous ?

 

La sainte Eglise nous donne, dans les Leçons de l'Office de saint Ignace, la courte notice que saint Jérôme a insérée dans son livre de Scriptoribus ecclesiasticis. Le saint Docteur a eu l'heureuse pensée d'y insérer quelques traits brûlants de l'admirable lettre du Martyr aux fidèles de Rome. Nous l'eussions donnée tout entière, sans son extrême longueur ; et il nous en coûterait de la mutiler. Au reste, les passages cités par saint Jérôme représentent les plus sublimes traits qu'elle contient.

 

 Ignace, troisième successeur de l'Apôtre saint Pierre sur le Siège d'Antioche, ayant été condamné aux bêtes, durant la persécution de Trajan, fut envoyé à Rome chargé de chaînes. En ce voyage qu'il fit par mer, il descendit à Smyrne, où Polycarpe, disciple de saint Jean, était Evêque. Il y écrivit une lettre aux Ephésiens, une autre aux Magnésiens, une troisième aux Tralliens, et une quatrième aux Romains. A son départ de cette ville, il écrivit également aux fidèles de Philadelphie et à ceux de Smyrne, et adressa une lettre particulière à Polycarpe, dans laquelle il lui recommandait l'Eglise d'Antioche. C'est dans cette lettre qu'il rapporte sur la personne de Jésus-Christ un témoignage de l'Evangile que j'ai traduit depuis peu.

 

Mais puisque nous parlons d'un si grand homme, il est juste de transcrire ici quelques lignes de son Epître aux Romains :

" Depuis la Syrie jusques à Rome, dit-il, je combats contre les bêtes sur terre et sur mer ; jour et nuit, je suis à la chaîne avec dix léopards, c'est-à-dire avec les soldats qui me gardent, et dont mes bienfaits augmentent encore la cruauté. Leur méchanceté est mon instruction ; mais je ne suis pas justifié pour cela. Plaise à Dieu que je sois livré aux bêtes qui me sont préparées ! Qu'elles soient promptes à me faire souffrir les supplices et la mort ; qu'on les excite à me dévorer, et qu'elles ne craignent pas de déchirer mon corps ; et qu'il n'arrive pas de moi comme de plusieurs qu'elles n'ont osé toucher. Si elles ne le veulent pas, je leur ferai violence, et je les forcerai à me dévorer. Pardonnez-moi, mes enfants, je connais ce qui m'est avantageux. 

" Je commence à être Disciple du Christ ; car je ne désire plus aucune des choses visibles, pourvu que je trouve Jésus-Christ. Que le feu, la croix, les bêtes, le brisement de mes os, la division de mes membres, le broiement de tout mon corps, et tous les tourments du démon m'accablent, pourvu que je jouisse de Jésus-Christ."

 

Comme il était exposé aux bêtes, et que, dans son impatience de souffrir, il entend les rugissements des lions, il dit :

" Je suis le froment de Jésus-Christ ; je serai moulu par la dent des bêtes, pour devenir un pain vraiment pur. "

 

Il souffrit la onzième année de Trajan. Ses reliques reposent à Antioche, dans le Cimetière, hors la porte de Daphné.

 

Nous trouvons dans les Menées de l'Eglise Grecque, en la fête de saint Ignace, les strophes suivantes : 

Appelé à la succession de celui qui est le sommet des Apôtres et des Théologiens, tu as marché sur leurs traces ; ton lever a été à l'Orient, et tu t'es manifesté dans l'Occident, tout éclatant des splendeurs de la prédication divine ; c'est de là que tu es parti de ce monde pour t'élever à Dieu, couronné des feux de la grâce, ô homme plein de sagesse !

 

Resplendissant comme un soleil des rayons de l'Esprit-Saint, tu as illuminé d’une gracieuse splendeur les confins du monde par l'éclat de tes combats, nous donnant dans ta ferveur, nous écrivant dans ta vérité les documents de la piété ; c'est pourquoi tu es devenu l'aliment du Maître qui, dans sa bonté incessante, nourrit tous les êtres, ô bienheureux !

 

Ignace, qui portes Dieu et réchauffais dans ton cœur le Christ ton amour, tu as reçu le prix du sacrifice évangélique du Christ, qui se consomme par le sang ; c'est pour cela que, devenu froment de l'immortel laboureur, tu as été moulu par la dent des bêtes, et tu es devenu pour lui un pain agréable : supplie-le pour nous, bienheureux athlète !

 

Que ton âme fut solide, ferme comme le diamant, ô heureux Ignace ! Dévoré du désir qui te poussait vers Celui qui t'aimait véritablement, tu disais : Ce n'est point un feu matériel qui brûle dans ma poitrine, c'est bien plutôt une eau vive qui inonde mon âme et qui dit en moi : Viens au Père. C'est pourquoi, enflammé du divin Esprit, tu as irrité les bêtes, pour être plus tôt séparé du monde et rendu avec le Christ que tu aimais ; prie-le de sauver nos âmes.

 

 

Ô pain glorieux et pur du Christ votre Maître ! vous avez donc obtenu l'effet de vos désirs ! Rome tout entière, assise sur les degrés du superbe amphithéâtre, applaudissait, avec une joie féroce, au déchirement de vos membres ; mais tandis que vos ossements sacrés étaient broyés sous la dent des lions, votre âme, heureuse de rendre au Christ vie pour vie, s'élançait d'un trait jusqu'à lui. Votre félicité suprême était de souffrir, parce que la souffrance vous semblait une dette contractée envers le Crucifié ; et vous ne désiriez son Royaume qu'après avoir donné en retour de sa Passion les tourments de votre chair. Que votre gloire est éclatante, dans la compagnie d'Etienne, de Sébastien, de Vincent, d'Agnès, et que votre palme est belle auprès du berceau de l'Emmanuel !

 

Prenez pitié de notre faiblesse, ô Martyr ! Obtenez-nous d'être du moins fidèles à notre Sauveur, en face du démon, de la chair et du monde ; de donner notre cœur à son amour, si nous ne sommes appelés à donner notre corps aux tourments pour son Nom. Choisi dans vos premières années par ce Sauveur, pour servir de modèle au chrétien par l'innocence de votre enfance, vous avez conservé cette candeur si précieuse sous vos cheveux blancs ; demandez au Christ, le Roi des enfants, que cette heureuse simplicité demeure toujours en nous, comme le fruit des mystères que nous célébrons.

  

Successeur de Pierre à Antioche, priez pour les Eglises de votre Patriarcat ; rappelez-les à la vraie foi et à l'unité catholique. Soutenez l'Eglise Romaine que vous avez arrosée de votre sang, et qui est rentrée en possession de vos reliques sacrées, de ces ossements que la dent des lions n'avait pu broyer entièrement.

 

Veillez sur le maintien de la discipline et de la subordination ecclésiastiques, dont vous avez tracé de si belles règles dans vos immortelles Epîtres ; resserrez, par le sentiment du devoir et de la charité, les liens qui doivent unir tous les degrés de la hiérarchie, afin que l'Eglise de Dieu soit belle d'unité, et terrible aux ennemis de Dieu, comme une armée rangée en bataille.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

chapelle Sainte-Brigitte, Saint-Ignace-d'Antioche 

Chapelle Sainte-Brigitte, Saint-Ignace-d'Antioche, au lieu-dit  Chaillolet, Hautes-Alpes

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16 octobre 2011 7 16 /10 /octobre /2011 04:00

Ils lui envoient leurs disciples, accompagnés des partisans d'Hérode : " Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le vrai chemin de Dieu ; tu ne te laisses influencer par personne, car tu ne fais pas de différence entre les gens. Donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l'impôt à l'empereur ?"

 
Mais Jésus, connaissant leur perversité, riposta : " Hypocrites ! pourquoi voulez-vous me mettre à l'épreuve ? Montrez-moi la monnaie de l'impôt". Ils lui présentèrent une pièce d'argent. Il leur dit : "Cette effigie et cette légende, de qui sont-elles ? - De l'empereur César", répondirent-ils.

 
Alors il leur dit : " Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. " 

 

Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

  

 

Christ among the Doctors by Leonaert Bramer

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15 octobre 2011 6 15 /10 /octobre /2011 11:30

Depuis Sixte-Quint, le nombre des cardinaux membres de la congrégation des rites a été porté à vingt-quatre. Nous ferons connaître ailleurs plus en détail la nature des attributions de ce tribunal, et sa manière de procéder dans les causes des rites sacrés.

 

Clément VIII, qui monta sur le Saint-Siège en 1592, et dont le glorieux pontificat se prolongea jusqu'à l'an 1605, continua avec un zèle infatigable l'œuvre de la réforme liturgique.

 

Ses premiers soins se portèrent sur le Pontifical. Ce livre, si indispensable pour l'exercice des fonctions épiscopales, avait été imprimé plusieurs fois, tant en Italie qu'en France, mais il renfermait plusieurs incorrections, et le soin de les faire disparaître et de ramener l'unité dans des rites si importants, ne pouvait appartenir qu'au pontife romain. Clément VIII, par un bref du 10 février 150,6, qui commence par ces mots : Ex quo in Ecclesia Dei, annonce à l'Église la correction qu'il a fait faire du Pontifical romain, à l'instar de celle qu'avait entreprise, sur les Bréviaire et Missel romains, son glorieux prédécesseur saint Pie V. Il dit qu'il a réuni une commission des hommes les plus versés dans la science des rites pontificaux, lesquels ont procédé dans leur réforme d'après les plus anciens manuscrits, tant des églises de Rome que des bibliothèques Vaticane et autres. En conséquence, le pape supprime tous les autres pontificaux qui seraient en usage en quelques lieux que ce soit, et enjoint à tous patriarches, archevêques, évêques, abbés et autres prélats, de recevoir ce pontifical réformé et d'en faire usage ; "statuant que, dans aucun temps, on ne pourra faire à ce livre aucun changement, addition, ou retranchement, et déclarant que tous ceux qui doivent exercer les fonctions pontificales, ou faire et exécuter quelques-unes des choses qui sont contenues audit Pontifical, seront tenus de faire et observer toutes les choses qui y sont prescrites, en sorte qu'aucun d'eux ne pourra satisfaire à la charge qui lui a été imposée, qu'en se servant des formules contenues dans ce même livre."

 

Quatre ans après, en 1600, le même pontife publia, par un bref du 14 juillet, qui commence par ces mots : Cum novissime, l'édition réformée du Cérémonial des évêques. "Après avoir, dit-il, corrigé et restitué, par le ministère d'hommes pieux et érudits, le Pontifical romain, qui s'était trouvé corrompu et altéré en plusieurs endroits, et l'avoir publié pour l'usage et commodité des évêques et autres prélats des églises, il Nous a semblé nécessaire de donner nos soins à la réforme du Cérémonial des évêques, qui est indispensable pour toutes les églises, particulièrement pour les métropolitaines, cathédrales et collégiales, et dans lequel sont contenus les rites et cérémonies pour la célébration des messes, des vêpres et autres divins offices, et pour les diverses fonctions et actes, tels que les doivent observer les évêques et les autres prélats inférieurs, etc.." Clément VIII dit ensuite que les commissaires chargés de la réforme du cérémonial se sont appliqués à le mettre en harmonie avec le Pontifical. En effet, dans son bref sur le Pontifical, le pontife avait remarqué que les correcteurs de ce dernier livre en avaient retranché toutes les choses qui auraient été mieux à leur place dans le Cérémonial : ces deux sources de la science liturgique se trouvent donc dans un rapport parfait. Après avoir sanctionné l'obligation, pour toutes les personnes que ce Cérémonial concerne, de s'y conformer en toutes choses, et déclaré abrogés tous les anciens cérémoniaux, dans les points qui ne seraient pas conformes au nouveau, Clément VIII statue pour l'obligation absolue de se servir de ce livre, le terme de deux mois pour tous ceux qui sont présents à la cour de Rome, de huit mois pour ceux qui sont en-deçà des monts, et de douze pour ceux qui sont au delà.

 

Si nous venons maintenant à rechercher la manière dont s'opéra la promulgation du Pontifical et du Cérémonial de Clément VIII, nous trouvons qu'ils furent l'un et l'autre reçus dans toutes les églises de l'Occident, à l'exception de quelques églises de France qui ont jugé à propos de se donner un pontifical, et d'un beaucoup plus grand nombre qui n'ont pas cru devoir accepter le cérémonial. Dieu sait aussi quel désordre existe dans un grand nombre de nos cathédrales, où les fonctions pontificales s'accomplissent d'après des règles que personne n'a jamais vues écrites, et qui, dans tous les cas, sont en contradiction flagrante avec les rubriques si sages, si précises, si harmonieuses du Cérémonial promulgué par Clément VIII et ses successeurs. Quoi qu'il en soit, on peut toujours dire que le décorum de la dignité épiscopale n'a rien gagné à ce refus d'admettre le Cérémonial romain : car il n'est aucun cérémonial diocésain dans lequel cette dignité si sacrée et si éminente soit traitée avec plus d'égards que dans   le romain, et il en est beaucoup dans lesquels on est en droit de se plaindre du contraire. Le lecteur en jugera dans la suite de cet ouvrage.

 

Clément VIII entreprit encore un grand travail dans le but de la réforme liturgique. Il fit faire la révision du bréviaire. Des fautes et des altérations nombreuses s'étaient glissées dans un grand nombre d'exemplaires, par la négligence des imprimeurs ou l'indiscrétion de quelques particuliers. Le pape forma une commission pour rétablir le texte dans sa pureté, et après avoir publié un exemplaire corrigé sortant des presses vaticanes, il statua par lettres apostoliques, en date du 10 mai 1602, et commençant par ces mots : Cum in Ecclesia, des peines pécuniaires très sévères contre les imprimeurs de l'État ecclésiastique, et l'excommunication contre ceux des autres pays, s'ils osaient imprimer le Bréviaire romain sans une licence expresse des inquisiteurs, ou des ordinaires pour les pays dans lesquels le tribunal du Saint-Office n'existe pas. Le bref expose ensuite les formalités que doivent garder les inquisiteurs et les ordinaires avant d'accorder cette licence. Ils collationneront avec le plus grand soin et le bréviaire qui doit être reproduit, et celui qui sortira de la presse, avec un exemplaire de celui que publie Clément VIII ; ils ne permettront aucune addition, ni retranchement ; mention sera faite de cette collation et de la parfaite concordance, sur la licence même donnée à l'imprimeur, et copie de cette licence sera imprimée au commencement, ou à la fin de chaque exemplaire. Les peines encourues ipso facto en cas d'infraction de quelqu'une de ces injonctions, sont, pour les inquisiteurs, la privation de leurs offices, et l'inhabilité perpétuelle à y rentrer ; pour les ordinaires, la suspense a divinis et l'interdiction de l'entrée de l'église ; et, pour leurs vicaires, outre l'excommunication, la privation perpétuelle de leurs offices et bénéfices.

 

Deux ans après, le même pontife publiait, sous la date du 7 juillet 1604, un nouveau bref qui commence par ces mots : Cum sanctissimum, pour la révision du missel. Ce livre avait déjà souffert des altérations, en plus grand nombre même que le bréviaire. Clément VIII se plaint, entre autres choses, qu'on avait indiscrètement corrigé, d'après la version de la Bible de saint Jérôme, un grand nombre d'introït, de graduels et d'offertoires ,qui étaient de la plus haute antiquité dans l'Église, puisqu'ils étaient tirés de l'ancienne Vulgate ; qu'on avait bouleversé plusieurs épîtres et évangiles ; en un mot, qu'on avait introduit plusieurs modifications, sans autorité comme sans discernement. Il dit ensuite qu'il a donné le soin de revoir et de corriger ledit missel, à une commission formée des cardinaux les plus érudits et d'autres gens habiles, lesquels ont non seulement rétabli, dans les endroits où il en était besoin, l'ancienne leçon sur la foi des plus graves exemplaires, mais ont fait plusieurs améliorations, particulièrement à l'article des rubriques, qu'ils ont développées et éclaircies en plusieurs endroits. Le pontife charge ensuite les inquisiteurs et les évêques de veiller à la pureté des exemplaires qui seront imprimés dans les lieux de leur juridiction, statuant les mêmes peines, au cas de contravention, tant pour lesdits inquisiteurs et évêques, que pour les imprimeurs eux-mêmes, qui sont dénoncées dans le bref cité plus haut pour la nouvelle édition du bréviaire. Nous examinerons, dans une partie spéciale de cet ouvrage, la manière dont on se conforme en France aux volontés de Clément VIII. Ses deux constitutions ne sauraient y être inconnues, puisqu'on les trouve imprimées en entier, ou en abrégé, en tête de tous les missels et bréviaires romains publiés depuis deux siècles, tant à Paris que dans les autres villes du royaume.

 

Tels furent les travaux de Clément VIII pour la réforme de la Liturgie ; ils furent dignes de ce grand pontife et de ses prédécesseurs. La commission dont il est question dans les lettres apostoliques que nous venons de citer, se composait, au rapport de Merati : des cardinaux César Baronius, Sylvius Antonianus et Robert Bellarmin, auxquels furent adjoints Louis de Torrès, archevêque de Mont-Réal et depuis cardinal ; Jean-Baptiste Bandini, chanoine de Saint-Pierre ; Michel Ghisleri, théatin, et l'illustre Barthélemi Gavanti, Milanais, des clercs réguliers de Saint-Paul. On ne pouvait sans doute réunir des noms plus imposants, et mettre les rites sacrés sous la sauvegarde d'hommes plus recommandables par leur science et leur piété.

 

Nous allons maintenant donner la liste des auteurs du XVIe siècle qui se sont occupés de la Liturgie.

 

(1501). Jacques Wimpheling, prêtre du diocèse de Spire, composa, à la demande de son évêque, un office de la Compassion de la sainte Vierge, et dédia à ce prélat un poème de Laudibus et Caeremoniis Ecclesiœ. Il a laissé aussi un traité sur les auteurs des hymnes et des séquences.

(1516). Josse Clichtoüe, docteur de Paris, est auteur de l'excellent commentaire liturgique si connu sous le titre de Elucidatorium ecclesiasticum, dans lequel il explique les hymmes, les cantiques, le canon de la messe et autres prières ecclésiastiques, et enfin les proses. On rencontre encore assez facilement aujourd'hui ce précieux ouvrage, qui n'a pas été réimprimé depuis plus de deux siècles. Beaucoup de points de la Liturgie sont traités, dans un autre ouvrage de Clichtoiie, intitulé : Anti-Lutherus, et dans ses autres écrits contre la réforme, qui sont tous fort remarquables pour le temps.

(1520). Albert Castellani, Vénitien, de l'ordre des frères prêcheurs, prépara et dédia à Léon X le livre intitulé Sacerdotale ; il dirigea, en outre, l'édition du Pontifical romain qui parut à Venise en 1520.

 

(1520). Erasme, de Rotterdam, si connu pour la triste influence qu'ont eue ses idées demi-protestantes sur une portion de l'Europe catholique, doit cependant entrer dans la liste des liturgistes du XVIe siècle. Il a laissé des hymnes en l'honneur de la sainte Vierge, dont quelques-unes furent insérées, de son vivant, au Bréviaire de Besançon.

(1528). Pierre Ciruelo, chanoine de la cathédrale de Salamanque, a laissé un ouvrage intitulé : Expositio libri Missalis peregregia.

(1529). Gabriel d'Ancône, augustin, sacristain de la chapelle du pape, composa trois traités qui sont restés manuscrits, savoir: 1° De Ritu et Cœremoniis in Capella Pontificia; 2° Acta in adventu et coronatione Caroli V in civitate Bononiœ; 3° Acta quœdam cœremonialia ab anno 1508, cum supplemento usque ad annum 1550.

 

(1532). George Wicelius, d'abord luthérien, puis réuni à l'Église catholique, laissa deux écrits sur l'objet que nous traitons : 1° Defensio Liturgiœ ecclesiasticœ; 2° Liturgica Exercitamenta christianœ pietatis. Dans ce dernier ouvrage, il donne la traduction de plusieurs des Liturgies de l'Orient.

(1540). François Titelman, de l'ordre des frères mineurs, composa, entre autres ouvrages, les suivants : Expositio mysteriorum Missœ et sacri Canonis ; Expositio officii de sacrosancta Trinitate.

(1540). Jean Cochlée, illustre docteur catholique, chanoine de Breslau, et infatigable défenseur de la foi catholique contre les réformateurs du XVIe siècle, opposa au traité de Luther contre la messe, une édition des livres d'Innocent III, de Mysteriis Missœ, et de ceux de saint Isidore, de Officiis ecclesiasticis. Il est aussi le compilateur de la première collection des auteurs liturgistes que l'on connaisse. Elle parut à Mayence, en 1549, sous ce titre : Speculum antiquœ devotionis circa Missam et omnem alium cultum Dei, ex antiquis, et antea nunquam evulgatis per typographos auctoribus, a Joanne Cochlœo laboriose collectum. Cette collection comprend neuf auteurs, savoir : 

1° Amalaire de Trêves, de Officio missœ ;

2° Walafrid Strabon, de Exordiis et Incrementis rerum ecclesiasticarum ;

3° Saint Basile, de Missa Grœcorum ;

Expositio missœ brevis, d'après d'anciens manuscrits ;

5° Saint Pierre Damien, Liber qui dicitur Dominus vobiscum ;

6° Honorius d'Autun, Gemma animœ;

7° Le Micrologue ;

8° Pierre le Vénérable, Nucleus de sacrificio missœ;

Liber de vita S. Bonifacii, Martyris.

 

(1547). Laurent Massorilli, de l'ordre des frères mineurs, publia un recueil d'hymnes sacrées, divisé en quatre livres, qu'Arevalo juge n'être pas indignes du siècle qui les a produites.

(1550). Gentien Hervet, savant littérateur français qui assista au concile de Trente et mourut chanoine de Reims, traduisit en latin, outre beaucoup d'ouvrages des saints Pères, les Liturgies de saint Jean Chrysostome et de saint Basile, la Mystagogie de saint Maxime, et l'Exposition de la Liturgie, par Nicolas Cabasilas.

(1557). Matthias Francowitz, plus connu sous son nom littéraire de Flaccus Ulyricus, l'un des centuriateurs de Magdebourg, fit imprimer, à Strasbourg, la fameuse Messe latine qui a retenu le nom de ce savant, et qui a tant occupé les critiques catholiques et protestants. Nous en traiterons ailleurs.

 

(1558). Georges Cassandre, docteur flamand, combattit avec zèle les nouveautés de la Réforme, quoiqu'on soit en droit de lui reprocher quelques propositions trop hardies. Il publia un ouvrage savant ayant pour titre : Liturgica de Ritu et Ordine Dominicœ Cœnœ celebrandœ e variis scriptoribus. C'est un recueil de passages des auteurs ecclésiastiques sur toutes les parties de la messe. Il est suivi de l’Ordre romain, le seul que l'on connût alors. Cassandre publia, en outre, un recueil d'hymnes dans le genre de celui de Clichtoue, et un autre recueil des oraisons que l'on appelle collectes.

(1560). Marc-Antoine Muret, célèbre humaniste, appartient à la classe des liturgistes par ses hymnes, dont plusieurs ont été admises dans les bréviaires modernes des diocèses de France.

(1560). Jean-Etienne Duranti, président du parlement de Toulouse, et dont tout le monde connait la fin tragique, a publié sous son propre nom un ouvrage célèbre intitulé : De Ritibus Ecclesiœ catholicœ, dont la dernière édition est de 1675, à Lyon. Plusieurs auteurs contestent cet ouvrage à Duranti, et l'attribuent à Pierre d'Anes, évêque de Lavaur.

 

(1560). Claude de Sainctes, évêque d'Évreux, a traduit en latin les Liturgies de saint Jacques et de saint Basile.

(1560). Wolfgang Lasius, savant philologue allemand, publia une collection liturgique qui doit être comptée pour la seconde et qui parut à Anvers en 1560, sous ce titre : De Veteris Ecclesiœ ritibus ac cœremoniis. Elle est moins ample que celle de Cochlée, et se compose des pièces qui suivent : 

1° Une lettre de Charlemagne à Alcuin, de Cœremoniis ecclesiasticis ;

2° La réponse d'Alcuin à cette lettre ;

3° Le poème d'Hildebert, de Mysterio missœ.

4° Un fragment anonyme, de Ritibus et Cœremoniis Ecclesiœ Romanœ a Nativitate Domini per hyemem

5° Rhaban Maur, de Virtutibus et vitiis.

 

(1562). Antoine de Mouchy, recteur de l'Université de Paris, connu sous le nom de Democharès, publia un gros traité sur le sacrifice de la messe, ouvrage assez indigeste, dirigé contre les sacramentaires.

(1568). Melchior Hittorp, doyen de la collégiale de Saint-Cunibert de Cologne, a publié la troisième collection liturgique et la plus célèbre de toutes. Elle se compose de douze auteurs et porte ce titre: De Catholicœ Ecclesiœ divinis officiis ac ministeriis, varii vetustiorum aliquot Ecclesiœ Patrum ac scriptorum libri. Coloniœ, 1568.

Les livres qu'elle contient sont les suivants : 

1° L'Ordre romain ;

2° Saint Isidore de Séville, de Ecclesiasticis Officiis ;

3° Le faux Alcuin, de Officiis divinis ;

4° Amalaire Fortunat, de Divinis Officiis, et de Ordine Antiphonarii ;

5° Rhaban Maur, de Institutione clericorum ;

6° Walafrid Strabon, de Exordiiset Incrementis rerum ecclesiasticarum ;

7° Bernon de Richenau, de Quibusdam Rebus ad missœ officium pertinentibus ;

8° Le Micrologue, de Ecclesiasticis Observationibus ;

9° Saint Yves de Chartres, vingt et un sermons de Ecclesiasticis Sacramentis, ac Officiis, et Prœcipuis per annum Festis ;

10° Hildebert, de Mysterio missœ ;

11° Raoul de Tongres, de Observantia canonum ;

12° Un anonyme, Missœ Expositio brevis.

La collection d'Hittorp a eu plusieurs éditions, et chaque fois elle a été reproduite avec des augmentations, ainsi qu'on le verra bientôt.

 

(1568). Jean Molanus, docteur de Louvain, publia une édition du Martyrologe d'Usuard, avec des additions tirées du Martyrologe romain et de ceux des églises de la basse Allemagne. Il y joignit aussi le Martyrologe de Wandelberg, et compléta le tout par une excellente préface en vingt-trois chapitres. Il est pareillement auteur d'un livre de Picturis et Imaginibus sacris, et d'un opuscule sur les Agnus Dei.

(1569). Jean Maldonat, illustre professeur delà compagnie de Jésus, joint à ses autres titres de gloire celui de liturgiste distingué. On en peut juger par son excellent traité de Cœremoniis, tant estimé de Richard Simon, et qui a été enfin publié par Zaccaria en 1781, dans le troisième volume de la Bibliotheca ritualis.

(1570). Jean du Tillet, évêque de Saint-Brieuc, puis de Meaux, a laissé un traité en français, de l'Antiquité et de la Solennité de la messe.

 

(1671). Jacques Pamélius, évêque de Saint-Omer, est un des hommes qui ont le mieux mérité de la science liturgique, en donnant au public son importante collection intitulée : Liturgica latinorum. Il y comprit les anciens livres des églises romaine, ambrosienne, gothique,   etc.

(1571). Jérôme Maggi, Milanais, d'abord magistrat, puis ingénieur militaire, ayant été pris par les Turcs au siège de Famagouste, composa, pendant sa captivité, un curieux traité sur les cloches.

(1572). Onuphre Panvini, augustin, l'un des hommes du XVIe siècle les plus versés dans la connaissance des antiquités ecclésiastiques, a laissé plusieurs travaux liturgiques. Nous citerons: 1° L'intéressant opuscule de Urbis Romœ stationibus, imprimé ordinairement à la suite des vies des papes de Platine ; 2° de Ritu sepeliendi mortuos apud veteres christianos, et de eorum cœmeteriis ; 3° de Baptismate Paschali, origine et ritu consecrandi Agnus Dei ; 4° de prœcipuis urbis Romœ sanctioribusque Basilicis, quas Septem Ecclesias vulgo vocant ; 5° de Episcopalibus Titulis et Diaconiis Cardinalium. Panvini avait, en outre, préparé une collection d'anciens rituels, qui n'a pas paru, et dont la préface a été publiée par D. Mabillon, dans le deuxième tome du Musœum Italicum.

 

(1572). Nicolas Aurificus, carme, donna en cette année, à Venise, une nouvelle édition du Speculum de Cochlée, dont il retrancha la Messe de saint Basile et le Livre de la vie de saint Boniface ; il les remplaça par les opuscules de Bernon et de Hildebert, qu'il emprunta à la collection d'Hittorp. Il ajouta ensuite l’Ordo missœ de Burchard, et un opuscule qu'il avait lui-même composé sous ce titre : De Antiquitate, Veritate et Cœremoniis missœ.

(1577). Pierre Galesini, protonotaire apostolique, qui fleurit à Rome sous les pontificats de Grégoire XIII et de Sixte-Quint, travailla à illustrer et à corriger le Martyrologe romain, en le mettant dans un style plus châtié, et ajoutant une notice historique à chaque nom de saint.

(1578). Gabriel Sévère, archevêque de Philadelphie, prélat auquel le Sénat de Venise avait donné le soin des Grecs établis sur le territoire de cette république, a composé un livre de Septem Ecclesiœ Sacramentis, dont le père Morin a tiré l'opuscule intitulé : de Sancto sacerdotii Sacramento.

 

(1580). Joseph-Valentin Stevano, évêque italien, a laissé deux opuscules liturgiques : 1° De Adoratione et Osculatione pedum Romani pontificis, et Levatione seu Portatione ejusdem ;

De Ritu tenendi frœnum et staphades summis pontificibus ab imperatoribus.

(1584). Maxime Margunius, évêque de Cythère, est connu pour avoir traduit et publié, en grec vulgaire, les Synaxaires et le Ménologe.

(1586). Marc-Antoine-Marsile Colonne, archevêque de Salerne, est auteur de l'excellent traité intitulé : Hydragiologia, sive de Aqua benedicta.

 

(1586) Vincent Bonardi, dominicain, évêque de Sainte-Cyriaque, a écrit un volume sur les Agnus Dei, intitulé : Discorso intorno l'antichità, e origine, modo di fare, benedire, batezzare, e distribuere i sacri Agnus Dei.

(1587). François Panigarola, évêque de Chrysopolis, a laissé un volume intéressant sous ce titre : De Stationum veteri instituto a Xisto V. P. M. revocato.

(1587). Rodolphe Hospinien, savant protestant, a composé, sur les matières liturgiques, deux grands ouvrages remplis d'une érudition qui fait regretter que l'auteur ne l'ait pas consacrée à une meilleure cause. Le premier est intitulé : De Templis, hoc est de Origine, Progressu, Usu et Abusu templorum, ac omnino rerum omnium ad templa pertinentium, libri quinque. Le second a pour titre : Festa christianorum, hoc est de Origine, Progressu, Cœremoniis et Ritibus festorum dierum christianorum libri tres.

 

(1588). Marc-Antoine Mazzaroni est auteur d'un livre, de Tribus Coronis pontifias Romani, nec non de Osculo sanctissimornm pedum ejus.

(1590). Gilbert Génébrard, moine de Cluny, archevêque d'Aix, un des plus savants personnages de son temps, a donné, entre autres traductions de livres et auteurs grecs, celles de la Liturgie des présanctifiés, du Ménologe et du traité de Siméon de Thessalonique sur les Sept Mystères de l'Église. Il a composé en outre un opuscule, en français, intitulé : Liturgie apostolique.

(1592). Augustin Fivizzani, sacristain du palais apostolique, a laissé un ouvrage spécial de Ritu sanctissimœ Crucis Romano pontifici prœferendœ.

 

(1592). George Ferrari, donna en cette année, à Rome, une édition de la collection de Hittorp. Il y ajouta les livres de saint Pierre Damien, de Pierre le Vénérable et d'Honorius d'Autun, que déjà Cochlée avait insérés dans son Speculum et de plus, ceux de Rupert de Tuyt, de Divinis Officiis,   ainsi  que  le Speculum  de Mysteriis Ecclesiœ, et les autres opuscules attribués à Hugues de Saint-Victor.

(1593). Ange Rocca, évêque de Tagaste, sacristain de la chapelle papale, a traité un grand nombre de questions liturgiques par des ouvrages spéciaux qui ont été réunis dans les deux précieux tomes intitulés : Thesaurus pontificiarum sacrarumque antiquitatum, nec non rituum, praxium et cœremoniarum. On y remarque, entre autres, les suivants :  De Sacrosancto Christi Corpore Romanis pontificibus iter conficientibus prœferendo ; — De sacra summi pontifias Communione, missam solemniter celebrantis ;— Commentarius de campanis ;— de Tiarœ pontificiœ quam regnum mundi vulgo appellant, Origine, Significatu et Usu ; — de Salutatione sacerdotis in missa et in divinis officiis, nec non de ministri vel chori Responsione ; — de Precatione qua lectiones in matutino prœvenimus, nec non de fine quo eas claudimus ; — Feria quidnam sit, et cur dies ab ecclesiasticis viris feriarum nominibus in Ecclesia nuncupentur ; — de Origine et Institutione benedictionis candelarum, vel cereorum in festivitate Purificationis B. M. V.; — Unde cineres super caput spargendi usus originem habeat et quœ sibi velint ; — Aurea rosa, ensis et pileus, quœ regibus ac magnatibus a summo Pontifice benedicta in donum mittuntur, quid sibi velint ; etc. Rocca avait en outre donné ses soins à la correction du sacramentaire grégorien, qui fait partie de l'édition   des Œuvres de  saint  Grégoire, imprimée  à Rome en 1593, et qui a été aussi publiée à part, avec des notes, dans la même ville, en 1596. On lui doit aussi une édition du Sacerdotal de Samarini, qui est une sorte de rituel dont nous parlerons ailleurs.

(1594). François Ferrario est donné par Zaccaria, comme auteur d'un livre imprimé à Crémone, sur la Consécration des églises.

 

(1599). Corneille Schulting, doyen de la Faculté de Cologne, et chanoine de Saint-André de cette ville, a laissé plusieurs ouvrages d'une érudition remarquable pour le temps. L'un d'eux est intitulé : Bibliotheca ecclesiastica, seu commentaria sacra de expositione et illustratione Missalis et Breviarii Coloniœ, 1599, 4 vol. in-folio. Ce travail, malgré ses nombreuses imperfections, doit être considéré comme la première bibliothèque liturgique qui ait été tentée. Zaccaria y a puisé pour la sienne beaucoup de renseignements qu'il n'aurait pas trouvés ailleurs.

(1602). En cette année, qui est celle de l'édition du Bréviaire romain par Clément VIII, nous plaçons au rang des liturgistes les deux cardinaux Robert Bellarmin et Silvio Antoniani, tous deux, ainsi que nous avons rapporté, membres de la commission nommée par le pape pour la révision du bréviaire. Ils suppléèrent de leurs fonds l'un et l'autre, à une omission qui déparait le bréviaire de saint Pie V. Ce pontife n'avait point assigné d'hymne spéciale pour le Commun des saintes Femmes. Antoniani composa celle que nous chantons aujourd'hui : Fortem virili pectore ; et comme il en manquait pareillement une pour l'office de sainte Marie-Magdeleine, Bellarmin donna celle qui commence par ce vers : Pater superni luminis.

 

Ici s'arrête l'histoire de la Liturgie durant ce XVIe siècle qui, malgré ses tempêtes et ses scandales, doit être considéré comme un de ceux que l'Église de Jésus-Christ a traversés avec le plus de gloire. On peut dire, au reste, que l'histoire de ce siècle est encore à faire ; car pour ceux qui seraient tant soit peu versés dans la science religieuse, l'ouvrage si vanté de Ranke, avec ses omissions, ses préjugés et ses erreurs positives, ne peut être qu'un livre de renseignements sur quelques points, utile seulement à ceux qui dominent déjà l'ensemble des faits ecclésiastiques de cette époque, très dangereux pour les autres. Ce qu'il importe  surtout de voir, c'est  la réforme  de l'Église, renouvelant elle-même sa jeunesse comme celle de l'aigle (Psalm. CII, 5.). Que d'œuvres merveilleuses et fortes accomplissent les pontifes romains, de Pie V à Clément VIII ! Quel gouvernement énergique et intelligent que celui qui créa ces institutions sur lesquelles repose aujourd'hui toute la forme extérieure du catholicisme ! Pie IV publie les règles de l'Index des livres prohibés, et la célèbre profession de foi qui maintient l'orthodoxie au sein de l'Église. Saint Pie V promulgue le bréviaire, le missel, et cette admirable synthèse du dogme catholique, sous le nom de catéchisme romain. Grégoire XIII réforme le calendrier, publie le martyrologe, revoit le décret de Gratien. Sixte-Quint donne l'édition corrigée de la Vulgate, et érige les congrégations romaines. Clément VIII publie le pontifical et le cérémonial, et assure pour les siècles suivants la pureté du bréviaire et du missel.

 

Voilà quelques-uns des efforts tentés par, les papes du XVIe siècle pour opérer la réforme de l'Église.

 

On voit que toutes ces grandes mesures reviennent à l'unité comme au seul but désiré : en effet, l'unité sauva la catholicité, au XVIe siècle, comme toujours ; mais cette unité avait besoin, à cette époque, d'être développée dans ses dernières conséquences. Une forme aussi importante que la Liturgie ne pouvait donc rester plus longtemps sans être ramenée au grand principe de Grégoire VII, de Charlemagne, de saint Innocent Ier. Toute l'Église le sentit, et la France, en tête des autres provinces de la catholicité, s'empressa de seconder les vues du siège apostolique. Comme aux premiers jours du monde, la terre se trouva n'avoir plus qu'un seul et même langage. Aujourd'hui, cette unité est rompue ; cette harmonie est brisée ; si le reste du monde prie encore avec Rome, la France a déchiré cette communion si touchante, si sacrée. Quand renaîtra-t-elle, cette unité liturgique préparée avec tant de soins par les souverains pontifes, pour être la sauvegarde du dogme et de la liberté ecclésiastique ? Quand dirons-nous, comme les pères du concile de Vannes, de 461 : Puisque nous n'avons qu'une même foi, n'ayons aussi qu'une même règle pour les divins offices ? Il ne s'agit plus, comme au temps de Pépin et de Charlemagne, d'abjurer des rites établis chez nous par les fondateurs de nos Églises. Il n'y a guère plus d'un siècle que nous n'avions qu'une prière avec l'Église romaine : pourquoi n'y reviendrions-nous pas ? Nous en appelons à ceux qui nous ont suivi à travers ces faibles pages : le vœu de l'Église n'est-il pas l’unité dans la Liturgie comme dans tout le reste ? Nous est-il possible d'avoir sur ce point une autre doctrine que celle du Siège apostolique, exprimée par Clément VIII dans ces belles paroles : "Puisque dans l'Église catholique, laquelle a été établie par Notre Seigneur Jésus-Christ sous un seul chef, son Vicaire sur la terre, on doit toujours garder l'union et la conformité dans tout ce qui a rapport à la gloire de Dieu et à l'accomplissement des fonctions ecclésiastiques ; c'est surtout dans l'unique forme des prières contenues au bréviaire romain, que cette communion avec Dieu qui est un, doit être perpétuellement conservée, afin que, dans l'Église répandue par tout l'univers, les fidèles de Jésus-Christ invoquent et louent Dieu par les seuls et mêmes rites de chants et de prières."

 

Tel est le vœu de l'Église ; ce qui y serait contraire n'est donc pas le vœu de l'Église. Prions, afin que le Dieu de la paix et de l'unité dispose toutes choses dans sa force et sa douceur; afin que l'unité de prière se rétablisse au sein de notre patrie, et que la prière du Pasteur suprême soit la prière des brebis, comme déjà sa foi et sa doctrine sont leur foi et leur doctrine.

 

DOM GUÉRANGER

INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XV : RÉFORME   CATHOLIQUE  DE   LA  LITURGIE.  —   PAUL   IV.   PIE   IV. — CONCILE   DE  TRENTE.   SAINT   PIE   V.    BREVIAIRE   ROMAIN. MISSEL ROMAIN. — INTRODUCTION DE LA LITURGIE REFORMEE EN ITALIE, EN ESPAGNE, EN FRANCE ET DANS LE RESTE DE L'OCCIDENT. — PALESTRINA. — SIXTE-QUINT. CONGRÉGATION DES RITES. — GRÉGOIRE XIII. RÉFORME DU CALENDRIER. MARTYROLOGE ROMAIN. — CLÉMENT VIII. PONTIFICAL ROMAIN. CÉRÉMONIAL ROMAIN. — AUTEURS LITURGISTES DU XVIe SIÈCLE.

 

aigle de saint Jean église de Montangon

Aigle-Lutrin, Montangon, patrimoine des églises de l'Aube

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