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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

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Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

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SALVE REGINA

9 septembre 2011 5 09 /09 /septembre /2011 04:00

par François Zénon Collombet (1808-1853) 

in Revue du Lyonnais > textesrares.com 

 

Pendant sa mission scientifique dont nous avons parlé, Ozanam recueillit les matériaux d'un livre qu'il publia en 1850, les Documents inédits pour servir à l'histoire littéraire de l'Italie depuis le VIIIe siècle jusqu'au XIIIe. Ce volume présente de véritables richesses et beaucoup d'aperçus nouveaux, beaucoup de pièces tout à fait inconnues. On doit à cette même mission un autre livre qui parut en 1852, Les Poètes franciscains en Italie au treizième siècle.

 

Comment résister à de si longs, à de si pénibles travaux ? Il aurait fallu renoncer à toute étude sérieuse, mais cette âme ardente et passionnée pour la vérité ne pouvait se priver de cet aliment intellectuel de la science. Cette dévorante activité l'usa en quelques années.

 

Ozanam alla une dernière fois, au mois d'août de l'année passée, demander la santé au ciel trompeur de l'Italie. Cette année toutefois ne s'écoula point pour lui dans un stérile repos ; le religieux voyageur fonda plusieurs conférences de Saint-Vincent de Paul, et prit la parole au milieu de ces réunions pour les  diriger et leur imprimer le véritable esprit de l'association.

 

Le séjour de Pise ne lui rendit pas la santé. Une maladie aux reins, qui avait fini par paralyser son organisation tout entière, fit de rapides progrès et ne laissa plus d'espoir sur le rétablissement de sa santé. Ozanam voulut mourir dans sa patrie, et, comme Audin avant lui, il rentra sans pouvoir aller jusqu'au bout.

 

Il s'arrêta à Marseille, où il devait trouver les parents de Mme Ozanam. Celle-ci ne l'a pas quitté un seul instant, non plus que ses deux frères, M. l'abbé Ozanam et le Docteur Charles, qui l'ont entouré des soins les plus tendres et les plus affectueux.

 
Le surlendemain de son arrivée, il reçut le saint Viatique avec une parfaite résignation, édifia toutes les personnes présentes à cette touchante cérémonie, et mourut trois jours après, le 8 septembre, dans les bras des siens, en chrétien ferme et plein de foi.

 

Heureux ceux qui meurent ainsi, jeunes et pleurés, ayant en peu d'années noblement rempli une belle tâche ! Assez peu importent quelques volumes de plus ou de moins ; le vain bruit qui se fait autour d'une publication littéraire ne vaut pas, à l'heure suprême, la douceur d'une bonne action et le souvenir des devoirs sérieusement remplis.

  

Ozanam

 Frédéric Ozanam

 

À Marseille, en 1853, le trépas du bienheureux Frédéric Ozanam.

Homme d’une érudition et d’une piété remarquables, il mit sa science éminente au service de la défense et de la propagation de la foi, montra aux pauvres une charité assidue dans la Société de Saint-Vincent de Paul et, père exemplaire, fit de sa famille une église domestique.
Martyrologe romain

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7 septembre 2011 3 07 /09 /septembre /2011 04:00

À Nogent sur le territoire de Paris, en 560, saint Cloud, prêtre. Il était le plus jeune des fils du roi Clodomir et, après le meurtre de son père et de ses frères, il fut recueilli par son aïeule sainte Clotilde et, méprisant un royaume terrestre, il se consacra au Seigneur en se coupant les cheveux de sa propre main pour faire partie du clergé.
Martyrologe romain 

 

Saint Clodoald coupe ses cheveux Durupt (1831

Saint Cloud renonçant au trône, par Charles Durupt, 1831, Eglise Saint Clodoald à Saint Cloud 

 

Saint Cloud ou Clodoald (520-560), petit-fils de Clovis et de sainte Clotilde. A l’âge de 5 ans, il échappe au massacre perpétré par ses propres oncles, grâce au dévouement de quelques fidèles qui le cachent dans un monastère. Quelques années plus tard il prend de lui-même l’habit monastique.

Cloud fut ordonné prêtre à Paris et fut le premier des princes de France qui gravit les degrés de l’autel. A la fin de sa vie il devint ermite sur une colline proche de Paris et y fit bâtir un monastère.

Les vertus de saint Cloud avaient attiré vers lui de nombreux disciples ; ses miracles firent accourir des foules immenses à son tombeau, autour duquel se forma la ville de Saint-Cloud. Il est le patron des cloutiers.

Diocèse de Nanterre 

 

 Eglise Saint-Clodoald de Saint-Cloud, Nef

Eglise Saint Clodoald à Saint Cloud

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6 septembre 2011 2 06 /09 /septembre /2011 04:00

À Rome, au VIe siècle, le trépas de saint Éleuthère, abbé du monastère de Saint-Marc à Spolète, qui vécut avec saint Grégoire le Grand dans son monastère du Coelius et dont le pape loue la simplicité de cœur et la componction.
Martyrologe romain

 

" Un jour, étant dans mon abbaye, je souffrais tellement d'un mal d'estomac, que je me croyais sur le point de mourir. Or le samedi saint, jour pendant lequel tout le monde doit jeûner, ma maladie ne me le permettant pas, je fis appeler Éleuthère dans mon oratoire, le priant de m'obtenir, par son intercession, de pouvoir jeûner ce jour-là. Le saint se mit aussitôt en prières ; lorsqu'il m'eût donné sa bénédiction, je sentis que mon mal et mon appétit avaient disparu, et que mes forces me permettraient de prolonger mon abstinence jusqu'au lendemain. " 

Saint Grégoire le Grand 

 

Saint Grégoire dit encore de lui : " Il a longtemps demeuré à Rome, dans mon abbaye, où il mourut. Ses disciples disent qu'il avait ressuscité un mort. Or c'était un homme si simple et d'une pénitence si grande, qu'il ne faut pas douter que Dieu tout-puissant n'ait beaucoup accordé à ses pleurs et à son humilité ! "

 

Registre des lettres

Sources Chrétiennes - Editions du Cerf

 

 

View of the fresco cycle, Duomo, Prato

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5 septembre 2011 1 05 /09 /septembre /2011 04:00

" Venez, vous tous que sollicite l'attrait du bien immuable, et qui vainement le demandez à ce siècle qui passe ; je vous dirai ce que le ciel a fait pour moi. Comme vous jadis je cherchais fiévreusement ; et ce monde extérieur ne donnait point satisfaction à mon désir brûlant. Mais, par la divine grâce qui nourrissait mon angoisse, enfin m'est apparue, plus belle que le soleil, plus suave que le baume, Celle dont alors le nom m'était ignoré. Venant à moi, combien son visage, était doux ! combien pacifiante était sa voix, me disant : "Ô toi dont la jeunesse est toute pleine de l'amour que je t'inspire, pourquoi répandre ainsi ton cœur ? La paix que tu cherches par tant de sentiers divers est avec moi ; ton désir sera comblé, je t'en donne ma foi : si, cependant, tu veux de moi pour épouse". J'avoue qu'à ces mots défaillit mon cœur ; mon âme fut transpercée du trait de son amour. Comme toutefois je désirais savoir son nom, sa dignité, son origine, Elle me dit qu'elle se nommait la Sagesse de Dieu, laquelle, invisible d'abord au sein du Père, avait pris d'une Mère une nature visible pour être plus facilement aimée. Alors, en grande allégresse, je lui donnai consentement ; et elle, me donnant le baiser, se retira joyeuse.

" Depuis, la flamme de son amour a été croissant, absorbant mes pensées. Ses délices durent toujours ; c'est mon épouse bien-aimée, mon inséparable compagne. Par elle, la paix que je cherchais fait maintenant ma joie. Aussi, écoutez-moi, vous tous : allez à elle de même ; car elle met son bonheur à ne rebuter personne. " 

(Laurent. Justinian. Fasciculus amoris, cap. XVI.)

 

Lisons l'histoire de celui qui vient de nous livrer dans ces lignes le secret du ressort de sa vie : 

Laurent naquit à Venise de l'illustre famille des Justiniani. Il montra dès l'enfance une gravité rare. Son adolescence se passait dans les exercices de la piété, lorsque, invité par la Sagesse divine aux noces très pures du Verbe et de l'âme, il conçut la pensée d'embrasser l'état religieux. C'est pourquoi, préludant secrètement à cette milice nouvelle, il affligeait son corps en différentes manières et couchait sur la planche nue. Puis, comme un arbitre appelé à prononcer, il prenait séance entre, d'une part, les austérités du cloître, de l'autre, les douceurs du siècle et le mariage que lui préparait sa mère ; alors, tournant les yeux vers la croix du Christ souffrant : "C'est vous, disait-il, Seigneur, qui êtes mon espérance ; c'est là que vous avez placé pour moi votre asile très sûr."

 

Ce fut vers la  congrégation  des chanoines  de  Saint-Georges in Alga que le porta sa ferveur. On l'y vit inventer de nouveaux tourments pour sévir plus durement contre lui-même, se déclarant une guerre d'ennemi  acharné, ne  se permettant aucun plaisir. Plus jamais il n'entra dans le  jardin de sa famille, ni  dans la maison paternelle, si ce n'est pour rendre les derniers devoirs à sa  mère  mourante, ce qu'il fit sans une larme. Non moindre était son zèle pour l'obéissance,  la  douceur, l'humilité  surtout : il allait au-devant des offices les plus abjects du monastère ; il se plaisait à  mendier par les lieux les plus fréquentés de la ville, cherchant moins la nourriture que l'opprobre ; les injures, les calomnies  ne  pouvaient l'émouvoir ni lui faire rompre le silence. Son  grand secours était dans  la  prière  continuelle ; souvent l'extase le ravissait en Dieu ; telle était l'ardeur dont brûlait son âme, qu'elle embrasait ses compagnons, les prémunissant contre la défaillance, les affermissant dans la persévérance et  l'amour  de Jésus-Christ.

 

Elevé par Eugène IV à l'épiscopat de sa patrie, l'effort qu'il fit pour décliner  l'honneur ne fut  dépassé que par le mérite avec lequel il s'acquitta de la charge. Il ne changea en rien sa manière de vivre, gardant jusqu'à la fin pour la table, le lit, l'ameublement, la pauvreté qu'il avait toujours pratiquée. Il ne retenait à ses gages qu'un personnel réduit de familiers, disant qu'il avait une autre grande famille, par laquelle il entendait les pauvres du Christ. Quelle que fût l'heure, on le trouvait toujours abordable ; sa paternelle charité se donnait a tous, n'hésitant pas à s'endetter pour soulager la misère. Comme on lui demandait sur quelles ressources il comptait, ce faisant, il répondait : "Sur celles de mon Seigneur, qui pourra facilement payer pour moi". Et toujours, par les secours les plus inattendus, la Providence divine justifiait sa confiance. Il bâtit plusieurs monastères de vierges, et forma diligemment leurs habitantes à marcher dans les voies de la vie parfaite. Son zèle s'employa à détourner les matrones vénitiennes des pompes du siècle et des vaines parures, comme à réformer la discipline ecclésiastique et les mœurs. Aussi fût-ce à bon droit que le même Eugène IV l'appela, en présence des cardinaux, la gloire et l'honneurde la prélature.  Ce  fut également pour reconnaître son mérite, que le successeur d'Eugène, Nicolas V, ayant transféré le titre patriarcal de Grado à Venise, l'institua premier patriarche de cette ville.

 

Honoré du don des larmes, il offrait tous les jours au Dieu tout-puissant l'hostie d'expiation. C'est en s'en acquittant une fois dans la nuit de la Nativité du Seigneur, qu'il mérita  de voir sous l'aspect d'un très bel enfant le Christ Jésus. Efficace était sa garde autour du bercail à lui confié ; un jour, on sut du ciel que l'intercession et les mérites du Pontife avaient sauvé la république. Eclairé de l'esprit de prophétie, il annonça d'avance plusieurs événements que nul homme ne pouvait  prévoir. Maintes fois ses  prières mirent en fuite maladies et démons. Bien qu'il n'eût presque point étudié la grammaire, il a laissé des livres remplis d'une céleste doctrine  et respirant l'amour.

 

Cependant la maladie qui devait l'enlever de  ce  monde venait de l'atteindre ; ses gens lui préparaient un lit plus commode pour sa vieillesse et son infirmité ; mais lui, manifestant  sa  répulsion pour des délices trop peu en rapport avec  la dure croix de son  Seigneur, mourant, voulut qu'on le déposât sur sa couche ordinaire. Sentant venue la fin de sa vie : "Je viens à vous, ô bon Jésus !" dit-il, les yeux levés au ciel. Ce fut le huit janvier qu'il s'endormit dans le Seigneur.

 

Combien sa mort avait été précieuse, c'est ce qu'attestèrent les concerts angéliques entendus par plusieurs Chartreux, et la conservation de son saint corps qui , pendant plus de deux mois que la sépulture en fut différée, demeura sans corruption, avec les couleurs de la vie et exhalant un suave parfum. D'autres miracles suivirent aussi cette mort, lesquels amenèrent le Souverain Pontife Alexandre VIII à l'inscrire au nombre des Saints. Innocent XII désigna pour sa fête le cinquième jour de septembre, où il avait été d'abord élevé sur la chaire des pontifes.

 

 

" Ô Sagesse qui résidez sur votre trône sublime, Verbe par qui tout fut fait, soyez-moi propice dans la manifestation des secrets de votre saint amour". C'était, Laurent, votre prière, lorsque craignant d'avoir à répondre du talent caché si vous gardiez pour vous seul ce qui pouvait profitera plusieurs, vous résolûtes de divulguer d'augustes mystères. Soyez béni d'avoir voulu nous faire partager le secret des cieux.

 

Par la lecture de vos dévots ouvrages, par votre intercession près de Dieu, attirez-nous vers les hauteurs comme la flamme purifiée qui ne sait plus que monter toujours. Pour l'homme, c'est déchoir de sa noblesse native que de chercher son repos ailleurs qu'en Celui dont il est l'image. Tout ici-bas n'est que pour nous traduire l'éternelle beauté, nous apprendre à l'aimer, chanter avec nous notre amour.

 

Quelles délices ne furent pas les vôtres, à ces sommets de la charité, voisins du ciel, où conduisent les sentiers de la vérité qui sont les vertus ! C'est bien de vous-même en cette vie mortelle que vous faites le portrait, quand vous dites de l'âme admise à l'ineffable intimité de la Sagesse du Père : "Tout lui profite ; où qu'elle se tourne, elle n'aperçoit qu'étincelles d'amour ; au-dessous d'elle, le monde qu'elle a méprisé se dépense à servir sa flamme ; sons, spectacles, suavités, parfums, aliments délectables, concerts de la terre et rayonnement des cieux, elle n'entend plus, elle ne voit plus dans la nature entière qu'une harmonie d'épithalame et le décor de la fête où le Verbe l'a épousée." (De castoconnubio Verbi et animae, cap. I.)

 

Oh ! puissions-nous marcher comme vous à la divine lumière, vivre d'union et de désir, aimer plus toujours, pour toujours être aimé davantage.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

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3 septembre 2011 6 03 /09 /septembre /2011 04:00

Mercredi dernier j'ai parlé d'un Père de l'Eglise peu connu en Occident, Romanos le Mélode, je voudrais aujourd'hui présenter la figure de l'un des plus grands Pères dans l'histoire de l'Eglise, un des quatre docteurs de l'Occident, le Pape saint Grégoire, qui fut évêque de Rome entre 590 et 604, et auquel la tradition attribua le titre de Magnus : Grand.

 

Grégoire fut vraiment un grand Pape et un grand Docteur de l'Eglise ! Il naquit à Rome vers 540, dans une riche famille patricienne de la gens Anicia, qui se distinguait non seulement par la noblesse de son sang, mais également par son attachement à la foi chrétienne et par les services rendus au Siège apostolique. Deux Papes étaient issus de cette famille : Félix III (483-492), trisaïeul de Grégoire et Agapit (535-536). La maison dans laquelle Grégoire grandit s'élevait sur le Clivus Scauri, entourée par des édifices solennels qui témoignaient de la grandeur de la Rome antique et de la force spirituelle du christianisme. Des sentiments chrétiens élevés lui furent aussi inspirés par ses parents, Gordien et Silvia, tous deux vénérés comme des saints, et par deux tantes paternelles, Emiliana et Tarsilia, qui vécurent dans leur maison en tant que vierges consacrées sur un chemin partagé de prière et d'ascèse.

 

Grégoire entra très tôt dans la carrière administrative, que son père avait également suivie et, en 572, il en atteint le sommet, devenant préfet de la ville. Cette fonction, compliquée par la difficulté des temps, lui permit de se consacrer à large échelle à chaque type de problèmes administratifs, en en tirant des lumières pour ses futures tâches. Il lui resta en particulier un profond sens de l'ordre et de la discipline : devenu Pape, il suggérera aux évêques de prendre pour modèle dans la gestion des affaires ecclésiastiques la diligence et le respect des lois propres aux fonctionnaires civils. Toutefois, cette vie ne devait pas le satisfaire car, peu après, il décida de quitter toute charge civile, pour se retirer dans sa maison et commencer une vie de moine, transformant la maison de famille dans le monastère Saint André au Celio. De cette période de vie monastique, vie de dialogue permanent avec le Seigneur dans l'écoute de sa parole, il lui restera toujours la nostalgie, qui apparaît toujours à nouveau et toujours davantage dans ses homélies : face aux assauts des préoccupations pastorales, il la rappellera plusieurs fois dans ses écrits comme un temps heureux de recueillement en Dieu, de consécration à la prière, d'immersion sereine dans l'étude. Il put ainsi acquérir cette profonde connaissance de l'Ecriture Sainte et des Pères de l'Eglise dont il se servit ensuite dans ses œuvres.

 

Mais la retraite dans la clôture de Grégoire ne dura pas longtemps. La précieuse expérience mûrie dans l'administration civile à une époque chargée de graves problèmes, les relations entretenues dans cette charge avec les byzantins, l'estime universelle qu'il avait acquise, poussèrent le Pape Pélage à le nommer diacre et à l'envoyer à Constantinople comme son "apocrisaire", on dirait aujourd'hui "Nonce apostolique", pour permettre de surmonter les dernières séquelles de la controverse monophysite et, surtout, pour obtenir l'appui de l'empereur dans son effort pour contenir la poussée lombarde. Son séjour à Constantinople, où avec un groupe de moines il avait repris la vie monastique, fut très important pour Grégoire, car il lui donna l'occasion d'acquérir une expérience directe du monde byzantin, ainsi que d'approcher la question des Lombards, qui aura ensuite mis à rude épreuve son habileté et son énergie au cours années de son pontificat. Après quelques années, il fut rappelé à Rome par le Pape, qui le nomma son secrétaire. Il s'agissait d'années difficiles : les pluies incessantes, le débordement des fleuves, la famine qui frappait de nombreuses zones d'Italie et Rome elle-même. A la fin, la peste éclata également, faisant de nombreuses victimes, parmi lesquelles le Pape Pélage II. Le clergé, le peuple et le sénat furent unanime en choisissant précisément lui, Grégoire, pour être son Successeur sur le Siège de Pierre. Il chercha à résister, tentant également la fuite, mais il n'y eut rien à faire : à la fin il dut céder. C'était l'année 590.

 

Reconnaissant la volonté de Dieu dans ce qui était arrivé, le nouveau Pontife se mit immédiatement au travail avec zèle. Dès le début, il révéla une vision particulièrement clairvoyante de la réalité avec laquelle il devait se mesurer, une extraordinaire capacité de travail pour affronter les affaires ecclésiastiques et civiles, un équilibre constant dans les décisions, parfois courageuses, que sa charge lui imposait. On possède une vaste documentation sur son gouvernement grâce au Registre de ses lettres (environ 800), dans lesquelles se reflète la confrontation quotidienne avec les problèmes complexes qui affluaient sur sa table. Il s'agissait de questions qui provenaient des évêques, des abbés, des clercs, et également des autorités civiles de tout ordre et degré. Parmi les problèmes qui affligeaient l'Italie et Rome à cette époque, il y en avait un d'une importance particulière dans le domaine civil et ecclésial : la question lombarde. Le Pape y consacra toutes les énergies possibles en vue d'une solution vraiment pacificatrice. A la différence de l'empereur byzantin qui partait du présupposé que les Lombards étaient seulement des individus grossiers et prédateurs à vaincre ou à exterminer, saint Grégoire voyait ces personnes avec les yeux du bon pasteur, préoccupé de leur annoncer la parole du salut, établissant avec eux des relations fraternelles en vue d'un avenir de paix fondé sur le respect réciproque et sur la coexistence sereine entre les italiens, les impériaux et les lombards. Il se préoccupa de la conversion des jeunes peuples et de la nouvelle organisation civile de l'Europe : les Wisigoths d'Espagne, les Francs, les Saxons, les immigrés en Britannia et les Lombards furent les destinataires privilégiés de sa mission évangélisatrice. Nous avons célébré hier la mémoire liturgique de saint Augustin de Canterbury, le chef d'un groupe de moines chargés par Grégoire de se rendre en Britannia pour évangéliser l'Angleterre.

 

Pour  obtenir  une paix effective à Rome et en Italie, le Pape s'engagea à fond - c'était un véritable pacificateur -, entreprenant des négociations serrées avec le roi lombard Agilulf. Ces négociations conduisirent à une période de trêve qui dura environ trois ans (598-601), après lesquels il fut possible de stipuler, en 603, un armistice plus stable. Ce résultat positif fut rendu possible également grâce aux contacts parallèles que, entre temps, le Pape entretenait avec la reine Théodelinde, qui était une princesse bavaroise et qui, à la différence des chefs des autres peuples germaniques, était catholique, profondément catholique. On conserve une série de lettres du Pape Grégoire à cette reine, dans lesquelles il révèle son estime et son amitié pour elle. Théodelinde réussit peu à peu à guider le roi vers le catholicisme, préparant ainsi la voie à la paix. Le Pape se soucia également de lui envoyer les reliques pour la basilique Saint-Jean-Baptiste qu'elle fit ériger à Monza, et il ne manqua pas de lui faire parvenir ses vœux et des dons précieux à l'occasion de la naissance et du baptême de son fils Adaloald. L'histoire de cette reine constitue un beau témoignage à propos de l'importance des femmes dans l'histoire de l'Eglise. Au fond, les objectifs auxquels Grégoire aspira constamment furent trois : contenir l'expansion des Lombards en Italie; soustraire la reine Théodelinde à l'influence des schismatiques et renforcer sa foi catholique ; servir de médiateur entre les Lombards et les Byzantins en vue d'un accord pour garantir la paix dans la péninsule, en permettant dans le même temps d'accomplir une action évangélisatrice parmi les Lombards eux-mêmes. Son orientation constante dans cette situation complexe fut donc double : promouvoir des ententes sur le plan diplomatique et politique, diffuser l'annonce de la vraie foi parmi les populations.

 

A côté de son action purement spirituelle et pastorale, le Pape Grégoire fut également le protagoniste actif d'une activité sociale multiple. Avec les rentes de l'important patrimoine que le Siège romain possédait en Italie, en particulier en Sicile, il acheta et distribua du blé, il secourut ceux qui étaient dans le besoin, il aida les prêtres, les moines et les moniales qui vivaient dans l'indigence, il paya les rançons des citoyens devenus prisonniers des Lombards, il conclut des armistices et des trêves. En outre, il accomplit aussi bien à Rome que dans d'autres parties de l'Italie une œuvre soignée de réorganisation administrative, en donnant des instructions précises afin que les biens de l'Eglise, utiles à sa subsistance et à son œuvre évangélisatrice dans le monde, soient gérés avec une rectitude absolue et selon les règles de la justice et de la miséricorde. Il exigeait que les colons soient protégés des abus des concessionnaires des terres appartenant à l'Eglise et, en cas de fraude, qu'ils soient rapidement dédommagés, afin que le visage de l'Epouse du Christ ne soit pas défiguré par des profits malhonnêtes.

 

Cette intense activité fut accomplie par Grégoire malgré sa santé fragile, qui le poussait souvent à rester au lit pendant de longs jours. Les jeûnes pratiqués au cours des années de sa vie monastique lui avaient procuré de sérieux problèmes digestifs. En outre, sa voix était très faible, si bien qu'il était souvent obligé de confier au diacre la lecture de ses homélies, afin que les fidèles présents dans les basiliques romaines puissent l'entendre. Il faisait cependant tout son possible pour célébrer les jours de fête Missarum sollemnia, c'est-à-dire la Messe solennelle, et il rencontrait alors personnellement le peuple de Dieu, qui lui était très attaché, car il voyait en lui la référence autorisée à laquelle puiser son assurance : ce n'est pas par hasard que lui fut très vite attribué le titre de consul Dei.

 

Malgré les conditions très difficiles dans lesquelles il dut œuvrer, il réussit à conquérir, grâce à sa sainteté de vie et à sa riche humanité, la confiance des fidèles, en obtenant pour son époque et pour l'avenir des résultats vraiment grandioses. C'était un homme plongé en Dieu : le désir de Dieu était toujours vivant au fond de son âme et c'est précisément pour cela qu'il était toujours très proche de son prochain, des besoins des personnes de son époque. A une époque désastreuse, et même désespérée, il sut établir la paix et donner l'espérance. Cet homme de Dieu nous montre où sont les véritables sources de la paix, d'où vient la véritable espérance et il devient ainsi un guide également pour nous aujourd'hui.

 

suite

 

Je reviendrai aujourd'hui, à l'occasion de notre rencontre du mercredi, sur la figure extraordinaire du Pape Grégoire le Grand, pour tirer quelques lumières supplémentaires de la richesse de son enseignement. Malgré les multiples engagements liés à sa fonction d'évêque de Rome, il nous a laissé de nombreuses œuvres, auxquelles l'Eglise a puisé à pleines mains au cours des siècles suivants. Outre ses nombreuses lettres -le Registre que j'ai mentionné dans la dernière catéchèse contient plus de 800 lettres- il nous a surtout laissé des écrits à caractère exégétique, parmi lesquels se distinguent le Commentaire moral à Job -célèbre sous son titre latin de Moralia in Iob-, les Homélies sur Ezéchiel et les Homélies sur les Evangiles. Il y a aussi une importante œuvre de caractère hagiographique, les Dialogues, écrite par Grégoire pour l'édification de la reine lombarde Théodelinde. L'œuvre principale et la plus célèbre est sans aucun doute la Règle pastorale, que le Pape rédigea au début de son pontificat dans le but précis de présenter un programme.

  

En passant rapidement ces œuvres en revue, nous devons tout d'abord noter que, dans ses écrits, Grégoire ne se montre jamais préoccupé de tracer une doctrine qui soit "la sienne", qui soit originale. Il entend plutôt se faire l'écho de l'enseignement traditionnel de l'Eglise, il veut simplement être la bouche du Christ et de son Eglise, sur le chemin qu'il faut parcourir pour arriver à Dieu. Ses commentaires exégétiques sont exemplaires à ce propos. Il fut un lecteur passionné de la Bible, dont il s'approcha avec des intentions qui n'étaient pas simplement spéculatives : il pensait que le chrétien ne devait pas tellement tirer des connaissances théoriques de l'Ecriture Sainte, mais plutôt la nourriture quotidienne pour son âme, sa vie d'homme dans ce monde. Dans ses Homélies sur Ezéchiel, par exemple, il insiste fortement sur cette fonction du texte sacré : approcher l'Ecriture uniquement pour satisfaire son propre désir de connaissance signifie céder à la tentation de l'orgueil et s'exposer ainsi au risque de glisser dans l'hérésie. L'humilité intellectuelle est la première règle pour celui qui cherche à pénétrer les réalités surnaturelles en partant du livre sacré. L'humilité n'exclut pas du tout, bien sûr, l'étude sérieuse ; mais si l'on veut que celle-ci soit spirituellement bénéfique, en permettant d'entrer réellement dans la profondeur du texte, l'humilité demeure indispensable. Ce n'est qu'avec cette attitude intérieure que l'on écoute réellement et que l'on perçoit enfin la voix de Dieu. D'autre part, lorsqu'il s'agit de la Parole de Dieu, comprendre n'est rien, si la compréhension ne conduit pas à l'action. Dans ces Homélies sur Ezéchiel on trouve également cette belle expression selon laquelle "le prédicateur doit tremper sa plume dans le sang de son cœur ; il pourra ainsi arriver également jusqu'à l'oreille de son prochain". En lisant ses homélies on voit que Grégoire a réellement écrit avec le sang de son cœur et c'est la raison pour laquelle il nous parle encore aujourd'hui.

 

Grégoire développe également ce discours dans le Commentaire moral à Job. Suivant la tradition patristique, il examine le texte sacré dans les trois dimensions de son sens : la dimension littérale, la dimension allégorique et la dimension morale, qui sont des dimensions du sens unique de l'Ecriture Sainte. Grégoire attribue toutefois une nette priorité au sens moral. Dans cette perspective, il propose sa pensée à travers plusieurs binômes significatifs -savoir-faire, parler-vivre, connaître-agir- dans lesquels il évoque deux aspects de la vie humaine qui devraient être complémentaires, mais qui finissent souvent par être antithétiques. L'idéal moral, commente-t-il, consiste toujours à réaliser une intégration harmonieuse entre la parole et l'action, la pensée et l'engagement, la prière et le dévouement aux devoirs de son propre état : telle est la route pour réaliser cette synthèse grâce à laquelle le divin descend dans l'homme et l'homme s'élève jusqu'à l'identification avec Dieu. Le grand Pape trace ainsi pour le croyant authentique un projet complet de vie ; c'est pourquoi le Commentaire moral à Job constituera au cours du Moyen-âge une sorte de Summa de la morale chrétienne.

 

D'une grande importance et d'une grande beauté sont également les Homélies sur les Evangiles. La première d'entre elles fut tenue dans la basilique Saint-Pierre au cours du temps de l'Avent de 590 et donc quelques mois après son élection au pontificat ; la dernière fut prononcée dans la basilique Saint-Laurent, lors du deuxième dimanche de Pentecôte de 593. Le Pape prêchait au peuple dans les églises où l'on célébrait les "stations" -des cérémonies de prière particulières pendant les temps forts de l'année liturgique- ou les fêtes des martyrs titulaires. Le principe inspirateur, qui lie les diverses interventions ensemble, peut être synthétisé dans le terme praedicator : non seulement le ministre de Dieu, mais également chaque chrétien, a la tâche de devenir le "prédicateur" de ce dont il a fait l'expérience en lui-même, à l'exemple du Christ qui s'est fait homme pour apporter à tous l'annonce du salut. L'horizon de cet engagement est l'horizon eschatologique : l'attente de l'accomplissement en Christ de toutes les choses est une pensée constante du grand Pontife et finit par devenir un motif  inspirateur  de  chacune  de  ses pensées et de ses activités. C'est de là que naissent ses rappels incessants à la vigilance et à l'engagement dans les bonnes œuvres.

  

Le texte peut-être le plus organique de Grégoire le Grand est la Règle pastorale, écrite au cours des premières années de pontificat. Dans celle-ci, Grégoire se propose de tracer la figure de l'évêque idéal, maître et guide de son troupeau. Dans ce but, il illustre la gravité de la charge de pasteur de l'Eglise et les devoirs qu'elle comporte : c'est pourquoi, ceux qui n'ont pas été appelés à cette tâche ne doivent pas la rechercher avec superficialité, et ceux qui en revanche l'ont assumée sans la réflexion nécessaire doivent sentir naître dans leur âme une juste inquiétude. Reprenant un thème privilégié, il affirme que l'évêque est tout d'abord le "prédicateur" par excellence ; comme tel il doit être, en premier lieu, un exemple pour les autres, de manière à ce que son comportement puisse constituer un point de référence pour tous. Une action pastorale efficace demande ensuite qu'il connaisse ses destinataires et qu'il adapte ses interventions à la situation de chacun : Grégoire s'arrête pour illustrer les différentes catégories de fidèles avec des annotations judicieuses et précises, qui peuvent justifier l'évaluation de ceux qui ont également vu dans cette œuvre un traité de psychologie. On comprend à partir de cela qu'il connaissait réellement son troupeau et parlait de tout avec les personnes de son temps et de sa ville.

  

Ce grand Pape insiste cependant sur le devoir que le pasteur a de reconnaître chaque jour sa propre pauvreté, de manière à ce que l'orgueil ne rende pas vain, devant les yeux du Juge suprême, le bien accompli. C'est pourquoi le chapitre final de la Règle est consacré à l'humilité : "Lorsqu'on se complaît d'avoir atteint de nombreuses vertus, il est bon de réfléchir sur ses propres manquements et de s'humilier : au lieu de considérer le bien accompli, il faut considérer celui qu'on a négligé d'accomplir". Toutes ces précieuses indications démontrent la très haute conception que saint Grégoire se fait du soin des âmes, qu'il définit ars artium, l'art des arts. La Règle connut un grand succès, au point que, chose plutôt rare, elle fut rapidement traduite en grec et en anglo-saxon.

 

Son autre œuvre, les Dialogues, est également significative. Dans celle-ci, s'adressant à son ami et diacre Pierre, qui était convaincu que les mœurs étaient désormais tellement corrompues que la naissance de saints n'était plus possible comme par les époques passées, Grégoire démontre le contraire : la sainteté est toujours possible, même dans les temps difficiles. Il le prouve en racontant la vie de personnes contemporaines ou disparues depuis peu, que l'on pouvait tout à fait qualifier de saintes, même si elles n'avaient pas été canonisées. Le récit est accompagné par des réflexions théologiques et mystiques qui font du livre un texte hagiographique particulier, capable de fasciner des générations entières de lecteurs. La matière est tirée des traditions vivantes du peuple et a pour but d'édifier et de former, en attirant l'attention de celui qui lit sur une série de questions telles que le sens du miracle, l'interprétation de l'Ecriture, l'immortalité de l'âme, l'existence de l'enfer, la représentation de l'au-delà, des thèmes qui avaient besoin d'éclaircissements opportuns. Le livre II est entièrement consacré à la figure de Benoît de Nursie et est l'unique témoignage antique sur la vie du saint moine, dont la beauté spirituelle paraît dans ce texte avec une grande évidence.

 

Dans le dessein théologique que Grégoire développe dans ses œuvres, passé, présent et avenir sont relativisés. Ce qui compte le plus pour lui est le cours tout entier de l'histoire salvifique, qui continue  à  se  dérouler  parmi  les  obscures méandres du temps. Dans cette perspective, il est significatif qu'il insère l'annonce de la conversion des Angles au beau milieu du Commentaire moral  à Job : à ses yeux, l'événement constituait une avancée du royaume de Dieu dont parle l'Ecriture ; il pouvait donc à juste titre être mentionné dans le commentaire d'un livre sacré. Selon lui, les guides des communautés chrétiennes doivent sans cesse s'engager à relire les événements à la lumière de la parole de Dieu : c'est dans ce sens que le grand Pape ressent le devoir d'orienter les pasteurs et les fidèles sur l'itinéraire spirituel d'une lectio divina éclairée et concrète, inscrite dans le contexte de sa propre vie.

 

Avant de conclure, il est juste de prononcer un mot sur les relations que le Pape  Grégoire  cultiva  avec  les  patriarches d'Antioche, d'Alexandrie et de Constantinople elle-même. Il se soucia toujours d'en reconnaître et d'en respecter les droits, en se gardant de toute interférence qui en limitât l'autonomie légitime. Si toutefois saint Grégoire, dans le contexte de sa situation historique, s'opposa au titre "d'oecuménique"  que  voulait  le  Patriarche  de Constantinople, il ne le fit pas pour limiter ou nier cette autorité légitime, mais parce qu'il était préoccupé par l'unité fraternelle de l'Eglise universelle. Il le fit surtout en raison de sa profonde conviction que l'humilité devrait être la vertu fondamentale de tout évêque, et plus encore d'un Patriarche. Grégoire était resté un simple moine dans son cœur, et c'est pourquoi il était absolument contraire aux grands titres. Il voulait être -telle est son expression- servus servorum Dei. Ce terme forgé par lui n'était pas dans sa bouche une formule pieuse, mais la manifestation véritable de son mode de vivre et d'agir. Il était intimement frappé par l'humilité de Dieu, qui en Christ s'est fait notre serviteur, qui a lavé et lave nos pieds sales. Par conséquent, il était convaincu que notamment un évêque devrait imiter cette humilité de Dieu et suivre ainsi le Christ.

 

Son désir fut véritablement de vivre en moine, dans un entretien constant avec la Parole de Dieu, mais par amour de Dieu il sut se faire le serviteur de tous à une époque pleine de troubles et de souffrances, se faire "serviteur des serviteurs". C'est précisément parce qu'il le fut qu'il est grand et qu'il nous montre également la mesure de la vraie grandeur.

 

BENOÎT XVI

Audience générale des mercredis 28 mai et 4 juin 2008

 

Autel de Saint Grégoire le Grand, Abbazia di Santa Giustina, Padova

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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 04:00

On ne pourra jamais assez déplorer ce noir et misérable fléau qui, à la fin du XVIIIe siècle, caché sous le nom mensongeur de philosophie, avait perverti les esprits et corrompu les mœurs, et rempli avant tout la France de meurtres et de ruines.

 

L’âme est émue d’horreur au souvenir  des inexprimables spectacles de cruauté et de barbarie qu’exhibèrent, pendant la révolution française, des hommes impies et scélérats, à peine dignes de ce nom d’hommes : les temples sacrés dépeuplés, les signes sacrés de la religion catholique violés, des évêques, des prêtres, de pieux laïques immolés arbitrairement, pour avoir refusé de prononcer une formule de serment décrétée par la puissance laïque et ouvertement opposée aux droits de l’Eglise, à la liberté de la conscience, ou pour s’être montrés moins bienveillants envers ces nouvelles institutions politiques.


Parmi tant de prêtres illustres et de chrétiens remarquables, qui durant cette noire tempête furent livrés à la mort, brille certes au premier rang cette insigne légion d’hommes, qui, à Paris, au mois de septembre 1792 furent immolés avec une souveraine injustice et une infâme barbarie.

 

213 d’entre eux ont paru digne d’être décorés comme de courageux soldats du Christ de l’honneur que l’Eglise a l’habitude de décerner à ses martyrs, et la cause de leur martyre a été déférée au Siège Apostolique.

 

Leur mort fut exécutée au lieu même où ils étaient gardés prisonniers, c’est-à-dire au Couvent des Carmes pour 110, 77 furent massacrés au Séminaire Saint-Firmin, savoir 23 serviteurs de Dieu parmi les prisonniers écroués à la prison de l’Abbaye Saint-Germain, 3 également dans la prison appelée La Force. 

extrait du :

DECRET PONTIFICAL
Sur le Martyre des Victimes de septembre 1792

Rome 1er Octobre 1926
 

Dimanche 4 septembre 2011 à 11h00 

Messe à Saint Joseph des Carmes, 70 rue de Vaugirard, Paris VIe

Solennité des Bienheureux Martyrs de Septembre 1792 - Eglise Saint Joseph des Carmes

 

SAINT JOSEPH DES CARMES

CHŒUR DE SAINT JOSEPH DES CARMES

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1 septembre 2011 4 01 /09 /septembre /2011 04:00

À Sens, vers 623, saint Leu, évêque. Parce qu’il avait eu l’audace de déclarer, devant un important personnage du lieu, que le devoir de l’évêque était de diriger le peuple et qu’il fallait obéir à Dieu plutôt qu’aux princes, il dut subir l’exil.
Martyrologe romain


Saint Leu (ou Loup), Archevêque de Sens, est fêté le 1er septembre. Il est invoqué pour la guérison du mal caduc et pour le soulagement des enfants. On leur fait embrasser à Paris, dans une église qui lui est dédiée en la rue Saint Denis, une petite chasse où repose une partie de ses saintes reliques.

Il mourut en 623, le 1er septembre dans le village de Brinon qui lui appartenait et dont il avait fait don à la cathédrale. Il fut inhumé en l'église de Sainte Colombe.

En 1601, Henri IV fit faire une neuvaine solennelle pour son dauphin, qui depuis a été Louis XIII, le juste. En 1638, Louis XIII fit la même neuvaine pour son fils Louis XIV dit Dieu-donné.

Les principaux monuments de sa gloire sont à Sens, Orléans, Paris, Saint Leu en Normandie.

Il n'y a point de Martyrologe qui ne parle de Saint Leu. Surius nous a donné l'histoire de sa vie. Nous en avons des abrégés dans Vincent de Beauvais, dans Pierre Natalibus et dans d'autres auteurs cités par Baronius.

Paroisse Saint Leu - Saint Gilles, église de la rue Saint Denis

 

Eglise Saint-Leu-Saint-Gilles nord-est

Eglise Saint-Leu-Saint-Gilles, Paris Ier

 

L’importance de la population du quartier Saint Denis au début du XIVème siècle et la petitesse de la Chapelle Saint Gilles, rendirent nécessaire la construction d’une église plus adaptée : on édifia donc, en 1319, et à l’emplacement de la nef actuelle une église qui prit le nom de Saint Leu - Saint Gilles.
Saint Gilles, a vécu en Provence comme ermite, au VIIème siècle ; il était  connu par la légende pour avoir été nourri par une biche qu’il avait sauvée des chasseurs.
Saint Leu,(ou Saint Loup) évêque de Sens au VIème siècle, protecteur des enfants, est un saint dont les nombreux miracles ont fait qu’il était l’usage, dans plusieurs familles de Paris et des environs, de porter à Saint Leu ou de recommander les enfants nouveau-nés. Aussi bien les rois et les nobles de France que les artisans et ouvriers de ce quartier, recouraient à sa protection.
Il se trouve que ces deux saints étaient célébrés le même jour, le premier dimanche de Septembre et que, depuis l’origine de cette église (1319), ils furent tous deux ses protecteurs.
L’église Saint Leu - Saint Gilles prit régulièrement part aux grandes manifestations de la rue Saint Denis, à savoir entre autres les entrées et obsèques des Rois et Reines de France.
Elle participa également aux processions solennelles qui eurent lieu lors du départ de Saint Louis en Croisade en 1248, ainsi que lors du retour du corps de Saint Louis. 

Vue intérieure de la nef vers le choeur

Saint-Leu-Saint-Gilles, vue intérieure de la Nef vers le Chœur 

 

Les Religieuses de Saint Leu
En 1921, les sœurs qui étaient depuis de nombreuses années attachées à l’église et qui avaient un appartement rue aux Ours, durent partir.
Il n’est peut être pas inutile pour nous de s’attarder quelques instants sur l’histoire de ces religieuses qui, entre 1873 et 1921 ont été liées à la vie de Saint Leu.
L’Abbé Largentier, curé de Saint Leu de 1873 à 1833, avait fondé la Congrégation des Sœurs Auxiliatrices de l’Immaculée Conception. Ces religieuses secondaient efficacement le curé de la paroisse auprès des malades, des pauvres, des enfants, et avaient en charge un certain nombre d’œuvres paroissiales.
Les premières, à la fin du XIXème siècle, logeaient dans un petit appartement proche de la paroisse (rue aux Ours). D’autres leur ont succédé jusqu’en 1921 ; après quoi, alors que la Congrégation prospérait, trois d’entre elles se sont installées, grâce à l’Abbé Tournade, dans la maison des œuvres de la paroisse qu’il avait créée en 1934, 11 rue Tiquetonne.
En 1938, la Congrégation manquant de "recrues" fut obligée de supprimer ses communautés les moins importantes en nombre dont celle de Saint Leu, ce qui souleva alors une vague de protestations de la part des paroissiens qui, avec force  protestations, lettres et pétitions à l'Archevêque de Paris obtinrent, non pas comme ils le voulaient au départ de "garder leurs Sœurs", mais que leur soient envoyées trois autres Sœurs, cette fois-ci de la Congrégation de Sainte Marie de la Présentation qui vinrent continuer à accomplir les tâches de celles qui les avaient précédées.
Ceci pour montrer que pendant de longues années, des religieuses se sont succédées ici, toujours en petit nombre, logeant toujours dans un petit appartement proche de la paroisse, avec très peu de moyens matériels et toujours très appréciées et du curé et des paroissiens ainsi qu'en témoignent des lettres et des articles que l'on peut trouver dans les archives.

Histoire de la Paroisse Saint Leu - Saint Gilles 

La Foi, l'Espérance et la Charité

Saint-Leu - Saint-Gilles, peinture murale du chœur : La Foi, l'Espérance et la Charité, par Cibot (1799-1867)

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