SAINTE
MONIQUE
Mémoire (en Afrique du Nord : Fête) de sainte Monique.
Au sortir de l’adolescence, ses parents la marièrent à un païen du nom de Patrice à qui elle donna quatre enfants.
Quand son fils Augustin se détourna de la Foi de son enfance, ses larmes montèrent vers Dieu comme une prière silencieuse et la
conversion d’Augustin à Milan l’emplit de joie.
Au moment de retourner en Afrique, en 387, elle quitta cette terre, au port d’Ostie, dans un grand désir du ciel.
Martyrologe romain
Et Vous avez étendu Votre main d’en-haut, et de ces profondes ténèbres Vous avez retiré mon âme. Car, devant Vous, Votre fidèle
servante, ma mère, me pleurait avec plus de larmes que d’autres mères n’en répandent sur un cercueil.
Elle voyait ma mort à cette Foi, à cet esprit qu’elle tenait de Vous, et Vous l’avez exaucée, Seigneur. Vous l’avez exaucée, et
n’avez pas dédaigné ces larmes dont le torrent arrosait la terre sous ses yeux partout où elle versait sa prière, et Vous l’avez exaucée. Car d’où pouvait venir ce songe, qui lui donna tant de
consolation qu’elle m’accorda de partager sa demeure et sa table, dont naguère elle m’avait éloigné, dans l’aversion et l’horreur que lui inspiraient mes hérétiques blasphèmes ?
Elle se voyait debout sur une règle de bois, quand vient à elle un jeune homme rayonnant de lumière, serein, et qui souriait à sa
douleur morne et profonde. Il lui demande la cause de sa tristesse et de ses larmes journalières, de ce ton qui ne s’informe pas, mais qui veut instruire ; et sur sa réponse qu’elle pleurait ma
perte, il lui commande de ne se plus mettre en peine, et de faire attention qu’où elle était, là j’étais aussi, moi. Elle regarda, et me vit à côté d’elle, sur la même règle, debout. Oh !
assurément Vous aviez l’oreille à son coeur, Bonté toute-puissante, qui prenez soin de chacun de nous comme s’il était seul, de tous comme de chacun.
Et, nouveau témoignage de Votre grâce, lorsqu’au récit de sa vision, je cherchais à l’entraîner vers l’espérance d’être un jour
elle-même ce que j’étais, elle me répondit sur l’heure sans hésiter : — Non, il ne m’a pas été dit, où il est, tu seras, mais, il sera où tu es.
— Je Vous confesse, Seigneur, mon souvenir, autant que ma mémoire me le représente, souvenir plus d’une fois rappelé ; je fus
frappé de cette parole lancée par ma mère, qui, vigilante à la garde de Votre oracle, sans se laisser troubler par le mensonge d’une spécieuse interprétation, vit aussitôt ce qu’il fallait voir,
ce que certainement je n’avais pas vu avant sa réponse. Oui, je fus plus frappé de cette parole que de la vision même, présage de ses joies futures, si tardives, et consolation de sa tristesse
présente.
Car neuf années s’écoulèrent encore, où, me débattant dans les fanges de l’abîme et les ténèbres du mensonge, après de fréquents
efforts pour me relever, et de cruelles rechutes, je gravitais toujours plus au fond. Et cependant cette veuve, chaste, pieuse et sobre, telle que Vous les aimez, plus vive à l’espérance, mais
non moins assidue à pleurer et gémir, ne cessait aux heures de ses prières d’élever pour moi en Votre présence la voix de ses soupirs.
Et ses prières pénétraient jusques à Vous, et Vous me laissiez toujours rouler et plonger dans la nuit !
LES CONFESSIONS DE SAINT
AUGUSTIN
Saint
Augustin et Sainte Monique, par Ary Scheffer, Musée de la Vie Romantique, Paris