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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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SALVE REGINA

27 septembre 2011 2 27 /09 /septembre /2011 04:00

Vincent fut l'homme de la foi qui opère par la charité. Venu au monde sur la fin du siècle où naquit Calvin, il trouvait l'Eglise en deuil de nombreuses nations que l'erreur avait récemment séparées de la catholicité. Sur toutes les côtes de la Méditerranée, le Turc, ennemi perpétuel du nom chrétien, redoublait ses brigandages. La France, épuisée par quarante années de guerres religieuses, n'échappait à la domination de l'hérésie au dedans que pour bientôt lui prêter main forte à l'extérieur par le contraste d'une politique insensée. Sur ses frontières de l'Est et du Nord d'effroyables dévastations promenaient la ruine, et gagnaient jusqu'aux provinces de l'Ouest et du Centre à la faveur des luttes intestines qu'entretenait l'anarchie. Plus lamentable que toute situation matérielle était dans cette confusion l'état des âmes. Les villes seules gardaient encore, avec un reste de tranquillité précaire, quelque loisir de prier Dieu. Le peuple des campagnes, oublié, sacrifié, disputant sa vie à tous les fléaux, n'avait pour le relever dans tant de misères qu'un clergé le plus souvent abandonné comme lui de ses chefs, indigne en trop de lieux, rivalisant presque toujours avec lui d'ignorance.

 

Ce fut alors que pour conjurer ces maux et, du même coup, mille autres anciens et  nouveaux, l'Esprit-Saint suscita Vincent dans une immense simplicité de foi, fondement unique  d'une  charité que le monde, ignorant du rôle de la foi, ne saurait comprendre. Le monde admire les œuvres qui remplirent la vie de l'ancien pâtre de Buglose ; mais le ressort secret de cette vie lui échappe. Il voudrait lui aussi reproduire  ces  œuvres, et comme les enfants qui s'évertuent dans leurs jeux à élever des palais, il s'étonne de trouver en ruines au matin les  constructions de la veille : le ciment de sa philanthropie ne vaut pas l'eau bourbeuse dont les enfants s'essaient à lier les matériaux de leurs maisons d'un jour ; et l'édifice qu'il prétendait remplacer est toujours debout, défiant la sape, répondant seul aux multiples besoins de l'humanité souffrante. C'est que la foi connaît seule en effet le mystère  de la souffrance, que seule elle peut sonder, ces  profondeurs sacrées dont le Fils de Dieu même a parcouru les abîmes, qu'elle seule encore, associant l'homme aux conseils du Très-Haut, l'associe tout ensemble à sa force et à son amour. De là viennent aux œuvres bienfaisantes qui procèdent de la foi leur puissance et leur durée. La solidarité tant prônée de nos utopistes modernes n'a point ce secret ; et pourtant elle descend aussi de Dieu, quoi qu'ils veuillent ; mais elle enchaîne plus qu'elle ne lie : elle regarde plus la justice que l'amour ; et à ce titre, dans l'opposition qu'on en fait à la divine charité venue du ciel, elle semble une lugubre ironie montant du séjour des châtiments.

 

Vincent aima les pauvres d'un amour de prédilection, parce qu'il aimait Dieu et que la foi lui révélait en eux le Seigneur. "Ô Dieu, disait-il, qu'il fait beau voir les pauvres, si nous les considérons en Dieu et dans l'estime que Jésus-Christ en a faite ! Bien souvent ils n'ont pas presque la figure ni l'esprit de personnes raisonnables, tant ils sont grossiers et terrestres. Mais tournez la médaille, et vous verrez, par les lumières de la foi, que le Fils de Dieu, qui a voulu être pauvre, nous est représenté par ces pauvres ; qu'il n'avait presque pas la figure d'un homme en sa passion, et qu'il passait pour fou dans l'esprit des Gentils, et pour pierre de scandale dans celui des Juifs ; et avec tout cela il se qualifie l'évangéliste des pauvres, evangelizare pauperibus misit me (Luc. IV, 18.)

 

Ce titre d'évangéliste des pauvres est l'unique que Vincent ambitionna pour lui-même, le point de départ, l'explication de tout ce qu'il accomplit dans l'Eglise. Assurer le ciel aux malheureux, travailler au salut des abandonnés de ce monde, en commençant par les pauvres gens des champs si délaissés : tout le reste pour lui, déclarait-il, "n'était qu'accessoire". Et il ajoutait, parlant à ses fils de Saint-Lazare : "Nous n'eussions jamais travaillé aux ordinands ni aux séminaires des ecclésiastiques, si nous n'eussions jugé qu'il était nécessaire, pour maintenir les peuples en bon état, et conserver les fruits des missions, de faire en sorte qu'il y eût de bons ecclésiastiques parmi eux". C'est afin de lui donner l'occasion d'affermir son œuvre à tous les degrés, que Dieu conduisit l'apôtre des humbles au conseil royal de conscience, où Anne d'Autriche remettait en ses mains l'extirpation des abus du haut clergé et le choix des chefs des Eglises de France. Pour mettre un terme aux maux causés par le délaissement si funeste des peuples, il fallait à la tête du troupeau des pasteurs qui entendissent reprendre pour eux la parole du chef divin : "Je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent".

 

Nous ne pourrions, on le comprend, raconter dans ces pages l'histoire de l'homme en qui la plus universelle charité fut comme personnifiée. Mais du reste, il n'eut point non plus d'autre inspiration que celle de l'apostolat dans ces immortelles campagnes où, depuis le bagne de Tunis où il fut esclave jusqu'aux provinces ruinées pour lesquelles il trouva des millions, on le vit s'attaquer à tous les aspects de la souffrance physique et faire reculer sur tous les points la misère ; il voulait, par les soins donnés aux corps, arriver à conquérir l'âme de ceux pour lesquels le Christ a voulu lui aussi embrasser l'amertume et l'angoisse. On ne peut que sourire de l'effort par lequel, dans un temps où l'on rejetait l'Evangile en retenant ses bienfaits, certains sages prétendirent faire honneur de pareilles entreprises à la philosophie de leur auteur. Les  camps aujourd'hui sont plus tranchés ; et l'on ne craint plus de renier parfois jusqu'à l'œuvre, pour renier logiquement l'ouvrier. Mais  aux tenants d'un philosophisme attardé, s'il en est encore, il sera bon de méditer ces mots, où celui dont ils font un chef d'école déduisait les principes qui devaient gouverner les actes de ses disciples et leurs pensées : "Ce qui se fait  pour la charité se fait pour Dieu. Il ne nous suffit pas d'aimer Dieu, si notre prochain ne l'aime aussi ; et nous ne saurions aimer notre prochain comme nous-mêmes, si nous ne lui procurons le bien que nous sommes obligés de nous vouloir a nous-mêmes, c'est à savoir, l'amour divin, qui nous unit à celui qui est notre souverain bien. Nous devons aimer notre prochain comme l'image de Dieu et l'objet de son amour, et faire en sorte que réciproquement les hommes aiment leur très aimable Créateur, et qu'ils s'entr'aiment les uns les autres d'une charité mutuelle pour l'amour de Dieu, qui les a tant aimés que de livrer son propre Fils à la mort pour eux. Mais regardons, je vous prie, ce divin Sauveur comme le parfait exemplaire de la charité que nous devons avoir pour notre prochain."

 

On le voit : pas plus que la philosophie déiste ou athée, la théophilanthropie qui apporta plus tard à la déraison du siècle dernier l'appoint de ses fêtes burlesques, n'eut de titre à ranger Vincent, comme elle fit, parmi les grands hommes de son calendrier. Ce n'est point la nature, ni aucune des vaines divinités de la fausse science, mais le Dieu des chrétiens, le Dieu fait homme pour nous sauver en prenant sur lui nos misères, qui fut l'unique guide du plus grand des bienfaiteurs de l'humanité dans nos temps. Rien ne me plaît qu'en Jésus-Christ, aimait-il à dire. Non seulement, fidèle comme tous les Saints à l'ordre de la divine charité, il voulait voir régner en lui ce Maître adoré avant de songer à le faire régner dans les autres ; mais, plutôt que de rien entreprendre de lui-même par les données de la seule raison, il se fût réfugié à tout jamais dans le secret de la face du Seigneur, pour ne laisser de lui qu'un nom ignoré.

 

" Honorons, écrivait-il, l'état inconnu du Fils de Dieu. C'est là notre centre, et c'est ce  qu'il demande de nous pour le présent et pour l'avenir, et pour toujours, si sa divine majesté ne nous fait connaître, en sa manière qui ne peut tromper, qu'il veuille autre chose de nous. Honorons particulièrement ce divin Maître dans la modération de son agir. Il n'a pas  voulu faire toujours tout ce qu'il a pu, pour nous apprendre à nous contenter, lorsqu'il n'est pas expédient de faire tout ce que nous  pourrions faire, mais seulement ce qui est convenable à la charité, et conforme, aux ordres de la divine volonté. Que ceux-là honorent souverainement notre Seigneur qui suivent la sainte Providence, et qui n'enjambent pas sur elle ! N'est-il pas vrai que vous voulez, comme il est bien raisonnable, que votre serviteur n'entreprenne rien sans vous et sans votre  ordre ? Et si cela est raisonnable d'un homme à un autre, à combien plus forte raison du Créateur à la créature ?"

 

Vincent s'attachait donc, selon son expression, à côtoyer la Providence, n'ayant point de plus grand souci que de ne jamais la devancer. Ainsi fut-il sept années avant  d'accepter pour lui les avances de la Générale de Gondi et de fonder son établissement de la Mission. Ainsi éprouva-t-il longuement sa fidèle coadjutrice, Mademoiselle Le Gras, quand elle se crut appelée à se dévouer au service spirituel des premières Filles de la Charité, sans  lien entre elles jusque-là ni vie commune, simples aides suppléantes des dames de condition que l'homme de Dieu avait assemblées dans ses Confréries. "Quant à cet emploi, lui mandait-il après instances réitérées de sa part, je vous prie une fois pour toutes de n'y point penser, jusqu'à ce que notre Seigneur fasse paraître ce qu'il veut. Vous cherchez à devenir la servante de ces pauvres filles, et Dieu veut que vous soyez la sienne. Pour Dieu, Mademoiselle, que votre cœur honore la tranquillité de celui de notre Seigneur, et il sera en état de le servir. Le royaume de Dieu est la paix au Saint-Esprit ; il régnera en vous, si vous êtes en paix. Soyez-y donc, s'il vous plaît, et honorez souverainement le Dieu de paix et de dilection."

 

Grande leçon donnée au zèle fiévreux d'un siècle comme le nôtre par cet homme dont la vie fut si pleine ! Que de fois, dans ce qu'on nomme aujourd'hui les œuvres, l'humaine prétention stérilise la grâce en froissant l'Esprit-Saint ! tandis que, "pauvre ver rampant sur la terre et ne sachant où il va, cherchant seulement à se cacher en vous, ô mon Dieu ! qui êtes tout son désir", Vincent de Paul voit l'inertie apparente de son humilité fécondée plus que l'initiative de mille autres, sans que pour ainsi dire il en ait conscience. "C'est la sainte Providence qui a mis votre Compagnie sur le pied où elle est, disait-il vers la fin de son long pèlerinage à ses filles. Car qui a-ce été, je vous supplie? Je ne saurais me le représenter. Nous n'en eûmes jamais le dessein. J'y pensais encore aujourd'hui, et je me disais : Est-ce toi qui as pensé à faire une Compagnie de Filles de la Charité ? Oh ! nenni. Est-ce Mademoiselle Le Gras? aussi peu. Oh ! mes filles, je n'y pensais pas, votre sœur servante n'y pensait pas, aussi peu Monsieur Portail (le premier et plus fidèle compagnon de Vincent dans les missions) : c'est donc Dieu qui y pensait pour vous ; c'est donc lui que nous pouvons dire être l'auteur de votre Compagnie, puisque véritablement nous ne saurions en reconnaître un autre."

 

Mais autant son incomparable délicatesse à l'égard de Dieu lui faisait un devoir de ne le jamais prévenir plus qu'un instrument ne le fait pour la main qui le porte ; autant, l'impulsion divine une fois donnée, il ne pouvait supporter qu'on hésitât à la  suivre, ou qu'il y eût place dans l'âme pour un autre sentiment que celui de la plus absolue confiance. Il écrivait encore, avec sa simplicité si pleine de charmes, à la coopératrice que Dieu lui avait donnée : "Je vous vois toujours un peu dans les sentiments humains, pensant que tout est perdu dès lors que vous me voyez malade. Ô femme de peu de foi, que n'avez-vous plus de confiance et d'acquiescement à la conduite et à l'exemple de Jésus-Christ ! Ce Sauveur du monde se rapportait à Dieu son Père pour l'état de toute l'Eglise ; et vous, pour une poignée de filles que sa Providence a notoirement suscitées et assemblées, vous  pensez qu'il vous  manquera ! Allez, Mademoiselle, humiliez-vous beaucoup devant Dieu."

 

Faut-il s'étonner que la foi, seule inspiratrice d'une telle vie, inébranlable fondement de ce qu'il était pour le prochain et pour lui-même, fût aux yeux de Vincent de Paul le premier des trésors ? Lui qu'aucune souffrance même méritée ne laissait  indifférent,  qu'on vit un jour par une fraude héroïque remplacer un forçat dans ses fers, devenait impitoyable en face de l'hérésie, et n'avait de repos qu'il n'eût obtenu le bannissement des  sectaires ou leur châtiment. C'est le témoignage que lui rend dans la bulle de sa canonisation Clément XII, parlant de cette funeste erreur du jansénisme que notre saint dénonça des premiers et poursuivit plus que personne. Jamais peut-être autant qu'en cette rencontre, ne se vérifia le mot des saints Livres : La simplicité des justes les guidera sûrement, et l'astuce des méchants sera leur perte (Prov. XI, 3.). La secte qui, plus tard, affectait un si profond dédain pour Monsieur Vincent, n'en avait pas jugé toujours de même. "Je suis, déclarait-il dans l'intimité, obligé très particulièrement de bénir Dieu et de le remercier de ce qu'il n'a pas permis que les premiers et les plus considérables d'entre ceux qui professent cette doctrine, que j'ai connus particulièrement, et qui étaient de mes amis, aient pu me persuader leurs sentiments. Je ne vous saurais exprimer la peine qu'ils y ont prise, et les raisons qu'ils m'ont proposées pour cela ; mais je leur opposais entre autres choses l'autorité du concile de Trente, qui leur est manifestement contraire ; et voyant qu'ils continuaient toujours, au lieu de leur répondre je récitais tout bas mon Credo : et voilà comme je suis demeuré ferme en la créance catholique."

 

Saint Vincent de Paul Valenciennes

SAINT VINCENT DE PAUL, tableau à l'Hôpital général, puis Hospice et Hôpital militaire, actuellement Maison de retraite dite du Hainaut, à Valenciennes 

 

Mais il est temps de donner le récit liturgique que la sainte Eglise fait lire aujourd'hui dans ses temples. L'année 1883, cinquantième anniversaire de la fondation des Conférences de Saint-Vincent-de-Paul à Paris, voyait notre Saint proclamé le Patron de toutes les sociétés de charité de France ; ce patronage fut, deux ans plus tard, étendu aux sociétés de charité de l'Eglise entière.

 

Vincent de Paul, Français de nation, naquit à Pouy près de Dax en Aquitaine. Encore enfant, il montrait déjà une grande charité pour les pauvres. D'abord pâtre du troupeau de son père, il étudia ensuite les lettres humaines à Dax, puis à Toulouse et à Saragosse la science  sacrée. Ordonné prêtre et fait bachelier en théologie, il fut pris par les Turcs qui l'emmenèrent en Afrique ; mais dans sa captivité, il reconquit au Christ son maître lui-même. S'échappant donc avec lui des rives barbaresques par le secours de la Mère de Dieu, il entreprit un voyage aux tombeaux des Apôtres, d'où revenu en France, il gouverna très saintement les paroisses de Clichy d'abord et  ensuite de Châtillon. Promu par le roi grand aumônier des   galères de France, on le vit déployer un zèle admirable pour le salut des chefs et des forçats. Saint François de Sales le donna pour supérieur aux religieuses de la Visitation ; et pendant quarante ans environ  qu'il exerça cette charge, il le fit avec tant de prudence qu'il justifia pleinement le jugement du saint évêque, lequel avouait  ne connaître point de plus digne prêtre que Vincent.

 

Jusqu'à la plus extrême vieillesse il s'adonna sans relâche à l'évangélisation des pauvres, principalement des habitants des campagnes ; par un vœu perpétuel confirmé du Saint-Siège, il s'astreignit spécialement à cette œuvre apostolique, lui et les membres de la Congrégation qu'il établit sous le nom de Prêtres séculiers de la Mission. Combien il s'employa pour promouvoir la discipline dans le clergé, c'est ce qu'attestent les grands séminaires fondés par lui, les conférences sacerdotales et les exercices préparatoires aux saints Ordres qu'il mit en honneur ; il voulut que les maisons de son institut fussent toujours ouvertes à cet effet, ainsi qu'aux retraites spirituelles des laïques. De plus son zèle pour l'accroissement de la foi et de la piété lui fit envoyer des ouvriers évangéliques, non seulement dans les provinces de France, mais en Italie, en Pologne, en Ecosse, en Irlande, et jusque dans la Barbarie et les Indes. Après la mort de Louis XIII, qu'il assista à ses derniers moments, la reine Anne d'Autriche, mère de Louis XIV, l'appela en son conseil de conscience : il y déploya le plus grand zèle pour que les églises et les monastères ne fussent confiés qu'aux plus dignes ; pour que prissent fin les discordes civiles, les duels, les erreurs qui s'insinuaient alors et avaient dès leur première apparition excité son effroi ; pour qu'enfin tous rendissent aux jugements Apostoliques l'obéissance qui leur était due.

 

Aucun genre  de calamité qui n'excitât son intervention paternelle. Les fidèles qui gémissaient sous le joug des Turcs, les enfants abandonnés, les jeunes gens incorrigibles, les vierges exposées, les religieuses dispersées, les femmes tombées, les forçats, les étrangers malades, les ouvriers invalides, les fous même et d'innombrables mendiants éprouvèrent les effets de sa tendre charité, et furent reçus par lui dans des établissements hospitaliers encore subsistants. Il pourvut à grands frais aux nécessités de la Lorraine, de la Champagne, de la Picardie et d'autres régions ruinées par la peste, la famine et la guerre. Il créa pour la recherche et le soulagement des malheureux nombre d'associations, entre  lesquelles sa célèbre assemblée des Dames, et l'institut si répandu des Filles de la Charité. Il eut également la main dans l'érection des Filles de la Croix, de la Providence, de Sainte-Geneviève, pour l'éducation des jeunes filles. Au milieu de si grandes entreprises et d'autres encore, continuellement appliqué à Dieu, affable pour tous, toujours constant avec lui-même, simple, droit, humble, fuyant persévéramment honneurs, richesses et jouissances, on l'entendait dire : "Rien  ne  me plait  qu'en Jesus-Christ", et il cherchait à l'imiter en tout.

 

Usé enfin de mortifications, de travaux et de vieillesse, le vingt-septième jour de septembre de l'an du salut mil six cent soixante, qui était le quatre-vingt-cinquième de son âge, il s'endormit paisiblement à Paris dans la maison de Saint-Lazare, chef de la Congrégation de la Mission. L'éclat de ses vertus, de ses mérites et de ses miracles détermina Clément XII à le mettre au nombre des Saints. Héros sans pareil de la divine charité, il n'était nulle classe d'hommes qui ne lui dût reconnaissance ; les instances d'un grand nombre de prélats déterminèrent Léon XIII à l'établir et déclarer Patron près de Dieu de toutes les sociétés de charité existant par le monde catholique, et dérivant de lui en manière quelconque.

 

Saint Vincent de Paul devant Anne d'Autriche donnant les co 

Saint Vincent de Paul devant Anne d'Autriche donnant les Constitutions aux Soeurs de la Providence 

 

Quelle gerbe, ô Vincent, vous emportez au ciel ! Quelles bénédictions vous accompagnent, montant de cette terre à la vraie patrie ! Ô le plus simple des hommes qui furent en un siècle tant célébré pour ses grandeurs, vous dépassez maintenant les renommées dont l'éclat bruyant fascinait vos contemporains. La vraie gloire de ce siècle, la seule qui restera de lui quand le temps ne sera plus, est d'avoir eu dans sa première partie des saints d'une pareille puissance de loi et d'amour, arrêtant les triomphes de Satan, rendant au sol de France stérilisé par l'hérésie la fécondité des beaux jours. Et voici que deux siècles et plus après vos travaux, la moisson qui n'a point cessé continue par les soins de vos fils et de vos filles, aidés d'auxiliaires nouveaux qui vous reconnaissent eux aussi pour leur inspirateur et leur père. Dans ce royaume du ciel qui ne connaît plus la souffrance et les larmes, chaque jour pourtant comme autrefois voit monter vers vous l'action de grâces de ceux qui souffrent et qui pleurent.

 

Reconnaissez par des bienfaits nouveaux la confiance de la terre. Il n'est point de nom qui impose autant que le vôtre le respect de l'Eglise, en nos temps de blasphème. Et pourtant déjà les négateurs du Christ en viennent, par haine de sa divine domination, à vouloir étouffer le témoignage que le pauvre à cause de vous lui rendait toujours. Contre ces hommes en qui s'est incarné l'enfer, usez du glaive à deux tranchants remis aux saints pour venger Dieu au milieu des nations : comme jadis les hérétiques en votre présence, qu'ils méritent le pardon ou connaissent la colère ; qu'ils changent, ou soient réduits d'en haut à l'impuissance de nuire. Gardez surtout les malheureux que leur rage satanique s'applaudit de priver du secours suprême au moment du trépas ; eussent-ils un pied déjà dans les flammes, ces infortunés, vous pouvez les sauver encore. Elevez vos  filles à la hauteur des  circonstances douloureuses où l'on voudrait que leur dévouement reniât son origine céleste ou dissimulât sa divine livrée ; si la force brutale des ennemis du pauvre arrache de son chevet le signe du salut, il n'est règlements ni lois, puissance de ce monde ou de l'autre, qui puissent expulser Jésus de l'âme d'une Fille de chanté, ou l'empêcher de passer de son cœur à ses lèvres : ni la mort, ni l'enfer, ni le feu, ni le débordement des grandes eaux, dit le Cantique, ne sauraient l'arrêter.

 

Vos fils aussi poursuivent votre œuvre d'évangélisation ; jusqu'en nos temps leur apostolat se voit couronné du diadème de la sainteté et du martyre. Maintenez leur zèle ; développez en eux votre esprit d'inaltérable dévouement à l'Eglise et de soumission au Pasteur suprême. Assistez toutes ces œuvres nouvelles de charité qui sont nées de vous dans nos jours, et dont, pour cette cause, Rome vous défère le patronage et l'honneur ; qu'elles s'alimentent toujours à l'authentique foyer que vous avez ravivé sur la terre ; qu'elles cherchent avant tout le royaume de Dieu et sa justice, ne se départant jamais, pour le choix des moyens, du principe que vous leur donnez de "juger, parler et opérer, comme la Sagesse éternelle de Dieu, revêtue de notre faible chair, a jugé, parlé et opéré."

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

église paroissiale Saint-Matthieu dite du hameau des Terra

Saint Vincent de Paul, Eglise Paroissiale Saint-Matthieu, dite du Hameau des Terrasses, La Grave, Hautes-Alpes

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26 septembre 2011 1 26 /09 /septembre /2011 04:00

" Qui que vous soyez que séduisent les mystères des démons, nul de vous ne surpassera mon zèle pour ces faux dieux, ni mes recherches à leur sujet, ni la vaine puissance qu'ils m'avaient communiquée, moi, Cyprien, dès l'enfance au service du dragon dans la citadelle Palladique. Apprenez de moi la tromperie de leurs illusions. Une vierge m'a montré que leur pouvoir n'est que fumée. Le roi des démons s'est arrêté à la porte d'une enfant, sans pouvoir la franchir. Celui qui tant promet, n'est que menteur. Une femme se joue de celui qui se vante d'agiter la terre et les dieux. Le lion rugissant n'est qu'un, moucheron qui se dérobe, devant Justine la chrétienne et la vierge." (Confessio Cypriani Antiocheni, I, II)

 

 Cyprien fut d'abord adonné à la magie, Martyr ensuite. Justine était une vierge chrétienne, qu'il avait entrepris d'amener par enchantements et sortilèges à consentir à la passion d'un jeune homme. Mais le démon, consulté, ayant répondu qu'aucun procédé ne lui réussirait contre de vrais disciples du Christ, cette réponse frappa tellement Cyprien que, déplorant amèrement son genre de vie passé, il dit adieu aux arts magiques et se convertit sans réserve à la foi du Seigneur Christ.

 

Saisi de ce chef avec la vierge Justine, ils furent tous deux souffletés et battus de verges, puis jetés en prison pour éprouver la fermeté de leur résolution. Mais comme, tirés de là, ils affirmaient leur inébranlable attachement à la religion chrétienne, on les précipita dans une chaudière remplie de poix, de graisse et de cire embrasées. Enfin ils moururent sous la hache à Nicomédie. Leurs corps, jetés à la voirie, restèrent six jours sans sépulture ; jusqu'à ce qu'une nuit, des matelots, les ayant enlevés secrètement sur leur barque, les portèrent à Rome ; ils y furent d'abord ensevelis sur le domaine d'une noble femme appelée Rufine ; transportés plus tard à l'intérieur de la Ville, on les déposa dans la basilique Constantinienne de Latran, près du baptistère.

 

Ô vierge, celui-là même qui tentait de vous perdre est aujourd'hui votre vivant trophée de victoire. Ô Cyprien, la carrière du crime est devenue pour vous l'entrée du salut. Puissiez-vous triompher ensemble à nouveau de Satan, dans ce siècle où les sciences occultes recommencent à séduire tant d'âmes, déséquilibrées par la perte de la foi. Contre un danger si grand, contre tout péril, puissent les chrétiens s'armer comme vous du signe de la Croix ; et l'ennemi sera contraint de redire : "J'ai vu un signe terrible, et j'ai tremblé ; j'ai vu le signe du Crucifié, et ma force a fondu comme la cire." ( Acta Cypriani et Justinae).

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 San Clemente, Rome

Mosaïque du Christ en Croix à la Basilique Saint Clement de Rome

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24 septembre 2011 6 24 /09 /septembre /2011 04:00

Septembre se termine avec la lecture du livre de Judith et de celui d'Esther en l'Office du Temps. Libératrices glorieuses, qui figurèrent Marie dont la naissance illumine ce mois d'un éclat si pur, dont, sans plus tarder, le secours est acquis au monde.

 

Adonaï, Seigneur, vous êtes grand ; nous vous admirons, Dieu qui remettez le salut aux mains de la femme : ainsi l'Eglise ouvre l'histoire de l'héroïne qui sauva Béthulie par le glaive, tandis que, pour arracher son peuple à la mort, la nièce de Mardochée n'employa qu'attraits et prières. Douceur de l'une, vaillance de l'autre, beauté des deux, la Reine que s'est choisie le Roi des rois éclipse tout dans sa perfection sans rivale ; or, la fête présente est un monument de la puissance qu'elle déploie pour délivrer, elle aussi, les siens.

 

Le Croissant ne grandissait plus. Refoulé sur la terre des Espagnes, contenu en Orient par le royaume latin de Jérusalem, on le vit, dans le cours du XIIe siècle, demander plus que jamais à la piraterie les esclaves que la conquête avait cessé de lui fournir. Moins inquiétée par les croisés d'alors, l'Afrique sarrasine courut la mer pour alimenter le marché musulman. L'âme frémit à la pensée des innombrables infortunés de toute condition, de tout sexe, de tout âge, enlevés sur les côtes des pays chrétiens ou capturés sur les flots, et subitement distribués entre le harem ou le bagne. Il y eut là pourtant, sous l'affreux secret de geôles sans histoire, d'admirables héroïsmes où Dieu ne fut pas moins honoré que dans les luttes des anciens martyrs remplissant à bon droit le monde de leur renommée ; sous l'œil surpris des Anges, après douze siècles, il y eut là pour Marie l'occasion d'ouvrir, dans le domaine de la charité, des horizons nouveaux où les chrétiens restés libres, se dévouant à sauver leurs frères, feraient preuve eux-mêmes d'héroïsmes encore inconnus. Et n'est-ce point là, amplement justifiée, la raison qui permet le mal passager de cette terre ? sans lui, le ciel, qui doit durer toujours, eût été moins beau à jamais.

 

Lorsque, en 1696, Innocent XII étendit la fête de ce jour à l'Eglise entière, il ne fit qu'offrir à la reconnaissance du monde le moyen de s'exprimer dans un témoignage aussi universel que l'était le bienfait.

 

A la différence de l'Ordre de la Très Sainte Trinité qui l'avait précédé de vingt ans, celui de la Merci, fondé pour ainsi dire en plein champ de bataille contre les Maures, compta plus de chevaliers que de clercs à son origine. On le nomma l'Ordre royal, militaire et religieux de Notre-Dame de la Merci pour la rédemption des captifs. Ses clercs vaquaient plus spécialement à l'accomplissement de l'Office du chœur dans les commanderies ; les chevaliers surveillaient les côtes, et s'acquittaient de la mission périlleuse du rachat des prisonniers chrétiens. Saint Pierre Nolasque fut le premier Commandeur ou grand Maître de l'Ordre ; on le retrouva, lors de l'invention de ses précieux restes, armé encore de la cuirasse et de l'épée.

 

 Lisons les lignes suivantes où l'Eglise, rappelant des faits déjà connus (Fêtes des Saints Pierre Nolasque et Raymond de Pegnafort, 31 et 23 janvier), nous donne aujourd'hui sa pensée :

Au temps où le joug du Sarrasin pesait de tout son poids sur la plus grande et la plus fortunée partie des Espagnes, lorsqu'innombrables étaient les malheureux fidèles exposés sous une affreuse servitude au danger imminent de renier la foi et d'oublier leur salut éternel, la Reine bienheureuse des cieux, subvenant dans sa bonté à tant de maux, montra sa grande chanté pour racheter les siens. Elle apparut à saint Pierre Nolasque, dont la piété égalait la fortune et qui, dans ses méditations devant Dieu, songeait sans cesse au moyen de secourir tant d'infortunés chrétiens prisonniers des Maures ; douce et propice, la Vierge bienheureuse daigna dire qu'elle aurait pour très agréable, ainsi que son unique Fils, que fut fondé en son honneur un Ordre religieux auquel incomberait la tâche de délivrer les captifs de la tyrannie des Turcs. Animé par cette vision du ciel, on ne saurait dire de quelle ardeur de charité ne fut pas embrasé l'homme de Dieu ;  il  n'eut plus qu'une pensée au cœur : se dévouer, lui et l'Ordre qu'il devait établir, à la pratique de cette très haute charité qui consiste à livrer sa vie pour ses amis et son prochain.

 

Or, en cette même nuit, la Vierge très sainte s'était révélée au bienheureux Raymond de Pegnafort et au roi Jacques d'Aragon, leur signifiant également son désir au sujet desdits religieux et les priant de s'employer pour une œuvre de telle importance. Pierre donc étant de suite accouru aux pieds de Raymond, qui était son confesseur, pour lui raconter toute chose, le trouva lui-même instruit d'en haut, et se soumit humblement à sa direction. Le roi Jacques survint alors, honoré lui aussi des révélations de la bienheureuse Vierge, et résolu de leur donner suite. C'est pourquoi, après en avoir conféré entre eux, d'un commun accord, ils entreprirent d'instituer en l'honneur de la Vierge Mère l'Ordre auquel serait donné le nom de Sainte-Marie de la Merci pour la Rédemption des captifs.

 

Le dix août donc de l'an du Seigneur douze cent dix-huit, le roi Jacques exécuta le dessein précédemment mûri par ces saints personnages ; par un quatrième vœu, les nouveaux religieux s'obligeaient à rester en gage sous puissance des païens, s'il était nécessaire pour la délivrance des chrétiens. Le roi leur accorda de porter sur la poitrine ses propres armes ; il prit soin d'obtenir de Grégoire IX la confirmation d'un institut religieux que recommandait une charité si éminente envers le prochain. Mais lui aussi Dieu même, par la Vierge Mère, donna tels accroissements à l'œuvre, qu'elle fut bientôt heureusement connue dans le monde entier ; elle compta nombre de sujets remarquables en sainteté, piété, charité, recueillant les aumônes des fidèles du Christ et les employant au rachat du prochain, se livrant eux-mêmes plus d'une fois pour la délivrance d'un grand nombre. Il convenait que pour une telle institution, pour tant de bienfaits, de dignes actions de grâces fussent rendues à Dieu et à la Vierge Mère ; et c'est pourquoi le Siège apostolique, après mille autres privilèges dont il avait comblé cet Ordre, accorda la célébration de cette fête particulière et de son Office.

 

Soyez bénie, ô vous, l'honneur de votre peuple et notre joie (Judith, XV, 10.) ! Au jour de votre Assomption glorieuse, c'était bien pour nous que vous montiez prendre possession de votre titre de Reine (Esther, IV, 14) ; les annales de l'humanité sont pleines de vos interventions miséricordieuses. Ils se comptent par millions ceux dont vous fîtes tomber les chaînes, les captifs arrachés par vous à l'enfer du Sarrasin, vestibule de celui de Satan.

 

En ce monde qui tressaille au souvenir récemment renouvelé de votre bénie naissance, votre sourire a suffi toujours pour dissiper les nuages, pour sécher les pleurs. Que de douleurs encore cependant sur cette terre où, dans les jours de votre mortalité, vous-même voulûtes goûter à si longs traits au calice des souffrances ! Douleurs sanctifiantes pour quelques-uns, douleurs fécondes ; hélas ! aussi, douleurs stériles et pernicieuses d'infortunés qu'aigrit l'injustice sociale, pour qui l'asservissement de l'usine, l'exploitation aux mille formes du faible par le fort, apparaît bientôt pire que n'eût été l'esclavage d'Alger ou de Tunis.

 

Vous seule, ô Marie, pouvez dénouer ces inextricables liens dont l'ironie du prince du monde enserre une société qu'il a dévoyée au nom des grands mots d'égalité et de liberté.

 

Daignez intervenir ; montrez que vous êtes Reine. La terre entière, l'humanité vous dit comme Mardochée à celle qu'il avait nourrie : Parlez au Roi pour nous, et délivrez-nous de la mort (Esther, XV, 1-3.).

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique
 

 

La Vierge en Prière par Sassoferrato

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23 septembre 2011 5 23 /09 /septembre /2011 11:00

Rome associe aux honneurs du premier successeur de Pierre la mémoire sainte de Thècle la proto-martyre. Faisons comme elle écho en ce jour au concert unanime des Pères de l'Orient et de l'Occident. Lorsque, sur la fin du IIIe siècle de notre ère, Méthodius, le Pontife Martyr, donnait à l'Eglise son Banquet des vierges, il plaçait au front  de la vierge d'Icône la plus belle des couronnes distribuées aux convives de l'Epoux (METHOD. Conviv. dec. virg. ). C'était justice pour celle que Paul avait formée, la rendant plus supérieure encore dans l'Evangile qu'elle ne l'était dans la philosophie et toute science. L'héroïsme avait en elle suivi la lumière ; la force de l'âme y soutint la magnanimité des résolutions ; la gloire d'un multiple martyre fut acquise à celle dont le corps, aussi ferme que l'âme en sa blancheur virginale, triompha du feu, des fauves, des monstres marins.

 

C'est elle qui triomphe encore au Banquet mystérieux. La Sagesse est en elle, cithare divine harmonisant son âme, résonnant sur ses lèvres en accents d'admirable éloquence, en sublime poésie. Quand, le festin achevé, les vierges debout rendent grâces au Seigneur, c'est elle qui préside le choeur, et elle chante :

" Pour vous, Epoux, je me garde pure ; je viens à vous, ma lampe allumée.

" J'ai fui les délices de la vie, l'amère félicité des humains ; j'aspire à voir toujours votre beauté. — Pour vous, Epoux, je me garde pure ; je viens à vous, ma lampe allumée.

" J'ai dédaigné l'union d'un mortel, j'ai quitté la maison remplie d'or ; recevez-moi au bienheureux secret de votre amour.—Pour vous, Epoux, je me garde pure ; je  viens à vous, ma lampe allumée.

" Du dragon j'ai déjoué les ruses, du feu j'ai bravé la flamme, des animaux féroces j'ai subi les assauts ; je vous attends des cieux. — Pour vous, Epoux, je me garde pure ; je viens à vous, ma lampe allumée.

" O Verbe, éprise de vous, j'ai oublié la terre de ma naissance, j'ai oublié les jeux des compagnes de mon âge, et ma mère, et mes nobles aïeux ; car vous m'êtes tout, ô Christ. — Pour vous, Epoux, je me garde pure ; je  viens à vous, ma lampe allumée. "

 

 Dieu tout-puissant, nous célébrons le jour natal de la bienheureuse Thècle, votre Vierge et Martyre ; que cette solennité annuelle soit notre joie ; que l'exemple d'une si grande foi nous soitprofitable : c'est la prière que nous vous adressons.

 

Par Jésus-Christ.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Martyre de sainte Thècle

Martyre de Sainte Thècle par Alessandro Tiarini, Musée du Louvre

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23 septembre 2011 5 23 /09 /septembre /2011 04:00

Une obscurité mystérieuse entoure la vie des premiers Vicaires de l'Homme-Dieu ; ainsi se dérobent aux yeux les premières assises d'un monument fait pour défier la durée. Porter l'Eglise éternelle, est assez pour leur gloire ; assez pour justifier notre confiance, animer notre gratitude. Laissons disserter les doctes sur tel ou tel point de la courte Légende qui va suivre ; cette fête était réclamée par le cœur de l'Epouse : elle est le témoignage de sa vénération émue pour l'humble et doux Pontife qui, le premier, rejoignit Pierre aux cryptes Vaticanes.

 

Lin, Pape, né en Toscane à Volterra, gouverna le premier l'Eglise à la suite de Pierre. Si grandes étaient sa foi et sa sainteté que non seulement il chassait les démons, mais ressuscitait aussi les morts. Il écrivit les actes du bienheureux Pierre, et spécialement ce qu'il avait fait contre Simon le magicien. II décréta qu'aucune femme n'entrerait dans l'église sans voile sur sa tête. La constance de sa foi chrétienne valut au Pontife une sentence de décapitation de la part de Saturninus, consulaire impie et ingrat, dont il avait délivré la fille que tourmentaient les démons. On l'ensevelit au Vatican près du tombeau du prince des Apôtres, le neuf des calendes d'octobre. Il siégea onze ans, deux mois, vingt-trois jours ; en deux fois, au mois de décembre, il créa quinze évêques et dix-huit prêtres. 

  

Ce fut personnellement et à la vue de tous, que le Seigneur investit Simon fils de Jean du pontificat suprême ; non moins directement, bienheureux Pontife, mais invisiblement, vous reçûtes de Jésus les clefs du royaume des cieux. A vous commence ce règne complet de la foi pure où l'Eglise, sans ouïr derechef l'Homme-Dieu dire à Pierre : Pais mes brebis, s'incline pourtant devant la permanence de son autorité en l'homme dûment désigné comme représentant de l'Epoux.

 

Obtenez que les ombres d'ici-bas ne rendent jamais incertaine notre obéissance ; faites qu'au jour de l'éternité, nous méritions de contempler avec vous le Chef divin dans la lumière.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Christ Giving the Keys to St Peter by Giovanni Battista Castello

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22 septembre 2011 4 22 /09 /septembre /2011 11:00

En 1517, une épreuve douloureuse frappait la grande famille des Augustins : Luther, sorti d'elle, lançait le cri de révolte auquel toutes les convoitises allaient faire écho pour des siècles. Mais l'Ordre illustre qui, sans le savoir, avait nourri ce rejeton du serpent, était resté bien méritant du Seigneur ; pour la consolation des instituts dont l'excellence même expose à de plus lourdes chutes les sujets parjures, le ciel en donnait sans tarder la preuve.  C'était aux premières Vêpres de la Toussaint que l'hérésiarque affichait dans Wittemberg  ses  thèses fameuses contre les Indulgences et l'autorité du Pontife romain ; or, un mois ne s'était pas écoulé que, le 25 novembre  de cette même année  1517, Salamanque voyait Thomas de Villeneuve s'engager à Dieu et prendre parmi les Augustins la place qu'y laissait  Luther. Dans les tempêtes sociales, sous le fracas des bouleversements du monde, un saint glorifie plus la tranquille Trinité que tout l'enfer ne saurait l'atteindre.

 

A la lumière de ces pensées, nous comprendrons mieux l'opportunité de la fête de ce jour et du récit qui va suivre : 

Thomas  naquit  l'an du  Seigneur mil quatre cent quatre-vingt-huit, au bourg de Fuenllana du diocèse de Tolède en Espagne. Dès le début de la vie, il fut initié par ses saints parents à la piété et à cette miséricorde extraordinaire pour les pauvres dont il donna,encore enfant, nombre de preuves, au point que même, plus d'une fois, il se dépouilla de ses propres vêtements pour couvrir ceux qui étaient nus. Sorti du premier Age, on l'envoya à Alcala pour étudier les lettres au grand collège de saint Ildefonse. Rappelé par la mort de son père, il consacra tout l'héritage qui lui revenait à l'entretien des vierges sans fortune, et revint aussitôt continuer ses études. Après avoir achevé le cours de théologie, sa doctrine parut si éminente qu'on lui donna une chaire dans cette Université. Il y traita des questions philosophiques et théologiques avec un succès admirable. Cependant il implorait du Seigneur, en d'assidues et instantes prières, la science des saints et un genre de vie conforme à ses aspirations de droiture. Dieu donc lui inspira d'embrasser l'institut des Ermites de Saint-Augustin.

 

Profès, on vit  briller en lui excellemment toutes les vertus qui parent le religieux, l'humilité, la patience, la pureté, l'ardente charité surtout qui le caractérise. La diversité ni la continuité de ses travaux ne purent jamais distraire son âme persévéramment fixée dans la prière et la méditation des choses divines. Sa sainteté et sa science, également supérieures, lui firent imposer le fardeau de la prédication ; innombrables furent ceux que sa parole, animée par la grâce céleste, ramena du bourbier des vices à la voie du salut. Appelé ensuite à conduire ses frères, il sut allier avec un zèle sévère la prudence, l'équité, la douceur ; d'où advint que la discipline primitive de son Ordre se trouva par lui soit affermie, soit rétablie, en beaucoup de lieux.

 

Nommé à l'archevêché de Grenade, son admirable humilité refusa invinciblement cet insigne honneur. Mais peu après, l'ordre de ses supérieurs le contraignit d'accepter le gouvernement de l'église de Valence ; il s'y montra, près de onze années, le plus saint et le plus vigilant des pasteurs. Sans rien changer aucunement à sa manière de vivre antérieure, il donna seulement plus libre carrière à son insatiable charité, grâce aux riches revenus de son église qu'il distribuait aux pauvres, sans se réserver même un lit ; car le lit d'où il s'envola au ciel lui fut prêté par celui auquel il l'avait donné en aumône peu auparavant.

 

Ce fut le six des ides de septembre, à l'âge de soixante-huit ans, qu'il s'endormit dans le Seigneur. Dieu voulut attester la sainteté de son serviteur par des prodiges, après comme avant sa mort ; un grenier complètement épuisé par les distributions faites aux pauvres, se trouva rempli de blé subitement ; un enfant ressuscita à son tombeau. Ces grands miracles,et beaucoup d'autres qui le mettaient en lumière, amenèrent le Souverain Pontife Alexandre VII à l'inscrire au nombre des Saints ; il fixa au quatorze des calendes d'octobre le jour où serait célébrée sa mémoire.

 

 

 Votre nom comme votre justice demeureront à jamais ; car vous avez, ô Thomas, répandu les bienfaits avec profusion sur le pauvre, et toute l'assemblée des saints publie vos aumônes. Enseignez-nous la miséricorde envers nos frères, pour obtenir nous-mêmes, votre prière aidant, miséricorde auprès de Dieu.

 

 Vous êtes puissant près de la Reine des cieux, dont vous aimiez à publier les louanges en cette terre de l'exil. Le jour de sa bénie nativité fut celui de votre entrée dans la vraie patrie. Apprenez-nous à la connaître toujours plus ; faites-nous croître en son amour.

 

Protégez l'Espagne dont vous êtes l'honneur, votre Eglise de Valence, l'Ordre où vous précédèrent dans les voies de la sainteté Nicolas de Tolentino et Jean de Sahagun. Bénissez, au pays de France, ces héritières de votre charité dont la pieuse milice, depuis trois siècles bientôt, fait bénir le nom de saint Thomas de Villeneuve et celui de saint Augustin votre père.

 

Puissent, dans le monde entier, les prédicateurs de la parole sainte mettre à profit les monuments heureusement conservés d'une éloquence qui vous rendit l'oracle des princes et la lumière du pauvre, qui vous fit proclamer l'organe de l'Esprit-Saint.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Saint Thomas de Villeneuve distribuant des aumônes par Murillo

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22 septembre 2011 4 22 /09 /septembre /2011 04:00

A Sion en Valais, au lieu dit Agaune, le natal des saints Martyrs Maurice, Exupère, Candide, Victor, Innocent et Vital, avec leurs compagnons de la légion Thébéenne, qui, massacrés sous Maximien pour le Christ, ont rempli le monde de la renommée de leur mort.

 

Avec Rome, ayons un souvenir pour ces vaillants dont le patronage fait la gloire des armées chrétiennes et d'Eglises sans nombre. "Empereur, nous sommes vos soldats, disaient-ils ; nous sommes aussi pourtant les serviteurs de Dieu. Pour lui furent nos premiers serments ; si nous violons ceux-là, quelle confiance aurez-vous dans les autres ?"

 

Il n'est consigne ou discipline qui l'emporte sur l'engagement du baptême. Quand s'affirme en face des princes le Dieu des armées, l'honneur et la conscience font un devoir à tout soldat de préférer l'ordre du Chef à celui des subalternes.

 

Dieu tout-puissant, daignez nous entendre : que la solennité festive de vos saints Martyrs Maurice et ses compagnons soit pour nous source d'allégresse ; comme leur suffrage est notre appui, que leur naissance au ciel soit notre gloire.

 

Par Jésus-Christ

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Le Martyre de Saint Maurice par Cincinnato

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