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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






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Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

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SALVE REGINA

3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 04:00

Un saint Pape martyr vient en ce jour déposer sa couronne au pied de la Croix triomphante, par laquelle il a vaincu. C'est Alexandre, le cinquième successeur de Pierre.

 

Honorons ce témoin vénérable de notre foi, appelé à recevoir aujourd'hui les hommages de l'Eglise militante, au sein de la gloire dont il jouit depuis tant de siècles dans la compagnie de notre divin Ressuscité. La Passion de ce Maître souverain fut toujours présente ici-bas à sa pensée, et l'Eglise a conservé le souvenir de l'addition qu'il fit de quatre mots au Canon sacré, pour exprimer que Jésus avait institué l'auguste mystère de l'Eucharistie la veille même du jour où il devait souffrir.

 

 Une autre institution chère à la piété catholique est due au même Pontife. C'est par lui que l'Eglise a été mise en possession de cette eau sainte que les démons redoutent, et qui sanctifie tous les objets qu'elle touche. Le fidèle renouvellera donc aujourd'hui sa foi envers ce puissant élément de bénédiction que l'hérésie et l'impiété ont si souvent blasphémé, et dont l'usage pieux sert à discerner les enfants de l'Eglise de ceux qui ne le sont pas. L'eau, instrument de notre régénération, le sel, symbole d'immortalité, s'unissent sous la bénédiction de l'Eglise pour former ce Sacramental envers lequel notre confiance ne saurait être trop grande.

 

La vertu des Sacramentaux, comme celle des Sacrements, procède du sang de la Rédemption, dont les mérites sont appliqués à certains objets physiques par l'action du sacerdoce de la loi nouvelle. L'indifférence à l'endroit de ces moyens secondaires du salut serait aussi coupable qu'imprudente ; et cependant, à cette époque d'affaiblissement de la foi, rien n'est plus commun que cette indifférence. Il est des catholiques pour qui l'eau bénite est comme si elle n'existait pas ; ils ne réfléchissent jamais sur l'usage continuel qu'en fait l'Eglise, et se privent, de gaieté de cœur, du secours que Dieu a daigné mettre à leur portée pour fortifier leur faiblesse et purifier leurs âmes. Daigne le saint pontife Alexandre ranimer leur foi, et rendre à ces chrétiens dégénérés l'estime des choses surnaturelles que la bonté de Dieu avait prodiguées à leur intention !

 

L'Eglise a consacré ce court récit à la mémoire du saint Pape : 

 

Alexandre, natif de Rome , gouverna l'Eglise sous l'empire d'Adrien, et convertit au Christ une grande partie de la noblesse romaine.

 

Il ordonna que l'on offrirait seulement le pain et le vin dans le Sacrifice, et que l'on mêlerait de l'eau avec le vin, en mémoire du sang et de l'eau qui coulèrent du côté de Jésus-Christ.

 

Il ajouta au Canon de la Messe ces paroles : Qui pridie quam pateretur.

 

Il ordonna encore que l'on aurait toujours à l'Eglise de l'eau bénite, dans laquelle on aurait jeté du sel, et que l'on s'en servirait pour chasser les démons qui infesteraient les maisons.

 

Il siégea dix ans, cinq mois et vingt jours, et fut illustre par sa vie sainte et ses ordonnances salutaires.

 

Il fut couronné du martyre avec les prêtres Eventius et Théodule, et on l'ensevelit sur la voie Nomentane , à trois milles de Rome, au lieu même où il avait eu la tête tranchée.

 

Il créa en divers temps, au mois de décembre, six prêtres, deux diacres et cinq évêques pour divers lieux. Les corps de ces saints furent depuis transportés à Rome dans l'Eglise de Sainte-Sabine.

 

En ce même jour arriva la mort du bienheureux Juvénal, évêque de Narni, qui après avoir, par sa sainteté et sa doctrine, enfanté beaucoup de fidèles à Jésus-Christ dans cette ville, illustré par l'éclat des miracles, mourut paisiblement, et fut enseveli avec honneur au même lieu.

 

 Recevez, ô saint Pontife, les hommages du peuple chrétien. C'est par la voie de la Croix que vous êtes monté au ciel en ce jour ; il est juste que votre louange se mêle à celles que nous offrons à l'instrument sacré de notre délivrance.

 

Rendez-nous propice celui qui a donné son sang sur cet arbre de vie ; qu'il daigne accepter nos chants de triomphe pour sa résurrection, nos hymnes en l’honneur du bois libérateur.

 

Faites croître en nous la foi, ô saint Pontife, afin que nous arrivions à comprendre l'économie de la Rédemption, dans laquelle le Fils de Dieu a voulu se servir pour notre salut des éléments mêmes que l'ennemi avait souillés et dirigés à notre perte.

 

Chassez loin de nous ce mesquin rationalisme qui ose choisir dans l'Eglise ce qui convient à sa médiocre compréhension, et croit pouvoir dédaigner le reste.

 

Intercédez pour la sainte Eglise Romaine, ô saint Pontife ! Elle vous invoque aujourd'hui ; montrez-lui qu'elle est restée chère à votre cœur.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

Exaltation de la Croix par Adam Elsheimer

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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 04:00

Le cortège de notre divin Roi, qui s'accroît chaque jour d'une manière si brillante, se renforce aujourd'hui par l'arrivée de l'un des plus valeureux champions qui aient jamais combattu pour sa gloire.

 

Est-il un nom plus illustre que celui d'Athanase parmi les gardiens de la Parole de vérité que Jésus a confiée à la terre ? ce nom n'exprime-t-il pas à lui seul le courage indomptable dans la garde du dépôt sacré, la fermeté du héros en face des plus terribles épreuves, la science, le génie, l'éloquence, tout ce qui peut retracer ici-bas l'idéal de la sainteté du Pasteur unie à la doctrine de l'interprète des choses divines ? Athanase a vécu pour le Fils de Dieu ; la cause du Fils de Dieu fut la même que celle d'Athanase ; qui bénissait Athanase bénissait le Verbe éternel, et celui-là maudissait le Verbe éternel qui maudissait Athanase.

 

 Jamais notre sainte foi ne courut sur la terre un plus grand péril que dans ces tristes jours qui suivirent la paix de l'Eglise, et furent témoins de la plus affreuse tempête que la barque de Pierre ait jamais essuyée. Satan avait en vain espéré  éteindre dans des torrents de sang la race des adorateurs de Jésus ; le glaive de Dioclétien et de Galérius s'était émoussé dans leurs mains, et la croix paraissant au ciel avait proclamé le triomphe du christianisme. Tout à coup l'Eglise victorieuse se sent ébranlée jusque dans ses fondements ; dans son audace l'enfer a vomi sur la terre une hérésie qui menace de dévorer en peu de jours le fruit de trois siècles de martyre. L'impie et obscur Arius ose dire que celui qui fut adoré comme le Fils de Dieu par tant de générations depuis les Apôtres, n'est qu'une créature plus parfaite que les autres. Une immense défection se déclare jusque dans les rangs de la hiérarchie sacrée ; la puissance des Césars se met au service de cette épouvantable apostasie ; et si le Seigneur lui-même n'intervient, les hommes diront bientôt sur la terre que la victoire du christianisme n'a eu d'autre résultat que de changer l'objet de l'idolâtrie, en substituant sur les autels une créature à d'autres qui avaient reçu l'encens avant elle.

 

 Mais celui qui avait promis que les portes de l'enfer ne prévaudraient jamais contre son Eglise, veillait à sa promesse. La foi primitive triompha ; le concile de Nicée reconnut et proclama le Fils consubstantiel au Père ; mais il fallait à l'Eglise un homme en qui la cause du Verbe consubstantiel fut, pour ainsi dire, incarnée, un homme assez docte pour déjouer tous les artifices de l'hérésie, assez fort pour attirer sur lui tous ses coups, sans succomber jamais. Ce fut Athanase ; quiconque adore et aime le Fils de Dieu doit aimer et glorifier Athanase.

 

Exilé jusqu'à cinq fois de son Eglise d'Alexandrie, poursuivi à mort par les ariens, il vint chercher tantôt un refuge, et tantôt un lieu d'exil dans l'Occident, qui apprécia l'illustre confesseur de la divinité du Verbe. Pour prix de l'hospitalité que Rome s'honora de lui accorder, Athanase lui fit part de ses trésors. Admirateur et ami du grand Antoine, il cultivait avec une tendre affection l'élément monastique, que la grâce de l'Esprit-Saint avait fait éclore dans les déserts de son vaste patriarcat ; il porta à Rome cette précieuse semence, et les moines qu'il y amena furent les premiers que vit l'Occident. La plante céleste s'y naturalisa ; et si sa croissance fut lente d'abord, elle y fructifia dans la suite au delà de ce qu'elle avait fait en Orient.

 

 Athanase, qui avait su exposer avec tant de clarté et de magnificence dans ses sublimes écrits le dogme fondamental du christianisme, la divinité de Jésus-Christ, a célébré le mystère de la Pâque avec une éloquente majesté dans les Lettres festales qu'il adressait chaque année aux Eglises de son patriarcat d'Alexandrie. La collection de ces lettres, que l'on regardait comme perdues sans retour, et qui n'étaient connues que par quelques courts fragments, a été retrouvée presque tout entière, dans le monastère de Sainte-Marie de Scété, en Egypte.

 

La première, qui se rapporte à l'année 329, débute par ces paroles qui expriment admirablement les sentiments que doit réveiller chez tous les chrétiens l'arrivée de la Pâque :

" Venez, mes bien-aimés, dit Athanase aux fidèles soumis à son autorité pastorale, venez célébrer la fête ; l'heure présente vous y invite. En dirigeant sur nous ses divins rayons, le Soleil de justice nous annonce que l'époque de la solennité est arrivée. A cette nouvelle, faisons  fête, et ne laissons pas l'allégresse s'enfuir avec le temps qui nous l'apporte, sans l'avoir goûtée."

 

Durant ses exils, Athanase continua d'adresser à ses peuples la Lettre pascale ; quelques années seulement en furent privées. Voici le commencement de celle par laquelle il annonçait la Pâque de l'année 338 ; elle fut envoyée de Trêves à Alexandrie :

" Bien qu'éloigné de vous, mes Frères, je n'ai garde de manquer à la coutume que j'ai toujours observée à votre égard, coutume que j'ai reçue de la tradition des Pères. Je ne resterai pas dans le silence, et je ne manquerai pas de vous annoncer l'époque de la sainte Fête annuelle, et le jour auquel vous en devez célébrer la solennité.

" En proie aux tribulations dont vous avez sans doute entendu parler, accablé des plus graves épreuves, placé sous la surveillance des ennemis de la vérité qui épient tout ce que j'écris, afin d'en faire une matière d'accusation et d'accroître par là mes maux, je sens néanmoins que le Seigneur me donne de la force et me console dans mes angoisses.

" J'ose donc vous adresser la proclamation annuelle, et c'est au milieu de mes chagrins, à travers les embûches qui m'environnent, que je vous envoie des extrémités de la terre l'annonce de la Pâque qui est notre salut.

" Remettant mon sort entre les mains du Seigneur, j'ai voulu célébrer avec vous cette fête : la distance des lieux nous sépare, mais je ne suis pas absent de vous. Le Seigneur qui accorde les fêtes, qui est lui-même notre fête, qui nous fait don de son Esprit, nous réunit spirituellement par le lien de la concorde et de la paix."

 

 Qu'elle est magnifique, cette Pâque célébrée par Athanase exilé sur les bords du Rhin, en union avec son peuple qui la fêtait sur les rives du Nil ! Comme elle révèle le lien puissant de la sainte Liturgie pour unir les hommes et leur faire goûter au même moment, et en dépit des distances, les mêmes émotions saintes, pour réveiller en eux les mêmes aspirations de vertu ! Grecs ou barbares, l'Eglise est notre patrie commune ; mais la Liturgie est, avec la Foi, le milieu dans lequel nous ne formons tous qu'une même famille, et la Liturgie n'a rien de plus expressif dans le sens de l'unité que la célébration de la Pâque.

 

Nous lirons maintenant le court récit des actions de saint Athanase dans le livre des divins Offices :

Athanase, le vigoureux défenseur de la religion catholique, était né à Alexandrie. Il fut fait diacre par l'évêque de cette ville, nommé Alexandre, auquel il devait succéder. Il avait accompagné ce prélat au concile de Nicée, où, ayant confondu l'impiété d'Arius, il s'attira tellement la haine des ariens, que depuis lors ils ne cessèrent pas de lui dresser des embûches. Dans un concile réuni à Tyr, et composé d'évêques ariens pour la plupart, ils subornèrent une femme pour lui faire dire qu'Athanase, étant logé chez elle, lui avait fait violence. Il fut donc introduit, et avec lui l'un de ses prêtres nommé Timothée, qui, feignant d'être Athanase, s'adressa ainsi à cette femme : "C'est donc moi qui ai logé chez vous, moi qui vous ai violée ?— Oui ! répondit-elle effrontément ; c'est vous qui m'avez fait violence" ; et elle affirmait le fait avec serment, implorant la justice des évêques pour être vengée d'une telle injure. La fourberie fut ainsi découverte, et l'impudence de cette femme fut confondue.

 

 Les ariens firent aussi courir le bruit qu'un évêque nommé Arsène avait été assassiné par Athanase. Ils tinrent cet évêque caché, et produisirent la main d'un mort, accusant Athanase d'avoir coupé cette main à Arsène pour s'en servir dans des opérations magiques. Mais Arsène, s'étant échappé de nuit, vint se présenter devant le concile, et par sa présence dévoila la scélératesse impudente des ennemis d'Athanase. Ils ne laissèrent pas de dire que la justification d'Athanase était le résultat d'opérations magiques, et ne cessèrent de conspirer contre sa vie. Ils le firent exiler, et il fut relégué à Trêves dans la Gaule.  Sous le règne de l'empereur Constance, qui était fauteur des ariens, Athanase fut agité par de longues et rudes tempêtes : il eut à souffrir d'incroyables persécutions, et parcourut une grande partie du monde romain.

 

Chassé diverses fois de son Eglise, il y fut rétabli à plusieurs reprises par l'autorité du pape Jules, par la protection de l'empereur Constant, frère de Constance, par les décrets du Concile de Sardique et de celui de Jérusalem. Mais les ariens ne cessèrent pas un seul jour d'être ses ennemis acharnés. Leur fureur opiniâtre le réduisit jusqu'à chercher une retraite dans une citerne pour éviter la mort, et il demeura là cinq ans, sans avoir d'autre confident qu'un de ses amis qui lui portait en secret sa nourriture.

 

 Après la mort de Constance, Julien l'Apostat, qui lui succéda à l'empire, ayant permis aux évêques exilés de retourner à leurs Eglises, Athanase rentra dans Alexandrie, et y fut reçu avec de grands honneurs. Mais peu après, par l'intrigue des mêmes ariens, il se vit persécuté par Julien, et obligé à s'éloigner encore. Les satellites de ce prince le poursuivant pour le mettre à mort, il fit retourner exprès vers eux le vaisseau sur lequel il s'enfuyait, et dans la rencontre ceux-ci ayant demandé combien Athanase était loin encore, il leur répondit lui-même qu'il l'était peu. Ils continuèrent ainsi à le poursuivre en lui tournant le dos ; et, s'étant ainsi sauvé de leurs mains, il rentra à Alexandrie, et s'y tint caché jusqu'à la mort de Julien.

 

Une autre tempête s'étant élevée contre lui, il demeura caché durant quatre mois dans le sépulcre de son père. Enfin, délivré par le secours divin de tant de périls de tous genres, il mourut dans son lit à Alexandrie, sous Valens.

 

Sa vie et sa mort furent  illustrées par de grands miracles. Il a composé beaucoup d'ouvrages célèbres, dans lesquels il a pour but de nourrir la piété et d'éclaircir la foi catholique. Il gouverna très saintement l'Eglise d'Alexandrie, durant quarante-six ans, au milieu des plus étonnantes vicissitudes.

 

 

 L'Eglise grecque, qui célèbre dans une autre saison la fête du saint Docteur, exprime son admiration pour lui dans des chants remplis d'enthousiasme dont nous extrairons, selon notre usage, quelques strophes :

 

 Salut, ô Athanase, la règle des vertus, le vaillant défenseur de la foi ! C'est toi qui, par tes paroles dignes de tout respect, as dissous sans retour l'impiété d'Arius ; tu nous as enseigné quelle est la puissance de la divinité unique en trois personnes , qui dans sa bonté a tiré du néant les êtres spirituels et les êtres sensibles, et tu nous as expliqué les profonds mystères de l'opération divine ; daigne prier le Christ d'accorder à nos âmes sa grande miséricorde.

 

Salut, toi qui as servi d'appui aux patriarches mêmes, trompette résonnante, génie admirable, langue éloquente, œil lumineux, illustrateur de la saine doctrine, pasteur véritable, flambeau éclatant, cognée par laquelle a été abattue la forêt entière des hérésies, toi qui l'as incendiée par le feu de l'Esprit-Saint : très ferme colonne, tour inébranlable, toi qui enseignes la puissance supersubstantielle de la Trinité, daigne la supplier d'accorder à nos âmes sa grande miséricorde.

 

Tu as armé l'Eglise, ô Père, des dogmes divins de l'orthodoxie ; par ta science l'hérésie a été tranchée : tu as achevé ta sainte carrière, et comme Paul tu as conservé la foi ; de même, ô glorieux Athanase, une juste couronne t'est préparée pour prix de tes travaux.

 

Semblable à un astre qui n'a pas de coucher, tu éclaires encore après ta mort la multitude des fidèles par les rayons de ta doctrine, ô Athanase, Pontife rempli de sagesse.

 

Guidé par le Saint-Esprit, tu as conduit ta pensée dans les hauteurs de la contemplation, ô saint Pontife ! tu as cherché les trésors de vérité cachés sous les divins oracles, et tu as fait part au monde des richesses que tu as découvertes.

 

Tu as été le phare élevé et lumineux de la divine doctrine, et tu as dirigé ceux qui étaient battus sur l'océan de l'erreur, les conduisant, par la sérénité de tes paroles, au tranquille port de la grâce.

 

Général de l'armée de Dieu, tu as défait les bataillons des adversaires du Seigneur ; avec le glaive du Saint-Esprit tu les as vaillamment taillés en pièces. Père saint, tu as arrosé la terre entière des eaux vives dont la source était dans ton cœur.

 

Père saint, par les persécutions que tu as souffertes pour son Eglise, tu as complété en ta chair les souffrances du Seigneur.

 

Habitants de la terre, venez apprendre la doctrine de justice dans les enseignements sacrés d'Athanase : la pureté de sa foi a fait de lui comme la bouche du Verbe qui est avant tous les siècles.

 

Par toi, ô bienheureux, l'Eglise du Christ est devenue un paradis véritable ; tu y as semé la parole sainte et tu en as arraché les épines de l'hérésie.

 

Tu nous as apparu comme un fleuve de grâce, comme un Nil spirituel, ô toi qui portes Dieu ! tu as apporté aux fidèles les fruits de la doctrine de piété, tu as arrosé toutes les campagnes et nourri au loin la terre. Par le bâton de tes enseignements tu as chassé les loups de l'hérésie loin de l’Eglise du Christ : tu l'as entourée et protégée du rempart de tes paroles, et tu l’as présentée saine et sauve au Christ ; prie-le donc, le Christ Dieu, qu'il daigne nous délivrer de la séduction et de tout péril, nous qui célébrons avec foi ta mémoire digne de vénération.

 

 

Vous vous êtes assis, ô Athanase, sur la chaire de Marc dans Alexandrie, et vous brillez non loin de lui sur le Cycle sacré. Il partit de Rome, envoyé par Pierre lui-même, pour aller fonder le second siège patriarcal ; et trois siècles après, vous arriviez vous-même à Rome, successeur de Marc, pour obtenir du successeur de Pierre que l'injustice et l'hérésie ne prévalussent pas contre ce siège auguste. Notre Occident vous a contemplé, sublime héros de la foi ; il vous a possédé dans son sein ; il a vénéré en vous le noble exilé, le courageux confesseur ; et votre séjour dans nos régions est demeuré l'un de leurs plus chers et de leurs plus glorieux souvenirs.

 

Soyez l'intercesseur des contrées sur lesquelles s'étendit autrefois votre juridiction de Patriarche, ô Athanase ! mais ayez souvenir aussi du secours et de l'hospitalité que vous offrit l'Occident. Rome vous protégea, elle prit en main votre cause, elle rendit la sentence qui vous justifiait et vous rétablissait dans vos droits ; du haut du ciel, rendez-lui ce qu'elle fit pour vous ; soutenez et consolez son Pontife, successeur de Jules qui vous secourut il y a quinze siècles. Une tempête affreuse s'est déchaînée contre le roc qui porte toutes les Eglises, et l'arc-en-ciel ne paraît pas encore sur les nuées. Priez, ô Athanase, afin que ces tristes jours soient abrégés, et que le siège de Pierre cesse bientôt d'être en butte à ces attaques de mensonge et de violence qui sont en même temps un sujet de scandale pour les peuples.

 

Vos efforts, ô grand Docteur, étouffèrent l'odieux arianisme ; mais en nos temps et dans nos régions occidentales, cette audacieuse hérésie a levé de nouveau la tête. Elle étend ses ravages à la faveur de cette demi-science qui s'unit à l'orgueil, et qui est devenue le péril principal de nos jours. Le Fils éternel de Dieu, consubstantiel au Père, est blasphémé par les adeptes d'une pernicieuse philosophie, qui consent à voir en lui le plus grand des hommes, à la condition qu'on leur accordera qu'il fut seulement un homme. En vain la raison et l'expérience démontrent que tout est surnaturel en Jésus ; ils s'obstinent à fermer les yeux, et contre toute bonne foi ils osent mêler au langage d'une admiration hypocrite le dédain pour la foi chrétienne, qui reconnaît dans le fils de Marie le Verbe éternel incarné pour le salut des hommes. Confondez les nouveaux ariens, ô Athanase ! mettez à nu leur faiblesse superbe et leur artifice ; dissipez l'illusion de leurs malheureux adeptes ; qu'il soit enfin reconnu que ces prétendus sages qui osent blasphémer la divinité du Christ, vont se perdre les uns après les autres dans les abîmes honteux du panthéisme, ou dans le chaos d'un désolant scepticisme, au sein duquel expire toute morale et s'éteint toute intelligence.

 

Conservez en nous, ô Athanase, par l'influence de vos mérites et de vos prières, le précieux don de la foi que le Seigneur a daigné nous confier; obtenez-nous de confesser et d'adorer toujours Jésus-Christ comme notre Dieu éternel et infini, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré et non fait, qui pour notre salut, à nous hommes, a daigné prendre chair en Marie.

 

Révélez-nous ses grandeurs jusqu'au jour où nous les contemplerons avec vous dans le séjour de gloire. En attendant, nous converserons avec lui par la foi sur cette terre témoin des splendeurs de sa résurrection.

 

Vous l'avez aimé, ô Athanase ! ce Fils de Dieu, notre Créateur et notre Sauveur. Son amour a été l'âme de votre vie, le mobile de votre dévouement héroïque à son service. Cet amour vous a soutenu dans les luttes colossales où le monde entier semblait se soulever contre vous ; il vous a rendu plus fort que toutes les tribulations ; obtenez-le pour nous, cet amour qui ne craint rien parce qu'il est fidèle, cet amour que nous devons à Jésus, qui, étant la splendeur éternelle du Père, sa Sagesse infinie, a daigné "s'humilier jusqu'à prendre la forme d'esclave, et se rendre pour nous obéissant jusqu'à la mort, et la mort de la Croix."

 

Comment paierons-nous son dévouement, si ce n'est en lui donnant tout notre amour, à votre exemple, ô Athanase ! et en exaltant d'autant plus ses grandeurs qu'il s'est lui-même plus abaissé pour nous sauver ?

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

SAINT ATHANASE

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29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 04:00

Le saint Ordre des Frères-Prêcheurs, qui présentait hier une rose vermeille à Jésus ressuscité, lui offre aujourd'hui un lis éclatant de blancheur. Catherine de Sienne succède sur le Cycle à Pierre Martyr : touchante association qui forme l'un des plus riches épisodes du Temps pascal. Notre divin Roi a droit à tous les genres de tributs, en ces derniers moments de son séjour avec nous ; et puisque la nature terrestre n'offre en cette saison que fleurs et parfums, il est juste que le monde spirituel épanouisse à la gloire de l'auteur de la grâce ses plus nobles et ses plus odorantes productions.

 

 Qui oserait entreprendre de raconter les mérites de Catherine, d'énumérer seulement les titres de gloire dont son nom est entouré ? Entre les épouses de Jésus elle occupe un des premiers rangs. Vierge fidèle, elle s'unit à l'Epoux divin dès ses premières années. Sa vie, consacrée par un si noble vœu, s'écoula au sein de la famille, afin qu'elle fut à même de remplir les hautes missions que la divine Providence lui destinait. Mais le Seigneur, qui voulait néanmoins glorifier par elle le saint état de la Religion, lui inspira de s'unir par la profession du Tiers-Ordre à l'illustre famille du grand Patriarche des Frères-Prêcheurs. Elle en revêtit l'habit, et en pratiqua toute sa vie les saints exercices.

 

 Dès le début de cette sublime carrière, on devine sous les allures de la servante de Dieu quelque chose de céleste, comme si un ange se fut imposé de venir habiter ici-bas, pour y mener dans un corps une vie humaine. Son essor vers Dieu est comme irrésistible, et donne l'idée de cet élan qui entraîne vers le souverain bien les âmes glorifiées, aux yeux desquelles il se montre pour jamais. En vain le poids de la chair mortelle menace d'appesantir le vol du Séraphin terrestre : l'énergie de la pénitence la mate, l'assouplit et l'allège. L'âme semble vivre seule dans ce corps transformé. L'aliment divin de l'Eucharistie suffit à le soutenir ; et l'union avec le Christ devient si complète, que ses plaies sacrées s'impriment sur les membres de la vierge, et lui donnent à goûter les cuisantes et ineffables douleurs de la Passion.

 

 Du sein de cette vie si élevée au-dessus de l'humanité, Catherine n'est étrangère à aucun des besoins de ses frères. Son zèle est tout de feu pour leurs âmes, sa compassion tendre comme celle d'une mère pour les infirmités de leurs corps. Dieu a ouvert pour elle la source des prodiges, et Catherine les dispense à pleines mains sur les hommes. La mort et les maladies cèdent à son empire, et les miracles des anciens jours se multiplient autour d'elle.

 

 

Extase de Sainte Catherine de Sienne par Pompeo Batoni

Les communications divines ont commencé pour elle dès ses premières années, et l'extase est devenue son état presque habituel. Ses yeux ont souvent vu notre divin Ressuscité qui lui prodigue les caresses et les épreuves. Les plus hauts mystères sont descendus à sa portée, et une science qui n'a rien de la terre illumine son intelligence. Cette fille sans lettres dictera des écrits sublimes, où les vues les plus profondes sur la doctrine céleste sont exposées avec une précision et une éloquence surhumaines, avec un accent qui pénètre encore les âmes aujourd'hui.

 

 Mais le Ciel ne veut pas que tant de merveilles demeurent ensevelies dans un coin de l'Italie. Les saints sont les soutiens de l'Eglise ; et si leur action est souvent mystérieuse et cachée, quelquefois aussi elle se révèle aux regards des hommes. On voit alors au grand jour les ressorts à l'aide desquels Dieu gouverne le monde. Il s'agissait, à la fin du XIVe siècle, de restituer à la ville sainte la présence du vicaire du Christ, tristement absent de son siège depuis plus de soixante ans. Une âme sainte pouvait, dans le secret de la face de Dieu, par ses mérites et ses prières, déterminer cette heureuse crise vers laquelle l'Eglise aspirait tout entière ; le Seigneur voulut cette fois que tout se passât au grand jour.

 

Au nom de Rome délaissée, au nom de son Epoux divin qui est aussi celui de l'Eglise, Catherine franchit les Alpes, et se présente au Pontife qui n'a jamais vu Rome et dont Rome ignore les traits. La Prophétesse lui intime avec respect le devoir qu'il doit remplir ; pour garantir la mission qu'elle exerce, elle lui révèle un secret dont lui seul a conscience. Grégoire XI est vaincu, et la Ville éternelle revoit enfin son pasteur et son père. Mais, à la mort du Pontife, un schisme effrayant, présage sinistre de plus grands malheurs, vient déchirer le sein de l'Eglise. Catherine lutte contre la tempête jusqu'à sa dernière heure ; mais la trente-troisième année de sa vie s'accomplit ; l'Epoux divin ne veut pas qu'elle dépasse l'âge qu'il a consacré en sa personne ; il est temps que la vierge aille continuer dans les cieux son ministère d'intercession pour l'Eglise qu'elle a tant aimée, pour les âmes rachetées dans le sang de son Epoux.

 

 Notre divin Ressuscité qui l'appela aux embrassements éternels dans ces jours du Temps pascal, lui avait accordé ici-bas une faveur qui la désigne à notre vénération spéciale en ce moment. Un jour, il lui apparut avec sa très sainte Mère ; et Marie-Madeleine qui annonça la Pâque aux Apôtres accompagnait respectueusement le fils et la mère. Le cœur de Catherine se fondit d'amour dans cette visite ; à la fin ses yeux s'arrêtèrent sur Madeleine, dont elle goûtait et enviait à la fois le bonheur. Jésus lui dit : "Bien-aimée, je te la donne pour mère ; adresse-toi désormais à elle en toute assurance ; je la charge spécialement de toi". A partir de ce jour, une tendresse filiale pour l'amante du Sauveur s'empara du cœur de Catherine, et dès lors elle ne la nomma plus que sa mère.

 

Il est temps de lire le récit touchant, mais trop abrégé, de la vie et des actions de Catherine dans le livre de la sainte Eglise : 

Catherine, Vierge de Sienne, née de parents pieux, demanda et obtint l'habit de saint Dominique, tel que le portent les Sœurs de la Pénitence.

 

Son abstinence était grande, et admirable l'austérité de sa vie. Il lui arriva une fois de passer à jeun tout le temps depuis le Mercredi des Cendres jusqu'à l'Ascension du Seigneur, sans avoir pris autre chose que la communion eucharistique.

 

Elle était souvent aux prises avec les démons, qui la poursuivaient par de fréquentes attaques. Des fièvres ardentes et diverses autres maladies lui servaient aussi d'épreuves.

 

Le nom de Catherine devint si célèbre et sa sainteté si répandue, que de toutes parts on lui amenait des malades et des gens tourmentés du malin esprit. Elle commandait au nom du Christ aux maladies et aux fièvres, et contraignait les démons à sortir des corps qu'ils obsédaient.

 

Sainte Catherine de Sienne recevant les Stigmates

 Se trouvant à Pise, un dimanche, après avoir reçu la nourriture céleste, elle fut ravie en extase, et vit le Seigneur crucifié qui venait à elle environné d'une grande lumière. Cinq rayons partaient des cicatrices de ses plaies : ils se dirigèrent sur cinq endroits du corps de Catherine. Elle comprit le mystère ; mais elle pria le Seigneur que les stigmates ne parussent pas. Aussitôt les rayons changèrent leur couleur de sang en une autre très éclatante , et sous la forme d'une lumière très pure ils atteignirent ses mains, ses pieds et son cœur. La douleur qu'elle éprouva des plaies qu'ils lui laissèrent était si poignante, qu'elle pensa que si Dieu ne l’eût modérée, elle devait promptement succomber. Le Seigneur plein d'amour pour son épouse lui accorda cette nouvelle grâce, que tout en ressentant la douleur des plaies, les marques sanglantes ne fussent pas visibles.

 

La servante de Dieu rendit compte de ce phénomène à Raymond son confesseur : ce qui a été cause que la piété des fidèles voulant représenter ce miracle, a eu soin de peindre sur les images de sainte Catherine des rayons lumineux partant des cinq parties stigmatisées de son corps.

 

 Sa science était infuse et non acquise. Des professeurs en théologie lui proposèrent les plus difficiles questions sur la théologie ; elle sut y satisfaire. Personne n'approcha d'elle qu'il n'en devînt meilleur ; elle étouffa beaucoup de haines, et fit cesser plusieurs inimitiés mortelles.

 

Sainte Catherine de Sienne devant le Pape à Avignon par Giovanni Di Paulo

Elle se rendit à Avignon auprès du pape Grégoire XI, pour obtenir la paix des Florentins qui étaient en différend avec l’Eglise, et qui pour ce sujet avaient été frappés d'interdit. Elle fit connaître à ce pape qu'elle savait par révélation le vœu qu'il avait fait de se rendre à Rome, et qui n'était connu que de Dieu seul. Ce fut à sa persuasion que le Pontife se résolut à revenir en personne s'asseoir sur son siège : ce qu'il accomplit enfin.

 

Elle fut tellement considérée de Grégoire et d'Urbain VI, son successeur, qu'ils l'employèrent en diverses ambassades. Enfin, après avoir brillé de l'éclat de toutes les vertus, du don de prophétie et d'un grand nombre de miracles, étant âgée d'environ trente-trois ans, elle sortit de ce monde pour s'unir à l’Epoux.

 

Le pape Pie II la mit au nombre des saintes vierges.

 

 

Le pape Pie II, l’une des gloires de la ville de Sienne, a composé les Hymnes suivantes en l'honneur de sa sainte et illustre concitoyenne. Elles font partie de l'Office de sainte Catherine de Sienne au Bréviaire dominicain : 

Les cantiques d'honneur que nous chantons en chœur à ta louange, dans la joie que nous inspire ta fête, ô vierge Catherine, présente-les au ciel.

 

S'ils ne sont pas dignes d'y être accueillis, daigne pardonner à notre faiblesse : c'est que notre génie ne saurait s'élever à la hauteur de tes mérites, ô vierge remplie de bonté !

 

Mais qui a pu jamais porter ton éloge aussi haut que tes mérites ? Quel mortel en ce monde pourrait, dans des vers impérissables, chanter dignement tes grandeurs, ô femme dont rien n'a pu vaincre le courage ?

 

Tes exemples, ô Catherine, rayonnent par toute la terre; ta vertu supérieure est à l'égal de ta sagesse ; en toi brillent la tempérance, la force, la piété, la justice, la prudence ; et tu montes dans les cieux.

 

Nul ici-bas n'ignore ta vertu, tes nobles actions ; nul en ce monde n'a surpassé ta sainteté ; ta compassion envers le Christ souffrant a imprimé sur tes membres jusqu'à ses blessures.

 

Pauvre, affligée, menant une vie remplie de toutes les douleurs, ton cœur généreux a méprisé tout ce que les hommes estiment précieux ; le ciel pouvait seul être un séjour digne de toi.

 

Rendons avec transport nos actions de grâces à l'auguste Fils de l'éternel Père ; offrons à l’Esprit-Saint l'hommage de notre adoration ; aux trois, louange égale !

 

 Amen

 

 

Tout entière aux joies de la résurrection de son Epoux, la sainte Eglise s'adresse à vous, ô Catherine, à vous qui suivez ce divin Agneau partout où il va. Dans ce lieu d'exil où il ne doit plus s'arrêter longtemps, elle ne jouit que par intervalles de sa présence ; elle vous demande donc : "L'avez-vous rencontré, celui que chérit mon âme ?" Vous êtes son Epouse, elle l'est aussi ; mais pour vous il n'y a plus de voiles, plus de séparation, tandis que pour elle la jouissance est rare et rapide, et la lumière tempérée encore par les ombres.

 

Mais quelle vie a été la vôtre, ô Catherine ! Elle a uni la plus poignante compassion pour les douleurs de Jésus, aux délices les plus enivrantes de sa vie glorifiée. Vous pouvez nous initier aux mystères sanglants du Calvaire et aux magnificences de la Résurrection. Ces dernières sont en ce moment l'objet de notre méditation respectueuse ; parlez-nous donc de notre divin Ressuscité.

 

Le mariage mystique de Sainte Catheribne de Sienne par Fra Bartolomeo

N'est-ce pas lui qui a passé à votre doigt virginal l'anneau nuptial, cet anneau orné d'un diamant non pareil qu'entourent quatre pierres précieuses ?

 

Les rayons lumineux qui jaillissent de vos membres stigmatisés ne nous disent-ils pas que vous l'avez vu tout resplendissant de l'éclat de ses plaies glorieuses, lorsque l'amour vous transforma en lui ?

 

Fille de Madeleine, vous annoncez comme elle à l'Eglise qu'il est ressuscité, et vous allez achever au ciel cette dernière Pâque, cette Pâque de votre trente-troisième année. Ô Catherine, mère des âmes ici-bas, aimez-les jusque dans le séjour de la gloire où vous brillez entre les épouses du grand Roi. Nous aussi, nous sommes dans la Pâque, dans la vie nouvelle ; veillez sur nous, afin que la vie de Jésus ne s'éteigne jamais dans nos âmes, mais qu'elle croisse toujours par l'amour dont votre vie toute céleste nous offre l'admirable modèle.

 

Faites-nous part, ô Vierge, de cet attachement filial que vous eûtes pour la sainte Eglise, et qui vous fit entreprendre de si grandes choses. Vous vous affligiez de ses afflictions, et vous vous réjouissiez de ses joies comme une fille dévouée, parce que vous saviez qu'il n'est point d'amour de l'Epoux sans l'amour de l'Epouse, et que l'Epoux donne à ses enfants par l'Epouse tout ce qu'il a résolu de leur donner. Nous aussi, nous voulons aimer notre Mère, confesser toujours le lien qui nous unit à elle, la défendre contre ses ennemis, lui gagner de nouveaux fils généreux et fidèles.

 

Le Seigneur se servit de votre faible bras, ô femme inspirée, pour replacer sur son siège le Pontife dont Rome regrettait l'absence. Vous fûtes plus forte que les éléments humains qui s'agitaient pour prolonger une situation désastreuse pour l'Eglise. La cendre de Pierre au Vatican, celle de Paul sur la voie d'Ostie, celle de Laurent et de Sébastien, celle de Cécile et d'Agnès, et de tant de milliers de martyrs, tressaillirent dans leurs glorieux tombeaux, lorsque le char triomphal qui portait Grégoire entra dans la ville sainte. Par vous, ô Catherine, soixante-dix années d'une désolante captivité avaient en ce jour leur terme, et Rome expirante revenait à la vie.

 

Aujourd'hui les temps sont changés, et l'enfer a dressé de nouvelles embûches. Rome a vu détrôner le Pontife dont le choix imprescriptible de Pierre a fixé pour jamais la chaire dans la ville éternelle, le Pontife qui ne peut être à Rome que roi. Souffrirez-vous, ô Catherine, que l'œuvre du Seigneur, qui est aussi la vôtre, éprouve un démenti en nos jours, au scandale des faibles, au triomphe insultant des impies ? Hâtez-vous donc d'accourir au secours ; et si votre Epoux, dans sa trop juste colère, nous a destinés à subir d'humiliantes épreuves, suppliez du moins, ô notre mère, afin qu'elles soient abrégées.

 

Priez aussi, ô Catherine, pour la malheureuse Italie qui vous a tant aimée, qui fut si fière de vos grandeurs. L'impiété et l'hérésie circulent aujourd'hui librement dans son sein ; on blasphème le nom de votre Epoux, on enseigne à un peuple égaré les doctrines les plus perverses, on lui apprend à maudire tout ce qu'il avait vénéré, l'Eglise est outragée et dépouillée, la foi dès longtemps affaiblie menace de s'éteindre ; souvenez-vous de votre infortunée patrie, ô Catherine ! Il est temps devenir à son aide et de l'arracher des mains de ses mortels ennemis. L'Eglise entière espère en vous pour le salut de cette illustre province de son empire : fille immortelle de Sienne, calmez les tempêtes, et sauvez la foi dans ce naufrage qui menace de tout engloutir.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Sainte Catherine de Sienne échangeant son cœur avec le Christ par Giovanni Di Paulo

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26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 04:00

Deux astres jumeaux se lèvent aujourd'hui sur le Cycle, à la gloire de Jésus vainqueur de la mort. Pour la seconde fois, ce sont deux Pontifes, et deux Pontifes martyrs. Clet, disciple de Pierre, et son successeur presque immédiat sur la chaire romaine, nous reporte à l'origine de l'Eglise ; Marcellin a vu les jours de la grande persécution de Dioclétien, à la veille du triomphe de la Croix. Inclinons-nous devant ces deux pères de la chrétienté qui l'ont nourrie de leur sang, et présentons leurs mérites à Jésus qui les a soutenus par sa grâce, et leur a donné la confiance qu'un jour ils auraient part à sa résurrection.

 

 On trouve dans le récit de la vie de saint Marcellin un fait qui a été rejeté comme une fable par de savants critiques, et défendu par d'autres non moins érudits. Il est rapporté que le saint Pape fléchit un moment devant les persécuteurs, et qu'il eut la faiblesse d'offrir de l'encens aux idoles. Plus tard, il aurait réparé sa faute dans une nouvelle et courageuse confession qui lui assura la couronne du martyre. Notre plan ne comporte pas les discussions critiques ; nous ne chercherons donc pas à éclaircir ce point d'histoire ; il nous suffit que tout le monde soit d'accord sur le martyre du saint Pape.

 

A l'époque où furent rédigées les Légendes du Bréviaire, on ne doutait pas de la chute de Marcellin, et elle ne fut point omise au récit de la vie du Pontife ; dans la suite, ce fait a été attaqué par des arguments qui ne manquent pas de force ; l'Eglise cependant n'a jugé que très tard à propos de modifier la rédaction première, et avec d'autant plus de raison que les faits de cette nature n'intéressent en rien la foi. Il n'est pas besoin, sans doute, d'avertir le lecteur que la chute de Marcellin, si elle a eu lieu, ne compromet en rien l'infaillibilité du Pontife romain. Le Pape ne peut enseigner l'erreur quand il s'adresse à l'Eglise ; mais il n'est pas impeccable dans sa conduite personnelle.

 

Voici d'abord le récit que la Liturgie consacre à la mémoire de saint Clet : 

Clet, fils d'Emilien, était de Rome, de la cinquième Région, et de la rue Patricienne. Il gouverna l'Eglise sous les empereurs Vespasien et Titus. Conformément à l'ordre qu'il en avait reçu du Prince des Apôtres, il établit à Rome vingt-cinq prêtres. Il est le premier qui dans ses lettres s'est servi de ces expressions : Salut et bénédiction apostolique.

 

Ayant mis l'Eglise en bon ordre, et l'ayant administrée douze ans, sept mois et deux jours, il fut couronné du martyre sous l'empereur Domitien, dans la seconde persécution après celle de Néron, et il fut enseveli au Vatican près du corps de saint Pierre.

 

La notice sur saint Marcellin est conçue en ces termes : 

Marcellin, natif de Rome, gouverna l'Eglise sous la cruelle persécution de l'empereur Dioclétien, depuis l'an deux cent quatre-vingt-seize jusqu'à l'an trois cent quatre.

 

La coupable sévérité de plusieurs qui lui reprochaient une trop grande indulgence à l'égard des chrétiens tombés dans l'idolâtrie, lui suscita des épreuves nombreuses ; on l'accusa même calomnieusement d'avoir offert de l'encens aux idoles. Mais ce bienheureux Pontife eut la tête tranchée pour la confession de la foi, en compagnie de trois autres chrétiens nommés Claude, Cyrinus et Antonin. Leurs corps demeurèrent exposés sans sépulture par ordre de l'empereur ; mais au bout de trente-six jours, le bienheureux Marcel, averti en songe par saint Pierre, les fit ensevelir avec honneur dans le Cimetière de Priscille, sur la voie Salaria, au milieu d'un cortège de prêtres el de diacres, au chant des hymnes et à la lueur des flambeaux.

 

Marcellin avait gouverné l'Eglise sept ans, onze mois et vingt-trois jours. Dans le cours de son pontificat, il fit deux Ordinations au mois de décembre, dans lesquelles il créa quatre prêtres et cinq évêques pour divers lieux.

 

 

 Priez pour nous, saints Pontifes, et jetez un regard paternel sur l'Eglise de la terre qui fut si agitée en vos temps, et qui est si loin de jouir du calme en ceux où nous vivons.

 

Le culte des idoles a reparu, et si elles ne sont pas aujourd'hui de pierre ou de métal, la violence de ceux qui les adorent n'est pas moindre que celle dont étaient animés les païens des premiers siècles. Les dieux et les déesses devant lesquels on veut voir le monde entier se prosterner, on les appelle Liberté, Progrès, Civilisation moderne. Pour établir le culte de ces nouvelles divinités, on décrète la persécution contre ceux qui refusent de les adorer, on renverse la constitution chrétienne des Etats, on altère les principes de l'éducation de l'enfance, on rompt l'équilibre des éléments sociaux, et un grand nombre de fidèles sont entraînés par l'attrait de ces nouveautés funestes. Préservez-nous de cette séduction, bienheureux martyrs !

 

Ce n'est pas en vain que Jésus a souffert ici-bas et qu'il est ressuscité d'entre les morts. Sa royauté était à ce prix ; mais nul n'échappe à son sceptre souverain. C'est afin de lui obéir que nous ne voulons d'autre Liberté que celle qu'il a fondée par son Evangile, d'autre Progrès que celui qui s'accomplit dans la voie qu'il a tracée, d'autre civilisation que celle qui résulte de l'accomplissement des devoirs qu'il a établis entre les hommes. C'est lui qui a créé l'humanité, qui en a posé les lois et les conditions ; c'est lui qui l'a rachetée et rétablie sur ses bases.

 

Devant lui seul nous fléchissons le genou ; ne permettez pas, bienheureux martyrs, que jamais nous ayons le malheur de nous abaisser devant les rêves de l'orgueil humain, quand bien même ceux qui les exploitent auraient la force matérielle à leur service.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

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25 avril 2011 1 25 /04 /avril /2011 04:00

SAINT MARC ÉVANGÉLISTE par Ghirlandaio

 

Le Lion évangélique qui assiste devant le trône de Dieu, avec l'Homme, le Taureau et l'Aigle, se montre aujourd'hui sur le Cycle. Ce jour a vu Marc s'élancer de la terre au ciel, le front ceint de la triple auréole de l'Evangéliste, de l'Apôtre et du Martyr.

 

 De même que les quatre grands Prophètes, Isaïe. Jérémie, Ezéchiel et Daniel, résument en eux la prédiction en Israël ; ainsi Dieu voulait que la nouvelle Alliance reposât sur quatre textes augustes, destinés à révéler au monde la vie et la doctrine de son Fils incarné. Les quatre Evangiles, nous disent les anciens Pères, sont les quatre fleuves qui arrosaient le jardin des délices, et ce jardin était la figure de l'Eglise à venir. Le premier des quatre oracles de la nouvelle Alliance est Matthieu, qui avant tout autre initia les hommes a la vie et à la doctrine de Jésus : nous verrons poindre son astre en septembre ; le second est Marc, qui nous illumine aujourd'hui ; le troisième est Luc, dont nous attendrons le lever jusqu'en octobre ; le quatrième est Jean, que nous avons connu près de la crèche de l'Emmanuel en Bethléhem. Arrêtons-nous à contempler les grandeurs du second.

 

 Marc est le disciple chéri de Pierre, le brillant satellite du Soleil de l'Eglise. Son Evangile a été écrit à Rome, sous les yeux du Prince des Apôtres. Le récit de Matthieu avait déjà cours dans l'Eglise ; mais les fidèles de Rome désiraient y joindre la narration personnelle de leur Apôtre. Pierre ne consent pas à écrire lui-même ; il engage son disciple à prendre la plume, et l'Esprit-Saint conduit la main du nouvel Evangéliste. Marc s'attache à la narration de Matthieu ; il l'abrège, mais en même temps il la complète. Un mot, un trait de développement, viennent attester à chaque page que Pierre, témoin et auditeur de tout, a suivi de près le travail de son disciple. Mais le nouvel Evangéliste passera-t-il sous silence ou cherchera-t-il à atténuer la faute de son maître ? Loin de là ; l'Evangile de Marc sera plus dur que celui de Matthieu dans le récit du reniement de Pierre. On sent que les larmes amères provoquées par le regard de Jésus dans la maison de Caïphe, n'ont pas encore cessé de couler. Le travail de Marc étant terminé, Pierre le reconnut et l'approuva, les Eglises accueillirent avec transport ce second récit des mystères du salut du monde, et le nom de Marc devint célèbre par toute la terre.

 

 Matthieu, qui ouvre son Evangile par la généalogie humaine du Fils de Dieu, avait réalisé le type céleste de l'Homme ; Marc remplit celui du Lion ; car il débute par le récit de la prédication de Jean-Baptiste, rappelant que le rôle de ce Précurseur du Messie avait été annoncé par Isaïe, quand il avait parlé de la Voix de celui qui crie dans le désert ; voix du lion qui ébranle les solitudes par ses rugissements.

 

 La carrière d'Apôtre s'ouvrit devant Marc lorsqu'il eut écrit son Evangile. Pierre le dirigea d'abord sur Aquilée, où il fonda une insigne Eglise ; mais c'était trop peu pour un Evangéliste.

 

 Le moment était venu où l'Egypte, la mère de toutes les erreurs, devait recevoir la vérité, où la superbe et tumultueuse Alexandrie allait voir s'élever dans ses murs la seconde Eglise de la chrétienté, le second siège de Pierre. Marc fut destiné par son maître à ce grand œuvre. Par sa prédication, la doctrine du salut germa, fleurit et produisit le bon grain sur cette terre la plus infidèle de toutes ; et l'autorité de Pierre se dessina dès lors, quoique à des degrés différents, dans les trois grandes cités de l'Empire : Rome, Alexandrie et Antioche.

 

 Sous l'inspiration de Marc, la vie monastique préluda à ses saintes destinées, dans Alexandrie même, par l'institution chrétienne des Thérapeutes. L'intelligence de la vérité révélée prépara de bonne heure, dans ce grand centre des études humaines, les éléments de la brillante école chrétienne qui commença d'y fleurir dès le second siècle. Tels furent les effets de l'influence du disciple de Pierre dans la seconde Eglise du monde.

 

 Mais la gloire de Marc fût restée incomplète, si l'auréole du martyre ne fût pas venue la couronner. Les succès de la prédication du saint Evangéliste ameutèrent contre lui les fureurs de l'antique superstition égyptienne. Dans une fête de Sérapis, Marc fut maltraité par les idolâtres, et on le jeta dans un cachot. Ce fut là que le Seigneur ressuscité, dont il avait raconté la vie et les œuvres divines, lui apparut la nuit, et lui dit ces paroles célèbres qui sont la devise de l'antique république de Venise : "Paix soit avec toi, Marc,  mon Evangéliste !" A quoi le disciple ému répondit : "Seigneur !" Sa joie et son amour ne trouvèrent pas d'autres paroles. Ainsi Madeleine, au matin de Pâques, avait gardé le silence après ce cri du cœur : "Cher Maître !" Le lendemain, Marc fut immolé par les païens ; mais il avait rempli sa mission sur la terre, et le ciel s'ouvrait au Lion, qui allait occuper au pied du trône de l'Ancien des jours la place d'honneur où le Prophète de Pathmos le contempla dans sublime vision.

 

 Au IXe siècle, l'Eglise d'Occident s'enrichit de la dépouille mortelle de Marc. Ses restes sacrés fuient transportés à Venise, et sous les auspices du Lion évangélique commencèrent pour cette ville les glorieuses destinées qui ont duré mille ans. La foi en un si grand patron opéra des merveilles dans ces îlots et ces lagunes d'où s'éleva bientôt une cité aussi puissante que magnifique. L'art byzantin construisit l'imposante et somptueuse Eglise qui fut le palladium de la reine des mers, et la nouvelle république frappa ses monnaies à l'effigie du Lion de saint Marc : heureuse si, plus filiale envers Rome et plus sévère dans ses mœurs, elle n'eût jamais perdu de sa gravité antique, ni de la foi de ses plus beaux siècles !

 

 

L'Eglise grecque, dans ses Ménées, célèbre le saint Evangéliste par de nombreuses strophes, entre lesquelles nous choisissons les suivantes :

Célébrons, ô fidèles, par de dignes louanges l’écrivain sacré, le grand patron de l'Egypte, et disons : Ô Marc rempli de sagesse, par ton enseignement et tes prières conduis-nous tous, comme un Apôtre, à cette vie tranquille qui ne connaît plus les tempêtes.

 

Tu fus d'abord le compagnon des voyages de celui qui est le Vase d'élection, et avec lui tu parcourus toute la Macédoine ; venu ensuite à Rome, tu apparus en cette ville comme l'interprète de Pierre, et après de dignes combats soutenus pour Dieu, l'Egypte fut le lieu de ton repos.

 

Tu rendis la vie aux âmes brûlées de soif, en faisant tomber sur elles la blanche neige de ton Evangile ; c'est pour cela, divin Marc, que Alexandrie célèbre aujourd'hui ta fête avec nous par des chants magnifiques, et s'incline avec respect devant tes reliques.

 

Heureux Marc, tu t'es désaltéré au torrent des délices célestes, et tu as jailli du Paradis comme un fleuve de paix dont les eaux sont éclatantes de lumière, arrosant la face de la terre par les ruisseaux de ta prédication évangélique, versant les flots de ta doctrine divine sur les plantations de l'Eglise.

 

Si Moïse autrefois engloutit les Egyptiens dans les abîmes de la mer, c'est toi, ô Marc digne de toute louange, qui par la sagesse de tes enseignements les as retirés du gouffre de l'erreur, étant assisté du divin pouvoir de celui qui a daigné être pèlerin dans ce pays, et a détruit dans la Force de son bras les idoles que la main de l'homme avait faites.

 

Ô divin Marc, tu as été la plume de l'écrivain sage et rapide, en racontant d'une façon merveilleuse l'incarnation du Christ, et annonçant dans un splendide langage les paroles de l'éternelle vie qui sont rapportées dans ton livre ; adresse au Seigneur tes prières en faveur de ceux qui célèbrent et honorent ta glorieuse mémoire.

 

Ô Marc digne de louange, par ton Evangile tu as parcouru la terre entière ; elle était couverte des ténèbres de l'idolâtrie ; tu l'as éclairée comme un soleil des rayons de la foi : prie Dieu maintenant qu'il daigne octroyer à nos âmes la paix et sa grande miséricorde.

 

Apôtre Marc, tu as accompli ta prédication dans la région où régna tout d'abord la folie de l'impiété ; messager de Dieu, l'éclat de tes paroles dissipa les ombres de l'Egypte ; demande aujourd nui à Dieu qu'il nous donne la paix et sa grande miséricorde.

 

Disciple de Pierre, qui fut maître de la sagesse, honoré de son adoption, Marc, digne de toute louange, tu es devenu l'interprète des mystères du Christ et le cohéritier de sa gloire.

 

Ta voix a retenti par toute la terre ; la vertu de tes paroles, comme la trompette de David, a résonné jusqu'aux confins du monde, nous annonçant le salut et une nouvelle naissance.

 

Tes paroles ont été comme de doux ruisseaux de piété, et toi tu as été comme la montagne divine d'où ils émanent, toute rayonnante des feux du Soleil spirituel de la grâce, ô Marc très heureux !

 

Tu as jailli de la maison du Seigneur comme une source, et tu as arrosé les âmes altérées des eaux abondantes de l'Esprit-Saint, faisant produire à leur stérilité des fruits abondants, ô bienheureux Apôtre !

 

Pierre, le prince des Apôtres, t'a initié à sa merveilleuse doctrine ; il t'a chargé d'écrire l'Evangile sacré, et t'a désigné comme le ministre de la grâce ; alors tu as fait briller à nos yeux la lumière qui fait connaître Dieu.

 

La grâce de l'Esprit-Saint étant descendue sur toi. Apôtre, tu as anéanti les subtilités de l'éloquence humaine, et semblable à un pécheur, tu as entraîné au Seigneur dans ton filet toutes les nations, ô Marc digne de tout éloge, prédicateur du divin Evangile.

 

Tu as été le digne disciple du Prince des Apôtres ; comme lui tu as proclame-le Christ Fils de Dieu ; tu as établi sur la Pierre de vérité ceux qui flottaient au vent de l'erreur. Etablis-moi aussi sur cette Pierre, ô Marc plein de sagesse ; dirige les pas de mon âme, afin que j'échappe aux pièges de l'ennemi, et que je puisse te glorifier sans obstacles, ô toi qui as répandu la lumière sur tous les hommes en leur adressant l'Evangile divin.

 

 

SAINT MARC par Fra Angelico

 

Vous êtes, ô Marc, le Lion mystérieux attelé avec l'Homme, le Taureau et l'Aigle, au char sur lequel le Roi des rois s'avance à la conquête du monde. Dès l'ancienne Alliance, Ezéchiel vous vit dans le ciel, et Jean, le Prophète de la Loi nouvelle, vous a reconnu près du trône de Jehovah. Quelle gloire est la vôtre ! Historien du Verbe fait chair, vous racontez à toutes les générations ses titres à l'amour et à l'adoration des hommes ; l'Eglise s'incline devant vos récits, et les proclame inspirés par l'Esprit-Saint.

 

Nous vous avons entendu au jour même de la Pâque nous raconter la résurrection de notre Sauveur ; faites, ô saint Evangéliste, que ce divin mystère produise en nous tous ses fruits ; que notre cœur, comme le vôtre, s'attache au divin Ressuscité, afin que nous le suivions partout dans cette vie nouvelle qu'il nous a ouverte en ressuscitant le premier. Demandez-lui qu'il daigne nous donner sa paix, comme il l'a donnée à ses Apôtres en leur apparaissant dans le Cénacle, comme il vous la donna à vous-même dans la prison.

 

Glorieux Marc, vous fûtes le disciple chéri de Pierre ; Rome s'honore de vous avoir possédé dans ses murs ; priez aujourd'hui pour le successeur de Pierre votre maître, pour l'Eglise Romaine battue par la tempête.

 

Lion évangélique, implorez le Lion de la tribu de Juda en faveur de son peuple ; réveillez-le de son sommeil ; priez-le de se lever dans sa force : par son seul aspect, il dissipera tous les ennemis.

 

Apôtre de l'Egypte, qu'est devenue votre florissante Eglise d'Alexandrie, le second siège de Pierre, empourpré de votre sang ? Les ruines mêmes ont péri. Le vent brûlant de l'hérésie avait désolé l'Egypte, et Dieu dans sa colère déchaîna sur elle, il y a douze siècles, le torrent de l'islamisme. Ces contrées doivent-elles renoncer pour jamais à voir briller de nouveau le flambeau de la foi, jusqu'à l'arrivée du Juge des vivants et des morts ? Nous l'ignorons : mais au milieu des événements qui se succèdent, nous osons vous prier, ô Marc, d'intercéder pour ces régions que vous avez évangélisées, et où les âmes sont aussi dévastées que le sol.

 

Vous vous souviendrez aussi de Venise, ô Marc ! Sa couronne est tombée, peut-être sans retour ; mais là vit encore ce peuple dont les ancêtres se donnèrent à vous. Conservez la foi dans son sein ; faites qu'il prospère, qu'il se releve de ses épreuves, qu'il rende gloire à Dieu qui l'a châtié dans sa justice. Toute nation qui s'unit à l'Eglise sera bénie : que Venise revienne aux traditions de son antique fidélité à Rome ; et qui sait si le Seigneur, fléchi par vos instances, ô céleste protecteur, ne rouvrira pas pour elle le cours de ces nobles destinées qui ne s'arrêtèrent qu'au jour où, devenue infidèle à tout son passé, elle s'éleva contre sa mère, et oublia les palmes glorieuses de Lépante ?

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique
 

 

View of the Bacino di San Marco

Vue du Canal Saint Marc de Venise par Canaletto

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 04:00

À Rome, au cimetière de Prétextat sur la voie Appienne, les saints martyrs Tiburce, Valérien et Maxime. Martyrologe romain

 

Saluons avec amour le noble triumvirat de martyrs que l'Eglise Romaine du IIe siècle députe aujourd'hui vers Jésus ressuscité. C'est Valérien, le noble et chaste époux de Cécile, qui s'élève au ciel, le front ceint de sa couronne de roses et de lis ; c'est Tiburce son frère, l'autre conquête de Cécile, portant la palme triomphale qu'il a sitôt cueillie ; c'est Maxime, qui, voyant monter vers les cieux les âmes des deux frères, semblables à de jeunes épouses parées pour la fête nuptiale, s'est épris du désir de les suivre.

 

L'immortelle Cécile plane sur ce groupe sacré ; car ces trois triomphes sont son ouvrage : il est donc juste de lui en offrir sa part de gloire. Son sang virginal se mêla aussi à celui du divin Agneau pascal, quoique à cinq mois de distance ; sa fête est même renvoyée jusqu'en novembre, où elle brille comme l'un des plus doux rayons de l'Année liturgique à son déclin. Longtemps d'ailleurs l'Eglise n'admit que des fêtes d'un rang secondaire dans la partie de l'année où nous sommes, afin de ne pas trop distraire la pensée des fidèles de la contemplation de Jésus ressuscité ; la fête de Cécile qui, dans l'antiquité, était précédée d'une Vigile, devait mieux développer ses splendeurs dans une autre saison.

 

 La sainte Eglise n'a conservé, pour ainsi dire, qu'un souvenir de nos trois grands martyrs dans son Office. Les deux Leçons que nous donnons ici sont très abrégées ; on ne doit pas s'en étonner : cette fête est de la plus haute antiquité, et dans les premiers siècles de l'Eglise, cette forme d'Office simple était très usitée. Les trois Nocturnes, aux trois Leçons chacun, étaient réservés pour les fêtes majeures.

 

 Valérien, Romain de noble naissance, fut l'époux de la bienheureuse Cécile qui était d'une noblesse égale à la sienne. Sur les exhortations de cette vierge, il fut baptisé, ainsi que son frère Tiburce, par le pape saint Urbain, sous l'empire d'Alexandre Sévère. Almachius, préfet de Rome, ayant appris que les deux frères étaient chrétiens, et qu'après avoir distribué leur patrimoine aux pauvres, ils s'occupaient à ensevelir les corps des fidèles, les fit comparaître devant lui et les reprit sévèrement. Voyant qu'avec une constance invincible ils confessaient la divinité du Christ, disant que les dieux n'étaient que de vains simulacres des démons, il les fit battre de verges. Mais ce tourment n'ayant pu les contraindre à révérer la statue de Jupiter, et les deux frères persévérant avec plus de force encore dans la vérité de la foi, ils eurent la tête tranchée au quatrième mille de Rome.

 

Maxime, l'un des officiers du préfet, qui avait été chargé de les conduire au supplice, saisi d'admiration pour leur vertu, se déclara chrétien avec plusieurs autres serviteurs d'Almachius. Ils furent tous mis à mort à coups de fouets garnis de plomb, et de serviteurs du diable qu'ils étaient, devinrent ainsi les martyrs du Seigneur Christ.

 

 Fruits bénis de l'Apostolat de la grande Cécile, nous nous joignons en ce jour aux Esprits bienheureux pour saluer votre entrée dans la cour du souverain Roi. Initié par votre noble épouse, ô Valérien, à la foi du Christ et à la plus sublime vertu, vous la précédez dans les joies célestes ; mais dans quelques mois elle montera près de vous, et l'amour qui vous unissait ici-bas recevra de Dieu sa sanction pour l'éternité. L'Ange vous avait dit sur la terre que vos lis et vos roses ne se flétriraient jamais ; leur parfum d'amour et de pureté est plus suave encore dans les cieux qu'il ne le fut dans notre humble séjour.

 

Associé par le sang et par l'alliance à ces deux anges terrestres, ô Tiburce, vous leur avez dû la palme que vous remportez en ce jour ; votre heureuse société est maintenant indissoluble, et vos trois noms sont aussi inséparables au ciel qu'ils le furent sur la terre.

 

Vous n'avez pas tardé à rejoindre, ô Maxime, les deux héros que le glaive immola sous vos yeux. Leur sort excita votre envie, et le Dieu de Cécile ne tarda pas à devenir le vôtre. Vous lui avez donné votre sang ; et en retour, il vous a placé pour jamais près de Cécile, votre mère dans la foi, près de Tiburce et de Valérien, dont la différence des conditions vous eût isolé pour toujours sur la terre.

 

Maintenant donc, ô saints Martyrs, soyez nos protecteurs, et répondez à nos vœux par des faveurs nouvelles. Attirez nos cœurs en haut, et parlez de nos besoins à votre Roi immortel. Vous qui fûtes ses vaillants chevaliers, rendez-nous généreux à votre exemple.

 

Vous avez méprisé la vie présente ; nous devons la mépriser aussi, pour mériter de voir éternellement notre divin Ressuscité dont la vue fait vos délices. Le combat diffère peut-être, mais la récompense qui nous attend doit être immortelle comme la vôtre. Plutôt que de trahir le Christ, vous avez donné votre vie ; notre devoir n'est pas différent du vôtre ; car nous devons comme vous préférer la mort au péché.

 

Soutenez-nous, ô saints Martyrs, afin que nous honorions par notre vie cette Pâque qui nous a régénérés. Priez aussi pour la sainte Eglise Romaine dont vous êtes tous trois les fils ; les jours de l'épreuve sont revenus pour elle ; elle a droit de compter sur votre intervention pour obtenir le secours qu'elle implore.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

L'enterrement de Valérien et de Tiburce - Oratoire de Sainte Cécile, Église Saint-Jacques le Majeur à Bologne

Fresque de la vie de Sainte Cécile : scène 6 par Amico Aspertini

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5 avril 2011 2 05 /04 /avril /2011 04:00

Aujourd'hui, c'est encore la  catholique Espagne qui fournit à l'Eglise un de ses fils pour être proposé à l'admiration du peuple chrétien. Vincent Ferrier, l’Ange du jugement, la trompette des vengeances divines, se montre à nous, et vient glacer de  terreur nos cœurs infidèles en faisant retentir l'arrivée prochaine du souverain Juge des vivants et des morts.

 

Saint Vincent Ferrier par Francesco del Cossa 

 

Autrefois il sillonna  l'Europe  entière dans ses courses évangéliques, et les peuples remués par son éloquence foudroyante se frappaient la poitrine, criaient miséricorde au Seigneur, et se convertissaient. De nos jours, la pensée de ces redoutables assises que Jésus-Christ viendra tenir sur les nuées du ciel n'émeut plus autant les chrétiens. On croit au jugement dernier, parce que c'est un article de la foi ; mais on tremble peu dans l'attente de ce jour formidable. On pèche durant de longues années ; on se convertit un jour par une grâce toute spéciale de la bonté  divine ; mais le grand nombre de ces néophytes continue à mener une vie molle, pense peu à l'enfer et à la réprobation, moins encore au terrible jugement par lequel Dieu doit en finir avec ce monde.

 

 Il n'en était pas ainsi dans les siècles chrétiens ; il n'en est pas non plus ainsi chez les âmes vraiment converties. L'amour en elles domine la crainte  ;  mais la  crainte du jugement de Dieu veille toujours au fond de leur pensée : c'est cette disposition qui les rend fermes dans le bien qu'elles ont recouvré. Assurément, ils se demandent peu quelle sera leur situation au jour où le signe du Fils de l'homme brillera dans les cieux, où Jésus, non plus Rédempteur, mais Juge, séparera les boucs des brebis, ces chrétiens qui ont tant à expier, et pour lesquels, chaque année, le Carême n'est qu'une occasion de témoigner leur lâcheté et leur indifférence.

 

A voir leur sécurité, on dirait qu'ils ont reçu l'assurance que ce moment terrible ne saurait receler pour eux ni une inquiétude, ni une déception. Ayons plus de prudence, gardons-nous des illusions de l'orgueil et de l'insouciance ; par une pénitence sincère, assurons-nous le droit d'envisager avec une humble confiance cette heure redoutable qui a fait trembler tous les saints. Quelle joie d'entendre cette parole sortir de la bouche du Juge incorruptible : "Venez, les bénis de mon Père ; possédez le royaume qui vous a été préparé dès l'origine du monde !" Vincent Ferrier s'arrache au repos de la cellule pour aller remuer des nations entières qui dormaient dans l'oubli du grand jour des justices ; nous n'avons pas, il est vrai, entendu sa parole ; mais n'avons-nous pas le saint Evangile ? N'avons-nous pas l'Eglise qui, dès l'entrée de la sainte carrière que nous parcourons, nous a fait lire les oracles formidables que Vincent Ferrier ne faisait que commenter devant les chrétiens de son temps ? Préparons-nous donc à paraître devant celui qui viendra demander compte des grâces qu'il nous prodigue, et qui sont le fruit de son sang ; en mettant à profit toutes les ressources de la sainte Quarantaine, nous pouvons nous préparer un jugement favorable.

 

 Que votre voix fut éloquente, ô Vincent, lorsqu'elle vint réveiller l'assoupissement des hommes, et leur fit éprouver les terreurs du grand jugement ! Nos pères entendirent cette voix, et ils revinrent à Dieu, et Dieu leur pardonna. Nous aussi nous nous étions endormis, lorsque l'Eglise, à l'ouverture de cette sainte carrière, troubla notre sommeil en marquant de la cendre nos fronts coupables, et en nous rappelant l'irrévocable sentence de mort que Dieu a prononcée sur nous. Nous mourrons, et dans peu d'années ; nous mourrons, et un jugement particulier décidera de notre sort pour l'éternité. Puis, au moment marqué dans les décrets divins, nous ressusciterons, et ce sera pour assister au plus solennel et au plus formidable des jugements. En face du genre humain tout entier, nos consciences seront mises à nu ; nos bonnes et nos mauvaises œuvres seront pesées publiquement ; après quoi viendra la nouvelle  promulgation de la sentence que nous aurons méritée.

 

Pécheurs que nous sommes, comment soutiendrons-nous les regards du Rédempteur qui ne sera plus en ce moment qu'un Juge incorruptible ? Comment même supporterons-nous la vue de nos semblables, dont l'œil plongera dans toutes les iniquités de notre vie ? Mais surtout, des deux sentences que les hommes entendront prononcer sur eux, à laquelle aurons-nous droit ? Si le juge la proférait à l'heure où nous sommes, est-ce parmi les bénis de son Père, ou parmi les maudits ; est-ce à la droite, ou à la gauche, qu'il nous rangerait ? Nos pères étaient saisis de crainte, lorsque vous leur adressiez ces questions, ô Vincent ! Ils firent une sincère pénitence de leurs péchés, et après avoir reçu le pardon du Seigneur, leurs craintes s'apaisèrent et firent place à l'espoir et à la confiance.

 

Ange du jugement de Dieu, priez, afin que nous aussi nous soyons remués par une crainte salutaire. Dans peu de jours, nos yeux verront le Rédempteur monter au Calvaire, courbé sous le poids de la croix, et nous l'entendrons dire aux filles de Jérusalem : "Ne pleurez pas sur moi, mais sur vos enfants : car si l'on traite ainsi le bois vert, comment sera traité le bois sec ?"

 

Aidez-nous, ô Vincent, à profiter de cet avertissement. Nos péchés nous avaient réduits à la condition de ce bois mort qui n'est plus bon que pour le feu des vengeances divines ; par votre intercession, rattachez au tronc ces rameaux détachés, afin qu'ils reprennent vie, et que la sève circule de nouveau en eux. Ami des âmes, nous remettons entre vos mains l'œuvre de notre entière réconciliation avec Dieu.

 

Priez aussi,  ô Vincent, pour l'Espagne qui vous donna le jour et au sein de laquelle vous avez puisé la foi, la profession religieuse et le sacerdoce ; mais souvenez-vous de la France, votre seconde patrie, que vous avez évangélisée avec tant de fatigues et de succès ; souvenez-vous de la catholique Bretagne qui garde si religieusement votre dépouille sacrée.

 

Vous fûtes notre Apôtre dans des temps malheureux : les jours que nous traversons semblent plus orageux encore ; daignez, du haut du ciel, vous montrer toujours notre fidèle protecteur.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

San Vicente Ferrer par Juan de Juanes

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