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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


la vidéo sur KTO


Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


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SALVE REGINA

3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 10:00

Rome, désireuse de laisser autant que possible à l'Octave qui se poursuit son caractère d'universalité grandiose, n'accorde qu'une brève mention, dans le Matyrologe de ce jour, à saint Hubert. Il ne sied pas que nous nous départions de sa réserve. Pourtant la dévotion des chasseurs chrétiens, si fidèles toujours à acclamer leur glorieux Patron, ne nous pardonnerait pas de sembler totalement l'oublier. Il convient aussi que satisfaction soit donnée à la piété populaire, non moins qu'à la reconnaissance des innombrables clients, sauvés de la rage, qu'une tradition millénaire ininterrompue ne cesse point de grouper chaque jour aux pieds du bienheureux. Bien peu de mots suffisent du reste à résumer sa vie.

 

 De chasseur de fauves devenu chasseur d'âmes à l'école du cerf mystérieux qui lui révéla le Christ, il mérita d'être appelé l'Apôtre de l'Ardenne, dont ses meutes avaient tant de fois parcouru les forêts. Disciple et successeur de saint Lambert, il fonda la grandeur de Liège, alors obscur village, en y transférant de Maestricht les reliques de l'évêque martyr et le siège épiscopal même. Sa bienheureuse mort, survenue le 3o mai 727, fut suivie, le 3 novembre 743, d'une première élévation de ses  restes précieux  qui détermina l'anniversaire liturgique du présent jour.

 

Au siècle suivant, l'abbaye d'Andain reçut la garde du saint dépôt ; elle prit de lui le nom de Saint-Hubert, comme la ville qui ne tarda pas de s'élever alentour, et vers laquelle ne cessèrent plus d'affluer les pèlerins. Deux Ordres de Chevaliers furent établis en l'honneur de saint Hubert : le premier ne survécut pas à la chute des Bourbons, ses derniers chefs ; l'autre subsiste encore sous la grande maîtrise des rois de Bavière.

 

 Salut, honneur des Confesseurs ; salut, concitoyen des Anges : donnez-nous l'allégresse du temps, qu'elle devienne l'allégresse éternelle ; par votre prière bien venue de Dieu, sauvez les sains, guérissez les malades.

 

 Seigneur, soyez propice a notre prière : puissent vos serviteurs, en considération des glorieux mérites de votre Confesseur et Pontife saint Hubert, obtenir par sa pieuse intercession d'être toujours préservés de tout mal.

 

Par Jésus-Christ

 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

La Vision de Saint Hubert par Brueghel

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28 octobre 2010 4 28 /10 /octobre /2010 05:00

En place de vos pères, des fils vous sont nés. Ainsi l'Eglise exalte en ses chants la fécondité apostolique qui réside en elle jusqu'aux derniers jours. Dès hier, prévenant les heures, elle espérait, de cet espoir d'Epouse qui n'est jamais trompé, que les bienheureux Apôtres Simon et Jude devanceraient pour elle en bénédictions la solennité même. Telle est en effet la condition de son existence sur terre, qu'elle n'y peut demeurer que si elle donne incessamment des fils au Seigneur. Et c'est pourquoi la Messe du XXVII octobre nous faisait lire le texte évangélique où il est dit : "Je suis la vigne, et mon Père est le vigneron ; il retranchera toute branche qui ne porte point de fruit en moi ; et toute branche qui porte du fruit, il la taillera, pour qu'elle en porte davantage." Taille douloureuse, au témoignage encore de cette Messe de Vigile, en son Epître. Au nom des autres sarments qu'honore comme lui le choix divin, l'Apôtre y disait les labeurs, les souffrances de toutes sortes, persécutions, malédictions, reniements, au prix desquels s'acquiert le droit d'appeler fils les hommes  engendrés selon l'Evangile dans le Christ Jésus. Or en effet, saint Paul y revient plus d'une fois, et spécialement dans l'Epître de la fête, l'objet de cette génération surnaturelle des saints n'est autre que la reproduction mystique du Fils de Dieu, passant à nouveau, chez les prédestinés, de la petite enfance à la mesure de l'homme parfait.

 

 Si sobre de détails que se montre l'histoire à l'égard des glorieux Apôtres honorés en ce jour, nous savons dans quelle plénitude ils contribuèrent à ce grand œuvre de la génération des fils de Dieu, que rappelle leur courte Légende. C'est sans repos et jusqu'au sang que, pour leur part, ils édifièrent le corps du Christ ; et l'Eglise reconnaissante dit aujourd'hui au Seigneur : "Dieu qui, par vos bienheureux Apôtres Simon et Jude, nous avez donné de parvenir à la connaissance de votre nom ; accordez-nous de célébrer leur gloire immortelle en progressant dans la grâce, d'y progresser en la célébrant."

 

 On donne pour attribut à saint Simon la scie, qui rappelle son martyre. L'équerre de saint Jude montre en lui l'architecte de la maison de Dieu : ainsi Paul se nommait-il lui-même ; et dans la septième des Epîtres catholiques, qui reconnaît Jude pour auteur, lui aussi possède un titre spécial à compter parmi les premiers de la grande famille des maîtres ouvriers du Seigneur. Mais il était encore, pour notre Apôtre, une autre noblesse qui dépassait toutes celles de la terre : neveu de saint Joseph par Cléophas ou Alphée son père, cousin légalement de l'Homme-Dieu, Jude était de ceux que ses compatriotes appelaient les frères du fils du charpentier.

 

 Recueillons de saint Jean un détail précieux. Dans l'admirable entretien qui suivit la Cène, l'Homme-Dieu venait de dire : "Si quelqu'un m'aime, il sera aimé de mon Père, et moi aussi je l'aimerai et je me manifesterai à lui". Jude alors, prenant la parole, demanda : "Seigneur, pourquoi donc vous manifesterez-vous à nous, et non pas au monde ?" Jésus lui répondit : "Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons en lui notre demeure. Mais celui qui ne m'aime pas, ne garde point mes paroles ; et cette parole que vous avez entendue n'est pas la mienne, mais celle de celui qui m'a envoyé, de mon  Père."

 

 Nous savons par l'histoire ecclésiastique que, sur la fin de son règne, et lorsque sévissait la persécution qu'il avait déchaînée, Domitien fit amener d'Orient pour comparaître devant lui deux petits-fils de l'Apôtre saint Jude. La politique de César avait pris quelque ombrage au sujet de ces descendants d'une race royale, celle de David, qui représentaient par le sang le Christ lui-même que ses disciples exaltaient comme le suprême roi du monde. Domitien fut à même de constater que ces deux humbles juifs ne pouvaient être un péril pour l'Empire, et que s'ils regardaient le Christ comme le dépositaire du pouvoir souverain, il s'agissait d'un pouvoir qui ne devait s'exercer visiblement qu'à la fin des  siècles. Le langage simple et courageux de ces deux hommes fit impression sur Domitien, et, au rapport de l'historien Hégésippe, auquel Eusèbe a emprunté les faits que nous venons de raconter, il donna des ordres pour suspendre la persécution.

 

 Nous aurons tout dit, en ajoutant au si bref récit de l'Eglise concernant les deux Apôtres, que Saint-Pierre de Rome et Saint-Sernin de Toulouse se disputent l'honneur de posséder la plus grande part de leurs augustes restes.

 

Simon est surnommé le Cananéen et aussi le Zélé. Thaddée, qui est appelé Jude frère de Jacques dans l'Evangile, écrivit une des Epîtres catholiques et prêcha en Mésopotamie, tandis que Simon évangélisait l'Egypte. La Perse les réunit ; ils y engendrèrent à Jésus-Christ des fils sans nombre, et propagèrent la foi chez les nations barbares de cet immense territoire Aux miracles, aux prédications, par lesquels de concert ils glorifiaient le très saint nom de Jésus-Christ, s'adjoignit enfin pour chacun d'eux la gloire du martyre.

 

 

Je vous ai choisis pour porter un fruit qui demeure. C'était la parole que vous adressait l'Homme-Dieu comme aux douze, celle que l'Eglise rappelait à votre honneur en l'Office de la nuit. Que reste-t-il cependant du fruit de votre labeur en Egypte, en Mésopotamie, en Perse ? Serait-ce que le Seigneur ou l'Eglise peuvent se tromper dans leurs paroles ou leurs appréciations ? Non certes ; et c'est la preuve qu'au-dessus de la région des sens et par delà le domaine de l'histoire, la vertu répandue sur les douze ne cesse point de couler à travers les âges, qu'elle a sa part en toute naissance surnaturelle développant le corps mystique du Seigneur, accroissant l'Eglise. Mieux que Tobie, nous sommes les fils des saints ; nous ne sommes plus sans famille, mais bien de la maison de Dieu, portés par les Apôtres et les Prophètes, qu'unit Jésus-Christ la pierre d'angle. Ô vous qui nous valûtes un tel bien dans les peines et les pleurs, soyez bénis ; maintenez en nous le titre et les droits d'une filiation si précieuse.

 

Autour de nous, le mal est grand ; reste-t-il quelque espoir à la terre ? Mais la confiance de vos dévots clients nous dit, ô Jude, qu'il n'est pour vous nulle cause désespérée ; et quand donc mieux, ô Simon le Zélé, pourriez-vous justifier votre glorieux surnom ? Daignez exaucer l'Eglise et l'aider, de toute votre puissance apostolique, à ranimer la foi, à réchauffer la charité, à sauver le monde.

 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

Madonna di San Simone (Vierge à l'Enfant avec Saint Simon et Saint Jude) par Barroci

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26 octobre 2010 2 26 /10 /octobre /2010 05:00

Tandis que Jean le bien-aimé voyait enfin venir à lui le Seigneur et quittait pour le ciel son séjour d'Ephèse, Rome, sous Evariste, achevait d'arrêter les dispositions du long pèlerinage qui ne se terminera pour elle qu'au dernier des jours. La période bénie des temps apostoliques est définitivement close ; mais la Ville éternelle accroît sans fin son trésor de gloire. Le pontificat nouveau voit la vierge Domitille cimenter dans le sang des Flavii, par son martyre, les fondations de cette Jérusalem qui remplace la première, détruite par les siens. Puis c'est Ignace d'Antioche, apportant "à l'Eglise qui préside dans la charité le témoignage suprême ; froment du Christ, la dent des fauves du Colisée donne satisfaction à son désir et fait de lui un pain vraiment pur" (Ignat. Epist. ad Romanos).

 

 Evariste, né en Grèce d'un père juif, fut Souverain Pontife au temps de l'empereur Trajan. Ce fut lui qui divisa entre les prêtres romains les titres des églises de la ville, et ordonna que les sept diacres assisteraient l'évêque quand il prêcherait. Conformément à la tradition apostolique, il ordonna en outre que le mariage se célébrât publiquement et fût béni par le prêtre.

 

Il gouverna l'Eglise neuf ans et trois mois ; en quatre Ordinations au mois de décembre, il ordonna dix-sept prêtres, deux diacres, quinze évêques. Couronné du martyre, on l'ensevelit près du Prince des Apôtres, au Vatican, le sept des calendes de novembre.

 

  

Vous êtes le premier des Pontifes à qui l'Eglise se trouva confiée, quand disparurent les derniers de ceux qui avaient vu le Seigneur. Le monde maintenant pouvait dire, sans aucune restriction : Si nous avons connu le Christ selon la chair, nous ne le connaissons plus désormais de cette sorte. L'exil devenait plus absolu pour l'Epouse ; et à cette heure, qui n'était pas sans périls ni angoisses, c'était vous que l'Epoux daignait charger de lui apprendre à poursuivre seule sa route de foi, d'espérance et d'amour.

 

Vous sûtes justifier l'attente de l'Homme-Dieu. Reconnaissance spéciale vous est due de ce chef par la terre, ô Evariste, comme spéciale sans doute est aussi votre récompense. Veillez toujours sur Rome et sur l'Eglise. Enseignez-nous qu'il faut savoir jeûner ici-bas, se résigner à l'absence de l'Epoux quand il se dérobe, et ne l'en servir pas moins, et ne l'en aimer pas moins de tout notre cœur, de toute notre âme, de toutes nos forces, de tout notre esprit, tant que dure ce monde et qu'il lui plaît de nous y laisser.

 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

Sainte Marie Mère de Dieu par Ritzos

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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 05:00

Chrysanthe, époux vierge de la vierge Daria, s'unit dans la confession du Seigneur à celle qu'il a conquise au christianisme et à l'amour de l'angélique vertu. Nos pères entouraient d'une vénération fervente les saints époux qui ne connurent d'autre lit nuptial que la carrière de sable où Rome païenne les ensevelit vivants pour venger ses faux dieux : Sponsus torus, fossa capit vivos (Sequentia ex Proprio Eiffliensi, Munstereifel).

 

 La fosse meurtrière, se refermant sur eux, leur avait donné la fécondité du martyre. Au jour anniversaire de leur triomphe, un groupe nombreux de fidèles s'était porté à l'arénaire de la via Salaria pour la synaxe liturgique, quand des païens survenant murèrent l'entrée du souterrain. Bien des années s'écoulèrent. Lorsque l'heure de la victoire eut sonné pour l'Eglise et que les chrétiens retrouvèrent le chemin de la crypte sacrée, un spectacle unique s'offrit à leurs yeux : en face de la tombe où reposaient Chrysanthe et Daria, la famille engendrée par eux au martyre était rangée dans l'attitude où l'avait saisie le moment suprême ; près des ministres de l'autel, qu'entouraient les hommes, les femmes et les enfants formant l'assistance de cette Messe solennelle s'il en fut, se voyaient encore les vases d'argent du Sacrifice auquel l'Agneau vainqueur avait si pleinement associé tant de nobles victimes. Damase orna de monumentales inscriptions ce lieu vénérable. Nul cependant n'osa toucher les corps saints, ni rien changera la disposition de l'incomparable scène. La crypte fut de nouveau murée ; mais une étroite ouverture permettait au pèlerin de plonger la vue dans l'auguste sanctuaire, et de s'animer pour les luttes de la vie en contemplant ce qu'avaient exigé de nos devanciers dans la foi les siècles du martyre.

 

 Je donnerai à mes Saints une place de marque dans le royaume de mon Père, dit le Seigneur. Ainsi chante l'Epouse, célébrant les Martyrs. Et voulant elle-même se conformer en ce qui vous concerne à la parole de l'Epoux, elle fait de l'insigne basilique du Latran votre demeure sur terre, et vous assigne comme lit d'honneur et de repos le réduit sacré, la confession même sur laquelle repose l'autel majeur de l'Eglise maîtresse et mère des Eglises. Digne récompense de vos labeurs et de vos souffrances, en cette Rome où il vous fut donné de participer à la prédication des Apôtres et de sceller comme eux de votre sang la parole sainte. Ne cessez pas de justifier la confiance de la Ville éternelle : rendez sans cesse plus féconde sa foi qui fut toujours pure ; jusqu'au moment où sonnera l'heure de chasser l'étranger, maintenez inaltérable son dévouement au Pontife-roi dont le séjour fait d'elle la capitale du monde, le vestibule du ciel.

 

Mais vos reliques saintes ont aussi, par la munificence de Rome, porté au loin leur protection puissante. Daignez appuyer de votre crédit la prière que nous empruntons à vos dévots clients d'Eifflia, Munstereifel, monastère et ville de l'archidiocèse de Cologne, honorant comme patrons saint Chrysanthe et sainte Daria : " ô Dieu qui avez dans vos saints Chrysanthe et Daria relevé l'honneur de la virginité par la consécration du martyre, faites que, soutenus de leur intercession, nous éteignions en nous la flamme des vices et méritions d'être votre temple en la compagnie des cœurs purs."

 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Still-Life with Cherries and Strawberries by Osias Beert

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23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 05:00

Plus l’Eglise semble approcher du terme de ses destinées, plus aussi l’on dirait qu’elle aime à s’enrichir de fêtes nouvelles rappelant le glorieux passé. C'est qu'en tout temps du reste, un des buis du Cycle sacré est de maintenir en nous le souvenir des bienfaits du Seigneur. Ayez mémoire des anciens jours, considérez l'histoire des générations successives, disait déjà Dieu sous l'alliance du Sinaï ; et c'était une loi en Jacob, que les pères transmissent à leurs descendants, pour qu'eux-mêmes les transmissent à la postérité, les récits antiques. Plus qu'Israël qu'elle a remplacé, l'Eglise a ses annales remplies des manifestations de la puissance de l'Epoux ; mieux que la descendance de Juda, les fils de la nouvelle Sion peuvent dire, en contemplant la série des siècles écoulés : Vous êtes mon Roi, vous êtes mon Dieu, vous qui toujours sauvez Jacob !

 

 Tandis que s'achevait en Orient la défaite des Iconoclastes, une guerre plus terrible, où l'Occident devait lutter lui-même pour la civilisation et pour  l'Homme-Dieu, commençait à peine. Comme un torrent soudain grossi, l'Islam avait précipité de l'Asie jusqu'au centre des Gaules ses flots impurs ; pied à pied, durant mille années, il allait disputer le sol occupé par les races latines au Christ et à son Eglise. Les glorieuses expéditions des XIIe et XIIIe siècles, en l'attaquant au centre même de sa puissance, ne firent que l'immobiliser un temps. Sauf sur la terre des Espagnes, où le combat ne devait finir qu'avec le triomphe absolu de la Croix, on vit les princes, oublieux des traditions de Charlemagne et de saint Louis, délaisser pour les conflits de leurs ambitions privées la guerre sainte, et bientôt le Croissant, défiant à nouveau la chrétienté, reprendre ses projets de conquête universelle.

 

 En 1453, Byzance, la capitale de l'empire d'Orient, tombait sous l'assaut des janissaires turcs ; trois ans après, Mahomet II son vainqueur investissait Belgrade, le boulevard de l'empire d'Occident. Il eût semblé que l'Europe entière ne pouvait manquer d'accourir au secours de la place assiégée. Car cette dernière digue forcée, c'était la dévastation immédiate pour la Hongrie, l'Autriche et l'Italie ; pour tous les peuples du septentrion et du couchant, c'était à bref délai la servitude de mort où gisait cet Orient d'où nous est venue la vie, l'irrémédiable stérilité du sol et des intelligences dont la Grèce, si brillante autrefois, reste encore aujourd'hui frappée.

 

 Or toutefois, l'imminence du danger n'avait eu pour résultat que d'accentuer la division lamentable qui livrait le monde chrétien à la merci de quelques milliers d'infidèles. On eût dit que la perte d'autrui dût être pour plusieurs une compensation à leur propre ruine ; d'autant qu'à cette ruine plus d'un ne désespérait pas d'obtenir délai ou dédommagement, au prix de la désertion de son poste de combat. Seule, à la rencontre de ces égoïsmes, au milieu des perfidies qui se tramaient dans l'ombre ou déjà s'affichaient publiquement, la papauté ne s'abandonna pas. Vraiment catholique dans ses pensées, dans ses travaux, dans ses angoisses comme dans ses joies et ses triomphes, elle prit en mains la cause commune trahie par les rois. Econduite dans ses appels aux puissants, elle se tourna vers les humbles, et plus confiante dans sa prière au Dieu des armées que dans la science des combats, recruta parmi eux les soldats de la délivrance.

 

C'est alors que le héros de ce jour, Jean de Capistran, depuis longtemps déjà redoutable à l'enfer, consomma du même coup sa gloire et sa sainteté. A la tête d'autres pauvres de bonne volonté, paysans, inconnus, rassemblés par lui et ses Frères de l'Observance, le pauvre du Christ ne désespéra pas de triompher de l'armée la plus forte, la mieux commandée qu'on eût vue depuis longtemps sous le ciel. Une première fois, le 14 juillet 1456, rompant les lignes ottomanes en la compagnie de Jean Hunyade, le seul des nobles hongrois qui eût voulu partager son sort, il s'était jeté dans Belgrade et l'avait ravitaillée. Huit jours plus tard, le 22 juillet, ne souffrant pas de s'en tenir à la défensive, sous les yeux d'Hunyade stupéfié par cette stratégie nouvelle, il lançait sur les retranchements ennemis sa troupe armée de fléaux et de fourches, ne lui donnant pour consigne que de crier le nom de Jésus à tous les échos C'était le mot d'ordre de victoire que Jean de Capistran avait hérité de Bernardin de Sienne son maître. Que l'adversaire mette sa confiance dans les chevaux et les chars, disait le Psaume ; pour nous, nous invoquerons le Nom du Seigneur. Et en effet, le Nom toujours saint et terrible sauvait encore son peuple. Au soir de cette mémorable journée, vingt-quatre mille Turcs jonchaient le sol de leurs cadavres ; trois cents canons, toutes les armes, toutes les richesses des infidèles étaient aux mains des chrétiens ; Mahomet II, blessé, précipitant sa fuite, allait au loin cacher sa honte et les débris de son armée.

 

Ce fut le 6 août que parvint à Rome la nouvelle d'une victoire qui rappelait celle de Gédéon sur Madian. Le Souverain Pontife, Calliste III, statua que désormais toute l'Eglise fêterait ce jour-là solennellement la glorieuse Transfiguration du Seigneur. Car en ce qui était des soldats de la Croix, ce n'était pas leur glaive qui avait délivré la terre, ce n'était pas leur bras qui les avait sauvés, mais bien votre droite et la puissance de votre bras à vous, ô Dieu, et le resplendissement de votre visage, parce que vous vous étiez complu en eux, comme au Thabor en votre Fils bien-aimé .

 

Le Seigneur est avec vous, ô le plus fort des hommes! Allez dans cette force qui est la vôtre, et délivrez Israël, et triomphez de Madian : sachez que c'est moi qui vous ai envoyé. Ainsi l'Ange du Seigneur saluait Gédéon, quand il le choisissait pour ses hautes destinées parmi les moindres de son peuple ! Ainsi pouvons-nous, la victoire remportée, vous saluer à notre tour, ô fils de François d'Assise, en vous priant de nous aider toujours. L'ennemi que vous avez vaincu sur les champs de bataille n'est  plus à  redouter pour notre Occident ; le péril est bien plutôt où Moïse le signalait pour son peuple après la délivrance, quand il disait : Prenez garde d'oublier le Seigneur votre Dieu, de peur qu'après avoir  écarté  la famine, bâti de belles maisons, multiplié vos troupeaux, votre argent et votre or, goûté l'abondance de toutes choses, votre cœur ne s'élève et ne se souvienne plus de Celui qui vous a sauvés de la servitude.  Si, en effet, le Turc l'eût emporté, dans la lutte dont vous fûtes le héros, où serait cette civilisation dont nous sommes si fiers ? Après vous, plus d'une fois, l'Eglise  dut assumer sur elle  à  nouveau l'œuvre de  défense  sociale que les  chefs des  nations ne  comprenaient plus. Puisse la reconnaissance qui lui est due préserver les fils de la Mère commune de ce mal de l'oubli qui est le fléau de la génération présente ! Aussi remercions-nous le ciel du  grand souvenir dont resplendit par  vous en ce jour  le  Cycle sacré, mémorial des bontés du  Seigneur et des hauts faits des Saints.

 

Faites qu'en la guerre dont  chacun de nous reste le champ de bataille, le nom de Jésus ne cesse jamais de tenir en échec le démon, le monde et la chair ; faites que sa Croix soit notre étendard, et que par elle nous arrivions, en mourant à nous-mêmes, au triomphe de sa résurrection.

 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

Madonna della Salute

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 05:00

" On ne connaissait pas de moine en Syrie  avant saint  Hilarion, dit  saint Jérôme, son historien.  Il fut en ce pays l'instituteur de la vie  monastique et le maître de ceux qui l'embrassèrent. Le Seigneur Jésus avait son Antoine en Egypte, en Palestine son Hilarion, le premier chargé d'ans, le second jeune  encore". Or le Seigneur ne tardait pas d'élever à tel point celui-ci en gloire, qu'Antoine disait aux malades qu'attirait de Syrie la renommée de ses miracles :  "Pourquoi vous fatiguer à venir de si loin, quand vous avez près de vous mon fils Hilarion ?"

  

Hilarion cependant n'avait passé auprès d'Antoine que deux mois ; lesquels étant écoulés, le patriarche lui avait dit : "Persévère jusqu'à la fin, mon fils ; et ton labeur te vaudra les délices du ciel". Après quoi, remettant un cilice et un vêtement de peau à cet enfant de quinze ans qu'il ne devait plus revoir, il l'avait renvoyé sanctifier les solitudes de sa patrie, pendant que lui-même s'enfonçait plus avant dans le désert.

 

 L'ennemi du genre humain, qui pressentait un adversaire redoutable dans le nouveau venu de la solitude, engagea contre lui de terribles combats. La chair même du jeune ascète, malgré ses jeûnes, fut la première complice de l'enfer. Mais, sans merci pour un corps si délicat et si frêle, au témoignage de l'historien, que tout effort eût paru devoir le réduire à néant, Hilarion s'écriait indigné : "âne, je saurai faire que tu ne regimbes plus ; je te materai par la famine, je t'écraserai sous les fardeaux, je te ferai marcher par tous les temps ; tu crieras tant la faim, que tu ne songeras pas au plaisir".

 

 Vaincu de ce côté, l'ennemi trouva d'autres alliés pour, croyait-il, ramener par la crainte Hilarion vers les lieux habités. Mais aux voleurs se jetant sur sa pauvre cabane de joncs, le Saint disait en souriant : "Celui qui est nu ne craint pas les voleurs". Et ceux-ci, touchés d'une si grande vertu, ne cachaient pas leur admiration, et promettaient d'amender leur vie.

 

 C'était l'heure pour Satan d'entrer lui-même en lice, comme il l'avait fait avec Antoine, et sans plus de succès. Nul trouble ne pouvait plus atteindre aux régions sereines où la simplicité de cette âme l'avait portée. Un jour que le démon, entré dans le corps d'un chameau rendu par lui furieux, se précipitait sur le Saint avec d'horribles cris, il s'attirait la réponse : "Tu ne m'effraies pas ; renard ou chameau, avec toi c'est tout un". Et l'énorme bête tombait, domptée, à ses pieds. L'épreuve fut plus dure, et la ruse plus habile du côté de l'enfer, lorsque voulant se dérober à l'immense concours qui ne cessait point d'assiéger sa pauvre cellule, Hilarion vit l'ennemi se faire malicieusement le porte-voix de sa renommée, et lui ramener sous tous les cieux ces foules qui opprimaient son  âme.  Vainement quitte-t-il la Syrie, pour parcourir l'Egypte en tous sens ; vainement, traqué de désert en désert, il traverse la mer, espérant se cacher en Sicile, en Dalmatie, en Chypre. Du navire qui le promène au milieu des Cyclades, il entend dans chaque île les esprits infernaux s'appeler par les villes et les bourgs, et courir aux rivages près desquels il passe. A Paphos où il aborde, c'est le même concours de démons amenant à leur suite des multitudes humaines ; jusqu'à ce que Dieu, prenant en pitié son serviteur, lui fait trouver un lieu inaccessible à ses semblables, où il est seul enfin en la compagnie des légions diaboliques qui jour et nuit l'entourent. Loin de trembler, dit son biographe, il prenait plaisir à ce voisinage des habitués bien connus de ses luttes de jadis, et il vécut là en grande paix les cinq années qui précédèrent  sa mort.

(SAINT JERÔME HIERON. in Vita S. Hilarionis)

 

 

Voici le récit, résumé de celui de saint Jérôme, que lui consacre l'Eglise :

 Né à Tabathe, en Palestine, de  parents  infidèles, Hilarion  fut envoyé  pour ses études à Alexandrie ; il y brilla par la  pureté de sa vie et par ses  talents, que relevèrent encore d'admirables progrès dans la foi et la charité, quand  il  eut embrassé la religion de Jésus-Christ. Assidu  à l'église, persévérant dans le jeûne et la prière, il méprisait tous les faux plaisirs et foulait aux pieds les désirs terrestres. Le nom d'Antoine était célèbre alors en toute l'Egypte ; il entreprit pour le voir un voyage au désert ; deux mois qu'il passa près de lui apprirent pleinement à Hilarion sa manière de vie. De retour chez lui, ses parents étant morts, il distribua leur héritage aux pauvres, et, non encore sorti de sa quinzième année, reprit le chemin de la solitude. L'étroite case qu'il s'y construisit le contenait à peine. Il y couchait par terre. Jamais il ne lava ou changea le sac revêtu alors, disant qu'il était superflu de mettre de la recherche dans un cilice.

 

La lecture et l'étude des saintes Lettres prenait une bonne part de sa vie. Quelques figues et le suc des herbes étaient sa nourriture, qu'il ne prenait jamais avant le coucher du soleil. Sa mortification, son humilité dépassaient toute croyance ; vertus qui, avec d'autres, le firent triompher d'effrayantes et multiples tentations de l'enfer, comme elles lui donnèrent puissance pour chasser en beaucoup de pays d'innombrables démons des corps qu'ils possédaient. Fondateur de nombreux monastères, illustre par ses miracles, il était dans sa quatre-vingtième année, quand la maladie l'arrêta ; sous la violence du mal, prêt à rendre le dernier souffle, il disait : Sors, que crains-tu ? Sors, mon âme, pourquoi hésiter ? il y a près de soixante-dix ans que tu sers le Christ, et tu crains la mort ? Il expira en prononçant ces mots.

 

 

Etre Hilarion, et redouter de mourir ! S'il en est ainsi du bois vert, que sera-ce du bois sec ? Illustre Saint, pénétrez-nous de l'attente des jugements de Dieu. Apprenez-nous que la crainte chrétienne ne bannit pas l'amour. C'est elle, bien au contraire, qui dégage ses abords et y conduit, pour ensuite l'escorter sur la route de la vie comme une garde attentive et fidèle. Elle fut votre sécurité à l'heure suprême ; puisse-t-elle, après avoir comme les vôtres assuré nos sentiers, nous introduire nous-mêmes directement aux cieux !

 

 

 Saint Hilarion fut en Orient l'un des premiers Confesseurs, sinon le premier d'entre eux, honoré d'un culte public à côté des Martyrs. En Occident, la blanche armée qu'Ursule conduisit à cette date au triomphe, relève de sa gloire l'auréole du saint moine auquel l'Eglise Mère a maintenu les premiers honneurs de cette journée.

 

 On sait comment, au 21 octobre 451, Cologne devint l'égale des plus illustres cités pour les siècles éternels. La critique peut discuter, elle ne s'en fait point faute, les circonstances qui présidèrent au recrutement de la légion virginale ; mais le fait même de l'existence des onze mille élues que la flèche des Huns récompensa de leur fidélité par le martyre, n'a plus rien que rejette aujourd'hui la vraie science. La terre qui recouvrait tant de nobles victimes les a plus d'une fois en effet, par multitudes, rendues à la lumière ; et elles étaient accompagnées des signes de la vénération de ceux qui les ensevelirent, en laissant, par une heureuse inspiration, la flèche libératrice fixée comme un joyau de victoire à la poitrine ou au front des élues.

 

Tandis que la bienheureuse phalange voyait Angèle de Mérici lui confier ses filles et les nombreuses enfants qu'elles élèveront jusqu'à la fin des temps dans la crainte du Seigneur, la grave Sorbonne lui dédiait son église ainsi qu'à la Mère de Dieu ; et, comme il se faisait aussi dans les universités de Coïmbre et de Vienne, elle prononçait un panégyrique annuel à sa louange. Le Portugal, enrichi de quelques-unes de ses reliques précieuses, portait son culte aux Indes. Les fidèles s'organisaient en pieuses confréries, pour mériter son assistance à l'heure du dernier combat. Nous-mêmes, avec le Bienheureux Hermann, son dévot client, disons-lui ces strophes du très suave Office qu'il composa en son honneur : 

 

AD COMPLETORIUM
 

Vierges glorieuses, exaucez ma prière et, quand viendra l'heure de la mort, ne tardez pas, secourez-moi ; soyez présentes au moment redoutable, défendez-moi de l'assaut des démons.

 

Qu'aucune de vous n'y fasse défaut ; qu'à votre tête soit tout d'abord la Vierge Mère. Si quelque fange alors laisse en moi sa souillure importune, écartez-la bien loin par votre prière. Que l'ennemi sache votre présence, et qu'il soit confondu.          

 

Terminons, avec l'Eglise elle-même, par la prière qui suit :

Seigneur notre Dieu, accordez-nous de vénérer et d'honorer sans fin les palmes de vos saintes Vierges et Martyres Ursule et ses Compagnes ; ne pouvant les célébrer comme elles le méritent, puissions-nous du moins leur faire agréer notre humble empressement.

 

Par Jésus-Christ

 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

Apothéose de Sainte Ursule

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19 octobre 2010 2 19 /10 /octobre /2010 04:00

Resplendissant du signe sacré de la Passion, Paul de la Croix fait aujourd'hui cortège au vainqueur de la mort. "Il fallait que le Christ souffrît, et qu'il entrât ainsi dans sa gloire". Il faut que le Chrétien, membre du Christ, suive son Chef à la souffrance, pour l'accompagner au triomphe. Paul, dès son enfance, a sondé l'ineffable mystère des souffrances d'un Dieu ; il s'est épris pour la Croix d'un immense amour, il s'est élancé à pas de géant dans cette voie royale ; et c'est ainsi qu'à la suite du Chef il a traversé le torrent, et qu'enseveli avec lui dans la mort, il est devenu participant des gloires de sa Résurrection.

 

 La diminution des vérités par les enfants des hommes semblait avoir tari la source des Saints, quand l'Italie, toujours féconde dans sa foi toujours vive, donna naissance au héros chrétien qui devait projeter sur la froide nuit du XVIIIe siècle le rayonnement de la sainteté d'un autre âge. Dieu ne manque jamais à son Eglise. Au siècle de révolte et de sensualisme qui couvre du nom de philosophie ses tristes aberrations, il opposera la Croix de son Fils.

  

Rappelant par son nom et ses œuvres le grand Apôtre des Gentils, un nouveau Paul surgira de cette génération enivrée de mensonge et d'orgueil, pour qui la Croix est redevenue scandale et folie. Faible, pauvre, méconnu longtemps, seul contre tous, mais le cœur débordant d'abnégation, de dévouement et d'amour, il ira, cet apôtre, avec la prétention de confondre, lui aussi, la sagesse des sages et la prudence des prudents ; dans la grossièreté d'un habit étrange pour la mollesse du siècle, nu-pieds, la tête couronnée d'épines, les épaules chargées d'une lourde croix, il parcourra les villes, il se présentera devant les puissants et les faibles, estimant ne savoir autre chose que Jésus et Jésus crucifié. Et la Croix dans ses mains, fécondant son zèle, apparaîtra comme la force et la sagesse de Dieu.

 

Qu'ils triomphent, ceux qui prétendent avoir banni le miracle de l'histoire et le surnaturel de la vie des peuples ; ils ne savent pas qu'à cette heure même, d'étonnants prodiges, des miracles sans nombre, soumettent des populations entières à la voix de cet homme, qui, par la destruction complète du péché dans sa personne, a reconquis le primitif empire d'Adam sur la nature et semble jouir déjà, dans sa chair mortelle, des qualités des corps ressuscités.

  

 Mais l'apostolat de la Croix ne doit pas finir avec Paul. A la vieillesse d'un monde décrépit ne suffisent plus les ressources anciennes. Nous sommes loin des temps où la délicatesse exquise du sentiment chrétien était surabondamment touchée par le spectacle de la Croix sous les fleurs, telle que la peignait aux Catacombes un suave et respectueux amour. L'humanité a besoin qu'à ses sens émoussés par tant d'émotions malsaines, quelqu'un soit maintenant chargé d'offrir sans cesse, comme réactif suprême, les larmes, le sang, les plaies béantes du divin Rédempteur. Paul de la Croix a reçu d'en haut la mission de répondre à ce besoin des derniers temps; au prix d'indicibles souffrances, il devient le père d'une nouvelle famille religieuse qui ajoute aux trois vœux ordinaires celui de propager la dévotion à la Passion du Sauveur, et dont chaque membre en porte ostensiblement le signe sacré sur la poitrine.

 

N'oublions pas toutefois qu'elle-même la Passion du Sauveur n'est que la préparation pour l'âme chrétienne au grand mystère de la Pâque, terme radieux des manifestations du Verbe, but suprême des élus, sans l'intelligence et l'amour duquel la piété reste incomplète et découronnée. L'Esprit-Saint, qui conduit l'Eglise dans l'admirable progression de son Année liturgique, n'a pas d'autre direction pour les âmes qui s'abandonnent pleinement à la divine liberté de son action sanctificatrice.

  

Du sommet sanglant du Calvaire où il voudrait clouer tout son être, Paul de la Croix est emporté maintes fois dans les hauteurs divines où il entend ces paroles mystérieuses qu'une bouche humaine ne saurait dire ; il assiste au triomphe de ce Fils de l'homme qui, après avoir vécu de la vie mortelle et passé par la mort, vit aujourd'hui dans les siècles des siècles ; il voit sur le trône de Dieu l'Agneau immolé, devenu le foyer des splendeurs des cieux ; et de cette vue sublime des célestes réalités il rapporte sur terre l'enthousiasme divin, l'enivrement d'amour qui, au milieu des plus effrayantes austérités, donne à toute sa personne un charme incomparable. "Ne craignez pas, dit-il à ses enfants terrifiés par les attaques furieuses des démons ; n'ayez pas peur, et dites bien haut : Alleluia ! Le diable a peur de l’Alleluia ; c'est une parole venue du Paradis".

  

 Au spectacle de la nature renaissant avec son Seigneur en ces jours du printemps, au chant harmonieux des oiseaux célébrant sa victoire, à la vue des fleurs naissant sous les pas du divin Ressuscité, il n'y tient plus ; suffoquant de poésie et d'amour, et ne pouvant modérer ses transports, il gourmande les fleurs, il les touche de son bâton, en disant : "Taisez-vous ! Taisez-vous !" — "A qui appartiennent ces campagnes ? dit-il un jour à son compagnon de route... A qui appartiennent ces campagnes ? vous dis-je. Ah ! vous ne comprenez pas ?... Elles appartiennent à notre grand Dieu !" Et, transporté d'amour, raconte son biographe, il vole en l'air jusqu'à une certaine distance. "Mes frères, aimez Dieu ! répète-t-il à tous ceux qu'il rencontre, aimez Dieu qui mérite tant d'être aimé ! N'entendez-vous pas les feuilles mêmes des arbres qui vous disent d'aimer Dieu ? ô amour de Dieu ! ô amour de Dieu !"

  

 Nous nous laissons aller aux charmes d'une sainteté si suave et si forte à la fois ; attrait divin que n'inspirèrent jamais les disciples d'une spiritualité faussée, trop en vogue dans le dernier siècle auprès des meilleurs. Sous prétexte de dompter la nature mauvaise et d'éviter des écarts possibles, on vit les nouveaux docteurs, alliés inconscients du jansénisme, enserrer l'âme dans les liens d'une régularité contrainte, abattre son essor, la discipliner, la refaire à leur façon dans un moule uniforme, et, par des règles savamment déduites, déterminer avec précision les contours de la sphère où tous enfin marcheraient d'un pas égal, et, sous une direction logique, atteindraient sûrement la perfection de la sainteté. Mais c'est le divin Esprit, l'Esprit de sainteté qui seul fait les Saints, et cet Esprit d'amour est libre par essence. Il s'accommode peu du moule et des méthodes humaines : il souffle où il veut et quand il veut ; mais on ne sait d'où il vient, ni où il va. Ainsi en est-il de celui qui est né de l'Esprit, nous dit le Seigneur. L'Esprit a élu Paul dès sa première enfance ; il le saisit dans toute l'expansion de sa riche nature, ne détruit rien, sanctifie tout, et par la grâce décuplant son essor, il le produit sur les modèles antiques, toujours ardent, toujours aimable, et saint plus que personne, en face des chétifs produits d'une école dont les procédés corrects ont pour résultat le plus ordinaire d'user péniblement l'âme sur elle-même, dans les stériles efforts d'une ascèse impuissante.

 

 Mais l'espace nous manque pour développer ces considérations, et nous ne devons donner ici que le récit abrégé consacré par l'Eglise à Paul de la Croix dans sa Liturgie : Paul de la Croix, originaire d'une noble famille de Castellazzo, près Alexandrie, naquit à Ovada en Ligurie. On put présager quelle serait sa sainteté, à la splendeur merveilleuse qui remplit la chambre de sa mère dans la nuit de sa naissance, et à la protection insigne de l'auguste Reine du ciel qui l'arracha dans son enfance aux eaux d'un fleuve où il allait s'engloutir. Dès les premières lueurs de sa raison, embrasé d'amour pour Jésus-Christ crucifié, il s'adonna à la contemplation de ce mystère, matant sa chair innocente par les veilles, les disciplines, les jeûnes, les traitements les plus durs, et, le vendredi, mélangeant sa boisson de fiel et de vinaigre. N'aspirant qu'au martyre, il s'enrôla dans l'armée qui s'assemblait à Venise contre les Turcs ; mais, ayant connu la volonté de Dieu dans la prière, il laissa les armes pour entreprendre une milice plus excellente qui eût pour but de défendre l'Eglise et de procurer par tous les moyens le salut des âmes. De retour dans sa patrie, il refusa une alliance honorable et l'héritage d'un oncle, et s'élançant dans la voie la plus étroite, il voulut être revêtu par son évêque d'une tunique grossière. Quoiqu'il ne fut pas clerc encore, celui-ci, considérant l'éminente sainteté de sa vie et sa science des choses divines, le chargea, au grand profit des âmes, de cultiver le champ du Seigneur par la prédication de la divine parole.

 

 Il se rendit à Rome où,  après s'être pénétré de la science théologique, il reçut par obéissance l'ordination sacerdotale des mains du Souverain Pontife Benoît XIII. Ayant obtenu du même Pontife la permission de réunir des compagnons, il se retira dans la solitude du mont Argentaro où l'avait appelé depuis longtemps la Bienheureuse Vierge, en lui montrant un vêtement de couleur noire, orné des insignes de la Passion de son fils ; ce fut là qu'il jeta les fondements de la nouvelle Congrégation. Après de nombreuses fatigues, il la vit bientôt se recruter de sujets d'élite et prendre avec la bénédiction divine de grands accroissements ; elle fut confirmée plus d'une fois par le Siège Apostolique, avec les Règles qu'il avait reçues de Dieu dans la prière, et le quatrième vœu de propager le souvenir béni de la Passion du Seigneur. Il fonda aussi des Religieuses consacrées à méditer l'excès d'amour de l'Epoux divin. Au milieu de ces soins, un zèle insatiable des âmes l'empêchait d'interrompre jamais le cours de ses prédications ; des multitudes presque innombrables, des âmes perdues ou tombées dans l'hérésie furent amenées par lui dans la voie du salut. C'était surtout dans le récit de la Passion que la force merveilleuse de sa parole, noyée dans ses larmes et arrachant aussi les pleurs des assistants, brisait les cœurs endurcis des pécheurs.

 

La flamme d'amour divin qu'il nourrissait dans sa poitrine était telle que la partie de son vêtement la plus voisine du cœur parut souvent comme brûlée par le feu, et que deux de ses côtes se soulevèrent. Il ne pouvait arrêter ses larmes, surtout à l'autel ; on le voyait dans de fréquentes extases, le corps parfois merveilleusement élevé de terre, et le visage rayonnant d'une lumière surnaturelle. Plus d'une fois dans ses prédications, on entendit une voix du ciel lui suggérer les paroles, ou son discours retentir comme un tonnerre à plusieurs milles. Il fut illustré du don des langues, de prophétie, de pénétration des cœurs ; il eut puissance sur les démons, les maladies, les éléments. Chéri et vénéré des Papes eux-mêmes, il se regardait comme un serviteur inutile, le dernier des pécheurs, digne d'être foulé aux pieds par les démons. Enfin ayant fidèlement gardé jusqu'à une longue vieillesse l'austérité la plus grande, il fit à ses enfants d'admirables exhortations comme pour leur transmettre son esprit en héritage, reçut les sacrements de l’Eglise, et, réconforté par une vision céleste, il passa de la terre au ciel, à Rome, l'an mil sept cent soixante-quinze, au jour qu'il avait prédit. Le Souverain Pontife Pie IX l'inscrivit au nombre des Bienheureux, et, par suite de nouveaux miracles, au nombre des Saints.

 

 

Vous n'avez eu qu'une pensée, ô Paul : retiré dans les trous de la pierre, qui sont les plaies sacrées du Sauveur, vous eussiez voulu amener tous les hommes à ces sources divines où s'abreuve le vrai peuple élu dans le désert de la vie. Heureux ceux qui purent entendre votre parole toujours victorieuse, et la mettant à profit, se sauver par la Croix du milieu d'une génération perverse ! Mais en dépit de votre zèle d'apôtre, elle ne pouvait, cette parole, retentir à la fois sur tous les rivages ; et là où vous n'étiez pas, le mal débordait sur le monde. Préparé de longue main par la fausse science et la fausse piété, la défiance contre Rome et la corruption des grands, le siècle où devait sombrer la vieille société chrétienne s'abandonnait aux docteurs de mensonge, et avançait toujours plus vers son terme fatal. Votre œil, éclairé d'en haut, pénétrait l'avenir et voyait le gouffre où, pris de vertige, peuples et rois s'abîmaient ensemble. Battu par la tempête, le successeur de Pierre, le pilote du monde, impuissant à prévenir l'orage, cherchait par quels efforts, au prix de quel sacrifice il contiendrait au moins un temps les flots déchaînés. Ô vous, l'ami des Pontifes et leur soutien dans ces tristes jours, et confident des amertumes du Christ en son vicaire, de quelles angoisses suprêmes votre cœur n'eut-il pas le mortel secret ? Et quelles n'étaient pas vos pensées, en léguant, près de mourir, l'image vénérée de la Vierge des douleurs à celui des Pontifes qui devait boire jusqu'à la lie le calice d'amertume et mourir captif dans une terre étrangère ? Vous promîtes alors de reporter sur l'Eglise, du haut du ciel, cette compassion tendre et effective qui vous identifiait sur la terre à son Epoux souffrant.

 

Tenez votre promesse, ô Paul de la Croix ! En ce siècle de désagrégation sociale, qui n'a pas su réparer les crimes du précédent, ni s'instruire aux leçons du malheur, voyez l'Eglise opprimée de toutes parts, la force aux mains des persécuteurs, le vicaire du Christ prisonnier dans son palais, vivant d'aumônes. L'Epouse n'a d'autre lit que la croix de l'Epoux ; elle vit du souvenir de ses souffrances. L'Esprit-Saint qui la garde et la prépare à l'appel suprême, vous a suscité, ô Paul, pour raviver sans cesse désormais ce souvenir qui doit la fortifier dans les angoisses des derniers jours.

 

Vos enfants continuent votre œuvre ici-bas ; répandus par le monde, ils gardent fidèlement l'esprit de leur père. Ils ont pris pied sur le sol d'Angleterre où les voyait d'avance votre esprit prophétique ; et ce royaume pour lequel vous avez tant prié se dégage peu à peu, sous leur douce influence, des liens du schisme et de l'hérésie. Bénissez leur apostolat ; qu'ils croissent et se multiplient dans la proportion toujours croissante des besoins de ces temps malheureux ; que jamais leur zèle ne fasse défaut à l'Eglise, la sainteté de leur vie à la gloire de leur père.

 

Pour vous, ô Paul, fidèle au divin Crucifié dans ses abaissements, vous l'avez trouvé fidèle aussi dans sa Résurrection triomphante ; caché dans les enfoncements du rocher mystérieux au temps de son obscurité volontaire, quelle splendeur est la vôtre, aujourd'hui que du sommet des collines éternelles, cette pierre divine, qui est le Christ, illumine de ses rayons vainqueurs la terre entière et l'étendue des deux !

 

Eclairez-nous, protégez-nous du sein de cette gloire. Nous rendons grâces à Dieu pour vos triomphes. Faites en retour que nous aussi soyons fidèles à l'étendard de la Croix, afin de resplendir comme vous dans sa lumière, quand paraîtra au ciel ce signe du Fils de l'homme, au jour où il viendra juger les nations.

 

Apôtre de la Croix, initiez-nous en ces jours au mystère de la Pâque si intimement uni au mystère sanglant du Calvaire: celui-là seul comprend la victoire qui fut au combat ; seul il partage le triomphe.

 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

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