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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


la vidéo sur KTO


Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

Archives

    

 

SALVE REGINA

18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 05:00

" Nous sommes heureux !" a déclaré Benoît XVI, avec une grande simplicité à l'issue de la prière de l'Angélus, en présence de plusieurs milliers de pèlerins rassemblés Place Saint-Pierre, après avoir rappelé qu'il présiderait la béatification de Jean-Paul II le 1er mai prochain.

 

" Chers frères et soeurs, comme vous le savez, le 1er mai prochain j'aurai la joie de proclamer bienheureux le vénérable pape Jean-Paul II, mon bien-aimé prédécesseur", a-t-il dit.

 

" La date choisie est très significative : ce sera en effet le deuxième dimanche de Pâques, qu'il a lui-même dédié à la Divine Miséricorde, et c'est lors de la vigile du Dimanche de la Miséricorde qu'a pris fin sa vie terrestre", a-t-il ajouté.

 

" Ceux qui l'ont connu, ceux qui l'ont estimé et aimé ne pourront pas ne pas se réjouir avec l'Eglise pour cet événement. Nous sommes heureux !" a conclu Benoît XVI.

 

ROME, Dimanche 16 janvier 2011 (ZENIT.org)

 

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 05:00

Qu’aujourd'hui, l'Orient et l'Occident s'unissent pour célébrer le Patriarche des Cénobites, le grand Antoine.

 

Avant lui, la profession monastique existait déjà, comme le démontrent d'irrécusables monuments ; mais il apparaît comme le premier des Abbés, parce que le premier il a établi sous une forme permanente les familles de moines, livrés au service de Dieu, sous la houlette d'un pasteur.

 

D'abord hôte sublime de la solitude, et fameux par ses combats avec les démons, il a laissé se réunir autour de lui les disciples que ses œuvres merveilleuses et l'attrait de la perfection lui avaient conquis. L'âge des Martyrs touche à sa fin ; la persécution de Dioclétien sera la dernière ; il est temps pour la Providence, qui veille sur l'Eglise, d'inaugurer une milice nouvelle. Il est temps que le caractère du moine se révèle publiquement dans la société chrétienne ; les Ascètes, même consacrés, ne suffisent plus. Les monastères vont s'élever de toutes parts, dans les solitudes et jusque dans les cités, et les fidèles auront désormais sous les yeux, comme un encouragement à garder les préceptes du Christ, la pratique fervente et littérale de ses conseils. Les traditions apostoliques de la prière continuelle et de la pénitence ne s'éteindront pas, la doctrine sacrée sera cultivée avec amour, et l'Eglise ne tardera pas à aller chercher, dans ces citadelles spirituelles, ses plus vaillants défenseurs, ses plus saints Pontifes, ses plus généreux Apôtres.

 

Car l'exemple d'Antoine inspirera les siècles à venir ; on se souviendra à jamais que les charmes de la solitude et les douceurs de la contemplation ne surent le retenir au désert, et qu'il apparut tout à coup dans les rues d'Alexandrie, au fort de la persécution païenne, pour conforter les chrétiens dans le martyre. On n'oubliera pas non plus que, dans cette autre lutte plus terrible encore, aux jours affreux de l'Arianisme, il reparut dans la grande cité, pour y prêcher le Verbe consubstantiel au Père, pour y confesser la foi de Nicée, et pour soutenir le courage des orthodoxes. Qui pourrait jamais ignorer les liens qui unissaient Antoine au grand Athanase, ou ne pas se rappeler que cet illustre champion du Fils de Dieu visitait cet autre Patriarche, au fond de son désert, qu'il procurait de tous ses moyens l'avancement de l'œuvre monastique, qu'il plaçait dans la fidélité des moines l'espoir du salut de l'Eglise, et qu'il voulut écrire lui-même la vie sublime de son ami ?

 

C'est dans cet admirable récit qu'on apprend à connaître Antoine ; c'est là que se révèlent la grandeur et la simplicité de cet homme qui fut toujours si près de Dieu. Agé de dix-huit ans, déjà héritier d'une fortune considérable, il entend lire à l'église un passage de l'Evangile où notre Seigneur conseille à celui qui veut tendre à la vie parfaite de se désapproprier de tous les biens terrestres. Il ne lui en faut pas davantage ; aussitôt il se dessaisit de tout ce qu'il possède, et se fait pauvre volontaire pour toute sa vie.

 

L'Esprit-Saint le pousse alors vers la solitude, où les puissances infernales ont dressé toutes leurs batteries pour faire reculer le soldat de Dieu ; on dirait que Satan a compris que le Seigneur a résolu de se bâtir une cité au désert, et qu'Antoine est envoyé pour en dresser les plans. Alors commence une lutte corps à corps avec les esprits de malice, et le jeune Egyptien demeure vainqueur à force de souffrances. Il a conquis cette nouvelle arène dans laquelle se consommera la victoire du christianisme sur le Prince du monde.

 

Après vingt ans de combats qui l'ont aguerri, son âme s'est fixée en Dieu ; et c'est alors qu'il est révélé au monde. Malgré ses efforts pour demeurer caché , il lui faut répondre aux hommes qui viennent le consulter et demander ses prières ; des disciples se groupent autour de lui, et il devient le premier des Abbés. Ses leçons sur la perfection chrétienne sont reçues avec avidité ; son enseignement est aussi simple que profond, et il ne descend des hauteurs de sa contemplation que pour encourager les âmes. Si ses disciples lui demandent quelle est la vertu la plus propre à déjouer les embûches des démons, et à conduire sûrement l'âme à la perfection, il répond que cette vertu principale est la discrétion.

 

Les chrétiens de toute condition accourent pour contempler cet anachorète dont la sainteté et les miracles font bruit dans tout l'Orient. Ils s'attendent aux émotions d'un spectacle, et ils ne voient qu'un homme d'un abord aisé , d'une humeur douce et agréable. La sérénité de ses traits reflète celle de son âme. Il ne témoigne ni inquiétude de se voir environné de la foule, ni vaine complaisance des marques d'estime et de respect qu'on lui prodigue ; car son âme, dont toutes les passions sont soumises, est devenue l'habitation de Dieu.

 

 Il n'est pas jusqu'aux philosophes qui veulent explorer la merveille du désert. Les voyant venir, Antoine leur adresse le premier la parole : "Pourquoi donc, ô philosophes, leur dit-il, avez-vous pris tant de peines pour venir visiter un insensé ?" Déconcertés d'un tel accueil, ces hommes lui répondirent qu'ils ne le croyaient pas tel, mais qu'ils étaient au contraire persuadés de sa haute sagesse. "A ce compte, reprit Antoine, si vous me croyez sage, imitez ma sagesse". Saint Athanase ne nous apprend pas si la conversion fut le résultat de leur visite. Mais il en vint d'autres qui osèrent attaquer, au nom de la raison, le mystère d'un Dieu incarné et crucifié. Antoine sourit en les entendant débiter leurs sophismes et finit par leur dire : "Puisque vous êtes si bien établis sur la dialectique, répondez-moi, je vous prie : A quoi doit-on plutôt croire quand il s'agit de la connaissance de Dieu, ou à l'action efficace de la foi, ou aux arguments de la raison ?" — "A l'action efficace de la foi", répondirent-ils. — "Eh bien ! reprit Antoine, pour vous montrer la puissance de notre foi, voici des possédés du démon, guérissez-les avec vos syllogismes ; ou si vous ne le pouvez, et que j'y parvienne par l'opération de la foi, et au nom de Jésus-Christ, avouez l'impuissance de vos raisonnements, et rendez gloire à la croix que vous avez osé mépriser". Antoine fit trois fois le signe de la croix sur ces possédés, et invoqua le nom de Jésus sur eux : aussitôt ils furent délivrés.

 

Les philosophes étaient dans la stupeur et gardaient le silence. "N'allez pas croire, leur dit le saint Abbé, que c'est par ma propre vertu que j'ai délivré ces possédés; c'est uniquement par celle de Jésus-Christ. Croyez aussi en lui, et vous éprouverez que ce n'est pas la philosophie, mais une foi simple et sincère qui fait opérer les miracles". On ignore si ces hommes finirent par embrasser le christianisme ; mais l'illustre biographe nous apprend qu'ils se retirèrent remplis d'estime et d'admiration pour Antoine, et avouèrent que leur visite au désert n'avait pas été pour eux sans utilité.

 

Cependant le nom d'Antoine devenait de plus en plus célèbre et parvenait jusqu'à la cour impériale. Constantin et les deux princes ses fils lui écrivirent comme à un père, implorant de lui la faveur d'une réponse. Le saint s'en défendit d'abord ; mais ses disciples lui ayant représenté que les empereurs après tout étaient chrétiens, et qu'ils pourraient se tenir offensés de son silence, il leur écrivit qu'il était heureux d'apprendre qu'ils adoraient Jésus-Christ, et les exhorta de ne pas faire tant d'état de leur pouvoir, qu'ils en vinssent à oublier qu'ils étaient hommes. Il leur recommanda d'être cléments, de rendre une exacte justice, d'assister les pauvres et de se souvenir toujours que Jésus-Christ est le seul roi véritable et éternel.

 

Ainsi écrivait cet homme qui était né sous la persécution de Décius, et qui avait bravé celle de Dioclétien : entendre parler de Césars chrétiens, lui était une chose nouvelle. Il disait au sujet des lettres de la cour de Constantinople : "Les rois de la terre nous ont écrit ; mais qu'est-ce que cela doit être pour un chrétien ? Si leur dignité les élève au-dessus des autres, la naissance et la mort ne les rendent-elles pas égaux à tous ? Ce qui doit nous émouvoir bien davantage et enflammer notre amour pour Dieu, c'est la pensée que ce Maître souverain a non seulement daigné écrire une loi pour les hommes, mais qu'il leur a aussi parlé par son propre Fils."

 

Cependant, cette publicité donnée à sa vie fatiguait Antoine, et il lui tardait d'aller se replonger dans le désert, et de se retrouver face à face avec Dieu. Ses disciples étaient formés, sa parole et ses œuvres les avaient instruits ; il les quitta secrètement, et ayant marché trois jours et trois nuits, il arriva au mont Colzim, où il reconnut la demeure que Dieu lui avait destinée. Saint Jérôme fait, dans la Vie de saint Hilarion, la description de cette solitude. "Le roc, dit-il, s'élève à la hauteur de mille pas : de sa base s'échappent des eaux dont le sable boit une partie ; le reste descend en ruisseau, et son cours est bordé d'un grand nombre de palmiers qui en font une oasis aussi commode qu'agréable à l'œil". Une étroite anfractuosité de la roche servait d'abri à l'homme de Dieu contre les injures de l'air.

 

 L'amour de ses disciples le poursuivit, et le découvrit encore dans cette retraite lointaine ; ils venaient souvent le visiter et lui apporter du pain. Voulant leur épargner cette fatigue, Antoine les pria de lui procurer une bêche, une cognée et un peu de blé, dont il sema un petit terrain. Saint Hilarion, qui visita ces lieux après la mort du grand patriarche, était accompagné des disciples d'Antoine qui lui disaient avec attendrissement : "Ici, il chantait les psaumes ; là, il s'entretenait avec Dieu dans l'oraison ; ici, il se livrait au travail ; là, il prenait du repos, lorsqu'il se sentait fatigué ; lui-même a planté cette vigne et ces arbustes, lui-même a disposé cette aire, lui-même a creusé ce réservoir avec beaucoup de peines pour l'arrosement du jardin". Ils racontèrent au saint, en lui montrant ce jardin, qu'un jour des ânes sauvages étant venus boire au réservoir, se mirent à ravager les plantations. Antoine commanda au premier de s'arrêter, et lui donnant doucement de son bâton dans le flanc, il lui dit : "Pourquoi manges-tu ce que tu n'as pas semé ?" Ces animaux s'arrêtèrent soudain, et depuis ils ne firent plus aucun dégât.

 

Nous nous laissons aller au charme de ces récits ; il faudrait un volume entier pour les compléter. De temps en temps, Antoine descendait de sa montagne, et venait encourager ses disciples dans les diverses stations qu'ils avaient au désert. Une fois même il alla visiter sa sœur dans un monastère de vierges, où il l'avait placée, avant de quitter lui-même le monde. Enfin, étant parvenu à sa cent cinquième année, il voulut voir encore les moines qui habitaient la première montagne de la chaîne de Colzim, et leur annonça son prochain départ pour la patrie. A peine de retour à son ermitage, il appela les deux disciples qui le servaient depuis quinze ans, à cause de l'affaiblissement de ses forces, et il leur dit :

" Mes fils bien-aimés, voici l'heure où, selon le langage de la sainte Ecriture, je vais entrer dans la voie de mes pères. Je vois que le Seigneur m'appelle, et mon cœur brûle du désir de s'unir à lui dans le ciel. Mais vous, mes fils, les entrailles de mon âme, n'allez pas perdre, par un relâchement désastreux, le fruit du travail auquel vous vous êtes appliqués depuis tant d'années. Représentez-vous chaque jour à vous-mêmes que vous ne faites que d'entrer au service de Dieu et d'en pratiquer les exercices : par ce moyen, votre bonne volonté sera plus énergique, et ira toujours croissant. Vous savez quelles embûches nous tendent les démons. Vous avez été témoins de leurs fureurs, et aussi de leur faiblesse. Attachez-vous inviolablement à l'amour de Jésus-Christ ; confiez-vous à lui entièrement, et vous triompherez de la malice de ces esprits pervers. N'oubliez jamais les divers enseignements que je vous ai donnés ; mais je vous recommande surtout de penser que chaque jour vous pouvez mourir."

 

Il leur rappela ensuite l'obligation de n'avoir aucun commerce avec les hérétiques, et demanda que son corps fût enseveli dans un lieu secret, dont eux seuls auraient connaissance. "Quant aux habits que je laisse, ajouta-t-il, en voici la destination : vous donnerez à l'évêque Athanase une de mes tuniques, avec le manteau qu'il m'avait apporté neuf, et que je lui rends usé". C'était un second manteau que le grand docteur avait donné à Antoine, celui-ci ayant disposé du premier pour ensevelir le corps de l'ermite Paul. "Vous donnerez, reprit le saint, l'autre tunique à l'évêque Sérapion, et vous garderez pour vous mon cilice". Puis, sentant que le dernier moment était arrivé, il se tourna vers les deux disciples : "Adieu, leur dit-il, mes fils bien-aimés ; votre Antoine s'en va, il n'est plus avec vous."

 

C'est avec cette simplicité et cette grandeur que la vie monastique s'inaugurait dans les déserts de l'Egypte, pour rayonner de là dans l'Eglise entière ; mais à qui ferons-nous hommage de la gloire d'une telle institution, à laquelle seront désormais attachées les destinées de l'Eglise, toujours forte quand l'élément monastique triomphe, toujours affaiblie quand il est en décadence ? Qui inspira à Antoine et à ses disciples l'amour de cette vie cachée et pauvre, mais en même temps si féconde, sinon, encore une fois, le mystère des abaissements du Fils de Dieu ?

 

Que tout l'honneur en revienne donc à notre Emmanuel, anéanti sous les langes, et cependant tout rempli de la force de Dieu.

 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

Saint Antoine par Carracci

 

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13 janvier 2011 4 13 /01 /janvier /2011 05:00

À Milan, en 1497, la bienheureuse Véronique Negroni de Binasco, vierge, qui, entrée au monastère de Sainte Marthe, sous la Règle de saint Augustin, s’éleva jusqu’à la plus haute contemplation. 
Martyrologe romain sur Nominis

 

Véronique naquit dans un village peu éloigné de Milan. Ses parents, d'une condition vile aux yeux du monde, étaient entièrement dépourvus des biens de la fortune ; ils n'avaient que le travail de leurs mains pour faire subsister leur famille. Mais s'ils n'étaient pas riches, ils avaient en récompense la crainte de Dieu, qui est infiniment préférable à toutes les richesses. Les lois de la probité la plus exacte furent toujours la règle invariable de leur conduite, et ils portaient si loin l'horreur de la fraude, que quand le père de la sainte avait quelque chose à vendre, il en découvrait ingénument les défauts, afin de ne tromper personne.

 

La pauvreté dans laquelle ils vivaient ne leur permettant pas d'envoyer leur fille aux écoles, Véronique n'apprit point à lire ; cela ne l'empêcha pas de connaître et de servir Dieu, pour ainsi dire, dès le berceau. Elle avait continuellement sous les yeux des exemples domestiques qui gravèrent dans son cœur l'amour de la vertu. L'exercice de la prière était le plus cher objet de ses délices ; elle écoutait attentivement les instructions familières que l'on a coutume de faire aux enfants, et le Saint-Esprit lui en donnait l'intelligence. Les lumières intérieures que la grâce lui communiquait la mirent en état de méditer presque sans cesse les mystères et les principales vérités de notre sainte religion : c'était ainsi que son âme, nourrie d'une manne toute céleste, acquérait de jour en jour de nouvelles forces.

 

Les devoirs de la piété ne prenaient rien sur ceux de son état. Elle travaillait avec une ardeur infatigable, et obéissait à ses parents et à ses maîtres jusque dans les plus petites choses. Elle prévenait ses compagnes par mille manières obligeantes, et se regardait comme la dernière d'entre elles : sa soumission à leur égard était si entière, qu'on eût dit qu'elle n'avait point de volonté propre.

 

 Son recueillement avait quelque chose d'extraordinaire. Sa conversation était toujours dans le ciel, même au milieu des occupations extérieures ; elle ne remarquait rien de tout ce qui se passait parmi ceux qui travaillaient avec elle : était-on dans les champs, elle allait travailler à l'écart, afin d'être moins distraite, et de s'entretenir plus librement avec son divin époux. Cet amour de la solitude, qui faisait l'admiration de ceux qui en étaient les témoins, n'avait pourtant rien de sombre ni d'austère. Véronique n'avait pas plutôt rejoint sa compagnie, qu'une douce sérénité se répandait sur son visage ; ses yeux paraissaient souvent baignés de larmes, mais on n'en savait pas la cause, parce que la sainte cachait soigneusement ce qui se passait entre Dieu et elle.

 

 Cependant Véronique sentait un vif attrait pour la vie religieuse ; persuadée que Dieu l'appelait à cet état, elle prit la résolution d'entrer chez les Augustines de Sainte-Marthe de Milan, où l'on suivait une règle fort austère. Malheureusement elle ne savait ni lire ni écrire ; elle ne perdit pas pour cela courage. Comme elle était tous les jours occupée au travail, elle prenait sur la nuit pour apprendre à lire et à écrire, et elle y réussit sans le secours d'aucun maître. Qu'on imagine les difficultés qu'elle eut à surmonter. Un jour que la lenteur de ses progrès l'avait jetée dans une grande inquiétude, la Sainte Vierge, qu'elle avait toujours honorée avec une dévotion particulière, la consola dans une vision : "Bannissez cette inquiétude, lui dit-elle, il suffit que vous connaissiez trois lettres : la première, est cette pureté de cœur qui consiste à aimer Dieu par-dessus tout, et à n'aimer les créatures qu'en lui et pour lui ; la seconde est de ne murmurer jamais, et de ne point s'impatienter à la vue des défauts du prochain, mais de le supporter avec patience, et de prier pour lui ; la troisième est d'avoir chaque jour un temps marqué pour méditer sur la Passion de Jésus-Christ."

 

 Enfin, après une préparation de trois ans, notre sainte fut reçue dans le monastère de Sainte-Marthe. Elle s'y distingua bientôt par sa ferveur dans tous les exercices, et par son exactitude à observer tous les points de la règle. Sa fidélité embrassait les plus petites choses comme ïes plus importantes ; la volonté de ses supérieures était l'unique mobile de sa conduite. S'il lui arrivait de ne pas obtenir la permission de veiller dans l'église aussi longtemps qu'elle l'eût désiré, elle se soumettait humblement, dans la persuasion que l'obéissance est le plus agréable sacrifice que l'on puisse offrir à Dieu, puisque Jésus-Christ s'est rendu obéissant jusqu'à la mort pour accomplir la volonté de son Père.

 

Dieu permit que sa servante fut éprouvée par une maladie de langueur qui dura trois ans ; mais elle n'en fut pas moins exacte à l'observation de sa règle. On avait beau lui recommander d'avoir égard à sa mauvaise santé, elle répondait toujours : "Il faut que je travaille pendant que je le peux, et que j'en ai le temps". Elle n'avait jamais plus de plaisir que quand elle pouvait servir les autres et exercer les plus bas emplois ; elle ne voulait pour toute nourriture que du pain et de l'eau. On jugeait par son silence de la grandeur de son recueillement ; son cœur était continuellement à Dieu par la prière, et la vivacité de sa componction allait si loin, que ses larmes ne tarissaient presque jamais. Ce don des larmes et cet esprit d'oraison, elle les entretenait par des méditations fréquentes sur ses propres misères, sur l'amour de Dieu, sur la passion du Sauveur et sur les chastes délices du Paradis.

 

Quoique sa vie eût toujours été très pure et très innocente, elle la regardait pourtant comme fort criminelle, et elle n'en parlait qu'avec des sentiments de douleur et de pénitence. Ses discours avaient tant d'onction, que les pécheurs les plus endurcis en étaient vivement touchés. Tant de vertus réunie ne pouvaient manquer d'attirer sur Véronique les plus abondantes bénédictions du ciel. Elle mourut en 1497 à l'heure qu'elle l'avait prédit, étant âgée de cinquante-deux ans.

 

Sa sainteté fut aussitôt confirmée par plusieurs miracles. Le pape Léon X, après les informations nécessaires, donna une bulle par laquelle il permettait aux religieuses de Sainte-Marthe d'honorer Véronique avec le titre de Bienheureuse. Son nom a été inséré parmi ceux des saints de ce jour dans le Martyrologe romain que Benoît XIV publia en 1749.

 

Vie des Pères, Martyrs, et autres Saints, à l'usage des Séminaires et du Clergé, Paris, 1836  

 

 

Véronique de Milan par Navez (photo de l'article de La Tribune de l'Art)

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12 janvier 2011 3 12 /01 /janvier /2011 05:00

Au monastère de Rievaulx, en Northumbrie, en 1166, saint Aelred, abbé. Élevé à la cour du roi d’Écosse, il entra dans l’Ordre de Cîteaux et, maître éminent de la vie monastique, promut avec insistance et suavité, par son action et par ses écrits, la vie spirituelle et l’amitié en Christ.

Martyrologe romain sur nominis

  

Du sein du Père, le Très-Haut, Notre Seigneur est descendu pour venir jusqu’à nous. S’il est venu jusqu’à nous, c’est qu’il est devenu homme au milieu de nous. Et du moment qu’il est homme, il est fils de Marie. Si donc, frères, nous voulons monter là d’où il est descendu jusqu’à nous, c’est-à-dire jusqu’au Père, le Très-Haut, commençons ici-bas à monter. Où ? Par le fils de Marie, c’est-à-dire par l’humanité du Christ, montons jusqu’à sa divinité. Car lui-même est la voie, ainsi qu’il l’a dit lui-même. Sans emprunter ce chemin, personne ne peut parvenir jusqu’au Père, le Très-Haut.  

Ælred de Rievaulx

Sermons, Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie, 24, 7-8

Abbaye de La Trappe




Madonna of Mercy

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11 janvier 2011 2 11 /01 /janvier /2011 05:00

On ignore s'il était d'origine allemande ou italienne. Il passa pour être l'un des hommes les plus savants de son époque, écrivant aussi bien en prose qu'en vers. Alcuin le considérait comme son maître et l'empereur Charlemagne l'appela à sa cour pour en faire l'un de ses conseillers en matière religieuse. C'est lui qui le fit nommer évêque d'Aquilée, dans le Frioul italien.

 

Selon ses contemporains, il fut "la lumière de la chrétienté" sans pour autant négliger le soin de son propre diocèse. Il fut l'un des grands défenseurs du "Filioque" ajouté dans le texte latin du Concile de Nicée. Il évangélisa les Avars et les Slovènes. Martyrologe romain sur nominis


Il est l'auteur de Ubi caritas et amor, Deus ibis est : où sont amour et charité, Dieu est présent

 

Onde o Amor e a Caridade, Deus aí está

Cathédrale de Petrópolis au Brésil, le 15 août 2008, Meninas Cantoras de Petrópolis.
La cathédrale Saint-Pierre de Alcântara (catedral de São Pedro de Alcântara) se situe dans la ville de Petrópolis, dans une région montagneuse de l'État de Rio de Janeiro au Brésil. La cathédrale est consacrée à Saint-Pierre de Alcântara, saint-patron de la ville et de la monarchie brésilienne. Cathédrale de Petrópolis 

  

Onde o Amor e a Caridade, Deus aí está.

Congregou-nos num só corpo
O amor de Cristo
Exultemos, pois, e n'Ele jubilemos
Ao Deus vivo, nós temamos mas amemos
E sinceros uns aos outros, nos queiramos

 

Onde o Amor e a Caridade, Deus aí está.

Congregou-nos num só corpo
O amor de Cristo
Exultemos, pois, e n'Ele jubilemos
Ao Deus vivo, nós temamos mas amemos
E sinceros uns aos outros, nos queiramos

 

Onde o Amor e a Caridade, Deus aí está.

Todos juntos num só corpo congregados
Pela mente não sejamos separados
Cessem lutas, cessem rixas, dissenções
Mas esteja em nosso meio
Cristo Deus.

 

Onde o Amor e a Caridade, Deus aí está.

Todos juntos num só corpo congregados
Pela mente não sejamos separados
Cessem lutas, cessem rixas, dissenções
Mas esteja em nosso meio
Cristo Deus.

 

Onde o Amor e a Caridade, Deus aí está. 

 

*

Où sont amour et charité, Dieu est présent.

C'est l'amour du Christ qui nous a rassemblés dans l'unité.


Réjouissons-nous, et en lui trouvons notre joie.
Respectons et aimons le Dieu vivant,
et d'un coeur sincère aimons-nous !

 

Donc, alors que nous sommes réunis ensemble,
évitons ce qui pourrait diviser nos esprits.
Que cessent les mauvaises querelles, que cessent les litiges !


Et qu'au milieu de nous soit le Christ notre Dieu.

Et aussi qu'ensemble, avec les bienheureux, nous puissons voir,
dans la gloire, votre visage, ô Christ notre Dieu :
joie qui est immense et pure
dans l'infinité des siècles des siècles.

Amen.


*

Ubi caritas et amor, Deus ibi est.

Congregavit nos in unum Christi amor,
exultemus, et in ipso iucundemur !


Timeamus et amemus Deum vivum
Et ex corde diligamus nos sincero.

Simul ergo cum in unum congregamur
ne nos mente dividamur caveamus ;
cessent iurgia maligna, cessent lites
et in medio nostri sit Christus Deus.

 

Simul quoque cum beatis videamus
glorianter vultum tuum, Christe Deus ;
gaudium, quod est immensum, atque probum,
sæcula per infinita sæculorum.

 

Amen

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10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 06:00

Léonie Aviat naît à Sézanne, en Champagne, le 16 septembre 1844. Elle fait ses études à la Visitation de Troyes, où la Supérieure du monastère, Mère Marie de Sales Chappuis, et l'aumônier, l'Abbé Louis Brisson, exercent sur elle une influence décisive. Formée à l'école de saint François de Sales, elle se prépare, à son insu, à sa mission future : la fondation d'une Congrégation de spiritualité salésienne, dédiée à l'évangélisation de la jeunesse ouvrière.

 

Le 18 avril 1866, Léonie entre à l'Œuvre Saint-François de Sales, avec une de ses anciennes compagnes de la Visitation, Lucie Canuet. Le 30 octobre 1868, la jeune fondatrice revêt l'habit religieux et reçoit le nom de Sœur Françoise de Sales. Ce nom est un programme, ainsi qu'elle l'exprime, en forme de prière, dans ses notes intimes : "Saint François de Sales, vous m'avez choisie pour être à la tête de cette petite troupe, donnez-moi votre esprit, votre cœur. Faites-moi part de votre union à Dieu et de cet esprit intérieur qui sait tout faire avec lui et rien sans lui" (août 1871). La 'petite troupe' dont elle est le guide se met sous la protection du saint Evêque de Genève et en adopte entièrement la spiritualité et la pédagogie, d'où le nom qu'elle s'est choisie : "Oblates de Saint-François de Sales", c'est à dire offertes par toute leur vie à Dieu et au prochain.

 

En 1903, elle doit faire face à la persécution religieuse en France, y maintenir les maisons qui peuvent l'être et transférer la Maison-Mère à Pérouse, en Italie. En 1911, elle fait approuver les Constitutions de l'Institut par le Pape saint Pie X.

 

Le 10 janvier 1914, elle meurt à Pérouse, dans la sérénité et l'abandon à Dieu, fidèle jusqu'à son dernier souffle à sa résolution de Profession : "m'oublier entièrement". Elle laisse à ses filles cette consigne très salésienne : "Travaillons à faire le bonheur des autres."

 

 

Le dessein bienveillant du Père qui "nous fait entrer dans le royaume de son Fils bien-aimé" trouve en sainte Françoise de Sales Aviat une splendide réalisation :  elle a vécu jusqu'au bout l'offrande d'elle-même. Au coeur de son engagement et de son apostolat, Sœur Françoise de Sales place l'oraison et l'union à Dieu, où elle trouve lumière et force pour surmonter les épreuves et les difficultés, et jusqu'à la fin de son existence elle persévère dans cette vie de foi, désirant se laisser conduire par le Seigneur : "Ô mon Dieu, que mon bonheur soit de vous sacrifier toutes mes volontés, tous mes désirs !"

 

La résolution qui caractérise si bien Mère Aviat, "m'oublier entièrement", est aussi pour nous un appel à aller à contre-courant de l'égoïsme et des jouissances faciles, et à nous ouvrir aux nécessités sociales et spirituelles de notre temps.

 

JEAN PAUL II

 

 

sources sur le site du Vatican :

Léonie Françoise De Sales Aviat (1844-1914)

Homélie de Jean Paul II le 25 novembre 2001  

 

Sainte Léonie Françoise De Sales Aviat

> fiche livre sur le site de La Procure

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27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 09:00

St John the Evangelist

Saint Jean l'Évangéliste par Véronèse

 

Après Etienne, le premier des Martyrs, Jean, l'Apôtre et l'Evangéliste, assiste le plus près à la crèche du Seigneur. Il était juste que la première place fût réservée à celui qui a aimé l'Emmanuel jusqu'à verser son sang pour son service ; car, comme le dit le Sauveur lui-même, il n'est point de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime (JOHAN. XV, 13) ; et le Martyre a toujours été considéré par l'Eglise comme le dernier effort de la charité, ayant même la vertu de justifier le pécheur dans un second Baptême.

 

Mais après le sacrifice du sang, le plus noble, le plus courageux, celui qui gagne par-dessus tout le cœur de l'Epoux des âmes, c'est le sacrifice de la virginité. Or, de même que saint Etienne est reconnu pour le type des Martyrs, saint Jean nous apparaît comme le Prince des Vierges. Le Martyre a valu à Etienne la couronne et la palme ; la Virginité a mérité à Jean des prérogatives sublimes, qui, en même temps qu'elles démontrent le prix de la chasteté, placent aussi ce Disciple parmi les principaux membres de l'humanité.

 

 Jean eut l'honneur de naître du sang de David, dans la famille même de la très pure Marie ; il fut donc parent de notre Seigneur, selon la chair. Un tel  honneur lui fut commun avec saint Jacques le Majeur, son frère, fils de Zébédée comme lui ; avec saint Jacques le Mineur et saint Jude, fils d'Alphée ; mais, dans la fleur de sa jeunesse, Jean laissa, non seulement sa barque et ses filets, non seulement son père, mais sa fiancée, au moment de célébrer de chastes noces. Il suivit le Christ et ne regarda pas en arrière ; c'est pourquoi la tendresse particulière du cœur de Jésus lui fut acquise ; et tandis que les autres étaient Disciples et Apôtres, il fut l'Ami du Fils de Dieu. La raison de cette rare prédilection fut donc, ainsi que le proclame l'Eglise, le sacrifice de virginité que Jean offrit à l'Homme-Dieu. Or, il convient de relever ici, au jour de sa fête, les grâces et les prérogatives qui ont découlé pour lui de l'heureux avantage de cette amitié céleste.

 

 Ce seul mot du saint Evangile : Le Disciple que Jésus aimait, en dit plus, dans son admirable concision, que tous les commentaires. Pierre, sans doute, a été choisi pour être le Chef des autres Apôtres et le fondement de l'Eglise ; il a été plus honoré ; mais Jean a été plus aimé. Pierre a reçu l'ordre d'aimer plus que les autres ; il a pu répondre au Christ, par trois fois, qu'il en était ainsi ; cependant, Jean a été plus aimé du Christ que Pierre lui-même, parce qu'il convenait que la virginité fût honorée.

 

La chasteté des sens et du cœur a la vertu d'approcher de Dieu l'homme qui la conserve, et d'attirer Dieu vers lui ; c'est pourquoi, dans le moment solennel de la dernière Cène, de cette Cène féconde qui devait se renouveler sur l'autel jusqu'à la fin des temps, pour ranimer la vie dans les âmes et guérir leurs blessures, Jean fut placé auprès de Jésus lui-même, et non seulement il eut cet honneur insigne, mais dans ces derniers épanchements de l'amour du Rédempteur, ce fils de sa tendresse osa reposer sa tête sur la poitrine de l'Homme-Dieu. Ce fut alors qu'il puisa, à leur source divine, la lumière et l'amour ; et cette faveur, qui était déjà une récompense, devint le principe de deux grâces signalées qui recommandent spécialement saint Jean à l'admiration de toute l'Eglise.

 

En effet, la Sagesse divine ayant voulu manifester le mystère du Verbe, et confier à l'écriture des secrets que jusqu'alors aucune plume humaine n'avait été appelée à raconter, Jean fut choisi pour ce grand œuvre. Pierre était mort sur la croix, Paul avait livré sa tête au glaive, les autres Apôtres avaient successivement scellé leur témoignage de leur sang ; Jean restait seul debout, au milieu de l'Eglise ; et déjà l'hérésie, blasphémant l'enseignement apostolique, cherchait à anéantir le Verbe divin, et ne voulait plus le reconnaître pour le Fils de Dieu,  consubstantiel au Père. Jean fut invité par les Eglises à parler, et il le fit dans un langage tout du ciel.

 

 Son divin Maître lui avait réservé, à lui, pur de toute souillure, d'écrire de sa main mortelle des mystères que ses frères n'avaient été appelés qu'à enseigner : le Verbe, Dieu éternel, et ce même Verbe fait chair pour le salut de l'homme. Par là il s'éleva, comme l'Aigle, jusqu'au divin Soleil ; il le contempla sans en être ébloui, parce que la pureté de son âme et de ses sens l'avait rendu digne d'entrer en rapport avec la Lumière incréée. Si Moïse, après avoir conversé avec le Seigneur dans la nuée, se retira de ces divins entretiens le font orné de merveilleux rayons, combien radieuse devait être la face vénérable de Jean, qui s'était appuyée sur le Cœur même de Jésus, où, comme parle l'Apôtre, sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science ! combien lumineux ses écrits ! combien divin son enseignement ! Aussi, ce type sublime de l'Aigle montré par Ezéchiel, et confirmé par saint Jean lui-même dans sa Révélation, lui a-t-il été appliqué par l'Eglise, avec le beau nom de Théologien que lui donne toute la tradition.

 

 A cette première récompense qui consiste dans la pénétration des mystères, le Sauveur joignit pour son bien-aimé Disciple une effusion d'amour inaccoutumée, parce que la chasteté, en désintéressant l'homme des affections grossières et égoïstes, l'élève à un amour plus pur et plus généreux. Jean avait recueilli dans son cœur les discours de Jésus : il en fit part à l'Eglise, et surtout il révéla le divin Sermon de la Cène, où s'épanche l'âme du Rédempteur, qui, ayant aimé les siens, les aima jusqu'à la fin. Il écrivit des Epîtres, et ce fut pour dire aux hommes que Dieu est amour ; que celui qui n'aime pas ne connaît pas Dieu ; que la charité bannit la crainte. Jusqu'à la fin de sa vie, jusque dans les jours de son extrême vieillesse, il insista sur l'amour que les hommes se doivent les uns aux autres, à l'exemple du Dieu qui les a aimés ; et de même qu'il avait annoncé plus clairement que les autres la divinité et la splendeur du Verbe, ainsi plus que les autres se montra-t-il l'Apôtre de cette infinie charité que l'Emmanuel est venu allumer sur la terre.

 

 Mais le Seigneur lui réservait un don véritablement digne du Disciple vierge et bien-aimé. En mourant sur la croix, Jésus laissait Marie sur la terre ; déjà, depuis plusieurs années, Joseph avait rendu son âme au Seigneur. Qui veillerait donc sur un si sacré dépôt ? qui serait digne de le recevoir ? Jésus enverrait-il ses Anges pour garder et consoler sa Mère : car quel homme sur la terre mériterait un tel honneur ? Du haut de sa croix, le Sauveur aperçoit le disciple vierge : tout est fixé. Jean sera un fils pour Marie, Marie sera une mère pour Jean ; la chasteté du disciple l'a rendu digne de recevoir un legs si glorieux. Ainsi, suivant la belle remarque de saint Pierre Damien, Pierre recevra en dépôt l'Eglise, Mère des hommes ; mais Jean recevra Marie, Mère de Dieu. Il la gardera comme son bien, il remplacera auprès d'elle son divin Ami ; il l'aimera comme sa propre mère ; il en sera aimé comme un fils.

 

 Environné de tant de lumière, réchauffé par tant d'amour, nous étonnerons-nous que Jean soit devenu l'ornement de la terre, la gloire de l'Eglise ? Aussi, comptez, si vous pouvez, ses titres ; énumérez ses qualités. Parent du Christ par Marie, Apôtre, Vierge, Ami de l'Epoux, Aigle divin, Théologien sacré, Docteur de la Charité, fils de Marie, il est encore Evangéliste par le récit qu'il nous a laissé de la vie de son Maître et Ami ; Ecrivain sacré par ses trois Epîtres inspirées de l'Esprit-Saint ; Prophète par sa mystérieuse Apocalypse, qui renferme les secrets du temps et de l'éternité. Que lui a-t-il donc manqué ? la palme du Martyre ? On ne le saurait dire ; car, s'il n'a pas consommé son sacrifice, il a néanmoins bu le calice de son Maître lorsque, après une cruelle flagellation, il fut plongé dans l'huile bouillante, devant la Porte-Latine, à Rome. Jean fut donc Martyr de désir et d'intention, sinon d'effet ; et si le Seigneur, qui le voulait conserver dans son Eglise comme un monument de son estime pour la chasteté et des honneurs qu'il réserve à cette vertu arrêta miraculeusement l'effet d'un affreux supplice, le cœur de Jean n'en avait pas moins accepté le Martyre dans toute son étendue.

 

Tel est le compagnon d'Etienne, près du berceau dans lequel nous honorons l'Enfant divin. Si le Proto-martyr éclate par la pourpre de son sang, la blancheur virginale du fils adoptif de Marie n'est-elle pas éblouissante au-dessus de celle de la neige ? Les lis de Jean ne peuvent-ils pas marier leur innocent éclat à la vermeille splendeur des roses de la couronne d'Etienne ? Chantons donc gloire au Roi nouveau-né, dont la cour brille de si riantes et de si fraîches couleurs.

 

Cette céleste compagnie s'est formée sous nos yeux. D'abord nous avons vu Marie et Joseph seuls dans l'étable auprès de la crèche ; l'armée des Anges a bientôt paru avec ses mélodieuses cohortes ; les bergers sont venus ensuite avec leurs cœurs humbles et simples ; puis, voici Etienne le Couronné, Jean le Disciple chéri ; et en attendant les Mages, d'autres viendront bientôt accroître l'éclat de la pompe, et réjouir de plus en plus nos cœurs. Quelle Naissance que celle de notre Dieu ! Si humble qu'elle paraisse, combien elle est divine ! et quel Roi de la terre, quel Empereur a jamais eu autour de son splendide berceau des honneurs pareils à ceux de l'Enfant de Bethléhem ?

 

Unissons nos hommages à ceux qu'il reçoit de tous ces heureux membres de sa cour ; et si nous avons hier ranimé notre foi, à la vue des palmes sanglantes d'Etienne, aujourd'hui réveillons en nous l'amour de la chasteté, à l'odeur des célestes parfums que nous envoient les fleurs de la virginale couronne de l'Ami du Christ.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Saint Jean l'Évangéliste à Rome

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