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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


la vidéo sur KTO


Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

Archives

    

 

SALVE REGINA

24 avril 2011 7 24 /04 /avril /2011 20:00

People attend an Orthodox Easter service outside of the church in the city of Chernobyl on April 24, 2011.

 

People attend an Orthodox Easter service outside of the church in the city of Chernobyl on April 24,  

 

People stand with candles as they attend an Orthodox Easter service in the city of Chernobyl on April 24, 2011. 

 

An Orthodox priest leads an Orthodox Easter service at the town of Chernobyl, in the 30km (19 miles) exclusion zone around the closed Chernobyl nuclear power plant, April 24, 2011. This year, Orthodox and Catholic churches are celebrating Easter on the same day.  

 

A woman, who is an illegal settler in the 30-km exclusion zone around the closed Chernobyl nuclear power plant, attends the midnight Orthodox Easter service in Chernobyl April 24, 2011. This year, Orthodox and Catholic churches are celebrating Easter on the same date. 

 

An Orthodox priest sprinkles holy water over painted eggs and kulichi after an Orthodox Easter service in the town of Chernobyl, located in the 30-km exclusion zone around the closed Chernobyl nuclear power plant, April 24, 2011. This year, Orthodox and Catholic churches are celebrating Easter on the same date. Kulichi are traditional cakes prepared for Easter.

 

 

 A priest blesses people during an Orthodox Easter service in the city of Chernobyl on April 24, 2011.  

  

 

  photos : http://www.daylife.com/

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24 avril 2011 7 24 /04 /avril /2011 15:00

 L'Évangile nous dépeint la course joyeuse des disciples : " Tous deux couraient ensemble, mais l'autre disciple courut en avant, plus vite que Pierre, et arriva le premier au tombeau". Qui ne désirerait aussi chercher le Christ siégeant à la droite du Père, et pour obtenir de le trouver au terme de sa quête, qui ne chercherait à courir en esprit, lorsqu'il se remémore avec tant de joie la course à toutes jambes de tels apôtres ? Pour nous encourager en ce désir, que chacun de nous redise avec élan ce verset du Cantique des Cantiques : "Entraîne-moi à ta suite, nous courrons à l'odeur de tes parfums" (3,4 LXX). Courir à l'odeur des parfums, c'est marcher sans relâche, du pas de son esprit, vers notre Créateur, réconforté par la sainte odeur des vertus.

 

Telle a bien été la course digne d'éloges de ces très saintes femmes qui, d'après les évangiles, avaient suivi le Seigneur depuis la Galilée et lui sont restées fidèles au moment de sa Passion, alors que les disciples s'étaient enfuis ; elles ont couru à l'odeur des parfums, en esprit, et même selon la lettre, car elles ont acheté des aromates pour oindre les membres du Seigneur, comme en témoigne Marc.

 

Frères, à l'exemple des soins empressés des disciples, hommes et femmes, auprès du sépulcre de leur Maître, proclamons à notre manière les joies de la résurrection du Seigneur. Il serait bien dommage qu'une langue de chair taise la louange due à notre Créateur, en ce jour où sa chair est ressuscitée. Cette résurrection magnifique nous incite à proclamer la grandeur de l'Auteur d'une telle joie, et à annoncer la victoire remportée contre notre vieil ennemi : avec le fauteur de mort lui-même, la mort est aujourd'hui délogée ; aujourd'hui, par le Christ, la vie est rendue aux mortels. Aujourd'hui les chaînes du démon sont brisées ;  la liberté du Seigneur est accordée en ce jour aux chrétiens.

 

Saint Odilon de Cluny (961-1048)
2ème Sermon pour la Résurrection

 > commentaire du jour de l'Evangile au quotidien  

Déposition de la Croix par Fra Angelico

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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 08:10

Le mystère de la glorieuse Ascension est accompli ; c'en est fait, Jésus ne se montrera plus à nos regards, jusqu'à ce qu'il vienne juger les vivants et les morts. La foi seule nous le révèle désormais, et nous ne pouvons plus le saisir que par l'amour : telle est la condition de notre épreuve, jusqu'à ce que, pour récompense de cette foi et de cet amour, nous soyons admis à l'intérieur du voile.

 

 Ne murmurons pas cependant. Espérons plutôt de cette espérance qui ne trompe pas, comme dit l'Apôtre. Et comment ne serions-nous pas tout entiers à cette espérance fortunée, lorsque nous nous souvenons que Jésus nous a promis d'être avec nous jusqu'à la consommation des siècles ? Il ne se rendra pas visible, mais il sera là toujours. Pourrait-il abandonner l'Eglise son épouse ? et ne sommes-nous pas les membres de cette épouse bien-aimée ?

 

 Mais Jésus a fait plus encore pour nous. S'il se retire, c'est en nous disant avec une tendresse infinie : "Je ne vous laisserai pas orphelins". Quand il nous disait : "Il vous est avantageux que je m'en aille", il ajoutait : "Si je ne m'en allais pas, le Consolateur ne viendrait pas vers vous". Ce consolateur ineffable est l'Esprit-Saint, l'Esprit du Père et du Fils qui va descendre incessamment sur nous, et qui doit demeurer avec nous, visible dans ses œuvres, jusqu'à ce que Jésus reparaisse pour enlever ses élus d'un monde qui aura mérité d'être abandonné aux flammes. Mais l'Esprit ne doit pas descendre qu'il ne soit envoyé, et, comme nous l'apprend l'Evangéliste, "il ne doit pas être envoyé que Jésus n'ait été glorifié". Il vient continuer l'œuvre ; mais cette œuvre devait d'abord être conduite par le Fils de Dieu jusqu'au terme assigné dans les décrets éternels.

 

 Après ses labeurs, Jésus est entré dans son repos, emportant avec lui notre humanité élevée en lui aux honneurs divins. L'Esprit-Saint ne revêtira pas cette nature ; mais il vient nous consoler de l'absence de Jésus, il vient opérer ce qui reste à accomplir dans l'œuvre de notre sanctification ; et c'est lui déjà que nous avons vu à l'œuvre dans les deux jours précédents, lorsque nous avons contemplé les prodiges de la foi et de l'amour, depuis le départ de celui qui est l'objet de l'une et de l'autre. C'est l'Esprit-Saint qui produit la foi dans les âmes, de même que c'est lui "qui répand la charité dans les cœurs".

 

 Nous voici donc au moment de voir s'ouvrir une nouvelle série des merveilles de l'amour de Dieu envers sa créature. Encore quelques heures, et le règne de l'Esprit-Saint aura commencé ; mais en ce jour, le dernier qui nous reste, puisque dès demain, à l'heure du soir, s'ouvrira déjà la solennité de la Pentecôte, laissons-nous aller au légitime besoin de vénérer encore les traces augustes de notre divin Rédempteur sur cette terre. La sainte Liturgie nous l'avait rendu présent jour par jour, depuis ces touchantes semaines de l'Avent où nous entourions la divine Mère, attendant avec respect l'heureux moment où elle nous donnerait son fruit à jamais béni ; et maintenant, pour le retrouver, il nous faut lever les regards vers le ciel, sortir de ce monde où il ne se laisse plus voir. Heureux souvenirs de l'intime commerce que nous eûmes si longtemps avec l'Emmanuel, alors qu'il nous admettait à le suivre dans toutes ses voies, nous ne pouvons vous mettre en oubli. Bien plus, nous comptons sur  l'Esprit divin pour vous graver plus profondément encore dans nos âmes. Jésus n'a-t-il pas annoncé que cet ineffable Consolateur étant venu en nous, il nous ferait ressouvenir de tout ce que nous avons entendu, goûté et expérimenté dans la société de celui qui, étant Dieu, a daigné vivre avec nous de notre vie, pour nous préparer à vivre nous-mêmes éternellement de la sienne ?

 

Au reste, s'il nous est cher de suivre ainsi les vestiges de notre Sauveur sur la terre, il nous est bien permis de nous rappeler aussi qu'il ne l'a pas voulu quitter sans y laisser une marque sensible de son amour pour cet humble séjour où il fut conçu au sein de la Vierge, où il naquit, où il daigna passer par toutes les phases de la vie de l'homme, où il mourut sur la croix, où il ressuscita glorieux, et d'où il s'élança enfin pour monter à la droite de son Père. N'a-t-il pas laissé sur la roche du mont des Oliviers le double vestige de ses derniers pas ? tant il se détachait avec peine de cette humble demeure où son amour pour nous l'avait retenu durant trente-trois années ! Ce fait est fondé sur le témoignage de saint Augustin, de saint Paulin, de saint Optât, de Sulpice Sévère, qui nous attestent le prodige que les siècles suivants ont constaté après eux.

 

 En vain, comme le remarquent ces anciens, l'armée de Titus vint s'établir en ce lieu, d'où elle dominait la ville déicide sur laquelle elle allait fondre ; ni les pas du soldat romain, ni les roues des chariots de guerre, ni les pieds des chevaux, ne purent altérer ces traces du dernier adieu que Jésus laissa à sa sainte Mère, à ses disciples, à nous tous, du lieu même où il doit reparaître au dernier jour. C'était donc sur ce même sol que, quarante ans après, les enseignes romaines apparaissaient tout d'abord, à cette heure si terrible pour l'ingrate Jérusalem. Rappelons-nous ici les deux Anges qui vinrent annoncer le dernier avènement du Fils de Dieu, au moment même où la nuée le dérobait à tous les regards terrestres, et le rapprochement que le Seigneur avait fait lui-même de la ruine de Jérusalem et de la dernière catastrophe du monde. Ces derniers vestiges des pas de Jésus sont donc à la fois un adieu plein de tendresse et la menace d'un retour plein d'effroi. Au bas de la montagne s'étend la Vallée de Josaphat, la Vallée du Jugement ; et ce n'est pas en vain que le Prophète a dit : "Ses pieds poseront en ce jour sur la montagne des Oliviers qui est en face de Jérusalem, à l'Orient".

 

 Acceptons humblement cette impression de crainte, par laquelle le Seigneur visite notre âme en ce moment, afin de l'établir plus solidement dans l'amour, et baisons avec émotion ces derniers vestiges des pieds sacrés de notre Emmanuel. La pieuse impératrice sainte Hélène, dont la noble mission ici-bas fut de rechercher et d'honorer les traces du passage du Fils de Dieu sur la terre, n'eut garde d'oublier celles que gardait encore le mont des Oliviers. Par ses ordres un somptueux édifice, construit en rotonde, s'éleva pour couvrir ce lieu auguste ; mais lorsque les ouvriers voulurent revêtir le sol de marbres précieux, et qu'ils arrivèrent à l'endroit où étaient imprimes les pas du Christ, une force invincible les arrêta. La pierre éclatait et jaillissait à leur visage, en sorte qu'ils durent laisser apparentes les traces surnaturellement empreintes sur la roche.

 

 Tels sont les faits merveilleux constatés par une longue série d'auteurs pieux et graves qui remonte jusqu'au siècle même où ils s'opérèrent ; mais le Sauveur ne voulut pas se borner à maintenir accessibles aux regards des hommes ces derniers vestiges qui semblent nous dire qu'il n'est pas parti depuis longtemps et qu'il ne doit pas tarder à revenir ; il daigna confirmer l'espérance que nous avons de le suivre un jour, en opérant un nouveau prodige. Quand il fallut fermer la voûte de l'élégant sanctuaire qui devait abriter le monument suprême du passage du Fils de Dieu sur la terre, un nouvel obstacle se déclara. Les pierres ne pouvaient tenir et tombaient à mesure qu'on les plaçait. On dut renoncer à terminer l'édifice dans sa partie supérieure, qui resta ouverte, comme pour apprendre aux hommes que la voie inaugurée par l'Emmanuel sur le sommet du mont des Oliviers leur est toujours accessible, et qu'ils doivent sans cesse aspirer à rejoindre leur divin chef qui les attend dans les cieux.

 

 Saint Bernardin de Sienne rapporte, dans son premier Sermon pour la fête de l'Ascension, une émouvante histoire qui nous servira d'utile entretien dans cette journée où nous faisons nos derniers adieux à la présence visible de notre Rédempteur. Il raconte qu'un pieux chevalier entreprit le voyage d'outre-mer, désirant visiter les lieux témoins des mystères du salut. Dans son dévot pèlerinage, il voulut débuter par Nazareth, et sur le lieu même où le Verbe se fit chair, il rendit ses hommages à l'amour infini qui l'avait attiré du ciel en terre, afin de nous retirer de la perdition. Bethléhem vit ensuite notre pèlerin arriver dans ses murs, cherchant le lieu de la bienheureuse naissance qui nous donna un Sauveur. Ses larmes coulèrent abondantes à l'endroit où Marie avait adoré son nouveau-né, et comme parle saint François de Sales qui a voulu aussi raconter cette délicieuse histoire, "il lécha la poussière sur laquelle la première enfance du divin poupon avait été reçue". De Bethléhem, le noble voyageur, qui ne craignait pas de parcourir en tous sens la Palestine, se rendit sur les bords du Jourdain, et s'arrêta à Bethabara, au lieu appelé Béthanie, où le Précurseur avait baptisé le Rédempteur. Afin d'honorer plus complètement le mystère, il voulut à son tour entrer dans le lit du fleuve, et se plongea avec délices dans ces eaux qui lui rappelaient celles que Jésus avait daigné sanctifier par le contact de ses membres sacrés. De là, suivant toujours la trace du Fils de Dieu, il s'enfonça dans le désert, voulant avoir sous les yeux le théâtre de la pénitence, des combats et de la victoire de notre Maître. Sa marche se dirigea ensuite vers le Thabor, sur les sommets duquel il honora le mystère de la Transfiguration de Jésus, lorsqu'il laissa briller aux regards de trois de ses disciples quelques rayons de sa gloire.

 

Enfin notre pieux chevalier entra dans Jérusalem. Le saint Cénacle le vit recueillant avec le plus tendre amour, dans un si auguste asile, les souvenirs du lavement des pieds aux disciples, et de l'institution du grand et sublime mystère de l'Eucharistie. Soutenu par le désir de ne pas laisser une station sans y avoir versé ses larmes avec ses prières, il passa le torrent de Cédron, et se rendit au jardin de Gethsémani, où la pensée de son Sauveur couvert d'une sueur de sang fondit son cœur dans une ineffable sympathie pour la victime de nos péchés. Bientôt il se représenta ce même Sauveur chargé de chaînes et entraîné dans Jérusalem.

 

 " Il s'achemine alors, nous dit Saint Bernardin de Sienne, à qui il convient de rendre la parole sur un tel sujet ; il s'achemine, suivant partout les traces de son bien-aimé, et le voit en imagination traîné çà et là chez Anne, chez Caïphe, chez Pilate, chez Hérode, fouetté,  bafoué, craché, couronné d'épines, présenté au peuple, condamné à mort, chargé de sa croix, laquelle il porte, et la portant fait la pitoyable rencontre de sa mère toute détrempée de douleur, et des dames de Hiérusalem pleurantes sur lui. Si monte enfin ce dévost pèlerin sur le mont Calvaire, où il voit en esprit la croix estendue sur la terre, et Nostre Seigneur que l'on renverse et que l'on cloue pieds et mains sur icelle cruellement. Il contemple de suite comme on lève la croix et le crucifié en l'air, et le sang qui ruisselle de tous les endroits de son divin corps. Il regarde la pauvre sacrée Vierge toute transpercée du glaive de douleur, puis il tourne les yeux sur le Sauveur crucifié, duquel il escoute les sept paroles avec un amour non pareil, et enfin le voit mourant, puis mort, puis recevant le coup de lance, et monstrant par l'ouverture de la playe son Cœur divin, puis osté de la croix et porté au sépulcre où il va le suivant, jettant une mer de larmes sur les lieux détrempez du sang de son Rédempteur, si qu'il entre dans le sépulcre, et ensevelit son cœur auprès du corps de son Maistre.

 

 " Puis, ressuscitant avec luy, il va en Emmaüs, et voit tout ce qui se passe entre le Seigneur et les deux disciples, et enfin revenant sur le mont Olivet où se fit le mystère de l'Ascension, et là voyant les dernières marques et vestiges des pieds du divin Sauveur, prosterné sur icelles, et les baisant mille et mille fois avec des soupirs d'un amour infiny, il commença à retirer à soy toutes les forces de ses affections, comme un archer retire la corde de son arc quand il veut descocher sa flèche, puis se relevant, les yeux et les mains tendus au ciel : Ô Jésus, dit-il, mon doux Jésus, je ne sçay plus où vous chercher et suivre en terre. Hé ! Jésus, Jésus mon amour, accordez donc à ce cœur qu'il vous suive et s'en aille après vous là-haut, et avec ces ardentes paroles il lança quant et quant son âme au ciel, comme une sacrée sagette, que comme divin archer il tira au blanc de son très heureux object". Traité de l'Amour de Dieu, Livre VII, chap. XII.

 

 Saint Bernardin de Sienne raconte que les compagnons et les serviteurs du pieux chevalier, le voyant ainsi succomber sous l'effort de son amour, coururent chercher un médecin, dans la pensée qu'il serait possible encore de le rappeler à la vie. Mais cette bienheureuse âme s'était envolée à la suite du Rédempteur, nous laissant un monument immortel de l'amour qu'a pu faire naître au cœur d'un homme la seule contemplation des divins mystères que nous avons suivis à loisir, sous la conduite de l'Eglise, dans la succession des scènes de la sainte Liturgie.

 

 Puissions-nous posséder maintenant en nous le Christ que nous avons été si à même de connaître ! et daigne l'Esprit-Saint, dans sa visite si prochaine, conserver dans nos âmes les traits de ce divin chef, avec lequel il vient nous relier plus étroitement encore !

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Coupole de l'Ascension à la Basilique Saint Marc de Venise 

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20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 08:00

Nous avons vu comment l'Ascension de notre Emmanuel lui a assuré ici-bas un premier triomphe par la foi, qui lui donne l'empire sur les intelligences. Une seconde victoire ressort du même mystère : c'est la victoire de l'amour qui fait régner Jésus sur les cœurs. Depuis dix-huit siècles, en qui les hommes ont-ils cru fermement, universellement, si ce n'est en lui ? Quel autre point de ralliement ont eu les intelligences , si ce n'est dans les dogmes de la foi ? Quelles ténèbres ce divin flambeau n'a-t-il pas éclairées ? Quelles clartés n'a-t-il pas projetées sur les peuples qui ont accueilli sa lumière ? En quelles ombres n'a-t-il pas laissé ceux qui, après l'avoir accueilli, ont fermé plus tard leurs yeux à ses rayons ?

 

De même on peut bien le dire, depuis l'Ascension de notre Rédempteur nul n'a été aimé des hommes de tous les lieux et de toutes les races comme il l'a été, comme il l'est encore, comme il le sera jusqu'à la fin. Or, il fallait qu'il se retirât pour être ainsi aimé, comme il le fallait pour que nous crussions en lui. "Il vous est avantageux que je m'en aille" ; ces mêmes paroles nous serviront encore aujourd'hui à mieux pénétrer le mystère. Avant l'Ascension, les disciples étaient aussi chancelants dans leur amour que dans leur foi ; Jésus ne pouvait compter sur eux ; mais à peine a-t-il disparu à leurs regards, qu'un élan inconnu s'empare de leurs cœurs. Au lieu de plaindre leur abandon, ils rentrent pleins de joie dans Jérusalem. Heureux du triomphe de leur Maître, oublieux d'eux-mêmes, ils s'empressent de lui obéir en se rendant au Cénacle, où la Vertu d'en haut doit venir les visiter. Etudiez ces hommes dans les années qui vont suivre, parcourez leur carrière jusqu'à la mort ; comptez, si vous pouvez, les actes de leur dévouement dans l'immense labeur de la prédication de l'Evangile, et dites si un autre mobile que l'amour de leur Maître les a soutenus et rendus capables de tout ce qu'ils ont fait. Avec quel empressement ils ont bu son calice ! Avec quel transport ils ont salué sa croix, lorsqu'ils l'ont vue dressée pour eux-mêmes !

 

 Mais ne nous arrêtons pas à ces premiers témoins ; ils avaient vu le Christ, ils l'avaient entendu, ils l'avaient touché de leurs mains. Tournons nos regards sur les générations qui ne l'ont connu que par la foi, et voyons si cet amour qui triomphe dans les Apôtres, a fait défaut chez les chrétiens un seul jour dans le cours de dix-huit siècles. C'est d'abord la lutte du martyre qui n'a jamais totalement cessé depuis la promulgation de l'Evangile, et qui occupe trois cents ans pour le début. Par quel motif tant de millions de héros et d'héroïnes ont-ils couru au-devant des tortures les plus affreuses, bravé en souriant la flamme des bûchers, la dent des bêtes féroces, si ce n'est pour prouver au Christ leur amour ? Rappelons-nous ces terribles épreuves qu'ont acceptées avec tant d'empressement non seulement des hommes aguerris à la souffrance, mais des femmes délicates, de jeunes vierges et jusqu'à des enfants. Remettons-nous en mémoire tant de sublimes paroles, noble élan du cœur qui aspire à rendre au Christ mort pour mort, et n'oublions pas que les martyrs de nos jours, en Chine, au Tongking, dans la Cochinchine, dans la Corée, ont reproduit textuellement, sans s'en douter, en présence de leurs juges et de leurs bourreaux, le langage que tenaient leurs prédécesseurs devant les proconsuls du IIIe et du IVe siècle.

 

 Oui, certes, il est aimé comme nul ne le sera jamais, ni ne le pourrait être, notre divin Roi qui s'est enfui aux cieux ; car depuis son départ, on ne saurait compter les millions d'âmes qui, pour s'unir à lui uniquement, ont foulé aux pieds les séductions de l'amour terrestre, et n'ont voulu connaître d'autre amour que le sien. Tous les siècles, même le nôtre dans sa triste défaillance, les ont vus, et Dieu seul en connaît le nombre.

 

 Il a été aimé sur cette terre, notre Emmanuel, et il le sera jusqu'au dernier jour du monde, ainsi qu'en fait foi, dans toute la suite des temps, le généreux abandon des biens terrestres, dans le but de conquérir la ressemblance avec l'enfant de Bethléhem ; abandon pratiqué si souvent par les personnes les plus opulentes du siècle ! Que serait-ce s'il nous fallait signaler tant de sacrifices de la volonté propre obtenus de l'orgueil humain, afin de réaliser dans l'humanité le mystère de l'obéissance de l'Homme-Dieu sur la terre, et les innombrables traits d'héroïsme offerts par la pénitence chrétienne, qui continue et complète ici-bas avec tant de générosité les satisfactions que l'amour du Rédempteur pour les hommes lui fit accepter dans sa douloureuse Passion ?

 

 Mais cette inextinguible ardeur pour Jésus envolé au ciel, ne s'est pas trouvée satisfaite encore de tant de dévouements. Jésus avait dit : "Tout ce que vous ferez en faveur du moindre de vos frères, c'est à moi que vous l'aurez fait" ; l'amour pour le Christ s'est emparé de cette parole, et depuis le commencement jusqu'aujourd'hui, il s'est livré à un autre genre de recherche pour atteindre, à travers le pauvre, jusqu'à Jésus qui réside en lui. Et comme la première de toutes les misères de l'homme est l'ignorance des vérités divines, sans lesquelles il ne peut être sauvé, chaque époque a fourni une succession d'apôtres qui, renonçant aux liens les plus doux de la patrie et de la famille, s'élancent au secours des peuples assis dans l'ombre de la mort. Qui pourrait dire les fatigues qu'ils assument dans un tel labeur, les tourments qu'ils bravent, afin que le nom de Jésus soit annoncé, qu'il soit aimé d'un sauvage, glorifié par un Chinois ou par un Indou?

 

 S'agit-il de consoler les douleurs du Christ ou de panser ses plaies dans ses frères les plus disgraciés ? n'allez pas croire que l'amour qui réside dans les fidèles de son Eglise fasse jamais défaut. Comptez plutôt les membres de ces associations charitables qui se sont vouées au soulagement des pauvres et des malades, depuis qu'il a été possible aux chrétiens de développer au grand jour leurs plans pour l'exercice de la charité. Voyez le sexe le plus faible, décimé chaque année par les plus nobles vocations, payer avec un empressement héroïque son tribut au chevet des infirmes et des mourants. Le monde lui-même s'en émeut, les économistes s'étonnent d'être obligés de compter avec un élément indispensable aux sociétés, et qui échappe à toutes leurs spéculations. Heureux s'ils en venaient jusqu'à reconnaître celui dont l'amour seul opère toutes ces merveilles !

 

Mais ce que l'œil de l'homme peut atteindre n'est rien : il ne saisit que ce qui paraît à l'extérieur. Nul ne saurait donc apprécier à quel point Jésus a été aimé et l'est encore sur la terre. Qu'on se retrace les millions de chrétiens qui ont passé ici-bas depuis l'origine de l'Eglise. Parmi eux, sans doute, il en est beaucoup qui ont eu le malheur de manquer leur fin ; mais quelle multitude innombrable a aimé le Seigneur Christ de tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces ! Les uns l'ont aimé constamment, d'autres ont eu besoin d'être rappelés par sa miséricorde, mais ils se sont endormis dans son baiser. Comptez, si vous pouvez, les actes vertueux, les sacrifices sublimes, en dix-huit siècles, au sein de cet immense peuple chrétien que nous verrons se dérouler tout entier au dernier jour du monde, dans la vallée de Josaphat ! La mémoire de Dieu peut seule en embrasser le souvenir. Or, tout cet ensemble d'œuvres, de sentiments, depuis l'élan séraphique de L'âme déjà divinisée, jusqu'au verre d'eau donné au nom du Rédempteur, qu'est-ce autre chose qu'un incessant concert d'amour qui monte nuit et jour vers le Christ, vers ce divin absent que la terre ne peut oublier ? Où est-il l'homme d'entre nous, si chère que soit sa mémoire, pour lequel on se dévouera encore, pour lequel on mourra encore, pour l'amour duquel on se renoncera soi-même, un siècle, dix siècles, vingt siècles après sa mort ? où trouvera-t-on cet homme mort dont le nom fera battre le cœur à tant de millions d'hommes de toute génération, de toute race, de tout siècle, si ce n'est Jésus, qui est mort, qui est ressuscité, qui est monté aux cieux ?

 

 Mais, nous le reconnaissons humblement, ô notre Emmanuel, il était nécessaire que vous disparussiez du milieu de nous, afin que la foi, prenant son essor, allât vous chercher jusqu'aux cieux, désormais votre séjour, et que nos cœurs, ainsi éclairés, fussent rendus capables de vous aimer. Jouissez de votre Ascension, ô divin Chef des Anges et des hommes ! dans notre exil, nous goûterons les fruits de ce sublime mystère, jusqu'à ce qu'il s'opère en nous.

 

 Eclairez les pauvres aveugles que l'orgueil empêche de vous reconnaître à des traits si frappants. Ils vous discutent, ils vous jugent, sans s'être rendu compte de ce témoignage de la foi et de l'amour de tant de générations. L'hommage que vous offre l'humanité représentée par les premières nations de la terre, par les cœurs les plus vertueux, par tant d'hommes de génie, est pour eux comme non avenu. Que sont-ils pour s'opposer à un tel concert ? Sauvez-les, Seigneur, de leur vain et périlleux orgueil, et ils reviendront, et avec nous ils diront : "Il était véritablement avantageux pour ce monde qu'il perdit votre présence sensible, ô Emmanuel ! car si votre grandeur, votre puissance et votre divinité ont paru et ont été reconnues, c'est depuis que vous avez cessé d'être visible parmi nous.

 

Gloire soit donc au mystère de votre Ascension, par lequel en montant aux cieux, comme dit le Psalmiste, "vous recevez les plus hauts dons pour les répandre en largesses sur les hommes".

   

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Le Retable de l'Agneau Mystique : Dieu Tout Puissant

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19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 08:00

Abaissons sur la terre nos regards, que nous avons tenus jusqu'ici fixés au ciel pour y suivre Celui qui nous a quittés. Recherchons maintenant les effets du divin mystère de l'Ascension jusque dans notre humble et passagère demeure, où le Fils de Dieu a cessé de résider visiblement. Quel étonnant spectacle attire notre attention ici-bas ! Ce Jésus, qui monta aux cieux en ce jour, sans que la ville de Jérusalem s'en émût, sans qu'elle s'en fût même aperçue, sans que le genre humain s'ébranlât à la nouvelle du départ de son hôte divin ; ce même Jésus, en ce simple anniversaire d'aujourd'hui, dix-huit siècles après l'événement, émeut encore la terre tout entière de l'éclat de son Ascension. En nos tristes jours la foi est languissante ; quelle est cependant la région du globe où n'habitent pas les chrétiens, soit à l'état de peuple, soit à l'état d'individus ? c'en est assez pour que l'univers entier entende dire que Jésus est monté aux cieux, et que ce jour est consacré à fêter sa glorieuse Ascension.

 

 Durant trente-trois années il vécut de notre vie sur la terre. Fils éternel de Dieu, son séjour parmi nous fut ignoré de toutes les nations sauf une seule. Cette nation le crucifia ; les Gentils ne l'eussent pas même regardé ; car "la lumière a beau luire dans les ténèbres, les ténèbres ne la comprennent pas" ; et Dieu a pu "venir dans  son œuvre même, et ne pas être accueilli par les siens". Au sein du peuple préparé pour sa visite, sa parole a été cette semence qui tombe sur un terrain pierreux et ne germe pas, dans les épines et est bientôt étouffée par elles, et qui rencontre à peine un coin de cette bonne terre où elle peut fructifier. Si, à force de patience et de bonté, il maintient autour de lui quelques disciples, leur confiance en lui est demeurée faible, hésitante, toujours prête à s'éteindre.

 

 Et néanmoins, depuis la prédication de ces mêmes Apôtres, le nom et la gloire de Jésus sont partout ; en toutes les langues, dans toutes les races, il est proclamé le Fils de Dieu incarné ; les peuples les plus civilisés comme les plus barbares sont venus à lui ; on fête sa naissance dans l'étable de Bethléhem, sa mort douloureuse sur la croix où il paya la rançon du monde coupable, sa résurrection par laquelle il confirma la mission divine qu'il était venu accomplir, enfin son Ascension qui le fait asseoir en ce jour Homme-Dieu, à la droite de son Père. Dans l'univers entier la grande voix de l'Eglise fait retentir le mystère de la glorieuse Trinité, qu'il est venu révéler au monde. Cette sainte Eglise qu'il a fondée enseigne à toutes les nations la vérité révélée, et dans toutes les nations elle rencontre des âmes dociles qui répètent son symbole.

 

 Comment s'est accomplie cette merveille ? comment a-t-elle persévéré et persévère-t-elle depuis dix-huit siècles ? Jésus, qui s'élève au ciel en ce jour, nous l'explique d'un seul mot : "Je m'en vais, dit-il, et il vous est avantageux que je m'en aille". Qu'est-ce à dire, sinon que, dans notre état actuel, il y a pour nous quelque chose de plus avantageux que sa présence sensible ? Cette vie n'est donc pas le moment de le voir et de le contempler, même dans sa nature humaine. Pour le connaître, pour le goûter, même dans cette humaine nature, un autre élément nous est nécessaire : c'est la foi. Or, la foi aux mystères du Verbe incarné ne commence à régner sur la terre qu'à partir du moment où il cesse d'être visible ici-bas.

 

 Qui pourrait dire la force triomphante de la foi ? Saint Jean l'appelle d'un nom glorieux. "La foi, dit-il, c'est la victoire qui abat le monde sous nos pieds". C'est elle qui a abattu aux pieds de notre divin Chef absent de ce monde, la puissance, l'orgueil et les superstitions de la société antique ; et l'hommage en est monté jusqu'au trône où prend place aujourd'hui Jésus, Fils de Dieu et fils de Marie.

 

 Saint Léon le Grand, le sublime interprète du mystère de l'Incarnation, a pénétré cette doctrine de son coup d'œil toujours si sûr, et il l'a rendue avec l'éloquence qui lui est familière :  

"Après avoir accompli la prédication de l'Evangile et les mystères de la nouvelle Alliance, nous dit-il, Jésus-Christ notre Seigneur s'élevant au ciel sous les yeux de ses disciples, a mis un terme à sa présence corporelle ici-bas, et il doit demeurer à la droite de son Père jusqu'à ce que soient accomplis les temps divinement destinés à la multiplication des enfants de l'Eglise ; après quoi il reviendra pour être le Juge des vivants et des morts, dans la même chair avec laquelle il est monté. Ainsi donc, tout ce qui avait été visible ici-bas en notre Rédempteur a passé dans l'ordre des Mystères ; et afin de rendre la foi plus excellente et plus ferme, la vue a été remplacée par un enseignement dont l'autorité, entourée d'un rayonnement céleste , entraîne les cœurs des croyants.

 

" C'est par la vertu de cette foi dont l'Ascension du Seigneur a accru l'énergie, et que le don de l'Esprit-Saint est venu fortifier, que ni les chaînes, ni les cachots, ni l'exil, ni la faim, ni les bûchers, ni la dent des bêtes féroces, ni les supplices inventés par la cruauté des persécuteurs, n'ont pu effrayer les chrétiens. C'est pour leur fidélité à cette foi que, dans le monde entier, non seulement des hommes, mais même des femmes, non seulement des enfants et des adolescents, mais des jeunes filles délicates, ont combattu jusqu'à l'effusion de leur sang. C'est cette foi qui a chassé les démons, fait disparaître les maladies, ressuscité les morts. De là, nous avons vu les bienheureux Apôtres eux-mêmes qui, après avoir été confirmés par tant de miracles, instruits par tant de discours du Seigneur, s'étaient laissés effrayer par les indignités de sa Passion, et n'acceptèrent la vérité de sa résurrection qu'après avoir hésité ; nous les avons vus changés aussitôt après son Ascension, à tel point que les choses qui jusqu'alors ne leur inspiraient que de la terreur, devinrent tout à coup pour eux une source d'allégresse. Toute la force du regard de leur âme s'était dirigée sur la divinité de celui qui est assis à la droite du Père ; la vue de son corps ne retardait plus la vigueur de leur œil, dès lors qu'ils pénétraient le Mystère, et arrivaient à comprendre qu'en descendant des cieux il ne s'était pas séparé de son Père, pas plus qu'en y remontant il ne s'était isolé de ceux qui avaient été ses disciples.

 

" Le moment donc où le Fils de l'homme, qui est aussi le Fils de Dieu, s'est manifesté d'une façon plus excellente et plus auguste, est celui où il s'est retiré dans la gloire et la majesté de son Père ; car c'est alors que, par un procédé ineffable, il s'est rendu plus présent par sa divinité, à mesure que son humanité s'éloignait de nous davantage. C'est alors que la foi plus éclairée que l'œil terrestre s'est approchée d'un pas plus ferme de celui qui est le Fils égal au Père, qu'elle n'a plus eu besoin de palper dans le Christ cette nature humaine par laquelle il lui est inférieur. La substance de ce corps glorifié est demeurée la même ; mais la foi des croyants avait désormais son rendez-vous là où non plus une main de chair, mais une intelligence spirituelle est admise à toucher le Fils égal au Père. De là vient que le Seigneur ressuscité, lorsque Marie-Madeleine , qui représentait l'Eglise, s'élançait pour saisir ses pieds, l'arrêta par ces paroles : "Ne me touche pas ; car je ne suis pas monté encore vers mon Père" ; comme s'il eût dit : "Je ne veux plus que tu arrives à moi par une voie sensible, ni que tu me reconnaisses au contact humain ; je t'ai réservée à une plus sublime expérience ; j'ai préparé pour toi un sort plus digne d'envie. Lorsque je serai monté vers mon Père, c'est alors que tu me saisiras, mais d'une manière plus parfaite et plus vraie, parce que les sens étant dépassés, la foi te révélera ce que tes yeux ne verront pas encore."

De Ascensione Domini, Sermo II

 

Il est donc inauguré par le départ de notre Emmanuel, ce règne de la foi qui doit nous préparer à l'éternelle vue du souverain bien ; et cette heureuse foi, qui est notre élément, nous donne en même temps toute la lumière compatible avec notre faible condition présente pour saisir et adorer le Verbe consubstantiel au Père, et pour avoir l'intelligence des Mystères que ce Verbe incarné a opérés ici-bas dans son humanité. Un grand nombre de siècles nous séparent du moment où il se rendit visible sur la terre, et nous le connaissons mieux que ne le connurent et ne le goûtèrent ses propres disciples avant son Ascension sur le mont des Oliviers. Il nous était donc véritablement avantageux qu'il s'éloignât ; sa présence eût gêné l'essor de notre foi, et notre foi seule pouvait remplir l'intervalle qui le sépare de nous, jusqu'à ce que nous ayons pénétré "à l'intérieur du voile".

 

Combien est profond l'aveuglement de ces hommes qui ne sentent pas la puissance surhumaine de cet élément de la foi, par lequel le monde a été non seulement vaincu, mais transformé ! Ils prétendent avoir découvert la fabrication des Evangiles, et ils ne voient pas cet Evangile vivant qui résulte de dix-huit siècles de foi unanime, qui ressort de la confession généreuse de tant de millions de martyrs, de la sainteté de tant de justes, de la conversion successive de tant de nations, à commencer par les plus civilisées et à finir par les plus barbares. Certes, celui-là qui, après avoir visité un coin de cette terre durant quelques années, n'a eu besoin que de disparaître pour attirer à lui la foi des plus grands génies comme des cœurs les plus simples et les plus droits, est bien ce qu'il nous a dit être : le Fils éternel de Dieu.

 

Gloire et action de grâces soient donc à vous, Seigneur, qui, pour nous consoler de votre départ, nous avez donné la foi par laquelle l'œil de notre âme s'épure, l'espérance de notre cœur s'enflamme, et les divines réalités que nous possédons se font sentir à nous dans toute leur puissance !

 

Conservez en nous ce don précieux de votre bonté toute gratuite, accroissez-le sans cesse, faites qu'il s'épanouisse dans toute sa maturité, au moment solennel qui doit précéder celui où vous vous révélerez à nous face à face.

   

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Le Retable de l'Agneau Mystique : Dieu Tout Puissant

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18 mai 2010 2 18 /05 /mai /2010 08:00

Le Seigneur de gloire est monté aux cieux, et selon le langage de l'Apôtre, il y est entré comme "notre avant-coureur" ; mais comment l'homme pourra-t-il le suivre jusqu'au séjour de toute sainteté, lui dont la voie est sans cesse entravée par le péché, lui qui a plus besoin de pardon que de gloire ? Or, c'est ici encore une des merveilleuses suites de cet auguste mystère de l'Ascension, dont nous ne saurions épuiser toute la richesse. Jésus ne monte pas au ciel seulement pour y régner ; il doit y résider aussi pour y être notre intercesseur, notre Pontife, chargé d'obtenir en cette qualité le pardon de nos péchés, avec les grâces qui nous ouvriront le chemin pour arriver jusqu'à lui. Sur la croix il s'offrit en victime pour nos péchés ; son sang divin, épanché de tous ses membres, forma dès lors notre rançon surabondante ; mais le ciel demeurait ferme aux rachetés jusqu'à ce qu'il en eût franchi les portes, jusqu'à ce qu'il eût pénétré l'intime sanctuaire où il doit exercer à jamais la charge de Pontife selon l'Ordre de Melchisédech. Aujourd'hui le sacerdoce du Calvaire se transforme en un sacerdoce de gloire. Jésus est entré "au delà du voile, de ce voile qui était sa chair encore passible et mortelle" ; il a pénétré dans le plus intime de la présence de son Père, et là il est notre Pontife à jamais.

 

 Il est le Christ, sacré d'une double onction, au moment où sa personne divine s'unissait à la nature humaine : il est Roi, il est Pontife. Sa Royauté, nous l'avons acclamée les jours précédents ; aujourd'hui c'est son Sacerdoce que nous avons à reconnaître. Durant son passage en ce monde, quelques traits de l'un et de l'autre nous ont apparu ; mais cette Royauté et ce Pontificat ne devaient briller de tout leur éclat qu'au jour de l'Ascension. Suivons donc encore notre Emmanuel d'un œil respectueux, et considérons ce qu'il vient opérer dans le ciel.

 

L'Apôtre va d'abord nous donner la notion du Pontife dans sa sublime Epître aux Hébreux. Le Pontife, nous dit-il, est choisi par Dieu même, afin d'offrir des dons et des sacrifices pour les péchés ; il est établi près de Dieu en faveur des hommes, dont il est l'ambassadeur et l'intercesseur. Or, telle est la qualité, tel est le ministère de Jésus dans les cieux, à partir de l'heure où nous sommes. Mais si nous voulons pénétrer plus avant un si vaste et si profond mystère, il nous faut nous aider des symboles que nous offrent les livres saints ; ces symboles dont saint Paul lui-même a emprunté le secours, vont nous faire comprendre le rôle de notre Pontife.

 

Transportons-nous par la pensée dans le temple de Jérusalem. Nous traversons d'abord cette vaste enceinte à ciel ouvert, entourée de portiques, et au centre de laquelle s'élève l'autel sur lequel les victimes égorgées dont le sang s'écoule par de nombreux canaux, sont consumées selon le rite des divers sacrifices. Nous nous dirigeons ensuite vers un lieu plus auguste, cet édifice couvert qui s'élève au delà de l'autel des holocaustes et qui resplendit de toutes les richesses de l'Orient. Entrons avec respect ; car ce lieu est saint, et Dieu même a donné à Moïse le plan des ouvrages merveilleux qui le décorent et qui sont tous à sa gloire : l'autel des parfums, d'où s'exhale soir et matin la fumée de l'encens ; le Chandelier à sept branches qui étale avec complaisance ses lis et ses grenades ; la table sur laquelle reposent les pains de proposition, hommage de notre race à celui qui fait mûrir les moissons sur la terre. Mais ce n'est pas encore sous ces lambris étincelants de l'or d'Ophir que s'est établie l'ineffable majesté de Jéhovah. Contemplez au fond de l'édifice ce voile d'un tissu précieux, richement brodé d'images de Chérubins, et descendant jusqu'à terre. C'est là, derrière ce voile, que le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob fait sentir sa présence ; c'est là que repose l'Arche d'alliance, sur laquelle les deux Chérubins d'or étendent mystérieusement leurs ailes. Ce réduit sacré et inaccessible se nomme le Saint des Saints ; aucun homme ne pourrait, sans mourir, soulever ce voile, porter un regard téméraire dans cet asile terrible et entrer là où le Dieu des armées daigne habiter.

 

L'homme est donc banni du séjour où Dieu habite. La sainteté divine l'exclut de sa présence comme indigne. Créé pour voir Dieu, pour être heureux éternellement par la vue de Dieu, l'homme, à cause de son péché, est condamné à ne le pas voir. Un voile lui dérobe la vue de celui qui est sa fin, et l'obstacle de ce voile est pour lui infranchissable. Telle est la sévère leçon que nous donne le symbole formidable de l'ancien temple.

 

Une promesse miséricordieuse est néanmoins intervenue. Ce voile sera soulevé un jour, et laissera passage à l'homme ; mais à une condition, et cette condition, nous allons la connaître en continuant de suivre les symboles de l'ancien temple. Entre tous les mortels exclus du Saint des Saints, il en est un cependant à qui il est donné une fois l'année de pénétrer derrière le voile. C'est le Pontife. Que s'il entre ce jour-là dans l'enceinte terrible, sans tenir entre ses mains le vase rempli du sang des deux victimes qu'il a immolées auparavant pour ses propres péchés et pour ceux de son peuple, il sera exterminé ; si au contraire il remplit fidèlement l'ordre du Seigneur, il sera protégé par le sang qu'il porte, et il sera admis en ce jour unique à intercéder pour lui-même et pour Israël tout entier.

 

 Qu'elles sont belles, qu'elles sont fortes, ces figures de l'ancienne Alliance ! mais combien plus belle et plus forte est leur réalisation dans l'inépuisable mystère de l'Ascension de notre divin libérateur ! Il était encore dans la période de ses humiliations volontaires, que déjà sa puissance s'était fait sentir jusque dans ce réduit sacré sur lequel planait la terreur de Jéhovah. Son dernier soupir sur la croix avait déchiré du haut en bas le voile du Saint des Saints, pour annoncer que bientôt l'accès auprès de Dieu allait être ouvert aux hommes comme avant le péché. Mais restait la victoire à remporter sur la mort par la résurrection ; restait encore la période de quarante jours que notre Pontife devait employer à organiser le sacerdoce véritable qui s'exercera sur la terre jusqu'à la consommation des siècles, en union avec celui qu'il va remplir lui-même au ciel.

 

 Aujourd'hui, tous les délais sont accomplis ; les témoins de la résurrection l'ont constatée, les dogmes de la foi sont révélés dans leur ensemble, l'Eglise est constituée, les sacrements sont déclarés ; il est temps que notre Pontife pénètre dans le Saint des Saints et qu'il y entraîne ses élus à sa suite. Suivons son vol des yeux de notre foi. A son approche, le voile abaissé depuis quatre mille ans se lève et lui livre passage. Jésus n'a-t-il pas, comme le Pontife de l'ancienne loi, offert le sacrifice préalable, le sacrifice non plus figuratif, mais réel, par l'effusion de son propre sang ? Arrivé en présence de la Majesté divine pour y exercer sa puissante intercession, qu'a-t-il à faire autre chose que de présenter à son Père, en notre faveur, ces blessures qu'il a reçues il y a peu de jours, et par lesquelles s'est épanché le sang qui satisfaisait d'une manière complète à toutes les exigences de la suprême justice ? Et pourquoi a-t-il tenu à conserver ces augustes stigmates de son sacrifice, sinon pour s'en servir, comme notre Pontife, à désarmer le courroux céleste provoqué sans cesse par les péchés de la terre ? Ecoutons l'Apôtre saint Jean : "Mes petits enfants, dit-il, je vous écris ceci, afin que vous ne péchiez pas ; mais si quelqu'un pèche , nous avons pour avocat Jésus-Christ qui est juste".

 

 Ainsi donc, au delà du voile où il pénètre aujourd'hui, Jésus traite avec son Père de nos intérêts, il met la dernière main aux mérites de son sacrifice, il est un Pontife éternel, un Pontife à l'intercession duquel rien ne résiste.

 

 Saint Jean, qui a vu le ciel ouvert, nous décrit d'une façon expressive cette double qualité de notre divin Chef, victime et roi en même temps, sacrifié et néanmoins immortel. Il nous montre le trône de l'éternelle Majesté entouré des vingt-quatre vieillards sur leurs sièges et des quatre animaux symboliques, ayant en face les sept Esprits rayonnants de force et de beauté ; mais le sublime prophète n'arrête pas là son ineffable description. Il entraîne nos regards jusque sur le trône même de Jéhovah ; et nous apercevons debout au milieu de ce trône un Agneau, mais un agneau "comme immolé" et toutefois revêtu des attributs de la force et de la puissance. Qui oserait tenter d'expliquer de telles images, si notre grand mystère d'aujourd'hui ne nous en donnait la clef ? Mais avec quelle facilité tout s'éclaircit à sa lumière ! Aux traits que nous révèle l'Apôtre nous reconnaissons notre Jésus, Verbe éternel, et en sa qualité de Verbe éternel siégeant sur un même trône avec son Père auquel il est consubstantiel. Mais en même temps il est Agneau : car il a pris notre chair, afin d'être égorgé pour nous comme une victime ; et ce caractère de victime demeure en lui pour l'éternité. Le voici donc dans toute sa majesté de Fils de Dieu, debout, et posant avec une dignité souveraine ; mais en même temps il apparaît comme immolé. Les cicatrices des blessures que lui a faites le couteau du sacrifice demeurent à jamais visibles ; c'est identiquement l'Agneau du Calvaire qui consomme éternellement dans la gloire l'immolation qu'il accomplit douloureusement sur la croix.

 

Telles sont les merveilles que l'oeil des Anges contemple "à l'intérieur du voile", et que notre œil verra aussi, lorsque nous aurons franchi le voile à notre tour. Nous ne sommes pas destinés à rester au dehors, comme le peuple juif qui voyait une fois l'an son Pontife disparaître quelques instants derrière la courtine qui fermait l'accès du Saint des Saints. Voici que l'Apôtre nous enseigne que "Jésus notre avant-coureur, Jésus Pontife à jamais, est entré pour nous dans le sanctuaire" ; entré pour nous ! qu'est-ce à dire, sinon qu'il nous y précède, et que nous l'y suivrons ? Il est juste qu'il entre le premier; mais c'est comme avant-coureur qu'il entre. Dès aujourd'hui même il n'est déjà plus seul à l'intérieur du voile ; la foule des élus qui montait après lui a pénétré à sa suite, et à partir de ce moment, le nombre de ceux qui seront admis va s'accroître d'heure en heure. Nous ne sommes que de pauvres pécheurs, et l'Apôtre nous dit que "nous sommes déjà sauvés en espérance" ; et notre espérance, c'est de pénétrer un jour dans le Saint des Saints.

 

Alors nous répéterons avec les Anges, avec les vingt-quatre vieillards, avec les millions d'êtres glorifiés, cette acclamation éternelle : "A l'Agneau qui fut immolé, puissance et divinité ! sagesse et force ! honneur, gloire et bénédiction, dans les siècles des siècles ! Amen !"

   

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Adoration de l'Agneau

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17 mai 2010 1 17 /05 /mai /2010 08:05

La royauté sur les hommes n'est pas le seul diadème que reçoit notre divin triomphateur dans son Ascension. L'Apôtre nous enseigne formellement que Jésus est aussi "Chef de toutes les Principautés et de toutes les Puissances". Au-dessus de la race humaine s'élèvent les degrés éblouissants de la hiérarchie angélique, l'œuvre la plus magnifique de la création. Après l'épreuve suprême, ces nobles et saintes milices décimées par la chute et la réprobation des rebelles, sont entrées dans la jouissance surnaturelle du souverain bien, et elles ont commencé le cantique sans fin qui retentit autour du trône de Dieu, et dans lequel elles expriment leurs adorations, leurs transports d'amour et leurs actions de grâces.

 

 Mais une condition jusqu'à présent a manqué à leur entière félicité. Ces innombrables Esprits si beaux et si lumineux, tout comblés qu'ils sont des dons de la munificence divine, attendent un complément de gloire et de bonheur. Lorsqu'ils eurent été appelés du néant à la vie, Dieu leur révéla qu'il devait créer encore d'autres êtres, des êtres d'une nature inférieure à la leur, et que parmi ces êtres composés d'une âme et d'un corps, il en devait naître un que le Verbe éternel unirait à sa nature divine en une seule et même personne. Il leur fut manifesté que cette nature humaine dont la gloire, avec celle de Dieu même, a été le but de la création, serait appelée "le premier-né de toute créature", et que tout Ange, ainsi que tout homme, devrait fléchir le genou devant elle, qui, après avoir été humiliée sur la terre, serait glorifiée dans les cieux ; qu'enfin le moment viendrait où toutes les hiérarchies célestes, jusqu'aux Principautés et aux Puissances, jusqu'aux Chérubins et aux Séraphins, l'auraient pour Chef.

 

 Jésus fut donc attendu par les Anges, comme il le fut par les hommes. Par les Anges, il fut attendu comme le perfectionnement suprême de leurs hiérarchies, dont la multiplicité arriverait par lui à l'unité, et qui seraient reliées plus étroitement à Dieu au moyen de cet ineffable intermédiaire qui réunirait en sa personne une nature divine et une nature créée ; par nous autres hommes, il fut attendu comme le réparateur rendu nécessaire par le péché qui nous avait fermé le ciel, et aussi comme le médiateur éternellement prédestiné à venir prendre la race humaine aux confins du néant, pour la réunir à Dieu qui avait résolu de lui communiquer sa gloire.

 

Ainsi, tandis que sur la terre les justes qui vécurent avant le jour où le Verbe éternel fut conçu au sein de la plus pure des vierges, se rendaient agréables à Dieu en s'unissant à ce réparateur, à ce médiateur qui devait venir ; de même, au ciel, les hommages des Anges à la Majesté divine montaient jusqu'à elle par l'offrande anticipée que lui adressaient ces Esprits bienheureux, s'unissant à ce Chef dont la mission non réalisée encore était présente dans les décrets éternels de l'Ancien des jours.

 

 Enfin la plénitude des temps étant venue, comme parle l'Apôtre, "Dieu introduit sur la terre son premier-né", l'archétype de la création, et à cette heure sacrée ce ne sont pas les hommes qui adorent les premiers ce Chef de leur race ; le même Apôtre nous rappelle que ce sont les Anges qui lui rendent les premiers leur hommage. David l'avait prédit dans son sublime cantique sur la venue de l'Emmanuel : et il était juste qu'il en fût ainsi ; car l'attente des Anges avait duré plus longtemps, et d'ailleurs ce n'était pas en qualité de réparateur qu'il venait pour eux, mais uniquement comme le médiateur fermement espéré, qui devait les rattacher plus étroitement à l'infinie beauté, objet de leurs délices éternelles, et combler, pour ainsi dire, l'intervalle qui n'avait été rempli jusqu'alors que par leurs aspirations à le voir enfin occuper la place qui lui était destinée.

 

Alors s'accomplit cet acte d'adoration envers le Dieu-Homme, cet acte exigé des Esprits célestes au commencement de toutes choses comme l'épreuve suprême, et qui devait, selon qu'il obtiendrait acquiescement ou refus, décider du sort éternel de ces nobles créatures. Avec quel amour et quelle soumission ne l'avons-nous pas vu rempli, à Bethléhem, par les Anges fidèles, lorsqu'ils virent leur Chef et le nôtre, le Verbe fait chair, reposant entre les bras de sa chaste mère, et qu'ils allèrent bientôt annoncer avec transport aux hommes représentés par les bergers l'heureuse nouvelle de l'arrivée de ce commun médiateur !

 

 Mais aujourd'hui ce n'est plus sur la terre que les Esprits célestes contemplent le fils de Marie ; ce n'est plus sur la voie des humiliations et des souffrances par lesquelles il lui a fallu passer pour lever d'abord l'obstacle du péché qui nous privait de l'honneur de devenir ses heureux membres : c'est sur le trône préparé à la droite du Père qu'ils l'ont vu s'élever, qu'ils le contemplent désormais, qu'ils s'unissent à lui étroitement, en le proclamant leur Chef et leur Prince.

 

A cet instant sublime de l'Ascension, un frémissement de bonheur inconnu parcourt toute la succession des célestes hiérarchies, descendant et remontant des brûlants Séraphins aux Anges qui avoisinent la nature humaine. Une félicité nouvelle, celle qui consiste dans la jouissance réelle d'un bien dont l'attente est déjà remplie de délices pour le cœur d'une créature, opère un renouvellement de béatitude dans ces êtres privilégiés, que l'on eût pu croire parvenus à l'apogée des joies éternelles. Leurs regards se fixent sur la beauté incomparable de Jésus, et ces Esprits immatériels s'étonnent de voir la chair revêtue d'une splendeur qui dépasse leur éclat par la plénitude de grâce qui réside en cette nature humaine. Leur vue, pour plonger plus avant dans la lumière incréée, traverse cette nature inférieure à la leur, mais divinisée par son union avec le Verbe divin ; elle pénètre à des profondeurs qu'elle n'avait pas sondées encore. Leurs désirs sont plus ardents, leur élan plus rapide, leurs concerts plus mélodieux ; car, ainsi que le chante la sainte Eglise, Anges et Archanges, Puissances et Dominations, Chérubins et Séraphins, ils louent désormais la majesté du Père céleste par Jésus-Christ son Fils : per quem majestatem tuam laudant Angeli.

 

 Mais qui pourrait décrire les transports des Esprits célestes à l'arrivée de cette multitude d'habitants de la terre, membres comme eux du même Chef, se pressant sur ses pas et se partageant selon les diverses hiérarchies, là où la chute des mauvais anges laissait des places désertes ? La résurrection générale n'a pas encore restitué à ces âmes les corps auxquels elles furent unies ; mais, en attendant, leur chair n'est-elle pas déjà glorifiée en celle de Jésus ? Plus tard, à l'heure marquée, la trompette de l'Archange ayant retenti, ces âmes bienheureuses reprendront leur vêtement terrestre, désormais voué à l'immortalité. C'est alors que les saints Anges reconnaîtront avec un enthousiasme fraternel dans les traits d'Adam, notre ancêtre, ceux de Jésus son fils, ainsi que nous l'enseignent les plus anciens Pères, et dans les traits d'Eve, notre première mère, ceux de sa fille Marie ; mais la ressemblance sera plus parfaite au ciel qu'elle ne l'était sous les ombrages du jardin des Délices.

 

Vienne donc ce jour glorieux, où le splendide mystère de l'Ascension sera réalisé dans ses dernières conséquences ; où les deux créations, angélique et humaine, s'embrasseront pour l'éternité dans l'unité d'un même Chef !

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

  

Christ entouré d'Anges Musiciens

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