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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

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Cathédrale de Cambrai

 

 

 

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Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SALVE REGINA

7 mars 2013 4 07 /03 /mars /2013 17:45
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7 mars 2013 4 07 /03 /mars /2013 12:00

Celui qui prie les Psaumes parle à Dieu avec les paroles mêmes que Dieu nous a données, il s’adresse à Lui avec les paroles que Lui-même nous donne. Ainsi, en priant les Psaumes on apprend à prier. Ils sont une école de la prière.

 

L'homme en prière par Benoît XVI

 

 Dans les précédentes catéchèses, nous nous sommes arrêtés sur plusieurs figures de l’Ancien Testament particulièrement significatives pour notre réflexion sur la prière. J’ai parlé d’Abraham qui intercède pour les villes étrangères, de Jacob qui pendant la lutte nocturne reçoit la bénédiction, de Moïse qui invoque le pardon pour son peuple, et d’Elie qui prie pour la conversion d’Israël. Avec la catéchèse d’aujourd’hui, je voudrais commencer une nouvelle étape du parcours : au lieu de commenter des épisodes particuliers de personnages en prière, nous entrerons dans le «livre de prière» par excellence, le livre des Psaumes. Dans les prochaines catéchèses nous lirons et nous méditerons quelques-uns des Psaumes les plus beaux et les plus chers à la tradition de prière de l’Eglise. Je voudrais aujourd’hui les présenter en parlant du livre des Psaumes dans son ensemble.

 

Le Psautier se présente comme un «formulaire» de prière, un recueil de cent cinquante psaumes que la tradition biblique donne au peuple des croyants afin qu’ils deviennent sa prière, notre prière, notre manière de nous adresser à Dieu et de nous mettre en relation avec Lui. Dans ce livre, toute l’expérience humaine avec ses multiples facettes et toute la gamme des sentiments qui accompagnent l’existence de l’homme trouvent leur expression. Dans les Psaumes se mêlent et s’expriment la joie et la souffrance, le désir de Dieu et la perception de la propre indignité, le bonheur et le sentiment d’abandon, la confiance en Dieu et la douloureuse solitude, la plénitude de vie et la peur de mourir.

 

Toute la réalité du croyant se retrouve dans ces prières, que le peuple d’Israël tout d’abord et ensuite l’Eglise ont assumées comme médiation privilégiée de la relation avec l’unique Dieu et comme réponse adaptée à sa révélation dans l’histoire. En tant que prière, les psaumes sont des manifestations de l’âme et de la foi, où tous peuvent se reconnaître et dans lesquels se communique cette expérience de proximité particulière avec Dieu à laquelle chaque homme est appelé. Et c’est toute la complexité de l’existence humaine qui se concentre dans la complexité des différentes formes littéraires des divers Psaumes : hymnes, lamentations, supplications individuelles et collectives, chants de remerciement, psaumes pénitentiels, psaumes sapientiels et d’autres genres que nous pouvons retrouver dans ces compositions poétiques.

 

Malgré cette multiplicité expressive, deux grands domaines qui synthétisent la prière du Psautier peuvent être identifiés : la supplique, liée à la lamentation, et la louange, deux dimensions reliées et presque inséparables. Car la supplique est animée par la certitude que Dieu répondra, et cela ouvre à la louange et à l’action de grâce ; et la louange et le remerciement naissent de l’expérience d’un salut reçu, qui suppose un besoin d’aide que la supplique exprime.

 

Dans la supplique, l’orant se lamente et décrit sa situation d’angoisse, de danger, de désolation, ou bien, comme dans les psaumes pénitentiels, il confesse sa faute, le péché, en demandant d’être pardonné. Il expose au Seigneur son état de besoin dans la certitude d’être écouté, et cela implique une reconnaissance de Dieu comme bon, désireux du bien et «amant de la vie» (cf. Sg 11, 26), prêt à aider, sauver, pardonner.

 

C’est ainsi, par exemple, que prie le Psalmiste dans le Psaume 31 : «En toi Seigneur j’ai mon refuge ; garde-moi d’être humilié pour toujours [...] Tu m’arraches au filet qu’ils m’ont tendu ; oui, c’est toi mon abri» (vv. 2.5). Dans la lamentation peut donc déjà apparaître quelque chose de la louange, qui se préannonce dans l’espérance de l’intervention divine et qui se fait ensuite explicite quand le salut divin devient réalité.

 

De manière analogue, dans les Psaumes d’action de grâce et de louange, en faisant mémoire du don reçu ou en contemplant la grandeur de la miséricorde de Dieu, on reconnaît également sa propre petitesse et la nécessité d’être sauvés, qui est à la base de la supplication. On confesse ainsi à Dieu sa propre condition de créature inévitablement marquée par la mort, mais pourtant porteuse d’une désir de vie radical. Le Psalmiste s’exclame donc, dans le Psaume 86 : «Je te rends grâce de tout mon cœur, Seigneur mon Dieu, toujours je rendrai gloire à ton nom ; il est grand, ton amour pour moi : tu m’as tiré de l’abîme des morts» (vv. 12-13). De cette manière, dans la prière des Psaumes, la supplique et la louange se mêlent et se fondent dans un unique chant qui célèbre la grâce éternelle du Seigneur qui se penche sur notre fragilité.

 

C’est précisément pour permettre au peuple des croyants de s’unir à ce chant que le livre du Psautier a été donné à Israël et à l’Eglise. En effet, les Psaumes enseignent à prier. Dans ceux-ci, la Parole de Dieu devient parole de prière — et ce sont les paroles du Psalmiste inspiré —, qui devient également parole de l’orant qui prie avec les Psaumes.

 

Telle est la beauté et la particularité de ce livre biblique : les prières qui y sont contenues, à la différence d’autres prières que nous trouvons dans l’Ecriture sainte, ne sont pas insérées dans une trame narrative qui en spécifie le sens et la fonction. Les Psaumes sont donnés au croyant précisément comme texte de prière, qui a pour unique but de devenir la prière de celui qui les assume et avec eux s’adresse à Dieu. Etant donné qu’ils sont la Parole de Dieu, celui qui prie les Psaumes parle à Dieu avec les paroles mêmes que Dieu nous a données, il s’adresse à Lui avec les paroles que Lui-même nous donne. Ainsi, en priant les Psaumes on apprend à prier. Ils sont une école de la prière.

 

Il advient quelque chose d'analogue lorsque l'enfant commence à parler, c'est-à-dire qu'il apprend à exprimer ses sensations, ses émotions, ses besoins avec des mots qui ne lui appartiennent pas de façon innée, mais qu'il apprend de ses parents et de ceux qui vivent autour de lui. Ce que l'enfant veut exprimer est son propre vécu, mais le moyen d'expression appartient à d'autres ; et lui peu à peu s'en approprie ; les mots reçus des parents deviennent ses mots et à travers ces mots il apprend aussi une manière de penser et de sentir, il accède à tout un monde de concepts, et il grandit à l'intérieur de celui-ci, il entre en relation avec la réalité, avec les hommes et avec Dieu. La langue de ses parents est enfin devenue sa langue, il parle avec les mots reçus des autres qui sont désormais devenus ses mots. Ainsi en est-il avec la prière des Psaumes. Ils nous sont donnés pour que nous apprenions à nous adresser à Dieu, à communiquer avec Lui, à lui parler de nous avec ses mots, à trouver un langage pour la rencontre avec Dieu.

 

Et à travers ces mots, il sera possible aussi de connaître et d'accueillir les critères de son action, de s'approcher du mystère de ses pensées et de ses voies (cf. Is 55, 8-9), afin de grandir toujours davantage dans la foi et dans l'amour. Comme nos mots ne sont pas seulement des mots, mais qu'ils nous enseignent un monde réel et conceptuel, de même ces prières aussi nous enseignent le cœur de Dieu, si bien que non seulement nous pouvons parler de Dieu, mais nous pouvons apprendre qui est Dieu et, en apprenant comment parler avec Lui, nous apprenons à être homme, à être nous-mêmes.

 

A cet égard, apparaît significatif le titre que la tradition juive a donné au Psautier. Il s’appelle tehillîm, un terme hébreu qui veut dire «louanges», de cette racine verbale que nous retrouvons dans l'expression «Alleluia», c'est-à-dire, littéralement : «louez le Seigneur». Ce livre de prières, donc, même si multiforme et complexe, avec ses divers genres littéraires et avec son articulation entre louange et supplique, est en fin de compte un livre de louanges, qui enseigne à rendre grâces, à célébrer la grandeur du don de Dieu, à reconnaître la beauté de ses œuvres et à glorifier son saint Nom. C'est là la réponse la plus adaptée face à la manifestation du Seigneur et à l'expérience de sa bonté. En nous enseignant à prier, les Psaumes nous enseignent que même dans le désespoir, dans la douleur, la présence de Dieu demeure, elle est source d'émerveillement et de réconfort ; on peut pleurer, supplier, intercéder, se plaindre, mais dans la conscience que nous sommes en train de cheminer vers la lumière, où la louange pourra être définitive. Comme nous l'enseigne le Psaume 36 : «En toi est la source de vie; par ta lumière nous voyons la lumière» (Ps 36, 10).

 

Mais outre ce titre général du livre, la tradition juive a donné à de nombreux Psaumes des titres spécifiques, en les attribuant, en grande majorité, au roi David. Figure d'une remarquable fibre humaine et théologique, David est un personnage complexe, qui a traversé les expériences fondamentales les plus variées de l'existence. Jeune pasteur du troupeau paternel, vivant alternativement des épisodes positifs et négatifs, parfois même dramatiques, il devient roi d’Israël, pasteur du peuple de Dieu. Homme de paix, il a combattu de nombreuses guerres ; inlassable et tenace chercheur de Dieu, il a trahi son amour, et cela est caractéristique : il est toujours resté un chercheur de Dieu, même si très souvent il a gravement péché ; humble pénitent, il a accueilli le pardon divin, ainsi que la peine divine, et il a accepté un destin marqué par la douleur. David a ainsi été un roi, avec toutes ses faiblesses, «selon le cœur de Dieu» (cf. 1 Sam 13, 14), c'est-à-dire un orant passionné, un homme qui savait ce que veut dire supplier et louer. Le lien des Psaumes avec cet insigne roi d'Israël est donc important, parce qu'il est une figure messianique. Oint par le Seigneur, chez qui est en quelque sorte ébauché le mystère du Christ.

 

Tout aussi importantes et significatives sont la manière et la fréquence avec lesquelles les paroles des Psaumes sont reprises par le Nouveau Testament, en assumant et en soulignant cette valeur prophétique suggérée par le lien du Psautier avec la figure messianique de David. Dans le Seigneur Jésus, qui pendant sa vie terrestre a prié avec les Psaumes, ils trouvent leur accomplissement définitif et ils révèlent leur sens le plus plein et le plus profond. Les prières du Psautier, avec lesquelles on parle à Dieu, nous parlent de Lui, nous parlent du Fils, image du Dieu invisible (Col 1, 15), qui nous révèle de manière accomplie le Visage du Père. Le chrétien, donc, en priant les Psaumes, prie le Père dans le Christ et avec le Christ, en assumant ces chants dans une perspective nouvelle, qui a dans le mystère pascal son ultime clé interprétative. L'horizon de l'orant s'ouvre ainsi à une réalité inattendue, chaque Psaume acquiert une lumière nouvelle dans le Christ et le Psautier peut briller dans toute son infinie richesse.

 

Très chers frères et sœurs, prenons donc en main ce livre saint, laissons Dieu nous apprendre à nous adresser à Lui, faisons du Psautier un guide qui nous aide et nous accompagne quotidiennement sur le chemin de la prière.

 

Et demandons nous aussi, comme disciples de Jésus, «Seigneur, apprends-nous à prier» (Lc 11, 1), en ouvrant notre cœur pour accueillir la prière du Maître, où toutes les prières trouvent leur accomplissement. Ainsi, rendus fils dans le Fils, nous pourrons parler à Dieu en l'appelant «Notre Père».

 

Audience générale, 22 juin 2011, Benoît XVI

 

King David

Le Roi David, Psautier du Couvent de Saint Marc, par Fra Angelico

 

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7 mars 2013 4 07 /03 /mars /2013 03:00

 Roses Félicité et Perpétue

Roses Félicité et Perpétue

   
Ces roses doivent leur nom aux deux filles du jardinier Antoine Jacques, prénommées Félicité et Perpétue en l'honneur des deux saintes martyrisées à Carthage. Antoine Jacques était jardinier chez le Duc d’Orléans au château de Neuilly et inventa ces roses en 1827.

 

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6 mars 2013 3 06 /03 /mars /2013 16:00
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6 mars 2013 3 06 /03 /mars /2013 05:00

L’objectif principal de la prière est la conversion : le feu de Dieu qui transforme notre cœur et nous rend capables de voir Dieu et ainsi, de vivre selon Dieu et de vivre pour l’autre.

  

L'homme en prière par Benoît XVI

 

Dans l’histoire religieuse de l’ancien Israël, les prophètes ont joué un rôle de grande importance par leur enseignement et leur prédication. Parmi eux, ressort la figure d’Elie, suscité par Dieu pour conduire le peuple à la conversion. Son nom signifie «Le Seigneur est mon Dieu» et c’est en accord avec ce nom que se déroule toute sa vie, consacrée tout entière à provoquer dans le peuple la reconnaissance du Seigneur comme unique Dieu. D’Elie, le Siracide dit : «Le prophète Elie surgit comme un feu, sa parole brûlait comme une torche» (Si 48, 1). Avec cette flamme Israël retrouve son chemin vers Dieu. Dans son mystère, Elie prie : il invoque le Seigneur afin qu’il ramène à la vie le fils d’une veuve qui l’avait accueilli (cf. 1 R 17, 17-24), il crie à Dieu sa lassitude et son angoisse tandis qu’il fuit dans le désert, recherché et condamné à mort par la reine Jézabel (cf. 1 R 19, 1-4), mais c’est surtout sur le mont Carmel qu’il montre toute sa puissance comme intercesseur lorsque, devant tout Israël, il prie le Seigneur pour qu’il se manifeste et convertisse le cœur du peuple. C’est l’épisode raconté dans le chapitre 18 du Premier Livre des Rois, sur lequel nous nous arrêtons aujourd’hui.

 

Nous nous trouvons dans le royaume du Nord, au IXe siècle av. J. C., au temps du roi Achab, à un moment où en Israël s’était créée une situation de syncrétisme ouvert. A côté du Seigneur, le peuple adorait Baal, l’idole rassurante dont on pensait que venait le don de la pluie et auquel était attribué pour cette raison le pouvoir de donner la fertilité aux champs et la vie aux hommes et au bétail. Tout en prétendant suivre le Seigneur, Dieu invisible et mystérieux, le peuple recherchait aussi la sécurité chez un dieu compréhensible et prévisible, dont il pensait pouvoir obtenir la fécondité et la prospérité en échange de sacrifices. Israël était en train de céder à la séduction de l’idolâtrie, la tentation continuelle du croyant, ayant l’illusion de pouvoir «servir deux maîtres» (cf. Mt 6, 24; Lc 16, 13), et de faciliter les chemins impraticables de la foi dans le Tout-Puissant en plaçant également sa confiance dans un dieu impuissant fait par les hommes.

 

C’est justement pour démasquer la stupidité trompeuse d’une telle attitude qu’Elie fait se réunir le peuple d’Israël sur le mont Carmel et le place face à la nécessité de faire un choix : «Si le Seigneur est Dieu, suivez-le; si c’est Baal, suivez-le» (1 R 18, 21). Et le prophète, porteur de l’amour de Dieu, n’abandonne pas son peuple face à ce choix, mais il l’aide en indiquant le signe qui révélera la vérité : lui d’un côté et les prophètes de Baal de l’autre prépareront un sacrifice et prieront, et le vrai Dieu se manifestera en répondant par le feu qui consumera l’offrande. Ainsi commence la confrontation entre le prophète Elie et les disciples de Baal, qui est en réalité entre le Seigneur d’Israël, Dieu de salut et de vie, et l’idole muette et sans consistance, qui ne peut rien faire, ni en bien ni en mal (cf. Jr 10, 5). Et s’engage aussi la confrontation entre deux manières complètement différentes de s’adresser à Dieu et de prier.

 

Les prophètes de Baal, en effet, crient, s’agitent, dansent en sautant, entrent dans un tel état d’exaltation qu’ils en viennent à s’inciser le corps, «avec des épées et des lances jusqu’à l’effusion du sang» (1 R 18, 28). Ils ont recours à eux-mêmes pour interpeller leur dieu, en faisant confiance à leurs propres capacités de provoquer sa réponse. Ainsi se révèle la réalité trompeuse de l’idole : elle est pensée par l’homme comme quelque chose dont on peut disposer, que l’on peut gérer avec ses propres forces, à laquelle on peut accéder à partir de soi-même et de sa propre force vitale. L’adoration de l’idole, au lieu d’ouvrir le cœur humain à l’Altérité, à une relation qui libère et permet de sortir de l’espace étroit de son propre égoïsme pour accéder à des dimensions d’amour et de don réciproque, enferme la personne dans le cercle exclusif et désespérant de la recherche de soi. Et la tromperie est telle que, en adorant l’idole, l’homme se retrouve contraint à des actions extrêmes, dans la tentative illusoire de la soumettre à sa propre volonté. C’est pourquoi les prophètes de Baal en viennent jusqu’à se faire du mal, à s’infliger des blessures sur le corps, dans un geste dramatiquement ironique : pour avoir une réponse, un signe de vie de leur dieu, ils se recouvrent de sang, se recouvrant symboliquement de mort.

 

C’est une attitude de prière bien différente qu’adopte en revanche Elie. Il demande au peuple de s’approcher, en l’impliquant ainsi dans son action et dans sa supplication. Le but du défi qu’il a lancé aux prophètes de Baal était de ramener à Dieu le peuple qui s’était égaré en suivant les idoles : c’est pourquoi il veut qu’Israël s’unisse à lui, devenant participant et acteur de sa prière et de ce qui est en train d’advenir. Puis le prophète érige un autel, en utilisant, comme le dit le texte, «douze pierres, selon le nombre des tribus des fils de Jacob, à qui le Seigneur s’était adressé en disant : “Ton nom sera Israël”» (v. 31). Ces pierres représentent tout Israël et sont la mémoire tangible de l’histoire d’élection, de prédilection et de salut dont le peuple a été l’objet. Le geste liturgique d’Elie a une portée décisive ; l’autel est le lieu sacré qui indique la présence du Seigneur, mais ces pierres qui le composent représentent le peuple qui à présent, par la médiation du prophète, est symboliquement placé devant Dieu, devient «autel», lieu d’offrande et de sacrifice.

 

Mais il est nécessaire que le symbole devienne réalité, qu’Israël reconnaisse le véritable Dieu et retrouve son identité de peuple du Seigneur. C’est pourquoi Elie demande à Dieu de se manifester, et les douze pierres qui devaient rappeler à Israël sa vérité servent également à rappeler au Seigneur sa fidélité, à laquelle le prophète appelle dans la prière. Les paroles de son invocation sont riches de signification et de foi : «Seigneur, Dieu d'Abraham, d'Isaac et d'Israël, qu'on sache aujourd'hui que tu es Dieu en Israël, que je suis ton serviteur et que c'est par ton ordre que j'ai accompli toutes ces choses. Réponds-moi, Seigneur, réponds-moi, pour que ce peuple sache que c'est toi, Seigneur, qui es Dieu et qui convertis leur cœur !» (vv. 36-37; cf. Gn 32, 36-37).

 

Elie s’adresse au Seigneur en l’appelant Dieu des Pères, faisant ainsi mémoire de façon implicite des promesses divines et de l’histoire d’élection et d’alliance qui a uni de façon indissoluble le Seigneur à son peuple. La participation de Dieu à l’histoire des hommes est telle que désormais, son nom est lié de façon inséparable à celui des patriarches et le prophète prononce ce Nom saint afin que Dieu se rappelle et soit fidèle, mais également afin qu’Israël se sente appelé par son nom et retrouve sa fidélité. Le titre divin prononcé par Elie apparaît en effet un peu surprenant. Au lieu d’utiliser la formule habituelle, «Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob», il utilise une appellation moins commune : «Dieu d’Abraham, d’Isaac et d’Israël». L’utilisation du nom «Jacob» qui remplace celui d’«Israël» évoque la lutte de Jacob au gué du Yabboq et le changement de nom auquel le narrateur fait une référence explicite (cf. Gn 32, 31) et dont j’ai parlé dans l’une des catéchèses passées. Cette substitution acquiert une signification importante au sein de l’invocation d’Elie. Le prophète est en train de prier pour le peuple du royaume du Nord, qui s’appelait précisément Israël, qui se distingue de Juda, qui indiquait le royaume du Sud. Et à présent, ce peuple, qui semble avoir oublié son origine et sa relation privilégiée avec le Seigneur, est appelé par son nom tandis qu’est prononcé le nom de Dieu, Dieu du Patriarche et Dieu du peuple : «Seigneur, Dieu d’Israël, qu'on sache aujourd'hui que tu es Dieu en Israël».

 

Le peuple pour lequel Elie prie est placé devant sa propre vérité, et le prophète demande que la vérité du Seigneur également se manifeste et qu’Il intervienne pour convertir Israël, le détachant de la tromperie de l’idolâtrie et le conduisant ainsi au salut. Sa requête est que le peuple sache finalement, qu’il connaisse en plénitude qui est véritablement son Dieu, et fasse le choix décisif de le suivre, Lui seul, le vrai Dieu. Car ce n’est qu’ainsi que Dieu est reconnu pour ce qu’il est, Absolu et Transcendant, sans la possibilité de placer à ses côtés d’autres dieux, qui le nieraient comme absolu, le relativisant. Telle est la foi qui fait d’Israël le peuple de Dieu ; c’est la foi proclamée dans le texte bien connu du Shema ‘Israel : «Ecoute, Israël : Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir» (Dt 6, 4-5). A l’absolu de Dieu, le croyant doit répondre par un amour absolu, total, qui engage toute sa vie, ses forces, son cœur. Et c’est précisément pour le cœur de son peuple que le prophète, à travers sa prière, implore la conversion : «que ce peuple sache que c'est toi, Seigneur, qui es Dieu et qui convertis leur cœur !» (1 R 18, 37). Elie, à travers son intercession, demande à Dieu ce que Dieu lui-même désire faire, se manifester dans toute sa miséricorde, fidèle à sa réalité de Seigneur de la vie qui pardonne, convertit, transforme.

 

Et c’est ce qui a lieu : «Et le feu du Seigneur tomba et dévora l'holocauste et le bois, et il absorba l'eau qui était dans le canal. Tout le peuple le vit ; les gens tombèrent la face contre terre et dirent : “C'est le Seigneur qui est Dieu ! C'est le Seigneur qui est Dieu !”» (vv. 38-39). Le feu, cet élément à la fois nécessaire et terrible, lié aux manifestations divines du buisson ardent et du Sinaï, sert à présent à signaler l’amour de Dieu qui répond à la prière et se révèle à son peuple. Baal, le dieu muet et impuissant, n’avait pas répondu aux invocations de ses prophètes : le Seigneur, au contraire, répond, et sans équivoque, non seulement en brûlant l’holocauste, mais en allant jusqu’à absorber toute l’eau qui avait été versée autour de l’autel. Israël ne peut plus avoir de doutes : la miséricorde divine est allée au devant de sa faiblesse, de ses doutes, de son manque de foi. A présent, Baal, la vaine idole, est vaincu et le peuple, qui semblait perdu, a retrouvé le chemin de la vérité et s’est retrouvé lui-même.

 

Chers frères et sœurs, que nous dit cette histoire du passé ? Dans quelle mesure cette histoire est- elle actuelle ? Avant tout, c’est la priorité du premier commandement qui est en question : adorer uniquement Dieu. Là où Dieu disparaît, l’homme tombe dans l’esclavage d’idolâtries, comme l’ont montré, à notre époque, les régimes totalitaires et comme le montrent également diverses formes de nihilisme, qui rendent l’homme dépendant d’idoles, d’idolâtries qui le réduisent à l’état d’esclave.

 

Deuxièmement, l’objectif principal de la prière est la conversion : le feu de Dieu qui transforme notre cœur et nous rend capables de voir Dieu et ainsi, de vivre selon Dieu et de vivre pour l’autre.

 

En troisième lieu, les Pères nous disent que cette histoire d’un prophète est elle aussi prophétique, si — disent-ils — elle est l’ombre du futur, du futur Christ ; il s’agit d’un pas sur le chemin vers le Christ. Et ils nous disent que nous voyons ici le véritable feu de Dieu : l’amour qui guide le Seigneur jusqu’à la croix, jusqu’au don total de soi. La véritable adoration de Dieu, alors, est de se donner soi-même à Dieu et aux hommes, la véritable adoration est l’amour. Et la véritable adoration de Dieu ne détruit pas, mais renouvelle, transforme. Certes, le feu de Dieu, le feu de l’amour brûle, transforme, purifie, mais précisément ainsi, il ne détruit pas, mais crée la vérité de notre être, il recrée notre cœur. Et ainsi, réellement vivants par la grâce du feu de l’Esprit Saint, de l’amour de Dieu, nous sommes adorateurs en esprit et en vérité.

 

Audience générale, 15 juin 2011, Benoît XVI

   

Elie au désert, Ferdinand Olivier

 

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5 mars 2013 2 05 /03 /mars /2013 16:00

" Certains pessimistes, particulièrement imaginatifs, comparèrent l'Europe de l'après-guerre à ces façades intactes derrière lesquelles s'amoncelaient les ruines... de l'esprit et de la morale."     

Mémoires de Hongrie

Sándor Márai, Mémoires de Hongrie, Le Livre de Poche 

 

Sándor MÁRAI 2

Sándor Márai 

 

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5 mars 2013 2 05 /03 /mars /2013 05:00

Avec la prière, désirant le désir de Dieu, l’intercesseur entre toujours plus profondément dans la connaissance du Seigneur et de sa miséricorde et il devient capable d’un amour qui arrive jusqu’au don total de soi.

  

L'homme en prière par Benoît XVI

 

En lisant l’Ancien Testament, une figure ressort parmi les autres : celle de Moïse, précisément comme homme de prière. Moïse, le grand prophète et «condottiere» du temps de l’Exode, a exercé sa fonction de médiateur entre Dieu et Israël en se faisant le messager, auprès du peuple, des paroles et des commandements divins, en le conduisant vers la liberté de la Terre promise, en enseignant aux juifs à vivre dans l’obéissance et dans la confiance envers Dieu au cours de leur long séjour dans le désert, mais également, et je dirais surtout, en priant. Il prie pour le pharaon lorsque Dieu, avec les plaies, tentait de convertir le cœur des Egyptiens (cf. Ex 8-10) ; il demande au Seigneur la guérison de sa sœur Marie frappée par la lèpre (cf. Nb 12, 9-13), il intercède pour le peuple qui s’était rebellé, effrayé par le compte-rendu des explorateurs (cf. Nb 14, 1-19), il prie quand le feu va dévorer le campement (cf. Nb 11, 1-2) et quand les serpents venimeux font un massacre (cf. Nb 21, 4-9) ; il s’adresse au Seigneur et réagit en protestant quand le poids de sa mission devient trop lourd (cf. Nb 11, 10-15) ; il voit Dieu et parle avec Lui «face à face, comme un homme parle à son ami» (cf. Ex 24, 9-17; 33, 7-23; 34, 1-10. 28-35).

 

Même quand le peuple, au Sinaï, demande à Aaron de faire le veau d’or, Moïse prie, en accomplissant de manière emblématique sa propre fonction d’intercesseur. L’épisode est raconté au chapitre 32 du Livre de l’Exode et possède un récit parallèle dans le Deutéronome, au chapitre 9. C’est sur cet épisode que je voudrais m’arrêter dans la catéchèse d’aujourd’hui, et en particulier sur la prière de Moïse que nous trouvons dans le récit de l’Exode. Le peuple d’Israël se trouvait au pied du Sinaï tandis que Moïse, sur le mont, attendait le don des tables de la Loi, jeûnant pendant quarante jours et quarante nuits (cf. Ex 24, 18; Dt 9, 9). Le chiffre quarante possède une valeur symbolique et signifie la totalité de l’expérience, alors qu’avec le jeûne, on indique que la vie vient de Dieu, que c’est Lui qui la soutient. L’acte de manger, en effet, implique de prendre la nourriture qui nous soutient ; jeûner, en renonçant à la nourriture, acquiert donc, dans ce cas, une signification religieuse : c’est une manière pour indiquer que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de chaque parole qui sort de la bouche du Seigneur (cf. Dt 8, 3). En jeûnant, Moïse montre qu’il attend le don de la Loi divine comme source de vie : celle-ci révèle la volonté de Dieu et nourrit le cœur de l’homme, en le faisant entrer dans une alliance avec le Très-Haut, qui est source de la vie, qui est la vie elle-même.

 

Mais alors que le Seigneur, sur le mont, donne la Loi à Moïse, au pied de la montagne, le peuple la transgresse. Incapable de résister à l’attente et à l’absence du médiateur, les juifs demandent à Aaron : «Allons, fais-nous un dieu qui aille devant nous, car ce Moïse, l’homme qui nous a fait monter du pays d’Egypte, nous ne savons pas ce qui lui est arrivé» (Ex 32, 1). Las d’un chemin avec un Dieu invisible, à présent que Moïse, le médiateur, a lui aussi disparu, le peuple demande une présence tangible, perceptible, du Seigneur, et il trouve dans le veau de métal fondu fait par Aaron, un dieu rendu accessible, manœuvrable, à la portée de l’homme. C’est une tentation constante sur le chemin de foi : éluder le mystère divin en construisant un dieu compréhensible, correspondant à ses propres conceptions, à ses propres projets. Ce qui se produit au Sinaï révèle toute la stupidité et la vanité illusoire de cette prétention car, comme l’affirme ironiquement le Psaume 106, «ils échangeaient ce qui était leur gloire pour l’image d’un taureau, d’un ruminant» (Ps 106, 20). C’est pourquoi le Seigneur réagit et ordonne à Moïse de descendre de la montagne, en lui révélant ce que fait son peuple et en terminant par ces mots : «Ma colère va s’enflammer. De toi en revanche je ferai une grande nation» (Ex 32, 10).

 

Comme avec Abraham à propos de Sodome et de Gomorrhe, à présent aussi, Dieu révèle à Moïse ce qu’il entend faire, comme s’il ne voulait pas agir sans son consentement (cf. Am 3, 7). Il dit : «ma colère va s’enflammer». En réalité, ce «Ma colère va s’enflammer» est dit précisément pour que Moïse intervienne et lui demande de ne pas le faire, révélant ainsi que le désir de Dieu est toujours celui du salut. Comme pour les deux villes de l’époque d’Abraham, la punition et la destruction, à travers lesquelles s’exprime la colère de Dieu comme refus du mal, indiquent la gravité du péché commis; dans le même temps, la demande de l’intercesseur entend manifester la volonté de pardon du Seigneur. Tel est le salut de Dieu, qui implique la miséricorde, mais en même temps également la dénonciation de la vérité du péché, du mal qui existe, de sorte que le pécheur, ayant reconnu et refusé son propre mal, puisse se laisser pardonner et transformer par Dieu. La prière d’intercession rend ainsi agissante, au sein de la réalité corrompue de l’homme pécheur, la miséricorde divine, qui trouve voix dans la supplique de l’orant et qui se fait présente à travers lui là où il y a besoin de salut.

 

La supplique de Moïse est entièrement axée sur la fidélité et la grâce du Seigneur. Il se réfère tout d’abord à l’histoire de la rédemption que Dieu a commencée avec la sortie d’Israël d’Egypte, pour ensuite rappeler l’antique promesse donnée aux Pères. Le Seigneur a opéré le salut en libérant son peuple de l’esclavage égyptien ; pourquoi alors — demande Moïse — «les Egyptiens devraient-ils dire : “c’est par méchanceté qu’il les a fait sortir, pour les faire périr dans les montagnes et les exterminer de la face de la terre” ?» (Ex 32, 12). L’œuvre de salut commencée doit être complétée ; si Dieu faisait périr son peuple, cela pourrait être interprété comme le signe d’une incapacité divine à mener à bien son projet de salut. Dieu ne peut pas permettre cela : Il est le Seigneur bon qui sauve, le garant de la vie, il est le Dieu de miséricorde et de pardon, de libération du péché qui tue. Et ainsi, Moïse fait appel à Dieu, à la vie intérieure de Dieu contre la sentence extérieure. Mais alors, argumente Moïse avec le Seigneur, si ses élus périssent, même s’ils sont coupables, Il pourrait apparaître incapable de vaincre le péché. Et on ne peut pas accepter cela. Moïse a fait l’expérience concrète du Dieu de salut, il a été envoyé comme médiateur de la libération divine et à présent, avec sa prière, il se fait l’interprète d’une double inquiétude, préoccupé pour le sort de son peuple, mais en même temps également préoccupé pour l’honneur que l’on doit au Seigneur, pour la vérité de son nom. En effet, l’intercesseur veut que le peuple d’Israël soit sauf, car il est le troupeau qui lui a été confié, mais également parce que dans ce salut se manifeste la véritable réalité de Dieu. L’amour des frères et l’amour de Dieu se mêlent dans la prière d’intercession, sont inséparables. Moïse, l’intercesseur, est l’homme tendu entre deux amours, qui dans la prière se superposent dans un unique désir de bien.

 

Moïse en appelle ensuite à la fidélité de Dieu, en lui rappelant ses promesses : «Souviens toi de tes serviteurs Abraham, Isaac et Israël, à qui tu as juré par toi-même et à qui tu as dit : “Je multiplierai votre postérité comme les étoiles du ciel, et tout ce pays dont je vous ai parlé, je le donnerai à vos descendants et il sera votre héritage à jamais”» (Ex 32, 13). Moïse rappelle l’histoire fondatrice des origines, des Pères du peuple et de leur élection, totalement gratuite, dont Dieu seul avait eu l’initiative. Ce n’est pas en raison de leurs mérites qu’ils avaient reçu la promesse, mais par le libre choix de Dieu et de son amour (cf. Dt 10, 15). Et à présent, Moïse demande que le Seigneur continue dans la fidélité son histoire d’élection et de salut, en pardonnant à son peuple. L’intercesseur ne fournit pas d’excuse pour le péché de son peuple, il ne dresse pas la liste de présumés mérites revenant à son peuple ou à lui-même, mais il fait appel à la gratuité de Dieu : un Dieu libre, totalement amour, qui ne cesse de chercher celui qui s’est éloigné, qui reste toujours fidèle à lui-même et offre au pécheur la possibilité de revenir à Lui et de devenir, avec son pardon, juste et capable de fidélité. Moïse demande à Dieu de se montrer plus fort également que le péché et que la mort, et avec sa prière, il provoque cette révélation divine. Médiateur de vie, l’intercesseur solidarise avec le peuple ; désirant uniquement le salut que Dieu lui-même désire, il renonce à la perspective de devenir un nouveau peuple agréable au Seigneur. La phrase que Dieu lui avait adressée, «de toi en revanche je ferai une grande nation», n’est pas même prise en considération par l’«ami» de Dieu, qui en revanche est prêt à assumer sur lui non seulement la faute de son peuple, mais toutes ses conséquences. Lorsque, après la destruction du veau d’or, il reviendra sur le mont pour demander à nouveau le salut pour Israël, il dira au Seigneur : «Pourtant, s’il te plaisait de pardonner leur péché... Sinon, efface-moi, de grâce, du livre que tu as écrit» (v. 32).

 

Avec la prière, désirant le désir de Dieu, l’intercesseur entre toujours plus profondément dans la connaissance du Seigneur et de sa miséricorde et il devient capable d’un amour qui arrive jusqu’au don total de soi. En Moïse, qui se trouve sur la cime du mont face à face avec Dieu et qui se fait l’intercesseur pour son peuple et s’offre lui-même — «efface-moi» —, les Pères de l’Eglise ont vu une préfiguration du Christ, qui sur la haute cime de la Croix se trouve réellement devant Dieu, non seulement comme ami mais comme Fils. Et il ne s’offre pas seulement — «efface-moi» —, mais avec son cœur transpercé, il se fait effacer, il devient, comme le dit saint Paul lui-même, péché, il porte sur lui nos péchés pour nous sauver ; son intercession est non seulement solidarité, mais identification avec nous : il nous porte tous dans son corps. Et ainsi, toute son existence d’homme et de Fils est un cri au cœur de Dieu, est pardon, mais un pardon qui transforme et qui renouvelle.

 

Je pense que nous devons méditer cette réalité. Le Christ se trouve devant la face du Seigneur et prie pour moi. Sa prière sur la Croix est contemporaine de tous les hommes, elle m’est contemporaine : Il prie pour moi, il a souffert et il souffre pour moi, il s’est identifié avec moi en prenant notre corps et l’âme humaine. Et il nous invite à entrer dans son identité, en nous faisant un corps, un esprit avec Lui, car du haut de la cime de la Croix il a apporté non de nouvelles lois, des tables de pierre, mais il a apporté lui-même, son corps et son sang, comme nouvelle alliance. Ainsi, il nous fait devenir ses consanguins, un corps avec Lui, identifiés à Lui. Il nous invite à entrer dans cette identification ; à être unis avec Lui dans notre désir d’être un corps, un esprit avec Lui. Prions le Seigneur afin que cette identification nous transforme, nous renouvelle, car le pardon est renouveau, est transformation.

 

Je voudrais conclure cette catéchèse avec les paroles de l’apôtre Paul aux chrétiens de Rome : «Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? Puisque c’est Dieu qui justifie. Qui pourra condamner ? Puisque Jésus Christ est mort ; plus encore : il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous. Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? [...] Ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances [...] ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est Jésus Christ notre Seigneur» (Rm 8, 33-35.38.39).

 

Audience générale, 1er juin 2011, Benoît XVI

 

MOÏSE, par Carlo Dolci

 

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