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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

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Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

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SALVE REGINA

11 juin 2012 1 11 /06 /juin /2012 19:00

Mais voyons plus avant l'œuvre du synode et ses glorieux efforts pour s'élever dans la réforme liturgique à la hauteur des vues de Joseph II et de son digne frère.

 

Observons d'abord que les Pères du concile diocésain, comme ils s'appellent, sont d'avis qu'on évite dans les églises les décorations trop pariées et trop précieuses, parce qu'elles attirent les sens et entraînent l’âme à l'amour des choses inférieures ; sur quoi les Pères déclarent embrasser la doctrine de l'instruction pastorale de Jérôme de Collorédo, archevêque de Salzbourg.

 

Dans le chapitre sur la réforme des réguliers, ils émettent le vœu que ceux-ci n'aient point d'églises ouvertes au public ; qu'on y diminue les offices divins, et qu'il n'y soit célébré qu'une, ou, tout au plus, deux messes par jour, les autres prêtres se bornant à concélébrer.

 

Dans la même session, il plaît aux Pères d'abolir les processions qui avaient lieu pour visiter quelque image, de la sainte Vierge ou d'un saint, et de prescrire aux curés de la campagne de restreindre le plus possible la longueur et la durée de celles des Rogations. Le but de ces suppressions, disent-ils, est d'empêcher les rassemblements tumultueux et indécents, et les repas qui accompagnaient ces processions. Quant aux fêtes, les Pères se plaignent de ce que, par leur multiplicité, elles sont aux riches une occasion d'oisiveté, et aux pauvres une source de misère, et sont résolus de s'adresser à S. A. S. le Grand-Duc, pour obtenir une réduction dans le nombre de ces jours consacrés aux devoirs religieux. C'est, sans doute, pour honorer en Léopold la qualité de prince de la Liturgie, que les Pères décrètent qu'on ajoutera désormais au Canon ces paroles : Et pro Magno Duce nostro N. On voit que l'esprit des antiliturgistes est partout le même, en Italie comme ailleurs : la seconde majesté profite toujours des dépouilles de la première.

 

" Pour ce qui regarde les pratiques extérieures de la dévotion envers la sainte Vierge et les autres saints, disent les Pères, nous voulons qu'on enlève toute ombre de superstition, comme serait d'attribuer une certaine efficacité à un nombre déterminé de prières et de salutations dont, la plupart du temps, on ne suit pas le sens, et généralement à tout autre acte, ou objet extérieur ou matériel."

 

Après cette flétrissure infligée au rosaire et aux diverses couronnes ou chapelets approuvés et recommandés par le Saint-Siège, les réformateurs de Pistoie devaient naturellement en venir à poursuivre les images. C'est pourquoi, immédiatement après, ils enjoignent d'enlever des églises toutes les images qui représentent de faux dogmes, celles par exemple du Cœur de Jésus, et celles qui sont aux simples une occasion d'erreur, comme les images de l’incompréhensible Trinité. On enlèvera de même celles dans lesquelles il paraît que le peuple a mis une confiance singulière, ou reconnaît quelque vertu spéciale. Le synode ordonne pareillement de déraciner la pernicieuse coutume qui distingue certaines images de la Vierge par des titres et noms particuliers, la plupart du temps vains et puérils , comme aussi celle de couvrir d'un voile certaines images ; ce qui, en faisant supposer au peuple qu'elles auraient une vertu spéciale, contribue encore à anéantir toute l'utilité et la fin des images.

 

La réforme dans le culte de la sainte Vierge et des saints n'était pour le synode qu'une conséquence de la réforme à laquelle, toujours à la remorque de Joseph II, il avait cru devoir soumettre le culte même du saint Sacrement et le sacrifice de la messe.

 

Ainsi, les Pères du concile diocésain décrétèrent qu'on rétablira l'antique usage de n'avoir qu'un seul autel dans la même église. On ne placera sur cet autel ni reliquaires, ni fleurs. La participation à la victime, disent-ils un peu plus loin, est une partie essentielle du sacrifice ; toutefois, on veut bien ne pas condamner comme illicites les messes auxquelles les assistants ne communient pas sacramentellement. En effet, cette hardiesse aurait semblé par trop luthérienne ; mais on déclare qu'excepté dans les cas de grave nécessité, les fidèles ne pourront communier qu'avec des hosties consacrées à la messe même à laquelle ils auront assisté.

 

Quant à la langue à employer dans la célébration des saints mystères, on découvre les intentions du synode dans ces paroles expressives : Le saint Synode désirerait qu'on réduisît les rites de la Liturgie à une plus grande simplicité ; qu'on l'exposât en langue vulgaire, et qu'on la proférât toujours à haute voix ; car, ajoutent plus loin les Pères avec Quesnel leur patron : "Ce serait agir contre la pratique apostolique et contre les intentions de Dieu, que de ne pas procurer au simple peuple les moyens les plus faciles pour, unir sa voix à celle de toute l'Église." Ailleurs, on enseigne que c'est une erreur condamnable de croire qu'il soit en la volonté du Prêtre d'appliquer le fruit spécial du sacrifice à qui il veut.

 

Quant à la vénération à rendre au mystère de l'Eucharistie, le synode ordonne de réduire l'exposition du saint Sacrement à la seule fête et octave du Corpus Domini, excepté dans la cathédrale où l'exposition sera permise une fois le mois ; dans les autres églises, aux jours de dimanche et de fête ; on donnera seulement la bénédiction avec le ciboire. Le nombre des cierges allumés en présence du saint Sacrement exposé dans l'octave du Corpus Domini, ne pourra excéder trente à la cathédrale et vingt-quatre dans les paroisses.

 

Ailleurs, les antiliturgistes de Pistoie poursuivent la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus et à la Passion de Notre-Seigneur, sous l'affectation d'une orthodoxie dont la prétention est surtout ridicule dans des hérétiques. Attendu, disent-ils, que ce serait une erreur dès longtemps anathématisée dans l'Église que d'adorer en Jésus-Christ l'humanité, la chair ou toute portion de cette chair, séparément de la divinité, ou avec une séparation sophistique ; ainsi serait-ce également une erreur d'adresser à cette humanité nos prières, au moyen d'une semblable division ou abstraction. C'est pourquoi, souscrivant pleinement à la lettre pastorale de notre évêque, du 3 juin 1781, sur la dévotion nouvelle au Cœur de Jésus, nous rejetons cette dévotion et les autres semblables, comme nouvelles et erronées, ou tout au moins comme dangereuses". Quant au mystère de la Passion, dit le synode, s'il doit particulièrement occuper notre piété, il faut aussi dégager cette piété elle-même de toutes les inutiles et dangereuses matérialités auxquelles ont voulu l'assujettir les dévots superstitieux des derniers siècles. L'esprit de componction et de ferveur ne peut pas certainement être attaché à un nombre déterminé de stations, à des réflexions arbitraires, souvent fausses, plus souvent encore capricieuses, et toujours périlleuses.

 

On voit que nos réformateurs du catholicisme allaient vite en besogne, et que si, à la façon des novateurs français, la refonte des livres liturgiques sur un plan janséniste leur paraissait un moyen important d'avancer l'œuvre, ils voulaient mener de front, à la manière de Joseph II, la réduction extérieure des formes du culte catholique. Ils s'étaient trompés en prenant ainsi l'Italie pour l'Allemagne ; car si c'était un avantage pour la Toscane d'être régie par un prince de la maison d'Autriche, c'était du moins une grande faiblesse de jugement dans Léopold, que de vouloir régir les populations au rebours de leur génie et de leurs habitudes.

 

Le synode de Pistoie fut imité par ceux que présidèrent peu après dans leurs diocèses, Sciarelli, évêque de Colle, et Marani, évêque d'Arezzo, lesquels tinrent à honneur de marcher à la suite de Ricci et de ses curés. Dès lors, le parti janséniste ne put contenir la joie de son triomphe, et le grand-duc se crut assuré de la victoire sur les préjugés surannés d'un catholicisme bigot. Dès le 26 janvier 1786, voulant s'assurer de la coopération du clergé dans la réforme religieuse qu'il projetait, il avait adressé à tous les prélats de son duché cinquante-sept articles de consultation. Les principaux de ces articles roulaient sur la réforme indispensable du bréviaire et du missel ; sur l'abolition de toute aumône pour les messes ; sur la réduction du luxe des temples ; sur la défense de célébrer plus d'une messe par jour dans chaque église ; sur l'examen à faire de toutes les reliques ; sur le dévoilement des images couvertes ; sur l'administration des sacrements en langue vulgaire ; sur l'instruction à donner au peuple touchant la communion des saints et les suffrages pour les défunts ; sur l'urgence de soumettre les réguliers aux ordinaires, etc., etc. On y insistait spécialement sur la nécessité de tenir des synodes diocésains, à l'aide desquels Léopold espérait faire pénétrer dans le clergé du second ordre les maximes qu'il lui tardait tant de voir adoptées par ses évêques. Ces Points ecclésiastiques (Punti ecclesiastici) avec les réponses des archevêques et évêques de Toscane furent publiés à Florence, en 1787. On voit au frontispice du livre le portrait du grand-duc soutenu par la Renommée et entouré de figures allégoriques de la Justice, du Commerce, de l'Abondance et du Temps. Au-dessous, est un génie qui tient un livre ouvert, sur lequel est écrit en grandes lettres et en français, le mot : Encyclopédie. C'était sans doute assez pour montrer les intentions ultérieures des antiliturgistes.

 

Le voltairien de Potter, qui nous a conservé de précieux détails dans ses ignobles Mémoires de Scipion de Ricci, nous apprend en détail quelle fut la réponse des évêques de Toscane aux cinquante-sept Points. Ricci, dont les influences avaient été pour beaucoup dans les résolutions de Léopold, et qui se préparait à tenir son synode, fit telle réponse qu'on pouvait souhaiter ; en quoi il fut imité par Sciarelli, évêque de Colle ; Pannilini, évêque de Chiusi, et Santi, évêque de Soana. Marani et Ciribi, évêques dArezzo et de Cortone, s'expliquèrent dans le même sens, mais avec plus de modération. Les autres prélats, Martini, archevêque de Florence ; Costaguti, Vannucci, Pecci, Vincenti, Bonaccini, évêques de Borgo San-Sepolcro, Massa, Montalcino, Pescia, et Volterra, se déclarèrent avec courage, dans leurs réponses, contre les innovations proposées ; mais nous devons une mention spéciale aux intrépides prélats Franceschi et Borghesi, archevêques de Pise et de Sienne; Mancini, Fazzi, Franci et Franzesi, évêques de Fiesole, San-Miniato, Grosseto et Montepulciano, qui manifestèrent par les termes les plus énergiques, dans leurs réponses, toute l'horreur que leur inspiraient les propositions antiliturgistes qu'on avait osé leur faire.

 

Ce fut après la réception de ces diverses lettres, et aussi après la célébration des synodes de Pistoie, de Colle et d'Arezzo, les seuls dont Léopold put obtenir la tenue, que ce prince convoqua une assemblée générale des évêques de Toscane,qui s'ouvrit à Florence le 23 avril 1787. S'il l'on en croit les Mémoires de Ricci, les prélats qui s'étaient montrés si fermes dans leur réponse aux Points ecclésiastiques, auraient manifesté, dans l'assemblée, une moindre opposition aux volontés du grand-duc, sur certains points de doctrine liturgique, notamment sur la réforme du Bréviaire et du Missel romains, dont les trois archevêques auraient accepté la commission. L'auteur des Mémoires sur l'Histoire ecclésiastique, au XVIIIe siècle, ajoute même qu'il fut arrêté qu'on traduirait le rituel en italien, pour ce qui concerne l'administration des sacrements, excepté les paroles sacramentelles qui se diraient toujours en latin. Quoi qu'il en soit, de Potter est obligé de convenir que des réclamations violentes s'élevèrent à toutes les séances, de la part des évêques, contre les principaux fauteurs de l'innovation, Ricci, Sciarelli, Pannilini et Santi. Et, d'ailleurs, la discussion roula sur un grand nombre d'autres articles de droits ecclésiastique, à l'occasion desquels la majorité se montra animée de la plus courageuse énergie pour les droits du Saint-Siège. L'assemblée tint sa dix-neuvième et dernière session, le 5 juin 1787, et s'étant présentée à l'audience du grand-duc, elle reçut les témoignages les plus significatifs de mécontentement de la part du prince, pour le peu d'harmonie qui avait régné dans son sein, pour l’esprit de préjugé et de parti qui avait constamment guidé le plus grand nombre des prélats. Léopold, toujours poussé par le parti janséniste, décréta plusieurs édits propres à accroître et à consolider le scandale. "Sans aucun égard pour la Cour de Rome, dit de Potter, on soumit le clergé régulier aux ordinaires ; on déclara qu'à l'avenir la doctrine de saint Augustin devrait être suivie dans l'enseignement ecclésiastique ; on ordonna la réforme des missels et des bréviaires, etc..

 

Toutefois, ainsi que nous l'avons dit, cette levée de boucliers n'eut pas de suites. La dislocation sociale qui, en France, avait couronné les efforts persévérants du parti anarchiste, ouvrit les yeux de Léopold. Il eut le bon esprit de comprendre que l'évêque du dehors commet un acte impolitique dont le châtiment, tôt ou tard, retombe sur sa tête, toutes les fois que, convié par les sacrilèges flatteries d'un pasteur lâche ou corrompu, il ose mettre la main à l'encensoir. Mais il est facile de comprendre comment les instincts du despotisme ont si souvent conduit les princes à tenter ou à seconder les attentats des antiliturgistes. Les démonstrations liturgiques sont éminemment populaires ; elles tendent à réunir les masses dans le temple catholique, comme dans le centre de leur vie sociale ; elles resserrent le lien qui les attache au sacerdoce. Donc, les ennemis du spiritualisme dans les peuples doivent les avoir en horreur. Et voilà pourquoi chez nous, en ce moment, les ennemis des processions, soi-disant libéraux, se ruent à la suite des Joseph II et des Léopold, monarques du bon plaisir. Heureuse la France de n'avoir pas de ces vils pasteurs dont toute la gloire était d'enchaîner l'Église au marchepied du trône, comme les Ricci, les Pannilini, les Sciarelli !

 

Ajoutons encore un trait pour faire connaître ces dignes coryphées de l'hérésie antiliturgiste. 

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XXIII : DE LA LITURGIE DURANT LA SECONDE MOITIE DU XVIIIe SIECLE.

 

Incisione del 1786, sinodo diocesano in Pistoia (seminario

Le Synode de Pistoie en 1786

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11 juin 2012 1 11 /06 /juin /2012 07:55

A Antioche un grand nombre de gens étaient devenus croyants et s'étaient convertis au Seigneur. L'Église de Jérusalem entendit parler de tout cela, et l'on envoya Barnabé jusqu'à Antioche.
 
A son arrivée, voyant les effets de la grâce de Dieu, il fut dans la joie. Il les exhortait tous à rester d'un coeur ferme attachés au Seigneur ; c'était un homme de valeur, rempli d'Esprit Saint et de foi. Une foule considérable adhéra au Seigneur.
 
Barnabé repartit pour aller à Tarse chercher Saul. Il le trouva et le ramena à Antioche.
 
Pendant toute une année, ils furent ensemble les hôtes de l'Église, ils instruisirent une foule considérable ; et c'est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de "chrétiens".


Or il y avait dans cette Église d'Antioche des prophètes et des hommes chargés d'enseigner : Barnabé, Syméon surnommé Niger, Lucius de Cyrène, Manahène, ami d'enfance du prince Hérode, et Saul. Un jour qu'ils célébraient le culte du Seigneur et qu'ils observaient un jeûne, l'Esprit Saint leur dit : "Détachez pour moi Barnabé et Saul en vue de l'oeuvre à laquelle je les ai appelés."

 

Alors, après avoir jeûné et prié, et leur avoir imposé les mains, ils les laissèrent partir.


Actes des Apôtres

 

Retable de Saint-Barnabé

Retable de Saint Barnabé, Botticelli, Galerie des Offices, Florence

 

Quand Jésus vit toute la foule qui le suivait, il gravit la montagne. Il s'assit, et ses disciples s'approchèrent.

 

Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait :


" Heureux les pauvres de coeur : le Royaume des cieux est à eux !


Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise !


Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés !


Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés !


Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde !


Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu !


Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu !


Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux !


Heureux serez-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.


Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux !

 

C'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés. "


Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu

 

Saint-Barnabé

Saint Barnabé au Trône de la Sainte Vierge à L'Enfant Jésus

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10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 04:00

Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l'on immolait l'agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent : " Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour ton repas pascal ?" Il envoie deux disciples : "Allez à la ville ; vous y rencontrerez un homme portant une cruche d'eau. Suivez-le. Et là où il entrera, dites au propriétaire : 'Le maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?' Il vous montrera, à l'étage, une grande pièce toute prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs."


Les disciples partirent, allèrent en ville ; tout se passa comme Jésus le leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque.


Pendant le repas, Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit, et le leur donna, en disant : " Prenez, ceci est mon corps". Puis, prenant une coupe et rendant grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : "Ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, répandu pour la multitude. Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu'à ce jour où je boirai un vin nouveau dans le royaume de Dieu."


Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

 

La Cène

La Cène, Philippe de Champaigne, Musée du Louvre

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9 juin 2012 6 09 /06 /juin /2012 11:30

Le Prévôt des marchands et les échevins de la ville de P

Le Prévôt des marchands et les échevins de la ville de Paris

Louvre, Aile Sully, 2e étage, salle 24

 

La Mère Catherine-Agnès Arnauld et la soeur Catherine de

L'EX VOTO DE 1662, La Mère Agnès et la Sœur Catherine de Sainte Suzanne

Louvre, Aile Sully, 2e étage, salle 24

 

Le Cardinal de Richelieu

Le Cardinal de Richelieu

Louvre, Aile Richelieu, 2e étage, salle 12

 

 

Portrait d'homme, dit autrefois Robert Arnauld d'Andilly

Portrait d'homme, dit autrefois Robert Arnauld d'Andilly

Louvre, Aile Sully, 2e étage, salle 24

 

Robert Arnauld d'Andilly

Robert Arnauld d'Andilly

Louvre, Aile Sully, 2e étage, salle 24

 

 

Apparition de saint Gervais et de saint Protais à saint Am

Apparition de Saint Gervais et de Saint Protais à Saint Ambroise

Louvre, Aile Sully, 2e étage, salle 31

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8 juin 2012 5 08 /06 /juin /2012 11:30

Mais c'est assez rappeler de tristes souvenirs : puisse du moins l'innovation liturgique du XVIIIe siècle, apparaissant telle qu'elle est, dans ses motifs, dans ses auteurs, dans ses agents, être jugée de nos jours, comme elle le sera par devant tout tribunal qui voudra juger les institutions du catholicisme d'après le génie même du catholicisme ! 

 

L'Église de France est donc arrivée à la veille d'une effroyable persécution ; ses temples vont être fermés par les impies, ses fêtes ont cessé de réunir les peuples, et les nouveaux chants qu'elle a inaugurés, à la veille d'un si grand désastre, n'ont pas eu le temps de remplacer dans la mémoire des fidèles ceux qui retentirent dans les âges de foi. Naguère, cette Église n'avait qu'une voix dans ses temples, et cette voix était celle de toutes les églises de la langue latine ; aujourd'hui, la confusion est survenue ; vingt dialectes, plus discordants les uns que les autres, divisent cette voix et en affaiblissent la force. Prête à descendre aux catacombes, l'Église gallicane a perdu le droit de citer désormais aux peuples la parole des livres de l'autel et du chœur, comme l'oracle de l'antiquité, de la tradition, de l'autorité. En alléguant le texte des nouveaux missels et bréviaires, on ne peut donc plus dire désormais : L'Église dit ceci ; et ce coup fatal, ce n'est point la main d'un ennemi qui l'a porté. Les hommes de nouveautés et de destruction ont trouvé le moyen de faire mouvoir en leur faveur le bras qui ne devait que les foudroyer. Or, voilà ces jurisconsultes, ces mêmes gens du palais qui décrétèrent l'abolition du Bréviaire romain et firent brûler, par la main du bourreau, les remontrances ou réclamations que le zèle de la tradition catholique, aussi bien que de l'unité de confession, dictait à quelques prêtres courageux ; les voilà qui s'apprêtent à mettre au jour la constitution nationale, et non romaine, qu'ils ont préparée au clergé de France. Dans leur attente sacrilège, ils comptent sur les peuples qui, dans beaucoup de provinces, ont déjà commencé à perdre le respect envers leurs pasteurs, à l'occasion des changements introduits dans les formes du culte. Déjà dans de nombreuses paroisses, la dîme a été refusée aux curés qu'une injonction supérieure contraignait de supprimer les anciens livres et d'inaugurer les nouveaux. Mais avant d'étudier les doctrines liturgiques des nouveaux évêques et des nouveaux prêtres de cette monstrueuse agrégation qu'on appela l'Église constitutionnelle, arrêtons-nous à considérer les attaques dont les saines doctrines liturgiques se trouvent être l'objet dans plusieurs pays catholiques.

 

Nous avons tracé ailleurs la théorie d'après laquelle l'hérésie antiliturgiste, c'est-à-dire ennemie de la forme religieuse, a procédé depuis les premiers siècles, et les faits que nous avons produits dans tout le cours de cette histoire ont dû mettre dans un jour complet les intentions des sectateurs de cette doctrine maudite. On a dû remarquer que son caractère principal est de procéder avec astuce, et de ne jamais reculer devant les contradictions dans lesquelles ce système doit souvent l'entraîner. Destinée par sa propre nature à s'attacher comme le chancre à la religion des peuples, elle sait produire ou dissimuler ses progrès en proportion des risques qu'elle pourrait courir d'être extirpée par la main des fidèles et de leurs pasteurs. Souvent, il lui suffira d'exister à l'état de virus caché, et d'attendre la chance d'une éruption ; dans d'autres lieux, au contraire, elle osera tout à coup éclater sans ménagement. Ainsi, en France, elle se glissa sous couleur d'un perfectionnement des prières du culte, d'un plus juste hommage à rendre à l'Écriture sainte dans le service divin, d'une plus parfaite appréciation des droits de la critique ; elle sut flatter l'amour-propre national, les prétentions diocésaines, et au bout d'un siècle, elle avait trouvé moyen de détruire la communion des prières romaines dans les trois quarts de la France, d'anéantir l'œuvre de Charlemagne et de saint Pie V, d'infiltrer de mauvaises doctrines dans les livres de l'autel, enfin de faire agréer, pour rédacteurs de la prière publique, des hommes dont les maximes étaient flétries comme hérétiques par l'Église universelle.

 

C'étaient là sans doute de grands résultats ; mais on n'avait pu y parvenir que par degrés, et sous prétexte de perfectionnement autant littéraire que religieux. Il avait fallu dissimuler le but auquel on tendait, parler beaucoup d'antiquité tout en la violant, et surtout éviter de s'adresser au peuple par des changements trop extérieurs dans les objets visibles ; car la nation, en France, a été et sera toujours catholique avant toutes choses, et plus elle se sentira refoulée à une époque sous le rapport des manifestations religieuses, plus elle y reviendra avec impétuosité, du moment que l'obstacle sera levé.

 

Il en était tout autrement en Allemagne. La réforme de Luther avait été accueillie par acclamation, au XVIe siècle, dans une grande partie des États de cette vaste région, comme l'affranchissement du corps à l'égard des pratiques extérieures et gênantes qu'imposait le catholicisme. Dans les pays demeurés catholiques, le zèle des antiliturgistes du XVIIIe siècle s'inspira de ces favorables commencements, et quand il voulut tenter une explosion, il se garda bien d'aller perdre un temps précieux à falsifier des bréviaires et des missels. Il appliqua tout franchement et tout directement sur les formes, pour ainsi dire, plastiques du culte catholique ses perfides essais de réforme. Il savait le rationalisme allemand moins subtil que l'esprit français, et vit tout d'abord que l'on pouvait bien laisser le Bréviaire romain intact entre les mains d'un clergé qu'on saurait amener peu à peu à ne plus vouloir réciter aucun bréviaire. Les premières atteintes de cet esprit antiliturgiste, au sein même des catholiques, avaient déjà percé dans les canons de ce fameux concile de Cologne de 1536, dont nous avons parlé ailleurs. Mais ce fut bien autre chose, vers la fin du XVIIIe siècle, quand Joseph II s'en vint étayer de l'autorité impériale les plans antiliturgistes que lui suggérait la triple coalition des forces du protestantisme, du jansénisme et de la philosophie. Déjà, on avait miné le catholicisme dans une grande portion du clergé allemand, en dissolvant la notion fondamentale de l'Église, l'autorité du Pontife romain, au moyen des écrits empoisonnés de Fébronius, et plus tard, d'Eybel. Joseph II passant à la pratique, ouvrit, dès 1781, la série de ses règlements sur les matières ecclésiastiques. Il débuta, comme on a toujours fait, par déclarer la guerre aux réguliers, auxquels il enleva l'exemption et les moyens de se perpétuer, en attendant qu'il lui plût de porter la main sur la juridiction épiscopale elle-même. Mais le vrai moyen d'atteindre le catholicisme dans le peuple était de réformer la Liturgie. L'empereur ne s'en fit pas faute, et l'on vit bientôt paraître ces fameux décrets sur le service divin, dont le détail minutieux porta Frédéric II à désigner Joseph sous le nom de mon frère le sacristain. La chose était cependant bien loin d'être plaisante. Les conseillers, de Joseph, et surtout le détestable prince de Kaunitz, dont le nom appartient à cette histoire comme celui d'un des plus grands ennemis de la forme catholique, les conseillers de Joseph, disons-nous,, et sans doute l'empereur lui-même, sentaient parfaitement la portée de ce qu'ils faisaient en préparant l'établissement d'un catholicisme bâtard, qui ne serait ni garanti par des corporations privilégiées, ni régi exclusivement par la hiérarchie, ni basé sur un centre inviolable, ni populaire dans ses démonstrations religieuses.

 

On vit paraître, entre autres, sous la date du 8 mars 1783, un ordre impérial qui défendait de célébrer plus d'une messe à la fois dans la même église. Le 26 avril suivant, fut promulgué un règlement très étendu, dans lequel l'empereur supprimait plusieurs fêtes, abolissait des processions, éteignait des confréries, diminuait les expositions du saint Sacrement, enjoignait de se servir du ciboire au lieu de l'ostensoir dans la plupart des bénédictions, prescrivait l'ordre des offices, déterminait les cérémonies qu'on aurait à conserver et celles qu'on devrait abolir, et fixait enfin jusqu'au nombre des cierges qu'on devrait allumer aux divers offices. Peu après, Joseph fit paraître un décret de même sorte portant injonction de faire disparaître les images les plus vénérées par la dévotion populaire. Cependant, quelque philosophiques et libéraux que voulussent être les règlements de l'empereur, il s'y trouvait dès l'abord une disposition non moins antiphilanthropique qu'antiliturgique. Joseph statuait que l'on ferait désormais dans les églises, les dimanches et fêtes, deux sermons distincts,l'un pour les maîtres, l'autre pour les domestiques ; en quoi il se conformait, sans le savoir peut-être, au génie du calvinisme qui se retrouve plus ou moins au fond de tout système antiliturgiste. Il y a longtemps que l'on a observé, pour la première fois, que le peuple qui se presse avec tant d'enthousiasme sous les voûtes étincelantes d'or d'une église catholique, trouve rarement cette hardiesse dans le temple calviniste. C'est que dans l'Église catholique, la pompe révèle la présence de Dieu qui a fait le pauvre comme le riche, tandis que le prêche protestant offre simplement l'aspect d'une froide et cérémonieuse réunion d'hommes. Pour en revenir aux édits de Joseph II, on sait avec quelle obéissance passive ils furent accueillis dans la plupart des provinces allemandes de l'Empire : mais la Belgique toujours fidèle, la Belgique que le voisinage de la France n'a jamais fait dévier du sentier romain de la Liturgie, prit les armes pour résister aux innovations de Joseph II, et préluda, sous l'étendard de la foi, à ces glorieux efforts qui devaient, quarante ans plus tard, après bien d'autres souffrances, fonder son indépendance et l'établir au rang des nations. Puisse-t-elle n'oublier jamais que le principe de sa liberté politique à l'intérieur et à l'extérieur est la liberté même du catholicisme !

 

Tandis que Joseph II travaillait à déraciner la foi de l'Église romaine dans l'empire, cette mère et maîtresse de toutes les églises n'avait pas à souffrir de moindres atteintes de la part des princes ecclésiastiques de l'Allemagne. Les archevêques électeurs de Cologne, Trêves et Mayence, avec l'archevêque prince de Salzbourg, signaient à Ems, le 25 août 1786, ces trop fameux articles dont le but était d'affranchir, disait-on, la hiérarchie, en anéantissant l'autorité suprême du Siège apostolique. Or, les maximes antiliturgistes avaient pénétré dans le cœur de ces prélats, et s'ils poursuivaient le Christ en son vicaire, ils cherchaient aussi à restreindre son culte dans l'église. L'un deux, Jérôme de Collorédo, archevêque de Salzbourg, avait donné, dès 1782, une instruction pastorale, dans laquelle il s'élevait contre ce qu'il nommait le luxe des églises, déclamait contre la vénération des images, et prétendait, entre autres choses, que le culte des saints n'est pas un point essentiel dans la religion. C'était bien là, comme l'on voit, l'esprit de nos novateurs français, mais fortifié de toute l'audace qu'on pouvait se permettre en Allemagne.

 

Mais ce qui parut le plus étonnant à cette époque, fut l'apparition des mêmes scandales, en Italie, où tout semblait conspirer contre les développements, et même contre les premiers symptômes de l'hérésie antiliturgiste. Cette importation manifesta à la fois les caractères de l'esprit français plus subtil, plus cauteleux, et de l'esprit allemand plus hardi et plus prompt à rompre en visière. On s'expliquera aisément ce double caractère, si on se rappelle les efforts inouïs que les jansénistes français avaient faits pour infiltrer leurs maximes en Italie, et aussi l'influence que devait naturellement exercer sur Léopold, grand-duc de Toscane, l'exemple de son frère Joseph II. Toutefois, avant d'oser réformer le catholicisme dans la portion de l'Italie qui était malheureusement échue à son zèle, Léopold avait besoin de se sentir encouragé par quelque haut personnage ecclésiastique de ses États. Ce personnage fut Scipion de Ricci, évêque de Pistoie et Prato, l'ami intime du trop fameux professeur Tamburini, le disciple fidèle des appelants français, et l'admirateur fanatique de toutes leurs œuvres, mais spécialement de leurs brillants essais liturgiques.

 

Le 18 septembre 1786, s'ouvrit à Pistoie, sous les auspices du grand-duc, ce trop fameux synode dont les actes firent dans l'Église un éclat si scandaleux, mais aussi, il faut le dire, si promptement effacé. Ricci était venu trop tôt ; peut-être même la mauvaise influence s'était-elle trompée tout à fait sur la contrée où un pareil homme aurait dû naître. Quoi qu'il en soit, le malheureux prélat survécut aux scandales qu'il avait causés, et il a fini ses jours dans la communion de l'Église dont il avait déchiré le sein. Il n'est point de notre sujet de dérouler ici le honteux système de dégradation auquel le synode de Pistoie, dans sa sacrilège outrecuidance, prétendait soumettre tout l'ensemble du catholicisme ; la partie liturgique de ses opérations est la seule que nous ayons le loisir de mettre sous les yeux de nos lecteurs. Ainsi, nous ne nous arrêterons pas à signaler l'audace de cette assemblée, promulguant la doctrine hérétique et condamnée de Baïus et de Quesnel, sur la grâce ; adoptant scandaleusement la déclaration de 1682 contre les droits du Pontife romain ; abolissant l'exemption des réguliers pour étaler ensuite dogmatiquement le plus dégoûtant presbytérianisme ; mais nous citerons d'abord ces mémorables paroles de la session sixième : "Avant tout, nous jugeons devoir coopérer, avec notre a prélat, à la réforme du bréviaire et du missel de notre église, en variant, corrigeant et mettant dans un meilleur ordre les offices divins. Chacun sait que Dieu, qui est la vérité, ne veut pas être honoré par des mensonges ; et d'autre part, que les plus savants et les plus saints personnages, des papes même, ont dans ces derniers temps reconnu dans notre bréviaire, spécialement pour ce qui regarde les leçons des saints, beaucoup de faussetés, et ont confessé la nécessité d'une plus exacte réforme. Quant à ce qui regarde les autres parties du bréviaire, chacun comprend qu'à beaucoup de choses ou peu utiles, ou moins édifiantes, il serait nécessaire d'en substituer d’autres tirées de la Parole de Dieu ou des ouvrages originaux des saints Pères ; mais, sur toutes choses, on devrait disposer le bréviaire lui-même de façon que, dans le cours de l'année, on pût lire tout entière la sainte Écriture."

 

Ainsi donc, nous entendrons les antiliturgistes tenir partout un langage uniforme, de Luther à Ricci, en attendant le tour de nos constitutionnels français. Toujours l'Écriture sainte,en place des prières de la tradition ; toujours la guerre au culte des saints, l'oubli infligé à leurs œuvres merveilleuses, sous le prétexte d'épurer la vérité de toutes les scories apocryphes dont l'ont souillée les légendaires. D'où vient donc cette affectation de copier si servilement les fades déclamations des Foinard, des Grandcolas, des Mésenguy, des Baillet, etc. ? Le digne interprète de Scipion de Ricci, l'éditeur de ses Mémoires, de Potter le voltairien, nous l'explique quand il nous dit, en parlant des plans liturgiques de l'évêque de Pistoie : "Ses amis de France, entre autres les abbés Maultrot, Leroy et Clément, et les Italiens qui professaient les mêmes principes, s'étaient hâtés de lui communiquer leurs idées et leurs lumières pour opérer une réforme complète du bréviaire et du missel." (De Potter. Mémoires de Scipion de Ricci, évêque de Pistoie et Prato, réformateur du catholicisme en Toscane, sous le règne de Léopold. Tome II, page 220.). Au reste, la prédilection de Ricci pour cette école liturgique paraît assez clairement dans le choix de livres que le synode prescrit aux curés. On se garde bien d'y oublier l'Année chrétienne de Nicolas Le Tourneux, ni l’Exposition de la doctrine chrétienne de Mésenguy. Ces deux chefs-d'œuvre des fameux compilateurs des Bréviaires de Cluny et de Paris, figurent dignement sur le catalogue à côté du rituel d'Alet et des Réflexions morales de Quesnel.

 

Mais voyons plus avant l'œuvre du synode et ses glorieux efforts pour s'élever dans la réforme liturgique à la hauteur des vues de Joseph II et de son digne frère.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XXIII : DE LA LITURGIE DURANT LA SECONDE MOITIE DU XVIIIe SIECLE. 

 

Portrait de l'Empereur Joseph II, Anton von Maron

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7 juin 2012 4 07 /06 /juin /2012 11:30

Mais c'est assez ; il nous en coûterait trop de prolonger cette apologie de l'Église romaine, et nous voulons croire pieusement que Symon de Doncourt, s'il vivait aujourd'hui, serait le premier à réfuter sa propre découverte, dont le résultat final n'a profité jusqu'ici qu'à des hérétiques et des schismatiques. 

 

Les influences de Saint-Sulpice sur la Liturgie parisienne eurent du moins cet avantage, de procurer l'insertion d'un office et d'une messe du Sacré-Cœur de Jésus, dans les nouveaux bréviaire et missel : cet office et cette messe étaient de la composition de Joubert et de Doncourt. Ainsi, une solennelle réclamation contre l'esprit janséniste qui avait inspiré l'œuvre de Vigier et Mésenguy, venait s'implanter au milieu de cette œuvre elle-même. Quelques années auparavant, en 1770, Christophe de Beaumont avait approuvé un office du saint Rosaire qui n'était pas, il est vrai, destiné à être inséré au bréviaire, mais qui pourtant était aussi une réclamation contre cet isolement dans lequel on tenait les catholiques français à l'égard de Rome et de la chrétienté, en leur interdisant la commémoration d'une des plus magnifiques victoires que le nom chrétien, sous les auspices de Marie, et par les efforts du Pontife romain, ait jamais remportée sur le Croissant.

 

Antoine-Eléonor Leclerc de Juigné, qui siégeait saintement et glorieusement dans l'Église de Paris, quand la tempête si longuement et si complaisamment préparée s'en vint mugir avec tant de rage contre les institutions de notre foi, avait senti pareillement la portée des outrages faits à la piété catholique par la Liturgie janséniste. Dans, l'édition du Bréviaire de Paris qu'il préparait, mais qui n'eut pas lieu, il songeait à introduire l'office de Notre-Dame du Mont-Carmel ; mais les temps n'étaient pas accomplis. La route n'était pas parcourue dans son entier; l’heure n'était donc pas venue de revenir sur ses pas. On le vit bien d'ailleurs, quand le même prélat, ayant besoin de huit hymnes nouvelles (Trois pour le commun des prêtres, deux pour le patron, et trois pour sainte Clotilde) pour rendre plus parfaite l'édition de son bréviaire, trouva tout simple de les commander à des littérateurs, comme on ferait d'un discours académique. Lisez plutôt : D'après les intentions de l'Archevêque, le Recteur de l'Université (c'était alors Dumouchel) indiqua un concours pour travailler à ces hymnes, et adressa le 2 décembre 1786, un mandement latin aux professeurs et aux amis de la poésie latine, pour les engager à s'occuper de cet objet. On dit que Luce de Lancival, alors professeur de rhétorique au Collège de Navarre, concourut et obtint le prix pour les hymnes de sainte Clotilde. Cependant, si nous nous en souvenons bien, il nous semble que saint Bernard exige tout autre chose de l'hymnographe chrétien, que la qualité de professeur ou d'ami de la poésie latine. La persécution qui renversa les autels suspendit l'édition du bréviaire projeté ; mais n'eût-il pas été bien déplorable de voir réunis dans le même livre des prières cléricales, les psaumes de David, les cantiques des prophètes et les fantaisies latines d'un personnage érotique qui, après avoir cultivé en auteur du troisième ordre le tragique et le comique du Théâtre-Français, mourut à quarante-quatre ans d'une maladie honteuse (Le nouveau bréviaire de Paris de 1822 renferme trois hymnes de sainte Clotilde, sans nom d'auteur. Ne seraient-elles point celles de Luce de Lancival ? Que d'autres nous le disent. Jusque-là nous nous abstenons) ? Et pourtant, mieux vaut encore pour hymnographe un libertin qu'un hérétique.

 

L'archevêque de Juigné, s'il ne renouvela ni le missel, ni le bréviaire, accomplit néanmoins une œuvre liturgique bien grave dans le diocèse de Paris : ce fut la publication d'un nouveau rituel. Nous ne parlerons pas ici du Pastoral, ou recueil dogmatique et moral qui ne concerne que la pratique du saint ministère. Le Rituel proprement dit doit nous occuper uniquement. On remarqua dans la nouvelle édition de ce livre une hardiesse qui dépassait, sous un rapport, tout ce qu'on avait vu jusqu'alors. Sans doute, les jansénistes, auteur des nouveaux livres, s'étaient exercés à mettre du nouveau dans tout l'ensemble de la Liturgie, mais du moins ils ne s'étaient pas avisés de retoucher pour le style les pièces de l'antiquité qu'ils avaient jugé à propos de conserver. Les prières pour l'administration des sacrements n'avaient souffert aucune variation ; et, jusque-là, le XVIIIe siècle ne s'était pas cru en droit de donner des leçons de langue latine à saint Léon et à saint Gélase. Dans le Rituel parisien de 1786, le clergé s'aperçut que l'ensemble de ces vénérables formules avait été soumis à une nouvelle rédaction, sous le prétexte d'y introduire une plus grande élégance ! Ainsi, ce n'étaient plus les hymnes, les antiennes, les répons qui manquaient de dignité et qu'il fallait refaire, au risque de sacrifier la Tradition qui ne se refait pas ; c'était l'enseignement dogmatique des premiers siècles, le plus pur, le plus grave, le plus universel, qui devait disparaître pour faire place aux périodes plus ou moins ronflantes de Louis-François Revers, chanoine de Saint-Honoré ; d'un abbé Plunkett, docteur de Sorbonne ; et enfin d'un abbé Charlier, secrétaire de l'archevêque. Encore un pas, et le Canon de la Messe aurait eu son tour, et on l'aurait vu disparaître pour faire place à des phrases nouvelles, et débarrasser enfin les protestants de l'invincible poids de son témoignage séculaire. Encore un pas, et la raison de ne pas admettre la langue vulgaire dans la Liturgie, tirée de l'immobilité nécessaire des formules mystérieuses, aurait disparu pour jamais. Il fallait des faits semblables pour constater l'étrange déviation que les antiliturgistes avaient opérée de longue main dans l'esprit des catholiques français. Cinquante ans et plus ont dû s'écouler avant que l'on ait songé sérieusement à restituer, dans le Rituel parisien, les formes antiques de la tradition.

 

Les évêques de la province ecclésiastique de Tours se réunirent dans cette ville, en 1780, sous la présidence de l'archevêque François de Conzié. Dans cette assemblée provinciale qui n'eut cependant pas la forme de concile, on décréta la suppression de plusieurs fêtes dont l'observance était générale dans l'Église ; le mardi de la Pentecôte, entre autres. Pour corroborer cette mesure, des lettres patentes du roi furent sollicitées et obtenues. C'était peu cependant pour autoriser une dérogation à la discipline générale, dont les lois ne peuvent être relâchées que par le pouvoir apostolique, le seul qui ait droit de dispenser des canons reçus universellement. En 1801, Bonaparte fut mieux conseillé. Quoi qu'il en soit, dans le mandement qu'ils publièrent en nom collectif, sous la date du 8 mai 1780, pour annoncer aux fidèles les motifs de cette suppression des fêtes, les prélats, faisant allusion à certaines fêtes locales qu'ils avaient cru devoir abolir, proclamaient en ces termes les principes de tous les siècles sur l'unité liturgique : "Les fêtes seront, à l'avenir, uniformément célébrées dans nos différents diocèses. On ne verra plus les travaux permis dans un lieu et interdits dans un autre. Une sainte uniformité, l'image de l'unité de l'Église et l'un des plus beaux ornements du culte public, va se rétablir dans toutes les parties de cette a vaste province."

 

Les Pères du concile de Vannes, rassemblés en 461 sous la présidence de saint Perpetuus, évêque de Tours, n'avaient pas tenu un autre langage : "Il nous a semblé qu'une seule coutume pour les cérémonies saintes et la psalmodie, en sorte que de même que nous n'avons qu'une seule foi, par la confession de la Trinité, nous n'ayons aussi qu'une même règle pour les offices : dans la crainte que la variété d'observances en quelque chose ne donne lieu de croire que notre dévotion présente aussi des différences."

 

Il était naturel que, dans une conjoncture pareille, après avoir parlé de l'uniformité du culte public, image de l’unité de l'Église, l'assemblée de 1780 s'occupât des moyens de faire cesser la discordance de la Liturgie dans la province. L'archevêque convia ses collègues à embrasser le nouveau Bréviaire de Tours, qui n'était, pour le fond, que le parisien de Vigier et Mésenguy ; mais il était difficile qu'après s'être affranchi des règlements du concile de Tours de 1583, qui prescrivaient l'usage du Bréviaire romain de saint Pie V, on consentît à reconnaître l'autorité liturgique du métropolitain. Les évêques du Mans et d'Angers déclarèrent donc s'en tenir à leurs livres ; l'évêque de Nantes se décida pour la liturgie poitevine du lazariste Jacob ; les évêques de Vannes et de Saint-Brieuc conservèrent leur parisien pur et simple. L'évêque de Rennes fut le seul qui se sentit touché du désir d'embrasser les nouveaux usages de la métropole ; encore ne voulut-il recevoir les livres de Tours que dans sa cathédrale, déclarant la Liturgie romaine obligatoire dans le reste du diocèse, comme par le passé. Quant aux évêques de Dol, de Saint-Malo, de Tréguier, de Quimper et de Saint-Pol-de-Léon, ils protestèrent être dans l'intention de maintenir dans leurs églises l'usage de la Liturgie romaine. Nous ajouterons même, sur l'autorité d'un témoin respectable, que les évêques de Saint-Malo et de Saint-Pol-de-Léon, qui n'avaient assisté à l'assemblée que par procureur, écrivirent à l'archevêque : "Nous ne tenons à Rome que par un fil : il ne nous convient pas de le rompre". Honneur donc à ces pontifes dont le cœur épiscopal ne fléchit pas alors que tout cédait à l'entraînement de la nouveauté !

 

En 1782, on imprimait pour l'usage de l'église de Chartres un missel, et en 1783 un bréviaire, et quelques années après, le processionnal du diocèse et celui de la cathédrale. Ces livres, dont le fond était emprunté du nouveau parisien, paraissaient par l'autorité de l’évêque Jean-Baptiste-Joseph de Lubersac. A partir de cette réforme liturgique, le Bréviaire de l'église des Yves et des Fulbert dissimula comme par honte les saintes et patriotiques traditions sur la Vierge des Druides, et l'on cessa de chanter, sous les voûtes mêmes de Notre-Dame de Chartres, ces doux et gracieux répons dont Fulbert composait les paroles, et dont Robert le Pieux créait la mélodie. Quelques années plus tard, l'auguste cathédrale vit s'accomplir, sous son ombre sacrée, le plus hideux de tous les sacrilèges, quand l'image de la Vierge encore debout sur l'autel profané, transformée en déesse de la Liberté ou de la Raison, parut la tête couverte du bonnet ignoble dont l'abbé Sieyès et ses pareils avaient fait pour la France un symbole de terreur. C'est par degrés sans doute et non tout à coup que de semblables excès deviennent possibles chez un peuple.

 

Nous avons parlé ailleurs du Bréviaire de Sens dont les intentions jansénistes sont dénoncées par l'archevêque Languet. Ce bréviaire reçut son complément en 1785, dans la publication d'un nouveau missel, promulgué par l'autorité du cardinal de Luynes, archevêque de cette métropole. L'auteur de ce missel fut l'abbé Monteau, lazariste, supérieur du séminaire ; son travail est célèbre par la multiplicité des traits d'esprit qui scintillent de toutes parts dans les collectes, secrètes et postcommunions, en sorte qu'on les croirait taillées à facettes. L'abbé Monteau avait cela de particulier, qu'on le jugeait plutôt philosophe que janséniste. Quoi qu'il en soit, il prêta le serment à la constitution civile du clergé, et, ce qui est le plus déplorable, il entraîna dans le schisme, par l'autorité de son exemple, la plus grande partie du clergé du diocèse (Il se rétracta cependant après la Révolution).

 

Nous ne prolongerons pas davantage cette revue fort incomplète des variations liturgiques de nos églises. Le besoin d'en finir avec cette histoire générale de la Liturgie, nous oblige à réserver, pour une autre occasion, les détails que nous avions rassemblés sur les rapports de la Liturgie avec l'art, en France, durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il suffira de dire que la dégradation alla toujours en croissant jusqu'à la catastrophe qui vit crouler, en si grand nombre, nos églises modernisées, et engloutit leurs tableaux, leurs statues et leur ameublement dégénérés. L'abbé Lebeuf est encore une merveille, en comparaison des compositeurs de plain-chant que la fin du siècle produisit. Si la première condition, pour exécuter la plupart de ses pièces, est d'être muni d'une vigoureuse paire de poumons, il y a du moins quelque apparence de variété dans ses motifs ; il a centonisé, comme il le dit lui-même. Il en est tout autrement, par exemple, de Jean-Baptiste Fleury, chanoine de la collégiale de Sainte-Magdeleine de Besançon, qui se chargea de composer les chants du nouveau graduel et antiphonaire de ce diocèse. Sa phrase ne manque pas d'une certaine mélodie; mais elle revient sans cesse, molle et commune jusqu'à la nausée. Les mélodies de ses proses portent le même caractère. Il y eut des diocèses où les compositeurs s'exercèrent à refaire, d'après eux-mêmes, les rares pièces de la Liturgie romaine qu'on avait conservées. Ainsi à Amiens, on refit à neuf le Lauda Sion ; à Toul, on refit jusqu'aux grandes antiennes de l'Avent, etc., et Dieu sait quels pitoyables chants on substitua.

 

Au milieu de tant d'innovations, il nous a suffi de choisir quelques traits propres à initier le lecteur aux principes qui les ont toutes produites, et de montrer quelle espèce d'hommes en ont été les promoteurs et les exécutants. C'est donc à dessein que nous nous sommes abstenu, pour le moment, de faire mention des Bréviaires de Reims, Bourges, Besançon, Toul, Clermont, Troyes, Beauvais, Langres, Bayeux, Limoges, qui, avec ceux dont nous avons parlé, savoir, de Vienne, Senez, Lisieux, Narbonne, Meaux, Angers, Sens, Auxerre, Rouen, Orléans, Le Mans, et Amiens, forment à peu près la totalité de ceux que produisit en France la fécondité du XVIIIe siècle.

 

Disons cependant un mot des ordres religieux, bien qu'il nous en coûte d'aborder ce sujet sur lequel nous voudrions n'avoir à produire que des faits conformes au génie traditionnel du catholicisme, dont ces nobles familles ont été constituées les gardiennes. Mais, hélas ! on dut se rappeler cette antique sentence : Optimipessima corruptio, en voyant les tristes fruits de l'innovation liturgique dans le cloître. Nous avons parlé de l'ordre de Cluny et signalé la malheureuse influence de son trop fameux bréviaire. La congrégation de Saint-Vannes, en 1777, se donna à son tour un bréviaire et un missel dans le goût du nouveau parisien. Ils avaient pour auteur dom Anselme Berthod, bibliothécaire de Saint-Vincent de Besançon et ensuite grand prieur de Luxeuil. L'ordre de Prémontré renonça, en 1782, à son beau bréviaire romain-français, pour en prendre un nouveau publié par l'autorité de Lécuy, dernier abbé général de cette grande famille religieuse, et rédigé, ainsi que le nouveau missel, par Rémacle Lissoir, prémontré, abbé de la Val-Dieu, personnage qui avait publié un abrégé en français du livre de Fébronius, et qui, ayant prêté le serment à la constitution civile du clergé, fut curé de Charleville et siégea au conciliabule de Paris, en 1797. Enfin, la congrégation de Saint-Maur eut aussi son bréviaire particulier, publié en 1787, ouvrage beaucoup trop vanté et qui eut pour auteur principal dom Nicolas Foulon, convulsionniste passionné, qui se maria en 1792 et mourut en 1813 après avoir été successivement huissier au conseil des Cinq-Cents, au tribunat et au sénat de l'Empire !

 

Ainsi donc, sur cent trente églises, la France, en 1791, en comptait au delà de quatre-vingts qui avaient abjuré la Liturgie romaine. Elle s'était conservée seulement dans quelques diocèses des provinces d'Albi, d'Aix, d'Arles, d'Auch, de Bordeaux, de Bourges, de Cambray, d'Embrun, de Narbonne, de Tours et de Vienne. Strasbourg, qui était de la province de Mayence, l'avait gardée. Aucune province, si ce n'est celle d'Avignon, ne s'était montrée unanime à la retenir, et elle avait entièrement péri dans les métropoles de Besançon, de Lyon, de Paris, de Reims, de Sens et de Toulouse. De tous les diocèses qui, à l'époque de la bulle de saint Pie V, n'avaient pas pris le Bréviaire romain, mais avaient simplement réformé, à l'instar de ce bréviaire, leur romain-français, pas un n'avait retenu cette magnifique forme liturgique. Les novateurs avaient donc poursuivi l'élément français dans la Liturgie, avec la même rigueur qu'ils avaient déployée contre l'élément romain, parce que tous deux étaient traditionnels. Il n'y eut que l'insigne collégiale de Saint-Martin de Tours qui, donnant en cela la leçon à nos cathédrales les plus fameuses, osa réimprimer, en 1748, son beau bréviaire romain-français, et qui, seule au jour du désastre, succomba avec la gloire de n'avoir pas renié ses traditions. Nous rendons ici, avec effusion de cœur, cet hommage à cette sainte et vénérable église, et à son illustre chapitre.

 

Mais c'est assez rappeler de tristes souvenirs : puisse du moins l'innovation liturgique du XVIIIe siècle, apparaissant telle qu'elle est, dans ses motifs, dans ses auteurs, dans ses agents, être jugée de nos jours, comme elle le sera par devant tout tribunal qui voudra juger les institutions du catholicisme d'après le génie même du catholicisme !

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XXIII : DE LA LITURGIE DURANT LA SECONDE MOITIE DU XVIIIe SIECLE.    

 

11-517014

Antoine Eléonore Léon LECLERC DE JUIGNÉ (1728-1811), Archevêque de Paris

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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 11:30

Rentrons en France pour y être témoins des efforts des organisateurs des ennemis de la Liturgie romaine.

 

Encore quarante ans, et les débris de l’ancienne société française seront épars sur le sol. Le vertige est dans toutes les têtes ; ceux-la mêmes qui veulent conserver quelque chose de ce qui fut, sacrifient d'autre part à la manie du jour. L'école des nouveaux liturgistes, recrutée principalement jusqu'ici dans les rangs du jansénisme, se renforce de philosophes et d'incroyants. La Liturgie romaine est menacée dans toute la France, et comme la foi elle-même s'en va, on se met peu en peine que ses'antiques manifestations disparaissent avec elle. Traçons le rapide, mais lamentable tableau de cette effrayante dissolution.

 

Nous avons fait voir ailleurs comment l'innovation liturgique avait été une oeuvre presbytérienne dans ses instigateurs et ses agents, et comment même de simples acolytes se trouvèrent appelés à y prendre une part majeure. En attendant le jour où des laïques présenteraient à l'Assemblée constituante la Constitution civile du clergé, voici qu'un autre laïque, un disciple de Jansénius, un dévot du diacre Paris, un visionnaire apocalyptique, Laurent-Etienne Rondet, en un mot, se trouve placé à la tête du mouvement liturgique. Ce personnage est appelé, dans dix diocèses différents, pour diriger l'édition des nouveaux livres qu'on veut se donner. Les Bréviaires de Laon, du Mans, de Carcassonne, de Cahors, de Poitiers, de Noyon et de Toulouse ont l'honneur de passer sous sa direction. Les Missels de Soissons, du Mans, de Poitiers, de Noyon, de Toulouse et de Reims, le proclament leur infatigable patron ; le Rituel de Soissons l'avoue pour son rédacteur, les Processionnaux de Poitiers et de Reims lui ont les plus grandes obligations, etc. (Feller, Biographie universelle, Article Rondet. Ami de la Religion. Tome XXVI.). En un mot, cet homme est partout ; les églises l'appellent à leur secours comme celui en qui s'est reposé l'esprit qui anima les Le Tourneux, les Le Brun des Marettes, et les Mésenguy. Les pasteurs des peuples à qui il appartient d'enseigner par la Liturgie, après avoir renoncé à l'antique tradition grégorienne, s'inclinent devant un séculier, sectateur avoué de dogmes qu'ils réprouvent, et livrent plus ou moins à sa censure les prières de l'autel.

 

Non, certes, il ne se vit jamais rien de pareil, et nous ne le croirions pas, s'il n'était attesté par des témoins oculaires et, du reste, pleins d'enthousiasme. Dirons-nous un mot des influences de Rondet sur les livres dont nous parlons ? Les détails n'appartiennent pas à cette rapide histoire liturgique ; ils viendront assez tôt ailleurs. Toutefois, observons que tous les bréviaires et missels à la publication desquels Rondet prit part, présentent deux caractères particuliers qui les distinguent des livres parisiens de Vigier et Mésenguy. Le premier est l'affectation d'employer l'Écriture sainte d'après la Vulgate actuelle, en faisant disparaître les phrases, les mots, les syllabes même qui, provenant de l'Ancienne Italique, rappellent encore, quoique bien rarement, dans le parisien actuel, l'origine grégorienne de quelques répons ou antiennes. On sait que Rondet se piquait d'érudition biblique ; mais il est fâcheux qu'il ait cru devoir en faire un usage si barbare. Au reste, la question de savoir si l'on devait conserver dans la Liturgie les paroles de l'Ancienne Italique, avait été agitée à Rome, dès le XVIe siècle. Mais de bonne heure, Clément VIII fixa toutes les incertitudes, en déclarant qu'on devait maintenir l'ancienne version dans toutes les pièces chantées. Le pontife censura même avec énergie la témérité et l'audace des novateurs, ne voulant pas qu'on pût dire qu'une atteinte, si légère qu'elle fût, aurait été portée à la tradition par les pontifes romains. On doit, après tout, savoir gré à Rondet, qui n'avait pas les mêmes intérêts que l'Église romaine au maintien des traditions, de n'être pas allé jusqu'à remplacer le Venite exultemus du psautier italique, par celui du psautier gallican.

 

Le second caractère des livres liturgiques sortis de ses mains, est d'avoir un Commun des prêtres. Nous discuterons ailleurs les motifs et les avantages de cette nouvelle création. Il faut dire cependant que les livres publiés par Rondet ne sont pas les premiers qui la présentent ; mais, quoiqu'on l'eût déjà inaugurée au Bréviaire de Rouen, dès 1726, Vigier et Mésenguy n'avaient pas cru devoir imiter cet exemple. La congrégation des chanoines réguliers de Sainte-Geneviève,en adoptant leur bréviaire, y introduisit tout d'abord le nouveau Commun qui bientôt devait être accueilli en tous lieux, par acclamation, à cette époque où les pouvoirs du second ordre étaient proclamés si haut. La révolution était donc partout, et d'autant plus voisine de son explosion, que ceux-là mêmes qu'on avait trouvé moyen d'y intéresser, étaient ceux qu'elle devait atteindre les premiers. Quoi qu'il en soit, le nouveau partage des communs produisit encore un déplorable renversement des traditions liturgiques, dans les bréviaires modernes, savoir, la suppression absolue du titre de confesseur, sans lequel il est impossible cependant de rien entendre au système hagiologique de l'Église catholique. Aussi n'est-il pas rare de rencontrer des prêtres instruits d'ailleurs, qui ne donnent au titre de confesseur d'autre acception que de signifier un personnage qui a souffert l'exil, la prison, ou les tourments, pour la Foi.

 

L'année 1765 vit paraître un bréviaire, et l'année 1766 un missel, qui dépassaient peut-être encore tout ce qu'on avait vu jusqu'alors. Ces deux livres, destinés au diocèse de Poitiers, avaient été rédigés par un lazariste nommé Jacob, et portaient en tête le nom et l'approbation de Martial-Louis de Beaupoil de Saint-Aulaire. D'abord, tout ce que nous avons énuméré jusqu'ici de nouveautés étranges dans les livres de Paris et autres, s'y trouvait reproduit fidèlement ; mais avec quelle incroyable recherche l'auteur avait enchéri sur tant de singularités ! Nous ne parlerons pas de l'usage inouï de placer, à certains jours, une légende de saint dans l'office des Laudes ; mais peut-on voir quelque chose de plus étrange que de consacrer le dimanche, ce premier jour de l'opération divine, ce jour de la création de la lumière, de la résurrection du Christ, de la promulgation de la loi évangélique, de le consacrer, disons-nous, à célébrer le repos de Dieu achevant l'œuvre de la création ? Pouvait-on démentir d'une manière plus énorme tous les siècles chrétiens, qui n'ont qu'une voix sur les mystères de la semaine, et qui jamais ne confondirent le jour de la lumière avec le Sabbat du Seigneur ? A l'effet d'étayer ce beau système, Jacob n'avait eu rien de plus pressé que de débarrasser les vêpres du dimanche de ces belles et populaires antiennes, conservées cependant à Paris et partout ailleurs : Dixit Dominus — Fidelia, etc., pour amener, comme dans tout le reste de son psautier, de nouvelles antiennes plus ou moins décousues et tirées des divers livres de la Bible ; en quoi il avait rompu non seulement avec Rome, Milan, l'ancienne Église gallicane, l'Église gothique d'Espagne, mais même avec tous les nouveaux bréviaires, dont aucun n'avait encore été puiser hors des psaumes eux-mêmes les antiennes du psautier. Dans la voie des nouveautés, quand on a franchi un certain degré, on ne s'arrête plus. Nous nous bornerons, pour le moment, à ces traits du bréviaire de Jacob, en signalant toutefois les indignes gravures dont on avait prétendu l'orner.

 

Le Missel pictavien était digne du bréviaire auquel il correspondait. La place nous manque pour une analyse qui sera suppléée ailleurs. Disons seulement que la rage de sacrifier les formules grégoriennes,au profit d'un misérable système individuel, avait amené la suppression de la plupart de ces introïts dont les premiers mots étaient pour nos pères le flambeau de l'année ecclésiastique et civile, et dont une partie, du moins, avait survécu aux violences de Vigier et Mésenguy. De tous ces introït, un surtout était resté dans la mémoire du peuple, celui de l'octave de Pâques : Quasi modo geniti. Jacob le biffa comme les autres, pour mettre en place Beata gens, etc., paroles du psaume XXXII ; car Jacob, qui, dans le psautier, ne souffrait pas d'antiennes tirées des psaumes, se fit une loi d'emprunter exclusivement au psautier les introït de son missel, à la condition, toutefois, d'expulser sans façon la plupart de ceux que saint Grégoire avait puisés à la même source. Aveugle novateur, qui ne savait probablement pas qu'aujourd'hui encore, dans l'Allemagne protestante, le peuple, après trois siècles de Luthéranisme, après trois siècles de langue vulgaire dans les offices, n'a encore oublié ni le dimanche Quasimodo, ni le dimanche Jubilate, ni le dimanche Vocem Jucunditatis, etc. Certes, si un jour l'Église de saint Hilaire qui, plus qu'une autre, devrait être jalouse des traditions saintes, vient à replacer sur ses antiques autels les livres de saint Grégoire, et à reléguer sur les rayons des bibliothèques humaines les œuvres du lazariste Jacob, nous doutons qu'après trois siècles, la mémoire des Poitevins garde un souvenir aussi fidèle du dimanche Beata gens.

 

L'Église de Toulouse, en 1761, vint aussi abjurer les traditions romaines. Elle avait alors le malheur d'être gouvernée par son trop fameux archevêque Etienne-Charles de Loménie de Brienne, qui croyait en Dieu, peut-être, mais non en la révélation de Jésus-Christ. Il mérita du moins, pour sa réforme liturgique, les éloges du gazetier janséniste : "On sait, dit-il, que M. l'archevêque de Toulouse et MM. les évêques de Montauban, Lombez, Saint-Papoul, Aleth, Bazas et Comminges, ont donné l'année dernière à leurs diocèses respectifs un nouveau bréviaire qui est le même que celui de Paris, à quelques changements près, qui n'intéressent point le fond de cet OUVRAGE IMMORTEL" (Nouvelles ecclésiastiques, 16 avril 1772.). En effet, ce n'était pas un médiocre triomphe pour le parti, de voir un si grand nombre d'Églises venir chercher, sur la tombe de Vigier et de Mésenguy, les livres destinés à remplacer désormais, pour elles, les usages surannés de l'Eglise romaine. Il faut dire pourtant qu'à Toulouse on avait cherché, au moyen d'un très mauvais vers, à rendre catholique la fameuse strophe de Santeul, déjà remaniée diversement, comme on l'a vu, à Evreux et au Mans. Le bréviaire de Loménie disait donc :

Insculpta saxo lex vetus

NIL VIRIUM PER SE DABAT ;

Inscripta cordi lex nova

Quidquid jubet dat exequi.

C'était du moins avouer une fois de plus, que l'orthodoxie de l'hymnographe gallican et de ses œuvres n'avait rien de trop rassurant.

 

Mais les innovations dont nous venons de parler n'offraient rien d'aussi lamentable que celle qui, en 1776, désola la sainte Église de Lyon, premier siège des Gaules. Depuis lors, on peut dire qu'elle a perdu son antique beauté, veuve à la fois des cantiques apostoliques de son Irénée et des mélodies grégoriennes que Charlemagne lui imposa ; n'ayant plus rien à montrer au pèlerin qu’attire encore le souvenir de sa gloire, hors le spectacle toujours imposant des rites célèbres qu'elle pratique dans la solennité du sacrifice. La splendeur orientale de ces rites suffirait, sans doute encore, à ravir le voyageur catholique, si, par le plus cruel contraste, il ne se trouvait tout à coup arraché à l'illusion par le bruit de ces paroles nouvelles, par le fracas de ces chants modernes, et inconnus aux voûtes de l'auguste primatiale des Gaules, jusqu'au jour où elle vit Antoine Malvin de Montazet s'asseoir, et avec lui l'hérésie, au centre de son abside. Le chapitre insigne de la primatiale, qui avait souffert, sans réclamation, que Charles de Rochebonne, en 1737, portât la main sur l'antique bréviaire, accepta, par acte capitulaire du 13 novembre 1776, la substitution de la Liturgie parisienne à celle de Lyon, dernier débris de nos saintes traditions gallicanes. Il humilia ainsi l'église de Lyon devant celle de Paris, comme celle de Paris s'était humiliée devant Vigier et Mésenguy. Les cérémonies restèrent, nous en convenons, mais la parole avait disparu, la parole qui devait rester, quand bien même les rites extérieurs eussent subi quelques altérations. Donc, les yeux du peuple n'y perdirent rien ; mais les chanoines y gagnèrent de réciter désormais un bréviaire plus court ; les chantres ne furent pas contraints d'exécuter par cœur des mélodies séculaires ; tous leurs efforts tendirent désormais à déchiffrer les nouveaux chants, si pauvres, si vides d'expression. Ainsi fut changé la face de cette église qui se glorifiait autrefois de ne pas connaître les nouveautés. Mais il était écrit que la déviation serait universelle, parce que de toutes parts on avait dédaigné la règle de tradition.

 

Cependant, comme toujours, une opposition courageuse, quoique faible, se manifesta. Une minorité dans le chapitre primatial fit entendre ses réclamations. On vit même paraître un écrit intitulé : Motifs de ne point admettre la nouvelle Liturgie de M. l’Archevêque de Lyon (In-12 de 136 pages.). Mais bientôt le Parlement de Paris, fier de ses succès dans l'affaire du Bréviaire de Vigier et Mésenguy, condamna le livre au feu, par un arrêt du 7 février 1777, et après la sentence de ce tribunal laïque, mais juge en dernier ressort sur les questions liturgiques dans l'Église de France, le silence se fit partout. On accepta sans réplique les bréviaires et missels de l'archevêque Montazet, lequel, pour compléter son œuvre, faisait élaborer, à l'usage de son séminaire, une théologie qui est restée au nombre des plus dangereuses productions de l'hérésie du XVIIIe siècle.

 

Ce n'est peint dans ce rapide coup d'œil sur l'histoire générale des formes de l'office divin, que nous pouvons nous arrêter en détail sur ce que les nouveaux livres lyonnais présentaient d'offensant pour les traditions de la Liturgie catholique et de la Liturgie lyonnaise en particulier. L'occasion ne s'en présentera que trop souvent ailleurs. Nous ne citerons donc ici qu'un seul fait : c'est la suppression d'un des plus magnifiques cantiques de l'Église gallicane, d'un cantique qui ne se trouvait plus que dans la Liturgie lyonnaise, et que Montazet en a chassé, pour le remplacer par un fade mélange de textes bibliques. Or, voici les paroles pleines de suavité et de majesté par lesquelles l'antique Église des Gaules conviait les fidèles au festin de l'Agneau, dans sa solennité de Pâques, paroles revêtues d'un chant dont la sublimité avait frappé l'abbé Lebeuf (Lebeuf. Traité historique du Chant ecclés., pag. 40.). Cette antienne se chantait pendant la communion du peuple, et semblait la grande voix de l'hiérophanie appelant les élus à venir se plonger dans les profondeurs du mystère.

 

Venite, populi, ad sacrum et immortale mysterium, et libamen agendum cum timore et fide.

 

Accedamus manibus mundis,

Pœnitentiœ munus communicemus;

 

Quoniam Agnus Dei propter nos Patri Sacrificium propositum est.

 

Ipsum solum adoremus,

Ipsum glorificemus,

Cum angelis clamantes :

Alleluia.

 

Voici maintenant ce que l'Église de Lyon chante aujourd'hui :

Gustate et videte quoniam suavis est Dominus ; properate et comedite, et vivet anima vestra : hic est panis qui de cœlo descendit, et dat vitam mundo : confortetur cor vestrum, omnes qui speratis in Domino : cantate ei canticum novum : bene psallite ei in vociferatione, alleluia. Ps. XXXIII. Is. LIV. Joan. VI. Ps. XXX. Ps. XXXII.

 

Nous transcrivons fidèlement, y compris les indications des sources à l'aide desquelles les faiseurs au service de Montazet ont bâti ce centon décousu. Voilà ce qu'on faisait alors de la tradition et de la poésie ; voilà le zèle avec lequel ces soi-disant gallicans traitaient les débris de la Liturgie de saint Irénée et de saint Hilaire. On voit, au reste, qu'ils ont eu quelque velléité d'imiter l'ancien cantique, ne serait-ce qu'en cherchant un rapprochement quelconque entre les dernières paroles de l'hymne gallicane : Cum Angelis clamantes : Alleluia, et ces mots : Bene psallite ei in vociferatione, alleluia. Voilà assurément de la mélodie janséniste : Psallite ei in ; et le vociferatione n'est-il pas ici d'un grand effet, et surtout d'une grande justesse ?

 

A Paris, en 1775, les libraires associés pour la publication des usages du diocèse, ayant donné une édition du missel remplie de fautes, l'archevêque Christophe de Beaumont leur enjoignit de ne rien imprimer dans la suite qui n'eût été revu par MM. de Saint-Sulpice. Ainsi, cette compagnie respectable qui s'était distinguée en 1736 par son opposition à l'œuvre de Vigier et Mésenguy, l'avait ensuite acceptée si cordialement, que l'autorité diocésaine n'avait rien de mieux à faire que de la préposer à la garde de ce dépôt. Les abbés Joubert et Symon de Doncourt furent spécialement chargés de diriger l'édition du Missel de 1777, et celle du bréviaire de 1778. Ils introduisirent quelques améliorations légères ; par exemple, en faisant disparaître la divergence des oraisons de la messe et de l'office, dans une même fête ; inconvénient qui rappelait la précipitation avec laquelle on avait procédé, au temps de l'archevêque Vintimille. Malheureusement, toutes les améliorations introduites par Joubert et Symon de Doncourt n'étaient pas aussi dépourvues d'esprit de parti ; autrement, on ne s'expliquerait pas la faveur inouïe qu'obtint le travail des deux sulpiciens de la part des jansénistes, qui jusqu'alors n'avaient jamais manqué une occasion de s'exprimer contre leur compagnie dans les termes les plus grossiers et les plus méprisants. Ce fut donc merveille de voir successivement trois feuilles des Nouvelles ecclésiastiques (20 août, 29 octobre et 5 novembre 1784.) consacrées, presque en entier, à reproduire avec une faveur complète le mémoire dans lequel Joubert et Symon de Doncourt rendaient compte de leur opération au public.

 

Une des raisons de cette haute faveur apparaît en particulier dans une des améliorations de l'édition du Missel de 1777, signalée par Symon de Doncourt lui-même avec la plus naïve complaisance, dans une lettre de cet ecclésiastique insérée au Journal ecclésiastique du janséniste Dinouart (Tome LXVI, page 266.). Le correcteur du missel se félicite d'avoir été à portée de rectifier une grave erreur qui s'était glissée dans la fameuse oraison de saint Pierre : Deus qui beato Petro apostolo tuo, collatis clavibus regni cœlestis ANIMAS ligandi atque solvendi pontificium tradidisti. La cour de Rome, suivant l'auteur de la lettre, aurait, dans les temps postérieurs, retranché à dessein le mot animas, comme faisant obstacle à ses prétentions sur le temporel des rois. Malheureusement pour Symon de Doncourt, les jansénistes et les constitutionnels ont tant rebattu depuis lors cette anecdote liturgique (Voyez les Annales de la Religion, journal de l'Église constitutionnelle ; la Chronique religieuse dirigée par Grégoire ; les ouvrages de Grégoire lui-même ; Tabaraud, etc. Il n'est peut-être pas d'histoire qui y soit plus souvent ressassée que cette prétendue supercherie romaine), qu'il serait difficile aujourd'hui de la réfuter sans dégoût. Disons donc seulement que si les missels romains actuels ne portent pas le mot animas, les divers manuscrits du Sacramentaire de saint Grégoire, publiés par Pamélius et D. Hugues Ménard, ne le portent pas non plus. Est-ce donc une honte pour l'Église romaine de s'en tenir à la leçon de saint Grégoire ? Quant à l'honorable intention de fermer l'entrée du Missel de Paris aux doctrines ultramontaines, en exprimant fortement cette maxime, que le pouvoir de lier et délier donné à saint Pierre s'exerce sur les âmes (animas), cela est bien puéril. Qui ne sait, en effet, que la puissance spirituelle est spirituelle de sa nature, en sorte que si elle atteint les choses temporelles, elle ne les peut atteindre que par les âmes, par les intérêts spirituels, par la conscience ? D'autre part, Symon de Doncourt, ainsi que l'abbé Grégoire et consorts, prétendrait-il que l'Église n'a de pouvoir à exercer que sur les âmes ? Mais comment demeurer catholique avec une pareille doctrine qui renverse d'un seul coup toutes les obligations extérieures, les seules que l'Église puisse prescrire par des lois positives ?

 

Mais c'est assez ; il nous en coûterait trop de prolonger cette apologie de l'Église romaine, et nous voulons croire pieusement que Symon de Doncourt, s'il vivait aujourd'hui, serait le premier à réfuter sa propre découverte, dont le résultat final n'a profité jusqu'ici qu'à des hérétiques et des schismatiques.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XXIII : DE LA LITURGIE DURANT LA SECONDE MOITIE DU XVIIIe SIECLE.    

 

Missale pictaviense

Missel Pictavien, Poitiers, 1767

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