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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


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SALVE REGINA

17 juin 2012 7 17 /06 /juin /2012 04:00

Parlant à la foule en parabole, Jésus disait : " Il en est du règne de Dieu comme d'un homme qui jette le grain dans son champ : nuit et jour, qu'il dorme ou qu'il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D'elle-même, la terre produit d'abord l'herbe, puis l'épi, enfin du blé plein l'épi. Et dès que le grain le permet, on y met la faucille, car c'est le temps de la moisson."


Il disait encore : " À quoi pouvons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole allons-nous le représenter ? Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences du monde. Mais quand on l'a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre."


Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de la comprendre. Il ne leur disait rien sans employer de paraboles, mais en particulier, il expliquait tout à ses disciples.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

 

Vie de Saint François : Sermon aux oiseaux, Giotto

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16 juin 2012 6 16 /06 /juin /2012 12:38

Thierry Roland

 

C'était un titi parisien, un peu de gouaille, un peu d'accent de Paris et beaucoup d'humour. Il voyait très bien les matchs, il avait une parfaite connaissance du jeu. 'Franchouillard', pour moi, c'est un adjectif qui ne devrait pas exister, employé par ceux qui n'arrivent pas à s'exprimer avec autant de justesse que lui.

Guy Roux

 

C'est la voix du foot qui s'en va. Je ne lui connaissais pas d'ennemi, sur le plan humain, c'était quelqu'un d'exceptionnel. Thierry, c'était une référence, quelqu'un de très attachant. J'ai toujours aimé cet homme, c'est une grande perte pour le football. Il avait son style à lui, son vocabulaire, sa chaleur, on ne pouvait plus s'en passer de la voix de Thierry, pour moi on ne pourra pas le remplacer comme ça.

Luis Fernandez

 

Very sad to hear of the death of notre camarade Thierry Rolland. Toujours tres gentil envers nous, les plus jeunes. RIP.

Darren Tulett

 

 

Thierry Roland : les hommages sur http://www.lequipe.fr/

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16 juin 2012 6 16 /06 /juin /2012 04:00

Chaque année, les parents de Jésus allaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Quand il eut douze ans, ils firent le pèlerinage suivant la coutume.


Comme ils s'en retournaient à la fin de la semaine, le jeune Jésus resta à Jérusalem sans que ses parents s'en aperçoivent. Pensant qu'il était avec leurs compagnons de route, ils firent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances. Ne le trouvant pas, ils revinrent à Jérusalem en continuant à le chercher.

 

C'est au bout de trois jours qu'ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions, et tous ceux qui l'entendaient s'extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses. En le voyant, ses parents furent stupéfaits, et sa mère lui dit : "Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme nous avons souffert en te cherchant, ton père et moi !"


Il leur dit : " Comment se fait-il que vous m'ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C'est chez mon Père que je dois être."


Mais ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait. Il descendit avec eux pour rentrer à Nazareth, et il leur était soumis.

 

Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

 

La Vierge de Douleur, Germain Pilon

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15 juin 2012 5 15 /06 /juin /2012 04:00

Jésus venait de mourir.

 

Comme c'était le vendredi, il ne fallait pas laisser des corps en croix durant le sabbat (d'autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque). Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu'on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes. Des soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis du deuxième des condamnés que l'on avait crucifiés avec Jésus.

 

Quand ils arrivèrent à celui-ci, voyant qu'il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l'eau.


Celui qui a vu rend témoignage, afin que vous croyiez vous aussi. (Son témoignage est véridique et le Seigneur sait qu'il dit vrai.)


Tout cela est arrivé afin que cette parole de l'Écriture s'accomplisse : Aucun de ses os ne sera brisé.


Et un autre passage dit encore : Ils lèveront les yeux vers celui qu'ils ont transpercé.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

 

Christ Sur La Croix, Altdorfer

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14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 11:30

Nous aurons ailleurs l'occasion de parler de la fête du Sacré-Cœur de Jésus ; toutefois, les nécessités de notre récit nous obligent à toucher ici quelque chose des circonstances de son institution.

 

Elle fut d'abord révélée à une humble religieuse, et cette révélation fut le secret du cloître, avant d'être la grande nouvelle dans l'assemblée des fidèles. L'institut vénérable de la Visitation, fondé par saint François de Sales, fut celui que Dieu choisit pour y faire connaître l'œuvre de sa douce puissance, par le moyen de la vénérable Mère Marguerite-Marie Alacoque, comme pour glorifier davantage, par ce moyen, la doctrine du saint évêque de Genève, si éloignée du pharisaïsme de la secte, et il voulut aussi que la servante de Dieu fût aidée dans ce grand œuvre par le P. de la Colombière, jésuite, comme pour manifester sa divine satisfaction à l'égard d'une société dont les membres firent paraître, dans les luttes de la foi, à cette époque de scandales, un courage d'autant plus précieux à l'Église, qu'alors même elle voyait fléchir momentanément plusieurs milices sur la fidélité desquelles elle avait eu droit de compter.

 

Ce fut en 1678, dans le monastère de la Visitation de Moulins, que le culte extérieur du Cœur de Jésus commença ; il ne fut inauguré à Paray même que huit ans plus tard. Depuis, l'Église entière, province par province, l'a reçu, et cette admission libre et successive offre un spectacle plus atterrant peut-être pour les novateurs, que l'adhésion simultanée qu'eût produite un décret apostolique.

 

Enregistrons les principaux faits qui signalèrent cette marche triomphante du culte de l'amour de Jésus-Christ pour les hommes. C'est d'abord la France, principal foyer des manœuvres jansénistes, qui se trouve être à la fois le lieu d'origine et le théâtre principal de l'établissement de la nouvelle fête ; présage heureux des intentions divines qui destinent ce royaume à triompher, au temps marqué, du virus impur qui agite son sein. Or, dès l'année 1688, Charles de Brienne, évêque de Coutances, inaugurait dans son diocèse la fête du Sacré-Cœur de Jésus (nous n'avons point à parler ici de la fête du saint Cœur de Marie. Nous traiterons de cet intéressant sujet en son lieu, dans le corps même de cet ouvrage.). Six ans après, en 1694, le pieux Antoine-Pierre de Grammont, archevêque de Besançon, ordonna que la messe propre de cette fête serait insérée dans le missel de sa métropole. En 1718, François de Villeroy, archevêque de Lyon, en prescrivait la célébration dans son insigne primatiale.

 

Cette fête disparut, comme on devait s'y attendre, devant le Bréviaire de Montazet. Tout le monde sait en quelles circonstances mémorables, Henri de Belzunce, évêque de Marseille, inaugura, en 1720, le culte du Sacré-Cœur de Jésus, au milieu de sa ville désolée. La confiance du prélat fut récompensée par la diminution instantanée, et bientôt la cessation du fléau. Le lecteur se rappelle aussi le zèle que le saint prélat fit paraître quelques années après, au sujet des attaques antiliturgistes de Paris, contre le culte de la sainte Vierge et des saints. A l'exemple de Belzunce, les archevêques d'Aix, d'Arles et d'Avignon, et les évêques de Toulon et de Carpentras, s'empressèrent de donner des mandements pour l'établissement de la fête. En 1729, l'illustre Languet, encore évêque de Soissons, faisait paraître la vie de la vénérable Mère Marguerite-Marie Alacoque, et se plaçait au nombre des plus zélés promoteurs du culte du Sacré-Cœur de Jésus.

 

Cependant le Siège apostolique, dès longtemps sollicité, tardait à sanctionner l'érection de la nouvelle fête. Des obstacles inattendus, au sein de la sacrée congrégation des Rites, s'opposaient à cette approbation, qui avait été postulée dès l'année 1697. En 1726, Constantin Szaniawsky, évêque de Cracovie, adressait à cet effet, à Benoît XIII, une supplique à laquelle souscrivit bientôt Frédéric-Auguste, roi de Pologne. Un refus solennel et fameux, notifié le 30 juillet 1729, par la congrégation des Rites, sur les conclusions de Fontanini, archevêque d'Ancyre, promoteur de la Foi, fut une épreuve sensible pour les adorateurs du Sacré-Cœur de Jésus, et pour les jansénistes l'objet d'un triomphe mal avisé ; car, après tout, il n'y avait rien de si surprenant dans les délais que la prudence du Saint-Siège exigeait avant de statuer sur un objet si important.

 

Les ennemis du Sacré-Cœur de Jésus répandaient les bruits les plus étranges sur la manière dont cette dévotion était pratiquée. Ils osaient dire que c'était au cœur de Jésus-Christ, considéré isolément du reste de sa personne divine, que les adorations s'adressaient ; d'autre part, ils incidentaient sur la question physiologique des fonctions du cœur dans l'organisme humain, prétendant que Rome ne pouvait prononcer en faveur de la nouvelle fête, sans décider, ou préalablement ou simultanément, une thèse de l'ordre purement naturel. Nous aurons ailleurs l'occasion d'entrer dans le fond de la question ; qu'il suffise de dire ici que le refus d'approuver la fête n'entraînait aucune défaveur sur la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, considérée en elle-même. L'ardeur de la controverse engagée sur la matière, et dans laquelle plusieurs catholiques sincères semblaient pencher vers les préventions que nourrissait le parti janséniste, soit par suite de quelques préjugés, soit aussi parce que des partisans de la fête avaient, quoique innocemment, permis quelques expressions peu exactes ; la nouveauté de cette dévotion qui demandait, comme toute chose récemment introduite, l'épreuve du temps ; l'absence d'un examen sérieux sur les révélations qui avaient accompagné et produit son institution ; c'était plus qu'il n'en fallait pour motiver la résolution de la sacrée congrégation. Toutefois, on continua à Rome de donner des brefs pour l'érection des confréries sous le titre du Sacré-Cœur de Jésus, jusque-là que, dès 1734, on en comptait déjà quatre cent quatre-vingt-sept. Rome même en vit établir une, sous le titre d'archiconfrérie, dans l'église de Saint-Théodore, par bref de Clément XII, du 28 février 1732. On n'eût point accordé ces nombreuses faveurs aux associations réunies sous le vocable du Sacré-Cœur de Jésus, si, au fond, le Siège apostolique n'eût gardé, pour la dévotion elle-même, un fonds de bienveillance. Celui que la Providence avait choisi pour consommer l'œuvre, fut le pieux cardinal Rezzonico, dont le nom vénéré était dès longtemps inscrit au registre de l'archiconfrérie de Saint-Théodore, lorsqu'il fut appelé par l'Esprit-Saint à s'asseoir sur la chaire de Saint-Pierre, où il parut avec tant de force d'âme sous le nom de Clément XIII.

 

Le saint pontife reçut de nouvelles instances de la part des évêques de Pologne, qui demandaient, presqu'à l'unanimité, qu'il fût permis à la chrétienté d'honorer d'un culte public le Cœur du Rédempteur des hommes. C'était assurément un spectacle bien touchant que celui de cette nation héroïque, à la veille d'être effacée du nombre des nations de l'Europe, travaillant à faire jouir la chrétienté des richesses du Cœur du Sauveur des hommes. Ce Cœur, le plus fidèle de tous, ne saurait oublier que les instances de la Pologne sont, avec celles de l'archiconfrérie de Saint-Théodore, les seules mentionnées dans le décret qui vint enfin consoler la piété des fidèles. Plusieurs évêques de France avaient, il est vrai, pris l'initiative en établissant la fête ; mais, quoi qu'il en soit de leur pouvoir en cette matière, il n'y avait là qu'un fait louable, sans doute, et l'Église catholique attendait toujours le jugement de Rome.

 

Il fut rendu le 6 février 1765, et on disait dans les motifs du décret, qu'il était notoire que le culte du Sacré-Cœur de Jésus était déjà répandu dans toutes les parties du monde catholique, encouragé par un grand nombre d'évêques, enrichi d'indulgences par des milliers de brefs apostoliques pour l'érection des confréries devenues innombrables. En conséquence, sur les instances du plus grand nombre des révérendissimes évêques du royaume de Pologne, et sur celles de l’archiconfrérie romaine, la sacrée congrégation, ouïes les conclusions du R. P. Gaétan Forti, promoteur de la foi, déclarait se désister de la résolution prise par elle le 30 juillet 1729, et jugeait devoir condescendre aux prières desdits évêques du royaume de Pologne et de ladite archiconfrérie romaine. Enfin, elle annonçait l'intention de s'occuper de l'office et de la messe, devenus nécessaires pour solenniser la nouvelle fête.

 

L'un et l'autre ne tardèrent pas à paraître, et ils étaient dignes de leur sublime objet, qui est, suivant les termes du décret, de renouveler symboliquement la mémoire de ce divin amour par lequel le Fils unique de Dieu s'est revêtu de la nature humaine, et, s'étant rendu obéissant jusqu'à la mort, a dit qu'il donnait aux hommes l'exemple d'être doux et humble de cœur. Clément XIII, qui confirma le décret de la congrégation des Rites, ne tarda pas à donner de nouvelles preuves de son zèle pour le culte du Cœur de Jésus. Par ses soins, la fête fut célébrée dans toutes les églises de Rome, et faculté générale fut attribuée à tous les ordinaires de l'introduire dans leurs diocèses. Pie VI maintint cette précieuse dévotion, et l'enrichit même de nouvelles Indulgences, lesquelles s'accrurent encore par l'effet de la pieuse munificence de Pie VII, qui, dérogeant à toutes les règles reçues, a statué, par un rescrit du 7 juillet 1815, que les indulgences attachées à la célébration de la fête seraient transférées à tel jour qu'il aurait plu à l'ordinaire de la fixer. Rien n'eût pu exprimer d'une manière plus significative le désir qu'éprouvait le Siège apostolique de voir se propager en tous lieux la nouvelle fête : aussi pouvons-nous dire que, si les rameaux du jansénisme ont cessé de faire ombre au champ du Père de famille, ses racines elles-mêmes, au sein de la terre, s'en vont même se desséchant tous les jours.

 

Le bruit de la sanction apostolique donnée au culte du Cœur de Jésus, vint réjouir les catholiques de France. La pieuse reine Marie Leczinska, dans cette circonstance, ne fit point défaut à sa qualité de fille du royaume orthodoxe. Elle témoigna aux évêques réunis à Paris pour l'assemblée de 1765, le désir de voir la fête introduite dans les diocèses où elle ne l'était pas encore. Ses pieuses intentions furent remplies, et les prélats, après une délibération tenue le 17 juillet, résolurent d'établir dans leurs diocèses respectifs la dévotion et l'office du Sacré-Cœur de Jésus, et d'inviter, par une lettre-circulaire, les autres évêques du royaume d'en faire de même dans les diocèses où cette dévotion et cet office ne sont pas encore établis. Le vertueux roi de Pologne, Stanislas, père de Marie Leczinska, avait, dès 1763, écrit à Claude de Drouas, évêque de Toul, une lettre de félicitation de ce qu'il avait institué la fête dans son diocèse. Tous les évêques du royaume ne se rendirent pas, il est vrai, aux vœux de l'assemblée de 1765 ; mais, parmi ceux qui témoignèrent de leur zèle envers le culte du Sacré-Cœur de Jésus, nous aimons à citer Félix-Henri de Fumel, évêque de Lodève, le même que nous avons vu rétablir le Bréviaire romain dans son diocèse, et faire disparaître le parisien de Vigier et Mésenguy, que son prédécesseur Jean-Georges de Souillac y avait introduit. Le pieux évêque ne se contenta pas d'établir la fête ; il fit paraître un ouvrage spécial pour l'expliquer et la défendre. Christophe de Beaumont, ainsi que nous l'avons rapporté, inséra l'office du Sacré-Cœur de Jésus dans la nouvelle édition des livres parisiens de 1778, et il est à remarquer que le prélat, en fixant la fête au dimanche après l'octave du saint Sacrement, donnait un premier et solennel démenti aux rubriques de Vigier et Mésenguy, si sévères pour maintenir l'inviolabilité du dimanche. Ce fait valait la peine d'être noté.

 

La publication de cet office dans le diocèse de Paris, outre les clameurs obligées du gazetier ecclésiastique, occasionna un double scandale. On vit les marguilliers de Saint-André-des-Arts faire opposition à leur curé, pour empêcher la célébration de la fête dans cette paroisse, et le grand tribunal liturgique de France, le Parlement de Paris, saisi de l'affaire, donna, le 11 juin 1776, un arrêt portant défense de célébrer la fête. Ce fut le dernier que cette cour rendit en matière liturgique.

 

Ce qui vint après fut la constitution civile du clergé, élaborée dans les arsenaux de cette compagnie.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XXIII : DE LA LITURGIE DURANT LA SECONDE MOITIE DU XVIIIe SIECLE.

 

Sainte Marguerite-Marie Alacocque.

Apparition du Sacré-Cœur à Sainte Marguerite-Marie, ancien couvent de la Visitation de Nancy

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13 juin 2012 3 13 /06 /juin /2012 11:30

Si nous en venons à l'Eucharistie, considérée comme nourriture du chrétien, nous la voyons poursuivie sous ce rapport avec le même acharnement par les antiliturgistes.

 

Ici, comme toujours, les théories viennent de France ; l'application brutale et audacieuse aura lieu dans d'autres pays. Le livre de la Fréquente Communion, d'Antoine Arnauld, le Rituel d'Alet, ces deux productions du parti qui ont exercé et exercent encore sourdement une si grande influence sur la pratique des sacrements en France, donnent, comme l'on sait, pour maxime fondamentale, que la communion est la récompense d'une piété avancée et non d'une vertu commençante. Qui oserait calculer jusqu'à quel degré cette maxime toute seule a produit la désertion de la table sainte ! Les novateurs d'Italie, toutefois, ne s'arrêteront pas là ; ils s'appliqueront à fatiguer la piété des fidèles, en décrétant qu'on ne devra plus communier les fidèles qu'avec des hosties consacrées à la messe même à laquelle ils auront assisté, ou du moins qu'on ne devra plus administrer la communion hors le temps de la messe ; double ruse qui, étant bien conduite, suffira pour priver de la communion un grand nombre de personnes, à raison des embarras et des prétextes qu'il est facile d'alléguer dans une grande église. C'était dans le même but que le Missel de Troyes supprimait les prières qui, dans le rite actuel de l'Église, accompagnent l'administration de l'Eucharistie. Le docteur Petitpied et ses pareils prétendaient par là faire considérer la communion des fidèles comme une partie inséparable de la messe ; d'où il serait facile de conclure, avec Luther, que les messes où personne ne communie sont contraires à l'institution de l'Eucharistie, tandis que, d'autre part, étant certain que les fidèles ne doivent communier que quand ils en sont dignes, ce qui n'arrive guère, le sacrement divin, mémorial de la Passion du Sauveur, centre de la religion et nourriture de l'Église, se trouve à peu près réduit à l'état d'abstraction. Et voilà les œuvres de la secte qui, comme un chancre, s'était glissée parmi nous. Nous le demandons, n'avait-elle pas pris, sous l'inspiration de Satan, tous les moyens de faire périr dans ses racines l'arbre qu'elle désespérait d'abattre ?

 

Telle fut la rage des novateurs sur ce dernier point, qu'il devint nécessaire que Benoît XIV publiât une constitution adressée aux évêques de toute l'Italie, pour décider solennellement que, quelque louable que soit l'intention de participer, par la communion, au sacrifice même auquel on assiste, il n'y a pour les prêtres aucune sorte d'obligation de distribuer, infra ipsam actionem, la communion à tous ceux qui la demandent. Cette constitution est du 13 novembre 1742. La question avait été violemment agitée, d'abord dans le diocèse de Crêma, par Joseph Guerrieri, chanoine de la cathédrale, qui enseigna publiquement qu'on devait improuver la coutume de communier les fidèles avec des particules consacrées à une messe précédente. Il fut bientôt suivi par Michel-Marie Nannaroni, dominicain, qui enseigna la même doctrine dans un catéchisme spécial sur la communion, qu'il fit paraître à Naples en 1770. Nannaroni ne tarda pas d'être réfuté dans une Dissertation théologico-critique, publiée à Naples en 1774, par Joseph-Marie Elefante, aussi dominicain, et abjura bientôt son sentiment. Enfin, on vit paraître, à Pavie, en 1779, une Dissertation de incruenti novœ legis sacrificii communione, dont l'auteur était un servite, nommé Charles-Marie Traversari. Elle était dans le sens des novateurs, et ne tarda pas d'être mise à l'Index, ainsi que le livre de Nannaroni. On peut lire, sur cette controverse, l'ouvrage de Benoît Vulpi, sous ce titre : Storia della celebre controversia di Crema sopra il pubblico divin diratto alla communione Eucaristica nella Messa, con una dissertazione sullo stesso argumento. Venise, 1790.

 

Mais la bénignité et l'humanité de notre Dieu et Sauveur ont apparu, et nous avons été préservés. Ces hommes, qui voulaient nous faire oublier que Dieu a tant aimé le monde, ont été confondus, et aujourd'hui, comme Caïn, ils sont marqués au front, ceux qui voulaient substituer dans le cœur des fidèles la terreur à la charité. Arrière donc ces doctrines fatales qui, réduisant tout le christianisme au dogme de la prédestination interprété par une raison sauvage, ne se pouvaient compléter que par le rigorisme d'une morale impraticable, ni s'exprimer au dehors que par les formes sèches et prosaïques d'une Liturgie dont la Synagogue elle-même eût détesté la froideur. De même qu'à l'apparition de ces erreurs manichéennes et rationalistes en même temps, qui niaient la chair et pour qui la divine Eucharistie était une chose impure ou une idolâtrie, le Sauveur ordonna à son Église de proclamer avec une pompe nouvelle le mystère de son Corps, par la fête, la procession et l'exposition du saint Sacrement ; ainsi, quand l'audace pharisaïque des antiliturgistes, n'osant s'attaquer à la réalité de ce Corps divin, s'appliquait avec une infernale opiniâtreté à montrer dans le Fils de Dieu celui qui juge le monde et non celui qui le sauve, à écarter de ses autels les chrétiens effrayés au bruit de cette affreuse maxime, que le sang de la Rédemption n'a point été répandu pour tous, le Sauveur des hommes daigne calmer ces terreurs en invitant les fidèles à se reposer sur son Cœur, c'est-à-dire sur son amour, en permettant qu'ils honorent d'un culte spécial le divin organe de la charité dans la personne de l'Homme-Dieu. Il ne fallait pas moins pour rassurer les chrétiens épouvantés de la dureté des préceptes, de la difficulté du salut, de la rigueur des décrets dont on leur disait qu'ils étaient l'objet. Le culte du Sacré-Cœur de Jésus fut donc la forme que devait prendre et que prit, en en effet, l'espérance chrétienne échappée au naufrage. Elle se jeta dans le Cœur de Celui qui a dit lui-même être venu pour les pécheurs et non pour les justes, et qui n'abandonne Jérusalem que parce qu'elle n'a pas voulu connaître le temps de sa visite.

 

Grande fut la colère du jansénisme, à la nouvelle que toutes ses tentatives allaient échouer contre la confiance que les peuples mettraient dans le Cœur de leur Sauveur. Ces sectaires qui, pour perfectionner l'homme, voulaient commencer par lui arracher le cœur, voyant que le Cœur de l'Homme-Dieu, à la fois symbole et organe de son amour, recevait les adorations de la chrétienté, se prirent à nier le cœur dans l'homme, pour le nier ensuite dans le Christ lui-même.

 

Donnant un brutal démenti à l'humanité tout entière, qui plaça toujours dans le cœur le siège des affections, ils ne craignirent point de poursuivre ce noble organe jusque dans la poitrine de l'Homme-Dieu. Nous avons vu comment Ricci appela le Cœur de Jésus-Christ un petit morceau de chair (un pezzetto di carne) ; Grégoire n'y reconnut qu'un muscle ; un de ses amis, digne de lui, Veiluva, chanoine d'Asti, ne voit dans un tableau du Sacré-Cœur qu'un grand foie tout rayonnant. Mais à ces blasphèmes ignobles et furibonds, il était facile de voir que la secte se sentait atteinte dans le principe même de son existence. L'amour chasse dehors la crainte, a dit le disciple bien-aimé, celui qui, dans la Cène, se reposa sur le Cœur du Sauveur ; le culte du Sacré-Cœur de Jésus chasse dehors l'affreux destin, idole implacable, que la secte avait substitué à la douce image de Celui qui aime toutes les œuvres de ses mains, et veut que tous les hommes soient sauvés.

 

Nous aurons ailleurs l'occasion de parler de la fête du Sacré-Cœur de Jésus ; toutefois, les nécessités de notre récit nous obligent à toucher ici quelque chose des circonstances de son institution.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XXIII : DE LA LITURGIE DURANT LA SECONDE MOITIE DU XVIIIe SIECLE.     

 

La Cène, Jaume Baço Jacomart

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12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 11:30

Ajoutons encore un trait pour faire connaître ces dignes coryphées de l'hérésie antiliturgiste.

 

Franzesi, évêque de Montepulciano, dans un mémoire contre la prétention des novateurs, de réduire à un seul les autels de chaque église, avait osé faire remarquer que le grand-duc lui-même, qui poussait avec tant de chaleur l'adoption de cette mesure, faisait alors bâtir des églises, à plusieurs autels. Ricci et ses deux dignes collègues répondirent à cette objection : "Que prétend donc le théologien (consulteur du prélat), par cette assertion vague et téméraire ? Que le souverain s'est contredit, ou qu'il a changé d'opinion ? Ce serait un sacrilège d'en avoir la pensée". Voilà ce que la secte antiliturgiste sait faire de la liberté ecclésiastique et de la dignité humaine. Considérons maintenant ce qu'elle voudrait faire du catholicisme lui-même.

 

Nous pourrions nous contenter de renvoyer le lecteur au XIVe chapitre de cette histoire, dans lequel nous avons traité de l’Hérésie antiliturgiste et de la réforme protestante du XVIe siècle, dans ses rapports avec la Liturgie ; mais, comme il est utile de déduire les enseignements qui résultent du récit que nous avons fait dans les chapitres précédents, nous nous arrêterons quelques instants à résumer le système des ennemis de la foi catholique, tel qu'il apparaît dans l'ensemble des lois et règlements à l'aide desquels ils ont espéré étouffer cette divine foi. C'est l'esprit protestant lâchement caché sous des dehors catholiques que nous voulons démasquer, et notre intention est de faire voir ce que ces perfides pharisiens ont tenté pour anéantir, autant qu'il était en eux, l'adorable mystère de la très sainte-Eucharistie.

 

Auparavant, si le temps et l'espace nous le permettaient, nous aimerions à montrer en détail toute la portée des embûches qu'ils ont tendues à la foi des peuples, dans ce qui touche le culte de la glorieuse Vierge Marie et des saints. Nous dirions comment ils les ont livrés, ces peuples sans défense, au souffle glacé du rationalisme, en expulsant de la Liturgie, et, partant, de la mémoire des fidèles, la plupart des miracles et des dons merveilleux accordés aux saints, sous le vain prétexte des droits de la critique ; comme s'il suffisait de la volonté d'un pédant pour faire reconnaître comme incontestables les stupides affirmations du pyrrhonisme historique. Nous dirions comment ils ont retranché du bréviaire, et bientôt des Vies même des saints, le récit des actes de vertu extraordinaire inspirés par l'Esprit de Dieu à ses membres, sous la futile apparence que ces faits ne seraient pas imitables ; comme si l'Esprit de Dieu, dans les livres qu'il a dictés lui-même, n'avait pas accumulé pour sa gloire les actes les plus extraordinaires, aussi bien que les actes les plus vulgaires en apparence.

 

Nous dirions comment il était inévitable au peuple d'oublier les actions, les mérites, les services et jusqu'au nom des saints patrons, du moment qu'on abolissait les antiques répons et antiennes où ces noms sacrés, avec les merveilles qu'ils rappellent, étaient consignés et si souvent embellis par les plus gracieuses mélodies, pour mettre en place quelques phrases de la Bible, bien froides, bien décousues ; comme si des paroles générales tirées de l'Écriture sainte, et amenées, à grands frais pour célébrer tel saint auquel elles n'avaient pas plus de rapport qu'à tel autre saint, pouvaient servir dans un degré quelconque à maintenir des traditions.

 

Nous dirions comment la guerre qu'on a faite jusqu'à nos jours dans une grande partie de l'Europe catholique, aux images miraculeuses, aux sanctuaires révérés, aux pèlerinages, aux processions extraordinaires, était une hostilité flagrante contre le Seigneur et contre ses christs, Nolite tangere christos meos. (Psalm. CIV, 15.) ; puisque, si le Concile de Trente enseigne qu'il ne faut pas croire qu'il y ait dans les images une vertu qui vienne d'elles, on n'en doit pas conclure que cette auguste assemblée ait voulu contester à Dieu le droit de choisir certains lieux de ce monde qui est à lui, pour y manifester plus directement sa gloire dans la Vierge Marie, ou dans les saints.

 

Nous dirions qu'en supprimant avec violence les fêtes populaires dans lesquelles les habitants des villes et des campagnes se livraient à une joie, quelquefois abusive, nous en convenons, Joseph II, Léopold, Jérôme de Collorédo, Ricci, etc., voulaient bien plus éteindre les influences religieuses puisées dans le culte des saints, que favoriser, ainsi qu'ils le prétendaient, la réforme des mœurs et l'avancement des saines doctrines de l'économie politique ; comme si les mœurs étaient meilleures et la nation plus heureuse, quand le motif des réjouissances publiques ne provient plus d'une source religieuse, mais tout simplement des habitudes grossières d'un peuple inaccessible d'ailleurs à l'idée de morale qui ne lui vient pas par l'organe de la religion.

 

Nous dirions enfin qu'on a grandement nui à la foi des peuples qui tire un si puissant accroissement de la vénération des saints, en répétant sur tous les tons, et avec toute l'exagération de Port-Royal, que la sainte Vierge et les saints repoussent tout hommage de la part de ceux qui n'imitent pas leurs vertus ; qu'il est inutile de songer à leur plaire par des prières, des vœux, des chants, des démonstrations extérieures, si l'on n'est pas déjà vivant de la vie de la grâce et de la sainteté ; comme si la simple louange n'était pas déjà un acte surnaturel et excellent de la religion ; comme si celui qui rend hommage à la sainteté ne protestait pas déjà contre le péché qui est dans son cœur ; comme si tout acte religieux, pour n'être pas parfait, n'était pas un acte conforme à l'ordre ; comme si, enfin, la miséricordieuse Mère du Sauveur et les Amis de Dieu ne devaient pas se trouver inclinés à demander à Dieu l'entière conversion de ces pauvres âmes qui, trop charnelles encore dans leurs espérances et leurs vœux, n'ont jusqu'ici compris, comme la Samaritaine, que dans un sens matériel, cette eau qui jaillit jusqu'à la vie éternelle ! Le fait est que depuis le triomphe de toutes ces théories perfectionnées, nous ne connaissons plus la vie des saints, et qu'après un siècle et demi de rationalisme, la simple explication des légendes de nos vitraux et de notre antique peinture et statuaire catholique est devenue l'objet d'une science. Dieu fasse que cette science ne soit pas de longue durée, par notre retour aux antiques traditions de la foi de nos pères, aux livres vénérables qui l'ont gardée toujours vierge et pure, tandis que nous allions boire à d'autres sources !

 

Mais arrêtons-nous à considérer l'outrage insigne dont l'adorable mystère de l'Eucharistie a été l'objet au sein même de plusieurs nations catholiques. C'est ici qu'éclate la malice de satan. Nous avons montré ailleurs comment les albigeois et les vaudois parvenaient à éluder la divine miséricorde du Sauveur présent sous les espèces eucharistiques, en prêchant partout que le prêtre, s'il n'est en état de grâce, ne consacre pas ; d'où il s'ensuivait que Dieu seul connaissant le cœur de l'homme, le fidèle n'aurait pu croire à la présence du Christ dans l'hostie qu'il recevait à la communion, qu'autant qu'il eût été associé à la science même de Dieu. Nos antiliturgistes n'osèrent non plus nier la divine Eucharistie; mais comme elle est l'objet de la foi des fidèles, le sacrifice propitiatoire du salut du monde, la nourriture vivifiante du chrétien sur la terre, il leur sembla bon de la poursuivre sous ce triple rapport. En effet, s'ils eussent été jaloux de voir le Sauveur des hommes recueillir l'hommage de la piété publique dans le mystère de son amour, pourquoi ces édits, ces décrets synodaux pour interdire l'exposition du saint Sacrement, pour éteindre les lumières qui se consumaient, en signe populaire de joie et d'amour, sur l'autel ; pour enjoindre de se servir du ciboire qui voile l'hostie, plutôt que de l'ostensoir qui la montre et l'entoure d'une couronne radieuse, vrai triomphe pour la piété ? Pourquoi tant d'écrits, de règlements hostiles au rite de l'exposition du saint Sacrement, dans divers pays, mesures dont les motifs semblent puisés dans le livre condamné du trop fameux J.-B. Thiers ? Pourquoi avoir humilié à un degré inférieur, dans un si grand nombre de nouveaux bréviaires et missels, la fête du Corps du Seigneur, qui, jusqu'alors, était mise au rang des plus grandes solennités ? Quel siècle, quels hommes que ceux qui trouvèrent qu'il y avait en cela de l'excès !

 

Quant au sacrifice eucharistique lui-même, que n'ont pas fait les antiliturgistes, pour en amoindrir la notion dans l'esprit des peuples ? L'autel les gêne ; ils voudraient n'y voir plus qu'une table. Ils en ôteront, comme à Troyes et à Asnières, la croix et les chandeliers ; les reliques et les fleurs, comme en Toscane, poursuivant ainsi le Christ jusque dans ses saints, et voulant que l'autel de Dieu soit nu et glacé comme leur cœur. Autour de cet autel, sur les dons sacrés, des rites augustes, apostoliques, mosaïques même, s'accomplissent ; ils en conserveront une partie, après les avoir purgés de tout symbolisme, pour qu'ils ne soient plus que des usages vulgaires et vides de réalité. Une langue sacrée environnait comme d'un nuage la majesté de cet autel et des mystères qu'il porte ; on préparera l'abolition de cet usage vénérable, en initiant le vulgaire aux plus profondes merveilles du sanctuaire par des traductions, en invitant le prêtre, au nom d'une chimérique antiquité, à rompre le silence du canon, en attendant qu'en certains temps et en certains lieux, on ose décliner enfin la prétention qu'on a de proclamer, comme Calvin, la langue vulgaire. Déjà, n'a-t-on pas fait admettre que la Bible seule doit fournir la matière des offices divins, aux dépens de la tradition ? Ne l'a-t-on pas mise en pièces à coups de ciseaux, pour en faire une mosaïque à l'aide de laquelle on décrira telles figures que l'on voudra ?

 

Mais, pour en revenir au divin sacrifice, voyez avec quelle affectation on répète cette vérité incontestable en elle-même, mais dont il est si facile d'abuser à cette époque de calvinisme déguisé, que le peuple offre avec le prêtre, afin d'étayer d'autant ce laïcisme, frère du presbytérianisme, qui apparut peu d'années après, avec un si éclatant triomphe, dans la constitution civile du clergé. Toutefois, ce n'est point encore assez pour la secte. Elle peut insulter le sacrifice catholique, mais elle ne peut l'abolir. Dès lors, toute son adresse tendra à en rendre la célébration plus rare. D'abord, elle inculquera au prêtre timoré qui, par le plus étrange travers, s'en vient mettre sa conscience à la disposition de quelqu'un de ses adeptes, elle lui inculquera (Du Guet, Traité sur les dispositions pour offrir les saints mystères, page 32.) qu'il y aurait de l'imprudence à un prêtre, même pieux, de célébrer la messe plus de trois ou quatre fois par semaine. Que si, enfin, il ose monter à l'autel, il trouvera jusque dans le missel la condamnation de sa témérité ; car la secte a souillé jusqu'au missel.

 

Bientôt, soutenue dans son audace par les Joseph II et les Léopold, on la verra interdire la célébration simultanée des messes dans une même église ; elle ira même jusqu'à réduire le nombre des autels à un seul. Éclairée par les prescriptions de Ricci, elle trouvera un nouveau moyen de restreindre encore l'oblation de ce sacrifice qui lui est si odieux : ce sera en rétablissant l'usage de l'Église primitive, suivant lequel tous les prêtres d'une église concélébreraient à une seule messe. Quant aux réguliers, on saura bien les y forcer, en ne tolérant qu'un prêtre ou deux dans chaque monastère : d'ailleurs, les églises des réguliers seront interdites au peuple.

 

Enfin, et nous achèverons par ce dernier trait, afin d'empêcher la célébration de la messe plus efficacement encore, le synode de Pistoie enseignera dogmatiquement que c'est une erreur de penser que le sacrifice de la messe profite davantage à celui pour lequel le prêtre a l'intention particulière de l'offrir. Que lui importe de mentir à la tradition catholique, si par là il est à même de porter à la foi du sacrifice dans l'esprit des peuples, une atteinte digne de Calvin ?

 

Si nous en venons à l'Eucharistie, considérée comme nourriture du chrétien, nous la voyons poursuivie sous ce rapport avec le même acharnement par les antiliturgistes.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XXIII : DE LA LITURGIE DURANT LA SECONDE MOITIE DU XVIIIe SIECLE.

 

SAINT NORBERT, Marten Pepijn, Cathédrale Notre-Dame d'Anvers

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