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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

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BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

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SALVE REGINA

1 septembre 2011 4 01 /09 /septembre /2011 11:30

Ces Églises manquaient de cette force que l'unité et l'universalité des formes peuvent seules donner, et qu'elles maintiennent, au défaut même du courage.

 

Après l'Église de Milan, fille de l'Église romaine, et fondée dès l'âge apostolique, vient l'Église d'Afrique, qui doit pareillement son origine au Siège de Rome, sous le règne d'Adrien. Cette Église, l'une des principales divisions du patriarcat d'Occident, comprenait la province dite Consularis, dont Carthage était la capitale, la Mauritanie et la Numidie. Son origine indique assez la conformité qui devait exister, au moins jusqu'à un certain degré, entre ses usages liturgiques et ceux de l'Église romaine.

 

Les fragments ou les allusions que nous rencontrons dans Tertullien, saint Cyprien, saint Augustin, paraissent, les unes se rapporter assez bien aux formes de la Liturgie romaine, les autres s'en écarter plus ou moins. Il est vrai de dire que la Liturgie romaine, au temps de ces auteurs, devait être quelque peu différente de ce qu'elle nous apparaît dans l'œuvre de saint Gélase et de saint Grégoire. Quoi qu'il en soit, des auteurs très graves maintiennent comme indubitable l'identité primordiale de la Liturgie africaine avec la romaine. On a dit, mais sans le prouver, que saint Augustin avait introduit en Afrique la Liturgie de Milan ; dans tous les cas, ce fait ne saurait démontrer qu'on ne suivait pas en Afrique la Liturgie romaine, antérieurement à saint Augustin : et d'ailleurs, il ne dépendait pas du seul évêque d'Hippone de changer les usages de toutes les églises d'Afrique, si nombreuses et si attachées à leurs anciennes pratiques. Quoi qu'il en soit, nous pensons que la conformité de la Liturgie d'Afrique avec la romaine, n'empêchait pas la première d'avoir et de conserver certains usages particuliers, ainsi que nous en apercevons les traces dans les auteurs que nous avons cités, auxquels on peut encore ajouter Marius Mercator et saint Fulgence. En outre, quel était l'ordre du Sacramentaire publié par Voconius, vers 460, trente ans après la mort de saint Augustin ? En quoi était-il conforme à celui de l'Église de Rome ? En quoi s'en écartait-il ? La question nous paraît insoluble. Disons toutefois qu'on ne trouve nulle part, dans l'antiquité, la trace d'une Liturgie africaine : la tradition ne nous parle que de celles de Rome, de Milan, des Gaules et de l'Espagne. Nous maintiendrons donc notre sentiment, jusqu'à ce que de nouvelles découvertes nous aient contraint à l'abandonner.

 

La Liturgie de l'Église des Gaules est trop différente de la romaine, pour qu'on puisse croire qu'elle en soit issue ; on a au contraire tout lieu de la juger d'origine orientale. D'abord, en elle-même, elle présente beaucoup d'analogie avec les rites des églises d'Orient, et si l'on considère les pays d'où sont venus les premiers apôtres des Gaules, on s'expliquera aisément cette conformité. Saint Trophime, fondateur de l'église d'Arles, était disciple de saint Paul ; saint Crescent, pareillement disciple du même saint apôtre, prêcha dans les Gaules ; saint Pothin et saint Irénée, apôtres de Lyon, vinrent de l'Asie, aussi bien que saint Saturnin, apôtre de Toulouse ; enfin, la lettre des églises de Vienne et de Lyon à celles d'Asie et de Phrygie, montre, avec tous ces faits, d'une manière incontestable, que les églises des Gaules sont filles de l'Orient : leur Liturgie devait donc l'être aussi. Sans doute, tous ces apôtres passèrent par Rome, centre de toute mission légitime : car telle est la tradition de toutes nos Églises ; mais il n'était pas naturel qu'à cette époque de conquêtes, le Siège apostolique suscitât des entraves indiscrètes aux courageux prédicateurs que l'Orient dirigeait sur l'Occident, et leur imposât des usages différents de ceux qu'ils avaient puisés dans les régions d'où ils étaient partis pour évangéliser avec tant de zèle. Nous avons fait voir plus haut comment les tendances à l'unité liturgique, jusqu'alors suspendues par les circonstances, se développèrent, quand la paix eut été donnée aux églises.

 

La Liturgie gallicane est donc, avec l'ambrosienne, un des monuments les plus précieux du premier âge de l'Église : nous la ferons connaître dans ses détails, à mesure que l'occasion s'en présentera. Bientôt nous aurons à raconter sa destruction, par les efforts réunis du Siège apostolique et des princes carlovingiens. Nous suspendrons donc ici ce qui nous reste à dire sur cette importante Liturgie, dont notre illustre Mabillon, dans un ouvrage spécial (De Liturgia Gallicana libri III. 1685.), a détaillé toute la splendeur, en même temps qu'il a reproduit les débris mutilés des livres qui la contenaient. Si le temps et l'espace nous le permettaient, nous aimerions à faire le récit des pompes du rite gallican, telles qu'elles apparaissent dans les écrits de saint Sidoine Apollinaire et de saint Grégoire de Tours ; mais nous ne résisterons pas au désir d'offrir au lecteur un tableau de l'Église de Paris (au VIe siècle), tracé par saint Venance Fortunat, dans un éloge de saint Germain et de son clergé. On y verra la gravité et la majesté de l'office divin, l'accord de la psalmodie, l'emploi des orgues, des flûtes, des trompettes, pour l'accompagnement des chants sacrés. Nous avons donné dans les chapitres précédents les noms des liturgistes auxquels l'Église gallicane était redevable de la beauté et de l'éloquence de ses formules sacrées.

 

L'Eglise d'Espagne présente maintenant à notre observation ses usages liturgiques. S'il nous fallait approfondir dans ces Institutions toutes les questions qui se rattachent aux origines du rite mozarabe, un volume entier ne suffirait pas pour exposer et résoudre les nombreuses difficultés dont cette matière est semée. Nous serons donc forcé de nous borner à consigner seulement ici quelques notions.

 

On agite en premier lieu la question de savoir quelle Liturgie fut exercée primitivement en Espagne, après l'établissement du christianisme en ce pays. Plusieurs auteurs, à la tête desquels nous inscrirons le docte Père Lebrun, soutiennent que les usages de l'Église romaine furent d'abord observés en Espagne, et ils s'appuient sur le fait de la fondation de cette église par les sept évêques envoyés par saint Pierre, et sur quelques canons des anciens conciles d'Espagne, qui montrent en vigueur plusieurs pratiques identiques à celles de Rome, telles que le jeûne du samedi, la coutume de ne lire qu'une seule épître à la messe, etc. Le savant père Pinius, dans l'excellente dissertation qu'il a placée en tête du sixième tome des Actes des Saints du mois de Juillet, et Florez, en son Spagna Sagrada, dans une dissertation sur le même objet, reconnaissent aussi l'origine romaine de la Liturgie primitivement gardée en Espagne. Ils sont énergiquement combattus par le jésuite Lesleus, dont nous avons déjà cité la curieuse préface au Missel mozarabe. Ce dernier s'appuie sur les canons de divers conciles d'Espagne, aux Ve et VIe siècles, dans lesquels sont signalées plusieurs particularités de l'office divin, qui paraissent plutôt s'accorder avec l'office mozarabe qu'avec celui de l'Église de Rome.

 

Cependant il semble qu'on peut dire, non sans quelque apparence de raison, que ces divers faits ne prouvent pas que les usages de l'Église romaine n'aient pas été primitivement ceux de l'Église d'Espagne ; car on n'a jamais prétendu que la conformité des usages avec Rome, à cette époque, fût possible pour quelque Église que ce soit, avec la rigueur qu'on y peut mettre aujourd'hui. En outre, il reste bien peu de monuments à l'aide desquels on puisse constater l'état précis de la Liturgie de Rome, tant pour la messe que pour les offices divins, avant saint Gélase et saint Grégoire. On peut encore ajouter à cela que l'affinité des usages liturgiques, tant de Rome que de l'Espagne, ne saurait être plus énergiquement attestée que par l'envoi que fit, en 538, le pape Vigile à Profuturus, évêque de Brague, de l’ordinaire de la messe romaine. Assurément, jamais un pape n'a fait un pareil envoi au patriarche de Constantinople ou d'Alexandrie. Il fallait donc que les évêques d'Espagne eussent eu recours au Siège apostolique, comme à la source de leurs traditions liturgiques, et cette conjecture est d'autant plus certaine que nous voyons, ainsi que nous l'avons rapporté plus haut, un concile d'Espagne, trente ans après, décréter que tous les prêtres auraient à célébrer les saints mystères dans la forme donnée par le Siège apostolique, à l'évêque Profuturus.

 

Maintenant, si l'on considère la Liturgie des Églises d'Espagne dans l'état où la fixèrent les travaux de saint Léandre, de saint Isidore et des autres liturgistes que nous avons mentionnés au chapitre précédent, on ne peut s'empêcher d'être frappé de sa totale dissemblance avec les coutumes de l'Église romaine. Le nom de gothique qu'elle retient déjà, atteste une origine entièrement différente. C'est ici encore l'occasion d'une nouvelle controverse entre le P. Lesleus et les PP. Lebrun et Pinius. Le premier, fidèle à son système, soutient que les particularités qui constituent le rite appelé gothique, ont été pratiquées de toute antiquité en Espagne : les autres, au contraire, ont établi solidement le fait d'une introduction des rites orientaux en Espagne, par les Goths, qui se rendirent maîtres de ce pays au commencement du Ve siècle, et y fondèrent un établissement si solide et si imposant. Ces barbares, comme nous l'apprenons de Philostorge, de Sozomène et de Théodoret, dans leurs courses à travers l'Asie Mineure, avaient embrassé le christianisme. Leur fameux évêque Ulphilas, qui traduisit les saints Évangiles dans la langue des Goths, vint à Constantinople. Il y puisa malheureusement les erreurs de l'arianisme qui régnait alors dans cette capitale, par la protection de Valens ; mais il dut y prendre en même temps une plus grande habitude de la Liturgie grecque, la seule que connaissaient les Goths, puisque leur conversion au christianisme s'était opérée en Orient. Nous voyons ensuite, par une lettre de saint Jean Chrysostome, qu'il avait pris un soin tout particulier de l'Église des Goths, et qu'il lui avait même donné un évêque, nommé Unilas ; il est naturel de croire que cet évêque venu de Constantinople devait en pratiquer la Liturgie. Quand les Goths furent établis en Espagne, nous voyons des relations jusqu'alors inconnues s'établir entre l'Église de cette Péninsule et celle de Constantinople. Au VIe siècle, saint Martin de Brague traduisit du grec en latin, pour l'usage d'Espagne, les canons des conciles, et par là donna occasion à l'établissement de beaucoup de pratiques liturgiques prescrites dans ces canons dressés la plupart dans des conciles d'Orient. Vers le même temps, Jean, qui fut depuis abbé de Biclar et évêque de Gironne, et qui était Goth de nation, s'en alla passer dix-sept ans à Constantinople où il se rendit fort savant. Saint Léandre avait aussi vécu plusieurs années à Constantinople : ce fut même dans cette ville qu'il se lia d'une amitié étroite avec Saint Grégoire le Grand, qui résidait alors en cette ville, en qualité d'Apocrisiaire du Siège apostolique, et avec Jean le Jeûneur, patriarche de Constantinople, qui fut si familier avec saint Léandre, qu'il lui dédia un opuscule liturgique sur le baptême.

 

Or, les Goths étant les vainqueurs de l'Espagne, et ayant apporté avec eux des usages liturgiques spéciaux, la Liturgie pratiquée dans cette contrée avant la conquête ne pouvait longtemps subsister sans mélange, et tout portait même à croire qu'elle finirait par succomber. Il y eut, sans doute, des degrés dans cette transformation ; des réclamations durent s'élever, tant de la part des conciles que de la part du Siège apostolique : la lettre du pape Vigile à Profuturus se place naturellement à cette époque, ainsi que le concile de Brague de 563, que nous avons cité plus haut. Un grand événement décida du triomphe absolu de la Liturgie gothique sur l'ancienne : ce fut la conversion totale de la nation des Goths à l'orthodoxie, dans le troisième concile de Tolède, en 589. Saint Léandre, qui fut, pour ainsi dire, l'auteur de ce grand oeuvre, est en même temps le principal rédacteur de la Liturgie gothique qui, dès cette époque, devint l'unique Liturgie d'Espagne. Il est naturel de penser que la préférence donnée, dans son travail et dans celui des autres liturgistes qui vinrent après lui, aux formes orientales, jusqu'alors les seules suivies par les Goths, fut motivée sur la nécessité de les rallier plus sûrement au symbole de l'ancienne Eglise espagnole, en écartant tout ce qui aurait pu être objet de tentation pour une foi encore chancelante. Au reste, comme nous venons de le dire, la transformation des deux rites était déjà pour ainsi dire accomplie, avant même le concile de Tolède ; mais depuis cette grande époque, l'Église espagnole, devenue église purement gothique, s'appliqua à réunir toutes les provinces dans la pratique des mêmes usages, et c'est à cette intention que fut porté, dans le quatrième concile de Tolède, en 633, le canon dont nous avons cité les dispositions formelles, ci-dessus, au chapitre VI.

 

Toutefois cette Liturgie gothique ne se composait pas uniquement d'un fonds de prières orientales : on y rencontre quelquefois, quoique en petit nombre, des oraisons, des répons, des fêtes d'une origine entièrement romaine, qui montrent la première source des rites sacrés en Espagne, On y trouve, en outre, beaucoup d'analogies avec la Liturgie gallicane, et ce dernier fait a donné matière à une controverse entre les savants qui ont traité de la Liturgie gothique. Les uns, comme les PP. Lesleus et Plinius, soutiennent, dans les ouvrages déjà cités, que la Liturgie gallicane est émanée de la gothique ; d'autres, parmi lesquels Dom Mabillon et le P. Lebrun, prouvent contre eux que la Liturgie gallicane est antérieure à l'époque à laquelle a dû se former la gothique.

 

Nous avons montré, en effet, comment l'origine des principales Églises des Gaules est orientale : ce qui explique suffisamment l'existence d'une Liturgie, dans ces contrées, totalement différente de la romaine, et, par suite, analogue en quelque chose à la gothique, dont la source est la même. Nous avons donné les noms des principaux auteurs de la Liturgie gallicane, saint Hilaire, Musecus, saint Sidoine Apollinaire, etc., qui, certes, n'ont pas été chercher en Espagne les usages antiques qui furent corrigés et réformés, plutôt qu'institués, par eux. De plus, on ne s'expliquerait pas cette influence si intime de l'Église d'Espagne sur celle des Gaules, influence qui ne serait justifiée par aucun monument historique, ni même rendue possible par aucun genre de primauté de l'une de ces Églises à l'égard de l'autre. Il est vrai que, dans le canon du quatrième concile de Tolède, il est statué qu'il n'y aura qu'un même ordre pour la prière et la psalmodie dans toute l'Espagne et la Gaule ; mais tout le monde sait qu'il ne peut être ici question que de la Gaule narbonnaise, soumise alors aux mêmes lois que l'Espagne elle-même. Or, outre que le rite gallican était formulé longtemps avant ce concile, et qu'il était et est resté, en somme, différent sur beaucoup de points du rite gothique proprement dit, il serait absurde de supposer que la Gaule narbonnaise eût fait adopter tous ses usages aux autres provinces des Gaules. Tout au contraire, il faudra expliquer les incontestables rapports des deux rites, gallican et gothique, par l'intention fort raisonnable qu'eurent les compilateurs de ce dernier rite d'y retenir, ou d'y insérer quelque chose qui fût analogue aux usages de la Gaule narbonnaise, par le même motif qui leur avait fait garder plusieurs formules et fêtes romaines, et qui les avait portés à conserver pour fond principal les prières orientales de la Liturgie gothique.

 

Nous terminerons ce que nous avions à dire de la Liturgie gothique, appelée plus tard mozarabe (du nom sous lequel on désignait les chrétiens qui vivaient sous la domination des Maures), par les deux observations suivantes :

1° L'Église gothique d'Espagne parvint à établir dans son sein l'unité liturgique ; elle dut cet avantage au zèle de ses évêques et à la protection de ses rois. Mais si elle put faire qu'une prière uniforme retentît dans tous ses temples, elle ne put garantir toujours l'entière pureté, l'orthodoxie de ces mêmes prières. La Liturgie romaine seule est vierge de toute erreur, comme l'Église qui la promulgue.

 

Vers la fin du VIIIe siècle, Félix, évêque d'Urgel, et Elipand, archevêque de Tolède, troublèrent un moment l'Église en prêchant une hérésie qui aurait fait rétrograder le christianisme jusqu'aux dogmes impies d'Arius. Non contents de s'appuyer sur de fausses citations des Pères, ils alléguèrent l'autorité de la Liturgie d'Espagne, produisant plusieurs passages dans lesquels les termes d'adoptif et d'adoption étaient appliqués à Jésus-Christ, et ajoutant que ces oraisons avaient été récitées et par conséquent approuvées par saint Eugène, saint Ildefonse et saint Julien, évêques de Tolède. Il est possible aussi que Félix et Elipand eussent altéré par eux-mêmes les passages susdits. Quoi qu'il en soit, dans l'une et l'autre hypothèse, le danger des Liturgies nationales n'en était pas moins mis dans tout son jour. C'est ce que sentirent les évêques du concile tenu à Francfort en 794, qui, dans les paroles suivantes, montrèrent éloquemment qu'une seule Liturgie peut être citée comme vraiment et nécessairement pure et orthodoxe, savoir la Liturgie de l'Église romaine :

"Mieux vaut, disent-ils aux deux évêques prévaricateurs, mieux vaut en croire le témoignage de Dieu le Père sur son propre Fils, que l'autorité de votre Ildefonse, qui vous a composé, pour la solennité des messes, des prières qui sont telles, que la sainte et universelle Église de Dieu les ignore, et que nous-mêmes ne pensons pas que vous puissiez être exaucés en les prononçant. Que si votre Ildefonse, dans ses oraisons, donne au Christ le nom d'adoptif, notre Grégoire, pontife du Siège de Rome et docteur illustre dans tout l'univers, l'appelle toujours, dans ses oraisons, Fils unique."

 

Les Pères du concile allèguent ensuite plusieurs oraisons du Sacramentaire grégorien.

 

Peu après, Alcuin composa un traité en sept livres contre Félix, et il ne manqua pas d'y réfuter l'objection que ces sectaires tiraient des oraisons du Missel gothique. "Que vous ayez, dit-il à Félix, altéré ces témoignages, ou qu'ils soient réellement tels que vous les proférez, il n'y a pas lieu à s'en occuper beaucoup. C'est bien plutôt sur l'autorité de Rome que sur l'autorité de l'Espagne que nous souhaitons appuyer la vérité de notre foi. Ce n'est pas néanmoins que nous réprouvions l'autorité de l'Espagne, dans les choses sur lesquelles elle n'est pas en désaccord avec l'Église universelle. Mais l'Eglise romaine, qui doit être suivie par tous les catholiques et tous les vrais croyants, professe dans la solennité des messes, comme dans tout ce qu'elle écrit, que c'est le Fils véritable de Dieu qui a daigné se faire homme pour notre salut et subir le tourment de la Croix". Alcuin cite ensuite les oraisons de la messe de Noël, du mercredi de la Semaine sainte, etc. Cet événement porta les évêques d'Espagne à veiller sévèrement sur la pureté de la Liturgie gothique, et aujourd'hui ces livres ne gardent plus aucune trace des erreurs ou incorrections que l'on eut à leur reprocher. Toutefois, on voit que Rome s'en était émue ; car en 918, Ordogno, roi de Léon, et Sisenand, évêque de Compostelle, ayant envoyé un prêtre nommé Jean, vers le Siège apostolique, il s'éleva une discussion sur le Missel gothique, et il fallut le jugement d'un concile romain tenu devant le Pape, et dans lequel on examina soigneusement les prières de ce Missel, pour en certifier la pleine orthodoxie. Nous verrons bientôt la sollicitude du Siège apostolique s'alarmer encore des dangers de cette liturgie particulière d'une grande Église, et enfin en décréter l'abolition.

 

2° L'Église gothique d'Espagne qui fit, comme on vient de le voir, une si fâcheuse expérience des dangers qui menaceront toujours l'orthodoxie d'une Liturgie particulière, vit aussi s'élever dans son sein une fausse opinion que nous retrouverons ailleurs, et dont l'application serait destructive du caractère traditionnel de la Liturgie. Le concile de Brague tenu en 563, en son canon douzième, s'exprimait ainsi : "Il est ordonné que l'on ne chantera dans l'église aucune composition poétique : rien, hors les Psaumes et les Écritures de l'Ancien et du Nouveau Testament ; ainsi que l'ordonnent les saints canons". Les Pères du concile font sans doute allusion à une disposition du concile de Laodicée, en 300, qui ordonne de rejeter certains psaumes qui avaient été fabriqués et avaient cours dans le peuple. Mais la mesure sage et précise du concile de Laodicée n'avait rien de commun avec la prohibition vague et générale du concile de Brague qui, au reste, n'arrêtera point les développements de la Liturgie gothique et qui fut énergiquement improuvée par la protestation du quatrième concile de Tolède, dont voici les paroles, au canon treizième qui est intitulé De non renuendo pronunciare Hymnos :

" Que l'on doive chanter des hymnes, nous avons pour cela l'exemple du Sauveur et des Apôtres ; car le Seigneur lui-même dit une hymne, comme saint Matthieu nous l'atteste : Et hymno dicto, exierunt in montent Oliveti ; et l'apôtre Paul écrivant aux Ephésiens, leur dit : Implemini Spiritu Sancto, loquentes vobismetipsis in psalmis et hymnis et canticis spiritualibus.

" Il existe, en outre, plusieurs hymnes composées par un art humain, pour célébrer la louange de Dieu et les triomphes des apôtres et des martyrs, comme sont celles que les bienheureux docteurs Hilaire et Ambroise ont mises au jour. Cependant quelques-uns réprouvent ces hymnes parce qu'elles ne font pas partie du canon des saintes Ecritures et ne viennent pas de tradition apostolique. Qu'ils rejettent donc aussi cette autre hymne composée par des hommes, que nous disons chaque jour, dans l'office public et privé, à la fin de tous les Psaumes : Gloria Patri et Filio, et Spiritui Sancto, in secula seculorum. Amen. Et cette autre hymne que les Anges chantèrent à la naissance du Christ dans la chair : Gloria in excelsis Deo et in terra pax hominibus bonœ voluntatis, les docteurs ecclésiastiques n'y ont-ils pas ajouté une suite ? Faut-il donc qu'on cesse de la chanter dans les églises, parce qu'on ne trouve point cette suite dans les Écritures saintes ? On compose donc des hymnes, comme on compose des messes, des prières ou oraisons, des recommandations, des impositions de mains ; et si on ne devait plus réciter aucune de ces formules dans l'Église, autant vaudrait faire a cesser les offices ecclésiastiques."

 

Ce sage canon vengea les véritables principes en matière de Liturgie, et on ne voit pas que ce zèle indiscret pour les Écritures saintes, comme seule matière de la Liturgie, se soit permis, depuis lors, en Espagne, de nouvelles manifestations. Nous ne tarderons pas à le rencontrer en France.

 

Nous nous sommes appliqué dans les deux chapitres précédents à recueillir les noms et les travaux des Liturgistes de l'Église gothique d'Espagne : nous aurons occasion, dans la suite, de faire connaître en détail ses rites et ses offices.

 

DOM GUÉRANGER

INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE VIII, DIGRESSION SUR L'HISTOIRE DES AUTRES LITURGIES D'OCCIDENT : AMBROSIENNE, AFRICAINE, GALLICANE, GOTHIQUE OU MOZARABE, BRITANNIQUE ET MONASTIQUE. 

 

Breviarium, Spanish

Breviarium, by Spanish Miniaturist

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1 septembre 2011 4 01 /09 /septembre /2011 04:00

À Sens, vers 623, saint Leu, évêque. Parce qu’il avait eu l’audace de déclarer, devant un important personnage du lieu, que le devoir de l’évêque était de diriger le peuple et qu’il fallait obéir à Dieu plutôt qu’aux princes, il dut subir l’exil.
Martyrologe romain


Saint Leu (ou Loup), Archevêque de Sens, est fêté le 1er septembre. Il est invoqué pour la guérison du mal caduc et pour le soulagement des enfants. On leur fait embrasser à Paris, dans une église qui lui est dédiée en la rue Saint Denis, une petite chasse où repose une partie de ses saintes reliques.

Il mourut en 623, le 1er septembre dans le village de Brinon qui lui appartenait et dont il avait fait don à la cathédrale. Il fut inhumé en l'église de Sainte Colombe.

En 1601, Henri IV fit faire une neuvaine solennelle pour son dauphin, qui depuis a été Louis XIII, le juste. En 1638, Louis XIII fit la même neuvaine pour son fils Louis XIV dit Dieu-donné.

Les principaux monuments de sa gloire sont à Sens, Orléans, Paris, Saint Leu en Normandie.

Il n'y a point de Martyrologe qui ne parle de Saint Leu. Surius nous a donné l'histoire de sa vie. Nous en avons des abrégés dans Vincent de Beauvais, dans Pierre Natalibus et dans d'autres auteurs cités par Baronius.

Paroisse Saint Leu - Saint Gilles, église de la rue Saint Denis

 

Eglise Saint-Leu-Saint-Gilles nord-est

Eglise Saint-Leu-Saint-Gilles, Paris Ier

 

L’importance de la population du quartier Saint Denis au début du XIVème siècle et la petitesse de la Chapelle Saint Gilles, rendirent nécessaire la construction d’une église plus adaptée : on édifia donc, en 1319, et à l’emplacement de la nef actuelle une église qui prit le nom de Saint Leu - Saint Gilles.
Saint Gilles, a vécu en Provence comme ermite, au VIIème siècle ; il était  connu par la légende pour avoir été nourri par une biche qu’il avait sauvée des chasseurs.
Saint Leu,(ou Saint Loup) évêque de Sens au VIème siècle, protecteur des enfants, est un saint dont les nombreux miracles ont fait qu’il était l’usage, dans plusieurs familles de Paris et des environs, de porter à Saint Leu ou de recommander les enfants nouveau-nés. Aussi bien les rois et les nobles de France que les artisans et ouvriers de ce quartier, recouraient à sa protection.
Il se trouve que ces deux saints étaient célébrés le même jour, le premier dimanche de Septembre et que, depuis l’origine de cette église (1319), ils furent tous deux ses protecteurs.
L’église Saint Leu - Saint Gilles prit régulièrement part aux grandes manifestations de la rue Saint Denis, à savoir entre autres les entrées et obsèques des Rois et Reines de France.
Elle participa également aux processions solennelles qui eurent lieu lors du départ de Saint Louis en Croisade en 1248, ainsi que lors du retour du corps de Saint Louis. 

Vue intérieure de la nef vers le choeur

Saint-Leu-Saint-Gilles, vue intérieure de la Nef vers le Chœur 

 

Les Religieuses de Saint Leu
En 1921, les sœurs qui étaient depuis de nombreuses années attachées à l’église et qui avaient un appartement rue aux Ours, durent partir.
Il n’est peut être pas inutile pour nous de s’attarder quelques instants sur l’histoire de ces religieuses qui, entre 1873 et 1921 ont été liées à la vie de Saint Leu.
L’Abbé Largentier, curé de Saint Leu de 1873 à 1833, avait fondé la Congrégation des Sœurs Auxiliatrices de l’Immaculée Conception. Ces religieuses secondaient efficacement le curé de la paroisse auprès des malades, des pauvres, des enfants, et avaient en charge un certain nombre d’œuvres paroissiales.
Les premières, à la fin du XIXème siècle, logeaient dans un petit appartement proche de la paroisse (rue aux Ours). D’autres leur ont succédé jusqu’en 1921 ; après quoi, alors que la Congrégation prospérait, trois d’entre elles se sont installées, grâce à l’Abbé Tournade, dans la maison des œuvres de la paroisse qu’il avait créée en 1934, 11 rue Tiquetonne.
En 1938, la Congrégation manquant de "recrues" fut obligée de supprimer ses communautés les moins importantes en nombre dont celle de Saint Leu, ce qui souleva alors une vague de protestations de la part des paroissiens qui, avec force  protestations, lettres et pétitions à l'Archevêque de Paris obtinrent, non pas comme ils le voulaient au départ de "garder leurs Sœurs", mais que leur soient envoyées trois autres Sœurs, cette fois-ci de la Congrégation de Sainte Marie de la Présentation qui vinrent continuer à accomplir les tâches de celles qui les avaient précédées.
Ceci pour montrer que pendant de longues années, des religieuses se sont succédées ici, toujours en petit nombre, logeant toujours dans un petit appartement proche de la paroisse, avec très peu de moyens matériels et toujours très appréciées et du curé et des paroissiens ainsi qu'en témoignent des lettres et des articles que l'on peut trouver dans les archives.

Histoire de la Paroisse Saint Leu - Saint Gilles 

La Foi, l'Espérance et la Charité

Saint-Leu - Saint-Gilles, peinture murale du chœur : La Foi, l'Espérance et la Charité, par Cibot (1799-1867)

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31 août 2011 3 31 /08 /août /2011 19:00
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31 août 2011 3 31 /08 /août /2011 11:30

Enfin, les travaux de saint Grégoire sur les divins Offices, la correction de l'Antiphonaire ; en un mot, tous les perfectionnements que ce grand Pape et ses successeurs introduisirent dans la Liturgie romaine, la rendirent de plus en plus digne du respect et de l'admiration des Églises d'Occident, qui la vénèrent et la pratiquent encore, excepté l'Église de Milan, qu'une possession non interrompue autorise à conserver une Liturgie vénérable par son origine pure, et quelques autres qui dans des jours mauvais se sont séparées de l'harmonieux concert établi dans tout le monde latin par l'unité liturgique.

 

Les nécessités de l'histoire que nous écrivons nous obligent à suspendre notre récit pour placer ici quelques notions sur diverses Liturgies qui ont déjà été nommées plusieurs fois, et dont quelques-unes existent encore. Nous consacrerons le présent chapitre aux Liturgies de l'Occident, et le suivant à celles de l'Orient.

 

La plus ancienne Liturgie de l'Occident, après celle de Rome, est la Liturgie de Milan, connue sous le nom d'Ambrosienne. S'il fallait en croire Jean Visconti (De Ritibus Missae), saint Barnabe, que les Milanais, depuis plusieurs siècles, vénèrent comme leur apôtre, aurait disposé l'ordre de la messe ; saint Miroclès, évêque de la même Église, aurait réglé la psalmodie, et enfin saint Ambroise aurait complété et perfectionné cet ensemble. Malheureusement les preuves manquent totalement à ces assertions, et il est bien plus simple de convenir que l'origine des formes du culte divin, dans l'Église de Milan, se confond avec l'origine même du christianisme. Si les circonstances avaient permis à d'autres églises d'aussi haute antiquité de garder leurs usages primitifs, on retrouverait chez elles la même incertitude.

 

Toutefois, le nom d'Ambrosienne attribué de tout temps à la Liturgie de Milan, prouve très certainement qu'un aussi grand docteur que saint Ambroise a dû, ainsi que tous les plus illustres évêques de l'antiquité, travailler à la correction de la Liturgie de son église. On peut donc lui attribuer un travail analogue à celui de saint Gélase et de saint Grégoire sur le Sacramentaire romain : mais c'est sans aucune espèce de preuve que Pamélius (Liturgia, tom. I, pag. 451.) attribue, d'une manière précise, à saint Ambroise, la composition du plus grand nombre des messes, oraisons, et préfaces du Missel ambrosien actuel.

 

Lorsque le saint docteur monta sur le siège de Milan, ayant reçu dans l'espace de quelques jours le baptême et l'épiscopat, il trouva sans doute une Liturgie toute faite, et dut mettre son application à l'exécuter, avant de songer à y faire des changements et des améliorations (Lebrun, Explication de la Messe, tom. II, pag. 176.). Dom Mabillon, au tome second du Musæum Italicum, énumère les allusions que présentent les divers écrits de saint Ambroise aux usages liturgiques de son temps, et s'en sert pour fixer jusqu'à un certain point la forme du service divin dans l'Église de Milan, au vie siècle. Il dit ailleurs que les fameux livres des Sacrements semblent être le fondement de la plupart des rites ambrosiens ; mais ce savant homme n'a pas jugé à propos de discerner ceux de ces usages qui ont pour instituteur saint Ambroise, d'avec ceux qui lui sont antérieurs. Cette tâche eût été, en effet, bien difficile, pour ne pas dire impossible, à remplir : toutefois, on peut donner avec certitude à saint Ambroise, outre l'institution du chant alternatif dans l'Occident, un grand nombre d'hymnes qui furent accueillies avec enthousiasme par beaucoup d'églises ; jusque-là qu'au rapport de Walafride Strabon (De Rebus ecclesiasticis, cap. XXV.), en certains lieux, on les chantait même à la messe ; de plus, les messes des martyrs, dont le saint évêque découvrit les corps, savoir les saints Nazaire et Celse, Gervais et Protais, Vital et Agricole ; un certain nombre de préfaces, que Walafride Strabon nomme Tractatus, en l'endroit déjà cité ; les prières pour la Dédicace de l'église, pour la consécration des saintes Huiles, pour la bénédiction du Cierge pascal, qui toutes portent en tête le nom de saint Ambroise, dans les plus anciens Sacramentaires, etc. Quant aux prières de préparation à la Messe, Summe Sacerdos et Ad mensam dulcissimi, qui sont insérées dans les Missels et les Bréviaires, sous le nom de saint Ambroise, on ne voit rien qui puisse justifier cette assertion. Les Bénédictins, éditeurs de notre saint docteur, n'ont trouvé la première dans aucun manuscrit, et n'ont rencontré la seconde que dans un seul qui ne datait pas d'au-delà de sept cents ans.

 

Un fait digne de remarque dans la Liturgie ambrosienne, c'est la fréquente conformité avec la romaine. Non seulement le Canon est presque entièrement semblable, mais un grand nombre d'introït, d'oraisons, d'épîtres, d'évangiles, sont identiquement les mêmes dans les Missels des deux Eglises. Le Bréviaire offre aussi plusieurs ressemblances du même genre. Il semble même que les livres romains aient été imités à Milan, avec une intention toute particulière ; car on trouve au Missel ambrosien la mémoire de sainte Anastasie, dans la seconde messe de Noël, mémoire qui ne convient qu'à la Station qu'on fait à Rome dans l'église de cette sainte, ainsi que nous le dirons ailleurs (on ne trouve plus cette mémoire dans le Missel du Cardinal Qaysruk, imprimé en 1800 ; mais outre les manuscrits, nous avons, en faveur de ce fait caractéristique, le Missel gothique, in-quarto,imprimé à Milan, en 1500, et plusieurs de ceux qui l'ont suivi). On trouve en outre au Canon, l'addition de saint Grégoire : Diesque nostros in tua pace disponas. Faut-il attribuer cette conformité à une exigence du Siège apostolique, qui aurait voulu que l'Église de Milan, qui était de sa Primatie, comme toutes celles d'Italie, eût au moins dans ses usages quelque chose de commun avec l'Eglise de Rome, et principalement le Canon ? ou faut-il expliquer cette communauté de rites et de prières par des emprunts volontaires, et peut-être réciproques ? car l'Église romaine a, de tout temps, été dans l'usage d'adopter ce qui lui paraissait louable dans les autres , et l'on voit au Sacramentaire de saint Grégoire plusieurs prières qui portent en titre le nom de saint Ambroise. Il est probable que ces deux hypothèses renferment quelque chose de véritable. Comme nous devons donner en temps et lieu la description de la messe et de l'office du rite ambrosien, nous nous contenterons ici de faire l'histoire abrégée des vicissitudes par lesquelles ce rite a passé.

 

L'Église de Milan s'est montrée, dans tous les temps, fort jalouse de l'intégrité de ses usages. Charlemagne, ainsi que nous le raconterons bientôt, ayant conçu le dessein d'établir le rite romain dans toutes les Églises de l'Occident, voulut étendre jusqu'à l'Église même de Milan cette mesure vigoureuse. Il fut contraint de reculer dans son entreprise, tant était profonde la vénération qui s'attachait à l'œuvre réputée de saint Ambroise. L'opposition du clergé et du peuple fut même confirmée par un prodige, si nous en croyons Landulphe, historien de l'Église de Milan, qui écrivait en 1080, et qui a été copié par Beroldus et Durand de Mende. D'après ce récit, un évêque des Gaules, nommé Eugène, père spirituel de Charlemagne, aurait intercédé auprès de ce prince, à Rome même, pour la conservation du rite ambrosien, qu'il nommait le Mystère des Mystères. Les avis étant partagés, on indique un jeûne, des prières, pour obtenir de Dieu qu'il veuille décider sur la préférence qu'on doit donner à l'un des deux Sacramentaires, grégorien ou ambrosien. Les deux livres, liés et scellés, sont déposés sur l'autel de saint Pierre ; celui des deux qui s'ouvrira sans qu'on y touche, sera préféré. Les portes de l'église demeurent fermées durant trois jours ; après cet intervalle, on revient consulter le Seigneur : tout à coup, les portes de la basilique s'ouvrent d'elles-mêmes. On avance vers l'autel ; les livres y sont encore immobiles et fermés. On gémit, on prie de nouveau. Soudain, les deux Sacramentaires s'ouvrent à la fois avec un grand bruit. Alors, ce cri se fait entendre dans l'assemblée : "Que l'Église universelle loue, conserve, garde dans leur intégrité le mystère grégorien et le mystère ambrosien !"

 

Cette histoire si dramatique, rapportée d'après les auteurs que nous venons de citer, par D. Mabillon et par le P. Lebrun, est considérée comme suspecte par Muratori (Antiquitates Italiae, tom. IV, pag. 834.), qui ne conteste pas d'ailleurs les efforts inutilement faits par Charlemagne pour abolir le rite ambrosien. Il faut dire aussi que le docteur milanais n'apporte pas de preuves à l'appui de son sentiment.

 

Nicolas II qui, en 1060, avait fait des tentatives pour abolir en Espagne le rite gothique, fit aussi des efforts pour abolir le rite ambrosien. Il se servit à cet effet du zèle de saint Pierre Damien, homme énergique et capable de faire réussir cette entreprise, si le succès en eût été possible. Ce grand cardinal échoua dans sa légation, et bientôt Nicolas II fut remplacé sur la Chaire de Saint-Pierre par Alexandre II, Milanais, qui n'inquiéta point ses compatriotes dans la jouissance de leurs usages. Nous ne voyons pas que saint Grégoire VII, si zélé pour la propagation du rite romain, ait rien entrepris contre la Liturgie ambrosienne.

 

Cette Liturgie prit même vers ce temps une sorte d'extension, qu'elle devait à la beauté incontestable de ses formules et à la vénération qu'inspirait son auteur présumé. D. Mabillon, dans le Musœum Italicum, a publié plusieurs lettres de Paul et Gebehard, prêtres de l'Église de Ratisbonne, par lesquelles, vers l'an 1024, ils s'adressent au prêtre Martin, trésorier de l'église de Saint-Ambroise à Milan, à l'effet d'obtenir de lui les livres de l'Office ambrosien, pour les répandre en Allemagne. Vers le milieu du XIVe siècle, on vit l'empereur Charles IV établir ce même Office de Milan dans l'église de Saint-Ambroise à Prague ; et le Sacramentaire tripartite que l'abbé Gerbert a publié dans sa Liturgia Alemannica, et qu'il avait tiré de l'abbaye de Saint-Gall, se compose de l'ambrosien, du gélasien et du grégorien. Au reste, ce sont là les seuls indices que nous ayons d'une exportation quelconque des usages ambrosiens, hors de Milan. Reprenons l'histoire des attaques auxquelles ils ont été en butte, jusqu'à leur reconnaissance définitive par le Saint-Siège.

 

Muratori rapporte, dans l'ouvrage cité plus haut, que le cardinal Branda de Castiglione ayant été envoyé, en 1440, par Eugène IV, en Lombardie, en qualité de Légat, conçut le dessein d'abolir le rite ambrosien, jusque-là qu'il osa s'emparer d'un ancien Sacramentaire qu'on croyait venir de saint Ambroise lui-même, et que le jour de Noël il fit chanter la messe au rite romain, dans l'église même du saint docteur. Le peuple furieux courut aussitôt investir la demeure du légat, le menaçant de mettre le feu s'il ne rendait le Sacramentaire qu'il avait enlevé. Le cardinal, effrayé de cette sédition, jeta le livre par la fenêtre, et sortit de la ville dès le lendemain.

 

Vers la fin du même siècle, en 1497, Alexandre VI reconnut solennellement, et confirma dans une Bulle rapportée par Ughelli le droit des ducs et du peuple de Milan, de célébrer, suivant le rite ambrosien, les messes, les cérémonies, le chant, les offices tant de jour que de nuit, sans y rien changer. Il est vrai que le Pape spécifie l'église et monastère de Saint-Ambroise, mais il n'exclut pas expressément les autres églises de la ville et du diocèse. Aussi on commença peu à peu à imprimer les livres d'usage du rite ambrosien, pour les nécessités de ces diverses églises, et lorsque saint Pie V, par les Bulles dont nous parlerons bientôt, déclara exemptes de l'obligation de recevoir les livres romains, les églises dont les Bréviaires remontaient au-delà de deux siècles, le rite ambrosien fut, par là même, indirectement, mais sérieusement reconnu pour Milan et son territoire. Fondé dès lors sur l'évidence du droit, saint Charles Borromée, ayant appris que le gouverneur de Milan avait obtenu du Pape un bref qui l'autorisait à se faire dire la messe suivant le rite romain, dans toutes les églises où il lui plairait d'aller, réclama avec force contre cette permission, dans une lettre adressée à un de ses amis, à Rome, et qui est conservée comme une relique dans l'église de Saint-Alexandre des Barnabites de Milan. Le P. Lebrun a donné cette lettre : nous la plaçons à la fin du présent chapitre. Au reste, elle n'est pas la seule qu'ait écrite à Rome le pieux cardinal pour la défense de la Liturgie ambrosienne. On en garde encore plusieurs autres dans la bibliothèque du Vatican. Ce grand homme, pour expliquer son zèle en cette matière, avait coutume de dire que la Liturgie ambrosienne était moins milanaise encore que romaine, ayant reçu tant de fois l'approbation expresse des souverains Pontifes.

 

Tel a été de tout temps le zèle des Milanais pour la conservation de leur rite, dont ils ont, au reste, assez fidèlement gardé l'intégrité, sauf l'addition qu'ils ont faite d'un grand nombre de fêtes de Saints. Mais on peut dire qu'ils poussent l'intolérance à l'égard des autres Liturgies, la romaine y comprise, au-delà de ce qu'on a jamais pu reprocher de plus exclusif au Siége apostolique. Un exemple fera juger de la vérité de ce que nous disons. En 1837, nous étions à Rome, et nous venions de célébrer les saints mystères à la Confession de Saint-Pierre ; un chanoine de la cathédrale de Milan se présenta accompagné d'un clerc milanais. Ce dernier portait un missel ambrosien ; il le posa sur l'autel sous lequel l'univers entier vénère la cendre du Prince des apôtres. Le chanoine milanais commença tout aussitôt la messe et l'acheva paisiblement, suivant ce rite étranger. Peu de mois après, nous étions nous-même à Milan : nous demandâmes à célébrer le saint sacrifice sur le corps de saint Ambroise. On nous montra un règlement solennel qui défend d'offrir les saints mystères sur cet autel, autrement qu'en la forme ambrosienne : le rite romain n'était pas excepté. Il nous fallut donc sacrifier notre pieux désir.

 

Au reste, l'inconvénient ordinaire des Liturgies particulières s'est fait sentir à Milan, comme en d'autres lieux. La puissance séculière a dû prétendre une surveillance sur des formés qui ne sont que nationales, et non communes à toutes les Églises. Naples, Florence, Venise, célèbrent la fête de saint Grégoire VII, malgré le déplaisir qu'en éprouvent et qu'en ont souvent manifesté leurs gouvernants ; ces Églises jouissent de cette liberté, parce qu'elles sont astreintes au Bréviaire romain, publié par le Saint-Siège. L'Église de Milan n'a pas osé jusqu'ici rendre un culte au grand Pontife, que l'Europe éclairée proclame aujourd'hui l'héroïque vengeur de la dignité humaine et de la civilisation. Comme nos Églises de France, elle n'a pas suivi l'injonction du Pontife romain, qui ordonna, il y a un siècle, à toutes les Églises du rite latin, de solenniser la mémoire du glorieux Hildebrand.

 

Ces Églises manquaient de cette force que l'unité et l'universalité des formes peuvent seules donner, et qu'elles maintiennent, au défaut même du courage.

 

DOM GUÉRANGER

INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE VIII, DIGRESSION SUR L'HISTOIRE DES AUTRES LITURGIES D'OCCIDENT : AMBROSIENNE, AFRICAINE, GALLICANE, GOTHIQUE OU MOZARABE, BRITANNIQUE ET MONASTIQUE. 

 

St Ambrose

St Ambrose by GIOVANNI DI PIAMONTE

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31 août 2011 3 31 /08 /août /2011 04:00

À Jérusalem, commémoraison des saints Joseph d’Arimathie et Nicodème, qui recueillirent le corps de Jésus déposé de la croix, l’enveloppèrent d’un suaire et le déposèrent au tombeau.

Joseph, originaire d’Arimathie et membre du Sanhédrin, homme bon et juste, disciple de Jésus, mais en secret, attendait le royaume de Dieu.

Nicodème, lui, pharisien, notable parmi les juifs, était venu trouver Jésus pendant la nuit pour l’interroger sur sa mission et avait défendu sa cause devant les prêtres et les pharisiens qui voulaient l’arrêter.
Martyrologe romain

 

Entombment of Christ by Pedro Sanchez

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30 août 2011 2 30 /08 /août /2011 19:00
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30 août 2011 2 30 /08 /août /2011 11:30

Quant au chant grégorien, proprement dit, nous aurons  occasion de parler en divers endroits de ses destinées et des changements et altérations dont il a été l'objet.

 

Nous avons vu, par la lettre de saint Grégoire à Jean de Syracuse, l'importance que mettait ce saint Pape à voir adopter la Liturgie romaine, telle qu'il l'avait réformée, par les Eglises qui étaient du ressort immédiat du Siège apostolique. Mais le temps n'était pas venu encore où les Pontifes romains en décréteraient l'extension aux autres Églises de l'Occident. La volonté positive de saint Grégoire à ce sujet paraît évidemment dans un passage de sa réponse aux difficultés que lui avait proposées le saint moine Augustin, apôtre de l'Angleterre. Ce dernier l'ayant consulté au sujet des usages qu'il était à propos de suivre, dans la célébration de l'office divin, et se plaignant du peu d'accord qu'il y avait entre les rites de l'Église romaine et ceux des Églises des Gaules, saint Grégoire lui répond : "Votre fraternité connaît la coutume de l'Église romaine dans laquelle elle a été élevée ; mais je suis d'avis que si vous trompez, soit dans la sainte Église romaine, soit dans celles des Gaules, soit dans toute autre Église, quelque chose qui puisse être plus agréable au Dieu tout-puissant, vous le choisissiez avec soin, établissant ainsi, par une institution spéciale dans l'Église des Anglais qui est encore nouvelle dans la foi, les coutumes que vous aurez recueillies de plusieurs Églises ; car nous ne devons pas aimer les choses à cause des lieux, mais les lieux à cause des bonnes choses."

 

Nous engageons le lecteur à noter ce passage remarquable, comme nous lui avons recommandé pareillement de garder le souvenir d'un fameux texte de saint Cyprien, au chapitre IV. La marche de cette histoire nous mettra à même de constater les applications pratiques qu'on a prétendu faire de l'un et de l'autre, dans un certain pays. Ici, nous n'avons qu'une chose à faire : c'est d'enregistrer le fait et de dire sa valeur à l'époque à laquelle il s'est passé.

 

Nous dirons donc qu'il est mis hors de doute, par ledit texte, que saint Grégoire ne voulut pas astreindre la nouvelle Église d'Angleterre à suivre les usages de l'Église romaine, de manière à lui interdire l'imitation des pratiques usitées dans les Gaules, ou dans tout autre pays ; nous ajouterons même, si l'on veut, et à plus forte raison, que notre grand Pape n'entendit pas davantage abroger les coutumes saintes et encore existantes de l'antique Église des Bretons qui n'était pas absolument éteinte par toute l'Angleterre, à l'époque de la mission de saint Augustin. Mais nous dirons que cette permission d'adopter ainsi divers usages, donnée postérieurement par saint Grégoire à ses missionnaires, ne prouve pas qu'il ne les eût pas chargés, en partant, des livres liturgiques de l'Église romaine, pour l'usage de leur nouvelle chrétienté. Il ne faut pas réfléchir longtemps pour comprendre que saint Augustin et ses compagnons ne durent pas attendre pour célébrer les saints mystères et les offices divins d'avoir formé un prétendu corps de Liturgie, à l'aide de tant de matériaux hétérogènes. Quand saint Augustin adressait à saint Grégoire la question à laquelle ce saint Pape fit la réponse que nous venons de citer, lui permettant de puiser des usages aux diverses sources approuvées, saint Augustin avait déjà organisé sa nouvelle chrétienté, baptisé un grand nombre d'infidèles, ordonné des prêtres et même des évêques ; or, suivant quel autre rite que celui de l'Église romaine, le saint Apôtre avait-il accompli toutes ces choses ? La légèreté de certains hommes prévenus a pu seule leur faire ici prendre le change ; ils y ont vu ce qu'ils y voulaient voir, et non ce qui y était véritablement. En outre, une étude plus patiente des monuments de l'histoire liturgique de l'Église leur eût appris que, soit que les usages dont parle saint Grégoire n'eussent rapport qu'à des détails de peu d'importance, soit que les évêques d'Angleterre n'aient pas jugé à propos de profiter de la permission que leur donnait le saint Pape, la Liturgie romaine, épurée à sa source, a seule régné dans la Grande-Bretagne, depuis la prédication de saint Augustin jusqu'à la Réforme du seizième siècle, qui, il faut l'avouer, n'a montré nulle part une forte prédilection pour la Liturgie romaine.

 

Bède rapporte, en effet, que, vers l'an 676, saint Benoît Biscop, illustre abbé d'Angleterre, étant allé à Rome, obtint du pape saint Agathon la permission d'emmener avec lui dans la Grande-Bretagne, Jean, archichantre de l'église de Saint-Pierre, pour enseigner en son monastère "le rite annuel (cursum annuum) observé dans l'église de Saint-Pierre de Rome. Jean, qui était aussi abbé du monastère de Saint-Martin, se conforma à l'ordre du pontife ; c'est pourquoi il apprit aux chantres de saint Benoît Biscop l'ordre et le rite de chanter et de lire à haute voix, et tout ce que requérait la célébration des jours de fête, durant tout le cours de l'année; il laissa tous ces détails par écrit, et on les garde encore dans le même monastère, d'où ils ont été transcrits pour l'usage d'un grand nombre d'autres." (Bed., Hist. eccles., lib. IV, cap. XVIII.).

 

On doit se rappeler que toutes les cathédrales de l'Angleterre étaient desservies par des moines ; en sorte que les usages liturgiques de ceux-ci étaient pour ainsi dire ceux de toutes les Églises de ce royaume. Il faut remarquer aussi que le service demandé par saint Benoît Biscop et accordé par l'archichantre Jean, consistait principalement à rétablir les traditions du chant qui se perdent ordinairement les premières, et que nous ne voyons rien dans Bède qui marque que, pour la lettre liturgique des offices divins, on eût jusqu'alors fait aucun changement. Depuis cette époque, on ne voit aucune trace de l'introduction des livres romains en Angleterre, et au contraire tous les monuments postérieurs, sans exception, s'accordent à nous les montrer en usage.

 

Nous nous contenterons de citer ici en preuve de ce fait, le treizième canon du second concile de Cloveshoe, tenu en 747. Voici ce qu'il porte : "Les saintes et sacrées solennités de notre Rédemption seront célébrées suivant la règle que nous tenons par écrit de l'Église romaine, dans tous les rites qui les concernent, soit pour l'office du baptême, soit pour la célébration des messes, soit pour la manière du chant.  De même, pendant  tout le cours de l'année, les fêtes des saints seront vénérées à jours fixes, suivant le Martyrologe de la  même Église romaine, avec la psalmodie et le chant convenable."

 

Il en devait nécessairement  arriver ainsi, dans toutes ces Églises que Rome fondait en  Occident,  depuis celle d'Angleterre, par saint Augustin, jusqu'à celles des diverses régions germaniques ou slaves, par saint Boniface, saint Adalbert et tant d'autres, et celles des royaumes du Nord, par saint Anschaire, saint  Rembert, etc. Ces Apôtres, moines bénédictins, envoyés par le Siège apostolique, ne pouvaient porter avec eux d'autres livres que ceux de l'Eglise romaine dont ils recevaient leur mission. Nous avons vu quel droit liturgique, dès l'an 400, saint Innocent Ier faisait découler, pour le Siège apostolique, du seul fait de la fondation des Églises d'Italie, des Gaules, d'Espagne et d'Afrique, par saint Pierre et ses successeurs. Ce principe posé dès lors, et d'ailleurs fondé sur la nature des choses (la  fille devant parler la langue de sa mère), devait, un  jour, développer ses conséquences, et en attendant qu'il amenât la destruction totale des Liturgies gallicane et gothique, déjà il obligeait les Pontifes romains à ne plus souffrir de dissonances dans les nouvelles Églises qui s'élevaient avec une si admirable rapidité, aux septième, huitième, neuvième et dixième siècles. L'unité grandissait toujours, en proportion de la charité. Notre assertion qui, du reste, n'a jamais été contestée par personne, se prouve d'elle-même par la simple inspection des annales ecclésiastiques des royaumes que nous venons d'énumérer ; à toutes les époques, nous y trouvons l'usage de la Liturgie romaine, et nul vestige de son introduction postérieure.

 

En outre, nous voyons d'une manière positive les Pontifes romains veiller par eux-mêmes à l'exécution de leurs volontés en cette matière. Vers l'an 720, saint Grégoire II, dans un capitulaire adressé à l'évêque Martinien, qu'il envoyait en qualité de légat visiter les nouvelles chrétientés de la Bavière, lui recommande, entre autres choses, de s'informer de la canonicité de l'ordination des prêtres et des diacres, de voir s'ils sont d'une foi pure, et dans le cas où ils seront trouvés réunir ces conditions, "de leur donner pouvoir de sacrifier, de servir à l'autel et de psalmodier suivant la forme et tradition de la sainte Église romaine et du Siège apostolique". De plus, le Pape ordonne à Martinien de pourvoir aux besoins des Églises et de veiller à ce que chaque prêtre ou ministre "observe les cérémonies solennelles des messes, les heures des offices du jour et de la nuit, les leçons de l'Ancien et du Nouveau Testament; le tout suivant la tradition du Siège apostolique."

 

Le grand Apôtre de l'Allemagne, saint Boniface, ayant consulté le pape saint Zacharie au sujet de certaines bénédictions que donnaient les évêques de France et qui ne se trouvaient point dans l'ordre de la Liturgie romaine, le Pontife lui répond en ces termes : "Quant aux bénédictions en usage chez les Français, vous savez qu'elles sont répréhensibles de diverses manières ; car ce n'est point d'après la tradition apostolique qu'ils agissent ainsi, mais par vaine gloire, se préparant leur propre condamnation, puisqu'il est écrit : Si quelqu'un vous évangélise autrement qu'il n'a été évangélisé, qu'il soit anathème ! Vous avez reçu la règle de la tradition catholique, frère très chéri ; prêchez-la à tous ; enseignez à tout le monde ce que vous avez reçu de la sainte Église romaine dont Dieu nous a fait le serviteur" (Zachariœ Papae Epist. XII. Apud Labb., tom. VI).

 

Cette sévérité du Siège apostolique à l'égard de l'Église de France, à une époque où elle ne se trouvait souillée d'aucune erreur, montre le grand désir des Pontifes romains de voir régner l'unité liturgique et présage la destruction prochaine de la Liturgie gallicane ; mais en même temps elle fait voir avec quelle sollicitude Rome veillait à la pureté des usages romains dans les églises d'Allemagne. Toutefois, cette sollicitude n'empêcha pas qu'il ne se glissât, comme il arrive toujours, certaines variantes de peu d'importance dans la Liturgie observée dans ces vastes contrées. Le docte Gerbert, abbé de Saint-Blaise, en la Forêt-Noire, a donné un excellent ouvrage sous le titre de : Liturgia Alemannica, dans lequel il décrit en détail la manière dont on gardait dans les diverses églises de la Germanie la Liturgie romaine. On voit que les usages particuliers de ce pays ne dérogeaient en rien à l'unité liturgique qui, du moins, chez les catholiques, n'a jamais été brisée en Allemagne.

 

Avant  de donner la  liste  des   auteurs  liturgistes de l'époque qui nous occupe, nous dirons ici quelques mots d'un précieux monument de l'antiquité ecclésiastique dont l'étude est nécessaire à quiconque veut posséder en leur entier les sources de   la  science  liturgique. Ce livre est connu sous le nom de Liber diurnus Romanorum Pontificum. L'histoire de sa publication   tentée  plusieurs fois et enfin accomplie en 1680, par le P. Garnier, jésuite, est longue et curieuse ; mais elle  nous  entraînerait trop loin de notre sujet. Nous dirons donc seulement que le Liber diurnus est un recueil des formules dont les Papes se  servaient durant les sixième, septième  et huitième siècles, et dans lequel on trouve les rites de leur ordination, et de celles des évêques d'Italie qui étaient obligés de venir recevoir à Rome la consécration épiscopale, les professions de foi, les privilèges, les mandats, les concessions et autres actes semblables. Le recueil est divisé en sept chapitres, subdivisés eux-mêmes en plusieurs articles. Le premier chapitre contient des formules de lettres aux princes et autres   personnes séculières ; aux patriarches, archevêques, évêques, prêtres,  diacres, primiciers, secondiciers.

 

On trouve, dans le second, les formules de toutes les lettres et de tous  les  actes qui précédaient et suivaient l'élection du Pape. Le troisième chapitre comprend les  formules des lettres, des rites et des actes qui étaient d'usage dans l'ordination des évêques consacrés à Rome. Entre autres promesses que faisait avec serment le nouvel évêque, on remarque celle de célébrer toujours les divins offices suivant le rite romain. Dom Mabillon attribue cette injonction à saint Grégoire le Grand.

 

Le quatrième chapitre regarde l'usage du Pallium, et en conséquence, il a un rapport direct avec la Liturgie, ainsi que le cinquième qui contient les formules de rescrits, ou mandats pour l'ordination d'un prêtre, la dédicace d'un oratoire, la consécration d'une église, d'un baptistère, d'un autel ; pour la concession des reliques des saints, pour les lever de terre et les renfermer dans des châsses, etc. Le sixième chapitre renferme principalement les formules de lettres et de commissions pour ceux qui étaient chargés de la régie du patrimoine des Églises, ou des affaires qui regardaient le Siège apostolique. Le septième enfin contient le formulaire des privilèges accordés aux monastères, aux diaconies et aux hospices.

 

En tête des écrits et compositions des septième et huitième siècles sur la matière de la Liturgie, nous plaçons tout d'abord ceux des Ordres romains qui se rapportent à cette période. On sait, sans doute, que les Ordres romains sont des écrits plus ou moins étendus renfermant le détail des cérémonies de la messe papale, de l'administration des sacrements, etc. Mais comme nous devons faire ailleurs l'énumération raisonnée de tous les monuments de ce genre, nous n'en dirons rien dans cet endroit, et nous passerons incontinent à la liste des liturgistes de l'époque que nous décrivons.

 

(604). Nous avons encore un mot à dire sur les travaux liturgiques de saint Grégoire : il nous reste à parler de ses Hymnes. D. Denys de Sainte-Marthe lui donne les suivantes qui sont presque toutes au Bréviaire romain : Primo dierum omnium. Nocte surgentes, vigilemus omnes.   Ecce jam  noctis tenuatur  umbra. Lucis creator optime. Clarum decus jejunii. Audi, benigne conditor. Magno salutis gaudio.  Rex,  Christe, factor omnium.

(608). Cyriaque, évêque de Nisibe, hérétique nestorien, écrivit une Exposition des Mystères, et un traité de la Nativité et de l'Epiphanie.

(609).  Conantius,  évêque  de   Palentia, composa de nouvelles hymnes pour l'office gothique, et y adapta des modulations musicales. Il rédigea pareillement des oraisons sur tous les psaumes.

(615). Jean, d'abord moine, ensuite   évêque  de Saragosse, composa aussi, pour la Liturgie gothique, plusieurs prières remarquables par le style et l'harmonie.

(617). Jean, évêque de Bostres, en   Arabie, hérétique monophysite, est auteur d'une Anaphore, traduite en latin par Renaudot.

(620). Jean Mosch, moine de Palestine, dans son fameux livre intitulé le Pré Spirituel, présente une foule de particularités curieuses qui ont trait à la Liturgie de son temps, et en particulier l'histoire des enfants d'Apamée.

(620).  Saint  Protadius,   évêque   de   Besançon, n'est connu, sous le rapport de ses  travaux liturgiques, que par ce que nous en apprend l'auteur anonyme de sa vie. Il dit que les clercs des églises de Besançon étant souvent en difficulté au sujet des cérémonies qu'ils devaient observer, saint Protadius fit un livre en forme de rituel, dans lequel il prescrivit de quelle manière on devait se comporter dans l'assemblée des Frères ; ce que l'église devait pratiquer ou éviter ; combien il   devait y avoir de ministres à l'autel, dans les fêtes solennelles ; quel temps on devait prendre pour les  processions publiques, et les lieux où elles devaient se diriger ; quel jour les Congrégations de la ville devaient se  rendre à la mère église ; enfin, ce qu'il fallait pratiquer dans l'église, chaque jour de l'année.

(626). Saint Donat, évêque de Besançon, a composé une règle célèbre, pour des religieuses, dans laquelle on trouve de nombreuses et importantes particularités sur l'office divin.

(645). Saint Maxime, abbé de Chrysopolis, le vengeur de l'orthodoxie contre les monothélites, mérite aussi d'être compté parmi les liturgistes, pour son excellente Mystagogie ou Exposition de la Liturgie, et encore pour son précieux commentaire de la Hiérarchie ecclésiastique de saint Denys l'Aréopagite.

(646). Eugène II, évêque de Tolède, suivant ce que dit saint Ildephonse, corrigea les livres de l'Église gothique, sous le rapport du chant. Le B. Tommasi lui donne, d'accord avec Alcuin, l'hymne : Rex Deus immensi quo constat machina mundi.

(651). Jacques dit le Commentateur, de la nature de ses travaux, fut évêque d'Edesse. Il est honoré comme saint et docteur orthodoxe par les Maronites. Entre autres compositions liturgiques, il est auteur d'une Anaphore en l'honneur de saint Jacques, apôtre, et d'une autre insérée au recueil de Renaudot. Il a donné aussi un Ordre du saint Baptême, qui se trouve dans plusieurs des rituels orientaux; une Lettre à Thomas, prêtre, dans laquelle est décrite la messe des Syriens ; une autre lettre à Jean le Stylite, sur la bénédiction de l'eau ; une autre à Adée, prêtre, sur divers rites ecclésiastiques ; dix hymnes pour la fête des Palmes ; une autre en l'honneur de la sainte Vierge Marie, etc.

(651). Jésuiab d'Adiabène, patriarche des nestoriens, mit en ordre l'office pour le cercle de l’année, dit Amro, cité par Zaccaria. Il régla aussi l'ordre du baptême, de la pénitence, des ordinations, et de la Dédicace de l'Église. Il composa en outre des hymnes nombreuses.

(657). Saint Ildephonse, moine et ensuite évêque de Tolède, l'une des  plus   brillantes   lumières   de l'Église gothique d'Espagne, a laissé un opuscule excellent sur les cérémonies du Baptême. Il composa en outre deux Messes d'un chant merveilleux, en l'honneur de saint Côme et de saint Damien.

(661). George, appelé aussi Grégoire, évêque de Syracuse, a composé des Tropes en l'honneur de la Nativité de Notre-Seigneur et de son Epiphanie.

(668). Théodore, moine, et plus tard archevêque de Cantorbéry, est connu par son fameux Livre pénitentiel, qui donne une idée de l'administration du sacrement de Pénitence au VIIe siècle, dans l'Église latine.

(675). Saint Julien, successeur de saint Ildephonse sur le siège de Tolède, outre les hymnes qu'il a composées, rédigea un livre des Messes pour toute l'année, corrigeant les anciennes et en ajoutant de nouvelles.

(682). Saint Léon II, pape, est appelé, dans le Liber pontificalis, vir eloquentissimus, cantilena ac psalmodia prœcipuus, et in earum sensibus subtilissima exercitatione elimatus. Platine vante aussi l'habileté de ce Pape dans la musique, et dit qu'il régla la psalmodie et réforma le chant des hymnes. L'abbé Lebeuf ne fait pas de difficulté de lui attribuer une certaine part au Livre Responsorial, dont le fond appartient à saint Grégoire.

(685). Jean Maron, premier patriarche des Maronites, qui tirent de lui leur nom, est auteur d'une Anaphore et d'un livre du Sacerdoce.

(691). Johannicius de Ravenne, mit en ordre les Livres sacrés, les Antiennes et tous les rites de l'Église de Ravenne ; c'est ce que rapporte Zaccaria, d'après de Rubeis et Ginanni.

(700). Ecbert, Suédois, moine de Lindisfarne, écrivit un livre de Ritibus catholicorum.

(700). Saint Adelme, abbé de Malmesbury, et ensuite évêque de Schirburn, se   distingua,  dit l'abbé Lebeuf, par son aptitude à composer le chant ecclésiastique.

(701). Le vénérable Bède, moine anglais, est auteur du Martyrologe qui porte son nom, et de plusieurs hymnes. Le B. Tommasi lui attribue les suivantes : Hymnum canentes Martyrum, pour la fête des Saints Innocents ; Hymnum canamus gloriœ, pour l'Ascension ; Emitte, Christe, Spiritus, pour la Pentecôte ; Prœcursor altus luminis, pour la Nativité de saint Jean-Baptiste ; et Proecessor almus gratiae, pour sa Décollation ; Apostolorum gloriam, pour la fête des saints Apôtres Pierre et Paul ; Adesto, Christe, vocibus, pour la Nativité de la sainte Vierge, Nunc Andreae solemnia, pour la fête de saint André ; Hymnum dicat turbafratrum, pour l'Office de la Nuit ; Primo Deus cœli globum, sur l'œuvre des six jours.

(705). Acca, moine anglais, ami du vénérable Bède, écrivit un livre des Offices ecclésiastiques.

(710). Saint André, archevêque de Crète, est auteur d'un grand nombre d'hymnes sur diverses fêtes de l'année, sur la sainte Vierge Marie et sur plusieurs autres saints.

(720). Babaeus, hérétique nestorien, érigea des écoles de musique sacrée dans la province d'Adiabène, et composa diverses bénédictions et des hymnes.

(730). Cosme, d'abord moine, puis évêque de Maiuma en Palestine, fut le maître de saint Jean Damascène. Il est auteur de plusieurs hymnes qui se chantent dans les offices de l'Église grecque.

(730). Saint Jean Damascène a composé aussi diverses hymnes sacrées que l'on trouve dans ses œuvres, et dont plusieurs font partie de la Liturgie grecque.

742). Saint Chrodegang, évêque de Metz, dans sa règle pour les Chanoines, a renfermé un grand nombre de particularités précieuses pour la connaissance de la Liturgie de son temps.

(750). Zaccaria place vers cette année l'Anonyme auquel nous devons l'Exposition de la Messe romaine, insérée par Dom Martène, au tome premier de son grand ouvrage de Antiquis Ecclesiœ ritibus.

(760). Théodose, évêque de Syracuse, composa des hymnes destinées à être chantées à l'office des Vêpres, les jours de jeûne.

(760). Florus, moine de Saint-Tron, fit des additions importantes au Martyrologe de Bède.

(768). Charlemagne fut zélé pour la Liturgie. Nous verrons bientôt les mesures qu'il prit à l'effet de procurer l'unité des formes du culte dans toute l'étendue de son vaste empire. Il est auteur de l'hymne Veni, Creator Spiritus ; d'un livre à Alcuin, de Sacrificio Missœ et ratione Rituum Ecclesiœ ; d'une lettre circulaire, de Baptismo ejusque ritibus, adressée à Odilbert, archevêque de Milan.

(770). Saint Sturmius, premier abbé de Fulde, publia un opuscule sous ce titre : Ordo Officii in domo, seu Ecclesia Frisingensi, ante Pascha.

(770). Grégoire de Systre, hérétique nestorien, écrivit sur les raisons des fêtes, et un cantique qui commence ainsi : Estote parati.

(773). Cyprien, métropolitain de Nisibe, composa un Ordre de l'imposition des mains.

(774). Paul, diacre d'Aquilée, moine du Mont-Cassin, historien remarquable, est auteur de l'hymne de Saint Jean : Ut queant laxis. Il rédigea aussi un Homiliaire, ou recueil d'Homélies des Saints Pères, pour être lues dans les Offices de l'Église. Vers le même temps, on trouve un autre Homiliaire composé par Alain, moine de Farfa.

(776). Saint Paulin, patriarche d'Aquilée, a composé sept hymnes en grands ïambiques,   parmi lesquels  le B. Tommasi et Madrisius, éditeur de saint Paulin, comptent celle de la fête de saint Pierre et saint Paul, l'une des deux attribuées à Elpis, femme de Boëce : Felix per omnes festum mundi cardines.

(780). Alcuin, moine anglais, a été très célèbre parmi les liturgistes de son temps. On lui a longtemps attribué un Sacramentaire, un Homiliaire, et surtout le livre de Divinis Officiis, qui est une exposition de l'Ordre romain, composée après l'an 1000 ; mais il est certainement auteur des ouvrages suivants : Liber Sacramentorum ; Officia per ferias ; de Ratione Septuagesimœ, Sexagesimœ et Quinquagesimœ, Epistola ad Ethelardum ; de Psalmorum usu; à quoi il faut ajouter une autre Epître au prêtre Oduin, de Baptismi cœremoniis.

(793). Cyriaque, patriarche d'Antioche, semble avoir composé une Liturgie chaldaïque, bien que cette question ne soit pas sans difficulté entre les savants dont Zaccaria rapporte les avis.

(794). Théodulphe, évêque d'Orléans, outre un livre de Ordine et Oratione rituum Baptismi, composa, pendant sa détention à Angers, la fameuse hymne du Dimanche des Rameaux : Gloria, laus et honor.

(798). Leidrade, archevêque de Lyon, adressa à Charlemagne un livre sur le Sacrement du Baptême, et une Epître au même, sur le même sujet.

(799). Jessé, évêque d'Amiens, écrivit une lettre à son clergé et à son peuple, sur l'explication des rites observés par l'Église, dans le Baptême. Enfin, vers l'an 800, Magnus, archevêque de Sens, composa, par ordre de Charlemagne, un opuscule, de Mysterio Baptismatis, inséré, par Dom Martène, dans le premier volume de ses Rites ecclésiastiques.

 

Nous conclurons ce chapitre par les observations suivantes :

Durant   les VIIe et  VIIIe siècles, la  Liturgie suivit le même mouvement de perfectionnement qui lui avait été imprimé dès le IVe et le Ve ;

Tous les grands docteurs, les grands évêques, les grands abbés, furent liturgistes ; les hérétiques continuèrent, en Orient, à souiller de leurs mains impures les livres des prières sacrées ;

Le Siège apostolique, sans déclarer encore l'intention d'unir tout le patriarcat d'Occident sous la loi d'une même Liturgie, exigea des évêques d'Italie le serment de garder les usages de l'Église romaine, et n'en permit pas d'autres aux nouvelles églises que ses apôtres établissaient dans une partie de l'Europe ;

 

Enfin, les travaux de saint Grégoire sur les divins Offices, la correction de l'Antiphonaire ; en un mot, tous les perfectionnements que ce grand Pape et ses successeurs introduisirent dans la Liturgie romaine, la rendirent de plus en plus digne du respect et de l'admiration des Églises d'Occident, qui la vénèrent et la pratiquent encore, excepté l'Église de Milan, qu'une possession non interrompue autorise à conserver une Liturgie vénérable par son origine pure, et quelques autres qui dans des jours mauvais se sont séparées de l'harmonieux concert établi dans tout le monde latin par l'unité liturgique.

 

DOM GUÉRANGER

INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE VII : TRAVAUX   DE   SAINT    GREGOIRE    LE    GRAND    SUR    LA   LITURGIE ROMAINE. —  PROGRÈS DE CETTE  LITURGIE DANS L'OCCIDENT. — AUTEURS LITURGISTES DES VIIe ET VIIIe SIECLES.

 

St Gregory

Saint Grégoire Le Grand par Goya

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