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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

La Manif Pour Tous 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


la vidéo sur KTO


Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

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SALVE REGINA

27 août 2011 6 27 /08 /août /2011 12:00

" Quand je suis partie la première fois à Compostelle, c'était pour être seule, pour méditer, loin du monde, de ma famille, de mes amis, de mes soucis. Mais en route, on n'est jamais seul ; quant à la méditation, elle vient tard, après le mal au dos, aux épaules et aux pieds. Sur le chemin, on abandonne tout titre ou position sociale ; on devient un prénom et un lieu d'origine."

> la-croix.com - Alix de Saint-André : "Pèlerins de Compostelle frères et soeurs de chemin"

 

En avant, route ! 

En avant, route ! Alix de Saint-André, fiche-livre, LaProcure.com

 

" Beaucoup imaginent qu’on marche derrière des curés en récitant des prières, pas du tout ! Les gens sont très individualistes, pour tout dire on picole, on s’amuse, on improvise des fêtes. Beaucoup, même, ne sont absolument pas croyants : selon la formule espagnole, les trois ennemis du pèlerin sont : "ses pieds, les chiens et les curés" ! Mais tous croient à la magie du chemin, à la force des liens qui se tissent entre pèlerins, à la valeur des vœux formulés avant de se mettre en route.

Finalement, les enfants du Bon Dieu sont des canards sauvages ! "

> Entretien avec Alix de Saint-André, à l'occasion de la parution de En avant, route ! (Gallimard, 2010)

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27 août 2011 6 27 /08 /août /2011 04:00

SAINTE MONIQUE

 

Mémoire (en Afrique du Nord : Fête) de sainte Monique.

Au sortir de l’adolescence, ses parents la marièrent à un païen du nom de Patrice à qui elle donna quatre enfants.

Quand son fils Augustin se détourna de la Foi de son enfance, ses larmes montèrent vers Dieu comme une prière silencieuse et la conversion d’Augustin à Milan l’emplit de joie.

Au moment de retourner en Afrique, en 387, elle quitta cette terre, au port d’Ostie, dans un grand désir du ciel.
Martyrologe romain

 

Et Vous avez étendu Votre main d’en-haut, et de ces profondes ténèbres Vous avez retiré mon âme. Car, devant Vous, Votre fidèle servante, ma mère, me pleurait avec plus de larmes que d’autres mères n’en répandent sur un cercueil.

 

Elle voyait ma mort à cette Foi, à cet esprit qu’elle tenait de Vous, et Vous l’avez exaucée, Seigneur. Vous l’avez exaucée, et n’avez pas dédaigné ces larmes dont le torrent arrosait la terre sous ses yeux partout où elle versait sa prière, et Vous l’avez exaucée. Car d’où pouvait venir ce songe, qui lui donna tant de consolation qu’elle m’accorda de partager sa demeure et sa table, dont naguère elle m’avait éloigné, dans l’aversion et l’horreur que lui inspiraient mes hérétiques blasphèmes ?

 

Elle se voyait debout sur une règle de bois, quand vient à elle un jeune homme rayonnant de lumière, serein, et qui souriait à sa douleur morne et profonde. Il lui demande la cause de sa tristesse et de ses larmes journalières, de ce ton qui ne s’informe pas, mais qui veut instruire ; et sur sa réponse qu’elle pleurait ma perte, il lui commande de ne se plus mettre en peine, et de faire attention qu’où elle était, là j’étais aussi, moi. Elle regarda, et me vit à côté d’elle, sur la même règle, debout. Oh ! assurément Vous aviez l’oreille à son coeur, Bonté toute-puissante, qui prenez soin de chacun de nous comme s’il était seul, de tous comme de chacun.

 

Et, nouveau témoignage de Votre grâce, lorsqu’au récit de sa vision, je cherchais à l’entraîner vers l’espérance d’être un jour elle-même ce que j’étais, elle me répondit sur l’heure sans hésiter : — Non, il ne m’a pas été dit, où il est, tu seras, mais, il sera où tu es.

— Je Vous confesse, Seigneur, mon souvenir, autant que ma mémoire me le représente, souvenir plus d’une fois rappelé ; je fus frappé de cette parole lancée par ma mère, qui, vigilante à la garde de Votre oracle, sans se laisser troubler par le mensonge d’une spécieuse interprétation, vit aussitôt ce qu’il fallait voir, ce que certainement je n’avais pas vu avant sa réponse. Oui, je fus plus frappé de cette parole que de la vision même, présage de ses joies futures, si tardives, et consolation de sa tristesse présente.

 

Car neuf années s’écoulèrent encore, où, me débattant dans les fanges de l’abîme et les ténèbres du mensonge, après de fréquents efforts pour me relever, et de cruelles rechutes, je gravitais toujours plus au fond. Et cependant cette veuve, chaste, pieuse et sobre, telle que Vous les aimez, plus vive à l’espérance, mais non moins assidue à pleurer et gémir, ne cessait aux heures de ses prières d’élever pour moi en Votre présence la voix de ses soupirs. 

 

Et ses prières pénétraient jusques à Vous, et Vous me laissiez toujours rouler et plonger dans la nuit !

  

LES CONFESSIONS DE SAINT AUGUSTIN

 

 

Saint Augustin et Sainte Monique

Saint Augustin et Sainte Monique, par Ary Scheffer, Musée de la Vie Romantique, Paris

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26 août 2011 5 26 /08 /août /2011 19:00
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26 août 2011 5 26 /08 /août /2011 11:30

Nous nous attacherons de préférence à montrer les travaux des Papes pour le perfectionnement de la Liturgie de l'Église locale de Rome, et, dans cette partie de notre travail, nous ne nous écarterons pas de notre but général, puisque la Liturgie romaine est destinée à devenir, sauf d'imperceptibles exceptions, la Liturgie de l'Occident tout entier, et qu'en la perfectionnant ainsi au-dessus de toutes les autres, les Pontifes romains assuraient indirectement son triomphe, au jour marqué par la Providence.

 

 Ce serait ici le lieu d'examiner l'intéressante question de savoir à quelle époque on a confié à l'écriture les formules mystérieuses du sacrifice chrétien, et celles qui accompagnent les rites de l'initiation. Le savant P. Lebrun, dans son excellente Explication de la Messe, au tome III, a prétendu qu'avant le cinquième siècle, aucune des anciennes Liturgies, soit grecques, soit latines, n'avait encore été mise par écrit, mais qu'elles étaient simplement transmises par une tradition orale. Nous pensons, avec Muratori (Liturgia Romana vetus, Dissertatio de reb. Iiturg.), que cette assertion est  exagérée, et qu'on peut donner un sens plus raisonnable aux passages de l'antiquité qu'allègue le docte oratorien. Comment, en effet, s'imaginer qu'on eût pu conserver cette uniformité dans les formules et les rites généraux, que nous avons prouvé ci-dessus s'être maintenue dans son entier, durant les premiers siècles de l'Église, si un texte écrit ne se fût pas trouvé dans chaque Église, pour corriger les innovations, arrêter les effets de l'incurie ou de la négligence ? Admettez, si vous voulez, que ce formulaire ne paraissait point à l'autel, qu'il était gardé dans quelque lieu secret, loin des regards profanes; mais, du moins, on pouvait, au besoin, en appeler à son autorité, pour rassurer la mémoire affaiblie, pour rectifier ce qui eût pu s'introduire de moins conforme à l'antiquité. Avec ces précautions, le secret des mystères n'en était pas moins assuré. Que si l'on vient à songer aux formules spéciales que rendaient nécessaires les différents rites du catéchuménat, par exemple, de l'ordination des diacres, des prêtres, des évêques ; de la solennisation de la fête de Pâques et des autres grands jours ; toutes choses dont nous trouvons la preuve positive dans toute l'antiquité, on conviendra qu'il eût été, d'un côté, déraisonnable, de l'autre, matériellement impossible de surcharger la mémoire des évêques et des prêtres d'un aussi grand nombre de prières, ou allocutions. Les saints Docteurs dont s'appuie le P. Lebrun ont parlé de la Tradition par opposition à l'Écriture sainte, et non pour dire que les Liturgies n'étaient pas écrites. Voici, entre autres, ce que disait saint Basile : "Nous ne nous contentons pas des choses qui sont rapportées par l'Apôtre, ou dans l'Évangile (au sujet de l'Eucharistie) ; il est d'autres choses que nous récitons avant et après (la consécration), comme ayant une grande importance dans le mystère, et que nous avons reçues d'une tradition non écrite (S. Basil., De Spiritu Sancto, cap. XXVII.)."

 

Il  est évident que le saint évêque entend ici parler d'une source distincte des Écritures saintes, et qu'il dit que de cette source ont émané, par tradition, les formules du canon de la messe. Nous l'accordons volontiers ; nous ne disons pas autre chose ; mais il ne suit pas de là que ces traditions ne reposassent pas sur une écriture faite de main d'homme et gardée dans l'archive de l'Église. Ne savons-nous pas par le témoignage des Grecs, et notamment par celui de saint Grégoire de Nazianze ( Orat. XX. In Basilii laudem.), que saint Basile lui-même avait composé une Liturgie ? Ne l'avait-il donc pas écrite, et même longtemps avant la fin du quatrième siècle ? Ne trouve-t-on pas, dans les Catéchèses de saint Cyrille de Jérusalem, composées vers l'an 347, une très grande partie de la Liturgie observée dans le baptême et dans la sacrée Synaxe ? Pourtant, ces Catéchèses étaient destinées à servir à l'initiation des élus du christianisme. Saint Hilaire, en même temps, dans les Gaules, ne composa-t-il pas, au rapport de saint Jérôme, son contemporain, un Livre des Mystères ? C'est ainsi que, dans les matières de l'érudition, aussi bien que dans celles qui sont purement abstraites, on doit se garder avec vigilance des envahissements de l'esprit de système dans lequel il est toujours si facile de tomber. Sans doute, c'est un point fort important à établir dans l'étude de l'antiquité, que ce secret universel qui, durant tant de siècles, a couvert la majesté de nos mystères, mais il importe aussi de faire voir que les formes principales du culte chrétien datent d'une origine antérieure à la paix extérieure de l'Église.

 

Lors donc que les Papes du cinquième siècle portèrent leur attention sur les améliorations à introduire dans la Liturgie de l'Église de Rome, nul doute que cette Église ne possédât déjà un  corps de formules liturgiques approprié aux nécesssités présentes du culte divin. Le premier de cette époque, que nous trouvons indiqué au Liber pontificalis comme ayant fait des règlements sur l'office divin, est saint Célestin, qui siégea en 422. "Il établit, dit cette chronique, que les cent cinquante psaumes de David seraient chantés avant le sacrifice, avec antienne, et par tout le monde : ce qui n'avait pas lieu auparavant ; car on récitait seulement l'Épître du bienheureux apôtre Paul et le saint Évangile, après quoi la messe avait lieu. Il établit pareillement qu'on chanterait à la messe, après l'office, le Graduel, c'est-à-dire le Répons qui se dit sur les degrés" (Liber pontif., in Cœlestinum). Ce psaume avec antienne, que l'on chantait avant la messe, est ce que nous nommons Introït ; le Graduel a conservé le nom sous lequel la chronique le désigne ; c'est un répons, parce qu'il se chantait, comme autrefois tous les répons, avec les répétitions encore en usage aujourd'hui pour les répons brefs de l'office et l'alléluia de la messe. Ainsi la messe s'enrichissait d'une introduction solennelle ; elle ne débutait plus déjà par les lectures des Épîtres et de l'Évangile, comme au temps de saint Justin.

 

Dix ans après saint Célestin, saint Léon le Grand monta sur la Chaire de saint Pierre. Il perfectionna aussi la Liturgie ; la chronique nous apprend qu'il ajouta à la sixième oraison du canon, ces mots : Sanctum sacrifîcium, immaculatam hostiam (Liber pontif., in S. Leonem.). Le souvenir conservé de cette légère addition montre quelle vénération religieuse environnait cette auguste prière, jusque-là que l'histoire ait enregistré comme un événement l'acte d'un Pontife romain qui  ajoute quatre paroles à cette même formule qu'ailleurs nous avons vu saint Justin désigner sous le nom de Prière prolixe.

 

Au siècle dernier, en 1755, Joseph Bianchini, prêtre de l'Oratoire, neveu de l'illustre prélat François Bianchini, tira de la bibliothèque du chapitre de Vérone, un manuscrit mutilé portant ce titre : Codex Sacramentorum vetus Romance Ecclesiœ a S. Leone Papa confectus. Le savant éditeur donnait ce fragment comme ayant fait partie d'un Sacramentaire Léonien, et, comme il arrive d'ordinaire, les érudits se divisèrent sur la question de l'authenticité de l'ouvrage. Certains Français tirèrent une conclusion pratique de leur sentiment pour l'affirmative, ainsi que nous le dirons dans la suite de cette histoire. Nous déduirons ailleurs nos raisons de ne pas admettre saint Léon comme l'auteur de ce prétendu Sacramentaire. Nous citerons toutefois ici Honorius d'Autun, qui atteste que ce grand Pontife avait composé des Préfaces, et nous accorderons volontiers, avec le B. Tommasi et le P. Quesnel, que le style de saint Léon se rencontre souvent dans les Oraisons et Préfaces du Sacramentaire Gélasien. Nos difficultés ne portent que sur le manuscrit même publié par J. Bianchini.

 

A la fin du cinquième siècle, siégea saint Gélase, sur lequel le Liber pontificalis rapporte qu'il composa des Préfaces des Mystères et des Oraisons d'un style châtié. Cette précieuse indication fait allusion à la publication du Sacramentaire appelé Gélasien, que ce Pontife composa, partie des formules dressées par ses prédécesseurs, partie de celles qu'il y ajouta dans un style véritablement liturgique.

 

Ce Sacramentaire demeura en usage dans l'Église de Rome jusqu'au temps de saint Grégoire, qui, d'après le témoignage de Jean Diacre, en fit l'objet de nombreuses améliorations. Nous donnerons une idée du Sacramentaire Gélasien, dans la partie de cet ouvrage qui sera consacrée à l'énumération et à la critique des livres liturgiques.

 

Le nom de saint Gélase est encore attaché à ce fameux décret du concile romain tenu en 494, par lequel est fixé le canon des Écritures saintes, en même temps qu'on y donne le catalogue des livres apocryphes. Le concile statue qu'on ne lira point dans l'Église de Rome les Actes des martyrs, au moins ceux dont les auteurs seraient inconnus ou suspects, dans la crainte que certaines personnes n'en prennent occasion de scandale ou de mépris. Nous reviendrons sur ce règlement et sur ses applications, à diverses époques, dans la Liturgie des offices divins ; et nous montrerons que son esprit a toujours été fidèlement gardé dans l'Église romaine.

 

Nous ne parlerons point ici des travaux de saint Grégoire le Grand sur la Liturgie romaine, bien que ce grand Pontife appartienne plutôt au sixième siècle qu'au septième, étant monté sur le Saint-Siège en 590, et décédé en 604. A raison de leur importance dans l'histoire générale et particulière de la Liturgie, nous leur consacrerons le chapitre suivant.

 

Donnons maintenant une idée des travaux entrepris, durant les cinquième et sixième siècles, par les saints docteurs et autres écrivains ecclésiastiques, sous le point de vue qui nous occupe.

 

Vers 401, Sévérien, évêque de Gabales, en Syrie, et ami de saint Jean Chrysostome, écrivit Du Baptême et de la solennité de l'Epiphanie un traité qui a péri. 

(407). Théodore, évêque de Mopsueste, en Cilicie, homme d'une orthodoxie plus que suspecte, donna une nouvelle liturgie que Léonce de Byzance dit avoir été remplie, non de prières, mais de blasphèmes. Celle que nous trouvons sous le nom de Théodore, dans la collection des Liturgies orientales publiées par Renaudot,ne présente rien qui justifie les reproches de Léonce de Byzance.

(408). Saint Maruthas, évêque de Tagrite, en Mésopotamie, a laissé en langue syriaque une Anaphore qui se trouve dans le Missel des Maronites.

( 410). Synésius, évêque de Ptolémaïde et d'abord philosophe, après son retour à des croyances plus positives, composa des hymnes d'une grande beauté, qui nous restent encore au nombre de dix. Nous doutons qu'elles aient jamais été en usage dans la Liturgie.

(410). Saint Paulin, sénateur et consul romain, ensuite évêque de Noie, composa, au rapport de Gennadius, un Sacramentaire et un Hymnaire, que nous n'avons plus. Dans ses intéressantes lettres, et dans ses poëmes si élégants, il donne beaucoup de détails précieux pour le tableau de la Liturgie du quatrième et du cinquième siècle. Nous recommandons particulièrement aux amateurs de l'architecture chrétienne primitive la XXXIIe épître, ad Severum, et les poèmes XXVI et XXVII, dans lesquels il fait la description de l'église qu'il faisait bâtir à Noie, en l'honneur de saint Félix: mais qui, aujourd'hui, s'intéressera à l'architecture chrétienne des quatrième et cinquième siècles ?

(412). Saint Cyrille, d'Alexandrie, est auteur d'une Anaphore en l'honneur de saint Marc, évangéliste, rapportée par Assemani dans sa grande compilation liturgique.

(412). Sédulius, prêtre et poète chrétien, a composé des hymnes dont l'Église se sert encore aujourd'hui dans les fêtes de Noël (A solis ortus cardine) et de l'Epiphanie (Hostis Herodes impie), lesquelles sont toutes deux extraites d'un grand acrostiche composé de vingt-trois strophes, dont chacune commence par une des lettres de l'alphabet. L'introït : Salve, Sancta Parens, et l'antienne : Genuit puerpera regem, sont l'un et l'autre tirés des poésies de Sédulius.

(420). Jean Cassien, dans ses Institutions monastiques, donne des détails intéressants sur la forme des offices divins telle qu'elle était suivie dans les monastères d'Orient ; ces usages sont un mélange des rites pratiqués dans la psalmodie des Églises de ces contrées, avec des observances particulières fixées par les Pères des déserts d'Orient.

(426). Saint Loup, évêque de Troyes, et saint Euphrone, évêque d'Autun, ont laissé une lettre précieuse à Talatius, évêque d'Angers, dans laquelle ils répondent d'une manière : très intéressante aux questions qu'il leur avait adressées touchant la célébration de l'office divin, dans les vigiles de Pâques, de Noël et de l'Epiphanie.

(428). L'hérésiarque Nestorius composa aussi une Liturgie. On la trouve dans la collection de Renaudot.

(434). Saint Proclus, patriarche de Constantinople, a laissé un opuscule très court, intitulé : De Traditionibus Missœ divines. Nous l'avons cité plus haut.

(440). Salvien, prêtre de Marseille, d'après le témoignage de Gennadius, composa, en grand nombre, des Homélies des Mystères, Homilias Sacramentorum : ce que D. Mabillon explique dans le sens de Sermons sur la Liturgie, ou encore d'Oraisons même et de Préfaces destinées à être récitées dans le sacrifice.

(445). Philoxène, autrement appelé Xenaias, évêque d'Hiérapolis, disciple de Pierre le Foulon, et l'un des plus fougueux apôtres du monophysisme, est auteur d'une Liturgie syriaque, dont le texte se trouve dans la collection de Renaudot.

(446). Narsès, surnommé Garbana, ou le Lépreux, partisan zélé de l'hérésie nestorienne, composa à Nisibe, dit le savant P. Zaccaria, une Liturgie, une Exposition des Mystères et un livre des Rites du Baptême. 

(450). Isaac, surnommé le Grand, prêtre d'Antioche, est  auteur des deux hymnes qui font partie de l'office de la semaine sainte, dans la Liturgie syriaque des Maronites.

(458). Musœus, prêtre de Marseille, est un des principaux rédacteurs de la Liturgie gallicane. Ce fut lui qui, à la prière de saint Venerius son évêque, comme le rapporte Gennade, fit des extraits des saintes Écritures pour fournir aux Leçons de toute l'année ; il en tira pareillement des Répons, et des Antiennes propres au temps, afin que les lecteurs ne fussent pas embarrassés à chercher les passages, et que le peuple prît plus de goût à la célébration des solennités. Plus tard, à la demande de saint Eustase, successeur de Venerius, il composa un Sacramentaire d'une grande beauté et d'un volume considérable.

(460). Voconius,  ou   Buconius,  Africain, évêque  de u Castellanum en Mauritanie, rédigea, dit le même Gennade, un excellent livre Sacramentaire.

(462). Claudien Mamert, prêtre de Vienne, et frère de saint Mamert, évêque de la même Église, mit en ordre un recueil de psaumes et de leçons à l'usage de l'Église de Vienne, et composa des hymnes. On lui attribue celle de la Passion : Pange, lingua, gloriosi prœlium certaminis.

(472). Théoctiste, compagnon de saint Euthymius, archimandrite de Palestine, a laissé, dit Zaccaria, une série de cantiques sacrés en l'honneur des saints de tout le mois d'avril.

(472). Saint Sidoine Apollinaire, évêque de Clermont, au rapport de saint Grégoire de Tours, est auteur de plusieurs messes de la Liturgie gallicane.

(484). Saint Sabbas, cet illustre abbé de la Grande Laure de Palestine, a écrit,pour l'usage de son monastère, un Typique ou Ordre pour la récitation de l'Office ecclésiastique pendant l'année, divisé. en cinquante-neuf chapitres. Ce livre, qui fut bientôt en usage dans tous les monastères soumis à l'évêque de Jérusalem, s'étant trouvé corrompu par l'injure du temps, fut restitué par saint Jean Damascène.

(501). Saint Césaire, évêque d'Arles, se montra grandement zélé pour le culte divin. Il compila le premier Homiliaire que l'on connaisse. C'était un recueil de sermons des saints Pères, destinés à être lus à matines. Il donna une Règle aux moines, dans laquelle on trouve des particularités intéressantes sur la forme des Heures canoniales en ce siècle.

(510). Siméon, évêque de Betharsam, hérétique monophysite, est auteur d'une Liturgie, que l'on a confondue quelquefois avec celle de Philoxène, comme celle de Philoxène avec la sienne. On peut voir sur cette question le P. Zaccaria, qui expose les avis des savants, sans tirer aucune conclusion qui lui soit propre.

(511). Saint Ennodius, évêque de Pavie, a laissé deux Bénédictions du Cierge pascal, qui sont différentes de celles en usage dans les Églises romaine, ambroisienne et gallicane ; une prière avant la messe pour l'usage d'un évêque ; enfin, onze hymnes qui ne paraissent pas jusqu'ici avoir été en usage dans aucune Église.

(514). Jean, dit Bar-Aphtonius, abbé du monastère de Séleucie, hérétique monophysite, composa des hymnes syriaques sur la Nativité de Jésus-Christ.

(518). Sévère, d'abord évêque d'Antioche, puis chassé de ce siège pour sa doctrine monophysite, rédigea un livre liturgique qui existe encore entre lés mains des sectaires jacobites, sous ce titre : Rites du Baptême et de la sacrée Synaxe.

(519). Jacques, évêque de Sarug, prélat dont l'orthodoxie a été victorieusement établie par Assemani, composa entre autres prières liturgiques une Anaphore qui se trouve dans les Liturgies syriaque et éthiopienne ; il est aussi l'auteur d'un Ordre pour le saint Baptême, inséré dans le Rituel des Maronites.

(520).  Elpis, femme de Boëce, illustre aussi par sa foi et son goût pour les lettres, est auteur de deux hymnes en l'honneur de saint Pierre et de saint Paul, desquelles l'Église romaine a extrait plusieurs versets qu'elle chante dans les différentes fêtes de ces deux saints Apôtres ; l'une commence ainsi : Aurea luce et decore roseo, et l'autre par ces paroles : Felix per omnes festum mundi cardines. Cette dernière est aussi attribuée à saint Paulin d'Aquilée, et peut-être avec plus de certitude.

(527). Saint Siméon Stylite, le jeune, composa une de ces hymnes que l'Église grecque appelle Troparium, en l'honneur de saint Démétrius, martyr, et quelques oraisons au Christ et à la Mère de Dieu.

(527). Saint Nicétius, évêque de Trêves, a laissé un traité de Vigiliis servorum Dei, et un autre de Bono psalmodiae.

(528). Saint Benoît, patriarche des moines d'Occident, a donné, dans son admirable Règle, le plan de l'Office monastique, tel qu'il a toujours été gardé par ses nombreux disciples, depuis le sixième siècle jusqu'aujourd'hui.

(530). Thomas d'Edesse, nestorien, et Marabas (536), son disciple, ont travaillé sur la Liturgie de l'Église syrienne.

(541). Jacques, évêque d'Edesse, qui a laissé son nom à la secte des monophysites, qui sont en effet connus dans l'Orient sous le nom de Jacobites, est l'auteur d'une Anaphore qui se trouve dans la collection de Renaudot.

(546). Maximien, archevêque de Ravenne, mit dans un meilleur ordre les livres de cette Église, et y fit plusieurs corrections.

(547). Saint Aurélien, évêque d'Arles, est auteur d'une Règle pour les moines et d'une autre pour les religieuses ; à l'exemple de son illustre prédécesseur, saint Césaire, il y a inséré beaucoup de particularités intéressantes sur la forme des offices divins.

(555). Saint Germain,   évêque de Paris,  semble être l'auteur d'une exposition de la Messe gallicane, que D. Martène a insérée dans son ouvrage De antiquis Ecclesiœ ritibus.

(560). Saint Venantius Fortunatus , évêque de Poitiers parmi ses nombreuses poésies, a composé plusieurs hymnes en usage encore aujourd'hui dans l'Église, savoir: l'hymne en l'honneur de la sainte Croix, Vexilla Regis prodeunt ; celle à la louange du saint Chrême, O Redemptor, sume carmen temet concinentium ; auxquelles il faut ajouter d'après l’Hymnaire du B. Tommasi, les suivantes : Pange, lingua, gloriosi prœlium certaminis, déjà attribuée à Mamert Claudien ; celles en l'honneur de la sainte Vierge, Quem terra, pontus, œthera, et O gloriosa domina ; une pour les fêtes de Noël, Agnoscat omne seculum ; enfin le cantique solennel du jour de Pâques, Salve, festa dies, toto venerabilis œvo. On ne doit pas oublier non plus l'hymne du même Fortunat en l'honneur de saint Denis, laquelle commence par ces paroles : Fortem fidelem militem, et dans laquelle il rend témoignage à la mission donnée à ce saint Apôtre par le pape saint Clément.

(570). Ananus Adiabène, maître de l'école d'Edesse, écrivit de Causa solemnitatis Hozannarum, et de Causa feriae sextœ Auri, c'est-à-dire du vendredi dans l'octave de la Pentecôte, jour auquel on lit le passage des Actes des Apôtres, dans lequel saint Pierre dit : Argentum et aurum non habeo. De plus, un traité des Supplications publiques, et un autre de l’Invention de la sainte Croix.

(572). Chilpéric, roi de Soissons, fils de Clotaire Ier, est, de tous les princes français, le premier qui se soit occupé de Liturgie. Il composa, dit saint Grégoire de Tours, des Hymnes et des Messes; mais elles ne sont d'aucun usage et ne pourraient l'être. Charlemagne et Robert furent plus heureux. Du reste, nous n'avons plus ces opuscules de Chilpéric. 

(573). Saint Grégoire, évêque de Tours, historien des Francs, et l'un des premiers hagiographes de son siècle, a composé une antienne en l'honneur des saints Médard et Gildard, évêques et frères. On lui a attribué aussi une prose de saint Martin, qui est plutôt une préface, ou contestation, suivant le terme de la Liturgie gallicane. Elle commence par ces paroles : Sacerdotem Christi Martinum.

(58o). Jésuiab, patriarche des nestoriens, est auteur de vingt-deux questions De Sacramentis Ecclesiœ.

(58o). Joseph, hérétique de la même secte, a écrit un grand nombre de traités, entre lesquels Zaccaria cite celui intitulé : De Causis celebriornm festivitatum.

(582). Jean le Jeûneur, patriarche de Constantinople, est auteur d'un Livre Pénitentiel et d'un traité de la Concession et de la Pénitence, publiés l'un et l'autre par le P. Morin, dans son grand ouvrage De Pœnitentia. Saint Isidore nous apprend qu'il écrivit aussi un livre du Sacrement de Baptême, adressé à saint Léandre, évêque de Séville.

(584). Licinien ou Lucinien, évêque de Carthagène, en Espagne, écrivit une Épître, citée par saint Isidore, sur le Sacrement de Baptême.

(585). Saint Léandre, évêque de Séville, écrivit aussi une Épître du Baptême; mais, en outre, il eut une très-grande part à la correction et au perfectionnement de l'Office gothique ou mozarabe. Il composa, en effet, au rapport de saint Isidore, son frère, des Oraisons nombreuses, tant pour être récitées avec les psaumes, que pour être lues dans la célébration des saints mystères. Nous parlerons ailleurs et longuement de la Liturgie mozarabe.

(589). Babaeus le Grand, d'abord moine du mont Izla, près de Nisibe, plus tard élevé sur le siège patriarcal de sa nation, écrivit, suivant Zaccaria, de Causa Hozannarum, de Causa festi Crucis, et un autre livre dans lequel il dispose, suivant le cercle de l'année, les Triomphes de la sainte Vierge Marie et de saint Jean, ainsi que ceux des autres solennités et commémorations. Dans la Liturgie chaldéenne, on donne le nom de Triomphes à ce que nous appelons Hymnes dans celles d'Occident.

(590). Saint Colomban , Irlandais, célèbre abbé de Luxeuil et de Bobbio, est auteur d'une Règle fameuse que nous avons encore, et dans laquelle il institue, pour les moines, une forme d'office divin différente de celle établie par saint Benoît. On sait, d'ailleurs, que cette Règle ne tarda pas à disparaître, vaincue par la supériorité de celle du patriarche des moines d'Occident. Comme saint Colomban avait été moine dans le célèbre monastère de Benchor, en Irlande, nous parlerons ici d'un précieux monument de la Liturgie de ce monastère, publié par Muratori, dans le quatrième tome de ses Anecdota Bibliothecœ Ambrosianœ. C'est un Antiphonaire que le docte éditeur conjecture avoir été transcrit vers l'an 636. On y trouve, entre autres choses curieuses, une hymne en l'honneur de saint Patrice, apôtre d'Irlande, dans laquelle sont rapportés la plupart des faits que racontent les légendaires sur cet illustre personnage : par quoi sont réfutés invinciblement certains critiques qui ont avancé que l'existence de saint Patrice n'était rien moins que prouvée, et que ses actes étaient, pour le fond comme pour la forme, un roman forgé par quelque moine du douzième ou du treizième siècle.

 

(595). Saint Isidore, successeur de son frère saint Léandre sur le siège de Séville, et le plus docte des Pères de l'Église gothique espagnole, ce qui a porté l'Église romaine à lui conférer la qualité de Docteur de l'Église, a traité des matières liturgiques dans plusieurs de ses écrits, notamment dans son livre des Origines. Mais, par ses deux excellents livres, de Divinis seu Ecclesiasticis Officiis, il s'est placé avec honneur à la tête des écrivains liturgiques dont la lecture est indispensable à ceux qui veulent faire une étude approfondie de cette science. Nous placerons ici les titres des chapitres de cet important traité, pour donner au lecteur une idée des richesses qu'il contient :

Au livre premier : 1. De Ecclesia et vocabulo Christianorum. 2. De Templis. 3. De Choris. 4. De Canticis. 5. De Psalmis. 6. De Hymnis. 7. De Antiphonis. 8. De Responsoriis. 9. De Precibus. 10. De Lectionibus. 11. De Libris Testamentorum. 12. De Scriptoribus sacrorum Librorum. 13. De Laudibus. 14. De Offertoriis. 15. De Missa et orationibus. 16. De Symbolo Nicœno. 17. De Benedictionibus in populo. 18. De Sacrificio. 19. De Tertiœ, Sextœ, et Nonoe horœ officiis. 20. De Vespertinis. 21. De Completis. 22. De Vigiliis. 23. De Matutinis. 24. De Dominica die. 25. De Natali Domini. 26. De Epiphania. 27. De Palmarum die. 28. De Cœna Domini. 29. De Parasceve. 3o. De Sabbato Paschœ. 31. De Pascha. 32. De Ascensione Domini. 33. De Pentecoste. 34. De Festivitatibus Martyrum. 35. De Encœniis. 36. De Jejunio Quadragesimae. 37. De Jejunio Pentecostes. 38. De Jejunio septimi mensis. 39. De Jejunio Kalendarum Novembrium. 40. De Jejunio Kalendarum Januariarum.   41. De Triduani jejunii  consuetudine. 42. De diversorum dierum ac temporum   Jejuniis. 43.  De vario usu Ecclesiarum. 44. De Carnium esu vel piscium.

Au livre second : 1. De Clericis. 2. De regulis Clericorum. 3. De generibus Clericorum. 4. De Tonsura. 5. De Sacerdotibus. 6. De Chorepiscopis. 7. De Presbyteris. 8. De Diaconibus. 9. De Custodibus sacrorum. 10. De Subdiaconibus. 11. De Lectoribus. 12. De Psalmistis. 13. De Exorcistis. 14. De Ostiariis. 15. De Monachis. 16. De Pœnitentibus. 17. De Virginibus. 18. De Viduis. 19. De Conjugatis. 20. De Catechumenis, Exorcismo et Sale. 21. De Competentibus.  22. De Symbolo. 23. De regula Fidei. 24. De Baptismo. 25. De Chrismate. 26. De Manus impositione, vel Confirmatione.

Cet ouvrage si précieux a été placé, par Hittorp, à la tête de sa collection liturgique, dans laquelle on peut aller le consulter ; à moins qu'on ne préfère, ce qui vaut beaucoup mieux, le lire dans les œuvres du saint Docteur, surtout dans l'excellente édition d'Arevalo (Rome, 1805, 7 vol. in-4°.).

Saint Isidore est auteur des deux hymnes de sainte Agathe, que l'on trouve dans l'office de cette Sainte, au Bréviaire mozarabe : Adesto, plebs fidissima, et Festum insigne prodiit coruscum.

 

(599). Eutrope, évêque de Valence, adressa à Licinien, évêque de Carthagène, une lettre au sujet de l'onction du chrême faite aux enfants après le baptême ; mais cette pièce ne se trouve plus.

 

Ici se termine la bibliothèque des principaux auteurs liturgistes des cinquième et sixième siècles. On a dû voir qu'elle se divise d'elle-même en deux classes : l'une de ceux qui ont dressé ou corrigé les formules de la Liturgie, l'autre de ceux qui ont traité, sous le point de vue didactique, des particularités et des raisons des mystères et de l'office divin.

 

Si nous passons maintenant aux conclusions qui ressortent des faits énoncés dans le présent chapitre, nous trouvons :

Que l'unité, qui est l'élément essentiel du christianisme, a tendu de bonne heure à se réfléchir, non seulement dans les formes essentielles de la Liturgie, desquelles elles n'a jamais été absente, mais même dans celles de ces formes qui n'ont trait qu'à la convenance et à la simple solennité du culte divin ;

Que les pasteurs des Églises, dans leurs conciles, dès les cinquième et sixième siècles, ne se  sont pas contentés de reconnaître cette tendance, mais qu'ils ont fait des lois pour l'ériger en droit précis ;

Que les pasteurs des Églises, dans leurs conciles, ont motivé leurs décrets en faveur de l'unité liturgique, sur la nécessité de faire ressortir aux yeux des peuples l'unité de foi, et de prévenir le scandale que causait déjà la diversité des usages admis dans la célébration des offices divins ;

Que les Pontifes romains, en rappelant les évêques de l'Occident à l'observance des usages et traditions du Siège apostolique, et réclamant, dans la matière des rites sacrés un droit spécial sur les églises de l'Italie, des Gaules, de l'Espagne, de l'Afrique, de la Sicile et des îles adjacentes à l'Italie, posèrent dès lors la base du droit que nous leur verrons développer plus tard;

Qu'en outre, les mêmes Pontifes ne négligèrent aucune occasion de montrer l'union intime de la Foi et de la Liturgie, en sorte qu'ils proclamèrent dès lors leur grande maxime : Legem credendi statuat lex supplicandi ; maxime dont nous ne cesserons de voir l'application dans toute la suite de cette histoire ;

Qu'en même temps que l'Église, à cette époque de paix, travaillait à établir l'unité liturgique, elle était occupée en tous lieux à perfectionner les formes du culte divin ; en sorte que la rédaction définitive des diverses Liturgies, principalement en Occident, date des cinquième et sixième siècles, savoir : la romaine, par saint Gélase et saint Grégoire le Grand ; la gallicane, par Salvien, Musseus, Sidoine Apollinaire, etc. ; l'africaine, par Voconius ; la gothique, par saint Léandre et saint Isidore ; la monastique par saint Benoît, saint Césaire, saint Aurélien, saint Colomban;

Que, dans ce siècle aussi, les hérétiques, principalement ceux d'Orient, se montrèrent empressés de souiller de leurs erreurs et de leurs innovations la Liturgie, et cela, par le même principe   qui   portait  les   conciles et les Pontifes romains à proclamer la Liturgie, la forme la plus sacrée et la plus populaire de la doctrine. A voir le grand nombre d'hérétiques, dans l'époque que nous traitons, qui ont dressé de ces formules sacrées qui ont traversé les siècles et sont demeurées un si solide rempart de leurs erreurs, on comprend plus que jamais quelle arme redoutable contre l'orthodoxie tombe aux mains des novateurs, toutes les fois que, dans une nation chrétienne, le pouvoir liturgique n'est pas lui-même le pouvoir souverain et infaillible dans l'Église;

Que la Liturgie est donc, comme toutes les grandes choses de ce monde, l'arbre de la science du bien et du mal, puisque, dans ce chapitre qui nous a donné lieu d'énumérer les noms de plusieurs des plus vénérables docteurs de l'Église, nous n'avons pu nous empêcher d'y joindre une ignoble liste sur laquelle figurent Théodore de Mopsueste, Nestorius, Philoxène, Sévère d'Antioche, Jacques d'Édesse, etc.

 

DOM GUÉRANGER

INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE VI, DE LA LITURGIE DURANT LES CINQUIEME ET SIXIEME SIECLES ; PREMIÈRES  TENTATIVES  POUR  ETABLIR  L'UNITÉ

 

Crucifix by UNKNOWN MASTER, Spanish 

Crucifix, Espagne, c. 1063

 

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26 août 2011 5 26 /08 /août /2011 04:00

Les pécheurs orgueilleux ne doivent pas désespérer, pas plus que les justes humbles s’enorgueillir en quoi que ce soit, comme si c’était leur propre mérite ; car si les justes se font des illusions sur eux-mêmes, ils perdent bientôt la racine de la charité ; et de leur côté si les pécheurs se tournent vers la pénitence, extirpent la cupidité, ils reprennent bientôt la plante de la charité.    

Donc ceux qui sont bons, qu’ils gardent ce qu’ils ont reçu comme un don de Dieu ; ceux qui sont mauvais, qu’ils aient à cœur de recouvrer ce qu’ils ont tristement perdu. 

Saint Césaire d'Arles
Sur la charité (extrait) Sermon XXII, Corpus Christianorum > Patristique.org 

 

La Charité Céleste, par Simon Vouet, Musée du Louvre 

 

À Arles en Provence, en 542, saint Césaire, évêque. Après avoir mené la vie monastique dans l’île de Lérins, il reçut, malgré lui, l’épiscopat. Dès lors, il composa des sermons simples que les prêtres devaient lire aux fêtes pour l’enseignement du peuple, prépara le texte des canons de six conciles provinciaux et écrivit des règles monastiques pour les hommes et pour les femmes.
Martyrologe romain

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25 août 2011 4 25 /08 /août /2011 19:00
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25 août 2011 4 25 /08 /août /2011 11:30

Les conciles du IVe siècle mirent les questions liturgiques au rang des plus importantes, et les plus illustres docteurs s'occupèrent avec complaisance à expliquer et à régler les formes du culte divin.

 

 Le régime de paix sous lequel vivait désormais l'Église, son affranchissement de toutes attaques extérieures, lui donnaient le loisir de régler les formes accidentelles de son gouvernement et de ses institutions ; mais rien n'était pour elle plus urgent que de multiplier les applications de ce grand principe d'unité qu'elle avait reçu du Christ comme sa loi fondamentale, et par le bienfait duquel elle avait traversé trois siècles de carnages, et les tempêtes non moins affreuses de l'arianisme. Les dissensions qui s'étaient élevées entre ses enfants, guerres de famille si redoutables qu'on y avait mis en question le principe même du christianisme, la consubstantialité du Verbe, inspiraient aux pasteurs des églises le dessein de serrer de plus en plus le lien qui unissait les fidèles dans la confession des mêmes dogmes et dans l'obéissance au même pouvoir. Le perfectionnement des formes liturgiques par l'unité, devenait donc dès,lors indispensable.

 

D'abord, sous le rapport du gouvernement ecclésiastique, il était temps de pourvoir à l'unité liturgique. La liturgie est le langage de l'Église, non seulement quand elle parle à Dieu, mais quand elle fait retentir sa voix solennelle dans le sanctuaire, quand ses enfants chantent avec elle leur foi, leurs joies, leurs craintes et leurs espérances. Or, dans un état, dans une société, le langage doit être un comme le pouvoir qui les régit : une des principales causes de dissolution d'un empire formé par la conquête sera toujours la divergence de l'idiome des provinces avec la langue parlée dans la métropole. La politique terrestre s'efforce en mille manières d'effacer ces dissonances : elle sent qu'il y va de la durée, de la stabilité des royaumes. L'Eglise, par le côté où elle est une société humaine, a les mêmes besoins, les mêmes nécessités, accrues encore de toute l'importance de sa mission céleste. Nous n'aurons que trop d'occasions de montrer dans la suite de ce récit que les défections de provinces dans l'histoire de l'Église ont été, en raison du plus ou moins d'unité conservée dans la Liturgie par ces mêmes provinces, ou encore n'ont été consommées sans retour qu'au moyen des changements introduits dans cette forme si importante du christianisme.

 

Et remarquons bien qu'il ne s'agit pas ici de l'unité considérée dans les choses essentielles du culte divin, comme la matière et la forme du sacrifice et des sacrements, les rites généraux qui les accompagnent, et tant d'autres détails. Nous avons prouvé que, sur ces articles, l'unité avait toujours été parfaite dès l'origine de l'Église. Il s'agit d'un nouveau degré d'unité dans les formules non essentielles à la validité des sacrements, à l'intégrité du sacrifice, dans la confession, la prière, la louange, dans les cérémonies dont le culte développé s'enrichit, en un mot, dans l'ensemble des rites qui expriment en leur entier, soit les mystères de l'initiation chrétienne, soit le service offert par la 'cité rachetée' (De Civitate Dei, lib. X, cap. vi.), comme dit saint Augustin, à l’auteur et au consommateur de la foi.

 

Les premiers apôtres des diverses églises dont l'ensemble formait au Christ, dès l'époque de Constantin, un si magnifique empire, avaient porté avec eux les usages des Églises mères qui les envoyaient ; ils avaient complété, interprété ce qui avait besoin de l'être. Après eux, leurs successeurs avaient, toujours en gardant l'unité sur le fond inaltérable en tous lieux, ajouté avec plus ou moins de bonheur, de nouvelles parties à l'œuvre primitif, pour satisfaire à de nouveaux besoins ; mais cette divergence, moins sentie, dans le cours des persécutions et durant les violentes secousses de l'arianisme, était un grave inconvénient du moment que l'Église avait à s'occuper des institutions propres à l'âge de paix qui s'ouvrait devant elle. Tout en s'accommodant aux lieux et aux moeurs, il restait comme il restera toujours, beaucoup à régler, à corriger, à perfectionner ; c'est ce travail, ce sont ces efforts constants et éclairés que nous allons successivement mettre sous les yeux du lecteur : mais auparavant, il nous reste à développer une autre considération, non moins importante, qui engagea l'Église des cinquième et sixième siècles à poursuivre par des mesures efficaces le projet d'unité liturgique.

 

Il y a d'admirables paroles du pape saint Sirice, prononcées à la fin du quatrième siècle, qui révèlent toute la gravité des conséquences de l'unité observée ou violée dans la Liturgie. "La règle apostolique nous apprend que la confession des évêques catholiques doit être une. Si donc il n'y a qu'une seule foi, il ne doit y avoir non plus qu'une seule tradition. S'il n'y a qu'une seule tradition, une seule discipline doit être gardée dans toutes les églises". Tel est l'axiome fondamental de la catholicité. Une seule foi, une seule forme d'une seule foi. Cela étant, la Liturgie, si elle est une dans l'Église de Dieu, doit être une expression authentique de la foi de cette église, une  définition permanente  des controverses qui s'élèveraient sur les points du dogme confessés dans les formules sacrées.

 

Cette conclusion, si naturelle d'ailleurs, c'est un pape du cinquième siècle qui nous la fournira. Voici ce que saint Célestin écrit aux évêques des Gaules dans sa lettre célèbre contre l'erreur des pélagiens : "Outre les décrets inviolables du Siège apostolique qui nous ont enseigné la vraie  doctrine, considérons encore les mystères renfermés dans  ces formules de prières sacerdotales qui, établies par les  Apôtres, sont répétées dans le monde entier d'une manière uniforme par toute l'Église catholique; en sorte  que la règle de croire découle de la règle de prier ; UT LEGEM CREDENDI LEX STATUAT SUPPLICANDI." Il fait ensuite l'énumération des grâces demandées par le prêtre dans l'action du sacrifice, et cette même énumération se trouve presque avec les mêmes termes, employée dans un argument du même genre par saint Augustin, dans son épître CCXVII. Elle a pour but de montrer que tout secours surnaturel vient de Dieu, puisque tout secours surnaturel est demandé à Dieu dans la Liturgie.

 

L'intérêt de la foi, non moins que l'ordre de la discipline, demandait donc que des mesures fussent prises de bonne heure pour arrêter les innovations qui tendraient à séparer les Églises plutôt qu'à les unir. Un des premiers monuments de ce fait que l'on rencontre, est un canon qui se trouve parmi ceux du second concile de Milève, auquel assistèrent, en 416, soixante-un évêques de la province de Numidie, durant les troubles du pélagianisme. Voici ce qu'il contient :

" Il a semblé aussi aux évêques, que les prières, les  oraisons ou messes, qui ont été approuvées dans un  concile, les préfaces, les recommandations, les impositions de mains, devaient être observées par tous. On  ne récitera dans l'Église que celles qui auront été composées par des personnes habiles, ou approuvées par un  concile, dans la crainte qu'il ne s'y rencontre quelque  chose qui soit contre la foi, ou qui ait été rédigé avec ignorance ou sans goût."

 

Ainsi des bornes sont mises aux effets d'un zèle peu éclairé, aussi bien qu'à cet amour des nouveautés qui travaille si souvent les hommes, même à leur insu. Il faudra désormais le contrôle d'un concile pour donner valeur et légitimité aux formules nouvelles qu'on voudrait inaugurer dans l'Église d'Afrique, et celles dont l'emploi est licite ont déjà, dans le passé, reçu cette haute sanction. Transportons-nous maintenant dans les Gaules, nous allons voir, avec plus d'énergie encore, l'unité liturgique proclamée par les évêques d'un concile de Bretagne.

 

En 461, le concile de Vannes, présidé par saint Perpétuus, évêque de Tours, rend ce décret, au canon quinzième :

" Il nous a semblé bon que dans notre province il n'y  eût qu'une seule coutume pour les cérémonies saintes et à la psalmodie ; en sorte que, de même que nous n'avons  qu'une seule foi, par la confession de la Trinité, nous  n'ayons aussi qu'une même règle pour les offices : dans  la crainte que la variété d'observances en quelque chose  ne donne lieu de croire que notre dévotion présente  aussi des différences."

 

Assurément, il ne se peut dire rien de plus précis, et les siècles qui suivirent n'ont point professé la doctrine de l'unité liturgique avec plus de franchise que ne le firent dans ce concile les évêques bretons. Avec une voix plus solennelle, avec leur autorité universelle et souveraine, jamais les pontifes romains ne parlèrent un langage plus précis et plus énergique. Il nous est doux, à nous que tant de liens attachent à cette noble métropole de Tours, d'enregistrer ce beau témoignage qui, du reste, ne sera pas le dernier. Si aujourd'hui cette illustre province est tristement morcelée, en sorte que sa voix ne monte plus la même dans les huit cathédrales qu'elle garde encore debout, du moins pour elle les jours d'unité liturgique furent longs et glorieux.

 

Nous trouvons, quarante ans après, un autre concile dans les Gaules, celui d'Agde, en 506, qui, dans son trentième canon, proclame la même doctrine : 

" Comme il convient que l'ordre de l'Église soit gardé  également par tous, il faut, ainsi qu'on le fait en tous  lieux, qu'après les antiennes, les collectes soient récitées  en leur rang par les évêques, ou par les prêtres."

 

Mais en toute société, pour que l'unité devienne possible, il faut un centre avec lequel il soit nécessaire de s'accorder. Dans les Gaules encore, au concile d'Épaone, en 517, nous trouvons une règle fixée qui, tout imparfaite qu'elle est, peut encore produire de grands avantages, à cet âge intermédiaire qui précède la grande unité liturgique.

 

Au canon vingt-septième, ce qui suit est réglé solennellement :

" Dans la célébration des divins offices, les évêques de  la province devront observer l'ordre gardé par le métropolitain."

 

L'Église gothique d'Espagne, dans la même année, éprouvait le même besoin d'unité et sanctionnait la même règle, en attendant l'unité romaine dont elle ne devait jouir que longtemps après la France. Voici le premier canon du concile de Gironne :

" Pour ce qui touche l'institution des messes, dans  toute la province Tarragonaise, on observera, au nom  de Dieu, l'usage de l'église métropolitaine, tant pour  l'ordre de la Messe, que pour ce qui est de la psalmodie  et de la fonction des ministres."

 

Dans une autre région de la même péninsule, nous trouvons, environ quarante ans après, des règlements de concile dictés dans le même esprit. Le concile de Brague, en 563, décrète les canons suivants :

" Canon 1. Il a plu à tous, d'un commun consentement, que l'on gardât un seul et même ordre de psalmodie, tant aux offices du matin qu'en ceux du soir, et  qu'on ne mélangeât point la règle ecclésiastique de  coutumes diverses, privées, ou même tirées des  monastères."

" Canon 2. Il a plu également d'ordonner que dans les vigiles et messes des jours solennels, les mêmes leçons fussent lues par tous dans les églises."

" Canon 3. Il a plu également d'ordonner que les évêques et les prêtres ne salueraient pas le peuple diversement, mais d'une seule manière, disant : Dominus  vobiscum, ainsi qu'on lit au livre de Ruth; et que le peuple répondrait : Et cum Spiritu tuo, en la manière que l'Orient tout entier l'observe par tradition apostolique, et non en la façon que la perfidie priscillienne l'a innové."

" Canon 4. Il a plu aussi d'ordonner qu'on célébrerait universellement les messes suivant l'ordre que Profuturus, jadis évêque de cette église métropolitaine, l'a reçu par écrit de l'autorité du Siège apostolique."

" Canon 5. Il a plu également d'ordonner que personne ne s'écartât dans l'administration du baptême de l'ordre établi déjà dans l'église métropolitaine de Brague, lequel pour couper court à quelques doutes, a été adressé par écrit au susdit évêque Profuturus, par le Siège du très-heureux apôtre Pierre."

 

Dès le siècle suivant, entraînée par la force des principes, l'Église gothique espagnole publiait un  règlement pour établir l'unité liturgique, non plus dans les limites étroites d'une province, mais dans toute l'étendue de la Péninsule. Voici le second canon du quatrième concile de Tolède, en 633 :

" Après avoir pourvu à la confession de la vraie foi, qui doit être prêchée dans la sainte Église de Dieu, nous avons été d'avis que nous tous, Prêtres, qui sommes réunis dans l'unité de la foi catholique, nous ne souffririons plus aucune variété, ni dissonance dans les mystères ecclésiastiques, de peur que la moindre divergence ne semblât, aux yeux des hommes charnels, provenir d'une sorte d'erreur schismatique, et ne causât à un grand nombre une sorte de scandale. On gardera donc, par toute l'Espagne et la Gaule (Narbonnaise), un seul ordre dans la psalmodie, un seul mode dans la solennité des messes, un seul rite dans les offices du soir et du matin et il n'y aura plus diversité de costumes ecclésiastiques entre nous qu'une même foi et un même royaume réunissent. Déjà d'anciens canons avaient décrété que chaque province tiendrait une coutume uniforme dans la psalmodie et le ministère sacré."

 

Encore un pas, et l'Espagne entrait, pour la Liturgie, dans l'unité romaine. Au-delà des limites de ce royaume, s'étendait le patriarcat d'Occident, et les principes exprimés dans les canons cités, devaient, secondés par les circonstances, amener une fusion de tous les usages liturgiques de nos régions, dans la Liturgie mère du sein de laquelle ils étaient pour la plupart émanés en divers temps. En attendant, on a vu dans les canons du concile de Brague, l'attention qu'avaient les conciles à se conformer aux prescriptions liturgiques qui avaient été imposées par le Saint-Siège. D'autres fois, ces mêmes conciles, sans y être contraints  en aucune  manière,   adoptaient certains usages de l'Eglise romaine, témoin le troisième concile de Vaison, en 529, qui, dans ses canons troisième et cinquième, établit le chant du Kyrie eleison, et l'addition Sicut erat in principio au Gloria Patri, parce que tel était l'usage du Siège apostolique et de toutes les Églises de l'Orient. Sur quoi Thomassin fait la réflexion suivante qui nous a semblé revenir à notre point de vue : "Cela fait voir que si l'on ne se conformait pas entièrement aux offices romains, du moins qu'on s'en approchait toujours de plus en plus ; en effet, toutes les raisons qui déterminaient une province à suivre certaines pratiques, excitaient toutes les Églises de l'Occident à les embrasser, afin qu'il n'y eût, autant que cela se pouvait, qu'une manière uniforme dans les mœurs et dans la célébration de l'office par tout l'Occident."

 

Pendant que de grandes améliorations se préparaient, que l'unité dans le culte tendait à devenir par tout l'Occident, la pure et fidèle image de l'unité de foi, les Pontifes romains, attentifs à tous les besoins de l'héritage du Seigneur commis à leur garde, ne hâtaient point outre mesure la consommation de cette heureuse révolution, mais ils la préparaient de loin, en profitant de toutes les occasions pour décider les controverses liturgiques soumises à leur tribunal,  suivant les formes et  les traditions en usage dans l'Église de Rome. Nous avons vu, au chapitre précédent, par les paroles de saint Sirice, avec quelle énergie ils exigeaient la soumission aux décisions qu'ils rendaient sur cette matière. A l'époque qui nous occupe présentement, un autre pape, saint Innocent, va nous faire savoir pourquoi le Saint-Siège réclame si sévèrement l'obéissance des Églises occidentales aux décrets qu'il rend en matière de discipline et de liturgie en particulier.

 

" Si les prêtres du Seigneur, dit-il à Décentius, évêque d'Eugubium, dans une décrétale de l'an 416, voulaient garder les institutions ecclésiastiques, telles qu'elles sont réglées par la tradition des saints Apôtres, il n'y aurait aucune discordance dans les offices et les consécrations. Mais quand chacune estime pouvoir observer, non ce qui vient de la tradition, mais ce qui lui semble bon, il arrive de là qu'on voit célébrer diversement, suivant la diversité des lieux et des Églises. Cet inconvénient engendre un scandale pour les peuples qui, ne sachant pas que les traditions antiques ont été altérées par une humaine présomption, pensent ou que les Églises ne sont pas d'accord entre elles, ou que des choses contradictoires ont été établies par les Apôtres, ou par les hommes apostoliques.

" Car qui ne sait, qui ne comprend que ce qui a été donné par tradition à l'Eglise romaine, par Pierre, le prince des Apôtres, se garde maintenant encore et doit être par tous observé ; qu'on ne doit rien ajouter ou introduire qui soit sans autorité, ou qui semble imité d'ailleurs ? Et d'autant plus qu'il est manifeste que dans toute l'Italie, les Gaules, les Espagnes, l'Afrique, la Sicile et les îles adjacentes, nul n'a institué les églises, si ce n'est ceux qui ont été constitués prêtres par le vénérable apôtre Pierre et ses successeurs. Que ceux qui voudront lisent, qu'ils recherchent si, dans ces provinces, un autre apôtre a enseigné. Que s'ils n'en trouvent pas d'autre, ils sont donc obligés de se conformer aux usages de l'Église romaine, de laquelle ils ont tiré leur origine, de peur qu'en se livrant à des doctrines étrangères, ils ne semblent se séparer de la source de toutes les institutions."

 

Après ce préambule, le Pape corrige les abus qui s'étaient introduits dans l’Église d'Eugubium, en matière de Liturgie, statuant plusieurs règlements, sur la Paix que les communiants devaient se donner les uns aux autres, sur le moment du Sacrifice auquel il fallait réciter les noms de ceux pour qui on l'offrait, sur le sacrement de confirmation, sur le jeûne du samedi, sur la défense de célébrer les Mystères dans les deux jours qui précèdent la Pâque, sur les relations de l'Eglise matrice avec les autres titres, sur les exorcismes, sur les pénitents, sur l'extrême-onction, etc. Après quoi il conclut en ces termes : "C'est ainsi, très cher frère, que nous nous sommes mis en devoir de répondre, suivant notre pouvoir, à ce que votre charité demandait de nous, et votre Église pourra maintenant garder et observer les coutumes de l'Église romaine, de laquelle elle tire son origine. Quant au reste, qu'il n'est pas permis d'écrire, quand vous serez ici, nous pourrons satisfaire à vos demandes". Il s'agissait de questions sur les paroles mêmes du canon, ou sur la forme des sacrements, détails qui étaient encore alors couverts du plus grand mystère.

 

Il faut remarquer ici, à propos de cet important document, d'abord le zèle avec lequel le Siège apostolique veillait au maintien des saines traditions liturgiques, le désir qu'il avait de ramener tout à l'unité, et en particulier les droits spéciaux qu'il prétendait sur les Églises d'Italie, des Gaules, des Espagnes, de l'Afrique, de la Sicile et autres îles adjacentes, comme filles de la prédication de saint Pierre et de ses successeurs, et formant le Patriarcat d'Occident. On voit que ces droits, développés plus tard dans des institutions plus parfaites, amèneront dans les moindres détails cette unité minutieuse que saint Innocent n'exige pas  encore. Les Iles Britanniques, l'immense Germanie, à peine illuminées du flambeau de la foi, en quelques points imperceptibles, ne figurent point dans cette énumération ; mais bientôt le zèle apostolique de Rome, les ayant entièrement arrachées aux ombres de la mort, et incorporées, par cette pacifique conquête, à l'heureux patriarcat d'Occident, elles subiront, dès leur première enfance, le joug sacré de la Liturgie romaine, arrivant ainsi tout  d'abord à  la plénitude  de l'âge  parfait des Églises.

 

L'Orient, au contraire, ne sentit point les bienfaits de cette unité complète. Trop d'obstacles arrêtaient le zèle des Papes pour qu'ils pussent songer, même un instant, à établir le règne absolu de la Liturgie romaine dans les patriarcats d'Alexandrie, d'Antioche, de Constantinople et de Jérusalem. Ils se contentèrent de veiller au maintien de cette unité plus générale qui consiste dans la célébration, aux mêmes jours, de la fête de Pâques et des autres solennités principales, dans l'intégrité des rites du sacrifice, dans l'administration valide et convenable des sacrements, dans le maintien des heures  de l'office divin et de la psalmodie, et, plus tard, dans le culte des images sacrées. C'est ainsi que, suivant les temps et les lieux, le Siège apostolique a su appliquer, en diverses mesures, la plénitude de puissance qui réside en lui, en sorte que les Pontifes romains n'ont jamais oublié cette doctrine du premier d'entre eux, de paître le troupeau avec prévoyance et douceur, et non dans un esprit de domination. Mais c'était le repos de la force, et malheur à ceux qui résistent aux volontés de cette puissance paternelle, qui attend avec longanimité, qui prépare, de concert avec les siècles, les grands résultats que l'Esprit-Saint lui ménage ! Malheur à ceux qui ne font pas, quand elle a dit de faire, qui n'exécutent pas, quand elle a commandé ! car toutes ses volontés sont équitables, et le Seigneur s'en est déclaré le vengeur.

 

En parcourant les épîtres des Pontifes romains qui ont siégé aux cinquième et sixième siècles, on trouvera un grand nombre d'actes de leur autorité en matière liturgique, toujours dans le sens des mesures prises par saint Innocent. L'énumération de ces faits nous prendrait trop de place, et ajouterait peu de chose à la valeur des arguments contenus dans ce chapitre.

 

Nous nous attacherons de préférence à montrer les travaux des Papes pour le perfectionnement de la Liturgie de l'Église locale de Rome, et, dans cette partie de notre travail, nous ne nous écarterons pas de notre but général, puisque la Liturgie romaine est destinée à devenir, sauf d'imperceptibles exceptions, la Liturgie de l'Occident tout entier, et qu'en la perfectionnant ainsi au-dessus de toutes les autres, les Pontifes romains assuraient indirectement son triomphe, au jour marqué par la Providence.

 

DOM GUÉRANGER

INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE VI, DE LA LITURGIE DURANT LES CINQUIEME ET SIXIEME SIECLES ; PREMIÈRES  TENTATIVES  POUR  ETABLIR  L'UNITÉ

 

Crucifix by UNKNOWN MASTER, Spanish 

Crucifix, Espagne, c. 1063

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