C'est ainsi qu'en toutes choses, le catholicisme a su marier aux effets de l'activité propre de chaque nation, l'immobilité de ses formes : d'où résulte ce mélange de mouvement et de solidité, qui est l'ordre vivant. Il n'y a eu dégradation que quand on a voulu isoler ce que Dieu et son Église avaient uni.
Fils et successeur de Louis le Pieux, Charles le Chauve ne se montra pas moins zélé que les chefs de sa race pour l'établissement des usages romains dans toute la France. Il dit dans une lettre au clergé de Ravenne : "Jusqu'au temps de notre aïeul Pépin, les Églises gallicanes célébraient les divins offices autrement que l'Église romaine, ou celle de Milan. Nous avons vu des clercs de l'Église de Tolède célébrer en notre présence les saints offices suivant la coutume de cette Église ; pareillement, on a célébré devant nous la messe solennelle selon la coutume de Jérusalem, d'après la Liturgie de saint Jacques, et selon la coutume de Constantinople, d'après la Liturgie de saint Basile, pour nous, nous jugeons que c'est l'Église romaine qu'il faut suivre dans la célébration de la messe."
Ces paroles de Charles le Chauve, qui montrent si bien l'intérêt que cet empereur portait aux choses de la Liturgie, nous
engagent à mentionner ici les princes de cette époque qui témoignèrent le plus grand respect pour les offices divins. Ainsi, nous rappellerons la piété de Lothaire, fils aîné de Louis le Pieux,
qui, au rapport de Léon d'Ostie, entendait chaque jour trois messes. Othon Ier, empereur en 962, assistait tous les jours à tout l'office, et dans les solennités, suivant Ditmar, historien
contemporain, il se rendait à l'église avec pompe et en procession, accompagné des évêques et de tout le clergé, avec les croix, les reliques et les encensoirs, pour assister à vêpres, à matines
et à la messe, et il ne se retirait jamais avant la fin. En Angleterre, au IXe siècle, florissait Alfred, prince qui fut aussi grand que le lui permit le théâtre trop restreint de sa gloire. Il
aima aussi les offices divins, et ce grand guerrier, ce puissant législateur, ce sage véritable, partageait les vingt-quatre heures du jour en trois parties égales, en donnant huit à la prière et
à la lecture, huit aux nécessités du corps, huit aux affaires de son royaume. Sur les huit heures consacrées à la prière, il assistait à tous les offices du jour et de la nuit, et Guillaume de
Malmesbury nous apprend qu'il avait toujours le livre des offices divins dans son sein, afin d'y recourir pour prier, dans tous les moments de loisir qu'il pouvait avoir. Telle était la religion
profonde de ces grands chefs des peuples qui travaillèrent, de concert avec l'Église, à tirer l'Europe de la barbarie.
Pendant que l'unité liturgique et, par elle, l'orthodoxie jetaient de si profondes racines dans l'Occident, l'Église d'Orient
était ensanglantée par les fureurs de l'hérésie iconoclaste. La décision du septième concile général en faveur des saintes images fut un grand fait liturgique, Par cette décision, l'Église
sanctionna pour jamais l'emploi de la forme extérieure dans les objets du culte chrétien, et sauva l'art près d'expirer sous les coups du plus brutal fanatisme. La place nous manque ici pour
raconter en détail cette victoire ; mais nous devions au moins l'enregistrer dans notre récit. Le même sentiment qui portait les fidèles à vénérer les reliques des saints, les devait conduire
naturellement à honorer leurs images. Nous verrons l'hérésie antiliturgiste parcourir la même ligne dans ses blasphèmes et ses violences.
Il est temps de donner la liste des auteurs qui ont travaillé sur la Liturgie, à l'époque qui nous occupe, c'est-à-dire, durant
les IXe et Xe siècles.
Nous commencerons notre liste à Oldibert, ou Odelpert, qui fut fait archevêque de Milan vers 804. Il composa, à la demande de
Charlemagne, comme plusieurs autres évêques de son temps, un livre de Baptismo.
(808). Joseph Studite, frère de saint Théodore Studite, et archevêque de Thessalonique, est auteur de plusieurs hymnes dans la
Liturgie grecque.
(810). Philoxène, évêque de Bagdad, écrivit un traité sur les offices divins, et composa une Anaphore qui se trouve dans la
collection de Renaudot.
(810). Amalaire Fortunat, archevêque de Trêves, est auteur d'un livre de Ratione rituum sacri
Baptismatis.
(812). Amalaire, prêtre de l'église de Metz, est, dans l'ordre des temps, après saint Isidore de Séville, l'auteur le plus
important sur l'ensemble de la Liturgie. Ses quatre livres de Ecclesiasticis Officiis, sont du plus grand prix pour l'explication des mystères de l'office divin. Nous y puiserons souvent
dans la suite. La place nous manque pour insérer ici la table des chapitres de cet ouvrage, ainsi que nous l'avons fait pour les Origines ecclésiastiques de saint Isidore. On a reproché à
Amalaire d'avoir poussé à l'excès la recherche des sens mystiques dans les choses de la Liturgie. Il peut y avoir quelque fondement à ce reproche : nous examinerons ailleurs les règles à suivre
dans l'explication mystique des particularités du service divin, pour se tenir éloigné de tout excès dans un sens comme dans l'autre. Nous avons parlé ci-dessus du livre d'Amalaire, intitulé
de Ordine Antiphotiarii. Baluze, à la suite de ses Capitulaires, a publié, du même auteur, un opuscule intitulé : Eclogœ in Canonem Missœ.
(813). Saint Théodore Studite, archimandrite, intrépide défenseur des saintes images, a composé une grande quantité d'hymnes et
de prières qui sont en usage dans la Liturgie grecque, pendant le carême.
(813). Agobard, archevêque de Lyon, a écrit, comme nous l'avons rapporté, contre Amalaire de Metz, 1° de Psalmodia ; 2°
de Correctione Antiphonarii ; 3° Liber adversus Amalarium.
(813). Maxence, patriarche d'Aquilée, composa aussi, à la prière de Charlemagne, une lettre de Ritibus Baptismi,
eorumque significatu.
(818). Théodore et Théophane Graptus, moines de saint Sabbas, illustres défenseurs des saintes images, sont auteurs de plusieurs
hymnes de la Liturgie grecque.
(820). Josué, patriarche des nestoriens, écrivit de la Distinction des Offices ; de leur interprétation, et de la Vertu des
hymnes.
(820). Icasie, princesse grecque, qui fut au moment de ceindre le diadème d'impératrice et d'obtenir la main de l'empereur
Théophile, acheva sa vie dans les loisirs de l'étude et de la contemplation. Elle composa plusieurs hymnes ecclésiastiques dont quelques unes sont entrées dans la Liturgie
grecque.
(830). Hélisacar, chancelier de Louis le Débonnaire, abbé de Saint-Riquier et ensuite de Saint-Maximin de Trêves, mit en ordre
l'Antiphonaire romain, à l'usage de plusieurs églises.
(837). Florus, diacre de Lyon, a laissé une Exposition du Canon de la messe.
(840). Loup, abbé de Ferrières, est auteur de deux hymnes en l'honneur de saint Vigbert.
(841). Grimoald, abbé de Saint-Gall, archichapelain de Louis le Débonnaire, fit une révision du Sacramentaire de saint
Grégoire.
(842). Walafrid Strabon, abbé d'Augie-la-Riche, est auteur d'un précieux opuscule intitulé : De Officiis divinis, sive de
exordiis et incrementis rerum ecclesiasticarum. Ce livre est encore une des principales sources de la science liturgique du moyen âge.
(845). Eldephonse ou Ildephonse, évêque espagnol, a laissé un opuscule dans lequel il traite des hosties destinées au sacrifice
eucharistique, et explique les mystères signifiés par leur figure, leur poids, leur nombre, leur inscription, etc.
(847). Rhaban Maur, d'abord abbé de Fulde, puis archevêque de Mayence, est aussi un des principaux liturgistes du moyen âge. Il
mérite ce titre par ses trois livres de Institutione clericali, qui renferment la plus riche instruction. Il y faut joindre plusieurs hymnes, un opuscule de Sacris Ordinibus,
sacramentis divinis et vestimentis sacerdotalibus, et enfin le Martyrologe qui porte le nom de Rhaban Maur.
(850). Wandelbert, moine de Prum, est auteur d'un Martyrologe en vers.
(850). Aurélien, moine de Moutier-Saint-Jean, a composé un traité sur le chant, qu'il dédia à Bernard, archi-chantre. Nous
n'avons plus cet ouvrage.
(853). Rodrade, prêtre d'Amiens, fit, à l'usage de cette église, une révision du Sacramentaire grégorien, qu'il divisa en deux
livres.
(853). Joseph, de Sicile, surnommé l’Hymnographe, est auteur de beaucoup d'hymnes en usage dans la Liturgie grecque. Sa
fécondité dans ce genre fut si grande, qu'il n'en a pas laissé moins de six cents, en l'honneur de la sainte Vierge. Ces cantiques sont d'une grande onction, et souvent d'une poésie
sublime.
(856). Angelome, moine de Luxeuil, en Bourgogne, écrivit un livre de Divinis Officiis.
(859). Adon, archevêque de Vienne, est auteur du fameux Martyrologe qui porte son nom.
(860). Charles le Chauve, empereur, passe pour avoir composé un Office en l'honneur du saint suaire, dont l'église de Compiègne
fut enrichie de son temps. On lui attribue aussi un répons de saint Martin, qui commence par ces mots : O quam admirabilis.
(862). Salvus, abbé d'Alvelda, en Navarre, composa des hymnes et des oraisons ecclésiastiques.
(863). Moyse Barcepha, nommé aussi Sévère, évêque de Mosul, de la secte des jacobites, est auteur d'une anaphore au Missel
syriaque ; de deux traités, l'un sur le saint Chrême, l'autre sur le Baptême, et d'une explication des cérémonies usitées dans la tonsure des moines.
(867). Basile le Macédonien, empereur de Constantinople, fit faire une édition du Ménologe, augmentée et ornée des images des
saints. C'est celle qui porte son nom et qui a été publiée, par ordre dé Benoît XIII, à Urbin, en 1727. Allatius attribue ce Ménologe à Basile le Jeune, qui régna en 977.
(876). Usuard, moine de Saint-Germain-des-Prés, compila, par ordre de Charles le Chauve, un Martyrologe formé de ceux qui
avaient déjà été publiés.
(878). Adelhelme, évêque de Séez, composa un recueil de bénédictions pour la Messe, suivant l'usage qui s'en était conservé en
France, même après l'introduction des usages romains. Ce recueil en contient trente-six ; elles sont pour les dimanches qui suivent Noël et l'Epiphanie, jusqu'au Carême
exclusivement.
(880). Rémi, moine de Saint-Germain d'Auxerre, fut un chantre de premier ordre, comme le prouve son commentaire manuscrit sur le
traité de Musica de Martianus Capella. L'abbé Lebeuf dit de lui qu'il tenait d'Héric la science du chant; qu'Héric la tenait de Rhaban et d'Haymon d'Halberstadt, lesquels avaient
conversé avec les chantres romains venus en France sous Charlemagne, ou avec leurs premiers élèves. On lui donne, dans la Bibliothèque des Pères de Lyon, une exposition de la Messe. Trithème lui
attribue aussi un livre de Festivitatibus Sanctorum ; enfin, on trouve dans le grand ouvrage de D. Martène, de antiquis Ecclesiœ Ritibus, un petit traité attribué au même Rémi
d'Auxerre, et intitulé : de Dedicatione Ecclesiœ.
(880). Georges, archevêque de Nicomédie, est auteur de plusieurs hymnes de la Liturgie grecque.
(886). Léon le Philosophe, empereur de Constantinople, a composé aussi plusieurs pièces du même genre, qui se trouvent
pareillement dans les livres d'offices des Grecs.
(892). Réginon, abbé de Prum, adressa à Radbod, archevêque de Trêves, un traité de harmonica Institutione, et compila
un Lectionnaire pour toute l'année.
(899). Hucbald, moine de Saint-Amand, au diocèse de Tournay, fut un chantre fameux. Pendant un séjour qu'il fit à Reims, il
composa le chant et les paroles d'un office en l'honneur de saint Thierry, pour les moines de cette abbaye. Il enrichit encore d'autres églises de ses mélodies, principalement celles de Meaux et
de Nevers. Il avait composé deux traités sur la musique, dans l'un desquels il avait fixé des signes pour marquer les différents tons de l'octave.
(900). Aurélien, clerc de l'Église de Reims, écrivit de Regulis modulationum, quas tonos, sive tenores appellant, et
de earum vocabulis.
(901). Le moine Marc a composé beaucoup d'hymnes qui se trouvent dans la Liturgie grecque, aux offices de la semaine
sainte.
(903). Etienne, évêque de Liège, est auteur d'un office en l'honneur de la sainte Trinité, dont une grande partie se trouve dans
celui que l'Église romaine emploie en cette solennité. Il en composa aussi le chant, et fit en outre un office pour la fête de l'Invention de saint Etienne.
(903). Helpéric, moine de Saint-Gall, écrivit un livre de Musica, et un autre de Computo
ecclesiastico.
(904). Notker le Bègue, moine de Saint-Gall, a donné un Martyrologe qui porte son nom. En outre, il composa un grand nombre de
séquences et d'hymnes, que l'on peut voir dans le tome II des Lectiones antiquae de Canisius, et dans le tome I des Anecdotes de D. Bernard Pez. Nous ne les indiquons pas plus
explicitement, parce que ces pièces ne sont pas employées dans les Offices de l'Église. Notker écrivit aussi un traité sur les notes usitées dans la musique ; il fut un des plus fameux chantres
dans l'abbaye de Saint-Gall, qui était une académie de chant ecclésiastique pour les moines, comme l'école de l'Église de Metz en fut une pour le clergé séculier de la France.
(910). Etienne, abbé de Lobbes, nota le chant d'un Office en l'honneur de saint Lambert.
(917). Saint Ratbod, évêque d'Utrecht, composa le chant d'un Office en l'honneur de saint Martin ; il a laissé aussi deux
hymnes, à l'honneur de saint Switbert et de saint Lebwin.
(926). Saint Odon, illustre abbé de Cluny, et le fondateur de l'Ordre de ce nom, est auteur de sept antiennes en l'honneur de
saint Martin, de deux hymnes pour la fête du même saint, et d'une autre sur sainte Marie-Magdeleine.
(930). Gobert, évêque de Laon, écrivit une sorte de poëme de Tonsura, vestimentis et vita clericorum.
(944.) Foulques II, dit le Bon, comte d'Anjou, fut un grand prince ; mais ses qualités élevées ne l'empêchèrent pas de montrer,
comme Pépin, Charlemagne et Alfred le Grand, un zèle empressé pour les offices divins. Il y assistait en habit clérical, et chantait l'office avec le clergé ; sur quoi le roi Louis d'Outremer
l'ayant raillé, le comte lui fit dire qu'un roi sans lettres est un âne couronné. — La Liturgie était regardée par ces grands chefs des peuples comme le plus noble et le plus puissant véhicule
des idées de progrès. Foulques était habile dans le chant, et composa douze répons en l'honneur de saint Martin.
(945). Georges, patriarche des nestoriens, écrivit un livre intitulé : Déclaration de tous les Offices ecclésiastiques, et leur
objet; avec l'explication de la divine économie et des fêtes du Seigneur.
(945). Guy, évêque d'Auxerre, travailla sur le chant ecclésiastique, et appliqua sur des paroles de son choix, en l'honneur de
saint Julien de Brioude, la mélodie du chant des répons, qu'Héric et Rémi, moines de l'abbaye de Saint-Germain, avaient composés pour la fête de leur saint patron.
(949). Constantin Porphyrogénète, empereur d'Orient, écrivit un Cérémonial, tant à l'usage de la cour de Constantinople, que
pour marquer ce qui concernait les processions et les autres rites de l'Église, dans les fêtes solennelles.
(961), Saint Dunstan, archevêque de Cantorbéry, est auteur d'un Bénédictional archiépiscopal.
(971). Notker, ou Notger, évêque de Liège, auparavant moine de Saint-Gall, comme son homonyme, a, comme lui, travaillé sur la
musique ecclésiastique, et fait un recueil de séquences.
(978). Hartmann et Ekkehard, moines de Saint-Gall, formés à l'école de Notker Balbulus, composèrent diverses hymnes, litanies en
vers, et autres morceaux rimes et mesurés qui se trouvent recueillis, au tome II des Lectiones antiquae de Canisius.
(980). Élie, évêque de Cascare, écrivit des Bénédictions et oraisons, un livre de l'Usage des Psaumes, et un autre des
Sacrements ecclésiastiques.
(982). Jean, abbé de Saint-Arnould de Metz, composa des chants pour la fête de sainte Lucie et de sainte Glosside.
(985). Sabarjésus, prêtre nestorien, écrivit une Bénédiction, ou formule, pour renvoyer le peuple à la fin de la
Messe.
(997). Robert, roi de France, est auteur de plusieurs pièces de chant dont nous parlerons au chapitre suivant.
(997). Létalde, moine de Micy, étant venu au Mans pour voir l'abbaye de Saint-Pierre de la Couture, fut prié par l'évêque
Avesgaud de revoir la vie de saint Julien. Lorsqu'il eut accompli ce travail, le même évêque lui demanda de composer un office entier en l'honneur de ce saint apôtre du Maine. Létalde en nota
aussi le chant, et, dans ce travail, il s'attacha au style ancien du chant grégorien qu'on altérait déjà en plusieurs lieux : "car, dit-il, je n'aime pas la nouveauté de certains musiciens qui
introduisent un genre tellement à part, qu'ils dédaignent de suivre les anciens". Cet office, si précieux pour le chant et les paroles, est resté en usage dans l'Église du Mans, jusqu'en 1750,
qu'il lui a fallu disparaître, avec toutes les antiques mélodies si chères à nos pères, devant la muette et lourde compilation de Lebeuf.
(999). Héribert, archevêque de Cologne, qui clôt la liste des liturgistes du Xe siècle, a composé un livre de Ecclesiasticis
Officiis.
Concluons ce chapitre par les observations suivantes :
Au VIIIe siècle, le Siège apostolique commence à poser en principe la nécessité pour les anciennes églises d'Occident d'embrasser la Liturgie romaine dans toute sa plénitude.
L'Église gallicane voit tomber ses anciens usages devant ceux de Rome et abjure des traditions vénérables sans doute, mais c'est pour en embrasser déplus sacrées encore.
Le but des papes et des princes français, dans ce grand œuvre, est de resserrer le lien de l'unité, en détruisant une divergence liturgique jugée par eux dangereuse dans ses conséquences.
L'esprit français adopte volontiers ce nouveau régime liturgique, mais il ne tarde pas à manifester sa mobilité qu'il déguise souvent sous couleur de perfectionnement, en altérant en plusieurs choses le dépôt de la Liturgie romaine.
Néanmoins, ces variantes n'affectent point le fond, et le VIIIe siècle voit commencer la période d'environ mille ans, durant laquelle l'Église de France se fera gloire d'avoir une seule et même prière avec l'Église romaine.
L'époque de l'unité liturgique devient une époque de haute civilisation chrétienne ; Charlemagne s'aide de ce moyen puissant dans l'accomplissement de ses grands projets : au chapitre suivant, nous verrons le Charlemagne de l'Église, saint Grégoire VII, hâter les grandes destinées de l'Espagne, en la faisant participer, au moyen de la Liturgie romaine, aux mœurs de la chrétienté occidentale.
DOM GUÉRANGER
INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE X : ABOLITION DE LA LITURGIE GALLICANE. INTRODUCTION DE LA LITURGIE ET DU CHANT DE L'ÉGLISE ROMAINE EN FRANCE. PREMIÈRE ORIGINE DE LA LITURGIE ROMAINE-FRANÇAISE. MODIFICATIONS INTRODUITES DANS LE CHANT. AUTEURS LITURGISTES DES IXe ET Xe SIECLES.