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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

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Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SALVE REGINA

27 juin 2012 3 27 /06 /juin /2012 11:30

Restait encore jusqu'en 1835, au fond de la Bretagne, un diocèse qui, garanti par son heureuse situation à l'extrémité de cette province, par l'intégrité des mœurs antiques de ses habitants, n'avait point pris part à la défection universelle.

 

Quimper avait conservé le romain, comme Marseille le conserve avec sa foi méridionale, comme Saint-Flour au sein de ses pauvres et stériles montagnes ; lorsque tout à coup on apprit qu'un nouveau bréviaire allait prendre la place que le romain occupait dans cette église depuis le concile de Tours de 1583. Nous ne dirons que la vérité, si nous disons que cette mesure a profondément affligé les personnes les plus respectables dans le clergé ; mais il nous faut ajouter, ce qui est tout à fait affligeant, que la propagande protestante a trouvé dans cette déplorable innovation des armes contre la foi des peuples et qu'elle s'est hâtée de s'en servir. "Vous changez donc aussi, a-t-elle dit ; il vous est donc libre de prendre et de quitter les formules sacrées de l'Eglise de Rome ? Vos dogmes qui reposent sur la tradition, suivant votre dire, sont-ils à l'épreuve des variations, du moment que vous êtes si faciles à changer les prières qui les expriment ? Vous avouez donc qu'il y a de l'imparfait, de la superfétation, des choses inadmissibles dans les livres de Rome, puisque, après les avoir eus en main pendant des siècles, vous les répudiez aujourd'hui ? Comme il est certain que ces mêmes livres vous sont imposés par les bulles papales et que vous n'avez aucune autorisation de leur en substituer d'autres, le pape, contre la volonté duquel vous agissez directement, n'exerce donc, de votre aveu, qu'une suprématie purement humaine, à laquelle vous pouvez désobéir sans que votre conscience de catholiques vous fasse entendre ses reproches, etc., etc.?" Tels sont les discours que des protestants anglais et français ont tenus et tiennent encore aux fidèles du diocèse de Quimper, et il faut bien convenir que si leur argumentation n'est pas irréprochable en tout, il est des points aussi sur lesquels elle se montre irréfutable ; outre qu'il est souverainement déplorable d'y avoir fourni un semblable prétexte.

 

Au reste, la révolution liturgique n'est pas encore totalement consommée à Quimper. Le missel qui devait compléter le nouveau bréviaire n'est pas imprimé ; les offices publics se célèbrent encore au romain : Dieu soit en aide au nouvel évêque de cette Église affligée, et lui donne de consoler les ruines du sanctuaire !

 

Nous croyons devoir, en achevant cette pénible partie de notre récit, ajouter quelques mots sur ce Breviarium Corisopitense, dont tout le monde sait, dans le diocèse de Quimper, que la publication fut extorquée au vénérable évêque qui gouvernait encore cette Église en 1840. Nous ne citerons que deux traits pris au hasard dans ce livre. On trouve, en tête de la partie du printemps, une notice des hymnographes qui ont été mis à contribution pour tout le bréviaire. Or, voici une de ces notices : N. T. Le Tourneux (Nicolaus) presbyter Rothomagensis, Breviario Cluniacensi operam dedit, multosque libros de theologia et pietate vulgavit, quorum alii damnati sunt, alii caute legendi. Obiit Parisiis anno 1686.

 

C'est maintenant au compilateur du nouveau bréviaire de Quimper de nous expliquer les raisons de sa sympathie pour Nicolas Le Tourneux, et de nous dire aussi quelle idée il se forme du clergé de Quimper, pour s'en venir lui étaler d'une façon si crue les mérites de son étrange hymnographe. S'est-il proposé de donner à entendre que, pour remplacer saint Ambroise et saint Grégoire dans les nouveaux bréviaires, il n'est pas nécessaire qu'un poète latin soit catholique ? Jamais encore un si naïf aveu n'était échappé aux modernes liturgistes. Ceux du dix-huitième siècle avaient du moins cela de particulier qu'ils cachaient soigneusement l'origine impure de certaines pièces modernes.

 

Mais voici quelque chose qui a bien son prix. En la partie d'été, on trouve un office sous ce titre : OFFICIUM PRO ANNIVERSARIA COMMEMORATIONE ORDINATIONIS. — Semi-duplex. Ce titre est suivi d'une rubrique qui porte que cet office se récitera au premier jour non empêché, après la fête de la Sainte-Trinité, et qu'on y fera mémoire d'un simple occurrent. Ainsi, depuis l'origine de l'Église jusqu'aujourd'hui, les évêques, le Souverain Pontife lui-même, en l'anniversaire de leur consécration, s'étaient contentés de célébrer une messe en mémoire de cette solennité personnelle, ou encore d'ajouter simplement une seule oraison à la messe du jour, dans le cas où le degré de la fête occurrente n'en eût pas permis davantage ; mais jamais ils n'auraient osé interrompre l'office public de l'Église pour y insérer la célébration particulière d'un fait personnel ; et voilà qu'à l'extrémité de la Bretagne, tous les prêtres sont appelés, bien plus, sont obligés à faire ce que n'ont jamais fait ni les évêques des plus grands sièges, ni le pape lui-même. Les voilà qui s'isolent de l'Église avec laquelle on prie, même dans l'office férial, pour se célébrer eux-mêmes tout vivants ; à moins qu'on ne suppose, ce qui est tout aussi ridicule, que l'Église est censée faire avec eux la fête de leur ordination. Un saint du degré simple, et dans le nouveau calendrier on en a fait un grand nombre aux dépens des doubles du romain, un saint de ce degré, disons-nous, est désormais condamné à n'avoir qu'une commémoration dans cet étrange office, où le récitant se célèbre lui-même ; comme aussi, si le lendemain est une fête double, le récitant fera commémoration de seipso aux secondes vêpres, dans les premières du saint ; car enfin il faut pourtant convenir qu'on a encore assez de modestie pour ne se pas déclarer semi-double privilégié.

 

Nos optimistes conviendront-ils pourtant de l'esprit presbytérien qui anime plus ou moins ces faiseurs ? Et ces derniers où s'arrêteront-ils, si on les laisse faire ? Car ils ne se sont pas contentés de fabriquer ainsi un office pour l'ordination des prêtres du diocèse, ils ont osé l'adapter par des leçons particulières aux diacres et même aux sous-diacres ; rien n'a été oublié, si ce n'est l'Evêque. Pour lui, il devra se contenter de réciter l'office de l'Église, au jour de sa consécration, comme font au reste tous les autres évêques du monde : le privilège d'interrompre la Liturgie universelle pour le fait d'un individu qui n'est même pas assuré d'une place dans le ciel après avoir paru ainsi chaque année dans le calendrier, ce privilège n'a point été étendu aux Evêques. Certes, nous ne voudrions point d'autre preuve de cet esprit de presbytérianisme qui fermente sourdement, que l'indifférence avec laquelle une si incroyable nouveauté a été accueillie. Plusieurs causes déjà anciennes ont contribué à nourrir et à fortifier cet esprit ; mais, assurément, comme nous l'avons dit ailleurs, l'influence des rédacteurs des nouvelles Liturgies depuis cent cinquante ans, tous exclusivement choisis dans les rangs du second ordre, quand ils n'étaient pas laïques, a grandement servi à le fomenter dans le clergé. Toutefois, pour rendre possible un aussi monstrueux abus de l'office divin que l'est celui que nous signalons, il fallait plus que les prétentions presbytériennes ; il a fallu dans plusieurs l'extinction totale des plus simples notions de la Liturgie.

 

Mais la divine Providence fera sortir le bien de l'excès même du mal ; et le retour à de meilleures traditions viendra par le dégoût et la lassitude qu'inspireront de plus en plus ces œuvres individuelles. Déjà, on ne peut le nier, un sentiment général du malaise de la situation liturgique règne dans les rangs du clergé. L'attention commence à se porter de ce côté, et il est difficile de croire que, longtemps encore, on consente à demeurer si redevable au XVIIIe siècle. Les variations continuelles, le désaccord des livres liturgiques entre eux, le retour aux études traditionnelles, l'impuissance de fonder une science sur des données si incohérentes, la difficulté de satisfaire aux questions des fidèles : toutes ces choses préparent une crise. Déjà l'innovation n'est plus défendue qu'à travers de maladroites et inévitables concessions. Si on excepte les personnes, en petit nombre, qui ont fabriqué de leurs mains les bréviaires de Quimper et autres lieux, il n'est pas un homme aujourd'hui parmi les amateurs du genre français en Liturgie, qui ne soit en voie de reculer sur plusieurs points ; encore nos récents faiseurs sont-ils loin de s'entendre entre eux et d'offrir un centre de résistance. Rien ne se ressemble moins pour les principes généraux de rédaction, et pour l'exécution elle-même, que les bréviaires français du dix-neuvième siècle. Les auteurs de ces bréviaires daigneront donc nous pardonner, si nous éprouvons de la difficulté à goûter leurs œuvres, tant en général qu'en particulier. Au reste, nous ferons connaître en détail ces œuvres, et nous laisserons nos lecteurs libres de prononcer.

 

Outre ce malaise généralement senti, il est une autre cause du peu d'enthousiasme qu'inspire au clergé d'aujourd'hui l'avantage de ne plus réciter l'office dans un bréviaire universel, de ne plus célébrer la messe dans un missel qui soit pour tous les lieux. C'est le besoin universellement reconnu d'être en harmonie avec l'Église romaine, besoin qui augmente sans cesse, et devant lequel s'efface de jour en jour toute la résistance de nos soi-disant maximes. Après tout, il est assez naturel que l'on trouve meilleur de tenir la Liturgie de saint Grégoire et de ses successeurs, plutôt que d'un prêtre obscur et suspect du XVIIIe siècle; tout le monde est capable de sentir que si la loi de la foi dérive de la loi de la prière, il faut pour cela que cette loi de la prière soit immuable, universelle, promulguée par une autorité infaillible. En un mot, quand bien même les tendances romaines dont l'Église de France se fait gloire aujourd'hui ne seraient pas le résultat naturel de la situation si particulière que lui a créée le Concordat de 1801, le simple bon sens suffirait à lui seul pour produire ces tendances.

 

D'autre part, la piété française s'affranchit de plus en plus des formes froides et abstraites dont le dix-septième et le dix-huitième siècle l'avaient environnée. Elle est devenue, comme avant la Réforme, plus expansive, plus démonstrative. Elle croit davantage aux miracles, aux voies extraordinaires ; elle n'exige plus autant que l'on gaze la vie des saints et qu'on couvre certains actes héroïques de leur vie comme d'un voile de pudeur. Le culte des reliques prend un nouvel accroissement, et c'est aux acclamations des fidèles que Rome, fouillant encore ses entrailles, en retire ces corps des saints martyrs qu'elle envoie de temps à autres remplir les trésors dévastés de nos églises.

 

L'abord de cette cité sainte n'est plus défendu à nos évêques par de prétendues et dérisoires libertés, et le nombre des prêtres français qui la visitent chaque année en pèlerins est de plus en plus considérable. De là ce goût renaissant pour les pompes de la Liturgie, ces importations d'usages romains, cet affaiblissement des préjugés français contre les démonstrations religieuses des peuples méridionaux, qui sous ce rapport, ne sont, après tout, que ce qu'étaient nos pères dans les siècles de foi. Il fut un temps où un homme zélé pour les fonctions du service divin courait risque de s'entendre appliquer le sarcasme français : Il aime à jouer à la chapelle ; aujourd'hui, on semble commencer à comprendre que le zèle et la recherche dans l'accomplissement des actes liturgiques pourrait bien provenir de tout autre chose que de manie, de prétention, ou de faiblesse d'esprit.

 

Mais produisons en détail quelques-uns des faits à l'aide desquels on est à même de constater la révolution liturgique qui s'opère.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XXIV : DE LA LITURGIE AU XIXe SIÈCLE.

 

Vierge de Pitié provenant de la chapelle des Trépassés de la cathédrale de Quimper

Vierge de Pitié, provenant de la chapelle des Trépassés de la cathédrale de Quimper, auteur inconnu, XVe s. 

 

Groupe sculpté de la Vierge de Pitié, bois peint, polychrome

Ce groupe exécuté à la fin du 15e ou au début du 16e siècle et dont on possède une représentation figurée datant de 1642, provient de l´autel des Trépassés situé dans le bras nord du transept de la cathédrale Saint Corentin de Quimper.

 

Lors de la restauration de l´édifice vers 1860 et du renouvellement de son mobilier, les Ursulines de Quimper le reçoivent en don. Après la fermeture du couvent en 1904, l´oeuvre fut recueillie par la maison du même ordre installée à Quimperlé.

 

Elle se trouve à son emplacement actuel depuis 1933, date de l'achèvement de la chapelle. Identifiée par erreur comme une réalisation en pierre lors de son classement en 1958, elle a été restaurée dans la même année, puis en 1975 par le restaurateur Cassin, de Carnac (nettoyage, colmatage des fentes, fixation de la peinture, vernissage). 


Cette sculpture exceptionnelle par son expressivité pathétique et son hyperréalisme, importée ou réalisée d´après des modèles gravés, a été rapprochée d´oeuvres exécutées autour de 1500 par le sculpteur alsacien Niklas Hagnower (ou Nikolaus von Hagenau), notamment de la célèbre Déposition de croix conservée au musée de Karlsruhe (Allemagne).

 

Douard Christel, Bonnet Philippe, Inventaire général

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26 juin 2012 2 26 /06 /juin /2012 11:30

L'époque de la Restauration, à la différence de celle de l'empire, fut remarquable par le grand nombre d'opérations liturgiques qui la signalèrent.

 

De nombreux bréviaires, missels et rituels, furent réimprimés, corrigés, refondus, créés même de nouveau. On ne peut nier que des travaux dans ce genre ne fussent assez à propos à cette époque de paix et de prospérité universelle. C'était le moment de venir enfin au secours des diocèses fatigués de l'anarchie liturgique et de la bigarrure que présentait la plus grande partie d'entre eux. Que s'il faut maintenant faire connaître ce que nous pensons de cette nouvelle crise, nous dirons, avec tous les égards dus à des contemporains, qu'elle nous semble n'avoir fait autre chose qu'accroître la confusion déjà existante ; tout en nous réservant d'ajouter qu'au milieu de cette confusion même, les indices d'un retour prochain à de meilleures théories se manifestent de toutes parts.

 

Comment, en effet, au XIXe siècle, eût-il été possible de réussir dans une forme liturgique, quand il est évident pour tout le monde que la science liturgique a totalement cessé parmi nous ? S'il en est autrement, qu'on nous cite les ouvrages publiés en ce siècle qui attestent le contraire ; qu'on rende raison de tant de règles violées, de tant de traditions anéanties, de tant de nouveautés inouïes mises à l'ordre du jour. Certes, les voies de fait commises, sous le prétexte de restaurations et d'embellissements, contre les monuments de l'architecture catholique, donnent assez l'idée des ruines d'un autre genre que l'on a su accumuler. Jusqu'en 1790, les débris du passé empreints dans les institutions, les corps ecclésiastiques, conservateurs de leur nature ; la Liturgie romaine célébrée encore dans un grand nombre de monastères et autres lieux exempts ; l'éducation d'alors plus empreinte de formes extérieures que celle d'aujourd'hui, tout cela contribuait à amortir la chute des anciennes mœurs liturgiques. De nos jours, au contraire, où l'Eglise avait perdu la plus grande partie de ses moyens extérieurs ; où le loisir manquait pour lire les saints Pères ; où le droit canonique n'était plus enseigné que par lambeaux dans des cours rapides de théologie morale ; qui songeait à sauver les traditions liturgiques déjà si amoindries, et faussées, comme on l'a vu, sur tant de points ?

 

De là sont venus (et nous éviterons constamment de nommer des personnes vivantes), de là sont venus, disons-nous, ces changements de bréviaire qui se sont répétés jusqu'à deux et trois fois en vingt ans pour un même diocèse ; de là ces usages vénérables maintenus par une administration, supprimés par celle qui la suivit, rétablis avec modification par une troisième ; de là ces cérémonies transportées sans discernement d'un diocèse dans l'autre, sans nul souci de la dignité respective des églises, qui s'oppose à de pareils emprunts ; de là ces réimpressions de bréviaires en contradiction avec le missel, de missels en contradiction avec le bréviaire ; de livres de chœur sans harmonie entre eux ; de là ces rubriques inouïes, ces fêtes sans antécédents, ces plans généraux de bréviaires qui ne ressemblent à rien de ce qu'on a vu, même au XVIIIe siècle, et dans lesquels on a si largement appliqué le système de la diminution du service de Dieu ; de là l'interruption presque universelle de l'office canonial dans les cathédrales ; et il en est où la bonne volonté ne suffirait pas, attendu que les livres de chœur ne sont encore ni rédigés, ni imprimés ; de là, en plusieurs endroits, la suppression de fait ou de droit, quelquefois l'une et l'autre, de cérémonies historiques et populaires, de rites et bénédictions inscrits pourtant au rituel diocésain ; de là, tant de milliers de tableaux et d'images des saints commandés et chèrement payés, sans qu'on prenne soin d'y faire représenter ces amis de Dieu et du peuple chrétien, avec les attributs, les couleurs et autres accessoires qui les caractérisent expressément. Nous ne pousserons pas plus loin, mais certainement nous ne disons rien ici que nous n'ayons entendu mille fois de la bouche des curés les plus vertueux et les plus éclairés ; nous dirons mieux, de la bouche même de plusieurs de nos premiers Pasteurs. Tous, il est vrai, attendaient de meilleurs temps, et nous avons bien aussi cette confiance.

 

Ajoutons encore un mot pour signaler tout Ie malaise de notre situation liturgique. Qui n'a entendu parler des vexations dont la France entière a été le théâtre depuis dix ans, quand le nouveau gouvernement exigea l'addition expresse du nom du roi à la prière Domine, salvum ? N'avons-nous pas alors porté la peine d'une trop grande complaisance à l'égard des souverains ? Sans rappeler l'insertion irrégulière du nom du roi au Canon de la messe, entreprise qu'on peut regarder comme prescrite aujourd'hui, quelle n'eût pas été notre indépendance à l'égard des circulaires ministérielles, si nous eussions accepté dans son temps la sage constitution de Benoît XIV, du 23 mars 1753, qui défend aux supérieurs ecclésiastiques d'accéder aux volontés des princes qui leur enjoignent de faire célébrer des prières publiques ? Pourquoi, dans certains diocèses, en est-on venu jusqu'à prescrire à toutes les messes chantées des dimanches et fêtes, l'usage d'une oraison solennelle, pro Rege, laquelle oraison se retrouve encore comme une partie obligée des prières qui se font au salut du Saint-Sacrement, tandis qu'il est inouï dans ces mêmes diocèses que les rubriques prescrivent jamais une oraison pour le Pape ? Enfin, s'il arrivait, ce que nous ne souhaitons pas, que le gouvernement de notre pays vînt à tourner totalement à la démocratie, quelle messe chanterait-on dans certains diocèses, le XXIIe dimanche après la Pentecôte ? (voyez les Missels de Lyon, de Bourges, du Mans, de Poitiers, etc.)

 

Il est vrai que ces entraves imposées à la liberté de l'Eglise ont été fabriquées dans d'autres temps. Notre tort, si nous en avons un, est simplement de n'avoir pas secoué assez tôt un joug que les XVIIe et XVIIIe siècles nous ont légué : il faut même reconnaître que toutes les fautes que nous avons pu faire en notre époque ont été comme nécessaires. Nos pères nous ont laissé, avec leurs préjugés, la succession de leurs oeuvres, et si la Liturgie est aujourd'hui une science à créer de nouveau ; c'est qu'elle est tombée sous les coups de nos devanciers. Tout le mal de notre situation vient donc d'eux; le bien qui reste à raconter est de nous seuls.

 

Mais avant de tracer le tableau, si incomplet qu'il soit, de la régénération liturgique, nous manquerions à la fidélité de l'historien, si nous ne signalions pas ici les entreprises dirigées de nos jours, dans plusieurs diocèses, contre la Liturgie romaine. Les remarques que nous avons faites jusqu'ici portent sur les diocèses qui, à l'ouverture du siècle présent, se trouvaient déjà nantis d'un nouveau bréviaire ; car nous laissons toujours de côté la question de droit, et nous ne jugeons les innovations que d'après les principes généraux de la Liturgie. Il en est tout autrement de l'expulsion violente du Bréviaire et du Missel romains ; attentat qui a eu lieu plusieurs fois depuis 1815, dans des diocèses où cette Liturgie avait survécu à tous nos désastres, à toutes nos erreurs. Nous ne craignons pas de nous faire ici le champion de la Liturgie romaine, et nous demanderons volontiers, comme les évêques de Saint-Malo et de Saint-Pol-de-Léon à l'archevêque de Tours, en 1780, quelle peut être l'utilité de rompre, de nos jours, un lien si sacré avec la Mère des Églises ? Telle était aussi la manière de penser du plus saint prélat de notre temps, Charles-François d'Aviau du Bois de Sanzay, archevêque de Bordeaux, qui maintint avec tant de zèle dans son diocèse la Liturgie romaine, en même temps qu'il donnait, en 1826, comme en 1811, de si glorieux témoignages de son attachement aux prérogatives du Siège apostolique. Un bruit se répandit dans ces derniers temps, que l'Église de Bordeaux était menacée de voir les livres de saint Grégoire remplacés par ceux de Vigier et Mésenguy ; mais cette nouvelle, sans doute, n'était qu'une fausse alarme.

 

Malheureusement, il n'en a pas été ainsi en tous lieux. Il n'est que trop certain que plusieurs autres diocèses ont franchi le pas. Il en est même où on est allé jusqu'à défendre l'usage des livres romains, et nous pourrions même citer un diocèse où l'évêque, pour ne pas fulminer cette défense, a eu à lutter contre ses conseillers. Il est vrai que depuis, dans ce même diocèse, de graves casuistes ont décidé que la récitation du Bréviaire romain n'était dès lors qu'un péché véniel ! Et qu'on ne croie pas qu'il s'agisse ici de quelqu'un de ces diocèses où l'on est en possession d'une Liturgie vieille au moins de cinquante années ; non, dans le Diocèse dont nous parlons, les livres romains sont encore à peu près les seuls qu'on trouve dans les sacristies et sur les pupitres du chœur.

 

Que dirons-nous de la Bretagne ? Cette belle et catholique province, toute romaine encore jusqu'en 1770, a vu s'effacer par degrés cette couleur qui annonçait si expressivement sa qualité de pays d'Obédience ; mais du moins en 1790, et longtemps encore depuis, les diocèses de Nantes, de Rennes, de Vannes et de Saint-Brieuc, avaient conservé l'extérieur de la Liturgie romaine. Le clergé récitait ses heures suivant Jacob, Vigier et Mésenguy ; mais le peuple était demeuré en possession de ses chants séculaires dans les églises paroissiales. Depuis, on a imprimé à grands frais d'autres livres ; les anciennes mélodies, l'ancien calendrier, ont disparu pour faire place, ici au parisien, là au poitevin ; mais si, dans quelques portions plus civilisées de la Bretagne, ces changements ont été accueillis avec quelque indifférence, il n'en a pas été de même dans les diocèses peuplés par cette race énergique et forte de croyances qu'on appelle du nom de bas Bretons. L'œuvre nouvelle jusqu'ici ne les tente pas, et quand ils y seront faits, on pourra dire que l'indifférence religieuse les aura gagnés aussi : car on ne s'imagine pas, sans doute, que ces braves gens deviendront capables d'apprendre par cœur les nouveaux chants, par cela seul qu'on les aura forcés d'oublier les anciens. Ils oublieront en même temps le chemin de l'église où rien ne les intéressera plus. Nous le disons avec franchise, la destruction de la Liturgie romaine en basse Bretagne, combinée avec la proscription de la langue jusqu'ici parlée dans cette contrée, amènera pour résultat de faire de ce peuple grossier le pire de tous. Si vous lui ôtez la langue de ses pères, si vous le lancez, tout sauvage qu'il est, dans nos mœurs corrompues, et que vous ne le reteniez pas enchaîné à son passé au moyen des pompes et des chants religieux, vous verrez, au bout de trente ans, ce que vous aurez gagné aux nouvelles théories.

 

En attendant, l'esprit catholique de ces populations simples se débat contre les entraves qu'on lui impose. On rencontre sur les routes des familles entières qui, après avoir vu célébrer dans leur paroisse les funérailles d'une personne chère, avec des chants jusqu'alors inconnus pour elles, s'en vont à trois et quatre lieues faire chanter, dans quelque autre paroisse dont les livres romains n'ont pas encore été mis au pilon, une messe de Requiem ; ils veulent entendre encore une fois ces sublimes introït, offertoire et communion, qui sont demeurés si profondément empreints dans leur mémoire, comme l'expression à la fois tendre et sombre de leur douleur. Aux fêtes de la sainte Vierge, après avoir écouté patiemment chanter les psaumes sur des tons étrangers, quand vient le moment où devrait retentir l'hymne des marins, l’Ave maris Stella, merveilleux cantique sans lequel l'Église romaine ne saurait célébrer les solennités de la Mère de Dieu, et que le chantre vient à entonner ces hymnes nouvelles dont pas une syllabe jusqu'ici n'avait frappé l'oreille de ce peuple, vous verriez dans toute l'assistance le déplaisir peint sur les visages ; vous entendriez les hommes et jusqu'aux enfants trépigner d'impatience, et bientôt, après l'office, se répandre en plaintes amères de ce qu'on ne veut plus chanter ce beau cantique qu'ils ont appris sur les genoux de leurs mères, et dont le matelot mêla si souvent les touchants accents au bruit des vents et des flots dans la tempête.

 

Quand le curé, du haut de la chaire, faisant son prône, le dimanche, au lieu de cette belle liste de saints protecteurs qu'offrait chaque semaine le calendrier romain, donne en quatre paroles le bref détail des saints qu'on a bien voulu conserver ; quand la monotone série des dimanches après la Pentecôte se déroule pendant cinq ou six mois, sans que les yeux de ces hommes simples voient se déployer les couleurs variées des confesseurs et des martyrs, sans qu'ils entendent chanter cette autre hymne, qu'ils aimaient tant et qu'ils savaient tous, l’Iste confessor, avec son air tantôt champêtre, tantôt triomphal ; alors ils se prennent à demander à leurs recteurs quel peut être l'avantage de tous ces changements dans la manière d'honorer Dieu ; si les chrétiens du temps passé qui chantaient Ave maris Stella et Iste confessor, ne valaient pas bien ceux d'aujourd'hui ; si les livres de notre Saint-Père le Pape ne seraient pas aussi bons que les nouveaux qu'on a apportés tout à coup ; et souvent les recteurs sont dans un grand embarras pour leur faire saisir tout l'avantage que la religion devra retirer de ces innovations. Dans ces contrées, et nous parlons avec connaissance de cause, l'ancien clergé a tenu jusqu'à la fin pour le romain, et c'est parce que ses rangs s'éclaircissent de jour en jour, que les changements deviennent possibles : mais, nous le répétons, si la religion vient à perdre son empire sur les Bretons, elle ne le regagnera pas de sitôt, et on sentira alors qu'il était plus facile de retenir ces hommes dans l'Église, que de les y faire rentrer quand une fois ils en seront dehors.

 

Restait encore jusqu'en 1835, au fond de la Bretagne, un diocèse qui, garanti par son heureuse situation à l'extrémité de cette province, par l'intégrité des mœurs antiques de ses habitants, n'avait point pris part à la défection universelle.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XXIV : DE LA LITURGIE AU XIXe SIÈCLE.

 

Mgr Charles-François d'Aviau du Bois de Sanzay, Archevêque de Bordeaux de 1802 à 1826

Mgr Charles François d'Aviau du Bois de Sanzay, Archevêque de Bordeaux

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25 juin 2012 1 25 /06 /juin /2012 11:30

Tels étaient les riches et féconds moyens que la divine Providence avait choisis pour rattacher les Français au centre de l'unité catholique, à la veille des malheurs inouïs qui se préparaient à fondre sur l'Eglise romaine, au grand péril de l'unité et de la foi.

 

Pie VII partit enfin de Paris le 4 avril, et son voyage à travers la France fut un triomphe continuel. Il s'arrêta le dimanche des Rameaux à Troyes, bénit les palmes et célébra une messe basse dans la cathédrale. L'ancienne cathédrale de Chalon-sur-Saône eut la gloire de le posséder les trois derniers jours de la Semaine sainte, et le vit, le jour de Pâques, célébrer le saint Sacrifice dans son enceinte. Le pontife ne put encore dire qu'une messe basse par la même raison qui avait privé Notre-Dame de Paris de l'honneur de servir de théâtre sacré à une solennité papale.

 

Mais le moment le plus triomphal du voyage du pontife fut peut-être celui de son séjour à Lyon, en cette ville si justement appelée la Rome de la France. Pie VII y entra le 16 avril. Le lendemain il célébra la messe dans la vieille primatiale qui a vu deux conciles œcuméniques et la réunion de l'Église grecque et de l'Église latine. L'affluence était extrême, et la vaste basilique ne pouvait contenir la multitude condensée des fidèles lyonnais. On vit une foule de personnes qui n'avaient pu pénétrer dans son enceinte qu'après la sortie du pontife, se précipiter avec enthousiasme et baiser le siège où il s'était reposé, le prie-Dieu où il avait fait ses prières, le tapis sur lequel il avait posé ses pieds. Le 18 avril, Pie VII revint célébrer la messe dans la primatiale, et ce ne fut qu'après avoir donné la communion à douze cents fidèles, ce qui dura trois heures, que ses bras apostoliques se reposèrent. Le même jour, dans l'après-midi, il les étendit encore, en présence de la cité tout entière, réunie sur l'immense place Bellecour, et ce fut pour bénir, avec une pompe magnifique, les drapeaux de la garde lyonnaise.

 

Toutefois, ce spectacle fut moins sublime encore que celui qui s'était offert la veille, lorsque le successeur de saint Pierre, assis sur une barque, parcourait les alentours de la ville enivrée de joie. Le peuple fidèle couvrait, à flots pressés, les deux rives ; le pontife, comme Jésus-Christ lui-même, bénissait la foule du sein de la nacelle, et le Rhône, fier d'un si noble fardeau, semblait atteindre à la gloire du Tibre. Mais n'affaiblissons point, par des récits incomplets et sans couleur, le charme et la grandeur de cette sublime apparition de la majesté apostolique qui se révéla soudain aux Français. Bientôt Pie VII rentre dans Rome pour quatre années encore : voyons ce que devenaient en France les traditions du culte divin, subitement ravivées par un événement si merveilleux.

 

On était en 1806 ; le projet d'une Liturgie nationale était encore dans toutes les bouches ; mais la Commission préposée à cette oeuvre ne produisait rien. Le fameux projet avorta donc, et il n'en resta plus de mémoire que dans les articles organiques. D'autre part, cependant, Napoléon étant empereur, et empereur sacré par le pape, il devenait nécessaire qu'il eût une chapelle impériale, et aussi que cette chapelle célébrât l'office divin suivant les règles d'une Liturgie quelconque. L'ancienne cour, comme on l'a vu ailleurs, observait l'usage romain, depuis Henri III ; Napoléon, si jaloux de faire revivre en toutes choses l'étiquette de Versailles, y dérogea sur ce point. Il abolit la Liturgie romaine, et décréta que les livres parisiens seraient les seuls dont on ferait usage en sa présence. Grand honneur assurément pour Vigier et Mésenguy, mais preuve nouvelle de l'antipathie que le grand homme, si clairvoyant, avait conçue pour tout ce qui pouvait gêner ses rêves d'Église nationale.

 

Dans toute la durée de l'empire, nous n'avons découvert aucune nouvelle composition liturgique à l'usage d'un diocèse particulier. Il y eut sans doute des utopies comme au siècle précédent ; mais le temps n'était pas propice à en faire parade. Cette époque ne produisit même pas une nouvelle édition parisienne des livres de Vintimille. Nous ne connaissons guère que le diocèse de Lyon qui ait alors réimprimé les livres de son Montazet. La guerre absorbait tout, et d'ailleurs le moment était peu favorable pour songer à faire du neuf sur la Liturgie, quand la catholicité de la France était elle-même en péril, et que le pontife triomphateur de 1805, traversait la France sous les chaînes de sa glorieuse confession.

 

Le Fort armé qui avait refusé le rôle de Charlemagne, tomba avant le temps, et les églises respirèrent ; toutefois, la liberté du catholicisme ne fut pas restaurée avant l'ancienne dynastie. Il n'est point de notre sujet de raconter ce que l'Eglise souffrit durant quinze années, ni ce qu'elle a pâti depuis ; nous n'avons qu'à raconter le sort de la Liturgie. D'abord, Louis XVIII rétablit, dès son arrivée, l'usage de la Liturgie romaine dans les chapelles royales : la simple raison d'étiquette l'eût demandée, et nous ne nous arrêterons point à chercher dans cet acte une valeur ou une signification qu'il ne saurait avoir.

 

Mais, avant d'entrer dans quelques détails sur cette époque, nous rappellerons ici deux grands faits qui la dépeignent assez bien, du moins sous le point de vue qui nous occupe. Le premier est le sacre de Charles X, à Reims. En cette circonstance, la Liturgie fut encore l'expression de la société. On ne se servit point du Pontifical romain dans la cérémonie, comme on avait fait au sacre de Napoléon, mais bien du cérémonial usité de temps immémorial dans l'Église de Reims, et dont les formules remontent probablement à l'époque de la seconde race de nos rois. Or ce fut ce vénérable monument, dont la teneur fut discutée en conseil des ministres, et dont les formules furent trouvées incompatibles avec nos mœurs constitutionnelles et gallicanes. On le vit donc bientôt sortir des presses de l'imprimerie royale, portant, en dix endroits, la trace des plus violentes mutilations. Nous donnerons ailleurs le détail de cette opération libérale ; mais tout d'abord une réflexion se présente à notre esprit, et nous ne pouvons nous empêcher de la produire ; c'est que si la cérémonie du couronnement d'un roi est devenue, de nos temps, si difficile à concilier avec la forme qu'on lui donna lors de son institution, il eût été mieux, ce semble, de s'abstenir de la renouveler. Il avait été également convenu, en conseil des ministres, que le roi ne toucherait pas les écrouelles ; tant on cherchait à décliner toute la portée d'un acte qu'on croyait pourtant devoir offrir en spectacle à l'Europe ! Il advint néanmoins qu'à Reims même, cette détermination fut changée. S'il était de notre sujet d'entrer ici dans les détails, nous dirions des choses étranges. Quoi qu'il en soit, le pieux roi toucha les écrouelles ; car sa foi était digne d'un siècle meilleur, et si la couronne posée sur son front, après tant de discussions politico-liturgiques, n'y put tenir longtemps, il a été du moins au pouvoir de Dieu de la remplacer par une autre plus solide et plus inattaquable.

 

Une autre pompe de la même époque qui montra le grand besoin qu'on avait alors de fortifier, même dans les choses de pur extérieur, les traditions liturgiques de tous les temps, fut la translation des reliques de saint Vincent de Paul. Sans doute, cette cérémonie dans son objet dut être et fut, en effet, un sujet de consolation pour l'Église, et de triomphe pour les fidèles ; mais, si le procès-verbal détaillé de la fonction parvient à la postérité, et que la postérité veuille juger de cette translation d'après les règles observées dans toutes les autres, elle en conclura que nos mœurs, à cette époque, étaient grandement déchues de cette solennité qui se trouve à l'aise dans les formes liturgiques. Le XVIIe et le XVIIIe siècle lui-même, eussent mieux fait, et tout dégénérés qu'ils étaient, ils eussent jeté des chapes et des tuniques sur les épaules de ces six cents clercs qu'on vit circuler en rangs mille fois brisés, couverts de surplis étriqués et plissés, avec l'accompagnement d'un bonnet pointu ; ils eussent revêtu pontificalement ces dix-sept archevêques et évêques qu'on vit marcher à la suite des chanoines, en simple rochet, mozette et croix pectorale, au rang des dignités du chapitre de Notre-Dame ; mais surtout ils n'eussent pas laissé à des ouvriers affublés d'aubes, le soin exclusif de porter la châsse du saint. On eût préparé pour cela des diacres couverts des plus riches dalmatiques, des prêtres ornés de chasubles somptueuses, enfin les évêques, mitre en tête, auraient à leur tour partagé le fardeau, suivant l'ancien terme des récits de translation, succollantibus episcopis.

 

Ainsi s'accomplissaient autrefois les fonctions liturgiques ; ainsi les reverrons-nous encore, dans l'avenir, étonner les peuples par la majesté et la pompe qui caractérisent en tout l'Église catholique. Elle doit tenir à cœur de mériter les reproches de ses ennemis les rationalistes, qui croient la déshonorer en l'appelant la Religion de la forme, comme si le premier de ses dogmes n'était pas de croire en Dieu créateur des choses visibles aussi bien que des invisibles, et dont le Fils unique s'est fait chair et a habité parmi nous.

 

L'époque de la Restauration, à la différence de celle de l'empire, fut remarquable par le grand nombre d'opérations liturgiques qui la signalèrent.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XXIV : DE LA LITURGIE AU XIXe SIÈCLE.

 

Sacre de Charles X 

Sacre de Charles X à Reims, Baron Gérard,  Château de Versailles

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22 juin 2012 5 22 /06 /juin /2012 11:30

Mais au fort même de ce triomphe, comme il est de nécessité en ce monde que les tribulations accompagnent toujours fidèlement les succès de l'Eglise, des obstacles inattendus vinrent tempérer la joie du Pontife romain et de l'Église de France.

 

Sans doute, le concordat avait été publié à Notre-Dame ; mais quelques jours auparavant, le 8 avril 1802 (18 germinal an X), jour même où ce traité avait été porté au Corps législatif, et inauguré comme loi de la République, on avait décrété en même temps, sous le nom d’ Articles organiques, soixante-dix-sept articles dont le plus grand nombre avait été conçu et rédigé dans le but d'amortir l'influence du catholicisme, et d'arrêter le développement de ses institutions renaissantes. Il n'est point de notre sujet de développer ici toute la série des dispositions de ce décret tyrannique, contre lequel le Siège apostolique ne tarda pas à faire entendre les plus explicites réclamations. Nous nous bornerons à relever quelques-unes des dispositions du titre III, intitulé : Du Culte.

 

La première avait une portée immense, malgré sa brièveté, et elle était ainsi conçue : Il n'y aura qu'une Liturgie et un catéchisme pour toutes les églises catholiques de France. Laissant de côté le catéchisme, bornons-nous à ce qui tient à la Liturgie. On conçoit aisément que, par suite de la nouvelle circonscription des diocèses, l'Église de France devait se trouver dans une déplorable confusion sous le rapport de la Liturgie. Le nombre des diocèses ayant été réduit de plus de moitié, et par conséquent les nouveaux évêchés se trouvant formés, en tout ou en partie, du territoire de trois ou quatre et quelquefois jusqu'à sept des anciens diocèses, il arrivait, par suite des changements survenus au dix-huitième siècle, que la Liturgie de l'église cathédrale, loin de réunir les autres églises du diocèse dans l'unité de ses formes, se voyait disputer le terrain par cinq ou six autres Liturgies rivales. Certes, un si étrange spectacle était inouï dans l'Eglise ; jamais en aucun temps, en aucun pays, la communion des prières publiques n'avait présenté l'aspect d'une si étrange anarchie ; bien plus, pour qu'elle fût devenue possible par suite d'un remaniement des diocèses, il avait fallu qu'il existât déjà, dans un seul pays qui ne compte pas trois cents lieues d'étendue, plus de diverses formes d'office divin qu'il n'en existe dans le monde entier, sans oublier même les églises d'Orient.

 

Les conciliabules de 1797 et de 1801 avaient senti l'inconvénient de cette situation; car, bien que l'Église constitutionnelle comptât un évêché par département, la division de la France en départements avait déjà grandement bouleversé la circonscription des diocèses. Mais les évêques réunis, comme ils le disent fort bien, trouvaient surtout dans le projet d'une Liturgie uniforme pour la France (idée qui leur appartient en propre), un moyen efficace de perpétuer leur secte, si elle fût née viable, en rattachant cette organisation liturgique au système de nivellement et de centralisation sur lequel avait été fondée la république. On conçoit parfaitement cette idée dans une Église schismatique repoussée par toutes les autres églises, et qui ne peut avoir de vie qu'en se nationalisant ; mais quel machiavélisme impie que celui de ces législateurs qui, dans le moment où la France venait de rentrer dans l'unité catholique, décrétaient que le moment était venu de travailler sérieusement à élever pour jamais un mur de séparation entre l'Église de France et toutes les autres ? Telle n'avait pas été la politique de Charlemagne, ni celle de saint Grégoire VII, ni celle d'Alphonse VI de Castille, ces grands civilisateurs qui voyaient le salut et la gloire des États européens dans l'unité générale de la chrétienté, et qui brisaient de si grand cœur tout retranchement derrière lequel la religion universelle eût tendu à devenir chose nationale. Et cependant nous avons entendu des gens honorables, mais d'une insigne imprudence, former encore ce souhait d'une Liturgie nationale ; ne pas sentir quelle honte c'eût été pour la France, de se retrouver, après mille ans, dans l'état où elle était lorsqu'elle préludait à ses destinées de nation très chrétienne, ayant perdu et l'antiquité vénérable de la Liturgie gallicane, et l'autorité souveraine de la Liturgie romaine, sans autre compensation que des traditions qui eussent daté du XIXe, ou du XVIIIe siècle.

 

Dieu ne permit pas que cette œuvre anticatholique reçût son accomplissement. Une commission fut nommée pour la rédaction des nouveaux livres de l'Église de France ; mais le résultat de ses travaux ne fut même pas rendu public. On sait seulement que plusieurs des membres cherchèrent à faire prévaloir, l'un la Liturgie parisienne, l'autre celle de tel ou tel diocèse, un autre enfin un amalgame formé de toutes ensemble. Personne n'osa proposer de revenir à l'ancien rite gallican, seul projet pourtant qui eût été sensé, le principe étant admis ; mais projet impraticable, puisque les monuments de ce rite ont péri pour la plupart. Il en fut donc de ce projet de Liturgie nationale, comme de la réédification du temple de Jérusalem au IVe siècle ; ou si l'on veut remonter plus haut, comme de la tour de Babel ; et le grand homme qui parlait de son prédécesseur Charlemagne, fut atteint et convaincu de n'avoir pu s'élever à la hauteur des vues de cet illustre fondateur de la société européenne. Au reste, qu'on y regarde bien, on verra que toutes les fautes de Napoléon étaient là. Il n'est tombé de si haut que pour avoir voulu faire de l'Église et du Pape une chose française. Est-ce l'erreur de son esprit ? est-ce le crime de son cœur ? Dieu seul le sait bien.

 

Le reste des Articles organiques du titre III est employé à détailler maintes servitudes auxquelles l'Église sera soumise en France. Nous citerons le XLVe article, si tyrannique, que les protestants eux-mêmes ont plusieurs fois réclamé contre : "Aucune cérémonie religieuse n'aura lieu hors des édifices consacrés au culte catholique, dans les villes où il y a des temples destinés à différents cultes. Ainsi avait-on cherché à atténuer la victoire du catholicisme, en prolongeant le règne de cette intolérance qui n'était plus sanglante, il est vrai, comme celle de la Convention, mais qui allait chercher ses traditions dans les annales des parlements et dans les fastes antiliturgistes de Joseph II et de Léopold.

 

Pendant ce temps, d'importantes opérations liturgiques s'exécutaient à Paris, par le ministère du légat Caprara, qu'une délégation apostolique avait investi de tous les droits nécessaires pour agir avec plénitude d'autorité dans les circonstances solennelles où se trouvait l'Église de France. La réduction des fêtes aux seules solennités de Noël, de l'Ascension et de la Toussaint ; la translation au dimanche de la solennité des fêtes de l'Epiphanie, du Saint Sacrement, de saint Pierre et de saint Paul, des saints patrons du diocèse et de la paroisse ; l'institution d'une commémoration de tous les saints Apôtres au jour de la fête de saint Pierre et de saint Paul, et de tous les saints Martyrs, au jour de saint Etienne ; enfin, la fixation de la fête de la Dédicace de l'Église au dimanche qui suit l'octave de la Toussaint ; ce furent là de grands événements dans l'ordre liturgique, et nous aurons ailleurs l'occasion d'en peser toute la valeur. L'induit du légat, exprimant sur ce sujet les volontés apostoliques, parut le 9 avril 1802, et fut interprété par le légat lui-même, dans un décret rendu à la sollicitation du vicaire général de l'archevêque de Malines, sous la date du 21 juin 1804. Nous donnerons ces diverses pièces en leur lieu.

 

Les dures nécessités qui contraignaient le Siège apostolique à sacrifier un si grand nombre de fêtes célèbres dans l'Église, au risque de contrister la piété des fidèles catholiques, ne permirent pas d'assigner un jour spécial à la fête longtemps projetée du Rétablissement de la religion catholique en France, non plus qu'à celle de saint Napoléon, dont l'institution devenait indispensable, du moment que le général Bonaparte échangeait les faisceaux du consulat avec le sceptre impérial. On pensa donc à joindre la célébration de ces deux fêtes nouvelles avec la solennité même de l'Assomption de la sainte Vierge, patronne de la France. Le 15 août était aussi le jour de la naissance de l'Empereur ; il eût donc été difficile de trouver un jour plus convenable pour cette triple solennité nationale. Le légat rendit sur cette matière un décret solennel qui commence par ces mots : Eximium Catholicœ Religionis, mais dont nous n'avons pu nous procurer la teneur ; et, le 21 mai 1806, il adressa à tous les évêques de l'Empire une instruction détaillée sur la manière de célébrer la fonction du 15 août.  

 

Cette curieuse instruction était divisée en trois parties. Dans la première, il était enjoint aux évêques d'annoncer par mandement ou autrement, le premier dimanche d'août de chaque année, la fête de saint Napoléon, martyr, laquelle est en même temps la fête du Rétablissement de la Religion catholique, comme devant être célébrée concurremment avec la solennité de l'Assomption de la sainte Vierge. Ils devaient semblablement annoncer la procession de l'action de grâces qu'on aurait à célébrer, conformément au rite usité dans l'Église : Juxta receptum Ecclesiae ritum ; et enfin publier une indulgence plénière attachée à la bénédiction papale que Sa Sainteté leur accordait de pouvoir donner ledit jour de l'Assomption, après la messe pontificale.

 

La seconde partie de l'instruction renfermait la légende de saint Napoléon, destinée à être lue, en neuvième leçon, aux matines de l'Assomption. On s'était sans doute donné beaucoup de peine pour la conduire à une si raisonnable longueur ; mais, quoi qu'il en soit, l'office du saint martyr avait été complété au moyen des oraisons de la messe Lœtabitur, au Missel romain. Le rite à observer pour la bénédiction papale était détaillé dans la troisième partie de l'instruction.

 

Le sacre de Napoléon avait été aussi un grand acte liturgique : mais, en cette qualité même, il exprimait d'une manière bien significative toute la distance qui séparait le nouveau Charlemagne de l'ancien. On pouvait, certes, comprendre que la Liturgie est l'expression de la religion dans un pays, quand on vit le pontife romain, accouru, par le plus généreux dévouement, pour prêter son ministère à un si grand acte, attendre, en habits pontificaux, sur son trône, à Notre-Dame, pendant une heure entière, aux yeux de toute la France, l'arrivée du nouvel empereur ; quand on vit Napoléon prendre lui-même la couronne, au lieu de la recevoir du pontife, et couronner ensuite de ses mains profanes le front d'une princesse sur lequel, il est vrai, le diadème ne put tenir ; quand on vit enfin l'évêque du dehors, sacré de l'huile sainte, s'abstenir de participer aux mystères sacrés, terrible présage de l'arrêt qui devait, cinq ans plus tard, le retrancher de la communion catholique. Ce ne fut qu'en faisant violence aux règles les plus précises de la Liturgie (dérogation d'ailleurs légitimée par la plénitude d'autorité qui résidait dans le pontife), que l'antique rite du sacre put être accompli à l'égard de Napoléon : nous verrons encore ailleurs que la royauté de nos jours, absolue ou constitutionnelle, n'est plus taillée à la mesure des anciens jours. Les peuples, au contraire, ne demandent qu'à se nourrir des plus pures émotions de la Liturgie.

 

Rien ne pourrait rendre l'enthousiasme des fidèles de Paris et des provinces, durant les quatre mois que Pie VII passa dans la capitale de l'Empire. Il n'y avait cependant rien d'officiel ni de cérémonieux dans cette affluence qui inondait les églises où le Saint-Père venait célébrer la messe. Les fidèles se pressaient par milliers autour de la table sainte, dans l'espoir de recevoir l'hostie du salut des mains mêmes du vicaire de Jésus-Christ, et c'était un spectacle ineffable que celui qu'offrait cette multitude, chantant d'une seule voix le Credo entonné par le curé, environnant comme d'une atmosphère de foi le pieux pontife qui, dans un recueillement profond, célébrait le sacrifice éternel, et rendait grâce de trouver encore tant de religion au cœur des Français.

 

Saint-Sulpice fut la première église de Paris honorée de la visite du pontife, le quatrième dimanche de l'Avent. Notre-Dame le posséda le jour même de Noël ; mais il n'y célébra qu'une messe basse, parce qu'on n'aurait pu réunir les conditions liturgiques d'une fonction papale.

 

Le jour des Saints-Innocents, il favorisa Saint-Eustache de sa présence apostolique, et le 30 décembre, Saint-Roch reçut le même honneur. Saint-Etienne-du-Mont accueillit le pontife, le 12 janvier 1805, et Sainte-Marguerite, le 10 février. Il visita Saint-Germain-l'Auxerrois le 17 février ; Saint-Merry, le 24 ; Saint-Germain-des-Prés, le 30 mars, et Saint-Louis en l'île, le 10 du même mois. Nous ne parlons ici que des églises où Pie VII célébra la messe et donna la communion aux fidèles, et nous nous sommes complu dans cette énumération, afin que la mémoire de ces faits si honorables à ces églises ne périsse pas tout à fait (on peut voir sur cela les journaux du temps, mais surtout le précieux recueil intitulé : Annales philosophiques et littéraires, rédigé alors par l'abbé de Boulogne, qui fut depuis évêque de Troyes.).

 

Il y aurait un beau livre à faire sur le séjour de Pie VII en France, à cette époque ; mais rien peut-être ne serait plus touchant à raconter que les visites que le pontife faisait à ces églises qui portaient encore les traces de la dévastation qu'elles avaient soufferte, et dans lesquelles il célébrait la messe avec le recueillement angélique si admirablement empreint sur sa noble et touchante figure. Les Parisiens, dont il était l'idole, disaient sur lui ce beau mot, qu'il priait en pape. Entre autres spectacles liturgiques qui frappèrent leurs regards, il en est deux qui firent une plus profonde impression. L'un fut la tenue d'un consistoire public, le 1er février 1805, dans lequel les cardinaux de Belloy et Cambacérès reçurent le chapeau de cardinal; après quoi, Pie VII présida un consistoire secret dans lequel furent préconisés dix archevêques ou évêques. Les murs de l'archevêché, qui depuis ont croulé sous les coups d'une fureur sacrilège, furent témoins de cette scène imposante qui, depuis bien des siècles, s'était rarement accomplie hors de l'enceinte de Rome.

 

Le lendemain,  jour de la Purification, une autre pompe émut les catholiques de respect et d'enthousiasme : elle se déploya en l'église de Saint-Sulpice. Le pape y consacra les nouveaux évêques de Poitiers et de La Rochelle, et l'on vit en ce moment la grâce du caractère épiscopal découler de la même source que la mission canonique.

 

Tels étaient les riches et féconds moyens que la divine Providence avait choisis pour rattacher les Français au centre de l'unité catholique, à la veille des malheurs inouïs qui se préparaient à fondre sur l'Eglise romaine, au grand péril de l'unité et de la foi.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XXIV : DE LA LITURGIE AU XIXe SIÈCLE.

 

Sacre de l'empereur Napoléon Ier

Sacre de L'Empereur Napoléon Ier, Jacques-Louis David, Musée du Louvre

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21 juin 2012 4 21 /06 /juin /2012 11:30

Le XVIIIe siècle, en finissant, voyait s'éteindre la cruelle persécution dont l'Église de France avait eu à supporter les rigueurs pendant dix années.

 

Dès l'année 1799, des oratoires publics, des églises même se rouvraient de toutes parts. Les prêtres se montraient avec plus de sécurité, les autels dépouillés revoyaient comme une ombre des anciennes pompes. On osait enfin exposer au jour ces quelques vases sacrés, ces ornements, ces reliquaires, derniers et rares débris de l'opulence catholique, soustraits à la cupidité des persécuteurs, par le mâle courage de quelque chrétien qui jouait sa tête. Rien n'était sublime comme ces premières apparitions des symboles de la foi de nos pères, comme ces messes célébrées au sein de nos grandes villes, dans ces églises dévastées, violées, mais toujours chastes, et tressaillant de revoir encore le doux sacrifice de l'Agneau, après les orgies des fêtes de la Raison et les paroles de la théophilanthropie.

 

Dans Paris même, il advint que, tandis que les restes de l'Église constitutionnelle s'agitaient encore dans la métropole de Notre-Dame, l'étroite, mais à jamais vénérable église des Carmes de la rue de Vaugirard s'ouvrait à la piété des fidèles catholiques. Le sang des pontifes, des prêtres et des religieux martyrs, épanché si abondamment dans son enceinte et ses alentours, l'avait marquée pour le rendez-vous sublime des pasteurs décimés par l'échafaud et les misères de l'exil. A Lyon, dès 1801, la procession de la Fête-Dieu traversait les rues, aux acclamations des peuples enivrés de joie :

" Quelle est, écrivait à ce sujet, dans le Mercure de France,celui qui s'apprêtait à raconter le Génie du Christianisme, quelle est cette puissance extraordinaire qui promène ces cent mille chrétiens sur ces ruines ? Par quel prodige la croix reparaît-elle en triomphe dans cette même cité où naguère une dérision horrible la traînait dans la fange ou le sang ? D'où renaît cette solennité proscrite ? Quel chant de miséricorde a remplacé si soudainement le bruit du canon et les cris des chrétiens foudroyés ? Sont-ce les pères, les mères, les frères, les sœurs, les enfants de ces victimes qui prient pour les ennemis de la foi, et que vous voyez à genoux de toutes parts aux fenêtres de ces maisons délabrées, et sur les monceaux de pierres où le sang des martyrs fume encore ? Ces collines chargées de monastères, non moins religieux parce qu'ils sont déserts ; ces deux fleuves où la cendre des confesseurs de Jésus-Christ a si souvent été jetée : tous ces lieux consacrés par les premiers pas du christianisme dans les Gaules ; cette grotte de saint Pothin, ces catacombes d'Irénée, n'ont point vu de plus grand miracle que celui qui s'opère aujourd'hui."

 

C'est que l'amour des pompes sacrées est profondément enraciné au cœur des Français, et que l'alliance de la foi et de la poésie, qui constitue le fond de la Liturgie catholique, a pour eux un si grand charme, qu'il n'est ni souffrances ni intérêts politiques qu'ils n'oublieraient dans les moments où de si nobles et si profondes émotions traversent leurs âmes. Combien donc avaient été coupables ou imprudents ceux qui avaient eu le triste courage, durant un siècle entier, de travailler par tous les moyens à dépopulariser les chants religieux, à ruiner les pieuses traditions qui sont la vie des peuples croyants !

 

C'était, certes, un triste contraste que celui qui s'était offert mille fois dans le cours de la persécution, lorsqu'au fond de quelque antre ignoré, à la faveur des ombres de la nuit et du mystère, les fidèles, réunis à travers mille périls, entouraient l'autel rustique, et qu'alors le prêtre, confesseur et peut-être martyr dans quelques heures, plaçait sur cet autel non le missel des âges de foi, mais ce moderne missel rédigé par les mains impures d'un sectaire, et promulgué avec le concours des parlements, aux beaux temps de la Régence ou de madame de Pompadour, alors qu'on travaillait de toutes mains à préparer l'affreuse catastrophe qui avait enfin éclaté. Et n'était-ce pas aussi un pitoyable spectacle que celui qui s'était offert dans la rade de Roche-fort, en 1798, lorsque les neuf cents prêtres, confesseurs de la foi, réunis dans la même fidélité et dans les mêmes souffrances, ne pouvaient s'unir dans une même psalmodie, parce que le petit nombre des bréviaires qu'on avait pu introduire dans ces prisons flottantes représentaient, pour ainsi dire, autant de diocèses différents qu'ils formaient d'exemplaires. Nous devons ce détail, qu'il était du reste bien facile de pressentir, au vénérable abbé Ménochet, chanoine de Saint-Julien du Mans, et vicaire général, décédé en 1834. Il était du petit nombre de ces glorieux confesseurs que la mort épargna, afin qu'ils pussent rendre témoignage des scènes sublimes de Rochefort. La mémoire de ce saint prêtre est précieuse à Solesmes : nous ne saurions jamais oublier qu'il eut la bonté de venir présider à l'installation de ce monastère en 1833, alors qu'une pareille démarche était un acte de courage.

 

Certes, si la persécution qui faillit dévorer l'Église de France, eût été avancée d'un siècle, on eût du moins entendu s'élever du fond des cachots la prière uniforme des confesseurs, la prière romaine que l'univers catholique tout entier fait monter vers le ciel sept fois le jour. Il est vrai que le sang des martyrs suppléait à tout. L'Église de France puisa dans ce bain glorieux une nouvelle naissance. Mais il fallut que tout entière elle fût offerte en holocauste : la charité pastorale, fécondée par l'obéissance au pontife romain, immola ceux que le glaive avait épargnés. Le concordat de 1801 fut conclu et bientôt ratifié par Pie VII. La bulle pour la nouvelle circonscription des diocèses fut donnée à Rome : la nouvelle Église de France devait donc tout au Siège apostolique. Les antiques préjugés ne pouvaient tout au plus que se débattre en expirant.

 

Le concordat de 1801 avait une grande portée liturgique. Il garantissait l'exercice du culte catholique ; aussi fut-il accepté comme un immense bienfait, par une nation qui avait tressailli de joie au retour de ses prêtres. Rien ne pourrait dépeindre l'enthousiasme des Parisiens, lorsqu'enfin, le 18 avril 1802, le concordat fut promulgué, au milieu d'une cérémonie religieuse et civique. C'était le jour même de Pâques ; en sorte que les fidèles avaient à solenniser en même temps le passage du Seigneur quand les Israélites sortirent de l'Egypte, la résurrection triomphante du Christ, et la restauration miraculeuse de cette religion que, neuf ans auparavant, un décret sacrilège avait déclarée abolie, comme si le sang pouvait autre chose que fertiliser le champ de l'Église. Le bourdon de Notre-Dame, muet depuis douze ans, ébranlait encore la cité ; et, comme enivrés du bruit de cet airain sacré dont la seule destination semblait être désormais de donner le signal du carnage, les citoyens s'embrassaient dans les rues sans se connaître. Les consuls se rendirent en pompe à Notre-Dame, et l'on vit les étendards français se balancer encore une fois autour du sanctuaire. Jean-Baptiste Caprara, cardinal de la sainte Église romaine, légat apostolique, célébra pontificalement sous ces voûtes réconciliées qu'ébranlaient par moments le mouvement triomphal des tambours et des fanfares belliqueuses. La France retrouvait son antique amour pour la foi catholique, et le premier consul pouvait s'applaudir d'avoir deviné les instincts de la nation : heureux s'il eût su toujours y attacher sa fortune !

 

Un livre d'une haute portée, publié à cette époque, avait grandement servi à préparer les esprits à un retour si merveilleux. Toute la France s'était émue à l'apparition de l'épisode fameux d'un poème américain, et dans lequel l'auteur faisait valoir, avec un talent inouï, l'harmonie des cérémonies religieuses avec les grands aspects de la nature. L'ouvrage annoncé dans la préface de cet opuscule, le Génie du Christianisme parut enfin, au mois d'avril 1802, et ce livre, qui s'attachait à prouver que le christianisme est vrai parce qu'il est beau, avança plus la réconciliation des Français avec l'ancien culte, que cent réfutations de l’Emile ou du Dictionnaire philosophique. Sans doute, la poétique nouvelle révélée par Chateaubriand n'était pas à la portée de tous les lecteurs de ce livre ; on peut même dire (surtout aujourd'hui que nous voilà pour jamais délivrés des grecs et des romains) qu'elle laisse quelque peu à désirer ; mais la partie liturgique du Génie du Christianisme, c'est-à-dire la description des fêtes, des cérémonies, les riches peintures des cathédrales et des cloîtres du moyen âge, tout cela formait la partie populaire de l'ouvrage.

 

Certes, si, quarante ans après, il est vrai de dire que notre littérature, nos arts et notre poésie sont la réfraction plus ou moins riche de l'éclat que jeta alors ce merveilleux météore; quel ne dut pas être l'empressement de la nation, fatiguée des courses desséchantes qu'elle avait été contrainte de faire dans les champs du matérialisme, lorsqu'une main bienfaisante vint ouvrir pour elle une source intarissable de poésie, là même où d'invincibles instincts lui révélaient qu'était toujours pour elle la véritable vie ? Et n'y avait-il pas aussi toute une réaction féconde dans cette promulgation solennelle du christianisme comme la religion éminemment poétique, un siècle et demi après Boileau, qui, digne écho des anti-liturgistes de son Port-Royal, ne voyait dans la foi du chrétien que des mystères terribles, et dans la poésie que des ornements égayés ? C'était bien en leur qualité de littérateurs classiques, que les Foinard et les Grancolas avaient donné les belles théories que nous avons vues, faisant une chasse impitoyable à tous ces répons et antiennes surannés, composés dans un latin si différent de celui de Cicéron, et fourrant toute leur œuvre nouvelle de pastiches à la façon d'Horace, comme pour faire pardonner le cliquetis peu agréable de leurs centons, pillés dans la Bible à tort et à travers, d'après tout autre système que celui de l'harmonie. Le Génie du Christianisme, en posant comme fait la poétique du Christianisme considéré en lui-même, a donc exercé une action vaste, et ce sera un jour une longue histoire que celle des résultats sortis de ce livre, qui, entre beaucoup d'avantages, a celui d'être venu en son temps. L'œil d'aigle de Napoléon en vit dès l'abord toute la portée, et il chercha à s'attacher l'auteur ; Pie VII témoigna sa satisfaction de la manière la plus éclatante ; Dussault, de Fontanes, le grand philosophe de Bonald, s'unirent à l'abbé de Boulogne pour célébrer l'importance de cette victoire remportée sur les ennemis de la forme religieuse.

 

Les Martyrs vinrent plus tard, et fournirent, malgré quelques défauts, l'irrécusable preuve d'un fait que la postérité s'étonnera qu'on ait pu contester une minute. Elle aura peine à comprendre le XVIIIe siècle, siècle prosaïque qui se mêla de tout refaire, parce qu'avant lui la poésie était partout.

 

Mais au fort même de ce triomphe, comme il est de nécessité en ce monde que les tribulations accompagnent toujours fidèlement les succès de l'Eglise, des obstacles inattendus vinrent tempérer la joie du Pontife romain et de l'Église de France.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XXIV : DE LA LITURGIE AU XIXe SIÈCLE. 

 

Portrait de Chateaubriand par Girodet

Portrait de Chateaubriand, dit aussi un homme méditant sur les ruines de Rome, Anne-Louis Girodet

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20 juin 2012 3 20 /06 /juin /2012 11:30

Il est temps enfin de clore cette histoire liturgique du XVIIIe siècle, et de donner le catalogue des écrivains que les cinquante dernières années ont produits sur la matière du culte divin.

 

(1751). Alexandre Politi, clerc régulier des Écoles pies, a laissé un grand travail sous ce titre : Martyrologium Romanum castigatum ac commentariis illustratum. Florence, 1751, in-folio. Nous doutons que cet ouvrage ait été achevé, n'ayant eu entre les mains que le premier tome, qui ne contient que le mois de janvier.

(1752). Benoît Monaldini, moine basilien de Grotta-Ferrata, prêta un concours éclairé à Joseph-Aloyse Assemani, dans la rédaction de son Codex liturgicus, et nous a laissé une lettre érudite adressée à ce savant homme, sur un manuscrit important de la Liturgie jacobite.

 

(1753). Le comte Frédéric Salvaroli a laissé l'ouvrage suivant : De Kalendariis in genere et speciatim de Kalendario ecclesiastico. Venise, 1753, in-8°. Ce volume renferme plusieurs monuments hagiologiques inédits, et trois opuscules intitulés : 1° Iter liturgicum Forojuliense; 2° Baptismale hieroglyphicum epistolica dissertatione explanatum; 3° In quoddam altare portatile epistolaris dissertatio.  

(1753). Sébastien Donati, recteur de l'église de Saint-Alexis, à Lucques, est célèbre par son savant travail : De dittici degli Antichi profani e sacri, coll’appendice di alcuni Necrologj, e Calendarj finora non publicati. Lucques, 1753, in-4°.

(1753). Jean Vignoli, gardien de la bibliothèque vaticane, a donné la dernière édition du Liber pontificalis. Inférieure à celle de Bianchini, elle a du moins sur celle-ci l'avantage d'être achevée. Elle est en trois volumes in-4°, Rome, 1724, 1753, 1755.

 

(1754). Alban Butler, savant et zélé prêtre catholique anglais, s'est fait un nom par ses fameuses Vies des Saints, ouvrage véritablement érudit, et qui a été traduit en français par l'abbé Godescard. Elles parurent en Angleterre, de 1754 à 1760, et furent suivies de onze traités sur les Fêtes mobiles, qui furent imprimés après la mort de l'auteur, et ont été traduits en français par l'abbé Nagot, supérieur du séminaire de Baltimore.

(1754). Fortuna de Brescia, mineur observantin, a laissé une dissertation de Oratoriis domesticis, qui a été réimprimée à la fin du traité de Ecclesiis, de Joseph-Aloyse Assemani.

 

(1755). Alexandre Lesley, jésuite écossais, fidèle compagnon des travaux de son illustre confrère Azevedo, a rendu un des plus importants services à la science liturgique, en publiant le fameux Missale mixtum secundum Regulam beau Isidori, dictum Mozarabes, prœfatione, notis et appendice ornatum. Rome, 1755, in-4° en deux parties. Lesley se proposait de publier aussi le Bréviaire mozarabe, avec un travail analogue à celui du missel. Il préparait aussi une réponse à la fameuse lettre de l'Anglais Middleton, dans laquelle cet auteur prétend prouver que l'Eglise romaine a emprunté ses cérémonies au paganisme.

(1755). Antoine Zanolini, orientaliste distingué, a laissé une dissertation de Eucharistiae sacramento cum christianorum orientalium ritibus in eo conficiendo et administrando. Padoue, 1755, in-8°.

 

(1756). Dom Herman Scholliner, bénédictin allemand, a laissé un savant traité : De Disciplina arcani suœ antiquitati restituta, et ab heterodoxorum impugnationibus vindicata. Typis Monasterii Tegernseensis.

(1756). Joseph Allegranza, dominicain, a publié des Spiegazioni e riflessioni sopra alcuni sacri monumenti antichi di Milano. Milan, 1756, in-4°.

(1756). Joseph Garampi, chanoine de Saint-Pierre au Vatican, archéologue célèbre, est auteur du livre suivant : Notizie, regolee orazioni in onore de’ SS. Martiri della Basilica vaticana, per l'esercizio divoto solito praticarsi in tempo che sta ivi esposta la loro sacra Coltre. Rome, 1756,in-12.

(1756). Gaëtan-Marie Capece, théatin, a donné un savant ouvrage intitulé : De vetusto altaris pallio Ecclesiœ Grœcce Christianorum ex Cimeliarchio Clericorum Regularium domus SS. Apostolorum Neapolitanœ. Naples, 1757, in-4°.

(1756). François-Antoine Vitale est auteur de trois Dissertations Liturgiques, publiées à Rome, 1756, in-4°. Elles traitent des matières suivantes: 1° Dell' antichita, origine, ed ufizio de' Padrini nella Confermazione. — 2° Dell’antico costume di ritenersi da Fedeli l’Eucaristia nelle private case, e di trasmetterla agli Assenti. — 3° Della Communione cristiana, cosa stata fosse, e di quante maniere.

 

(1758). Pierre Pompilius Rodota, professeur de langue grecque à la bibliothèque vaticane, est auteur du grand traité : Dell' origine, progresso, e stato presente del rito greco in Italia osservato da’ Greci, monaci Basiliani e Albanesi. Rome, 1758, trois volumes in-4°.

(1758). Dom Pierre-Louis Galetti, bénédictin de la congrégation du Mont-Cassin, archéologue fameux, appartient à notre bibliothèque par son savant traité del Vestarario della santa Romana Chiesa. Rome, 1758.

 

(1759). Dom Martin Gerbert, illustre abbé bénédictin de Saint-Blaise, dans la Forêt-Noire, a excellé dans les matières liturgiques, comme dans toutes les branches de la science ecclésiastique. Nous avons de lui : 1° Principia theologiae liturgicœ, quoad divinum Officium, Dei cultum et Sanctorum. Saint-Blaise, 1759, in-12. — 2° Un Appendix de arcanis Ecclesiœ traditionibus, à la fin du volume intitulé : Principia Theologiœ exegeticae. Saint-Blaise, 1757, in-12. — 3° De Festorum dierum numero minuendo, celebritate amplianda. Saint-Blaise, 1765, in-8°. — 4° De cantu et musica sacra a prima Ecclesiœ œtate usque ad prœsens tempus. Saint-Blaise, 1774, deux volumes in-4°. — 5° Vêtus Liturgia Alemannica disquisitionibusprœviis, notis et obserpationibus illustrata. Saint-Blaise, 1776, deux parties in-4°. — 6° Monumenta veteris Liturgiœ Alemannicœ, ex antiquis manuscriptis codicibus. Saint-Blaise et Ulm, 1777-1779, deux parties in-4°. — 7° Scriptores Ecclesiastici de Musica sacra, potissimum ex variis Italiœ, Galliœ et Germaniœ codicibus collecti. Saint-Blaise et Ulm, 1784, trois volumes in-4°. Nous nous restreignons à ce simple catalogue, tant parce que les bornes que nous nous sommes tracées dans cette bibliothèque nous interdisent les longs détails, que parce que la réputation de Dom Gerbert est suffisamment établie, comme celle du plus savant liturgiste que l'Allemagne ait jamais possédé, et qui ait illustré l'Ordre de Saint-Benoît, au dix-huitième siècle.  

 

(1760). Joseph-Antoine-Toussaint Dinouart, chanoine de Saint-Benoît de Paris, écrivain attaché aux doctrines du jansénisme, est principalement connu par le Journal ecclésiastique, qui parut sous sa direction, de 1760 à 1786, et dans lequel on trouve un grand nombre de questions singulières sur la Liturgie. Le trop fameux Rondet, en particulier, a inséré dans ce journal un grand nombre d'articles. A l'époque où ce recueil paraissait, le Journal des Savants et le Mercure de France avaient cessé de servir d'organes aux sciences ecclésiastiques.

(1761). Joseph de Bonis, barnabite, a donné l'ouvrage suivant : De Oratoriis publias tractatus historico-canonicus. Milan, 1761.

(1761). Pierre Gallade, auteur dont l'existence et les travaux nous sont révélés par Zaccaria, est auteur de trois dissertations savantes qui parurent à Heidelberg en 1761 et 1762. 1° Templorum Catholicorum antiquitas et consecratio. — 2° Sanctitas Templi ritibus Catholicis consecrali. — 3° Sanctitas Templorum Catholicorum dotat a ac ornata.

 

(1763). Dom Grégoire Zallwein, bénédictin allemand, l'un des premiers canonistes de son siècle, dans ses Principia juris ecclesiastici universalis et particularis Germaniœ (Augsbourg, 1763, quatre volumes in-4°), au tome second, traite avec érudition de Liturgiis, libris liturgicis, et studio liturgico.

 

(1766). C'est l'année où mourut Jean-Laurent Berti, célèbre augustin, assez connu d'ailleurs. Il a laissé deux dissertations en langue italienne sur des matières liturgiques. La première traite des Titres que saint Évariste distribua aux prêtres de Rome, et la seconde du Pallium. Elles ont paru dans un recueil spécial des Opuscules de Berti, à Florence, en 1759, et ont été depuis recueillies dans l'édition complète de ses œuvres, publiée à Venise.

(1766). Pascal Copeti, chanoine, a donné huit dissertations sous ce titre : Discorsi di Liturgia recitati alla presenza di Benedetto XIV Pontefice Massimo, nella sala Apostolica dell' Quirinale. Rome, 1766, in-4°.

(1766). André-Jérôme Andreucci, jésuite, dans son ouvrage intitulé : Hierarchia ecclesiastica in varias suas partes distributa et canonico-theologice exposita (Rome, 1766, in-4°), a donné un traité spécial : De observandis ab Episcopo in authenticandis Reliquiis. Il a laissé aussi un traité de Ritu Ambrosiano, dans le second volume du même ouvrage.

 

(1769). Alexis-Aurèle Pellicia, savant prêtre napolitain, publia d'abord une dissertation célèbre, qui fut traduite par ordre de l'Impératrice Marie-Thérèse, en allemand et en latin, et qui est intitulée : Della disciplina della Chiesa, e dell' obligo de' sudditi intorno allapreghiera del proprio Sovrano, dissertazione istorico-liturgica. Naples, 1769, in-4°. Mais le plus important ouvrage de Pellicia est son savant traité : De Christianœ Ecclesiœ primœ, medice et novissimœ œtatis Politia, qui parut à Naples en 1777, et a acquis une si grande réputation dans le monde liturgique.

1769). Joseph Novaès, Portugais, est auteur du livre intitulé : Il sacro rito antico e moderno della elezione, coronazione, e solenne possesso del Sommo Pontefice. Rome, 1769, in-8°.

(1769). Vincent Fassini, dominicain, a publié, sous le pseudonyme de Dominique Sandelli, deux ouvrages remplis d'érudition. Le premier est intitulé : De Singularibus Eucharistiœ usibus apud veteres Grœcos. Brescia, 1769. Le second : De Priscorum Christianorum synaxibus extra œdes sacras. Venise, 1770.

 

(1770). Jean-Pérégrin Pianacci publia l'ouvrage suivant : Dell' Officio dipino, trattato istorico-critico-morale.

(1771). Thomas Declo, pénitencier d'Ancône, est auteur de ce livre : Dichiarazioni di tutto cio che pi ha, o difficile da intendersi, o interessante in ogni parte nel ' Breviario Romano dal principio sino al fine. Ancône, 1771-1772, deux volumes in-4°.

(1771). Camille Blasi, avocat romain, a publié l'ouvrage suivant : De Festo Cordis Jesu Dissertatio commonitoria, cum notis et monumentis selectis: Rome, 1771, in-4°. Cette dissertation, dont l'auteur est contraire au culte du Sacré-Cœur de Jésus,fut attaquée par un écrivain de Florence dont nous n'avons pu découvrir le nom, et qui publia deux Lettres en réponse. Elles furent suivies d'une réplique par le P. Giorgi, augustin, sous ce titre : Christotimi Ameristae, adversus epistolas duas ab anonymo censore in Dissertationem commonitoriam Camilli Blasii de Festo Cordis Jesu vulgatas, Antirrheticus : accedit mantissa contra epistolium tertium nuperrime cognitum. Rome, 1772, in-4°). Giorgi paraît aussi être auteur de Lettres italiennes qui font suite à l’Antirrheticus, sous le titre d'Antropisco Teriomaco (in-4°). On peut voir dans l'Ami de la Religion, à qui nous empruntons ces détails bibliographiques, la notice de divers autres écrits dans le même sens, qui furent publiés de 1773 à 1783, à Naples, Gênes et Bergame. Le même recueil donne aussi la notice des écrits qu'on opposa aux ennemis de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus. Nous remarquons en particulier une dissertation latine sur cette dévotion, publiée à Venise, 1775, par un jésuite nommé Pubrana. Quant aux pamphlets des Jansénistes français, nous ne fatiguerons pas le lecteur de leur insipide énumération.

 

(1772). Jules-Laurent Selvaggi, prêtre napolitain, mort en cette année, avait donné un ouvrage classique très important sous ce titre : Antiquitatum Christianarum institutions nova methodo in quatuor libros distributœ, ad usum Seminarii Neapolitani. Naples, 6 vol. in-12 souvent réimprimés : notre exemplaire est de 1794. On a quelques reproches à faire à cet ouvrage ; il porte en plusieurs endroits la trace trop visible des préjugés qui dominaient à Naples à cette époque.

(1772). Jean-Baptiste Gallicioli, savant prêtre vénitien, dans son excellente réimpression du Saint Grégoire le Grand de Dom Denis de Sainte-Marthe, a placé, au tome IX, un important travail liturgique qu'il a intitulé : Isagoge institutionum liturgicarum. On doit toutefois regretter que cet illustre éditeur ait cru devoir retrancher le Sacramentaire de Dom Hugues Ménard, et le Responsorial de Dom Denis de Sainte-Marthe, ainsi que les notes de ces deux illustres bénédictins. La préférence donnée aux originaux publiés par le B. Tommasi n'est pas équitable dans une édition de saint Grégoire, où l'on désirerait voir rassemblé tout ce qui peut contribuer à compléter ses œuvres.

 

(1773). Laurent-Etienne Rondet, laïque, l'un des plus zélés réformateurs de la Liturgie, a laissé, outre de nombreux articles dans le journal de Dinouart, un livre intitulé : Ordinaire de la Messe avec la manière de l'entendre, quand on la dit sans chant, et quand on la chante. Paris, 1773, in-12. Il a laissé aussi un Avis sur les bréviaires, et particulièrement sur une nouvelle édition du Bréviaire romain, Paris, 1775, in-12.

(1773). Philippe-Laurent Dionigi, bénéficier de la basilique vaticane, a publié le précieux ouvrage intitulé : Sacrarum Vaticanœ Basilicœ Cryptarum monumenta œreis tabulis incisa et commentariis illusirata. Rome, 1773, in-folio. Il a donné aussi : Antiquissimi Vesperarum Paschalium Ritus expositio; de sacro inferioris œtatis Processu, Dominica Resurrectionis Christi, ante Vesperas, in Vaticana Basilica usitato conjectura, Rome. 1780, in-8°.

(1773). Joseph Heyrenbach, jésuite, est auteur d'une dissertation de Salutatione angelica, ejusque in sancta Eeclesia usu. Vienne, 1773, in-8°.

 

(1774). Pierre Lazeri, savant professeur romain, a donné trois dissertations: 1° De sacra Veterum Christianorum Romana Peregrinatione. Rome, 1774, in-4°. — 2° De Liminibus Apostolorum disquisitio historica. Rome, 1775, in-4°. — 3° De falsa veterum Christianorum Rituum a ritibus Ethnicorum origine Diatriba. Rome, 1777, in-4°;

 

(1775). Etienne Borgia, cardinal, préfet de la Propagande, antiquaire fameux, s'est exercé sur plusieurs matières liturgiques. Il fut d'abord l'éditeur d'un opuscule du cardinal Augustin Valeri : De Benedictione Agnorum Dei. Il donna ensuite, sous son propre nom, les deux ouvrages suivants : 1° De Cruce Vaticana, ex dono Justini Augusti, in Parasceve majoris hebdomadœ publicae venerationi exhiberi solita. Rome, 1779, in-4°. — 2° De Cruce Veliterna commentarius. Rome, 1780, in-4°.

(1775). Nicolas Collin, prémontré, a laissé : 1° Traité du Signe de la Croix, fait de la main, ou la Religion catholique justifiée sur l'usage de ce signe. Paris, 1775, in-12. — Traité de l’Eau bénite, ou l'Église catholique justifiée sur l'usage de l'Eau bénite. Paris, 1776, in-12. — Traité du Pain bénit, ou l'Église catholique justifiée sur l'usage du Pain bénit. Paris, 1777, in-12.

(1775). François-Antoine de Lorenzana, cardinal, archevêque de Tolède, prélat illustre par sa charité envers le clergé français déporté, mérite ici une place distinguée pour la magnifique édition qu'il a donnée des livres de la Liturgie gothique. Il en a accompagné l'édition de savantes lettres pastorales, qui sont de véritables Traités. Le bréviaire parut en 1775, sous ce titre : Breviarium Gothicum, secundum regulam Beatissimi Isidori, Archiepiscopi Hispalensis jussu Cardinalis Francisci Ximenii de Cisneros prius editum ; nunc opera Exe. D. Franscisci Antonii Lorenzana sanctœ Ecclesiœ Toletanœ Hispaniarum Primatis Archiepiscopi recognitum. Madrid, in-folio. Le missel, qui porte un titre analogue à celui du bréviaire, parut à Rome, 1804, in-folio.

 

(1776). François-Antoine Zaccaria, jésuite, est sans contredit l'homme le plus versé dans toutes les branches de la science ecclésiastique qu'ait vu la période que nous e décrivons dans ce chapitre. Ses ouvrages imprimés s'élèvent au nombre de cent six. Celui qui occupe le premier rang parmi les travaux liturgiques du savant religieux, est la Bibliotheca ritualis, publiée à Rome (1776, 1778, 1781), en trois volumes in-4°. Zaccaria voulut compléter la série des collections bibliographiques des Lelong, des Mayer, des Fabricius, des Banduri, etc., par la publication d'un ouvrage du même genre sur la science liturgique. Corneille Schulting, dont-nous avons parlé ailleurs, avait ébauché ce grand travail dans sa Bibliotheca ecclesiastica ; mais les omissions et les erreurs étaient sans nombre dans cet ouvrage déjà vieux de près de deux siècles, au moment où Zaccaria entreprenait sa Bibliotheca ritualis. Le travail du jésuite n'a d'autre défaut que ceux qui sont inséparables des ouvrages de ce genre, dont le meilleur sera toujours celui qu'on trouvera le moins inexact et le moins incomplet. Nous confessons volontiers ici que nous sommes grandement redevable à Zaccaria, pour la partie bibliographique de cette histoire, bien que nous ayons eu souvent l'occasion de suppléer ses omissions et de rectifier ses méprises. Un autre nous rendra le même service.

En 1787, Zaccaria publia à Faënza (deux tomes in-4°) son Onomasticon Rituale selectum, ouvrage d'une haute portée scientifique, et accessible à un plus grand nombre de personnes que la Bibliotheca ritualis, bien qu'il soit encore moins connu en France. On a encore de lui, sur les matières liturgiques, la célèbre dissertation de Usu librorum liturgicorum in rebus theologicis, réimprimée souvent ; le traité Dell’ anno Santo (Rome, 1775, deux volumes in-8°); les annotations au livre des Mœurs des Chrétiens, de l'abbé Fleury, traduit en latin et publié à Venise (1761, deux volumes in-4°); de nombreux et savants articles dans plusieurs journaux scientifiques d'Italie.

 

(1777). Annibal Olivieri de Abbatibus, gentilhomme de Pesaro, est célèbre par son beau livre : Dell' antici Battistero della S. chiesa Pesarese. Pesaro, 1777, in-4°.

(1778). François-Michel Fleury, curé dans le diocèse du Mans, ayant été suspendu de ses fonctions par l'évêque Louis-André de Grimaldi, pour son obstination à vouloir se faire répondre et servir la messe par la sœur de son vicaire, publia, dans le Journal ecclésiastique de Dinouart (juin 1774), une dissertation sur cette question : Si une femme, au défaut d'homme,peut répondre la Messe? Une critique manuscrite ayant couru le pays du Maine, Fleury fit imprimer la brochure intitulée : Réponse de la Messe par les femmes, en réponse à une lettre anonyme. 1778, in-8°.

 

(1779). Jean-Baptiste Graser, docte professeur allemand, a composé une savante dissertation : De Presbyterio et in eo sedendi jure. Trente, 1779, in-4°.

(1779). Dom Nicolas Jamin, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, auteur de plusieurs ouvrages estimés, paraît être l'auteur du livre intitulé : Histoire des Fêtes de l'Église (in-12), dont la plus ancienne édition, venue à notre connaissance, est de 1779. Il a été traduit en allemand et publié à Bamberg, en 1784.

(1779). Ferdinand Tetamo, prêtre sicilien, est justement célèbre par le bel ouvrage de Liturgie pratique qu'il a intitulé : Diarium liturgico-theologico-morale, sive sacri Ritus, Institutiones ecclesiasticœ, morumque disciplina, notanda singulis temporibus atque diebus anni ecclesiastici et civilis. Venise, 1779-1784, huit volumes in-4° en deux séries.

(1779). François-Xavier Holl, jésuite allemand, illustre professeur de droit canonique dans l'Université d'Heidelberg, a publié le premier volume d'un ouvrage remarquable intitulé : Statistica Ecclesiœ Germanicœ, 1779, in-8°. Ce volume, le seul qui ait paru, renferme une dissertation infiniment précieuse : De Liturgiis Ecclesiœ Germanicœ.

 

(1781). Joseph-Marie Mansi, clerc régulier des Écoles pies, fit paraître cette année, à Lucques, un opuscule rempli d'érudition, sous ce titre : Lettera ad un Ecclesiastico, nella quale si dimostra, che non e lecito ad ogni Sacerdote celebrare la Messa privata nella notte del santo Natale, 1779.

(1784). Jean Sianda, cistercien de Mont-Réal, a laissé un ouvrage trop superficiel et trop abrégé pour le sujet qu'il traite. Il porte ce titre : Onomasticum sacrum : opusculum triparlitum. Rome, 1774, in-8°.

 

(1786). Faustin Arevalo, illustre jésuite espagnol, si digne de toute la reconnaissance des amis de la science ecclésiastique par ses excellentes éditions de Prudence et de saint Isidore de Séville, a publié, sous le titre d'Hymnodia Hispanica, un ouvrage remarquable surtout par la célèbre dissertation de Hymnis ecclesiasticis, que nous regardons comme un des plus précieux monuments de la science liturgique. Le livre a paru à Rome , 1786, in-4°.

(1786). Joseph Cuppini, cérémoniaire delà cathédrale de Bologne, a laissé, sur plusieurs questions de Liturgie pratique, des Instructiones Liturgicœ, qui présentent un grand intérêt. Bologne, 1786, in-4°.

 

(1786). François Cancellieri, savant prélat romain, est l'écrivain le plus important sur les matières liturgiques qui ait paru à la fin du XVIII° siècle. Il débuta par son magnifique ouvrage de Secretariis Basilicœ Vaticanœ veteris ac novœ. Rome, 1786 et années suivantes, quatre volumes in-4°. Il donna ensuite successivement : 1° Descrizione della Basilica Vaticana. Rome, 1788, in-12.— 2° Notifie intorno alla Novena, Vigilia, Notte e Festa di Natale. Rome, 1788, in-12. — 3° Descrizione delle Pontificali che si celebrano nella Basilica Vaticana, per le feste di Natale,di Pasqua et di san Pietro. Rome, 1788, in-12. — 4° Descrizione delle funzioni della Settimana santa nella Cappella pontificia. Rome, 1789, in-12. — 5° Descrizione delle Capelle pontificie e cardinalice di tutto l'anno. Rome, 1790, quatre volumes in-12. —6° Storia de solenni possessi de sommi Pontefici, detti anticamente Processi o Processioni, dopo la loro coronazione, nella Basilica Vaticana alla Lateranese, da Leone III a Pio VII Rome, 1802, in-4°. — 7° Memorie delle sacre Teste dei santi Apostoli Pietro e Paolo e della loro solenne recognizione nella Basilica Lateranese. Rome, 1806, in-4°. —8° Le due Nuove Campane di Campidoglio benedette dalla Santita di N. S. Pio VIL P. O. M. e descritte, con varie Notifie sopra i Campanili, Rome, 1806, in-4°.— 9° Dissertazione Epistolare sopra le Iscrizioni delle Martiri Simplicia madre di Orsa, et di un altra Orsa. Rome, 1819, in-12. — 10° Notifie sopra l'origine e l'uso dell' Anello Pescatorio, e degli Anelli ecclesiastici. Rome, 1823, in-8°.

(1786). Augustin Kraser, docteur allemand, a laissé un ouvrage remarquable sous ce titre : De Apostolicis necnon antiquis Ecclesiarum Occidentalium Liturgiis, illarum origine, progressu, ordine, die, hora et lingua, cœterisque rebus ad Liturgiam antiquam pertinentibus, liber singularis. Augsbourg, 1786, in-8°.

 

(1787). François-Antoine Mondelli, ecclésiastique romain, a publié une excellente dissertation intitulée : Della legitima disciplina da osservarsi nella pronuncia del Canone della Messa. Rome, 1787, in-8°.        

(1787). Jacques-Denys Cochin, curé de Saint-Jacques-du-Haut-Pas, à Paris, composa des Prônes ou Instructions familières sur toutes les parties du saint Sacrifice de la Messe, qui n'augmentent pas beaucoup la somme des notions scientifiques de la Liturgie, mais que nous citons cependant comme ouvrage français de cette époque.

 

(1788). Etienne-Antoine Morcelli, jésuite si connu par ses travaux archéologiques, a laissé : 1° Kalendarium Ecclesiœ Constantinopolitanœ mille annorum vetustate insigne, primitus e Bibliotheca Romana Albanorum in lucem editum, et veterum monumentorum comparatione diurnisque commentariis illustratum. Rome, 1788, deux volumes in-4°. — 2° Agapea Michaelia et tesserœ Vaschales, 1816, 1818. Ces opuscules, d'un style trop classique peut-être, ont été réimprimés ensemble, à Bologne, 1822, in-8°.  

(1790). Il Breviario Romano difeso,egiustificato contro il libro intitolato : Lettera risponsiva di un parroco Fiorentino alla Lettera di un parroco Pistoiese. — Cet ouvrage anonyme, publié en 1790, sans lieu d'impression, est dirigé contre le curé Scaramucci, l'un des fauteurs du synode de Pistoie.

 

(1797). Jean Marchetti, savant prélat romain, si connu par son excellente critique de Fleury, a laissé l'ouvrage suivant : Del Breviario Romano, o sia dell' Officio divino e del modo di recitarlo. Rome, 1797, in-12.

(1798). Jean Gonzalès Villar, chanoine de la cathédrale de Léon, a donné le livre intitulé : Tratado de la sagrada luminaria, en forma de disertacion, en el que se demuestra la antiguedad, y piedad de las vêlas, y lamparas encendidas a honra de Dios, y en obsequio de las santas Imagenes, y Reliquias. 1798, in-8°.

 

Tirons maintenant les faciles conclusions des faits contenus au présent chapitre.

 

Il est clair, en premier lieu, qu'une conjuration a été formée au sein même des pays catholiques, dans le but d'insinuer l'esprit du protestantisme, à la faveur des innovations liturgiques.

 

Il est clair, en second lieu, que le parti antiliturgiste a constamment procédé en affaiblissant l'autorité du Saint-Siège, en opérant la destruction de la Liturgie romaine, en procurant à ses adeptes, par toutes sortes d'intrigues, l'honneur de rédiger les livres destinés à remplacer ceux que la tradition catholique avait formés dans le cours des siècles.

 

Il est clair, en troisième lieu, que si tous nos liturgistes français n'ont pas été aussi loin dans leur audace que les Ricci, les Grégoire, etc., ceux-ci les ont hautement avoués et recommandés comme des hommes qui possédaient leurs sympathies.

 

Il est clair, en quatrième lieu, que l'abolition de l'ancienne Liturgie a été une œuvre à laquelle ont pris part les hommes qui ont eu le plus à cœur de répandre le jansénisme, le protestantisme, le philosophisme et les maximes anarchiques.

 

Il est clair,enfin, qu'au moment où finissait le XVIIIe siècle, l'Église gallicane avait laissé périr une des branches de la science ecclésiastique ; qu'en se séparant de la Liturgie ancienne, elle s'était séparée dans le culte divin non seulement de l'Église de Rome, mais de toutes les autres Églises latines, et cela sans pouvoir rétablir dans son propre sein cette unité qu'elle avait sacrifiée à un vain désir de perfectionnement, en renonçant avec une facilité sans exemple à cette glorieuse immutabilité qui est la gloire de la Liturgie, et qui a inspiré cet axiome de tous les siècles : Legem credendi statuat lex supplicandi.

 

Gloire et actions de grâces soient donc rendues au Seigneur, qui n'a point abandonné cette Église au jour de la tribulation. 

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XXIII : DE LA LITURGIE DURANT LA SECONDE MOITIE DU XVIIIe SIECLE.

 

Saint Rombout Cathedral, Mechelen

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19 juin 2012 2 19 /06 /juin /2012 11:30

Détournons enfin nos regards de cet ignoble spectacle, et considérons les Pontifes romains fidèles à la garde du dépôt séculaire de la Liturgie romaine, et présidant aux accroissements qu'elle devait prendre dans le cours des cinquante dernières années du XVIIIe siècle.    

 

Le pieux successeur de Benoît XIV, Clément XIII, à qui nous sommes redevables de l'institution de la fête du Sacré-Cœur de Jésus, trancha la question dont la solution avait arrêté son prédécesseur. Après dix-huit années d'immobilité, le calendrier romain fut appelé à recevoir de nouveaux accroissements. Par l'autorité du saint pontife, la fête de saint Camille de Lellis fut instituée du rite double mineur, et celle de saint Laurent Justinien, du rite semi-double. Enfin, sainte Julienne de Falconieri passa du degré semi-double au rang des doubles mineurs.

 

Clément XIV vint ensuite. Il éleva la fête des Stigmates de saint François au degré double mineur d'obligation, et créa celles de saint Fidèle de Sigmaringen, et saint Joseph de Copertino, du même rite. On lui doit aussi les offices des saints Jérôme Emiliani, Joseph Calasanz et celui de sainte Jeanne-Françoise de Chantai, tous du degré double mineur. Enfin, il éleva au même rang des doubles mineurs la fête de saint Venant, martyr, qui n'était auparavant que semi-double, et institua celle de saint Jean de Kenty du rite semi-double.

 

Pie VI, Pontife zélé plus qu'aucun autre pour les pompes de la Liturgie, trouva moyen d'enrichir encore le calendrier romain. Sans compter les décrets par lesquels il éleva au rang des doubles majeurs la Décollation de saint Jean-Baptiste, et au degré double mineur les fêtes de saint Pie V et de saint Jean de Kenty, il en rendit encore deux autres pour établir les fêtes de saint Guillaume, abbé du Mont-Vierge, et de saint Paschal Baylon, du rite double mineur.

 

Nous avons parlé ci-dessus du projet de Benoît XIV pour la réforme du Bréviaire romain, projet qui n'eut point d'exécution, parce que, dit un pieux évêque, telles et si grandes furent les raisons du contraire, si graves et si justes en furent les motifs, que le Souverain Pontife estima un bien de suspendre le travail qu'on avait préparé. Pie VI, à son tour, revint sur ce projet ; le plan de la réforme du bréviaire fut rédigé et présenté à la sacrée congrégation des Rites ; mais, quelle que fût en cela l'intention de la divine providence, de nouveaux obstacles se présentèrent. Ce fut, dit l'auteur que nous venons de citer, ce fut un principe de prudence, tout à fait compatible avec l'étendue du génie, qui porta Pie VI à se rendre aux considérations qui avaient fait impression à son grand prédécesseur et maître Benoît XIV, et l'engagea à suspendre toute réforme. Pie VI se borna donc, pour tout progrès liturgique, à étendre le culte des saints par de nouveaux offices, à l'époque même où ce culte était l'objet de si violentes restrictions de la part des antiliturgistes.

 

Quelque portée que pussent avoir ces nouveaux décrets du Siège apostolique en faveur du culte des saints, surtout après le pontificat de Benoît XIV, dont la réserve avait été si grande au sujet du calendrier, un acte solennel de la puissance pontificale vint attester bien plus fortement encore la doctrine de l'Église romaine, à propos des controverses que les XVIIe et XVIIIe siècles avaient soulevées sur les matières liturgiques. Nous voulons parler de la bulle Auctorem fidei, par laquelle Pie VI, le cinq des Calendes de septembre de l'année 1794, condamna à jamais le synode de Pistoie, ses actes et sa doctrine. Il serait grandement à désirer que la connaissance explicite de cette bulle, incontestable jugement de foi, fût plus répandue qu'elle ne l'est : on entendrait moins souvent des personnes, bien intentionnées d'ailleurs, répéter et soutenir avec une incroyable bonne foi plusieurs des propositions condamnées d'une manière irréfragable par cette constitution, dont on peut dire qu'elle a véritablement tranché l'erreur dans le vif.

 

Sur les doctrines et prétentions des antiliturgistes de Pistoie, Pie VI condamne explicitement la proposition XXVIIIe, qui donne à entendre que les messes auxquelles personne ne communie manquent d'une partie essentielle au sacrifice ; la XXXe, qui qualifie d'erreur la croyance au pouvoir du prêtre d'appliquer le fruit spécial du sacrifice à une personne en particulier ; la XXXIe, qui déclare convenable et désirable l'usage de n'avoir qu'un seul autel dans chaque église ; la XXXIIe, qui défend de placer sur les autels les reliques des saints, ou des fleurs ; la XXXIIIe, qui émet le désir de voir la Liturgie ramenée à une plus grande simplicité, et de la voir aussi traduite en langue vulgaire et proférée à haute voix ; la LXIe, qui affirme que l'adoration qui s'adresse à l'humanité de Jésus-Christ, et plus encore à quelque partie de cette humanité, est toujours un honneur divin rendu à la créature ; la LXIIe, qui place la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus parmi les dévotions nouvelles, erronées, ou au moins dangereuses ; la LXIIIe, qui prétend que le culte du Sacré-Cœur de Jésus ne peut être exercé qu'autant que l'on sépare la très sainte chair du Christ, ou une de ses parties, ou même son humanité tout entière, de la divinité ; la LXIVe, qui note de superstition l'efficacité que l’on mettrait dans un nombre déterminé de prières et de pieuses salutations ; la LXVIe, qui affirme qu'il est contraire à la pratique des apôtres et aux desseins de Dieu, de ne pas fournir au peuple le moyen le plus facile de joindre sa voix à la voix de toute l'Église ; la LXIXe, qui place les images de la Très Sainte Trinité au rang de celles qu'on doit faire disparaître des églises ; la LXXe, qui réprouve le culte spécial que les fidèles ont coutume de rendre à certaines images ; la LXXIe, qui défend de distinguer les images de la Sainte Vierge par d'autres titres que ceux qui font allusion aux mystères rapportés dans l’Ecriture sainte ; la LXXIIe, qui ordonne d'extirper comme un abus la coutume de couvrir d'un voile certaines images ; enfin la LXXXIVe, qui prétend qu'on ne doit pas élever les réguliers aux ordres sacrés, si ce n'est un ou deux au plus par chaque monastère, et qu'on ne doit célébrer, par jour, dans leurs églises, qu'une ou deux messes, tout au plus, les autres prêtres se bornant à concélébrer.

 

Nous nous contenterons de cet aperçu de la bulle Auctorem fidei, considérée sous le point de vue de la doctrine liturgique, omettant un grand nombre d'autres traits dirigés contre l'ensemble du damnable système dont la révolution liturgique du XVIIIe siècle n'a été qu'un des résultats. Toutefois, il est de notre sujet de rapporter ici les paroles générales qui viennent à la suite de la censure : "Au reste, dit le Pontife, par cette expresse réprobation des susdites propositions et doctrines, nous n'entendons nullement approuver les autres choses contenues dans le livre, d'autant plus qu'on y découvre un grand nombre d'autres propositions et doctrines, les unes approchantes de celles qui sont condamnées ci-dessus, les autres inspirées par un mépris téméraire de la doctrine communément reçue et de la discipline en vigueur, et principalement par une haine violente contre les Pontifes romains et le Siège apostolique."

 

Il est temps enfin de clore cette histoire liturgique du XVIIIe siècle, et de donner le catalogue des écrivains que les cinquante dernières années ont produits sur la matière du culte divin.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XXIII : DE LA LITURGIE DURANT LA SECONDE MOITIE DU XVIIIe SIECLE.

 

Pius VI

PIE VI, Pape de 1775 à 1799,  par Pompeo Batoni

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