Apprenons donc à connaître la raison sublime de cette patience du Siège apostolique, et souvenons-nous que ce n'est pas la
sagesse humaine, mais la divine et éternelle sagesse qui a donné ce conseil à ceux qu'elle envoyait au milieu des hommes : Soyez prudents comme le serpent : Estote prudentes sicut serpentes
(Matth. X, 16.).
Il est temps enfin de mettre sous les yeux du lecteur la bibliothèque des auteurs liturgiques de la période que nous avons
parcourue.
(1701). Notre liste s'ouvre par Lazare-André Bocquillot, chanoine d'Avallon,qui a laissé un ouvrage assez curieux, mais écrit
avec les préjugés de son temps, intitulé : Traité historique de la Liturgie sacrée, ou de la Messe. Paris, 1701, in-8°. Il rédigea aussi le rituel du diocèse d'Autun.
(1701). Alain, chanoine de Saint-Brieuc, a donné un volume in-12, rare et curieux, sous ce titre : Devoirs et Fonctions des
aumôniers des évêques.
(1701). Prosper Tinti, personnage que nous ne connaissons que par Zaccaria, est éditeur du volume intitulé : Series sacrorum
Rituum in aperitione portes Basilicae Patriarchalis sancti Pauli. Rome, in-4°.
(1702). François-Antoine Phœbeus publia cette année, à Rome, trois dissertations : De sacris Liturgice Ritibus. 1702,
in-8°.
(1702). Jean-Christophe Battelli, bénéficier de la basilique vaticane, et plus tard archevêque d'Amasie, a laissé un savant
traité sous ce titre : Ritus annuae ablutionis altaris majoris Basilicae Vaticanœ in die Cœnœ Domini, explicatus ac illnstratus. Rome, 1702 et 1707, in-8°. Il a laissé aussi : Brevis
enarratio sacrorum Rituum servatorum in aperiendo et claudendo portam sanctam Patriarchalis Basilicae Liberianœ. Cet ouvrage, continué par Antoine-Dominique Norcia, chanoine de Saint-Laurent
in Damaso, parut à Rome, in-4°, en 1736.
(1703). Adrien Baillet, critique scandaleux et téméraire, a complété ses Vies des Saints par une Histoire des Fêtes
mobiles. Paris, 1703, in-8°.
(1705). R. Vatar, auteur du livre intitulé : Des Processions de l'Église, de leurs antiquités, utilités et des manières d'y
bien assister (Paris, 1705, in-8°), ne nous est connu que par son livre.
(1706). Jean Prastricio, professeur de théologie polémique au collège de la Propagande, a publié une dissertation sous ce titre
: Patenae argenteae mysticœ, quae Foro-Cornelii in Cathedrali Ecclesia colitur descriptio et explicatio. Rome, 1706, in-4°.
(1708). Dom Benoît Bacchini, abbé bénédictin de la congrégation du Mont-Cassin, mérite une place distinguée parmi les
liturgistes de son temps, pour les savantes notes dont il a enrichi son édition du Liber Pontificalis, sive vitae Pontificum Ravennatum. Modène, 1708, 2 vol. in-4°.
(1708). Joseph Bingham, docteur de l'université d'Oxford et curé anglican, ne saurait être oublié ici sans injustice, ayant si
bien mérité de la science des antiquités ecclésiastiques et liturgiques en particulier par le bel ouvrage dont il publia le premier volume à Londres, en 1708, sous ce titre : Origines
Ecclesiasticae, or the antiquities of the Christian Church. Cet ouvrage, grandement utile, malgré les innombrables erreurs protestantes dont il est souillé, a été traduit en latin par J. H.
Grichow, et publié à Hall, en onze volumes in-4°, 1724-1738.
(1709). Antoine Baldassari, jésuite italien, a publié les ouvrages suivants : 1° Il Sacerdote sacrificante a Dio nell'
Altare, con la norma delle Rubriche, cioè il Sacerdote reso esperto nelle Cerimonie della Messa. Pistoie, 1699. — 2° La sacra Liturgia dilucidata. Forli et Urbin, 1697-1698, 3 vol.
in-12. — 3° I Pontificii Agnus Dei dilucidati. Rome, 1700, in-12. — 4° La Rosa d’oro, che si benedice nella quarta Domenica di Qtiaresima dal sommo Pontefice. Venise, 1709,
in-8°. — 5° Il Pallio Apostolico dilucidato. Venise, 1719, in-8°.
(1709). Dom Thierry Ruinart, savant bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, a laissé manuscrit l'ouvrage intitulé :
Disquisitio historica de Pallio Archiepiscopali, qui a été publié parmi les ouvrages posthumes de Dom Mabillon. 1724, in-4°.
(1710). François Orlendis, dominicain, a laissé un savant traité : De duplici lavacro in Cœna Domini. Florence, 1710,
in-4°.
(1710). Jean-Baptiste Frescobaldi, personnage qui ne nous est connu que par Zaccaria, a laissé : Pedilavium sive de numero
pauperum quibus lavandi sunt pedes, in feria V Cœnœ Domini. Lucques, 1710, in-4°.
(1713). C'est l'année en laquelle mourut Jean-François de Percin de Montgaillard, évêque de Saint-Pons, prélat qui a reçu les
plus grands éloges de la part des jansénistes et qui les méritait. Nous avons déjà eu l'occasion de mentionner son zèle pour les maximes françaises sur la Liturgie. Il publia un traité du droit
et du pouvoir des évêques de régler les offices divins dans leurs diocèses. 1686, in-8°. Benoît XIV flétrit ce livre avec énergie et désapprouve hautement la doctrine qu'il contient, dans son
Traité de la Canonisation des Saints, à l'article où il parle du Bréviaire romain.
(1714). Dom Simon Mopinot, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, a composé des hymnes remarquables; on admire surtout
celles d'un office de l'Enfant Jésus.
(1715). D. J. Grandet, curé de Sainte-Croix d'Angers, a donné le curieux livre intitulé : Dissertation apologétique sur
l'apparition miraculeuse de N.-S. J.-C, arrivée au Saint Sacrement, en la paroisse des Ulmes de Saint-Florent, près de Saumur, le 2 juin de Vannée 1668. Château-Gontier, 1715, in-12. On
trouve dans cet ouvrage les plus précieux détails sur la fameuse procession de la Fête-Dieu, dite le Sacre d'Angers.
(1715). Christophe Matthieu Pfaff, chancelier de l'Université de Tubingue, entre plusieurs dissertations qu'il a laissées sur
des matières liturgiques, et dans lesquelles il a répandu une érudition qui fait regretter qu'un homme aussi distingué ait dépensé, hors de la vraie Eglise, les trésors de sa science, a composé
celle que nous avons citée ailleurs sous ce titre : Disquisitio de Liturgiis, Missalibus, Agendis, etc. Tubingue, 1721.
(1716). Philippe Buonarotti, sénateur de Florence, illustre archéologue, est connu par un ouvrage célèbre, indispensable à ceux
qui se livrent à l'étude des antiquités chrétiennes, et intitulé : Osservazioni sopra alcuni frammenti di vasi antichi, ornati di figure, trovati nei Cimiterj di Roma. Florence, 1716,
in-4°.
(1716). Eusèbe Renaudot, un des plus savants ecclésiastiques de son temps, appartient à notre bibliothèque liturgique par le
magnifique ouvrage qu'il publia sous le titre de : Liturgiarum Orientalium collectio. Paris, 1716, 2 vol. in-4°.
(1717). Jean-Baptiste Halden, jésuite, a laissé cet ouvrage pratique : Ephemerologion Ecclesiastico-Rubricisticum novum.
Brescia, 1717, in-4°.
(1717). Honoré de Sainte-Marie, carme déchaussé, dans son célèbre traité sur l’ Usage et les Règles de la Critique,
tomes II et III, traite un grand nombre de questions d'antiquité liturgique.
(1718). Le Brun Desmarettes, acolyte, auteur des bréviaires d'Orléans et de Nevers, a laissé, sous le pseudonyme de Sieur de
Moléon, d'intéressants Voyages liturgiques de France, ou Recherches faites en diverses villes du royaume. Paris, 1718, in-8°. C'est à cet auteur janséniste que nous devons la dernière
édition du livre de Officiis Ecclesiasticis, de Jean d'Avranches.
(1718). Dom Jacques Bouillart, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, fit paraître, cette année, une édition du
Martyrologe d'Usuard, sur le manuscrit original de cet auteur, qui fut moine de Saint-Germain-des-Prés. Le volume est intitulé : Usuardi San-Germanensis Monachi Martyrologium sincerum, ad
autographi, in San-Germanensi Abbatia servati, fidem editum, et ab observationibus R. P. Sollerii Socielatis Jesu vindicatum. Paris, in-4°.
(1719). Sébastien Paulli, clerc régulier des Écoles pies, a laissé une dissertation curieuse : De Ritu Ecclesiœ Neritinœ
exorcisandi aquam in Epiphania. Naples, 1719, in-4°. Il a traité aussi de la fameuse patène de saint Pierre Chrysologue, sous ce titre : De Patena argentea Foro-Corneliensi. Naples,
1745, in-8°. Il laissa, en manuscrit, deux ouvrages fort importants : 1° Lexicon sacrorum Rituum Ecclesiœ Graecœ et Latince. Libri duo, in quibus Ritus utriusque Ecclesiœ exponuntur et
elucidantur; nec non plura ad eos spectantia, sacra vasa, vestes, libri can-tus, festivitates, mimera ecclesiastica, officia, sacrorum ordinum collationes, Monachorum antiquorum consuetudines,
vestes, et quidquid sacrant Liturgiam spectat, ex probatissimis Auctoribus recensentur. 2 vol. in-fol. — 2° Collectio quarumdam precum,quas insacris Liturgiis, aliisque Ecclesiasticis
Officiis quondam adhibitis, partim ex Mss., partim ex editis vetustis Codicibus eruit, notis illustravit Sebastianus Paulli. 2 vol. in-fol.
(1719). Joseph-Simon Assemani, maronite, archevêque de Tyr, a rendu un éminent service aux amateurs de la Liturgie orientale,
par la publication de sa fameuse Bibliotheca Orientalis, où il mentionne un grand nombre de pièces concernant les offices divins. Elle parut à Rome, de 1719 a 1728. Son édition de saint
Éphrem est aussi d'un grand prix, pour les nombreuses hymnes de ce saint moine, qui jusqu'alors étaient demeurées inédites, au moins pour la plupart. Enfin Joseph-Simon Assemani a publié les six
premiers volumes d'un grand ouvrage, malheureusement resté imparfait, comme tant d'autres, et qui porte ce titre : Kalendaria Ecclesiœ universœ. Rome, 1755-1757, 6 vol. in-4°.
(1720). Philippe Bonanni, jésuite, est auteur du livre intitulé : La Gerarchia Ecclesiastica considerata nelle vesti sacre e
civili, usate da quelli quali la compongono, espresse, e spiegate con le immagini di ciascun grado della medesima. Rome, 1720, in-4°.
(1720). Thomas Brett, docteur anglican, fit paraître en cette année, à Londres, une Collection des principales Liturgies de
l'Église chrétienne usitées dans la célébration de la sainte Eucharistie. Cette collection, en langue anglaise, se compose: 1° de la Liturgie tirée des constitutions apostoliques; 2° de celle de
saint Jacques; 3° de celle de saint Marc; 4° de celle de saint Jean-Chrysostome; 5° de celle de saint Basile; 6° de la Liturgie de l'Église éthiopienne; 7° de celle de Nestorius; 8° de celle de
Sévère; 9° des fragments du Missel gothique de D. Mabillon; 10° des fragments du Missel gallican, du même; 11° de certaines parties du missel mozarabe; 12° du Missel romain, édition de Rome,
1747; 13° de la Liturgie d'Edouard VI et du Livre de prières communes, édition de Londres, 1749 ; 14° de la formule de communion de l'Église anglicane; 15° du fragment de la première Apologie de
saint Justin, sur l'Eucharistie; 16° de la Catéchèse cinquième de saint Cyrille de Jérusalem.
(1720). François Oudin, jésuite, est connu par des hymnes en l'honneur de saint François-Xavier, qui le mirent en telle
réputation, qu'il fut prié d'en composer d'autres pour le Bréviaire d'Autun.
(1720). Le comte Ortensio Zago, de Vicence, l'un de ces savants italiens que l'on voit cultiver les sciences ecclésiastiques
conjointement avec les sciences profanes, a laissé deux dissertations, savoir : De veterum Christianorum inscriptionibus et de Liturgiarum in rebus theologicis usu. Padoue,
1720, in-4°.
(1720). Marc-Antoine Boldetti, chanoine de Sainte-Marie Trans Tiberim, et custode des sacrés cimetières, occupe une place
distinguée parmi les investigateurs de Rome souterraine, par son bel ouvrage qui enrichit de nouvelles découvertes les mémoires si précieux de Bosio et Aringhi. Il est intitulé : Osservazioni
sopra i cimiterj de' Sancti Martiri, ed antichi Cristiani di Roma. Rome, 1720, in-fol.
(1721). Joseph-André Zaluski, évêque de Kiew, fondateur de la fameuse bibliothèque de Varsovie, et l'un des plus généreux
défenseurs de la nationalité polonaise, est auteur d'un livre intéressant, intitulé : Analecta historica de sacra, in die Natali Domini, a Romanis Pontificibus quotannis usitata ceremonia
ensem et pileum benedicendi, eaque munera principibus Christianis mittendi. Varsovie, 1721, in-4°.
(1721). Dom Ange-Marie Quirini, bénédictin de la congrégation du Mont-Cassin, évêque de Brescra et cardinal, ne fut pas moins
versé dans la science liturgique que dans les autres branches de l'antiquité ecclésiastique. Il a laissé, entre autres : Officium Quadragesimale Grœcorum, recognitum et castigatum, ad fidem
prœstantissimi codicis Barberini in latinum sermonem conversum, atque diatribis illustratum. Rome, 1721, in-4°. Les dissertations que renferme ce volume, qui n'a pas été suivi du second que
l'auteur avait promis, roulent sur les objets suivants: 1° De origine et antiquitate sacrœ Grœcorum Synaxeos ; 2° De authoribus Officii Quadragesimalis Grœcorum; 3° De Dominicis, hebdomadibus
Quadragesimalibus Grœcorum; 4° De erroribus quibus édita Officii proprii Quadragesimalis Grœcorum exemplaria conspurcantur, quibusque omnino vacant veteres codices MSS.; 5° De Triodicis et
Theotociis Quadragesimalibus ; 6° De veteri Quadragesimali Grœcorum Typico. En 1743, le même cardinal adressa une lettre de cinquante-deux pages in-folio à Dom Laneau, supérieur général de la
congrégation de Saint-Maur, De priscis hymnographis Grœcœ Ecclesiœ (Brescia), à l'occasion des travaux que Dom Toustain et Dom Tassin avaient entrepris sur saint Théodore Studite. Les
deux bénédictins français répondirent par une lettre de cinquante-deux pages in-4°, en date du 19 avril 1744 (Paris), dans laquelle ils proposent des difficultés au savant cardinal sur quelques
points de sa dissertation. Parmi les lettres latines du cardinal Quirini, publiées à Rome, il en est une où il combat sur plusieurs points la célèbre dissertation, en forme de bref, que Benoît
XIV a mise en tête de son édition du Martyrologe romain. Dans le catalogue que le cardinal a dressé lui-même de ses ouvrages, il mentionne une dissertation : De nulla Ecclesiœ N.
consecratione ex non rite facta duodecim crucum unctione. Il a donné aussi, sous le titre d'Enchiridion Grœcorum (Bénévent, 1725, in-8°), une collection des décrets des pontifes
romains sur les dogmes et les rites des Grecs, depuis le schisme.
(1721). Dom Dominique Fournier, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, est auteur des offices de saint Germain d'Auxerre,
saint Anselme, saint Laumer de Blois, saint Phalier et sainte Scholastique, imprimés à Rouen, en 1721. Les hymnes de l'office de sainte Scholastique sont de la composition de D. Gabriel Guérin,
confrère de Fournier.
(1721). Pierre Moretti,chanoine de Sainte-Marie Trans Tiberim, a composé les traités suivants,dans lesquels il a fait preuve du
plus rare savoir: 1° De ritu ostensionis sacrarum reliquiarum, dissertatio historico-ritualis. Rome, 1721, in-4°;— 2° De ritu variandi chorale indumentum in solemnitate
Paschali. Rome, 172,2. Cet ouvrage renferme un supplément à la Dissertation sur l'ostension des reliques ; —3° Ritus dandi Presbyterium Papœ, Cardinalibus et Clericis nonnullarum
Ecclesiarum Urbis, nunc primum investigatus et explanatus. Rome, 1741, in-4°;— 4° Parergon ad lucubrationem de ritu dandi Presbyterium, etc., Sive de festo in honorem Principis
Apostolorum Romœ ad diem XXV Aprilis instituts enarratio. Rome, 1742, in-4°.
(1722). François-Marie Galluzi, jésuite, a laissé un ouvrage précieux sous ce titre : Il rito di consecrare le Chiese con la
sua antichità, significato, convenienza, prérogative. Rome, 1722.
(1722). L'illustre prélat romain, François gianchini, n'est pas une des moindres gloires de la science liturgique au
dix-huitième siècle. Nous citerons ses deux savantes dissertations : De Kalendario et cyclo Cœsaris ac de Paschah Canone Sancti Hippoliti Martyris (Rome, 1703, in-folio); mais surtout la
magnifique édition du Liber pontificalis attribué à Anastase le Bibliothécaire, dont il publia trois volumes en 1718, 1723 et 1728 ; ouvrage dont les préfaces, les dissertations et les
notes sont du plus haut intérêt pour les amateurs de la science des rites sacrés.
(1722). Michel Amati, prêtre napolitain,est auteur d'une dissertation : De opobalsami specie ad sacrum Chrisma conficiendum
requisita. Naples, 1722.
(1723). Jean-Frédéric Bernard, savant libraire d'Amsterdam, n'est point un personnage assez sérieux sous le rapport liturgique
pour avoir droit à une place dans cette bibliothèque : nous l'y admettons cependant à raison de l'importance que les gravures de Bernard Picart ont donnée à son ouvrage sur les Cérémonies et
coutumes religieuses de tous les peuples du monde. Ce grand ouvrage, dans la composition duquel il fut aidé par Bruzen de la Martinière, et dont l'esprit protestant et superficiel n'a pas
entièrement disparu dans l'édition postérieure qu'en ont donnée les abbés Banier et Le Mascrier, se compose de huit tomes, en neuf volumes in-folio, dans la première édition de Jean-Frédéric
Bernard (Amsterdam, 1723-1743) ; elle en a onze dans celle de 1739-1743 (Amsterdam). L'édition française est de 1741, et n'a que sept volumes in-fol. La fortune surprenante de cet ouvrage n'est
due qu'aux dessins du célèbre graveur, et nous avons eu plus d'une fois l'occasion de nous affliger en voyant l'importance que lui attribuaient des personnes graves d'ailleurs.
(1724). C'est l'année où Benoît XIII monta sur le Siège apostolique : nous y rattacherons aussi ses divers travaux liturgiques.
Étant archevêque de Bénévent, il rédigea le Memoriale Rituum majoris hebdomadce pro functionibus persolvendis, Archiepiscopo celebrante vel assistente, ad usum Beneventanœ Ecclesiae.
Bénévent, 1706, in-8°. Après la mort du pontife, on fit paraître à Rome, 1736, in-4°, sous le titre d’Opera Liturgica, plusieurs opuscules qu'il avait laissés inédits.
(1724). Eusèbe du Très-Saint-Sacrement, Espagnol, de l'ordre des Trinitaires déchaussés, est auteur d'un livre : De
pertinentibus ad celebrationem jejunii Ecclesiastici Quatuor anni Temporum scilicet Quadragesimce, Pentecostes, Septembris et Decembris (Rome, 1724, in-4°), dans lequel il explique avec
beaucoup d'étendue l'office de l'Église pour les jours des Quatre-Temps.
(1724). Jacques de la Baune, jésuite,paraît être l'auteur d'un ouvrage contre les innovations du fameux curé Jubé : Il est
intitulé : Réflexions sur la nouvelle Liturgie d'Asnières, 1724, in-12.
(1725). Nicolas Antonelli, cardinal, a laissé sur les matières qui nous occupent les ouvrages suivants, qui méritent leur
réputation : 1° De Titulis quos S. Evaristus Presbyteris Romanis distribuit. Rome, 1725, in-8°. — 2° Vetus Missale Romanum Monasticum Lateranense cum Prœfationibus, notis et
Appendice. Rome, 1752, in-4°.
(1726). Pierre Lebrun, oratorien, dont nous avons déjà cité plusieurs fois le bel ouvrage sur la Messe, est un des derniers
écrivains liturgistes vraiment dignes de ce nom que la France ait produits. Son savoir égala son orthodoxie. L'Explication littérale, historique et dogmatique des prières et cérémonies de la
Messe est en quatre volumes in-8°, publiés à Paris, de 1716 à 1726. Cet ouvrage a été traduit en italien, et a paru à Vérone, en 1752, in-4°. Nous avons encore du P. Lebrun: 1° Une
lettre touchant la part qu'ont les fidèles à la célébration de la Messe. 1718,in-8°.— 2° Manuel pour assister à la Messe et aux autres Offices de l'Église. 1718, in-16. — 3°
Défense de l’ancien sentiment sur la forme de la Consécration de l'Eucharistie. 1727, in-8°.— 4° Lettre qui découvre l'illusion des journalistes de Trévoux dans le jugement de la
Défense de l'ancien sentiment sur la forme de la Consécration de l'Eucharistie. 1728, in-8°. Ces deux derniers écrits sont une réponse à la critique que le P. Bougeant, jésuite, avait faite
d'une des dissertations de l'explication de la Messe. Cette controverse qui tient aussi à la théologie sera touchée ailleurs dans cet ouvrage.
(1726). Dom Pierre-Marie Giustiniani, bénédictin de la congrégation du Mont-Cassin, et successivement évêque de Sagone, en
Corse, et de Vintimille, a laissé, au rapport d'Armellini, une dissertation : De variis Gentilium ritibus quos Christiana Ecclesia sanctificavit, atque in suum usum convertit.
(1726). Jean-Baptiste Memmi, jésuite, est auteur du livre intitulé : Il rito di canonizare i santi spiegato. Rome,
1726, in-8°.
(1727). Juste Fontanini, savant prélat romain, a laissé : 1° Discus argenteus votivus veterum Christianorum Perusiœ
repertus, et commentario illustratus. Rome, 1727, in-4°. 2° Codex Constitutionum quas summi Pontifices ediderunt in solemni Canonizatione sanctorum a Joanne XV, ad Benedictum XIII.
Rome, 1727, in-folio. 3° Note sopra la Corona Chericale degli Ordini Monastici e de' Vescovi. 4° De vera forma Consecrationis Corporis et Sanguitiis Domini Nostri Jesu Christi.
Ces deux opuscules se trouvent dans les mémoires sur la vie de Fontanini, publiés à Venise en 1736.
(1727). Jacques-Joseph Duguet, prêtre de l'Oratoire, dont il sortit plus tard, écrivain janséniste fameux, a composé une
Dissertation théologique et dogmatique sur les Exorcismes et autres Cérémonies du Baptême. Paris, 1727, in-12.
(1727). Guillaume-Hyacinthe Bougeant, jésuite, est connu dans la science liturgique par les deux ouvrages suivants : 1°
Réfutation de la Dissertation du P. Lebrun sur la forme de la Consécration Eucharistique. Paris, 1727. — 2° Traité théologique de la forme de l'Eucharistie. Lyon, 1729.
(1729). On publia cette année, à Venise, sous le titre de Bibliotheca selecta de ritu Azymi ac Fermentati, les
dissertations de Bona, Macedo, Ciampini et Mabillon, sur la question des Azymes, réunies en deux vol. in-8°. La même compilation fut réimprimée à Bologne, en 1750.
(1731). Jérôme Baruffaldi, archiprêtre d'une collégiale d'Italie, s'est rendu célèbre par ses Commentaria ad Rituale
Romanum, imprimés pour la première fois à Venise, en 1731, in-fol.
(1731). Joseph-Augustin Orsi, dominicain, puis cardinal, célèbre par son Histoire ecclésiastique, doit être admis dans
cette Bibliothèque pour les trois ouvrages suivants : 1° Dissertatio historica, qua ostenditur Catholicam Ecclesiam tribus prioribus sœculis capitalium criminum reis pacem et absolutionem
neutiquam denegasse, et plures aliœ incidentes quœstiones ad eorumdem temporum Chronologiam ecclesiasticam pertinentes quibusdam digressionibus data opera examinantur. Milan, 1730, in-8. —
2° Dissertatio theologica de invocatione Spiritus Sancti in Liturgiis Grœcorum et Orientalium. Milan, 1731 , in-4°. — 3° Dissertatio historico-theologica de Chrismate
confirmatorio. Milan, 1734, in-4°.
(1731). Dominique Georgi, l'un des chapelains de Benoît XIV, est auteur du rare et précieux traité : De Liturgia Romani
Pontificis in solemni celebratione Missarum. Rome, trois volumes in-4°, 1731, 1743, 1744. Il a laissé aussi : Gli abiti sacri del Romano Pontefice paonazzi e neri in alcune solenni
Funzioni della Chiesa giustificati. Rome, 1724, in-4°. Enfin, nous avons de lui une magnifique édition du Martyrologe d'Adon. Rome, 1745, in-folio.
(1729). Jean Pinius, l'un des continuateurs de Bollandus, a donné, en tête du sixième tome de juillet des Acta
Sanctorum, l'importante dissertation de Liturgia Mozarabica, que nous avons citée ailleurs. Nous profiterons de l'occasion pour mentionner les divers travaux liturgiques des
jésuites d'Anvers. D'abord, leur magnifique compilation, si importante sous tant de rapports, est avant tout une œuvre liturgique. De plus, il n'est pas rare de rencontrer, en tête des divers
volumes, des dissertations spéciales sur les choses du culte divin. Le deuxième tome de mars est remarquable par un traité sur le martyrologe de Bède. Le premier tome de mai offre, sous le titre
de : Ephemerides Grœcorum et Moscorum, un curieux travail sur le calendrier de l'Église grecque, par le P. Papebrok. Le deuxième tome de juin est accompagné d'une dissertation non moins
utile du P. Nicolas Rayseus : De Acoluthia Officii Canonici Grœcorum. Les tomes VI et VII de
juin renferment la célèbre édition du martyrologe d'Usuard, suivie d'un grand nombre d'autres inédits, par le P. du Sollier. Le
premier tome de septembre présente une excellente dissertation de Diaconissis, par le Père Pinius, etc.
(1729)- Simon Gourdan, chanoine régulier de l'abbaye de Saint-Victor, personnage de grande piété et sincère orthodoxie, qui
mourut cette année, a composé des hymnes et des proses, dont plusieurs sont employées dans les livres parisiens actuels. Nous regrettons que le défaut de renseignements sur ce point ne nous
permette pas de les désigner autrement à nos lecteurs.
(1733). Remy Breyer, chanoine de la cathédrale de Troyes, l'un des auteurs du bréviaire de ce diocèse, a laissé une Nouvelle
dissertation sur les paroles de la Consécration. Troyes, 1733, in-8, dans laquelle il combat le sentiment du P. Le Brun. Le lecteur se rappelle sans doute d'avoir vu le nom de Breyer parmi
ceux des chanoines opposants au missel de Troyes.
(1734). Le Joucnal des Savants de 1734, page 641, donne l'analyse d'un ouvrage du P. deBoncrueil, intitulé :
L'Esprit de l'Église dans la récitation de cette partie de l'Office qu'on appelle Complies. Imprimé à Paris, la même année, in-12.
(1735). Joseph Bianchini, neveu de François Bianchini, de l'Oratoire de Rome, a rendu de grands services à la science
liturgique, en publiant le Sacramentaire dit Léonien, qu'il fit paraître d'après un manuscrit de Vérone, en tête du quatrième tome de la superbe édition d'Anastase, commencée par son oncle, et
dont le cinquième et dernier volume n'a pas paru. La Préface de l'Ordre Romain publié par François Bianchini, dans son troisième volume d'Anastase, appartient pareillement à Joseph. Nous avons
parlé, à l'article du B. Cardinal Tommasi, de l'édition des œuvres de cet illustre Liturgiste, que Joseph Bianchini avait entreprise et qu'il n'acheva pas. Il importe de détailler ici les
matières contenues dans le seul tome qui parut de cette collection, à Rome, 1741, en deux parties. Après une préface remplie d'érudition, Bianchini produit les matières suivantes : 1°
Johannis Pinii tractatus de Liturgia Hispanica. 2° Notitia Breviarii Mozarabici. 3° Ordo divini Officii Gothici Mozarabici. 4° Libellus orationum Ecclesiasticorum Officiorum Gothico-Hispanus,
nunc primum in lucem editus ex incomparabili et plusquam millenario MS. codice. in-fol. majoris formœ, amplissimi Capituli Veronensis. Nous mentionnerons ici, comme tenant à notre sujet, la
belle publication projetée par François Bianchini et commencée par son neveu, sous le titre de : Demonstratio Historiœ Ecclesiasticae quadripartitæ, monumentis ad fidem temporum et
gestorum. Rome, 1752, grand in-folio.
(1736). Joseph Catalani, de Rome, est un des plus importants liturgistes des temps modernes. Ses divers ouvrages sur les Rites
sacrés sont : 1° De Codice Sancti Evangelii atque servatis in ejus lectione et usu partis ritibus. Rome, 1733, in-4°. — 2° Commentaria in Pontificale Romanum. Rome, 1736, trois
volumes in-fol. — 3° Cœremoniale Episcoporum commentariis illustratum. Rome, 1744, deux volumes in-fol. — 4° Sacrarum Caeremoniarum sive Rituum Ecclesiasticorum S. R. E. libri tres
ab Augustino Patricio ordinaxi et a Marcello Corcyrensi Archiepiscopo primum editi, commentariis aucti. Rome, 1750, deux volumes in-fol. —5° Rituale Romanum Benedicti Papae XIV jussu
editum et auctum, perpetuis commentariis exornatum. Rome, 1757, deux volumes in-fol.
(1736). Jean de Johanne, chanoine de la cathédrale de Palerme, a travaillé sur la Liturgie des Eglises de Sicile, antérieure au
Bréviaire de S. Pie V, et qui n'était autre que la Liturgie romaine-française, introduite en Sicile par les ducs d'Anjou. Son livre est intitulé : De Divinis Siculorum Officiis. Palerme,
1736, in-4°.
(1736). Gaëtan-Marie Merati, théatin, est fameux par ses nouvelles observations et additions au Thesaurus sacrorum
Rituum de Gavanti. Elles parurent d'abord en quatre volumes in-4°, à Rome, en 1736, 1737, 1738, et sont dans les mains de tous ceux qui s'occupent de Liturgie sous le point de vue pratique.
Merati entreprit son travail à la sollicitation du cardinal Lambertini, qui, devenu Pape, témoigna la plus grande estime pour les travaux et la personne de ce liturgiste, au point qu'il alla lui
rendre visite dans sa dernière maladie. Merati préparait une collection des liturgies occidentales, dont il avait concerté le plan avec le B. Tommasi, son confrère. Il mourut en 1745, laissant
une bibliothèque considérable en livres liturgiques, dont Benoît XIV voulut enrichir la sienne.
(1737). C'est l'année où mourut le P. Antoine-Marie Lupi, auteur de la célèbre Dissertation sur l'épitaphe de sainte
Sévère, et de tant d'autres travaux archéologiques. Il a traité savamment des baptistères anciens et de plusieurs autres matières liturgiques. Ces divers mémoires ont été recueillis par
Zaccaria, sous le titre de : Dissertazioni, lettere ed altre opperette, con giunte ed annotazioni. Faenza, 1755, in-4° en deux parties.
(1737) Agnello Onorato, chanoine d'Aversa, fit paraître à Lucques, en 1737, in-4°, neuf dissertations sur diverses thèses de
l'antiquité ecclésiastique, dont plusieurs ont trait à la science liturgique. Nous citerons en particulier la quatrième qui est intitulée : Dell' estrema unzione : dell’ antico osia lodevol
rito di santa Chiesa n'ell’ amministrare agl'infermi la sacra unzione prima di dar loro il viatico.
(1737). Dom Léger Mayer, bénédictin de l'abbaye de Muri, en Suisse, est connu par son Explicatio compendiosa litteralis
historica cœremoniarum, earum prœcipue quœ ad S. Liturgiam spectant. Tugii, 1757, in-12.
(1737). Jean Bottari, prélat romain, a complété la série des ouvrages qui traitent des monuments de Rome Souterraine, si
importants pour la science liturgique, par son beau travail intitulé : Sculture e pitture sacre estratte da Cimeteri di Roma,publicate gia dagli Autori della Roma Sotterranea nuovamente date
in luce colle spiegazioni. Rome, 3 volumes in-folio, 1737, 1746 et 1754.
(1739). Dom Germain Cartier, bénédictin d'Ettenheimunster, au diocèse de Strasbourg, a composé un ouvrage très-utile à ceux que
leur vocation appelle à célébrer l'office divin ; il est intitulé : Psalmodiœ Ecclesiasticœ dilucidatio. Strasbourg, 1739, in-8°.
(1741). Jean Lebeuf, sous-chantre de la cathédrale d'Auxerre, personnage grandement érudit, mais qui eut le malheur de fabriquer
durant sa vie une trop grande masse de plain-chant, a laissé un Traité historique et pratique sur le Chant ecclésiastique. Paris, 1741, in-8°. Il est auteur du Martyrologium
Autisiodorense.
(1740). Jean-Chrysostome Trombelli, chanoine régulier, l'un des hommes les plus versés dans la science liturgique qu'ait eus
l'Italie au XVIIIe siècle, a laissé, entre autres ouvrages, trois magnifiques traités : De Cultu sanctorum dissertationes decem quibus accessit appendix de Cruce. Bologne, 1740. Cinq
volumes in-4° et six avec les Vindiciœ. — Mariœ Sanctissimœ Vita ac gesta, cultusque illi adhibitus per dissertationes descripta. Bologne, 1761. Six volumes in-4°. —
Tractatus de Sacramentis per polemicas et Liturgicas dissertationes dispositi. Bologne, 1775. Douze volumes in-4°. Cet illustre liturgiste a donné une édition de l’Ordo Officiorum
Ecclesiae Senensis ab Oderico ejusdem Ecclesiœ Canonico compositus, ouvrage inédit, et dont Muratori avait indiqué l'existence au tome Ve de ses Antiquitates Italicœ. L'édition de
Trombelli est de Bologne, in-4°.
(1743). Jacques Merlin, jésuite, a composé un Traité historique et dogmatique sur les paroles ou les formes des sept
Sacrements de l’Église. Paris, 1745, in-12.
(1743). Joseph-Michel Cavalieri, augustin, est célèbre parmi les auteurs pratiques sur la Liturgie, par ses savants commentaires
sur les décrets de la Congrégation des Rites, dont la meilleure édition parut après la mort de l'auteur, en 1758, Venise, cinq tomes in-folio, sous ce titre : Cavalieri opera omnia Liturgica,
seu commentaria in authentica S. R. C. Decreta. Cavalieri se montre, en beaucoup d'endroits, hostile à Merati, et le combat avec affectation ; ce qui lui attira une réplique assez énergique
de la part d'un certain Charles de Ponivalle, qui publia des Mémoires en italien sur la vie et les écrits de Merati, à Venise, 1755, in-4°.
(1743). Dom Bennon Lobel, bénédictin allemand, abbé de Sainte-Marguerite de Prague, a composé une savante dissertation sur la
fameuse médaille de saint Benoît, qui a été l'objet des sarcasmes de J.-B. Thiers, comme aussi des naïvetés de plusieurs personnes contemporaines. Elle est intitulée : Disquisitio sacra
numismatica de origine, quidditate, virtute, pioque usu Numismatum, seu Crucillarum Sancti Benedicti Abbatis, per SS. D. N. Benedictum XIV. P. M. instaurato. Vienne, 1743, in-8°.
(1744). Jean Marangoni, adjoint à Boldetti dans la garde des sacrés cimetières, a laissé un ouvrage d'une valeur inappréciable
pour l'archéologue et le liturgiste. Il porte ce titre : Delle cose gentilesche e profane transportate ad uso e ad ornamento delle chiese. Rome, 1744, in-4°. Il y a aussi des choses
très-importantes pour la science liturgique, dans le savant ouvrage du même auteur sur la chronologie des Papes, intitulé : Chronologia Romanorum Pontificum superstes in pariete australi
Basilicœ S. Pauli viœ Ostiensis. Rome, 1751, in-folio.
(1744). Dom Charles-François Toustain et Dom Rene-Prosper Tassin, bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, auteurs du
Nouveau Traité de Diplomatique, appartiennent à notre bibliothèque, non seulement par la lettre au Cardinal Quirini dont nous avons parlé plus haut, mais aussi par leurs grands travaux,
malheureusement restés manuscrits, pour l'édition de saint Théodore Studite, l'un des principaux hymnographes de l'Église grecque. Dans la Lettre au cardinal Quirini, ils démontrent qu'il y a une
véritable poésie imitée des anciens poètes dramatiques, dans les tropaires, stichères, odes et cantiques du saint abbé de Stude. Il est fâcheux qu'ils n'aient pas étendu cette observation aux
autres monuments du même genre, tant de l'Église grecque que de l'Église latine. Dom Toustain a laissé manuscrit un ouvrage intitulé : Recherches sur la manière de prononcer les paroles de la
Liturgie chez les Grecs et les Orientaux, où l'on prétend réfuter la dissertation du P. Le Brun sur le même sujet. Nous n'avons pas besoin de signaler l'esprit qui a présidé à la composition
de cet ouvrage.
(1745). Antoine Martinetti a laissé un livre important sous ce titre : De Psalterio Romano. Rome, 1745,
in-folio.
(1745). Dom Charles Chardon, bénédictin de la Congrégation de Saint-Vannes, est connu avantageusement par un ouvrage plein de
recherches, intitulé : Histoire des Sacrements, ou de la manière dont ils ont été célébrés et administrés dans l'Église, et de l'usage qu'on en a fait depuis le temps des Apôtres jusqu'à
présent. Paris, 1745. Six volumes in-12. Cette histoire a été traduite en italien.
(1746). Jean-Baptiste Gattico, chanoine régulier de Latran, est connu par les ouvrages suivants: 1° De Oratoriis domesticis
et de usu Altaris portatilis, juxta veterem ac recentem Ecclesiœ disciplinant.. Rome, 1746, in-fol. — 2° Epistola Apologetica ad amicum, dans laquelle l'auteur défend ce qu'il a
avancé au chapitre XXIX du précédent ouvrage, au sujet de l'administration du sacrement de l'Eucharistie dans les oratoires privés. Bergame, 1751. —3° Acta selecta Cœremonialia sanctœ romanœ
Ecclesiœ ex variis MSS.Codicibus et Diariis sœculi XV.XVI.XVII. Rome, 1753, in-folio; un volume et demi, l'impression du second n'ayant point été achevée. Cet ouvrage renferme des détails du
plus grand prix pour l'histoire domestique de la Cour de Rome, autant que pour la Liturgie.
(1747). C'est l'année où parurent à Rome, en douze volumes in-folio, les œuvres dû grand Pontife Benoît XIV, dont le nom seul
rappelle la plus vaste science liturgique dont jamais un homme ait été orné. Il suffira sans doute de désigner ici en abrégé les divers ouvrages de ce grand homme, puisqu'ils sont entre les mains
de tout le monde. 1° De servorum Dei Beatificatione et de Beatorum Canonizatione. — 2° De Sacrosancto Missœ Sacrificio. — 3° De Festis D. N. J. C. et B. M. V. Le
Bullaire et les Institutiones Ecclesiasticœ renferment une infinité de questions liturgiques que l'illustre auteur discute et approfondit toujours. Nous avons parlé de son édition
du Martyrologe.
(1747). Robert Sala, cistercien de la congrégation des Feuillans d'Italie, personnage dont nous avons déjà parlé à propos du
cardinal Bona, son confrère, a enrichi de notes précieuses les deux livres Rerum Liturgicarum du pieux et docte cardinal. Cette édition, dédiée à Benoît XIV, est en trois volumes
in-folio. Turin, 1747. Ils ont été suivis d'un quatrième, contenant les lettres de Bona.
(1748). L'illustre Louis-Antoine Muratori, dont le nom seul rappelle les prodiges de la science la plus colossale, ne dédaigna
pas les études liturgiques, et s'est acquis le droit de figurer dans notre bibliothèque par sa Liturgia Romana vetus tria Sacramentaria complectens. Venise, 1748. Deux volumes in-folio.
On dit cependant que le fond de ce travail appartient au savant Dom Benoît Bacchini, bénédictin de la congrégation du Mont-Cassin.
(1749). Thomas-Marie Mamachi, dominicain fameux, mérite aussi une place dans ce catalogue, pour le magnifique ouvrage qu'il
voulut opposer aux Origines Christianœ de Bingham. Il est intitulé : Originum et Antiquitatum Christianarum libri viginti. Rome, 1749-1755, cinq volumes in-4°. Malheureusement,
cet ouvrage, quelque peu gâté par certains traits échappés à un esprit de corps injuste, est resté incomplet. Nous citerons encore, parmi les écrits de Mamachi : De' costumi de' primitivi
Cristiani. Rome, 1753-1757, trois volumes in-8°.
(1749). Léonard Cecconi, évêque de Montalte, est connu par sa Dissertazione sopra l'origine, significato, uso e
moraliammaestramentiper la divota recita dell’ Alleluia. Velletri, 1749,10-8°.
(1749). Joseph-Aloyse Assemani, neveu de Joseph-Simon, est à jamais illustre par sa magnifique collection liturgique, intitulée
: Codex Liturgicus Ecclesice universœ inXV Libros distributus, in quo continentur Libri Rituales, Missales, Pontificales, Officia, Diptycha, etc., Ecclesiarum Occidentis et Orientis. Le
premier volume parut à Rome, en 1749, in-4°. Cette œuvre, comme tant d'autres, est demeurée inachevée, neuf volumes seulement ayant paru. Vingt auraient à peine suffi à remplir le plan de
l'auteur. Il a laissé, en outre, une dissertation De Sancs Ritibus. Rome, 1757, in-4°; et un Traité De Ecclesiis, earum reverentia et asylo. Rome, 1756, in-fol. (1749). Cousin
de Contamine, séculier, employé dans les fermes royales, fit paraître, sous le voile de l'anonyme, une brochure intitulée : Traité critique du plain-chant usité aujourd'hui dans l’Église,
contenant les principes qui en montrent les défauts et qui peuvent conduire à le rendre meilleur. Paris, 1749, in-12 de 69 pages. On remarque, en tête du volume, une vignette sur
laquelle est représenté un bœuf piqué par un cousin ; ce qui signifie assez que l'auteur, en faisant allusion à son propre nom, a eu en vue d'attaquer l'abbé Lebeuf.
(1750). Poisson, curé de Marchangis, a laissé, sur le chant ecclésiastique, un intéressant ouvrage dont nous avons cité quelque
chose ailleurs, et qui porte ce titre : Traité théorique et pratique du Plain-chant appelé Grégorien. Paris, 1760, in-8°. Il est également auteur d'un livre sur les Règles de la
composition du Plain-chant, que nous n'avons pu nous procurer. La brochure de Cousin, dont il est question au précédent article, est adressée à Poisson.
(1750). Dominique-Marie Manni, célèbre imprimeur de Florence, a publié : 1° L'Istoria degli anni santi dal loroprincipio
sino al présente del MDCCL. Florence. — 2° Della disciplina del Canto Ecclesiastico antico ragionamento. Florence, 1756, in-4°.
(1750). Paul-Marie Paciaudi, théatin, antiquaire distingué, a laissé sur les matières liturgiques les ouvrages suivants : 1°
De sacris Christianorum Balneis. Venise, 1750, in-4°. — 2° De cultu S. Joannis Baptistœ. Rome, 1755, in-4°.
(1750). Antoine-François Gori, prévôt du baptistère de Florence, antiquaire non moins illustre, appartient à notre bibliothèque
par une grande partie de ses travaux archéologiques. Nous citerons en première ligne le Thesaurus veterum Diptycorum Consularium et Ecclesiasticorum que la mort l'empêcha d'achever, et
qui ne parut qu'en 1759 par les soins de J.-B. Passeri. Florence, 1759, trois vol. in-fol. On trouve plusieurs dissertations curieuses sur les matières liturgiques dans un recueil d'opuscules de
divers auteurs que Gori fit paraître en 1748 à Florence et à Rome, sous le titre de Symbolae Literariœ. On a encore de Gori une dissertation de Antiquis Codicibus Mss. quatuor
Evangeliorum, deque internis externisque eorumdem Codicum ornamentis. Ce savant homme, lorsqu'il fut atteint par la mort, préparait des travaux importants sur les matières suivantes : 1°
De antiquis Ecclesiarum Hierothesis ; 2° Vetusti Ambonis Ecclesiae Florentinœ
Sancti Petri sacra emblemata nunc primum prolata et illustrata ; 3° Liturgia antiqua Sanctae Ecclesiae Florentinœ
cum observationibus ; 4° De forma, cultu, ornatuque veterum Baptisteriorum apud Christianos ; 5° Vetusta monumenta Liturgica, ad Basilicam reconciliandam ; 6° De Ritu
attollendi faces in sacris Ecclesicae Mysteriis.
(1750). Emmanuel de Azevedo, jésuite portugais, ami particulier de Benoît XIV, dont il publia les œuvres, sur lesquelles il
exécuta des travaux analytiques du plus haut mérite, fut pendant plusieurs années professeur à l'école liturgique du Collège romain. C'est au zèle d'Azevedo à remplir les fonctions de sa charge,
que nous sommes redevables de ses précieuses Exercitationes Liturgicœ de Divino Officio et Sacrosancto Missae Sacrificio, dont quelques-unes parurent à Rome, en 1750, in-4°, et qui ont
toutes été recueillies dans l'édition de Venise, in-folio en deux parties, 1783. Cette dernière édition renferme aussi un ouvrage inédit du même auteur, intitulé : De Catholicœ Ecclesiœ
pietate erga animas in Purgatorio retentas. Azevedo avait projeté la publication d'une collection liturgique, dont il lança le prospectus dans le public, en 1749. Elle devait être intitulée
: Thesaurus Liturgicus, et atteindre au moins le nombre de douze volumes, bien qu'Azevedo n'eût dessein d'y renfermer que les livres liturgiques de l'Église latine.
Notre bibliothèque liturgique, tout incomplète qu'elle est, le serait encore davantage si nous omettions de mentionner ici, en
terminant cette période, divers recueils qui renferment un grand nombre de mémoires sur les matières liturgiques, mais d'une dimension trop restreinte pour qu'on ait pu songer à les imprimer à
part. Nous conseillerons donc à nos lecteurs de feuilleter le Journal des Savants, les Mémoires de Trévoux et surtout le Mercure de France. Ils y trouveront de
véritables richesses, et souvent des éclaircissements précieux sur les questions les plus difficiles et les plus inattendues. Ils feront bien aussi de consulter les diverses publications de ce
genre qui ont paru en Italie, et, en particulier, l'immense collection du P. Ange Calogera, camaldule, dans laquelle ce savant a recueilli sous le titre de Raccolta d'opuscoli scientifici e
filologici (cinquante-un volumes in-12, 1729 et années suivantes) une grande quantité de dissertations des savants italiens sur les questions les plus curieuses de l'archéologie liturgique.
Calogera commença en 1755, une Nuova Raccolta qui fut continuée après sa mort par le P. Fortuné Mandelli, camaldule.
Passons maintenant aux conclusions des faits contenus dans ce chapitre.
La marche de la Liturgie romaine continue de s'opérer avec majesté. En même temps que l'antique fonds de saint Grégoire est
maintenu, le culte des Saints continue de prendre de nouveaux accroissements. Si, un moment, Benoît XIV semble hésiter, comme préoccupé du désir d'arrêter un développement inconnu aux siècles
précédents, la lenteur avec laquelle il procède, les précautions dont il s'entoure, la résolution de ne traiter qu'avec toute sorte d'égards l'œuvre séculaire de la liturgie, tout, jusqu'à
l'abandon de ce projet de réforme, atteste avec quelle gravité l'Église entend procéder dans les améliorations de ce qui touche au culte divin.
Pourtant, cette Italie, si lente à prendre un parti dans l'amélioration du bréviaire, ne fut jamais plus richement pourvue
d'hommes versés dans l'érudition liturgique. Une seule période de cinquante ans nous donne, entre autres, Buonarotti, Boldetti, Bottari, les Assemani, Quirini, Moretti, Georgi, les Bianchini,
Benoît XIV, Catalani, Merati, Cavalieri, Trombelli, Marangoni, Gattico, Sala, Muratori, Mamachi, Paciaudi, Gori, Azevedo, etc.
En France, si l'on excepte Renaudot et Le Brun, les noms que nous avons cités n'appartiennent, pour la plupart, qu'à des
liturgistes du second ou du troisième ordre, et encore nous a-t-il fallu un zèle tout patriotique pour les découvrir. Cependant, à cette époque, de toutes parts en France, on voyait éclore
bréviaires et missels, sur un plan perfectionné : comment, au milieu d'une si prodigieuse fécondité, la science liturgique se montrait-elle ainsi aux abois ? Par une raison toute simple : c'est
que la science liturgique, comme toutes les branches de la science ecclésiastique, est avant tout une science de tradition ; d'où il suit que nous avons encore huit ou neuf cents ans a patienter,
d'ici que les Breviaires et Missels de Vigier, Mesenguy, Le Brun des Marettes, Robinet et les autres, soient de nature a devenir l’objet d'une science véritablement liturgique.
DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS
LITURGIQUES CHAPITRE XXII : FIN DE L’HISTOIRE DE LA LITURGIE DURANT LA PREMIERE MOITIE DU XVIIIe SIECLE. TRAVAUX DES SOUVERAINS PONTIFES SUR LA LITURGIE ROMAINE. AUTEURS LITURGISTES DE
CETTE EPOQUE.
Tombeau de Benoît
XIV, Basilique Saint Pierre de Rome