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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

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BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

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Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

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Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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SALVE REGINA

10 août 2012 5 10 /08 /août /2012 11:30

Mais ils en furent expulsés de nouveau par les Fatimites en 1076 : ceux-ci y régnaient encore lorsque les croisés parurent sur les frontières de la Palestine.
 
Les écrivains du XVIIIe siècle se sont plu à représenter les croisades sous un jour odieux. J’ai réclamé un des premiers contre cette ignorance ou cette injustice. Les croisades ne furent des folies, comme on affectait de les appeler, ni dans leur principe ni dans leur résultat. Les chrétiens n’étaient point les agresseurs. Si les sujets d’Omar, partis de Jérusalem, après avoir fait le tour de l’Afrique, fondirent sur la Sicile, sur l’Espagne, sur la France même, où Charles Martel les extermina, pourquoi des sujets de Philippe Ier, sortis de la France, n’auraient-ils pas fait le tour de l’Asie pour se venger des descendants d’Omar jusque dans Jérusalem ? C’est un grand spectacle sans doute que ces deux armées de l’Europe et de l’Asie marchant en sens contraire autour de la Méditerranée et venant, chacune sous la bannière de sa religion, attaquer Mahomet et Jésus-Christ au milieu de leurs adorateurs. N’apercevoir dans les croisades que des pèlerins armés qui courent délivrer un tombeau en Palestine, c’est montrer une vue très bornée en histoire. Il s’agissait non seulement de la délivrance de ce tombeau sacré, mais encore de savoir qui devait l’emporter sur la terre, ou d’un culte ennemi de la civilisation, favorable par système à l’ignorance, au despotisme, à l’esclavage, ou d’un culte qui a fait revivre chez les modernes le génie de la docte antiquité et aboli la servitude. Il suffit de lire le discours du pape Urbain II au concile de Clermont pour se convaincre que les chefs de ces entreprises guerrières n’avaient pas les petites idées qu’on leur suppose, et qu’ils pensaient à sauver le monde d’une inondation de nouveaux barbares.

 

L’esprit du mahométisme est la persécution et la conquête ; l’Evangile, au contraire, ne prêche que la tolérance et la paix. Aussi les chrétiens supportèrent-ils pendant sept cent soixante-quatre ans tous les maux que le fanatisme des Sarrasins leur voulut faire souffrir ; ils tâchèrent seulement d’intéresser en leur faveur Charlemagne. Mais ni les Espagnes soumises, ni la France envahie, ni la Grèce et les deux Siciles ravagées, ni l’Afrique entière tombée dans les fers, ne purent déterminer pendant près de huit siècles les chrétiens à prendre les armes. Si enfin les cris de tant de victimes égorgées en Orient, si les progrès des barbares, déjà aux portes de Constantinople, réveillèrent la chrétienté et la firent courir à sa propre défense, qui oserait dire que la cause des guerres sacrées fut injuste ? Où en serions-nous si nos pères n’eussent repoussé la force par la force ? Que l’on contemple la Grèce, et l’on apprendra ce que devient un peuple sous le joug des musulmans. Ceux qui s’applaudissent tant aujourd’hui du progrès des lumières auraient-ils donc voulu voir régner parmi nous une religion qui a brûlé la bibliothèque d’Alexandrie, qui se fait un mérite de fouler aux pieds les hommes et de mépriser souverainement les lettres et les arts ?
 
Les croisades, en affaiblissant les hordes mahométanes au centre même de l’Asie, nous ont empêchés de devenir la proie des Turcs et des Arabes. Elles ont fait plus : elles nous ont sauvés de nos propres révolutions ; elles ont suspendu, par la paix de Dieu, nos guerres intestines ; elles ont ouvert une issue à cet excès de population qui tôt ou tard cause la ruine des États remarque que le père Maimbourg a faite et que M. de Bonald a développée.
 
Quant aux autres résultats des croisades, on commence à convenir que ces entreprises guerrières ont été favorables au progrès des lettres et de la civilisation. Robertson a parfaitement traité ce sujet dans son Histoire du Commerce des Anciens aux Indes Orientales.

 

J’ajouterai qu’il ne faut pas dans ces calculs omettre la renommée que les armes européennes ont obtenue dans les expéditions d’outre-mer. Le temps de ces expéditions est le temps héroïque de notre histoire ; c’est celui qui a donné naissance à notre poésie épique.

 

Tout ce qui répand du merveilleux sur une nation ne doit point être méprisé par cette nation même. On voudrait en vain se le dissimuler, il y a quelque chose dans notre cœur qui nous fait aimer la gloire ; l’homme ne se compose pas absolument de calculs positifs pour son bien et pour son mal : ce serait trop le ravaler ; c’est en entretenant les Romains de l’éternité de leur ville qu’on les a menés à la conquête du monde et qu’on leur a fait laisser dans l’histoire un nom éternel.

 

Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Quatrième partie : Voyage de Jérusalem

 

Crusaders Thirsting near Jerusalem

Croisés en vue de Jérusalem, Francesco Hayez  

" Quant aux autres résultats des croisades, on commence à convenir que ces entreprises guerrières ont été favorables au progrès des lettres et de la civilisation."

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9 août 2012 4 09 /08 /août /2012 11:30

Le temple fut brûlé trente-huit ans après la mort de Jésus-Christ ; de sorte qu’un grand nombre de ceux qui avaient entendu la prédication du Sauveur purent en voir l’accomplissement.

 

Le reste de la nation juive s’étant soulevé de nouveau, Adrien acheva de détruire ce que Titus avait laissé debout dans l’ancienne Jérusalem. Il éleva sur les ruines de la cité de David une autre ville, à laquelle il donna le nom d’Aelia Capitolina ; il en défendit l’entrée aux Juifs sous peine de mort, et fit sculpter un pourceau sur la porte qui conduisait à Bethléem. Saint Grégoire de Nazianze assure cependant que les Juifs avaient la permission d’entrer à Aelia une fois par an, pour y pleurer ; saint Jérôme ajoute qu’on leur vendait au poids de l’or le droit de verser des larmes sur les cendres de leur patrie.
 
Cinq cent quatre-vingt-cinq mille Juifs, au rapport de Dion, moururent de la main du soldat dans cette guerre d’Adrien. Une multitude d’esclaves de l’un et de l’autre sexe fut vendue aux foires de Gaza et de Membré ; on rasa cinquante châteaux et neuf cent quatre-vingt-cinq bourgades.
 
Adrien bâtit sa ville nouvelle précisément dans la place qu’elle occupe aujourd’hui ; et, par une providence particulière, comme l’observe Doubdan, il enferma le mont Calvaire dans l’enceinte des murailles. A l’époque de la persécution de Dioclétien, le nom même de Jérusalem était si totalement oublié, qu’un martyr ayant répondu à un gouverneur romain qu’il était de Jérusalem, ce gouverneur s’imagina que le martyr parlait de quelque ville factieuse bâtie secrètement par les chrétiens. Vers la fin du VIIe siècle, Jérusalem portait encore le nom d’Aelia, comme on le voit par le Voyage d’Arculfe, de la rédaction d’Adamannus, ou de celle du vénérable Bède.
 
Quelques mouvements paraissent avoir eu lieu dans la Judée, sous les empereurs Antonin, Septime Sévère et Caracalla. Jérusalem, devenue païenne dans ses vieilles années, reconnut enfin le Dieu qu’elle avait rejeté. Constantin et sa mère renversèrent les idoles élevées sur le sépulcre du Sauveur, et consacrèrent les saints lieux par des édifices qu’on y voit encore.
 
Ce fut en vain que Julien, trente-sept ans après, rassembla les Juifs à Jérusalem pour y rebâtir le temple : les hommes travaillaient à cet ouvrage avec des hottes, des bêches et des pelles d’argent ; les femmes emportaient la terre dans le pan de leurs plus belles robes, mais des globes de feu sortant des fondements à demi creusés dispersèrent les ouvriers, et ne permirent pas d’achever l’entreprise.
 
Nous trouvons une révolte des Juifs sous Justinien, l’an 501 de Jésus-Christ. Ce fut aussi sous cet empereur que l’église de Jérusalem fut élevée à la dignité patriarcale.
 
Toujours destinée à lutter contre l’idolâtrie et à vaincre les fausses religions, Jérusalem fut prise par Cosroès, roi des Perses, l’an 613 de Jésus-Christ. Les Juifs répandus dans la Judée achetèrent de ce prince quatre-vingt-dix mille prisonniers chrétiens, et les égorgèrent.
 
Héraclius battit Cosroès en 627, reconquit la vraie croix que le roi des Perses avait enlevée, et la reporta à Jérusalem.
 
Neuf ans après, le calife Omar, troisième successeur de Mahomet, s’empara de Jérusalem, après l’avoir assiégée pendant quatre mois : la Palestine, ainsi que l’Égypte, passa sous le joug du vainqueur.
 
Omar fut assassiné à Jérusalem en 643. L’établissement de plusieurs califats en Arabie et en Syrie, la chute de la dynastie des Ommiades et l’élévation de celle des Abassides, remplirent la Judée de troubles et de malheurs pendant plus de deux cents ans.
 
Ahmed, Turc Toulounide, qui de gouverneur de l’Égypte en était devenu le souverain, fit la conquête de Jérusalem en 868 ; mais son fils ayant été défait par les califes de Bagdad, la cité sainte retourna sous la puissance de ces califes, l’an 905 de notre ère.
 
Un nouveau Turc, nommé Mahomet-Ikhschid, s’étant à son tour emparé de l’Égypte, porta ses armes au dehors, et soumit Jérusalem l’an 936 de Jésus-Christ.
 
Les Fatimites, sortis des sables de Cyrène en 968, chassèrent les Ikhschidites de l’Égypte, et conquirent plusieurs villes de la Palestine.
 
Un autre Turc, du nom d’ Ortok, favorisé par les Seljoucides d’Alep, se rendit maître de Jérusalem en 984, et ses enfants y régnèrent après lui.
 
Mostali, calife d’Égypte, obligea les Ortokides à sortir de Jérusalem.
 
Hakem ou Hequem, successeur d’Aziz, second calife fatimite, persécuta les chrétiens à Jérusalem vers l’an 996, comme je l’ai déjà raconté en parlant de l’église du Saint-Sépulcre. Ce calife mourut en 1021
 
Meleschah, Turc Seljoucide, prit la sainte cité en 1076, et fit ravager tout le pays. Les Ortokides qui avaient été chassés de Jérusalem par le calife Mostali y rentrèrent, et s’y maintinrent contre Redouan, prince d’Alep. Mais ils en furent expulsés de nouveau par les Fatimites en 1076 : ceux-ci y régnaient encore lorsque les croisés parurent sur les frontières de la Palestine.

 

Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Quatrième partie : Voyage de Jérusalem

 

Jérémie pleurant la destruction de Jérusalem, Rembrandt  

" Il éleva sur les ruines de la cité de David une autre ville, à laquelle il donna le nom d’Aelia Capitolina ; il en défendit l’entrée aux Juifs sous peine de mort, et fit sculpter un pourceau sur la porte qui conduisait à Bethléem."

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8 août 2012 3 08 /08 /août /2012 11:30

Nous descendîmes de la montagne des Oliviers, et, remontant à cheval, nous continuâmes notre route.

 

Nous laissâmes derrière nous la vallée de Josaphat, et nous marchâmes par des chemins escarpés jusqu’à l’angle septentrional de la ville ; de là, tournant à l’ouest et longeant le mur qui fait face au nord, nous arrivâmes à la grotte où Jérémie composa ses Lamentations. Nous n’étions pas loin des sépulcres des rois, mais nous renonçâmes à les voir ce jour-là, parce qu’il était trop tard. Nous revînmes chercher la porte de Jaffa, par laquelle nous étions sortis de Jérusalem. Il était sept heures précises quand nous rentrâmes au couvent.
 
Notre course avait duré cinq heures. A pied, et en suivant l’enceinte des murs, il faut à peine une heure pour faire le tour de Jérusalem.
 
Le 8 octobre, à cinq heures du matin, j’entrepris avec Ali-Aga et le drogman Michel la revue de l’intérieur de la ville. Il faut nous arrêter ici pour jeter un regard sur l’histoire de Jérusalem.
 
Jérusalem fut fondée l’an du monde 2023, par le grand-prêtre Melchisédech : il la nomma Salem, c’est-à-dire la Paix ; elle n’occupait alors que les deux montagnes de Mora et d’Acra.
 
Cinquante ans après sa fondation, elle fut prise par les Jébuséens, descendants de Jébus, fils de Chanaan. Ils bâtirent sur le mont Sion une forteresse, à laquelle ils donnèrent le nom de Jébus, leur père : la ville prit alors le nom de Jérusalem, ce qui signifie Vision de paix. Toute l’Ecriture en fait un magnifique éloge : Jerusalem, civitas Dei, luce splendida fulgebis. Omnes nationes terrae adorabunt te, etc. (Tobie)
 
Josué s’empara de la ville basse de Jérusalem, la première année de son entrée dans la Terre Promise : il fit mourir le roi Adonisédech et les quatre rois d’Ebron, de Jérimol, de Lachis et d’Eglon. Les Jébuséens demeurèrent les maîtres de la ville haute ou de la citadelle de Jébus. Ils n’en furent chassés que par David, huit cent vingt-quatre ans après leur entrée dans la cité de Melchisédech.
 
David fit augmenter la forteresse de Jébus, et lui donna son propre nom. Il fit aussi bâtir sur la montagne de Sion un palais et un tabernacle, afin d’y déposer l’arche d’alliance.
 
Salomon augmenta la cité sainte : il éleva ce premier temple dont l’Ecriture et l’historien Josèphe racontent les merveilles, et pour lequel Salomon lui-même composa de si beaux cantiques.
 
Cinq ans après la mort de Salomon, Sésac, roi d’Égypte, attaqua Roboam, prit et pilla Jérusalem.
 
Elle fut encore saccagée cent cinquante ans après par Joas, roi d’Israël.
 
Envahie de nouveau par les Assyriens, Manassès, roi de Juda, fut emmené captif à Babylone. Enfin, sous le règne de Sédécias, Nabuchodonosor renversa Jérusalem de fond en comble, brûla le temple et transporta les Juifs à Babylone. Sion quasi ager arabatur, dit Jérémie ; Hierusalem ut, lapidum erat. Saint Jérôme pour peindre la solitude de cette ville désolée dit qu’on n’y voyait pas voler un seul oiseau.
 
Le premier temple fut détruit quatre cent soixante-dix ans six mois et dix jours après sa fondation par Salomon, l’an du monde 3513, environ six cents ans avant Jésus-Christ : quatre cent soixante-dix-sept ans s’étaient écoulés depuis David jusqu’à Sédécias, et la ville avait été gouvernée par dix-sept rois.
 
Après les soixante et dix ans de captivité, Zorobabel commença à rebâtir le temple et la ville. Cet ouvrage, interrompu pendant quelques années, fut successivement achevé par Esdras et Néhémie.
 
Alexandre passa à Jérusalem l’an du monde 3583, et offrit des sacrifices dans le temple.
 
Ptolémée, fils de Lagus, se rendit maître de Jérusalem ; mais elle fut très bien traitée par Ptolémée Philadelphe, qui fit au temple de magnifiques présents.
 
Antiochus le Grand reprit la Judée sur les rois d’Égypte, et la remit ensuite à Ptolémée Evergète. Antiochus Epiphane saccagea de nouveau Jérusalem, et plaça dans le temple l’idole de Jupiter Olympien.
 
Les Machabées rendirent la liberté à leur pays, et le défendirent contre les rois de l’Asie.
 
Malheureusement Aristobule et Hircan se disputèrent la couronne ; ils eurent recours aux Romains, qui par la mort de Mithridate étaient devenus les maîtres de l’Orient. Pompée accourut à Jérusalem : introduit dans la ville, il assiège et prend le temple. Crassus ne tarda pas a piller ce monument auguste, que Pompée vainqueur avait respecté.
 
Hircan, protégé de César, s’était maintenu dans la grande sacrificature. Antigone, fils d’Aristobule, empoisonné par les Pompéiens, fait la guerre à son oncle Hircan, et appelle les Parthes à son secours. Ceux-ci fondent sur la Judée, entrent dans Jérusalem, et emmènent Hircan prisonnier.
 
Hérode le Grand, fils d’Antipater, officier distingué de la cour d’Hircan, s’empare du royaume de Judée par la faveur des Romains. Antigone, que le sort des armes fait tomber entre les mains d’Hérode, est envoyé à Antoine. Le dernier descendant des Machabées, le roi légitime de Jérusalem, est attaché à un poteau, battu de verges et mis à mort par l’ordre d’un citoyen romain.
 
Hérode, demeuré seul maître de Jérusalem, la remplit de monuments superbes, dont je parlerai dans un autre lieu. Ce fut sous le règne de ce prince que Jésus-Christ vint au monde.
 
Archélaüs, fils d’Hérode et de Mariamne, succéda à son père, tandis qu’Hérode Antipas, fils aussi du grand Hérode, eut la tétrarchie de la Galilée et de la Pérée. Celui-ci fit trancher la tête à saint Jean-Baptiste et renvoya Jésus-Christ à Pilate. Cet Hérode le tétrarque fut exilé à Lyon par Caligula.
 
Agrippa, petit-fils d’Hérode le Grand, obtint le royaume de Judée ; mais son frère Hérode, roi de Chalcide, eut tout pouvoir sur le temple, le trésor sacré et la grande sacrificature.
 
Après la mort d’Agrippa, la Judée fut réduite en province romaine. Les Juifs s’étant révoltés contre leurs maîtres, Titus assiégea et prit Jérusalem. Deux cent mille Juifs moururent de faim pendant ce siège. Depuis le 14 avril jusqu’au 1er de juillet de l’an 71 de notre ère, cent quinze mille huit cent quatre-vingts cadavres sortirent par une seule porte de Jérusalem. On mangea le cuir des souliers et des boucliers ; on en vint à se nourrir de foin et des ordures que l’on chercha dans les égouts de la ville : une mère dévora son enfant. Les assiégés avalaient leur or ; le soldat romain qui s’en aperçut égorgeait les prisonniers, et cherchait ensuite le trésor recélé dans les entrailles de ces malheureux. Onze cent mille Juifs périrent dans la ville de Jérusalem, et deux cent trente-huit mille quatre cent soixante dans le reste de la Judée. Je ne comprends dans ce calcul ni les femmes, ni les enfants, ni les vieillards emportés par la faim, les séditions et les flammes. Enfin il y eut quatre-vingt-dix-neuf mille deux cents prisonniers de guerre ; les uns furent condamnés aux travaux publics, les autres furent réservés au triomphe de Titus : ils parurent dans les amphithéâtres de l’Europe et de l’Asie, où ils s’entretuèrent pour amuser la populace du monde romain. Ceux qui n’avaient pas atteint l’âge de dix-sept ans furent mis à l’encan avec les femmes ; on en donnait trente pour un denier. Le sang du Juste avait été vendu trente deniers à Jérusalem, et le peuple avait crié : Sanguis ejus super nos et super filios nostros. Dieu entendit ce vœu des Juifs, et pour la dernière fois il exauça leur prière : après quoi il détourna ses regards de la Terre Promise et choisit un nouveau peuple.
 
Le temple fut brûlé trente-huit ans après la mort de Jésus-Christ ; de sorte qu’un grand nombre de ceux qui avaient entendu la prédication du Sauveur purent en voir l’accomplissement.

 

Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Quatrième partie : Voyage de Jérusalem

 

The Destruction of Jerusalem by Titus

La Destruction de Jérusalem par Titus, Wilhelm von Kaulbach

" Le temple fut brûlé trente-huit ans après la mort de Jésus-Christ ; de sorte qu’un grand nombre de ceux qui avaient entendu la prédication du Sauveur purent en voir l’accomplissement."

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7 août 2012 2 07 /08 /août /2012 11:30

On monte encore un peu plus haut, et l’on rencontre les ruines ou plutôt l’emplacement désert d’une chapelle :

une tradition constante enseigne que Jésus-Christ récita dans cet endroit l’Oraison dominicale.


 " Un jour, comme il était en prière en un certain lieu, après qu’il eut cessé de prier, un de ses disciples lui dit : Seigneur, apprenez-nous à prier, ainsi que Jean l’a appris à ses disciples. Et il leur dit : Lorsque vous prierez, dites : Père, que votre nom soit sanctifié."
Ainsi furent composées presqu’au même lieu la profession de foi de tous les hommes et la prière de tous les hommes.
 
A trente pas de là, en tirant un peu vers le nord, est un olivier au pied duquel le Fils du souverain Arbitre prédit le jugement universel (Saint Luc).
 
Enfin, on fait encore une cinquantaine de pas sur la montagne, et l’on arrive à une petite mosquée, de forme octogone, reste d’une église élevée jadis à l’endroit même où Jésus-Christ monta au ciel après sa résurrection. On distingue sur le rocher l’empreinte du pied gauche d’un homme ; le vestige du pied droit s’y voyait aussi autrefois : la plupart des pèlerins disent que les Turcs ont enlevé ce second vestige pour le placer dans la mosquée du temple, mais le père Roger affirme positivement qu’il n’y est pas. Je me tais, par respect, sans pourtant être convaincu, devant des autorités considérables : saint Augustin, saint Jérôme, saint Paulin, Sulpice Sévère, le vénérable Bède, la tradition, tous les voyageurs anciens et modernes, assurent que cette trace marque un pas de Jésus-Christ. En examinant cette trace, on en a conclu que le Sauveur avait le visage tourné vers le nord au moment de son ascension comme pour renier ce midi infesté d’erreurs, pour appeler à la foi les barbares qui devaient renverser les temples des faux dieux, créer de nouvelles nations et planter l’étendard de la croix sur les murs de Jérusalem.
 
Plusieurs Pères de l’Église ont cru que Jésus-Christ s’éleva aux cieux au milieu des âmes des patriarches et des prophètes, délivrées par lui des chaînes de la mort : sa mère et cent vingt disciples furent témoins de son ascension. Il étendit les bras comme Moïse, dit saint Grégoire de Nazianze, et présenta ses disciples à son Père ; ensuite il croisa ses mains puissantes en les abaissant sur la tête de ses bien-aimés, et c’était de cette manière que Jacob avait béni les fils de Joseph ; puis, quittant la terre avec une majesté admirable, il monta lentement vers les demeures éternelles, et se perdit dans une nue éclatante !
 
Sainte Hélène avait fait bâtir une église où l’on trouve aujourd’hui la mosquée octogone. Saint Jérôme nous apprend qu’on n’avait jamais pu fermer la voûte de cette église à l’endroit où Jésus-Christ prit sa route à travers les airs. Le vénérable Bède assure que de son temps, la veille de l’Ascension, on voyait pendant la nuit la montagne des Oliviers couverte de feux. Rien n’oblige à croire ces traditions, que je rapporte seulement pour faire connaître l’histoire et les mœurs ; mais si Descartes et Newton eussent philosophiquement douté de ces merveilles, Racine et Milton ne les auraient pas poétiquement répétées.
 
Telle est l’histoire évangélique expliquée par les monuments. Nous l’avons vue commencer à Bethléem, marcher au dénouement chez Pilate, arriver à la catastrophe au Calvaire, et se terminer sur la montagne des Oliviers. Le lieu même de l’Ascension n’est pas tout à fait à la cime de la montagne, mais à deux ou trois cents pas au-dessous du plus haut sommet.

 

Nous descendîmes de la montagne des Oliviers, et, remontant à cheval, nous continuâmes notre route.

 

Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Quatrième partie : Voyage de Jérusalem

 

Jérusalem, Chapelle de l'Ascension, 1854

Chapelle de L'AscensionCalotype de 1854, d'Auguste Salzmann 

" L’on arrive à une petite mosquée, de forme octogone, reste d’une église élevée jadis à l’endroit même où Jésus-Christ monta au ciel après sa résurrection."

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5 août 2012 7 05 /08 /août /2012 11:30

Nous entrâmes d’abord dans le sépulcre de la Vierge.

 

C’est une église souterraine, où l’on descend par cinquante degrés, assez beaux : elle est partagée entre toutes les sectes chrétiennes : les Turcs mêmes ont un oratoire dans ce lieu ; les catholiques possèdent le tombeau de Marie. Quoique la Vierge ne soit pas morte à Jérusalem, elle fut (selon l’opinion de plusieurs Pères) miraculeusement ensevelie à Gethsémani par les apôtres. Euthymius raconte l’histoire de ces merveilleuses funérailles. Saint Thomas ayant fait ouvrir le cercueil, on n’y trouva plus qu’une robe virginale, simple et pauvre vêtement de cette reine de gloire, que les anges avaient enlevée aux cieux.
 
Les tombeaux de saint Joseph, de saint Joachim et de sainte Anne se voient aussi dans cette église souterraine.
 
Sortis du sépulcre de la Vierge, nous allâmes voir, dans le jardin des Oliviers, la grotte où le Sauveur répandit une sueur de sang, en prononçant ces paroles : Pater, si possibile est, transeat a me calix iste.
 
Cette grotte est irrégulière ; on y a pratiqué des autels. A quelques pas en dehors on voit la place où Judas trahit son maître par un baiser. A quelle espèce de douleur Jésus-Christ consentit à descendre ! Il éprouva ces affreux dégoûts de la vie que la vertu même a de la peine à surmonter. Et à l’instant où un ange est obligé de sortir du ciel pour soutenir la Divinité défaillante sous le fardeau des misères de l’homme, cette Divinité miséricordieuse est trahie par l’homme !
 
En quittant la grotte du Calice d’amertume, et gravissant un chemin tortueux semé de cailloux, le drogman nous arrêta près d’une roche d’où l’on prétend que Jésus-Christ regarda la ville coupable en pleurant sur la désolation prochaine de Sion. Baronius observe que Titus planta ses tentes à l’endroit même où le Sauveur avait prédit la ruine de Jérusalem. Doubdan, qui combat cette opinion sans citer Baronius, croit que la sixième légion romaine campa au sommet de la montagne des Oliviers, et non pas sur le penchant de la montagne. Cette critique est trop sévère, et la remarque de Baronius n’en est ni moins belle ni moins juste.
 
De la roche de la Prédiction nous montâmes à des grottes qui sont à la droite du chemin. On les appelle les Tombeaux des Prophètes ; elles n’ont rien de remarquable, et l’on ne sait trop de quels prophètes elles peuvent garder les cendres.
 
Un peu au-dessus de ces grottes nous trouvâmes une espèce de citerne, composée de douze arcades ce fut là que les apôtres composèrent le premier symbole de notre croyance. Tandis que le monde entier adorait à la face du soleil mille divinités honteuses, douze pêcheurs, cachés dans les entrailles de la terre, dressaient la profession de foi du genre humain et reconnaissaient l’unité du Dieu créateur de ces astres à la lumière desquels on n’osait encore proclamer son existence. Si quelque Romain de la cour d’Auguste, passant auprès de ce souterrain, eût aperçu les douze Juifs qui composaient cette œuvre sublime, quel mépris il eût témoigné pour cette troupe superstitieuse ! Avec quel dédain il eût parlé de ces premiers fidèles ! Et pourtant ils allaient renverser les temples de ce Romain, détruire la religion de ses pères, changer les lois, la politique, la morale, la raison, et jusqu’aux pensées des hommes.

 

Ne désespérons donc jamais du salut des peuples. Les chrétiens gémissent aujourd’hui sur la tiédeur de la foi : qui sait si Dieu n’a point planté dans une aire inconnue le grain de sénevé qui doit multiplier dans les champs ? Peut-être cet espoir de salut est-il sous nos yeux sans que nous nous y arrêtions ; peut-être nous paraît-il aussi absurde que ridicule. Mais qui aurait jamais pu croire à la folie de la Croix ?
 
On monte encore un peu plus haut, et l’on rencontre les ruines ou plutôt l’emplacement désert d’une chapelle.

 

Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Quatrième partie : Voyage de Jérusalem

 

Chrétiennes Au Tombeau De la Vierge, Jerusalem

Chrétiennes au Tombeau de la Vierge, Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouÿ

" Il est partagée entre toutes les sectes chrétiennes : les Turcs mêmes ont un oratoire dans ce lieu. "

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4 août 2012 6 04 /08 /août /2012 11:30

Nous avançâmes jusqu’à l’angle oriental du mur de la ville. et nous entrâmes dans la vallée de Josaphat.

 

Elle court du nord au midi, entre la montagne des Oliviers et le mont Moria. Le torrent de Cédron passe au milieu ; ce torrent est à sec une partie de l’année ; dans les orages ou dans les printemps pluvieux il roule une eau rougie.
 
La vallée de Josaphat est encore appelée dans l’Ecriture vallée de Savé, vallée du Roi, vallée de Melchisédech. Ce fut dans la vallée de Melchisédech que le roi de Sodome chercha Abraham pour le féliciter de la victoire remportée sur les cinq rois. Moloch et Béelphégor furent adorés dans cette même vallée Elle prit dans la suite le nom de Josaphat, parce que le roi de ce nom y fit élever son tombeau. La vallée de Josaphat semble avoir toujours servi de cimetière à Jérusalem ; on y rencontre les monuments des siècles les plus reculés et des temps les plus modernes : les Juifs viennent y mourir des quatre parties du monde ; un étranger leur vend au poids de l’or un peu de terre pour couvrir leur corps dans le champ de leurs aïeux. Les cèdres dont Salomon planta cette vallée, l’ombre du temple dont elle était couverte, le torrent qui la traversait, les cantiques de deuil que David y composa, les lamentations que Jérémie y fit entendre, la rendaient propre à la tristesse et à la paix des tombeaux.

 

En commençant sa Passion dans ce lieu solitaire, Jésus-Christ le consacra de nouveau aux douleurs : ce David innocent y versa, pour effacer nos crimes, les larmes que le David coupable y répandit pour expier ses propres erreurs. Il y a peu de noms qui réveillent dans l’imagination des pensées à la fois plus touchantes et plus formidables que celui de la vallée de Josaphat : vallée si pleine de mystères que, selon le prophète Joël, tous les hommes y doivent comparaître un jour devant le juge redoutable : Congregabo omnes gentes, et deducam eas in vallem Josaphat, et disceptabo cum eis ibi. "Il est raisonnable, dit le père Nau, que l’honneur de Jésus-Christ soit réparé publiquement dans le lieu où il lui a été ravi par tant d’opprobres et d’ignominies, et qu’il juge justement les hommes où ils l’ont jugé si injustement."
 
L’aspect de la vallée de Josaphat est désolé : le côté occidental est une haute falaise de craie qui soutient les murs gothiques de la ville, au-dessus desquels on aperçoit Jérusalem ; le côté oriental est formé par le mont des Oliviers et par la montagne du Scandale, mons Offensionis, ainsi nommée de l’idolâtrie de Salomon. Ces deux montagnes, qui se touchent, sont presque nues et d’une couleur rouge et sombre : sur leurs flancs déserts on voit çà et là quelques vignes, noires et brûlées, quelques bouquets d’oliviers sauvages, des friches couvertes d’hysope, des chapelles, des oratoires et des mosquées en ruine. Au fond de la vallée on découvre un pont d’une seule arche, jeté sur la ravine du torrent de Cédron.

 

Les pierres du cimetière des Juifs se montrent comme un amas de débris au pied de la montagne du Scandale, sous le village arabe de Siloan : on a peine à distinguer les masures de ce village des sépulcres dont elles sont environnées. Trois monuments antiques, les tombeaux de Zacharie, de Josaphat et d’Absalon, se font remarquer dans ce champ de destruction. A la tristesse de Jérusalem, dont il ne s’élève aucune fumée, dont il ne sort aucun bruit ; à la solitude des montagnes, où l’on n’aperçoit pas un être vivant ; au désordre de toutes ces tombes fracassées, brisées, demi-ouvertes, on dirait que la trompette du jugement s’est déjà fait entendre et que les morts vont se lever dans la vallée de Josaphat.
 
Au bord même, et presque à la naissance du torrent de Cédron, nous entrâmes dans le jardin des Oliviers ; il appartient aux Pères latins, qui l’ont acheté de leurs propres deniers : on y voit huit gros oliviers d’une extrême décrépitude, L’olivier est pour ainsi dire immortel, parce qu’il renaît de sa souche : on conservait dans la citadelle d’Athènes un olivier dont l’origine remontait à la fondation de la ville. Les oliviers du jardin de ce nom à Jérusalem sont au moins du temps du Bas-Empire ; en voici la preuve : en Turquie, tout olivier trouvé debout par les musulmans, lorsqu’ils envahirent l’Asie, ne paye qu’un médin au fisc, tandis que l’olivier planté depuis la conquête doit au grand seigneur la moitié de ses fruits : or les huit oliviers dont nous parlons ne sont taxés qu’à huit médins.

 

Nous descendîmes de cheval à l’entrée de ce jardin, pour visiter à pied les Stations de la montagne. Le village de Gethsémani était à quelque distance du jardin des Oliviers. On le confond aujourd’hui avec ce jardin, comme le remarquent Thévenot et Roger.
 
Nous entrâmes d’abord dans le sépulcre de la Vierge.

 

Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Quatrième partie : Voyage de Jérusalem

 

Jewish tombs on Kedron, 1898 

Cimetière au Cédron, Vallée de Josaphat, Jérusalem, 1898 

 " Au désordre de toutes ces tombes fracassées, brisées, demi-ouvertes, on dirait que la trompette du jugement s’est déjà fait entendre et que les morts vont se lever dans la vallée de Josaphat."   

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3 août 2012 5 03 /08 /août /2012 11:30

Nous allons à présent visiter les dehors de la ville sainte.
 
J’avais employé deux heures à parcourir à pied la voie Douloureuse. J’eus soin chaque jour de revoir ce chemin sacré ainsi que l’église du Calvaire, afin qu’aucune circonstance essentielle n’échappât à ma mémoire. Il était donc deux heures quand j’achevai, le 7 octobre, ma première revue des saints lieux. Je montai à cheval avec Ali-Aga, le drogman Michel et mes domestiques. Nous sortîmes par la porte de Jaffa pour faire le tour complet de Jérusalem. Nous étions couverts d’armes, habillés à la française, et très décidés à ne souffrir aucune insulte. On voit que les temps sont bien changés, grâce au renom de nos victoires ; car l’ambassadeur Deshayes, sous Louis XIII, eut toutes les peines du monde à obtenir la permission d’entrer à Jérusalem avec son épée.
 
Nous tournâmes à gauche en sortant de la porte de la ville ; nous marchâmes au midi, et nous passâmes la piscine de Bersabée, fossé large et profond, mais sans eau ; ensuite nous gravîmes la montagne de Sion, dont une partie se trouve hors de Jérusalem.
 
Je suppose que ce nom de Sion réveille dans la mémoire des lecteurs un grand souvenir ; qu’ils sont curieux de connaître cette montagne si mystérieuse dans l’Ecriture, si célèbre dans les cantiques de Salomon, cette montagne objet des bénédictions ou des larmes des prophètes, et dont Racine a soupiré les malheurs.
 
C’est un monticule d’un aspect jaunâtre et stérile, ouvert en forme de croissant du côté de Jérusalem, à peu près de la hauteur de Montmartre, mais plus arrondi au sommet. Ce sommet sacré est marqué par trois monuments ou plutôt par trois ruines : la maison de Caïphe le Saint-Cénacle, et le tombeau ou le palais de David. Du haut de là montagne vous voyez au midi la vallée de Ben-Hinnon, par delà cette vallée le Champ-du-Sang, acheté des trente deniers de Judas, le mont du Mauvais-Conseil, les tombeaux des juges et tout le désert vers Habron et Bethléem. Au nord le mur de Jérusalem, qui passé sur la cime de Sion, vous empêche de voir la ville ; celle-ci va toujours en s’inclinant vers la vallée de Josaphat.
 
La maison de Caïphe est aujourd’hui une église desservie par les Arméniens ; le tombeau de David est une petite salle voûtée où l’on trouve trois sépulcres de pierres noirâtres ; le Saint-Cénacle est une mosquée et un hôpital turc : c’étaient autrefois une église et un monastère occupés par les Pères de Terre Sainte. Ce dernier sanctuaire est également fameux dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament : David y bâtit son palais et son tombeau ; il y garda pendant trois mois l’arche d’alliance ; Jésus-Christ y fit la dernière pâque, et y institua le sacrement d’eucharistie ; il y apparut à ses disciples le jour de sa résurrection ; le Saint-Esprit y descendit sur les apôtres. Le Saint-Cénacle devint le premier temple chrétien que le monde ait vu ; saint Jacques le Mineur y fut consacré premier évêque de Jérusalem, et saint Pierre y tint le premier concile de l’Église ; enfin, ce fut de ce lieu que les apôtres partirent, pauvres et nus, pour monter sur tous les trônes de la terre : Docete omnes gentes !
 
L’historien Josèphe nous a laissé une description magnifique du palais et du tombeau de David. Benjamin de Tudèle fait au sujet de ce tombeau un conte assez curieux.
 
En descendant de la montagne de Sion, du côté du levant, nous arrivâmes à la vallée, à la fontaine et à la piscine de Siloé, où Jésus-Christ rendit la vue à l’aveugle. La fontaine sort d’un rocher ; elle coule en silence, cum silentio, selon le témoignage de Jérémie, ce qui contredit un passage de saint Jérôme ; elle a une espèce de flux et de reflux, tantôt versant ses eaux comme la fontaine de Vaucluse, tantôt les retenant et les laissant à peine couler. Les lévites répandaient l’eau de Siloé sur l’autel à la fête des Tabernacles, en chantant : Haurietis aquas in gaudio de fontibus Salvatoris. Milton invoque cette source, au commencement de son poème, au lieu de la fontaine Castalie :


 . . . . . Or, if Sion hill

Delight thee more, and Siloaf’s brook that flow’d

Fast by the Oracle of God, etc. ;


beaux vers que Delille a magnifiquement rendus :
Toi donc qui, célébrant las merveilles des cieux,

Prends loin de l’Hélicon un vol audacieux,

Soit que, te retenant sous ses palmiers antiques,

Sion avec plaisir répète tes cantiques ;

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Soit que, chantant le jour où Dieu donna sa loi,

Le Sina sous tes pieds tressaille encor d’effroi ;

Soit que près du saint lieu d’où partent ses oracles

Les flots du Siloé te disent ses miracles :

Muse sainte, soutiens mon vol présomptueux !


Les uns racontent que cette fontaine sortit tout à coup de la terre pour apaiser la soif d’Isaïe lorsque ce prophète fut scié en deux avec une scie de bois par l’ordre de Manassès ; les autres prétendent qu’on la vit paraître sous le règne d’Ezéchias, dont nous avons l’admirable cantique :


J’ai vu mes tristes journées

Décliner vers leur penchant, etc.


Selon Josèphe, cette source miraculeuse coulait pour l’armée de Titus, et refusait ses eaux aux Juifs coupables. La piscine, ou plutôt les deux piscines du même nom sont tout auprès de la source. Elles servent aujourd’hui à laver le linge comme autrefois, et nous y vîmes des femmes qui nous dirent des injures en s’enfuyant. L’eau de la fontaine est saumâtre et assez désagréable au goût ; on s’y baigne les yeux en mémoire du miracle de l’aveugle-né.
 
Prés de là on montre l’endroit où le prophète Isaïe subit le supplice dont j’ai parlé. On y voit aussi un village appelé Siloan ; au pied de ce village est une autre fontaine, que l’Ecriture nomme Rogel : en face de cette fontaine, au pied de la montagne de Sion, se trouve une troisième fontaine, qui porte le nom de Marie. On croit que la Vierge y venait chercher de l’eau, comme les filles de Laban au puits dont Jacob ôta la pierre : Ecce Rachel veniebat cum ovibus patris sui, etc. La fontaine de la Vierge mêle ses eaux à celles de la fontaine de Siloé.
 
Ici, comme le remarque saint Jérôme, on est à la racine du mont Moria sous les murs du Temple, à peu près en face de la porte Sterquilinaire.

 

Nous avançâmes jusqu’à l’angle oriental du mur de la ville. et nous entrâmes dans la vallée de Josaphat.

 

Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Quatrième partie : Voyage de Jérusalem

 

Jerusalem, Olivet, Mt. Zion, 1934 

Mont Sion, Jérusalem, 1934

" C'est un monticule d’un aspect jaunâtre et stérile, ouvert en forme de croissant du côté de Jérusalem, à peu près de la hauteur de Montmartre, mais plus arrondi au sommet."   

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