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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

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Cathédrale de Cambrai

 

 

 

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Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SALVE REGINA

13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 19:00
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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 05:00

" Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem et proclamez que son service est accompli, que son crime est pardonné, et qu'elle a reçu de la main du Seigneur double punition pour toutes ses fautes."


Une voix proclame : " Préparez à travers le désert le chemin du Seigneur. Tracez dans les terres arides une route aplanie pour notre Dieu. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées, les passages tortueux deviendront droits, et les escarpements seront changés en plaine. Alors la gloire du Seigneur se révélera et tous en même temps verront que la bouche du Seigneur a parlé."


Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à  Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à  Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : "Voici votre Dieu."


Voici le Seigneur Dieu : il vient avec puissance et son bras est victorieux. Le fruit de sa victoire l'accompagne et ses trophées le précèdent. Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits.

 

Livre d'Isaïe

 


La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. C’est elle qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d’ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux, et pour attendre le bonheur que nous espérons avoir quand se manifestera la gloire de Jésus Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.


Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et sa tendresse pour les hommes ; il nous a sauvés. Il l’a fait dans sa miséricorde, et non pas à cause d’actes méritoires que nous aurions accomplis par nous-mêmes. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint.

 

Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous avec abondance, par Jésus Christ notre Sauveur ; ainsi, par sa grâce, nous sommes devenus des justes, et nous possédons dans l’espérance l’héritage de la vie éternelle.

 

Lettre de saint Paul Apôtre à Tite

 


Le peuple venu auprès de Jean Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie.

 

Jean s’adressa alors à tous : " Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu."


Comme tout le peuple se faisait baptiser et que Jésus priait, après avoir été baptisé lui aussi, alors le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint descendit sur Jésus, sous une apparence corporelle, comme une colombe.

 

Du ciel une voix se fit entendre : " C’est toi mon Fils : moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. "

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

 

Baptême du Christ, Joachim Patenier

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12 janvier 2013 6 12 /01 /janvier /2013 20:00
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12 janvier 2013 6 12 /01 /janvier /2013 09:00

Le sentiment du beau dans les arts n’est donné qu’à un petit nombre d’esprits d’élite, et dans notre pays, qui a produit de grands artistes, il est trop souvent faussé par la tyrannie de la mode. On doit de la reconnaissance aux hommes qui résistent aux entraînements de la foule, et qui, par leur persévérance, parviennent à réformer ses jugements irréfléchis. À ce titre, Alexandre du Sommerard a bien mérité de ses contemporains, car personne plus que lui n’a contribué à rendre aux arts du moyen âge l’estime qui leur est due.

 

Alexandre du Sommerard naquit en 1779, à Bar-sur-Aube. Soldat volontaire à quatorze ans, il prit part à la lutte généreuse de la France contre l’étranger. Rarement l’éducation des camps développe le goût des arts : il fallait qu’il fût inné chez Alexandre du Sommerard, pour qu’au milieu des fatigues et des dangers de la guerre, la vue des chefs-d’œuvre de l’Italie ait décidé de sa vocation.

 

Au commencement du siècle, l’antiquité grecque et romaine avait conservé ou retrouvé son prestige, mais le moyen âge et même la renaissance passaient pour des temps de barbarie, et, sous le nom de gothique, on confondait dans un dédain général les plus beaux ouvrages créés dans notre France pendant une période de plus de soixante années. Alexandre du Sommerard ne partageait pas les préjugés de son époque. Un des premiers, il distingua les caractères de cet art méprisé ; il en comprit les beautés, il en pénétra, pour ainsi dire, les secrets. Il fallait une grande sagacité de critique, et un talent d’observation très subtil pour deviner les lois de cette archéologie encore inexplorée. C’était le temps où l’on regardait l’octogone de Montmorillon comme un temple de druides, et où l’on montrait au Musée de l’artillerie une cuirasse du XVIe siècle pour l’armure de Roland. Du Sommerard observa les rapports intimes qui existent entre les arts et l’industrie. Non seulement il s’initia à la vie intime et aux mœurs de nos aïeux en étudiant leurs meubles, leurs ustensiles, leurs procédés de fabrication, mais encore il reconnut qu’il a existé à toutes les époques des ouvriers modestes, dignes du nom d’artistes, et dont les productions révèlent le goût et quelquefois le génie. Découvrir leurs ouvrages, en faire ressortir les qualités, les proposer comme des modèles à nos fabricants, devint pour du Sommerard une constante préoccupation.

 

Rendu à la vie civile et attaché à la Cour des Comptes, d’abord en qualité de référendaire, puis de conseiller-maître, il employa tous ses loisirs et la plus grande partie d’une fortune modeste à réunir, classer et publier une collection d’objets d’art du moyen âge et de la renaissance. Chaque jour son cabinet s’enrichissait de meubles, de vases, d’ustensiles de toute espèce qu’il arrachait aux destructeurs ; car pendant longtemps, il fut presque le seul qui s’occupât à Paris de recueillir ces curiosités si recherchées aujourd’hui. Peu à peu il eut des imitateurs, et bientôt des envieux. Personne ne visitait cette riche collection sans perdre quelques préjugés, sans gagner quelque instruction utile. Toujours prêt à répondre aux questions des gens de goût et même à celles des curieux indiscrets, Alexandre du Sommerard faisait les honneurs de son cabinet avec une politesse exquise, et, sans avoir l’air de professer, il donnait des leçons d’archéologie pratique qui intéressaient et qu’on n’oubliait point.

 

On sait avec quelle déplorable insouciance les administrations municipales de Paris ont laissé détruire tant de monuments qui faisaient la gloire de notre capitale. L’Hôtel de Cluny, seul reste des palais du moyen âge, autrefois si nombreux à Paris, dut sa conservation à du Sommerard, qui vint y établir son domicile et y placer sa collection comme une espèce de sauvegarde. C’est là qu’il termina son grand ouvrage, les Arts au moyen âge (Paris, 1838-1846, 5 vol. et 510 planches), résumé de ses voyages, de ses longues études, de ses immenses lectures. On peut regretter que l’auteur n’ait pas adopté un plan plus didactique ; mais du Sommerard, par un sentiment de modestie exagérée, n’a pas voulu enseigner ce qu’il savait mieux que personne. Il s’est borné à exposer ses impressions personnelles, à décrire les monuments qu’il a vus, à signaler à l’attention leurs singularités, leurs caractères, leurs défauts et leurs beautés. Bien loin de faire rentrer des faits choisis dans une théorie quelconque, il s’est appliqué surtout à rassembler des observations exactes, et ce n’est qu’avec une certaine timidité qu’il y joint parfois des considérations très élevées sur l’art et l’archéologie. Il avait préludé à ce grand travail par une notice sur la ville de Provins (Vues de Provins, sans nom d’auteur, 1822, 1 vol. in-4°). Ce fut une des premières applications de la lithographie à la description des monuments. Des explications intéressantes accompagnent des planches qui représentent les nombreuses antiquités de Provins. Bien que destinées surtout aux gens du monde, elles renferment d’utiles renseignements historiques et archéologiques. On lui doit également une description et une notice historique sur l’Hôtel de Cluny et les Thermes, qui attirèrent l’attention publique sur ces deux monuments.

 

Entouré d’une famille nombreuse et unie, recherchée et aimée de tout le monde, Alexandre du Sommerard ne connut qu’une pensée pénible, c’est qu’après lui sa collection pourrait être dispersée et perdue pour le pays. Il avait refusé les offres avantageuses d’un ambassadeur d’Angleterre, espérant que tôt ou tard le gouvernement français formerait un musée national de toutes les productions des arts et de l’industrie. Ce vœu ne devait être exaucé qu’après sa mort. Les Chambres, avec un honorable empressement, votèrent des fonds pour l’acquisition de son cabinet et de l’Hôtel de Cluny, et le ministre de l’intérieur voulut que le directeur de ce nouveau musée fût un fils d’Alexandre du Sommerard, instruit par ses leçons et compagnon de ses voyages et de ses travaux archéologiques.

 

Tout en se consacrant à la réhabilitation du moyen âge, du Sommerard n’était point insensible aux efforts de l’art contemporain. Il aimait les artistes, et était heureux de les encourager et de les soutenir à leurs débuts. Habile à découvrir le talent ignoré, il parvint souvent à le signaler à l’attention du public, si difficile à captiver. Un seul trait peindra cet excellent homme. Il avait acheté à un de nos meilleurs peintres, encore inconnu, un tableau auquel personne n’avait fait attention. Dans le cabinet d’Alexandre du Sommerard, il fut remarqué. Un financier voulut l’avoir, parce qu’il le voyait chez un connaisseur, et offrit de le payer le double de ce qu’il avait coûté. Du Sommerard accepte le marché avec empressement, reçoit l’argent et court aussitôt le porter à l’artiste : "Gardez tout, lui dit-il ; quand vous aurez le temps, vous me ferez une copie". La vie d’Alexandre du Sommerard est pleine de semblables traits.

 

Il mourut à Paris le 19 août 1842, à la suite d’une douloureuse maladie. Il consacrait ses journées aux devoirs de son emploi et ses nuits à ses études chéries. Sa forte constitution succomba à l’excès du travail, et il fut enlevé à soixante-trois ans, au moment même où il venait d’achever son grand ouvrage.

 

P. MÉRIMÉE

 

NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX D’ALEXANDRE DU SOMMERARD

Fondateur des collections de l’Hôtel de Cluny
Décédé le 19 août 1842

par Prosper MÉRIMÉE
Membre de l’Académie française, Inspecteur général des Monuments historiques

1843

 

Paris Cluny museum 

 

L'hôtel de Cluny vu depuis la place place Paul-Painlevé.

 

Le Musée National du Moyen-Âge 

 

" En 1832, la fantaisie d’un amateur, collecteur depuis longtemps d’objets d’art d’époques analogues à celles de la construction de l’hôtel de Cluny, lui suggéra l’idée d’ajouter à l’effet de sa collection par l’harmonie du cadre."

C’est Alexandre Simon Nicolas Du Sommerard qui s’exprime ainsi en 1834 dans ses Notices sur l’hôtel de Cluny. Certes, l’originalité du personnage tient essentiellement à cette invention d’amateur-collectionneur, "d’antiquaire", et son œuvre d’historien se mesure au succès de sa publication monumentale, Les Arts au Moyen Âge. Ses collections personnelles mises à la disposition du public en sont la justification combien originale. Il s’en explique : "Sacrifiant au goût du jour, l’ardeur pour le Moyen Âge s’est étendue du prestige historique aux objets matériels", il n’a pas l’intention de publier "un ouvrage didactique sur l’art mais de livrer des idées et des sentiments personnels avec accompagnement de notes explicatives".

 

Sa formation est entièrement autodidacte. Il n’a pas plus fait d’études de droit pour mener sa carrière de fonctionnaire que d’études classiques pour se former le goût. Parallèlement à une carrière tracée par son père, il s’occupe activement d’histoire nationale. Très jeune, à peine âgé de 14 ans, au détriment d’études commencées au collège de Chaumes-en-Brie, et suivant l’exemple de son frère Sébastien, il s’engage comme volontaire national dans les guerres de Vendée. Un peu plus tard, il prend part à la campagne d’Italie. C’est peut-être alors que s’éveillent en lui les goûts artistiques et historiques et que se développe son instinct de collection. Peut-être aussi que, témoin d’actes de vandalisme, il se résout à œuvrer pour la sauvegarde des monuments et des œuvres d’art… Il écrit, dans la préface des Vues de Provins : "Écrasons l’infâme tandis que notre sol est à la veille d’être dépouillé de ses produits". Il reconnaît "avoir concouru, dès son jeune âge, au mouvement réactionnaire qui fait aujourd’hui presque un culte nouveau de l’étude de nos vieux monuments". Installé à Paris, il débute une carrière de fonctionnaire ouverte par son père dans l’administration financière. Son mariage avec Adélaïde Simon, issue d’une famille de la bourgeoisie champenoise, lui assure une situation confortable. Les époux s’installent rue Ménars dans l’appartement du beau-père. Une gravure de 1823 par Xavier Leprince montre le salon cossu, tapissé de tableaux et de grandes glaces reflétant d’imposants lustres de cristal.


Son esprit curieux et sa jovialité naturelle lui font rechercher la compagnie des hommes. Il participe à la création des nombreuses sociétés savantes qui fleurissent en cette période romantique et d’ardeur nationale : Société des amis des arts, Société de l’histoire de France, Société des antiquaires de France… Autodidacte mais résolu, c’est au contact des historiens, des hommes de lettres, des artistes qu’il crée et développe son goût et sa ferveur pour l’histoire nationale. Sa fréquentation assidue des réunions savantes lui donne l’occasion de rencontrer archéologues, historiens, collectionneurs. Son nom apparaît régulièrement dans les procès-verbaux des séances du jeune Comité historique créé par François Guizot, ministre de l’Intérieur, et auquel il participe avec ponctualité, défendant l’héritage des temps anciens et notamment médiévaux.

 

L’inventaire des objets laissés après sa mort ne donne pas trace de sa bibliothèque, mais il paraît vraisemblable qu’il a connu Xavier Willemin, qui fait publier à partir de 1818 les Monuments français pour servir à l’histoire des arts. Il eut en sa possession les albums des Peintures et Ornements des manuscrits écrits par le comte Bastard d’Estang que lui offrit le jeune ministre Adolphe Thiers lors de la visite de son cabinet en 1832. Certaines des vignettes de ses propres planches s’en inspirent. Achille Jubinal lui dédicace un exemplaire des Anciennes Tapisseries historiées, paru en 1838. Il rend hommage à l’érudit Toussaint-Bernard Émeric-David, grand initiateur en fait de l’histoire et de l’archéologie, dont il loue "la science profonde enfouie dans les discours historiques sur l’art". Les manuscrits laissés au musée montrent l’énorme travail de lecture réalisé tant des sources (Recueil des ordonnances des rois de France) que des publications anciennes ou contemporaines (Bernard de Montfaucon, Jean-Baptiste de Lacurne de Sainte-Palaye, Jules Michelet, abbé Lebeuf…).

 

Après avoir collectionné, très jeune, dessins, tableaux et gravures dont il se sépare en deux ventes publiques, il se découvre une passion pour les œuvres d’art du passé et, en quelques années, il constitue une collection nombreuse de "vieilleries", dont la plupart des pièces datent des XVe et XVIe siècles. Il aime les replonger dans leur histoire qu’il étudie avec sérieux – ces notes de lectures en font foi. Il ne dédaigne pas les objets très modestes, ce qui les fait considérer parfois par ses contemporains comme un "brocanteur". Le portrait-charge en buste par Dantan le Jeune, en 1836, le représente en costume solennel de conseiller-maître mais les bras chargés de toutes sortes d’objets hétéroclites.

 

S’il prend comme devise More Majorum, c’est qu’il veut redonner vie au passé mais n’hésite pas le recomposer. Il adapte texte historique et objet historique. Il se plaît à retrouver des provenances illustres pour ses "reliques". Dans l’hôtel de Cluny où il s’installe en 1832, il met en scène ses collections, la chambre de François Ier, la chapelle : "Dans la chapelle de l’hôtel furent rangés avec ordre tous les objets qui avaient eu jadis une destination religieuse, tels les reliquaires, chasses, livres d’église, etc. Les coupes, les faïences, les poteries trouvèrent leur place dans la salle à manger, les objets d’ameublement tels que lits, sièges, tapis, candélabres, etc. servirent à orner une vaste chambre qui, de l’époque même de ses meubles, prit le nom de François Ier."

 

Il propose à ses contemporains un discours historique justifié "par une collection méthodique des brillantes dépouilles de nos aïeux", qui peut être ajouté à la lecture de l’histoire elle-même. Toutefois, il peut arriver que la représentation de l’histoire outrepasse sa réalité. Il affirme ainsi dans le prologue de sa publication "qu’il ne conviendrait à aucun égard de reprendre, dans un ouvrage aussi positif que le nôtre, des scènes quelque dramatiques qu’elles soient, sur lesquelles l’histoire contemporaine se tait ; aussi renvoyons-nous le lecteur avide d’émotions au curieux ouvrage de M. Lacroix". Il fait allusion à un épisode du Roi des ribauds, roman écrit par Paul Lacroix en 1831, et que l’auteur situe dans la chapelle de l’hôtel de Cluny. Malgré cet avertissement, il ne peut s’empêcher de faire graver par Achille Devéria une vignette qui illustre la scène de capitulation de Marie, la Reine blanche, veuve de Louis XII, sommée d’épouser son amant par François d’Angoulême, futur François Ier, et menacée par le roi des ribauds armé d’une hache !

 

L’annonce de la publication Les Arts au Moyen Âge. En ce qui concerne le palais romain de Paris, l’hôtel de Cluny issu de ses ruines et les objets d’art de la collection classée dans cet hôtel explique clairement le propos, le plan et la conduite de l’ouvrage. La réunion des pièces de la collection de Du Sommerard dans des bâtiments historiques sert de support à une histoire du Moyen Âge dont il constate qu’elle n’existe pas spécialement pour la France. L’auteur veut produire un choix d’illustrations qui puisse évoquer la vie médiévale. Il y ajoute les descriptions de "monuments encore debout de notre vieille monarchie". Il reprend l’œuvre d’Aubin-Louis Millin, de Xavier Willemin et s’inspire des planches du Voyage de l’ancienne France édité par le baron Taylor, Charles Nodier et Alphonse de Cailleux, futur directeur des musées. Comme eux, il use de la lithographie, technique que pratiquait Godard, l’un des habitants de l’hôtel de Cluny. Il fait appel à des artistes avec lesquels il entretient de bonnes relations, notamment par la Société des amis des arts. Son fils Edmond, qui suit des études artistiques, donne vingt-huit planches. Des peintres, dessinateurs, lithographes, plus ou moins connus, y participent, tels Achille Devéria, Eugène-Hyacinthe Langlois, Nicolas Chapuy, Charles Fichot, Henry et Victor Petit, Charles Renoux, Émile Sagot. Beaucoup avaient déjà collaboré à d’autres recueils de ce type, comme le Voyage pittoresque du baron Taylor (1842-1845) ou Le Moyen Âge monumental et archéologique publié par Nicolas Chapuy (1840-1842).

 

Outre des objets d’art et du mobilier, Du Sommerard fait représenter des édifices religieux et civils français et parfois italiens. Sa collection personnelle est mise à contribution mais aussi nombre d’autres collections publiques ou privées, celles d’Édouard Gatteaux, de Debruge-Duménil, de Louis-Hilaire Carrand, de Charles Sauvageot, de Guy de Pourtalès, du marquis de Trivulce, etc.

 

Ainsi, "les planches comprenaient les produits de l’inspiration religieuse comme les caprices de l’art profane, le vitrail légendaire et la vitre armoriée, le missel et le roman de chevalerie, les chartes et les horoscopes de nos princes et de leurs maîtresses, les diptyques et les miroirs, les éperons et étriers royaux, comme le bâton pastoral et la chaise épiscopale, l’ostensoir et le bouclier, la crosse et l’estocade, le ciboire et le hanap, la chasuble et la cuirasse, choses d’ailleurs très conciliables dans les mœurs chevaleresques". L’ouvrage entend faire saisir le développement des arts mais dans une effervescence toute romantique, pour ne pas dire romanesque ! L’exhibition (sic) de sa collection dans l’hôtel de Cluny reproduit cette même aimable confusion. Après son installation dans l’hôtel de Cluny, en 1832, Du Sommerard prend plaisir à faire les honneurs de sa demeure et, jusqu’à sa mort, cette dernière fut un point de réunion pour les artistes et les archéologues.

 

Cette recherche d’atmosphère, véritable méthode muséographique, ne cache pas un authentique intérêt pour les monuments et les produits de l’art. Mais comme tout collectionneur, Du Sommerard attache chaque objet à une illustre origine – ainsi pour l’échiquier de saint Louis, la porte d’Anet, le lit de François Ier, et c’est de cette manière que sont légendées les lithographies de ses albums – ou à un artiste illustre, Jean de Bologne, Bernard Palissy ou Jean Goujon. Son idéal résolument monarchiste n’est pas étranger à cette manie. Achille Devéria le portraiture, en 1838, dans sa galerie des Contemporains, tenant une statuette de Jeune femme que "l’antiquaire" attribue à Jean de Bologne. Le charme pittoresque de sa demeure séduit les visiteurs de l’époque. Maints témoignages en subsistent : celui d’Achille Jubinal (L’Artiste, 1834), de Michelet en 1835, de Mme de Saint-Surin (L’Hôtel de Cluny, 1835) ou les hommages de Jules Janin, après sa mort en 1842, dans Le Journal des débats et de Prosper Mérimée dans une Notice sur la vie et les travaux d’Alexandre Dusommerard : "Il faisait les honneurs de son cabinet avec une politesse exquise, et sans l’air de professer, il donnait des leçons d’archéologie pratiques qui intéressaient et que l’on n’oubliait point" (1843).

 

Du Sommerard croyait que c’était "le caractère d’étrangeté et l’aspect insolite de cette exhibition" qui faisaient le succès de ce spectacle gratis. Il avait aussi conscience que son geste augmentait l’intérêt de conservation "de ces débris échappés au naufrage". Les arts du Moyen Âge et de la Renaissance avaient pour lui valeur actuelle. Il désirait que la connaissance exacte du passé servît de guide au présent. À la mort du collectionneur, ces arguments vont servir pour l’acquisition par l’État de la collection et des bâtiments qui l’abritaient, afin de faciliter et rendre populaire l’étude de l’histoire nationale. Poursuivant son œuvre, l’État achète donc la collection et l’hôtel de Cluny, en le réunissant aux thermes antiques. Le fils d’Alexandre, Edmond, est le premier conservateur du musée ainsi créé, tandis qu’Albert Lenoir, fils du fondateur du musée des Monuments français, est désigné comme l’architecte chargé de la restauration des bâtiments.

 

Viviane Huchard †, ancienne directrice du musée national du Moyen Âge et des Thermes de Cluny

Institut National d’Histoire de l’Art - Notice : DU SOMMERARD, Alexandre

 

Portrait d'Alexandre Du Sommerard

 

Portrait d'Alexandre Du Sommerard

 

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12 janvier 2013 6 12 /01 /janvier /2013 05:00
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11 janvier 2013 5 11 /01 /janvier /2013 19:30
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11 janvier 2013 5 11 /01 /janvier /2013 12:30

Mais il est temps de passer aux faits positifs qui, malgré la perte de tant de monuments de cette époque primitive, démontrent encore jusqu'à l'évidence la thèse opposée à celle du P. Le Brun.

 

Selon le docte oratorien, les Liturgies n'auraient pas été confiées à l'écriture avant le Ve siècle. Un trait emprunté à l'histoire de l'Église des Gaules, en ce même siècle, nous engage déjà à reculer cette époque si arbitrairement assignée. Saint Grégoire de Tours rapporte que saint Sidoine Apollinaire, évêque de Clermont, ayant été invité pour la dédicace de la basilique du monastère de Saint-Cyriaque, le livre de la Liturgie se trouva tout à coup enlevé de l'autel, par la malice de quelqu'un. Sans être troublé de ce contretemps, le saint n'en poursuivit pas moins le service entier de la fête ; ce qui excita dans les assistants une si vive admiration qu'ils pensèrent que ce n'était pas un homme, mais un ange qui avait prononcé les paroles : Nec putaretur ab adstantibus ibidem locutum fuisse hominem, sed angelum (Hist. Franc., lib. II, cap. XXII.). Or saint Sidoine Apollinaire monta sur le siège de Clermont en 471 ; si l'usage de célébrer la Liturgie, sans livre et simplement de mémoire, n'eût cessé qu'au Ve siècle, le fait du saint évêque de Clermont eût-il excité dans le peuple un si grand étonnement, et saint Grégoire de Tours l'eût-il trouvé assez important pour l'insérer dans son histoire des Francs ? Il est permis d'en douter.

 

Mais produisons des preuves positives de l'existence des livres liturgiques dès le IVe siècle. En 379, mourut saint Basile de Césarée. Entre autres travaux pour le service de l'Église, il rédigea, avant son épiscopat, une Liturgie qui différait peut-être de celle que l'Église grecque conserve sous son nom, mais qui n'en a pas moins été reconnue pour son ouvrage, dans le siècle suivant. Sur ce fait, nous avons d'abord le témoignage de saint Grégoire de Nazianze, contemporain et ami du saint docteur. Saint Proclus, successeur de saint Jean Chrysostome sur le siège de Constantinople, s'exprime ainsi dans son traité de la Liturgie divine : "Le grand Basile s'apercevant que la longueur de la Liturgie causait de l'ennui et du dégoût aux assistants, la rédigea dans une forme plus abrégée, pour l'usage de l'Église". Cette longue Liturgie qu'il fallait abréger au IVe siècle, croit-on qu'elle eût pu ne reposer que sur la mémoire des prêtres ? Au VIe siècle, Leontius, dans son Traité contre les Nestoriens, distinguait trois Liturgies, dont une de la main de saint Basile, quand il disait : "Nestorius a fabriqué une nouvelle Liturgie, différente de celle qui a été donnée par les Pères aux Églises ; il n'a pas respecté celle des Apôtres, ni celle que le grand Basile a écrite dans le même esprit."

 

L'année 368 est la date de la mort de saint Hilaire de Poitiers. Saint Jérôme, dans son Catalogue des écrivains ecclésiastiques, nous apprend que, dans le cours de son épiscopat, ce grand homme avait rédigé un livre des Hymnes et un livre des Mystères. Ce livre des Mystères était le Sacramentaire ou Missel de l'Église gallicane que, sans doute, saint Hilaire mit dans un nouvel ordre et enrichit de prières de sa composition, comme fit saint Ambroise à Milan, dans le même siècle, et comme firent à Rome, dans les siècles suivants, les Papes saint Gélase et saint Grégoire le Grand.

 

La mort de saint Ephrem, l'éloquent diacre d'Édesse, arriva en 378. Les prières liturgiques abondent dans ses œuvres, et un grand nombre sont encore usitées dans l'Église syrienne. Nous ne serons, sans doute, pas obligé de prouver sérieusement qu'il avait pris la peine d'écrire ces compositions poétiques, et qu'il n'était pas exigé des prêtres qui devaient s'en servir dans l'église de les apprendre par cœur.

 

Nous consentons à placer ici, au IVe siècle, la longue Liturgie contenue au VIIIe livre des Constitutions apostoliques, ainsi que les oraisons et les rites pour le Baptême, l'Ordination, la Consécration des évêques, etc., qu'on lit dans le même livre et dans le précédent. Personne ne soutient aujourd'hui le sentiment qui faisait remonter au premier siècle cette précieuse compilation ; de savants hommes la reportent les uns au IIe, les autres au IIIe. Nous ne demandons qu'une chose : c'est qu'on veuille bien nous accorder que les Constitutions apostoliques étaient déjà compilées à l'époque du concile de Nicée, qui fut tenu en 325. C'est le jugement des hommes les plus doctes, quelle que soit l'école de critique à laquelle ils appartiennent, et nous pouvons certainement produire un sentiment qui réunit en sa faveur non seulement le suffrage du cardinal Bona et de son érudit commentateur Sala, Schelestrate, Chrétien Wolf, Assemani, Mansi et Zaccaria ; mais encore Pagi, Morin, Fronteau, Pierre de Marca, Grancolas,Ellies Dupin, Noël Alexandre et Collet, sans parler des savants protestants anglais, Beveregius, Gunning, Pearson, Baratier, Blondel, Thomas Brett et Guillaume Cave. Il y avait donc au commencement du IVe siècle, à l'issue des persécutions, des prières liturgiques confiées à l'écriture, et il n'est personne qui ne comprenne, en parcourant simplement tant de longues et solennelles pages, qu'il était impossible d'espérer que la seule mémoire des prêtres demeurât chargée de les conserver, si elles ne se fussent pas trouvées écrites quelque part.

 

Mais y avait-il des livres liturgiques durant les persécutions ? Nous allons le prouver jusqu'à l'évidence, en produisant des monuments incontestables qui n'ont point encore été allégués jusqu'ici dans la controverse. Les persécutions s'arrêtèrent en 312, à la paix donnée à l'Église par Constantin. Les pièces que nous produisons ont dû être composées au plus tard sous la persécution de Dioclétien, qui commença en 284 ; nous voici donc descendus au IIIe siècle.

 

Ces pièces sont des Préfaces et des oraisons pour la messe que nous empruntons au fameux Sacramentaire de l'Eglise romaine, qui fut publié sur un manuscrit du chapitre de l'Église de Vérone, par Joseph Bianchini, en 1735. Ce Sacramentaire, appelé improprement de saint Léon, bien qu'il renferme diverses prières de la composition de ce grand Pontife, est un recueil de formules liturgiques dont un grand nombre appartiennent aux temps primitifs du christianisme. Voici des prières qui remontent évidemment à l'époque où le sang des martyrs coulait dans toute l'Église.

 

D'abord, cette Préface, placée sans date de jour, au mois d'avril : " Il est juste de vous rendre grâces, ô Dieu dont l'Église est en ce moment mélangée de vrais et de faux confesseurs, en sorte que nous devons toujours craindre les variations de la faiblesse humaine, et cependant ne jamais désespérer de la conversion de personne. C'est pourquoi nous vous demandons avec d'autant plus d'instances, à vous sans le secours duquel la piété ne pourrait demeurer solide, d'accorder persévérance à ceux qui sont fermes, et résipiscence à ceux qui ont été faible". N'est-ce pas ici la prière pour les tombés, et cette Préface peut-elle appartenir aux jours de la paix ?

 

Au mois de juillet, dans une fête de martyrs, sans indication de jour, cette autre Préface : " Ô Dieu ! qui dans votre bonté ramenez fréquemment, pour notre exercice, les fêtes des saints martyrs, afin de nous conduire par cet heureux souvenir, à la constance de la foi et à la persévérance dans votre culte ; vous placez pour nous, dans le spectacle de leurs actions, un exemple de cette confession qui assure le salut, et un secours d'abondante protection ; par eux vous nous invitez à l'espoir qui nous est promis, en nous manifestant dès cette vie la gloire encore cachée dont ils jouissent". Qui ne voit ici la prière de l'Église implorant pour ses enfants la fidélité jusque dans le martyre ?

 

Plus loin : " Vous donnez, ô Dieu ! cet avantage à votre Eglise dans la commémoration des saints martyrs qu'elle trouve dans leur fête une source d'allégresse, le moyen de s'exercer à l'exemple de leur sainte confession, une protection dans les prières que vous accueillez de sa part."

 

Ailleurs, le prêtre glorifie le Christ de ce que "non seulement il a supporté la persécution des impies pour le salut du monde, mais a daigné accorder à ses fidèles la grâce de devenir ses compagnons dans la Passion, ou du moins dans la Confession."

 

En la fête de saint Etienne, l'Église d'alors récitait cette prière : " Dieu tout-puissant, qui multipliez les victoires de vos martyrs dans toutes les contrées du monde, donnez-nous de ressentir en tous lieux leur présence."

 

En la fête de saint Laurent, on lisait cette Préface : " Vous qui êtes la force invincible de tous les Saints, c'est vous qui, au milieu des adversités de ce monde, nous consolez par le triomphe de vos bienheureux martyrs, et nous enflammez par la victoire de saint Laurent, jusqu'à nous faire produire de sublimes exemples de patience."

 

En la même fête : " Augmentez, Seigneur, en votre peuple, la foi que la solennité du saint martyr Laurent fait naître en lui, afin que nulle adversité, nulle terreur, ne nous arrêtent dans la confession de votre nom, mais que la vue d'un si grand courage soit plutôt pour nous un aiguillon."

 

En la fête de sainte Cécile, l'oraison suivante atteste la généralité de la persécution : " Auteur et distributeur de tous les biens, ô Dieu qui voulant appeler le genre humain tout entier à la confession de votre nom, avez produit l'exemple du martyre jusque dans un sexe fragile ; faites que votre Eglise, instruite par cet exemple, ne craigne pas de souffrir pour vous, et désire avec ardeur la gloire des récompenses célestes."

 

Nous nous bornons à ces quelques traits que nous nous pourrions multiplier facilement ; on ne les retrouve plus dans le Sacramentaire de saint Grégoire, ni même dans celui de saint Gélase ; naturellement, ils durent disparaître des livres liturgiques, à mesure que l'Église avançait dans l'ère de la paix. La forme de ces Oraisons et de ces Préfaces, leur multiplicité, en même temps qu'elles nous prouvent l'ancienneté des usages que nous gardons aujourd'hui, démontrent jusqu'à l'évidence l'impossibilité de confier uniquement à la mémoire un nombre aussi considérable de détails.

 

Au reste, quand nous ne trouverions pas dans cet ancien Sacramentaire la preuve matérielle de l'existence d'un grand nombre de textes liturgiques sous la forme et dans le style caractéristiques du Missel romain, et qui se rapportent évidemment à l'époque des persécutions, un œil exercé dans l'appréciation de la latinité chrétienne, découvrirait facilement, dans les anciens Sacramentaires qui ont servi de base à ce Missel, une foule de passages dont la diction nous transporte d'elle-même aux siècles qui ont précédé la paix de l'Église.

 

Ce n'est pas ici le lieu de placer ces sortes d'études ; l'occasion s'en présentera plus tard. Mais qu'il nous soit permis d'alléguer, en faveur de notre sentiment en cette matière, l'autorité d'un homme profondément versé dans la littérature chrétienne, et qui ne saurait être suspect à personne, le P. Morin, de l'Oratoire. Dans son grand traité de Pœnitentia, ayant à apprécier l'époque de certaines oraisons usitées dans les anciens Sacramentaires, pour l'imposition de la pénitence, il s'exprime ainsi : "Les termes, la phrase, le style des oraisons et autres rites principaux qu'on trouve dans ces Sacramentaires, attestent évidemment un temps beaucoup plus ancien, et ne peuvent être postérieurs aux papes Sylvestre et Jules, ainsi que nous l'avons déjà remarqué. Si même nous ne voulons pas déguiser la vérité, ce que ces formules rituelles renferment de principal, sent tout à fait, quant à la phrase et au style, les temps qui ont précédé l'empire de Constantin."

 

Nous voici donc arrivés, en descendant, jusqu'au IIIe siècle, et nous avons encore d'autres arguments à produire.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : DEUXIÈME PARTIE : LES LIVRES DE LA LITURGIE ; CHAPITRE II : DE L'ANTIQUITÉ DES LIVRES LITURGIQUES.

 

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Porte des Martyrs, Basilique Saint Laurent, Florence

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