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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

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SALVE REGINA

3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 11:30

Mais d'ici là de grands obstacles restent encore à vaincre, de ces obstacles qui céderont d'autant moins aisément qu'ils sont d'une nature plus matérielle.

 

Si, d'un côté, une révolution favorable aux anciens chants, aux anciennes prières se prépare ; d'un autre côté, nos églises ont été pourvues et à grands frais de missels, de graduels, d'antiphonaires, de processionnaux, qu'on ne pourra remplacer qu'avec une dépense considérable. La question du bréviaire en lui-même est peu grave sous ce rapport ; l'impression de ce livre étant moins dispendieuse et son écoulement toujours facile ; mais le bréviaire ne peut être réformé sans le missel, et l'un et l'autre appellent, comme complément indispensable, la publication des livres du Chœur. Il est vrai, d'autre part, que l'énorme dépense qu'entraîne toujours après elle chaque nouvelle édition des livres liturgiques, serait grandement allégée, si un nombre considérable de diocèses s'unissaient pour opérer ces éditions à frais communs, et c'est ce qui arriverait infailliblement, du moment que nous aurions le bonheur de voir renaître l'unité liturgique.

 

Maintenant, cette unité elle-même quelle forme revêtirait-elle ? Nous avons déjà maintes fois protesté que notre but n'était point d'approfondir présentement la question du Droit de la Liturgie ; mais nous ne pouvons pas moins faire que d'énoncer ici tout franchement que les églises qui sont tenues strictement à garder la Liturgie romaine proprement dite, la doivent retenir, et que celles mêmes qui, contrairement aux principes sur cette matière, s'en seraient écartées, y doivent retourner ; rien n'est plus évident, et par ce moyen déjà l'unité serait garantie dans une portion notable de l'Église de France.

 

Quant aux diocèses qu'une possession légitime, ou une prescription conforme au droit, aurait investis du privilège de conserver leurs anciens usages, et ces diocèses sont nombreux, rien ne les contraindrait d'adopter exclusivement les livres romains. Sans doute, après s'être préalablement débarrassés de l'amas de nouveautés dont le XVIIIe siècle avait encombré la Liturgie, ils devraient rentrer dans la forme romaine de l’antiphonaire, du responsorial, du sacramentaire et du lectionnaire de saint Grégoire, puisque la Liturgie de l'Occident (sauf le droit de Milan et des Mozarabes) doit être et a toujours été romaine. Ces Églises devraient donc reprendre les prières qu'elles avaient reçues au temps de Charlemagne, qu'elles gardaient encore avant la réforme de saint Pie V, qu'elles conservèrent depuis cette réforme, qui régnait seule encore chez elles jusqu'à la fin du XVIIe siècle : car, c'est là la forme, hors de laquelle il n'a plus été possible pour elles de garder dans les prières publiques, ni la tradition, ni l'unité, et partant, ni l'autorité.

 

Mais ce fonds inviolable des prières de la Chrétienté une fois rétabli, avec les chants sublimes qui l'accompagnent, et tous les mystères qui y sont renfermés, rien n'empêcherait, ou plutôt il serait tout à fait convenable que ces Églises rentrassent en même temps en possession de cette partie nationale de la Liturgie qui a ses racines dans l'ancien rite gallican, et que les siècles du moyen âge ont ornée de tant de fleurs, complétée par de si suaves mélodies. En un mot, c'est la Liturgie romaine-française que nous aimerions à voir ressusciter dans celles de nos Églises qui prétendent à des privilèges spéciaux. C'est alors que toutes nos traditions nationales se relèveraient, que la foi qui ne vieillit pas se retrouverait à l'aise dans ces antiques confessions, que la piété à la sainte Vierge et aux saints protecteurs se raviverait de toutes parts, que le langage de la chaire et des livres pieux s'empreindrait de couleurs moins ternes, que l'antique Catholicité, avec ses moeurs et ses usages, nous serait enfin révélée.

 

Oh ! qui nous donnera de voir cette ère de régénération où les catholiques de France se verront ainsi ramenés vers ce passé de la foi, de la prière et de l'amour ! Quand seront levés les obstacles qui retardent le jour où nos prélats devront s'unir pour promouvoir ce grand oeuvre ! Mais avec quel zèle, avec quelle intelligence, avec quelle piété à la fois érudite et scrupuleuse, une pareille oeuvre devrait-elle être élaborée ! Quelle sage lenteur, quelle discrétion, quel goût des choses de la prière, quel désintéressement de tout système, de toute vue personnelle, devraient présider à une si magnifique restauration ! L'attention, l'inviolable fidélité, le soin religieux, l'invincible patience qu'emploie de nos jours l'artiste que son amour, bien plus que le salaire, enchaîne à la restauration d'un monument qui périrait sans son secours, et qui va revivre grâce à son dévouement, ne suffisent pas pour rendre l'idée des qualités qu'on devrait exiger de ceux qui prendraient la sainte et glorieuse mission de restituer à tant d'églises les anciennes traditions de la prière. Il leur faudrait s'y préparer de longue main, se rendre familiers les monuments de la Liturgie, tant manuscrits qu'imprimés, non seulement ceux de la France, mais encore ceux des diverses églises de l'Europe, de l'Allemagne et de l'Angleterre surtout, qui firent tant d'emprunts à nos livres et les enrichirent encore par des suppléments où respire la plus ineffable poésie.

 

Enfin, ce merveilleux ensemble pourrait se compléter par quelques emprunts faits avec goût et modération aux derniers monuments de la Liturgie française; afin que certains traits heureux, quoique rares, empruntés à l'œuvre moderne, dans la partie que n'a point souillée la main des sectaires, ne périssent pas tout à fait, et aussi afin que les deux derniers siècles, auxquels il ne serait pas juste de sacrifier toute la tradition, ne fussent pas non plus déshérités totalement de l'honneur d'avoir apporté leur tribut au monument éternel et toujours croissant de la prière ecclésiastique.

 

Ainsi régénérée, la Liturgie de nos Églises serait les délices du clergé et la joie du peuple fidèle. La question d'un léger surcroît dans la somme des offices divins n'en est pas une pour les hommes de prières, et tout prêtre, tout ministre de l'autel doit être homme de prières. Le grand malheur des temps actuels, c'est qu'on ne prie pas assez ; le réveil de la piété liturgique serait donc un signal de salut pour nos Églises, le gage d'une victoire prochaine sur les vices et les erreurs. Et quelle précieuse récompense de ce pieux labeur, dont la fatigue est d'ailleurs si fort exagérée par l'imagination de ceux qui ignorent les choses de la Liturgie, que ce retour si consolant à l'unité de la prière, à la communion romaine, à l'antique forme des âges de foi ! Encore est-il vrai de dire que l'office divin, dans nos anciens livres français, s'il est plus considérable que dans les bréviaires actuels, est cependant plus abrégé qu'au Bréviaire romain proprement dit. L'usage, entre autres, d'accomplir matines, au temps pascal, par un seul nocturne, n'est point une innovation des Foinard et des Grancolas ; il appartient aux Églises de France depuis bien des siècles ; mais nous rougirions de pousser plus loin cette justification de la prière ecclésiastique.

 

Enfin, pour donner à ce grand œuvre de la régénération liturgique de la France, la solidité et la durée qui lui conviennent, et pour assurer cette immutabilité qui garantirait désormais, avec l'unité, l'autorité et la parfaite orthodoxie de cette Liturgie romaine-française, et la sauverait à l'avenir des atteintes de la nouveauté et de l'arbitraire, il serait nécessaire que la sanction inviolable du Siège apostolique intervînt pour sceller et consommer toutes choses. Il faudrait aussi que les décrets de la sacrée Congrégation des Rites fussent désormais publiés et observés dans tout ce qui ne serait pas contraire à la forme des livres français ; et que les nouvelles fêtes établies par le Siège apostolique obtinssent au moins l'honneur d'une mémoire au calendrier, dans le bréviaire d'une Église qui, si elle tenait à rester française dans des usages d'une importance secondaire, voudrait avant tout se montrer romaine, autant que ses sœurs de l'Occident.

 

Tel est le vœu que nous formons pour l'Église de France, en terminant la partie de notre récit qui regarde cette belle province de la Catholicité. Nous serons heureux si on veut bien reconnaître dans ce que nous venons de dire un témoignage de cette modération et de cette prudence qui doivent toujours accompagner l'application des théories les plus légitimes et les plus absolues.

 

Considérons maintenant l'état de la Liturgie dans les différentes parties du monde chrétien, au XIXe siècle.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XXIV : DE LA LITURGIE AU XIXe SIÈCLE.

 

Cathédrale gothique avec palais impérial

Cathédrale Gothique avec Palais Impérial, Karl Friedrich Schinkel

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3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 04:00

L'un des Douze, Thomas (dont le nom signifie : Jumeau), n'était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : "Nous avons vu le Seigneur !" Mais il leur déclara : "Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas !"


Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d'eux. Il dit : "La paix soit avec vous !" Puis il dit à Thomas : "Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d'être incrédule, sois croyant."

Thomas lui dit alors : " Mon Seigneur et mon Dieu ! "


Jésus lui dit : " Parce que tu m'as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. "

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

 

L'Incrédulité de Thomas, Duccio di Buoninsegna

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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 11:30

C'est cette réaction historique et artistique qui nous restitue déjà nos traditions sur l'architecture sacrée, sur l'ameublement du sanctuaire, sur les types hiératiques de la statuaire et de la peinture catholiques ; or de là il n'y a plus qu'un pas à faire pour rentrer dans nos antiques cérémonies, dans nos chants séculaires, dans nos formules grégoriennes.

 

Plusieurs personnes ont observé avec raison que le progrès du catholicisme en France n'était pas évidemment constaté, par cela seul que nos artistes exploitaient le moyen âge, et s'employaient avec zèle à la restauration intelligente des sanctuaires matériels de notre foi. La question n'est pas là. Il est vrai qu'on devrait savoir quelque gré à des hommes distingués, de retirer l'appui de leurs talents aux arts sensualistes et païens, pour l'offrir aux autels du Dieu que nous servons; mais déjà il ne s'agit plus de contester la portée de cette révolution favorable à l'art catholique, en la considérant simplement dans ses rapports avec le monde profane ; désormais elle est un fait, et un fait à jamais accompli dans l'intérieur de l'Église elle-même. Non seulement le clergé souffre volontiers que les églises qu'il dessert soient restaurées d'après les mystiques théories de l'art de nos aïeux, que des conseils, une direction lui soient donnés du dehors pour accomplir les devoirs que lui impose sa charge de gardien des traditions de l'esthétique sacrée ; mais nos archevêques et évêques rendent des ordonnances, publient des lettres pastorales, établissent des cours spéciaux dans leurs séminaires, pour ranimer de toutes parts et par tous les moyens possibles la connaissance et l'amour de ces anciennes règles de la forme catholique dont l'oubli, depuis deux siècles, avait entraîné chez nous la destruction d'un si grand nombre de monuments de la foi de nos pères, et formé entre eux et nous, sous le rapport des usages extérieurs du culte, comme un abîme qui allait se creusant de plus en plus.

 

Oui, nous le répétons avec confiance, dans nos églises restaurées d'après les conditions de leur inspiration première, ou construites de nouveau suivant les règles statuées aux siècles de foi, mystiquement éclairées par des verrières sur lesquelles étincelleront les gestes et les symboles des saints protecteurs, assorties d'un ameublement plein d'harmonie avec l'ensemble, il faudra bien que nos costumes sacrés participent à cette régénération, et perdent enfin les formes déplaisantes et grotesques que le XIXe siècle, enchérissant encore sur les coupes étriquées et rabougries du XVIIIe, a trouvé moyen de faire prévaloir. Nous verrons infailliblement disparaître, par degrés, ces chasubles qu'un inflexible bougran a rendues, dans leur partie antérieure, semblables à des étuis de violon, pour nous servir de l'expression trop vraie de l'illustre artiste anglais, Welby Pugin ; ces chapes non moins étranges qui, garanties contre toute prétention aux effets de draperies par les enduits gommés qui leur servent de charpente, s'arrondissent en cône autour du clerc condamné à habiter momentanément dans leur enceinte ; ces surplis, aux épaules desquels on a suspendu deux plaques de batiste décorées du nom d'ailes, en dépit de leur terminaison horizontale à l'endroit où elles s'évasent le plus ; ce qui leur ôte toute ombre de ressemblance avec l'objet qu'elles prétendent imiter.

 

Ce serait ici le lieu de réclamer encore contre le bonnet pointu qui a remplacé la barrette de nos pères ; mais sa suppression récente dans plusieurs diocèses vient par avance confirmer nos prévisions. Le zèle des prélats pour la dignité du service divin l'a déjà fait disparaître dans les diocèses de Marseille, du Puy, d'Orléans, de Séez, etc. L'Église de Paris elle-même a récemment repris la barrette par l'ordre de son premier pasteur ; et il est permis de prévoir que d'ici peu d'années le bonnet pointu n'existera plus que dans l'histoire des costumes nationaux de la France, où il excitera peut-être un jour le sourire de nos neveux, en la manière que nous nous sentons égayés nous-mêmes, lorsque quelque description ou quelque dessin nous met sous les yeux la bizarre chaussure qui fit fureur il y a cinq siècles, sous le nom de souliers à la poulaine.

 

Mais la révolution liturgique ne s'arrêtera pas aux costumes. Une autre nécessité la précipitera plus rapidement encore. Quand on aura rétabli nos édifices sacrés dans leurs convenances architectoniques, rendu nos costumes à la dignité et à la gravité qu'ils n'auraient jamais dû perdre, on n'aura rien fait encore, si le chant qui est l'âme d'une église catholique n'est aussi restitué à ses traditions antiques. Franchement, des mélodies, si on peut sérieusement leur donner ce nom, des mélodies fabriquées en plein XVIIIe siècle, fût-ce par l'abbé Lebeuf, ne sauraient plus retentir dans un chœur auquel sera rendue la sainte et légendaire obscurité de ces vitraux qu'on défonçait avec tant de zèle pour inaugurer, au grand jour, les livres de Vigier et Mésenguy. De l'archéologie qui s'exerce sur les pierres et sur la coupe des vêtements sacrés, il faudra, bon gré, mal gré, en venir à celle qui recueille les mélodies séculaires, les airs historiques, les motifs antiques de ce chant romain, dans lequel saint Grégoire a initié les nations modernes aux secrets de la musique des Grecs.

 

Mais sur ce point encore nous n'en sommes plus déjà aux conjectures et aux prévisions : la révolution n'y est pas moins sensible que sur tous les autres. Quand nous n'en aurions d'autre preuve que la publication de ces nouveaux Livres chorals, donnés par Choron et autres musiciens récents, dans le but avoué de dégrossir la note de l'abbé Lebeuf, moins d'un siècle après l'inauguration de ses lourds graduel et antiphonaire, ceci suffirait déjà pour constater l'extrême lassitude du public. Ces Livres chorals, en effet, se débitent et sont même déjà en usage, non simplement en quelques paroisses, mais jusque dans des cathédrales. Nous nous garderons bien, assurément, de témoigner la plus légère admiration pour ce remaniement d'un fonds déjà jugé ; nous dirons même que dans ces nouveaux livres on a altéré souvent le caractère du chant ecclésiastique, surtout dans les traits ; aussi ne relevons-nous cette particularité que comme un fait à l'appui de nos prévisions.

 

Déjà même on ne se borne plus à remanier l'œuvre de l'abbé Lebeuf ; on a commencé à substituer dans de nouvelles éditions des livres liturgiques, plusieurs mélodies romaines à celles que renfermaient les éditions précédentes. C'est ainsi que le Missel de Paris, donné par l'archevêque de Quélen, en 1830, présente, à l'office du Samedi saint le chant de l’Exultet conforme à celui du Missel romain, en place du chant, beaucoup moins mélodieux, qu'on remarquait dans tous les Missels de Paris, antérieurs même à l'édition de Vintimille. C'est ainsi qu'au Mans, tout en laissant encore subsister dans l'antiphonaire, l'office des Morts composé en 1750 par Lebeuf, on a déjà rétabli, pour l'absoute, le Libera de l’antiphonaire romain. Nous ne citons ces faits que comme échantillons de ce qui s'est déjà opéré et de ce qui se prépare ; mais en voici un autre dans lequel la progression que nous croyons pouvoir prédire se montre plus visible encore.

 

Tout le monde sait que le gouvernement a établi, il y a quelques années, sous le nom de Comités historiques, plusieurs commissions dans lesquelles ont pris place les hommes les plus versés dans nos origines nationales et dans la science archéologique. L'un de ces comités a reçu le département des arts et monuments. Or, tandis que la commission préposée à la recherche des chartes et des chroniques est conduite à désirer le rétablissement des anciennes appellations dominicales tirées des introït du Missel romain et qui sont la clef de l'histoire, le comité des arts et monuments arrive par un autre chemin à la même conclusion. Le désir de voir restituer l'antique musique religieuse dans les églises de Paris, comme un complément de leur restauration, l'a porté à émettre le vœu du rétablissement du graduel et de l’antiphonaire de saint Grégoire, au préjudice de ceux de l'abbé Lebeuf. 

 

Des démarches officielles ont été faites à ce sujet auprès de monseigneur l'archevêque de Paris, qui les a accueillies avec bienveillance ; mais on sent que les conclusions définitives d'une semblable motion sont de nature à se faire longtemps attendre. L'esprit de l'homme peut prévoir les révolutions, les indiquer, en assigner la durée ; le temps seul, aidé des circonstances, les réalise. Pour faire droit aux comités historiques, ou si l'on veut aux réclamations de plus en plus nombreuses qui s'élèvent et s'élèveront à l'avenir de la part de toutes les personnes ecclésiastiques et séculières, en faveur d'un retour aux mélodies grégoriennes, il ne faudra rien moins que revoir les actes du grand procès que le XVIIIe siècle intenta à la Liturgie romaine, casser l'arrêt déjà centenaire qui fut porté contre elle, détrôner l'œuvre favorite du XVIIIe siècle, et pour cela enlever de redoutables obstacles d'autant plus embarrassants qu'ils sont plus matériels. Nous avons néanmoins la confiance que tôt ou tard cette grande justice se fera ; mais le Comité des arts et monuments a eu raison de compter sur d'extrêmes difficultés liturgiques contre lesquelles les laïques seuls viendraient inévitablement se heurter.

 

En attendant, les vrais amis de la science des rites sacrés se réjouiront en lisant ces belles paroles, dans lesquelles monseigneur l'archevêque de Paris, dans sa lettre pastorale sur les Études ecclésiastiques, énonce en particulier la nécessité de raviver une science, dont trop longtemps on sembla, parmi nous, avoir anéanti jusqu'au nom.

 

Quelle si magnifique notion en pourrait-on donner qui ne soit renfermée dans cette imposante définition fournie par le prélat :

" La Liturgie, dit-il, contient des symboles, merveilleux abrégés de notre croyance, double objet de foi et d'amour, qui, à l'aide d'un chant à la fois pieux et harmonieux, se gravent dans la mémoire et dans le cœur. Leur antiquité, si bien démontrée, leur universalité, les rendent d'irrécusables témoins de l'apostolicité et de la catholicité de notre foi.

" La Liturgie renferme des prières qui supposent ou expriment en détail chacun de nos dogmes, de nos mystères, de nos sacrements. Elles n'ont pas, comme les symboles, l'unité d'expression ; mais la variété même de leurs formes, jointe à l'unité de doctrine, fournissent une nouvelle démonstration de l'immutabilité de l'enseignement catholique. Elles justifient cet axiome : La loi de la prière est la loi de la croyance.

" La Liturgie se compose de rites, nouvelle expression du dogme et de la morale. Ils forment, avec les symboles et les prières, le culte extérieur : culte nécessaire à un être qui, bien que créé à l'image de Dieu, est soumis à l'empire des sens. Sans eux périrait infailliblement le culte intérieur. Nos sentiments ne sont excités et ne persévèrent, qu'autant qu'ils sont soutenus par des actes et des images sensibles. Dieu lui-même, source essentielle et éternelle d'intelligence et d'amour, est compris (c'est saint Paul qui nous l'assure) à l'aide des choses visibles : Invisibilia ipsius,per ea quœfacta sunt, intellecta conspiciuntur, sempiterna quoque ejus virtus et divinitas. La Liturgie nous donne donc la science pratique de la partie la plus élevée de la morale chrétienne; c'est par elle que nous accomplissons nos devoirs envers Dieu. Nos devoirs envers nos semblables a et envers nous-mêmes, qui n'y sont pas directement retracés, y sont rappelés toutes les fois que nous demandons la grâce d'y être fidèles, ou que, gémissant de les avoir violés, nous implorons une miséricorde infinie : double lumière qui fait briller la loi du Seigneur aux yeux de notre âme. Posséder cet ineffable trésor de sentiments pieux, qui nous font descendre dans les profondeurs de notre misère, pour nous élever ensuite jusqu'à la miséricorde infinie qui doit la guérir, est bien préférable, sans doute, à la science la plus étendue de notre Liturgie ; mais cependant, combien cette science elle-même est propre à éclairer et à ranimer notre foi !

" Nous ne parlerons point ici de l'influence exercée sur les arts par la Liturgie catholique, des sublimes inspirations qu'elle a prêtées à la musique, à la peinture, à la poésie, ni des immortels monuments que lui doivent la sculpture et l'architecture. L'histoire de chacun de ces arts, considérés dans leurs seuls rapports avec nos rites, fournirait une ample matière à la plus vaste érudition."

Lettre Pastorale de Monseigneur l'Archevêque de Paris sur les études ecclésiastiques, à l'occasion du rétablissement des Conférences et de la Faculté de Théologie , par Denis Auguste Affre, Paris, 1841)

 

Saluons donc avec effusion l'aurore des jours meilleurs qui sont promis à l'Église de France, et ne doutons pas que, dans un temps plus ou moins rapproché, la Liturgie de saint Grégoire, de Charlemagne, de saint Grégoire VII, de saint Pie V, la Liturgie de nos conciles du XVIe siècle, et de nos Assemblées du Clergé de 1605 et de 1612, en un mot la Liturgie des âges de foi ne triomphe encore dans nos églises.

 

Mais d'ici là de grands obstacles restent encore à vaincre, de ces obstacles qui céderont d'autant moins aisément qu'ils sont d'une nature plus matérielle.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XXIV : DE LA LITURGIE AU XIXe SIÈCLE.

 

Denis Auguste Affre Archevêque de Paris

Denis Auguste Affre, Archevêque de Paris, 28 septembre 1793 - 27 juin 1848 "Le bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis"

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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 13:00

Nederlandse fotografen in Parijs 

Gare du Nord, 1957, Ata Kando

 Gare du Nord, 1957, Ata Kando

 

Paris 1960, Dirk de Herder

Sur les berges, 1960, Dirk de Herder 

 

Paris, 1960, Maria Austria

Paris 1960, Maria Austria 

 

Toits de Montmartre, 1948, Emmy Andriesse

Toits de Montmartre, 1948, Emmy Andriesse

 

Institut Néerlandais
Centre culturel des Pays-Bas
121, rue de Lille, 75007 Paris

Horaires
expositions : 13 h - 19 h, tous les jours, sauf le lundi

Accès
métro : Assemblée nationale
RER : Invalides, Musée d'Orsay
bus : 63, 73, 83, 94
  

Institut Néerlandais

Institut Néerlandais

 

Quartier Latin, 1938, Emmy Andriesse

Etudiants étrangers au Quartier Latin, 1938, Emmy Andriesse

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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 04:00

Jésus regagna en barque l'autre rive, et une grande foule s'assembla autour de lui. Il était au bord du lac. Arrive un chef de synagogue, nommé Jaïre. Voyant Jésus, il tombe à ses pieds et le supplie instamment : "Ma petite fille est à toute extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu'elle soit sauvée et qu'elle vive". Jésus partit avec lui, et la foule qui le suivait était si nombreuse qu'elle l'écrasait.


Or, une femme, qui avait des pertes de sang depuis douze ans... — Elle avait beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins, et elle avait dépensé tous ses biens sans aucune amélioration ; au contraire, son état avait plutôt empiré — ... cette femme donc, ayant appris ce qu'on disait de Jésus, vint par derrière dans la foule et toucha son vêtement. Car elle se disait : "Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée". À l'instant, l'hémorragie s'arrêta, et elle ressentit dans son corps qu'elle était guérie de son mal. Aussitôt Jésus se rendit compte qu'une force était sortie de lui. Il se retourna dans la foule, et il demandait : "Qui a touché mes vêtements ?" Ses disciples lui répondaient : "Tu vois bien la foule qui t'écrase, et tu demandes : Qui m'a touché ?" Mais lui regardait tout autour pour voir celle qui avait fait ce geste. Alors la femme, craintive et tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. Mais Jésus reprit : "Ma fille, ta foi t'a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal."


Comme il parlait encore, des gens arrivent de la maison de Jaïre pour annoncer à celui-ci : "Ta fille vient de mourir. À quoi bon déranger encore le Maître ?" Jésus, surprenant ces mots, dit au chef de la synagogue : "Ne crains pas, crois seulement."


Il ne laissa personne l'accompagner, sinon Pierre, Jacques, et Jean son frère. Ils arrivent à la maison du chef de synagogue. Jésus voit l'agitation, et des gens qui pleurent et poussent de grands cris. Il entre et leur dit : "Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L'enfant n'est pas morte : elle dort". Mais on se moquait de lui. Alors il met tout le monde dehors, prend avec lui le père et la mère de l'enfant, et ceux qui l'accompagnent. Puis il pénètre là où reposait la jeune fille. Il saisit la main de l'enfant, et lui dit : Talitha koum, ce qui signifie : "Jeune fille, je te le dis, lève-toi !" Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher — elle avait douze ans. Ils en furent complètement bouleversés. Mais Jésus leur recommanda avec insistance que personne ne le sache ; puis il leur dit de la faire manger.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

 

Guérison de l'hémorroïsse; Germain Paget 

Guérison de l'hémorroïsse, Germain Paget

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30 juin 2012 6 30 /06 /juin /2012 19:00
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29 juin 2012 5 29 /06 /juin /2012 15:00

Mais reprenons notre récit.

 

L'exemple donné par l'église de Paris, en 1822, étendit son influence au dehors. La fête du Sacré-Cœur de Jésus s'établit enfin dans les diocèses qui jusqu'alors avaient tardé à fournir ce témoignage de leur éloignement pour les tendances jansénistes. On a même vu dans ces dernières années plusieurs églises, Rennes et Nantes, par exemple, reprendre l'office du saint Rosaire ; ce que l'archevêque de Quélen lui-même n'avait pas fait. Certains diocèses, Versailles, Nantes, etc., ont établi une fête collective en l'honneur de tous les saints papes. Il serait mieux sans doute de les fêter en particulier avec l'Église romaine ; mais c'est déjà une démarche significative que de consacrer d'une manière quelconque la mémoire de ces saints pontifes qu'on expulsait du calendrier, en si grand nombre, au XVIIIe siècle.

 

Déjà, dans plusieurs diocèses, les évêques ont manifesté hautement le désir de rétablir les usages romains, autant que les difficultés matérielles pourraient le permettre. Nous avons entendu de nos oreilles, nous avons lu de nos yeux cette assurance ferme et positive. En attendant, plusieurs évêques ont donné ordre d'emprunter à la Liturgie romaine toutes les parties qui manquent dans les livres diocésains. Au Puy, l'illustre évêque, depuis cardinal de Bonald, après avoir exprimé le regret de ne pouvoir changer le bréviaire et le missel que le XVIIIe siècle imposa à ce diocèse, a donné en 1830 un excellent cérémonial puisé en grande partie aux sources romaines les plus pures et les plus autorisées, et remarquable par la précision, la clarté et l'abondance des règles qu'il renferme.

 

Nous devons sans doute compter parmi les indices les plus significatifs d'un retour vers les usages romains, le Monitum placé à la fin du Missel de Lyon de 1825, page CXCIV. Dans les réimpressions du Missel de l'archevêque Montazet, on était déjà parvenu à la page 330, lorsqu'il vint en idée à l'administrateur apostolique de l'église de Lyon, qu'il serait plus conforme à l'ancien usage lyonnais, à l'usage romain et même à celui de tous les lieux, de rétablir, en tête des évangiles de la messe, la préface In illo tempore, et en tête des épîtres, les mots Fratres, ou Carissimi, ou In diebus illis, ou Hœc dicit Dominus, que les jansénistes avaient fait disparaître comme l'impur alliage de la parole de l'Eglise avec la parole de la Bible. En conséquence, il fut ordonné qu'à partir de ladite page 330, on imprimerait désormais le mot d'introduction convenable et usité autrefois, en tête des épîtres et des évangiles, et une rubrique fut créée au moyen de laquelle les prêtres pourraient, tant bien que mal, intercaler ce mot dans les endroits où il manquerait. On ne jugea pas à propos de réimprimer les 330 pages, pour ne pas rendre inutiles le temps, la dépense et le travail. Certes, de pareilles humiliations, subies devant tout un public, sont un bien rigoureux châtiment de la prétention de se donner un nouveau missel. Espérons qu'une autre édition du Missel lyonnais avancera plus encore l'oeuvre du rétablissement des traditions antiques dans l'auguste primatiale des Gaules, et que ce livre se verra purgé un jour des innombrables nouveautés qui l'encombrent et l'ont réduit à n'être, pour ainsi dire, qu'un livre du XVIIIe siècle.

 

Mais il est un fait plus éclatant encore et qui vient de s'accomplir sous nos yeux. N'avons-nous pas vu l'archevêque de Quélen (et son exemple a été suivi par un nombre déjà considérable de ses collègues dans l'épiscopat), n'avons-nous pas vu ce prélat demander au Saint-Siège la permission d'ajouter à la préface de Beata, dans la fête de la Conception de la sainte Vierge, le mot immaculata, et aux litanies de Lorette, ceux-ci : Regina sine labe concepta ? Dix-huit ans auparavant, le même prélat avait cru pouvoir de son autorité, insérer la doctrine expresse de l'Immaculée Conception dans l'oraison de cette fête ; il avait donné une préface nouvelle tout entière dans son missel, pour la messe du Sacré-Cœur ; il avait inséré dans son bréviaire, non une simple invocation, mais des litanies entières, improuvées par le Saint-Siège, savoir celles du saint Nom de Jésus ; et voilà qu'en 1830, sa piété l'engage à se poser en instances auprès du pontife romain, pour obtenir la liberté de disposer de deux ou trois mots dans la Liturgie, lui dont les prédécesseurs ont pu remanier et renouveler presque en totalité l'œuvre de saint Grégoire, la Liturgie de l'Église universelle. C'est là, il faut en convenir, une des meilleures preuves du retour à l'antique dépendance que professait l'Église de France à l'égard de Rome, dans les choses de la Liturgie ; de même qu'il faut voir une nouvelle abjuration du fameux principe de l'inviolabilité du dimanche, dans la demande faite à Rome par le même prélat, de pouvoir célébrer la solennité de la fête de la Conception au second dimanche de l'Avent. Rome même, dans ses rubriques actuelles, ne va pas si loin ; et cette fête, toute grande qu'elle est, le cède toujours au second dimanche de l'Avent, quand elle vient à tomber en ce jour, bien que les derniers dimanches de l'Avent soient seulement privilégiés de seconde classe.

 

On peut assigner encore comme une des causes de la résurrection des traditions romaines de la Liturgie en France, les légitimes exigences de la piété des peuples qui, ne pouvant participer aux indulgences attachées à certaines fêtes, offices et prières, qu'autant que l'on s'y conforme aux calendrier, bréviaire, missel et rituel romains, finiront par obtenir qu'il soit fait sur ces articles les concessions nécessaires. Or chacun sait que, dans les nouveaux bréviaires français, le petit office de la sainte Vierge, celui du saint Sacrement, celui des Morts, diffèrent sur une immense quantité de points avec les mêmes offices dans le Bréviaire romain ; que la prière Regina cœli, qu'on croit réciter au temps pascal en place de l’Angélus, a été gratifiée d'un nouveau verset tout différent de celui qui est indiqué dans les bulles des papes ; qu'un nombre considérable de fêtes a été transféré à des jours souvent éloignés de ceux auxquels Rome les célèbre ; que les jours où la Liturgie romaine fait un office double, étant souvent occupés par un simple, ou même laissés à la férié, dans les nouveaux livres, et réciproquement, il en résulte l'impossibilité absolue de faire cadrer les modernes calendriers et les ordo dressés d'après eux, avec les règles statuées par les souverains pontifes, dans les concessions d'autel privilégié, etc., etc. Il serait inutile de presser cette énumération qui nous mènerait trop loin, mais outre qu'il est indubitable, en droit, que le Siège apostolique, accordant des indulgences pour l'usage de telle ou telle,formule liturgique, n'a et ne peut avoir en vue que la teneur de cette formule telle qu'elle est dans les livres romains et approuvés ; des décisions récentes ont montré, en fait, quelle était expressément l'intention des souverains Pontifes.

 

Mais un grand et solennel exemple est celui que vient de donner Monseigneur Pierre-Louis Parisis, évêque de Langres, en rétablissant purement et simplement la Liturgie romaine dans son diocèse ; mesure courageuse que l'histoire enregistrera, et que le prélat motive dans une lettre pastorale à son clergé, d'une façon trop remarquable pour que nous puissions résister au désir de rapporter ici ses propres paroles :

" Vous n'ignorez pas, nos très chers frères, dit le prélat, de quelles divergences liturgiques la célébration des offices divins est l'objet dans ce diocèse ; souvent, vous avez gémi de cette contradiction et opposition de rites entre des paroisses voisines les unes des autres ; d'où il résulte que les fidèles, à force de voir ces variations de chants et de cérémonies dans chaque église, sont pour ainsi dire réduits à se demander si c'est à un même culte que sont consacrés des temples où l'on célèbre les cérémonies de la Religion avec des solennités si diverses.

" Le zèle des curés, loin de remédier à cette perte de l'unité extérieure, la complique chaque jour par de nouveaux abus ; chacun d'eux se trouvant livré à son caprice, dès l'instant qu'il entre en fonctions, et manquant d'une règle générale, tant pour sa propre conduite au chœur, que pour celle de ses clercs. Vous comprenez facilement, nos très chers frères, le détriment que souffre de tout ceci la sainte Église, l'épouse de Jésus-Christ, celle qui ne doit avoir ni taches, ni rides, et particulièrement à cette époque agitée de tant de tempêtes par l'effet des doctrines impies, et surtout affligée et déshonorée par la maladie de l'indifférence religieuse. Comme, en effet, parmi les notes de la véritable Eglise, et même avant toutes autres, la note d'Unité doit briller et la faire distinguer des sectes dissidentes, les peuples qui ne jugent de l'essence même des choses que par les apparences, témoins de ces contrariétés, en sont à se demander si elle est véritablement une par toute la terre, cette Eglise catholique qui paraît si contraire à elle-même dans les limites d'un seul diocèse ; en sorte que, par suite de l'état auquel le service divin se trouve réduit chez nous, Jésus-Christ est divisé, d'après l'idée des profanes, et la lumière de son Église obscurcie et couverte de nuages.

" Frappé depuis longtemps des inconvénients d'une situation aussi fâcheuse et sujette à tant de périls, après en avoir fait l'objet de nos réflexions le jour et la nuit, et imploré le secours du Père des lumières, nous cherchions en quelle manière il nous serait possible de réunir toutes les paroisses de notre diocèse dans cette unité de cérémonies et d'offices, si sainte, si désirée, si conforme à l'unité et à l'édification des fidèles. Enfin, après de longues incertitudes, toutes choses examinées et pesées avec le plus grand soin, il nous a semblé que nous devions en revenir à la Liturgie de l'Eglise romaine, notre mère, qui, étant le centre de l'unité et la très ferme colonne de la vérité, nous garantira et nous défendra, nous et notre peuple, contre le tourbillon des variations, et contre la tentation des changements. Nous avons dû nous arrêter à ce parti avec d'autant plus de fermeté, que tous les autres moyens que nous aurions pu prendre seraient devenus l'occasion d'un grand trouble dans les choses mêmes de la religion, pour le peuple qui nous a été confié par la divine volonté.

" Mais, afin d'éviter le mal qui pourrait s'ensuivre de l'usage même du remède que nous appliquons, et aussi afin que tous se soumettent peu à peu à la même règle, non par violence, mais spontanément, il est nécessaire de considérer que la plus grande partie de notre diocèse a été précédemment soumise au rite romain, tandis que les autres parties détachées de divers diocèses, sont demeurées étrangères aux susdits usages romains. Il faut aussi distinguer, entre l'office que chaque prêtre est tenu de réciter par l'obligation de son ordre, et l'office que nous appellerons liturgique, et qui doit être chanté et récité en présence du peuple.

" Ces distinctions faites, nous déclarons et ordonnons ce qui suit :

" 1° A partir du premier jour de l'année 1840, la Liturgie romaine sera la Liturgie propre du diocèse de Langres.

" 2° A partir du même jour, dans les paroisses qui appartenaient à l'ancien diocèse de Langres, l'office, le rite, le chant, les cérémonies, et tout ce qui tient au culte, auront lieu suivant les règles de la Liturgie romaine.

" 3° Nous permettons aux paroisses qui n'ont pas encore quitté les rites des diocèses voisins, de se servir, pour un temps, de leurs livres ; mais nous les obligeons à observer tous les détails énoncés et prescrits dans l’Ordo pour l'année 1840.

" 4° Les prêtres qui ont jusqu'ici récité le Bréviaire de Monseigneur d'Orcet, pourront satisfaire à l'obligation de l'office en continuant de le réciter ; cependant, il serait mieux que tous usassent du Bréviaire romain, et nous les exhortons à le faire.

" Quoique, en publiant cette ordonnance, nous n'ayons en vue que le bien de notre sainte religion et la cessation d'un désordre public, nous n'ignorons pas cependant qu'il en pourrait résulter pour plusieurs quelque ennui, ou quelque inquiétude. Nous les prions de recourir à nous avec une confiance filiale, non pour obtenir une dispense, mais afin que nous puissions résoudre leurs difficultés, s'ils en ont, et aussi afin de leur faire mieux comprendre que si nous avons été amené à prendre ce parti, ce n'a point été par l'effet de quelque considération qui nous fût personnelle, mais que nous y avons été contraint par une nécessité urgente, et pour faire droit aux réclamations de notre conscience.

" Nous vous supplions donc tous, vous qui êtes nos coopérateurs dans le Seigneur, d'apporter à l'exécution de ce grand œuvre tout le zèle dont vous êtes capables, afin que, de même qu'entre nous il n'y a qu'un Seigneur, une foi, un baptême, il n'y ait aussi dans notre peuple qu'un seul langage.

" Donné à Langres, en la Fête de sainte Thérèse, le 15 octobre de l'an de notre Salut 1839. "

 

Qui n'admirerait dans cette lettre vraiment pastorale le zèle de la maison de Dieu, tempéré par cette discrétion si recommandée par l'Apôtre, et dont saint Pie V, au XVIe siècle, donna un si éclatant exemple, lors même qu'il promulguait plus haut le grand principe de l'unité liturgique. Tous les actes du même genre que notre siècle pourra voir s'accomplir dans l'Église de France, seront d'autant plus efficaces dans leurs résultats, qu'ils seront à la fois empreints de vigueur et de modération ; car, nous n'avons garde de penser qu'on puisse guérir la partie malade en la froissant durement et sans pitié.

 

Mais il faut en convenir, le retour aux traditions liturgiques des âges de foi se prépare et devient de jour en jour plus visible ; on peut même déjà prévoir qu'il demeurera comme un des caractères de l'époque actuelle.

 

Le réveil de la science historique, qui nous a permis de jeter un regard désintéressé sur les mœurs et les usages des siècles de foi ; la justice rendue enfin aux monuments de l'art catholique du moyen âge ; toutes ces choses ont contribué aussi à la réaction, ou plutôt l'ont déjà fort avancée. C'est cette réaction historique et artistique qui nous restitue déjà nos traditions sur l'architecture sacrée, sur l'ameublement du sanctuaire, sur les types hiératiques de la statuaire et de la peinture catholiques ; or de là il n'y a plus qu'un pas à faire pour rentrer dans nos antiques cérémonies, dans nos chants séculaires, dans nos formules grégoriennes.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XXIV : DE LA LITURGIE AU XIXe SIÈCLE.

 

Mgr Pierre Louis Parisis

Monseigneur Pierre-Louis Parisis

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