Crist-Pantocrator.jpg

"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

La Manif Pour Tous 

La Manif Pour Tous photo C de Kermadec

La Manif Pour Tous Facebook 

 

 

Les Veilleurs Twitter 

Les Veilleurs

Les Veilleurs Facebook

 

 

 

papa%20GP%20II

1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


la vidéo sur KTO


Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

Rechercher

Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
capt_51c4ca241.jpg

Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

Archives

    

 

SALVE REGINA

13 juillet 2012 5 13 /07 /juillet /2012 04:00

Jésus disait aux douze Apôtres : " Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc adroits comme les serpents, et candides comme les colombes. Méfiez-vous des hommes : ils vous livreront aux tribunaux et vous flagelleront dans leurs synagogues. Vous serez traînés devant des gouverneurs et des rois à cause de moi : il y aura là un témoignage pour eux et pour les païens. Quand on vous livrera, ne vous tourmentez pas pour savoir ce que vous direz ni comment vous le direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là. Car ce n'est pas vous qui parlerez, c'est l'Esprit de votre Père qui parlera en vous.


Le frère livrera son frère à la mort, et le père, son enfant ; les enfants se dresseront contre leurs parents et les feront mettre à mort.


Vous serez détestés de tous à cause de mon nom ; mais celui qui aura persévéré jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé.


Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre. Amen, je vous le dis : vous n'aurez pas encore passé dans toutes les villes d'Israël quand le Fils de l'homme viendra." 

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

 

Jésus au Mont des Oliviers, Dürer

Partager cet article
Repost0
12 juillet 2012 4 12 /07 /juillet /2012 11:30

Il est temps de clore cette histoire générale de la Liturgie, et ce volume, par la bibliothèque des auteurs liturgistes qui ont fleuri ou fleurissent en ce XIXe siècle.

 

(1802). Nous ouvrons notre liste par l'ouvrage suivant, composition anonyme et plus que médiocre ; mais les ouvrages français publiés en ce siècle sur les matières liturgiques sont en si petit nombre, que nous ne nous permettrions pas d'omettre un seul de ceux qui sont venus à notre connaissance. Il est intitulé : Manuel catholique pour l'intelligence de l'office divin. Paris,  1802, in-12.

(1803). Dufaud, ancien doctrinaire, digne successeur des Foinard et des Grancolas, enfanta, dans les premières années de ce siècle, une nouvelle utopie liturgique dont la réalisation n'exigeait rien moins que la destruction de tous les systèmes de prière ecclésiastique suivis depuis dix-huit siècles. Dufaud jugea à propos de faire imprimer son projet, à l'usage de la commission liturgique dont nous avons parlé ci-dessus. Il lui donna ce titre : Essai d'un nouveau calendrier liturgique, ou classification nouvelle et raisonnée des fêtes pour tout le cours de l’année chrétienne. Paris, 1803, in-8°.

(1804). Louis-Vincent Cassitto, dominicain, a publié l'ouvrage suivant : Liturgia domenicana spiegata in tutte le sueparti. 1804. Naples, 2 vol. in-12.

 

(1805). Léonard Adami, avocat romain, a rendu un grand service à la science de la Liturgie et des antiquités ecclésiastiques, par les précieuses annotations dont il a enrichi le Diario sacro du jésuite Joseph Mariano Partenio, dont le vrai nom est Mazzolari. Ces annotations, qui font tout le mérite scientifique de cet ouvrage, ne se trouvent que  dans la seule  édition de  1805. Rome, 7 vol. in-12.

(1805). Alphonse Muzzarelli, ancien jésuite, théologien de la sacrée Pénitencerie, si connu par ses nombreux et savants opuscules, a donné une dissertation intéressante sur le culte du Sacré-Cœur de Jésus. Nous avons encore de lui : Observationes super annotationibus S. fidei pro-motoris super extensione festi atque approbatione officii et misses propriœ in honorera S. Cordis Deiparœ V. M.

(1806). Walraff, docteur allemand, a publié le précieux recueil intitulé : Corolla hymnorum sacrorum publicœ devotioni inservientium. Veteres electi sed mendis quibus iteratis in editionibus scatebant detersi, strophis adaucti. Novi adsumpti, récentes primum inserti. Cologne, 1806, in-8°.

 

(1810). Menne, ecclésiastique allemand, est auteur de , l'ouvrage suivant : Die Liturgie der Kirche systemat. abgehandelt.— La Liturgie de l'Église systématiquement traitée. Augsbourg, 1810, 3 vol. in-8°.

(1810). Le chevalier Artaud, qui, plus tard, a donné au public l'histoire de Pie VII, ouvrage curieux quoique fort incomplet, publia en cette année un livre intitulé : Voyage dans les catacombes de Rome. Paris, in-8°. Nous mentionnons ce livre superficiel et rempli d'inconvenances de plus d'une sorte, par cette seule raison que nous nous sommes jusqu'ici imposé la tâche de produire la succession des auteurs qui ont traité des monuments de Rome souterraine, dont la description et l'appréciation importent si fort à la science liturgique.

(1810). J.-B. Louis-Georges Seroux d’Agincourt, ce généreux archéologue qui s'en vint à Rome pour y passer six mois et y demeura cinquante ans, a élevé un monument à la science liturgique, aussi bien qu'à la science archéologique en général, dans le grand ouvrage auquel il sacrifia toute sa fortune.  Tout le monde sait qu'il est intitulé : Histoire de l’Art par les monuments, depuis sa décadence au Ve siècle, jusqu'à son renouvellement au XVe siècle, 3 vol. in-f° avec 325 planches. Paris, 1810-1823. Les monuments liturgiques sont innombrables dans cette collection, et pour ce qui est des antiquités de Rome souterraine, d'Agincourt a l'honneur d'avoir le premier senti toute la valeur des peintures des catacombes, et fixé le point de départ de l'iconographie chrétienne, en assignant aux IIe et IIIe siècles la décoration de plusieurs des fresques de divers cimetières.

 

(1811). Alexandre-Etienne Choron, musicien célèbre, publia en cette année une brochure intitulée : Considérations sur la nécessité de rétablir le chant de L’Église de Rome dans toutes les églises de l'Empire français. Paris, 1811, in-8°. L'auteur justifie sa préférence pour le chant grégorien, par la supériorité de ce chant sur tous les autres qui n'en sont que des imitations généralement défectueuses ; par l'origine même de ce chant qui se trouve être le seul débris, si défiguré qu'il soit, de la musique des Grecs et des Romains ; enfin, par l'utilité dont le rétablissement de ce chant peut être pour l'art musical, les compositeurs du XVIe siècle ayant tous, sans exception, choisi les morceaux grégoriens pour thème de leurs compositions. La place nous manque pour faire connaître et pour apprécier les propres travaux de Choron sur le chant ecclésiastique ; mais l'occasion se présentera d'y revenir.

 

( 1816). Augustin Albergotti, évêque d'Arezzo, a donné un livre assez médiocre sous ce titre : La divina Salmodia secondo Vantica e nuova disciplina della Chiesa. Sienne, 1816, in-12.

(1816).  Antoine-Joseph Binterim, mineur observantin, curé de Bilk au diocèse de Cologne, et courageux confesseur de la liberté de l'Église, dans la cause de son glorieux archevêque Clément-Auguste, publia, en 1816, l'ouvrage suivant :  Commentatio historico-critica de libris baptizatorum, conjugatorum et defunctorum antiquis et novis, de eorum fatis ac hodierno usu. Dusseldorf, in-8°. Mais son principal travail sur la science liturgique est l'ouvrage suivant : Die vorzüglichsten Denkwurdigkeiten der christ-catholischen Kirche, aus den ersten, mittlern und letzen Zeiten. — Les principaux monuments de L’Église chrétienne-catholique, des premiers siècles, du moyen âge et des temps modernes. Mayence, 1825-1833, 7 volumes en 16 tomes in-8°. Binterim,dans cet ouvrage où l'on retrouve l'érudition dont il a fait preuve dans ses innombrables écrits, mais aussi peut-être ce défaut de critique qu'on lui a quelquefois reproché, s'est proposé de refaire en grand l'excellent ouvrage de Pellicia, dont nous avons parlé ci-dessus, et que tout le monde connaît sous ce titre : De christianœ Ecclesiœ, primae, medice et novissimœ œtatis politia.

 

(1817). L'abbé Poussou de la Rozière fit imprimer en cette année un Mémoire sur la Liturgie, que cet auteur défend avec vivacité dans une lettre insérée dans l'Ami de la Religion. Cette utopie est assez semblable à celle de Dufaud, et vient accroître le nombre des tristes manifestations de l'esprit d'anarchie en matière liturgique.

(1817). Ziegler, bénédictin, évêque de Lintz, est connu par l'ouvrage qu'il a donné sous ce titre : Heiligen Firmung der katholischen Kirche. — La solennité de la sainte Confirmation dans l'Église catholique. Vienne, 1817, in-4°.

(1817). Jean-Christian-Guillaume Augusti, illustre docteur protestant, a rendu un service signalé à la science liturgique, en publiant le grand et bel ouvrage intitulé : Denkwürdigkeiten aus der christlichen Archäologie. — Mémoires d'Archéologie chrétienne. Leipsik, 1817-1823. 6 vol. in-8°. 

(1817). Auguste-Jacques Rambach, docteur luthérien, a pareillement mérité de la Liturgie, en publiant la compilation qui porte ce titre : Anthologie christlicher Gesange aus allen Jahrhunderten der Kirche. — Anthologie de chants chrétiens de tous les siècles de l'Église. Leipsik, 1817, in-8°. Ce volume renferme les principales hymnes grecques et latines recueillies religieusement par Rambach. Il a été suivi de plusieurs autres qui contiennent les cantiques protestants de l'Allemagne, depuis Luther.

 

(1818). Le docteur Bjorn, Danois, s'est occupé de travaux sur l'hymnographie, et a publié comme Rambach une collection d'hymnes à laquelle il a donné ce titre : Hymni veterum poetarum christianorum Ecclesiœ latinœ selecti. Copenhague, 1818, in-8°.

(1819). Fr. Brenner, chanoine de la cathédrale de Bamberg, a fait paraître l'ouvrage suivant, dans lequel il professe les sentiments de l'école rationaliste à laquelle il appartient : Geschichte über die Administration der hl. Sakramente. — Histoire de l'administration des Saints Sacrements. La première partie, qui renferme le Baptême, la Confirmation et l'Eucharistie, a paru à Bamberg, 1819-1824. 3 vol. in-8°.

(1819). Frédéric Münter, évêque de Seeland en Danemark, nous appartient pour son savant opuscule publié à Copenhague, en 1819 ( 36 pag. in-4°), et intitulé : Symbola veteris Ecclesiœ, artis operibus expressa. L'auteur y traite de vingt-quatre des principaux symboles du christianisme. Il s'est exercé de nouveau sur le même sujet, avec plus d'étendue, sous ce titre : Sinnbilder und Kunstvorstellungen der alten christen. — Images symboliques et représentations figurées des anciens chrétiens. Altona, 1825, parties I et II, in-4°.

 

(1820). J. Michel Sailer, le saint et savant évêque de Ratisbonne, compte parmi ses nombreux ouvrages plusieurs compositions sur les matières de la Liturgie. Nous citerons, entre autres, Geist und Kraft der kathol. Liturgie. — Esprit et vertu de la Liturgie catholique. Munich, 1820, in-12. Nous devons mentionner aussi l'ouvrage suivant : Gedanken von der Abanderung des Breviers. — Réflexions sur le changement de bréviaire, avec les remarques de F. X. Christman. Ulm, 1792, in-8°.

(1822). Fr. Grundmayr, docteur catholique, a donné, entre autres écrits liturgiques, Liturg. Lexicon der römischkathol. Kirchen Gebrauche. — Lexique liturgique des usages de l'Église catholique romaine. Augsbourg, 1822, grand -in-8°.

 

(1824). Le docteur Jean Labus, savant milanais, est connu dans la science de l'archéologie catholique, par un grand nombre de dissertations, imprimées les unes à part, les autres dans des recueils périodiques ou académiques. Les Fasti della Chiesa, ou Vies des Saints pour tous les jours de l'année, qui ont paru à Milan, 12 vol. in-8°, 1824 et années suivantes, sont remplis de notes fournies par Labus, et presque toutes d'un grand intérêt pour les amateurs des origines liturgiques.

(1824). Louis Gardellini, assesseur de la Congrégation des Rites et sous-promoteur de la Foi, a dirigé l'impression des Décrets authentiques de la Congrégation des Rites. Cette collection si importante a paru à Rome en 7 vol. in-4° (1824-1826). L'impression du huitième n'est pas achevée. L'auteur, que la science liturgique a perdu depuis, avait commencé dans le septième volume à fortifier son texte de notes excellentes; ce plan paraît avoir été adopté par son successeur, dans les cent trente premières pages du huitième volume, qui ont déjà été livrées à l'empressement du public.

 

(1825). Fornici, ecclésiastique romain, a donné, pour l'usage du séminaire romain, l'ouvrage suivant qui est tout à fait élémentaire : Institutiones liturgicœ ad usum seminarii romani. Rome, 1825, 3 vol. in-12.  

(1826). J. A. Gall, évêque d'Augsbourg, est auteur du livre intitulé : Andachtsübungen, Gebrauche u. Ceremonien der Kirchen. — Pratiques, usages et cérémonies de l'Église. Augsbourg, 1826, in-8°.

 

(1829). F. R. J. Antony, docteur allemand, a publié l'ouvrage intitulé : Archaolog-liturgisches Lehrbuch des gregorianischcn Kirchengesangs. — Institutions archéologico-liturgiques sur le chant ecclésiastique grégorien. Munster, 1829, in-4°. — Nous citerons à ce propos le livre du docteur Hoffmann de Falersleben, professeur à l'Université de Breslau, quoique nous n'ayons pu encore nous le procurer. En voici le titre : Geschichte des katholischen Kirchenliedes in Deutschland. — Histoire du chant religieux catholique en Allemagne.    

(1829). André Müller,  chanoine de Wurtzbourg, est connu par Lexicon des Kirchenrechts und der  romisch . kathol.  Liturgie. —  Dictionnaire de  droit ecclésiastique et de Liturgie catholique-romaine.  Wurtzbourg, 1829-1832. 5 vol. in-8°.

(1829). Theobald Lienhart, supérieur du séminaire de Strasbourg, est connu dans le monde liturgique par l'ouvrage suivant : De antiquis Liturgiis et de disciplina arcani. Strasbourg, 1829, in-8.

(1829). J.-B. Salgues, ancien doctrinaire, fameux par plusieurs ouvrages dont l'esprit et le ton contrastent grandement avec les habitudes de son premier état, appartient à notre bibliothèque par le livre intitulé : De la littérature des offices divins. Paris, 1829, in-8. L'auteur y professe la plus expansive admiration pour les nouvelles hymnes et proses, et aussi le plus grotesque dédain pour les œuvres de la poésie catholique. Sous ce point de vue, l'ouvrage est monumental.

 

(1830). Toussaint-Joseph Romsée, autrefois professeur de Liturgie au séminaire de Liège, a donné divers traités de Liturgie pratique, assez médiocres, qui ont été réunis ensemble dans l'édition complète de ses œuvres, donnée à Malines, 1839, 5 tomes in-12.    

(1830). Ambroise Guillois, curé de Notre-Dame du Pré, au Mans, a fait paraître, vers cette année, un petit ouvrage intitulé : Le Sacrifice de l'Autel, ou explication des cérémonies de la messe solennelle. Le Mans, 2 vol. in-18.

(1830). Un ecclésiastique de Rouen, qui a gardé l'anonyme, prit, en cette même année, la défense des nouveaux bréviaires de France, à l'occasion de la controverse soulevée par le Mémorial catholique. Son ouvrage est intitulé : Dissertation sur la légitimité des bréviaires de France, et du Bréviaire de Rouen en particulier. Rouen, in-8.

 

(1832). J.-L. Locherer, docteur allemand, a donné l'ouvrage qui suit : Lehrbuch der christkirchlichen Archäologie. — Institutions d'archéologie chrétienne et ecclésiastique. Francfort, 1832, in-8.

(1832). J. Dobrowsky est auteur d'un ouvrage intitulé: Ueber den Ursprung der romisch-slavischen Liturgie.— Sur l’origine de la Liturgie romaine-slave. Prague. 1832, in-8.

(1832). William Palmer, professeur au collège de Worcester, s'est occupé de la science liturgique sous le point de vue anglican : Origines Liturgicœ, or Antiquities of the Englisch Ritual, and a dissertation on primitive Liturgies. — Origines Liturgicœ, ou Antiquités du rituel anglais, et dissertation sur la Liturgie primitive.

 

(1833). Jean England, évêque de Charlestown, a fait paraître le livre intitulé : Explanation of the Ceremonies of the holy Weeck. — Explication des cérémonies de la  Semaine sainte. Rome, in-12.

(1833). Joseph Settele, professeur au collège de la Sapience, à Rome, et profond archéologue, a donné cette année un  savant  opuscule sur les  Stations  de Rome intitulé : Notizie compendiose délie sagre Stazioni e Chiese Stazionali di Roma. Rome, 1833, in-12. Nous lui devons en outre un excellent mémoire, sur  l’importance des monuments chrétiens des Catacombes, qui se trouve au second tome des Atti dell’Accademia Romana d'archeologia, et plusieurs autres dissertations sur des sujets analogues dans la même collection.

 

(1834). Joseph Marzohl, aumônier de l'hôpital du Saint-Esprit, à Lucerne, et Joseph Schneller, membre de la Société historique de la Suisse, publient en ce moment un ouvrage plein d'érudition, intitulé : Liturgia sacra, oder die Gebrauche und Alterthümer der katholischen Kirche, sammt ihrer hohen Bedeutung nachgewiesen aus den Schriften der frühesten Jahrhunderte, und aus andern beivahrten Urkunden und seltenen Kodizen. — Liturgia sacra, ou les Usages et Antiquités de l'Église catholique, avec leur haute signification d'après les saintes Écritures, et les écrits des premiers siècles, et autres monuments authentiques et manuscrits rares. Lucerne, 1834-1841, in-8, 4 volumes ont déjà paru.

(1834). Un anonyme italien, qui prend le nom de Filadelfo, a publié un curieux ouvrage de Liturgie pratique, sous ce titre : Ritonomia ecclesiastica ; la scienza dei sacri riti discussa canonicamente, e decisa moralmente. Lucques, 1834, 2 gros volumes in-18.

(1834). Jean Diclich, prêtre vénitien, est auteur d'un Dizionario sacro-liturgico, qui renferme plusieurs choses intéressantes. La troisième édition, la seule que nous connaissions, est de Venise, 1834. 4 vol. in-8.

(1834). Philbert, l'un des rédacteurs de la Biographie universelle, appartient à notre bibliothèque par un Manuel des Fêtes et Solennités, publié à Paris, 1834, in-16.

(1834). L'abbé Pascal, prêtre du diocèse de Mende, a fait paraître, en cette année, un livre intitulé : Entretiens sur la Liturgie ; nouvelle explication des prières et cérémonies du Saint Sacrifice, suivie de la lettre curieuse de Dom Cl. de Vert au ministre Jurieu, sur les paroles et les actions du prêtre à l'autel, et d'une Mosaïque sacrée ou Ordinaire de Messe composé de fragments de divers rites du monde catholique. Paris, in-12. L'auteur promet depuis longtemps, sous le titre de Rational liturgique, un ouvrage qui fera faire, sans doute, un grand pas à la science, et dont la publication est vivement désirée.

 

(1835). L'abbé Lecourtier, curé des Missions étrangères, puis Théologal de Notre-Dame de Paris, publia, en 1835, un Manuel de la Messe, ou Explication des prières et des cérémonies du Saint Sacrifice. Paris, in-18. Il a donné, l'année suivante, deux volumes in-18, sous ce titre : Explication des Messes de l'Eucologe de Paris. 2 vol. in-18.

(1835). Antoine-Adalbert Hnogek, professeur au séminaire de Leimeritz, en Bohême, s'est fait connaître par son livre intitulé : Christkatholische Liturgie.— Liturgie chrétienne-catholique. Prague, 1835-1837.L'ouvrage aura trois volumes, dont deux seulement ont paru.

(1835). Staudenmaier,docteur catholique, a fait paraître à Mayence l'ouvrage suivant : Geist des Christenthumes dargestellt in den hl. Zeiten, in den hl. Handenlungen, und in der hl. Kunst. — L'Esprit du christianisme exposé dans les saints Temps, les saintes Cérémonies et l’Art saint. 1835, in-8.

(1835). Nickel, prêtre catholique, comme le précédent, a donné l'ouvrage suivant, imprimé pareillement à Mayence : Die heiligen Zeiten und Feste nach ihrer Geschichte und Feier. — Les saints Temps et les Fêtes d'après leur histoire et solennité. 1835, in-8. : (1835). François-Xavier Schmid, curé dans le diocèse de Passau, est auteur de l'excellent livre intitulé: Liturgik der  christkatholischen Religion. —  Liturgique de la Religion  catholique. Passau, 1835,  in-8.  La troisième édition se publie maintenant par livraisons, dont la première est de 1840.  Il a publié, en outre : Grundrisz der Liturgik. — Plan de la Liturgique, Passau, 1836, in-8.

 

(1836). C. Chiral, curé de Neuville-l'Archevêque, au diocèse de Lyon, a donné : Esprit des cérémonies de l'Église. Lyon, 1836, in-12.

(1836). A. Welby Pugin, professeur d'antiquités ecclésiastiques au collège catholique de Sainte-Marie d'Oscott, a puissamment avancé la régénération de l'art catholique en Angleterre, par la publication de plusieurs recueils de monuments accompagnés de planches. Nous citerons le plus piquant et le plus populaire de tous. Il est intitulé : Contrasts, or a parallel belwen the noble édifices of the fourteenth and fitteenth centuries, and similar buildings of the present day; shewing the présent decay of taste. — Contrastes, ou Parallèles des nobles édifices du XIVe et XVe siècles, et les bâtiments actuels du même genre, faisant voir la décadence du goût. Londres, 1836, in-4. Pugin traite en particulier des églises, autels, tombeaux, habits sacerdotaux, etc.

 

(1837). Le  vicomte  Walsh est auteur de l'ouvrage suivant : Tableau des fêtes chrétiennes. Paris, 1837, in-8.

(1837). Raoul Rochette, savant archéologue, connu par 1 d'importantes publications sur l'art antique, a abordé depuis avec succès la matière des antiquités de Rome souterraine. Plusieurs dissertations sur ce sujet insérées dans les Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, ont annoncé un homme rempli d'érudition et de sagacité. Il est à regretter qu'une plus intime connaissance de l'antiquité chrétienne proprement dite lui ait manqué ; ce qui l'a entraîné dans quelques écarts. Ces inconvénients ont presque entièrement disparu dans l'excellent petit volume que l'auteur a donné, en 1837, sous ce titre : Tableau des Catacombes de Rome, in-12, Raoul Rochette avait publié, en 1834, un Discours sur l'origine, le développement et le caractère des types imitatifs qui constituent l’Art du christianisme. Paris, in-8. Cet opuscule remarquable, comme toutes les publications de l'auteur, pourrait être avantageusement modifié en la manière que l'ont été ses dissertations sur les antiquités des cryptes romaines.

 

(1838). En cette année a paru à Leipsik, sous le nom d'un écrivain allemand nommé Murait, l'ouvrage suivant : Briefe uber den Gottesdienst der morgenlandischen Kirche. — Lettre sur le Service divin de l'Église orientale. C'est une traduction de l'ouvrage russe d'André Nicolaiewitsch Murawieff.

(1839). L'abbé Charvoz a publié un petit volume sous ce titre : Précis d'Antiquités liturgiques, ou le Culte aux premiers siècles de l'Église. Lyon,  183g, in-12.

(1839). François de Schwinghannb est auteur d'un opuscule intitulé : Ueber Kirchensprache und Landessprache in der Liturgie. — Sur la langue de l'Église et la langue nationale dans la Liturgie. Lintz, in-12.

(1839). L'abbé Cousseau, chanoine de la cathédrale de Poitiers, s'est fait connaître dans la science liturgique par un Mémoire sur l'auteur du Te Deum, qu'il attribue à saint Hilaire. Nous avons parlé ailleurs de cet opuscule, qui est, au reste, d'une dimension fort restreinte. L'année suivante, l'auteur a donné un second Mémoire, mais plus sérieux, sur l'ancienne Liturgie du diocèse de Poitiers, et sur les monuments qui nous en restent. In-8. Il est à regretter que ce travail vraiment remarquable porte trop souvent la trace des préjugés que l'oubli presque général de la véritable histoire de la Liturgie a rendus si communs de nos jours.

 

(1840). Joseph Kehrein, professeur au gymnase de Mayence, a publié, en cette année, le recueil suivant : Lateinische Anthologie aus den christlichen Dichtern des Mittelalters. — Anthologie latine des Poètes chrétiens du moyen âge. Francfort, 1840, in-8. Ce recueil est destiné  aux gymnases et lycées catholiques. Le premier volume, le seul qui soit venu à notre connaissance, renferme les hymnes des huit premiers siècles de l'Église. Le temps viendra sans doute aussi où dans nos petits séminaires de France on étudiera les bonnes vieilles hymnes catholiques.

(1840). Daniel Rock, prêtre catholique anglais, est auteur d'un ouvrage remarquable qui a paru à Londres sous ce titre : Hierurgia; or the holy Sacrifice of the Mass. —  Hierurgia, ou le saint Sacrifice de la Messe. 2 vol. in-8.

 

(1841). Nous rattachons à cette année les Conférences sur les cérémonies de la Semaine Sainte à Rome, par Monseigneur Nicolas Wiseman, évêque de Mellipotamos et vicaire apostolique en Angleterre. Le livre est en anglais, et a été publié en français par M. l'abbé de Valette, en 1841 (Paris, in-12). Cet opuscule fort remarquable à tous égards se recommande surtout par des aperçus pleins de goût et de largeur sur la valeur des formes liturgiques. Malgré sa faible dimension, il est digne de l'illustre et savant prélat auquel nous devons déjà, pour ne parler que de l'objet de nos études, une précieuse dissertation, publiée à Rome, il y a quelques années, sur la Chaire de saint Pierre, que l'on conserve dans la basilique vaticane, et dont nous parlerons ailleurs. Dans la préface de ses Conférences sur la Semaine Sainte, Monseigneur Wiseman mentionne deux ouvrages récents, publiés par deux de ses compatriotes sur le même sujet, le docteur England, évêque de Charlestown, aux Etats-Unis, dont nous avons annoncé le livre ci-dessus, et le docteur Baggs, vice-recteur du collège anglais, à Rome.

(1841). Henri Gossler, prêtre régulier, curé dans le diocèse de Paderborn, vient de publier un livre de prières, dans lequel se trouvent fondues presque toutes les paroles de la Liturgie romaine, avec le texte de l’Imitation de Jésus-Christ. Cette œuvre tout allemande dans sa forme, annonce une connaissance profonde des choses de la prière dans son auteur. Elle porte ce titre : De Vita et Imitatione Christi Libri IV, redacti in seriem dominicalem et festivalem. Paderborn, 1841, énorme in-18.  

(1841). Herman-Adalbert Daniel, docteur de l'Université de Halle, a grandement mérité de la science liturgique, et s'est acquis des droits à la reconnaissance des catholiques, par l'importante collection qu'il vient de publier sous ce titre : Thesaurus hymnologicus, sive hymnorum, canticorum, sequentiarum, circa annum MD. usitatarum collectio amplissima. Hall, 1841, in-8. Le premier volume, le seul qui ait encore paru, ne contient que les hymnes, Daniel les a enrichies de notes et de scholies remplies d'érudition, et remarquables aussi par le ton plein de décence avec lequel il parle de nos croyances, et spécialement du culte du saint Sacrement, de la Croix, de la sainte Vierge et des Saints. Tous ces cantiques papistes n'ont rien qui le scandalise ; il s'y délecte comme dans des œuvres de la vraie piété, de la piété chrétienne ; il en admire la haute et suave poésie; en un mot, la publication du docteur Daniel est un événement pour le protestantisme allemand, et aussi une sévère critique de ces catholiques de France qui n'ont chargé les Santeul et les Coffin de leur composer des hymnes, que parce qu'ils pensaient que, jusqu'à ces deux latinistes, l'hymnographie n'avait rien produit que de barbare et d'indigne du culte divin.

(1841). Un autre protestant vient de publier un livre fort remarquable, et destiné aussi à constater le malaise que produit de plus en plus au sein de la Réforme l'absence des formes et des habitudes liturgiques. On trouvera à ce sujet les aveux les plus étonnants dans le livre intitulé : Des beaux-arts et de la langue des signes dans le culte des Églises réformées, par C.-A. Muller. Paris, 1841, in-8.

 

En terminant cette bibliothèque des auteurs liturgistes du XIXe siècle, nous devons mentionner les travaux qui ont été publiés, de notre temps, dans plusieurs recueils, périodiques et dans les Mémoires des sociétés savantes, sur divers objets de la science qui nous occupe. Ainsi, nous devons dire qu'il n'est pas un volume des Actes de l’Académie romaine d'Archéologie qui ne renferme plusieurs Mémoires précieux sur les antiquités du service divin. Des dissertations nombreuses sont publiées journellement à Rome et dans les autres villes de l'Italie sur des points d'archéologie sacrée, et ce serait rendre un immense service à la science que d'en former une collection dans le genre de celle que fit paraître le P. Calogéra, au XVIIIe siècle. Malheureusement, il faut bien convenir que la France ne marche pas à la tête de ce mouvement, et pour bien apprécier l'état de la science liturgique en ce pays, il suffit sans doute de considérer la faiblesse et la mince importance de la plupart des ouvrages dont nous avons tâché de mettre sous les yeux du lecteur la liste, incomplète peut-être, mais pourtant assez fidèle.

 

Nos recueils périodiques ont été longtemps presque stériles sur les questions liturgiques ; cependant, nous avons été grandement aidé, comme on a pu le voir, par certains articles historiques de l’Ami de la Religion. Il ne nous appartient pas de juger ceux que nous insérâmes nous-même, en 1830, dans le Mémorial catholique, et qui furent reproduits en entier, à Lucques, dans le recueil si connu sous le nom de Pragmalogia catholica. L’Univers, dans ces dernières années, a ouvert ses colonnes à des discussions intéressantes sur diverses matières liturgiques, et on y a lu plusieurs lettres de M. l'abbé Pascal, et plusieurs articles de M. Didron, sur des questions d'une véritable importance.  

 

Si maintenant l'on considère les nombreux travaux qui s'exécutent en France, depuis quelques années, dans le but si  louable de  conserver  et d'expliquer les monuments religieux du moyen âge, on a lieu de penser que, de ce côté, du moins, la bibliothèque liturgique du XIXe siècle est en mesure de prendre un  accroissement colossal. Il est fâcheux que la partie de ces études qui concerne la description raisonnée et l'interprétation sérieuse des monuments religieux et des usages qui s'y rattachent se trouve traitée d'une manière aussi peu satisfaisante. Sans parler de la précipitation et souvent aussi de l'absence complète de connaissances spéciales dans les auteurs, on sent aisément que ces matières vont mal aux mains des séculiers, mais surtout de ceux qui ne portent aux choses catholiques qu'un intérêt d'amateur. Il serait néanmoins injuste de ne pas distinguer, au milieu de ce déluge toujours croissant d'élucubrations archéologiques, certaines œuvres qui méritent les égards et la reconnaissance des catholiques. Nous avons  mentionné  ci-dessus Séroux d'Agincourt; nous nous ferons un devoir de rappeler ici le grand et bel ouvrage de Boisserée sur la cathédrale de Cologne, et plus tard les publications de M. de Caumont, qui a la gloire d'avoir accéléré puissamment le mouvement conservateur dont nous sommes témoins.  Nous dirons aussi que M. du Sommerard marche à grands frais et avec zèle sur les traces de d'Agincourt. Enfin, le clergé s'ébranle et se  prépare à ressaisir une  science qui lui appartient en propre. M. l'abbé Bourassé vient de donner aux séminaires un utile Manuel d'archéologie,  et les RR. PP. Arthur Martin et Charles Cahier, de la Compagnie de Jésus, publient en ce moment les vitraux de la cathédrale de Bourges, avec une fidélité de dessin et une magnificence typographique qui ne sont égalées que par la lucidité et la profondeur du commentaire liturgique et archéologique qui encadre l'œuvre tout entière.

 

Nous voici enfin parvenu au terme de la difficile carrière que nous nous étions tracée : notre Introduction historique à l'étude de la Science Liturgique est maintenant sous les yeux du lecteur. Nous ne placerons pas de conclusions à la fin de ce chapitre, comme nous l'avons pratiqué jusqu'ici ; les corollaires d'un tel récit se tirent assez d'eux-mêmes.

 

Il ne nous reste donc plus qu'à offrir nos actions de grâces au Dieu tout-puissant dont la miséricorde nous a soutenu dans cette première partie d'un labeur si rude et si difficile : après quoi, nous le supplierons de nous remplir de son Esprit, afin que nous puissions devenir capable d'expliquer à nos frères en Jésus-Christ et en la sainte Église, les ineffables merveilles de la Liturgie sacrée.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XXIV : DE LA LITURGIE AU XIXe SIÈCLE.

 

Dom Prosper Guéranger  

Partager cet article
Repost0
11 juillet 2012 3 11 /07 /juillet /2012 11:30

Terminons maintenant cette revue de l'Église universelle, sous le rapport liturgique, en nous arrêtant à Rome même, où il nous reste à constater plusieurs faits remarquables en ce XIXe siècle.

 

Nous verrons d'abord que les Pontifes romains de nos jours n'ont pas été moins jaloux que leurs prédécesseurs, de laisser dans la Liturgie des marques de leur piété.

 

Pie VII, de sainte mémoire, plaça au bréviaire, sous le rite double mineur, saint François Carracciolo, l'un des cinq bienheureux qu'il avait canonisés. Il éleva au même degré la fête de saint Clément, pape, qui jusqu'alors n'avait été que semi-double. Enfin, pour ranimer dans toute l'Église la dévotion à Marie Compatissante, il institua une seconde fête des Sept Douleurs de la Sainte Vierge, qui se célèbre le troisième dimanche de septembre.

 

Léon XII accomplit une grande et honorable justice envers un des plus saints et des plus courageux prélats du moyen âge, en établissant au bréviaire le nom et la fête de saint Pierre Damien, du degré double-mineur, avec le titre de confesseur pontife et docteur de l'Eglise. Ce fut la seule œuvre de ce genre qu'il exécuta dans son trop court pontificat.

 

Son successeur Pie VIII, qui ne fit que passer sur la Chaire de Saint-Pierre, exerça d'une manière non moins solennelle sa prérogative d'arbitre de la Liturgie, en rendant un décret pour attribuer désormais à saint Bernard le titre et les honneurs de docteur de l’Église. Il y avait longtemps, il est vrai, que l'Église gallicane avait accordé cette faveur à l'auteur des livres de Consideratione ; mais l'Église romaine, ou plutôt l'Esprit qui la dirige, n'a rendu cet oracle qu'en 1829, et toutes les églises du rite latin s'y sont conformées.

 

Enfin, le grand Pontife Grégoire XVI, qui conduit avec tant de gloire le vaisseau de l'Eglise, a récemment fait usage de son autorité liturgique, pour établir, du degré double-mineur, la fête du saint évêque Alphonse-Marie de Liguori, l'un des cinq bienheureux dont il a célébré la canonisation, en 1839.

 

A ce dernier décret s'arrêtent les développements actuels de la Liturgie romaine ; mais ses triomphes n'ont de bornes que l'univers. Car c'est elle qui accompagne l'apôtre qui s'en va planter la foi dans les régions infidèles ou hérétiques. Les jeunes Églises de l'Amérique du Nord, celles qui s'élèvent de toutes parts dans la Grande-Bretagne et disputent pied à pied le terrain à l'anglicanisme, ne connaissent d'autre prière que la prière de Rome ; le sauvage de la Louisiane, l'Indien, le Chinois, le néophyte du Tonquin, l'insulaire de l'Océanie, sont les enfants d'une même Liturgie, et cette Liturgie est romaine ; l'Algérie même, colonie française, n'emploie pas d'autres livres pour les offices divins que les livres de saint Grégoire, et tous ces prêtres français que Rome voit partir chaque année pour les quatre vents du ciel, et qui vont féconder de leurs sueurs et de leur sang la parole divine qu'ils annoncent à toute créature, avant de partir pour le lieu de leur mission, commencent par renoncer à ces modernes bréviaires et missels qu'ils avaient conservés jusqu'alors, et s'avancent vers les peuples qu'ils doivent évangéliser, les mains chargées de ces livres romains auxquels est aujourd'hui attachée la fécondité de l'apostolat, comme au temps des Boniface, des Anschaire et des Adalbert.

 

C'est sans doute encore un triomphe pour la Liturgie romaine que, seule de nos jours, au sein de la France, non seulement elle demeure la Liturgie des anciens ordres religieux qui renaissent de leurs cendres, mais que ces nouvelles familles qui se sont formées, l'une sous le nom de Société des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, l'autre sous celui de Congrégation des Maristes, et qui ont déjà opéré des fruits de salut chez les infidèles et mérité les bénédictions du Pontife romain, se soient fait une loi inviolable d'être romaines dans la Liturgie. Les nombreux instituts et monastères de vierges qui fleurissent de toutes parts autour de nous, comme autant de plantations célestes, font aussi monter vers le ciel, sept fois le jour et au milieu de la nuit, la prière romaine. Enfin, nous avons raconté ailleurs comment les pieuses confréries qui contribuent à maintenir, dans un si grand nombre de paroisses de France, la piété et les mœurs chrétiennes, célèbrent leurs fêtes, non d'après le calendrier appauvri et stérile des nouveaux bréviaires, mais bien d'après le calendrier romain, si riche de traditions, si fécond en grâces apostoliques.

 

Aussi, nous semble-t-il de plus en plus évident que la Liturgie romaine est appelée à régner de nouveau en France tôt ou tard : et ce sentiment n'est pas seulement le nôtre ; il est partagé par un grand nombre d'excellents esprits. Nous avons même souvent entendu répéter à des personnes assez peu suspectes que si Rome consentait à réformer son bréviaire, l'opposition gallicane ne saurait tenir contre l'influence de cette mesure. A vrai dire, il nous semble qu'il y a bien un peu d'outrecuidance dans cette manière de voir une si grave question. Sans doute, il est dans les choses possibles que Rome entreprenne, dans ce siècle, une réforme de son bréviaire ; ce serait la quatrième depuis saint Grégoire ; mais qu'on le comprenne bien, cette réforme n'aurait point pour objet de produire un nouveau Bréviaire romain. Celui de saint Pie V est le même que celui qui fut revu au XIIIe siècle par les Frères Mineurs, le même que celui de saint Grégoire VII, le même que celui de saint Grégoire Ier. Le bréviaire qui sortirait de la réforme du XIXe siècle ne serait point autre non plus, quant au fond, que celui des siècles précédents ; les théories françaises du XVIIe siècle sont venues trop tard pour entamer l'œuvre séculaire et traditionnelle des Pontifes romains. Mais ce n'est pas là précisément ce qui préoccupe plusieurs personnes dont nous avons souvent recueilli les aveux pleins de naïveté ; leur grande espérance, au cas d'une revision du bréviaire, serait de voir la somme des prières ecclésiastiques diminuée, à Rome, dans la proportion des bréviaires français.

 

Quoi qu'il en soit de cette attente, nous devons être assurés à l'avance que si le Siège apostolique entreprend, en ce siècle, une réforme du bréviaire (prévision qui n'a rien d'improbable, puisqu'il s'est déjà écoulé près de trois siècles depuis la réforme de saint Pie V, et que les deux précédentes n'ont pas été séparées par un aussi long intervalle), nous devons être assurés, disons-nous, que cette réforme satisferait à tous les besoins de la Liturgie. Elle serait entreprise avec une souveraine autorité, dirigée par cet Esprit qui conduit les Pontifes romains dans les choses de la foi et de la discipline générale dont la Liturgie est l'expression. Elle ne serait point le fait d'une coterie hétérodoxe, ni le produit d'une école littéraire, ni le résultat d'une révolution pyrrhonienne dans la critique sacrée, ni l'œuvre d'un vain amour-propre national. La majestueuse confession des dogmes, la victoire contre les hérésies, la liberté ecclésiastique, la vigueur de la discipline, la dévotion à la sainte Vierge et aux saints, l'onction de la prière, la sainte et inviolable tradition, avec ce progrès légitime qui se fait dans la lumière et l'amour sous l'autorité, y puiseraient leur sublime manifestation; en un mot, cette nouvelle réforme, comme toutes celles qui l'ont précédée, serait un pas magnifique de l'Église et de la société vers la conquête d'un plus grand éclat de vérité et d'une plus grande force et douceur d'amour ; car le sentier de l'Église est semblable à la lumière qui va toujours croissant, jusqu'à ce qu'elle enfante le jour parfait (Prov. IV, 18.).

 

Il est temps de clore cette histoire générale de la Liturgie, et ce volume, par la bibliothèque des auteurs liturgistes qui ont fleuri ou fleurissent en ce XIXe siècle.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XXIV : DE LA LITURGIE AU XIXe SIÈCLE. 

 

Notre Dame des Sept Douleurs, Adriaen Isenbrant, Notre Dame de Bruges - Onze-Lieve-Vrouwekerk

Partager cet article
Repost0
11 juillet 2012 3 11 /07 /juillet /2012 04:00

Pierre prit la parole et dit à Jésus : " Voilà que nous avons tout quitté pour te suivre : alors, qu'est-ce qu'il y aura pour nous ? "


Jésus leur déclara : " Amen, je vous le dis : quand viendra le monde nouveau, et que le Fils de l'homme siégera sur son trône de gloire, vous qui m'avez suivi, vous siégerez vous-mêmes sur douze trônes pour juger les douze tribus d'lsraël.


Et tout homme qui aura quitté à cause de mon nom des maisons, des frères, des sœurs, un père, une mère, des enfants, ou une terre, recevra beaucoup plus, et il aura en héritage la vie éternelle.

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu

 

SAINT BENOÎT, Fra Angelico

Partager cet article
Repost0
10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 19:00
Partager cet article
Repost0
10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 11:30

Maintenant, il importe de faire connaître le double moyen employé par l'autocrate pour accomplir son œuvre et pour en assurer la durée.

 

Il a tout consommé par la suppression de l'ordre des Basiliens, le seul qui existât chez les Grecs-unis, et par l'adoption forcée de nouveaux livres liturgiques. Habile dans la tactique des gouvernements européens, quand ils veulent asservir l'Église, Nicolas a suivi fidèlement tous les degrés qu'ils gardent dans l'exécution de ce plan sacrilège. Ainsi, pour anéantir les Basiliens, il a commencé par les soumettre aux ordinaires ; en second lieu, il les a entravés dans l'admission des novices; la troisième mesure a été la confiscation des biens ; enfin, la quatrième, qui a tout terminé, a été, en 1832, la suppression définitive de l'ordre lui-même. Du moins, la voix d'un évêque s'est élevée contre cette machiavélique et atroce persécution ; le pieux prélat Szezyt, suffragant de l'archevêché de Mohilow, du rite latin, a osé faire entendre des réclamations contre la suppression des Basiliens, et contre celle d'un grand nombre d'autres monastères du rite latin qui ont été abolis, jusqu'au nombre de deux cent vingt et un, dans la seule métropole de Mohilow. Ce courage apostolique n'a pas tardé non plus à recevoir sa récompense. Le prélat s'est vu arracher violemment à son troupeau et reléguer jusqu'aux extrémités de l'empire. Les instances de la noblesse ont pu seules obtenir qu'il ait enfin été rendu à l'exercice de sa charge pastorale.

 

Nous devons mentionner ici un autre prélat du rite latin, que sa conduite pleine de courage désigne à l'admiration et à la reconnaissance de tous les catholiques. En 1833, le gouvernement de Varsovie ayant publié un édit qui enjoignait à l'évêque de Podlachie, Mgr Gutkowski, de faire disparaître des bibliothèques ecclésiastiques de son diocèse un livre qui traite de la Concorde et de la Discorde des Grecs et des Latins, le prélat a refusé de se soumettre à cette injonction, par laquelle on lui demandait de trahir les intérêts d'une religion dont il est le défenseur naturel. Il n'a pas montré moins de vigueur en s'opposant de toutes ses forces à l'exécution du décret impérial qui ordonne que les enfants issus des mariages entre les Grecs et les Latins seront, sans distinction, élevés dans la religion grecque. Depuis près de dix ans, ce généreux confesseur de la foi et de la liberté de l'Église est chassé de sa ville épiscopale, et contraint d'errer à travers son diocèse, sans demeure fixe et en butte à toutes les persécutions.

 

Pendant qu'on travaillait à ruiner l'ordre des Basiliens, ces prêtres célibataires dont l'influence était si grande sur les Grecs-unis, et qui leur garantissaient le bienfait de la célébration journalière du sacrifice chrétien, les presses impériales de Moscou enfantaient, en 1831, un missel destiné à remplacer dans les Églises grecques-unies celui du vénérable Josaphat Bulhack et de ses prédécesseurs. Ce missel totalement conforme à celui des schismatiques ne différait guère de l'ancien que par ses omissions. On y supprimait l'article de la procession du Saint-Esprit, la mention du pape, et aussi les diverses rubriques tendantes à manifester par des rites spéciaux la foi dans le mystère de la présence réelle. Faire accepter ce missel aux Églises grecques-unies, c'était donc les replonger dans le schisme, en même temps que déclarer la Liturgie impuissante à tout développement, quelque légitime qu'il soit. Nous avons signalé ailleurs ce caractère judaïque de la Liturgie dans les Églises d'Orient.

 

Dès lors, le gouvernement russe a senti que tout était gagné pour son système s'il parvenait à introduire ce nouveau missel dans les Églises grecques-unies ; cet attentat devenait facile depuis la suppression des Basiliens, la mort, ou la défection des évêques de ce rite. Nous apprenons par une lettre du ministre de l'intérieur à l'empereur Nicolas, en date du 30 avril 1837, que, dès cette époque, la plus grande partie des Églises grecques-unies, tant des villes que des campagnes, était déjà pourvue du nouveau missel. On avait enlevé les anciens par violence, et dans la crainte que les usages extérieurs empruntés à l'Église latine ne demeurassent comme une protestation contre la suppression des missels catholiques, l'autocrate avait pris des mesures matérielles pour anéantir toutes les tendances vers les habitudes de piété du catholicisme. Ainsi, dans l'espace de trois ans (de 1834 à 1837), on avait rétabli la barrière des iconostases dans trois cent dix-sept églises de l'Éparchie lithuanienne ; afin que désormais l'autel cessât d'être aussi accessible à la religion des peuples. Les autels latéraux, qui, dans les églises mêmes dont les iconostases avaient été conservées, étaient en dehors de cette barrière et si favorables à la célébration des messes privées, avaient été démolis ; on avait conservé seulement ceux de ces autels dont l'emplacement et la construction se trouvaient liés inévitablement à la disposition architecturale de l'église. Plusieurs églises en effet, surtout dans les derniers temps, avaient été bâties d'après un système de plus en plus rapproché de celui des Latins, dans lequel le nombre et le placement des autels est d'une si grande importance. Au reste, si le gouvernement russe consentait à ne pas démolir ces autels, c'était en défendant qu'on y célébrât désormais le saint Sacrifice .

 

Mais ce que nous disons ici ne montre point encore assez la rage dont les schismatiques russes sont animés contre les formes liturgiques des Latins. On conçoit que la majesté de l'autocrate se sente instinctivement blessée des honneurs rendus à l'Homme-Dieu, dont les Grecs-unis dressaient le trône quand ils exposaient le saint Sacrement, auquel ils prodiguaient les marques extérieures d'adoration ; après tout, c'est une véritable cour, avec toutes ses assiduités et tous ses honneurs, que le catholicisme tend à former autour du tabernacle eucharistique. Mais croirait-on que le tyran en est venu jusqu'à se montrer jaloux de la sonnette que les Grecs-unis avaient empruntée des Latins, pour marquer les principaux instants du sacrifice et réveiller l'attention des fidèles ! Le ministre de l'Intérieur se glorifie auprès de son maître d'avoir fait disparaître cet usage papiste de toutes les églises de Lithuanie.

 

Enfin, tel est l'éloignement que le schisme grec a toujours eu pour les développements de la forme dans l'art, éloignement qui lui a inspiré ses déplorables théories sur la laideur du Christ et de la Vierge Marie, et aussi la raideur et l'immobilité de ses types, qu'on le voit aujourd'hui poursuivre avec la dernière rigueur le roi des instruments de musique, le grand moyen de l'harmonie sacrée, l'orgue. Les Grecs-unis avaient reçu des Latins ce puissant mobile de la prière et des sentiments religieux; avec l'orgue, ils se sentaient réellement fils de la chrétienté romaine, membres de la civilisation occidentale. Les ordres les plus sévères ont été donnés pour la destruction de cet instrument. Dans le christianisme bâtard de la Russie, la clef des mystères est perdue ; on prétend réduire à la seule voix humaine toute l'harmonie qui devra retentir autour de l'autel; comme si la vraie religion n'avait pas reçu la mission de donner une voix à toute la nature et de forcer les éléments à s'unir à l'homme dans un même concert. C'est ce que fait dans nos églises ce puissant prince de l'harmonie, qui a reçu la magnifique et biblique appellation d'orgue, organum. Qu'importent les succès merveilleux du collège des chantres de la cour à Saint-Pétersbourg, et des écoles de chant établies officiellement à Polock et à Zyrowice ? Ce luxe ne sert qu'à mettre à découvert la pauvreté d'une Liturgie qui repousse, par système, les moyens grandioses d'accroître les effets de l'harmonie, et de marier la voix du peuple à celle des prêtres dans un concert immense. Une religion de cour, sensualiste et confortable, craint les mélodies fortes et sévères qui élèvent l'homme au-dessus du présent; il lui faut une harmonie qui soit toute de la terre, dans laquelle l'élément religieux ne fasse que raviver, par un contraste piquant, les sensations amolissantes du théâtre et des profanes mélodies. On sait de reste combien est dur, monotone et désagréable, l'accent du prêtre dans la Liturgie grecque ; combien il est loin de la suave magnificence de notre Préface, imitée pourtant des anciens Grecs : l'orgue venait donc à propos pour relever l'inspiration et ranimer la prière languissante : l'autocrate ne l'entend pas ainsi, et il est, au reste, assez piquant de le voir dans son zèle anti-liturgiste s'accorder pour la destruction de l'orgue avec le régicide évêque Grégoire, que nous avons vu, au concile de 1801, proposer de remplacer cet instrument par le tam-tam chinois.

 

Au reste, le gouvernement se charge de pourvoir avec largesse aux frais de l'éducation des nouveaux musiciens, et telle est sa munificence quand il s'agit de procurer l'exécution de ses plans antiliturgiques, que le ministre de l'intérieur, dans le rapport déjà cité, fait voir en détail à son maître que le défaut d'argent est la seule cause du retard qui a été mis en quelques lieux à l'exécution des ordres impériaux, tant pour le rétablissement des iconostases, que pour la substitution des missels et ornements grecs purs aux missels et ornements papistes qu'on a été contraint de laisser subsister encore pour quelque temps. L'autocrate poursuivait donc avec ardeur son système de destruction du catholicisme, au moyen de ces changements dans la forme, si significatifs et si efficaces, en même temps qu'il travaillait à amener les trois évêques Siemaszko, Luzynski et Zubko, à déclarer leur apostasie. Ce dernier fait étant accompli, Nicolas a fait donner des ordres par le saint Synode, portant qu'on ne devra pas procéder avec trop de rigueur contre quelques usages religieux conservés encore par les nouveaux schismatiques ; mais qu'on devra, au contraire, user de tolérance, et maintenir, autant que possible, les mêmes pasteurs dans les églises, du moment qu'ils auront consenti à renoncer à l'unité romaine. Le nouveau missel de Moscou, l'interdiction des messes privées, le rétablissement des iconostases, la suppression des honneurs rendus au saint Sacrement, etc., tous ces moyens joints à un système d'éducation schismatique, suffisent en effet pour consommer sans trop de violence la séparation qui a été le but de tant de crimes et de parjures.

 

Maintenant, la divine Providence permettra-t-elle que cette œuvre abominable demeure accomplie sans retour, et que le schisme grec, avec toutes ses conséquences abrutissantes, étende à jamais son joug sur ces malheureuses provinces ? C'est le secret de Dieu ; mais nous, sachons du moins accepter les leçons qui résultent de ces événements contemporains, dont notre préoccupation ne saisirait peut-être pas toute la portée.

 

D'abord, il est une fois de plus démontré par les faits qu'il ne saurait jamais y avoir d'attentat contre la foi ou l'unité catholiques, dont le contre-coup ne se fasse sentir sur la Liturgie ; parce qu'il n'est pas non plus un seul des intérêts de cette foi et de cette unité, qui ne trouve dans la Liturgie sa représentation expresse. Cette vérité est banale à force d'avoir été répétée dans ce livre : ce sera la dernière fois.

 

Concluons : donc, il est essentiel d'examiner les intentions et les doctrines de ceux qui proposent des changements dans la Liturgie, et se tenir en garde contre eux, fussent-ils couverts de peaux de brebis, et n'eussent-ils dans la bouche que les beaux mots de perfectionnement et de retour à l'antiquité.

 

En second lieu, il résulte de ce récit que la politique des Pontifes romains, qui a toujours tendu à réunir les églises dans une même Liturgie, vient de recevoir sous nos yeux une nouvelle et éclatante justification. Si, au temps de Catherine II, huit millions de catholiques, et sous Nicolas Ier, trois millions ont été détachés du vrai christianisme, c'est uniquement parce que ces catholiques manquaient de l'appui que leur eût naturellement offert la communauté absolue de rites, de chants et de prières, avec les autres membres de l'Église romaine. Et cela est si vrai, que ni Catherine II, ni l'empereur Nicolas, n'ont songé à réunir au schisme grec des millions de Polonais dont la foi latine les inquiétait, mais qu'ils sentaient retranchés derrière l'inviolable boulevard de la Liturgie romaine. Or toute Liturgie qui n'est pas romaine devient infailliblement nationale, dans l'acception plus ou moins étendue de ce terme, et, partant, elle tombe sous le pouvoir et l'administration du prince ou de ses agents. En France, ce seront les parlements, ou toute autre forme judiciaire ou législative qui leur a succédé; en Russie, c'est l'autocrate avec ses ministres. Un pouvoir tyrannique, impie, hérétique, aura donc la haute main sur la foi des peuples et sur les mœurs chrétiennes qui dérivent de cette foi. Il est aisé de comprendre jusqu'où vont les conséquences de la forme nationale dans le culte ; nous en avons signalé un grand nombre dans cet ouvrage, et quant aux provinces qu'un sévère jugement de Dieu a soumises à l'empereur de Russie, tout le monde conviendra sans peine que la Liturgie romaine eût garanti, avec la foi des peuples qui les habitent, cette dignité de la nature humaine qui ne souffre pas la servitude de la pensée et des affections religieuses. Si donc l'autocrate a voulu, par ses mesures sacrilèges et antiliturgiques, river à jamais les fers de ces populations malheureuses, c'est qu'il savait que les tendances romaines qui se révélaient au milieu de la Liturgie grecque telles qu'elles la pratiquaient, leur faisaient pressentir le bienfait d'une civilisation catholique, et les amèneraient peu à peu à se fondre dans les moeurs plus dignes et plus libres des nations de la langue latine.

 

La Pologne doit savoir maintenant que la seule nationalité qui lui reste, celle qu'on ne saurait lui ôter malgré elle, est dans le catholicisme ; mais à la vue du sort malheureux de sa triste sœur la Lithuanie, qu'elle comprenne aussi que le catholicisme, chez elle, n'a de défense que dans la Liturgie. Qu'elle presse donc contre son cœur et qu'elle défende comme sa dernière, mais ferme espérance, ce Bréviaire et ce Missel romains par lesquels elle sera toujours Latine, et non Russe. Qu'elle se sente fière aussi de ce que, par la Liturgie, le monde catholique rend hommage chaque année à la grandeur des héros de sainteté qu'elle a produits; son Stanislas de Cracovie, son Casimir, son Hyacinthe, son Hedwige, et aussi son admirable Jean de Kenty, dans la fête duquel nous disons par toute la terre, suivant l'ordre du Siège apostolique :

O qui roganti nemini

Opent negasti, patrium

Regnum tuere; postulant

Cives Poloni et exteri.

 

Terminons maintenant cette revue de l'Église universelle, sous le rapport liturgique, en nous arrêtant à Rome même, où il nous reste à constater plusieurs faits remarquables en ce XIXe siècle.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XXIV : DE LA LITURGIE AU XIXe SIÈCLE.

 

A Polish Nobleman

Un Noble Polonais, Rembrandt

Partager cet article
Repost0
9 juillet 2012 1 09 /07 /juillet /2012 11:30

Si le progrès des tendances liturgiques accélère la marche de l'Angleterre vers la vérité et l'unité catholiques, il est d'autres contrées où la compression de ces mêmes tendances amène les résultats contraires.

 

D'immenses provinces, soumises à la domination de l'autocrate Nicolas, voient s'éteindre le flambeau de la foi, dans les jours mêmes où nous écrivons ces lignes, et les changements dans la Liturgie sont le moyen par lequel cette catastrophe est opérée : tant il est vrai, comme nous l'avons dit ailleurs, que la Liturgie est un glaive à deux tranchants qui, dans les mains de l'Eglise, sauve les peuples, et qui, aux mains de l'hérésie, les immole sans retour.

 

Nous avons caractérisé, au chapitre IX, ces Liturgies orientales, vénérables sans doute par leur antiquité, mais qui n'en ont pas moins été un obstacle invincible à toute réunion durable de l'Église grecque avec l'Église latine depuis la première consommation du schisme. Nous avons fait voir aussi de quelle triste immobilité ces mêmes Liturgies ont été frappées, impuissantes qu'elles sont, depuis huit siècles, à tout développement; tandis que la Liturgie romaine n'a cessé, à chaque époque, de produire de nouvelles formes, sans altérer le fond antique par lequel elle tient à l'origine même du christianisme. Il est aisé de conclure de ces faits incontestables, que toute réunion des deux Églises, pour être durable, devrait avoir pour auxiliaire une modification dans la Liturgie orientale, qui la mît plus ou moins en rapport avec les développements des formes catholiques dans l'Occident. La fraternité devrait donc être scellée par certaines dérogations à des usages, antiques, il est vrai, mais sacrifiés au plus noble but, puisqu'il s'agirait d'aspirer, dans une plus grande plénitude, cette vie dont l'Église romaine est la source, et dont on suppose que le désir sincère aura motivé la renonciation au schisme.

 

C'est là précisément ce qui avait eu lieu dans la métropole grecque de Kiew, qui comprenait l'ancienne Ruthénie à peu près entière, c'est-à-dire près des deux tiers du territoire et la moitié ou peu s'en faut de la population de la Pologne. Cette métropole et ses églises suffragantes étaient rentrées dans le sein de l'unité catholique en 1505. Dans l'acte dressé à Brzerc pour décréter ce retour heureux, le métropolite Michel Rahoza et les autres évêques ruthènes stipulèrent le maintien du rite grec, tel qu'il était au moment de l'Union de Florence. Beaucoup d'abus s'étaient introduits depuis lors ; les métropolites furent contraints d'user des plus grands ménagements, quand ils cherchèrent à les réprimer. La moindre imprudence aurait compromis l'Union mal affermie, en blessant les susceptibilités du peuple, jaloux à l'excès de son rite et de ses traditions. Mais vers la fin du XVIIe siècle, le contact avec les Latins, qui coudoyaient partout les Grecs en Ruthénie, et la nécessité de tracer une ligne de démarcation parmi ceux-ci entre les uniates et les schismatiques, détermina un mouvement de réforme liturgique, qui eut pour objet de changer sur bien des points les usages du rite grec pour les rapprocher du rite latin. Cette révolution fut consommée par un concile célèbre tenu à Zamosc, en 1720, sous la présidence d'un délégué apostolique et dans lequel le métropolite Léon Kiszha et ses suffragants prirent des décisions très importantes touchant les rites des Sacrements et du saint Sacrifice de la Messe. Elles furent confirmées par le Saint-Siège, et leur autorité fut si grande, elles furent jugées si conformes aux besoins des Eglises grecques-unies, qu'elles furent unanimement embrassées par le clergé de la Hongrie, de l'Esclavonie, de la Dalmatie, de la Croatie, etc.

 

Nous devons observer ici que des modifications du même, genre ont été faites, depuis des siècles, dans les rites des Grecs-unis de l'Italie, de la Corse, de la Sicile, des îles de l'Archipel, etc., par l'autorité des Pontifes romains. C'est un préjugé janséniste de croire qu'il y ait au monde une seule Église unie au Saint-Siège qui soit indépendante de Rome dans les choses de la Liturgie. On peut consulter sur ce sujet le Bullaire romain, et les Décrets de la Congrégation de la Propagande; on y verra jusqu'à ces derniers temps l'exercice du pouvoir papal sur les rites des Églises orientales.

 

Quoique la lettre de la Liturgie byzantine fût exactement conservée dans les missels slaves à l'usage des diverses Églises du rite grec-uni dont nous venons de parler, ces missels, outre l'article de la procession du Saint-Esprit, la prière pour le pape, l'addition de certaines fêtes ou commémorations de saints, renfermaient plusieurs rubriques dans lesquelles il était pourvu à la forme des cérémonies d'une manière différente de ce qui s'observait chez les schismatiques. Ces missels étaient donc la forteresse de la foi et de l'unité. Ceux qu'on trouvait dans les Églises catholiques soumises à la Russie avant l'horrible persécution qui vient de fondre sur elles, sont le missel de 1659, donné par le métropolitain Cyprien Zochowski, dédié au prince Charles-Stanislas Radziwil ; celui de 1727, publié par le métropolitain Kirszka ; celui de 1790, imprimé par ordre, du métropolitain Szeptycki; enfin, le plus récent, promulgué, il y a peu d'années, par le métropolitain Josaphat Bulhack (nous empruntons ces détails à la lettre des cinquante-quatre prêtres catholiques de Lithuanie, qui ont réclamé pour la foi et l'unité catholique auprès de l'évêque Siemazko : Annales de Philosophie chrétienne, Xe année, IIIe série, tome I.).

 

On peut rapporter les diverses modifications de la Liturgie grecque dans le sens romain à deux classes ; la première, moins considérable, dans le rituel, se compose de certaines additions aux cérémonies des sacrements, par exemple, l'onction des mains dans la collation de l'ordre de prêtrise, etc. ; la seconde, dans le missel, a pour objet les démonstrations de piété et d'adoration envers le divin sacrement de l'Eucharistie. Sous ce dernier rapport, l'Église orientale, au sein de laquelle l'erreur des sacramentaires n'a point étendu ses ravages, est restée beaucoup en retard de l'Église latine qui s'est vue obligée de multiplier les témoignages liturgiques de sa foi et de son amour pour le sacrement de l'autel, en proportion des attaques de l'hérésie. Mais on sentira facilement que ces développements de culte, si légitimes en eux-mêmes, en supposant même que les Églises d'Orient puissent encore surseoir à leur adoption, sont devenus absolument nécessaires dans les Églises de l'Occident, qui a été si violemment ravagée par les adversaires de la présence réelle. Ces derniers ne prendraient-ils pas scandale de ce que, parmi les enfants de l'Église romaine, les uns ne fléchissent pas même le genou devant l'Hostie sainte, tandis que les autres n'ont point assez de marques d'adoration à lui prodiguer ? Et les fidèles du rite grec uni ne seraient-ils pas blessés dans leurs plus chères affections religieuses, s'il ne leur était pas permis de pratiquer, à l'égal des catholiques du rite latin, auxquels ils sont mêlés, ces actes religieux qui ne sont, après tout, que la manifestation d'une même foi ?

 

Il est donc résulté de là que, sitôt après la réunion de 1594, l'usage d'exposer le saint Sacrement les jours de fêtes et de dimanches s'est introduit, à la grande satisfaction des catholiques, dans la Lithuanie et les autres provinces du rite uni ; les génuflexions, les adorations profondes à la sainte Eucharistie sont devenues des pratiques communes et dès lors réglées par des rubriques spéciales.

 

Mais comme la piété catholique ne se contente pas d'adorer le Verbe incarné, dans le divin Sacrement, mais qu'elle aspire encore à s'en nourrir comme de l'aliment de vie, les entraves que la Liturgie orientale met à la communion fréquente ont dû pareillement céder devant l'empressement légitime des fidèles. Dans le rite grec, il ne doit y avoir pour la célébration de la messe qu'un seul autel, lequel doit être retranché derrière ce rempart qu'on nomme iconostase, espèce de portique décoré d'images saintes, qui laisse à peine l'œil pénétrer furtivement jusqu'à l'autel, et qui se ferme totalement aux instants solennels du saint Sacrifice. Ces usages sévères se sont trouvés modifiés comme d'eux-mêmes. L'autel du fond est demeuré, il est vrai, retranché derrière l’iconostase, en plusieurs lieux ; mais, dans beaucoup d'églises, l'iconostase, a été sacrifiée, et, dans presque tous les autres, des autels extérieurs ont été construits en divers endroits de l'édifice, à la manière latine. Ces autels servent aux messes privées qui sont, pour les catholiques, l'aliment de la piété, l'occasion facile d'approcher fréquemment des saints Mystères et de resserrer le lien de l'unité. Enfin, ces autels multipliés, afin que la victime sans cesse renaissante se multiplie comme la manne du ciel, qui en était la figure, ces autels que la foule des fidèles environne dans une sainte familiarité, ces autels qui voient célébrer un sacrifice journalier, demandent un clergé digne de les desservir, un clergé voué à la chasteté ; et voilà pourquoi, en attendant une heureuse révolution qui astreindrait le clergé séculier au célibat, les Grecs-unis des contrées dont nous parlons professent une si grande vénération pour les moines basiliens, que leur profession de chasteté, qui rehausse encore en eux le zèle de la foi, rend aptes à la célébration journalière du grand Sacrifice.

 

Il est donc évident, d'après ces faits, que la Liturgie grecque, chez un peuple uni à l'Église romaine, tend naturellement vers des développements destinés à faire pénétrer en elle les formes du christianisme occidental, et capables dans un temps donné, d'altérer plus ou moins, par l'effet même d'un tel progrès, sa physionomie primitive. Et nous n'avons garde d'en disconvenir ; mais dans un pays dont le souverain s'est fait chef de la religion, en sorte que les formes du culte sont désormais fixées par la loi de l'Etat, on conçoit que la politique voie avec inquiétude et jalousie un mouvement imprimé à ces mêmes formes par des sujets dissidents. Un tel progrès devient un attentat contre la Liturgie légale et immobile, au moyen de laquelle l'autocratie espère comprimer tout mouvement religieux, comme attentatoire à sa souveraineté spirituelle. Ce fut le motif qui arrêta promptement les velléités que Pierre Ier sembla manifester quelques instants de replacer son empire sous la communion romaine. Plus tard, Catherine II, après le partage de la Pologne (cette affreuse calamité que tout vrai catholique ne saurait trop déplorer), devenue maîtresse de la Lithuanie, de la Volhinie, de la Podolie et de l'Ukraine, employa toutes sortes de violences contre les Grecs-unis de ses nouveaux États, et l'on n'en compta pas moins de huit millions réunis violemment à l'Église schismatique, et privés désormais de tout moyen de suivre les rites qui étaient l'expression et la défense de leur foi.

 

Le feu de la persécution se ralentit un peu sous Paul Ier, sans qu'il fût permis néanmoins aux catholiques du rite grec-uni, arrachés violemment à leurs croyances et à leurs pratiques, de retourner à l'ancien culte. Alexandre Ier régna ensuite, et s'il ne persécuta pas les Grecs-unis, il ne fit rien non plus en leur faveur ; si ce n'est, peut-être, d'autoriser le rétablissement du titre de la métropole grecque-unie ; encore procéda-t-il en cette mesure sans le concours du Saint-Siège. Des bouleversements inouïs, des suppressions, réductions et unions de sièges épiscopaux, des nominations d'évêques faites par l'autorité laïque et même schismatique, avaient jeté une grande confusion dans toutes les provinces russes habitées par les Grecs-unis : la mission légitime avait cessé, et, partant, la vie des églises éprouvait une suspension désolante. Enfin, en 1817, il fut possible au Siège apostolique de remédier, au moins en quelque degré, à de si grands maux. Josaphat Bulhack, élève de la Propagande, ayant été désigné par l'empereur pour métropolitain de toute l’Église grecque-unie, Pie VII lui conféra l'institution canonique, avec des pouvoirs extraordinaires, pour réparer tout ce qui s'était fait d'irrégulier pendant la période d'anarchie spirituelle qui venait de s'écouler. Bulhack fut autorisé à donner lui-même l'institution canonique à tous les évêques de son rite qui ne l'avaient pas reçue, et, par ses soins, les églises qui étaient restées dans l'union avec le Saint-Siège recouvrèrent une ombre de liberté, et accueillirent quelques lueurs d'espérance; car l'esprit du bienheureux martyr Josaphat s'était reposé sur le pieux et fidèle métropolitain.

 

Mais les catholiques ne tardèrent pas à perdre toute illusion sur le sort qui les attendait. En 1825, Nicolas Ier monta sur le trône impérial de toutes les Russies, et avec lui la plus abominable tyrannie. Ce prince résolut d'en finir avec l'Église catholique dans ses États; mais sa rage s'attaqua principalement aux faibles restes des Grecs-unis. Méprisant profondément l'espèce humaine, il ne compta pour rien la résistance du peuple et même celle des popes ; le knout et la Sibérie devaient en faire bonne justice. Mais l'épiscopat pouvait offrir une résistance plus éclatante; il importait donc de l'anéantir, ou, du moins, de le dégrader. Nicolas a d'abord, en 1825, supprimé l'évêché de Luck, à la mort du titulaire. Un nouvel ukase, en 1832, enchérissant encore, est venu décider que désormais les sujets russes du rite Grec-uni ne formeront plus que deux diocèses, celui de Lithuanie et celui de la Russie Blanche ; par cette mesure sacrilège, l'épiscopat se trouvant réduit à deux membres, ou quatre au plus, en comptant les vicaires-évêques des deux prélats, il devenait facile d'étouffer la foi catholique, en employant la violence et la corruption contre des hommes faibles et isolés. Le résultat de cet impie machiavélisme ne s'est pas fait attendre longtemps. Le pieux Josaphat Bulhack a été enlevé trop tôt pour le malheur de son Église, et il a emporté dans sa tombe la liberté et la foi. Les sièges de Luck, de Minsk, de Polotzk, se trouvaient déjà vacants, et à l'exception de Philippe-Félicien Szumborski, évêque de Chelm, au royaume de Pologne, il n'y avait plus en exercice dans toute la Russie que trois évêques du rite grec-uni. Ces prélats étaient Joseph Siemasko, qui s'intitule, de par l'Empereur, évêque de Lithuanie ; Basile Luzynski, dit évêque d'Orsza, établi par Nicolas gérant du diocèse de la Russie Blanche ; et Antoine Zubko, institué, également par l'autocrate, vicaire du diocèse de Lithuanie, avec le titre d'évêque de Breszca. Ces trois malheureux prélats, que l'histoire flétrira de la même honte qui s'attache au nom du disciple perfide, et que l'indignation du Pontife romain a déjà marqués d'un stigmate ineffaçable, ont livré au schisme et à l'hérésie les âmes de leurs peuples, et par eux la lumière du salut s'est éteinte sur de vastes contrées où leur devoir était de la conserver et de l'accroître. Ils ont adressé au tyran, sous la date du 12 février 1839, une supplique, en les termes les plus humbles, tendant à obtenir la faveur d'être acceptés par Sa Majesté, eux-mêmes, leur clergé et leur troupeau,dans la communion de l'Église apostolique-orthodoxe-catholique-grecque, et cette horrible prévarication a consommé la perte de trois millions et demi de catholiques, dans la Lithuanie et la Russie Blanche.

 

Au reste, ces pasteurs mercenaires ont voulu en imposer à la conscience publique, quand ils ont osé affirmer qu'ils formaient, à eux trois, tout l'épiscopat grec-uni de la Russie. Outre l'évêque de Chelm que nous avons nommé ci-dessus, prélat fortement attaché à la catholicité, deux autres évêques ont refusé de souscrire l'acte de schisme ; l'un est le prélat Zarski, évêque in partibus, et l'autre le prélat Joszyf, membre l'un et l'autre du collège grec-uni de Saint-Pétersbourg. En outre, les trois évêques apostats ont joint à leur supplique les signatures de mille trois cent cinq Ecclésiastiques, qu'ils assurent composer la totalité du clergé grec-uni ; et, d'autre part, on sait qu'en 1834, cinquante-quatre prêtres lithuaniens protestèrent contre les tentatives de Siemasko pour établir le schisme. Il est vrai de dire que, depuis, la violence a produit de bien tristes effets sur la plupart de ces popes, tous engagés dans les liens du mariage et réduits à choisir entre leur devoir et l'exil en Sibérie.

 

Maintenant, il importe de faire connaître le double moyen employé par l'autocrate pour accomplir son œuvre et pour en assurer la durée.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XXIV : DE LA LITURGIE AU XIXe SIÈCLE.

 

Nicolas I 

Nicolas Ier, 1856, Nikolai Sverchkov, Musée de l'Hermitage

Partager cet article
Repost0