Crist-Pantocrator.jpg

"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

La Manif Pour Tous 

La Manif Pour Tous photo C de Kermadec

La Manif Pour Tous Facebook 

 

 

Les Veilleurs Twitter 

Les Veilleurs

Les Veilleurs Facebook

 

 

 

papa%20GP%20II

1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


la vidéo sur KTO


Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

Rechercher

Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
capt_51c4ca241.jpg

Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

Archives

    

 

SALVE REGINA

4 décembre 2014 4 04 /12 /décembre /2014 12:00

Le bureau central créé par un arrêté du conseil des hospices en date du 4 décembre 1801, fonctionne depuis le 22 mars 1802 au parvis Notre-Dame, dans le lourd bâtiment en pierres de taille qui, servant aujourd’hui d’annexe à l’Hôtel-Dieu, toujours insuffisant, était avant 1867 le chef-lieu de l’Assistance publique ; on y donne des consultations gratuites, on y fait des pansements, on y délivre des médicaments tous les jours, de dix heures à quatre heures.

 

Autrefois il n’en était pas ainsi, et le bureau ne représentait guère qu’un lieu d’examen pour les malades, qu’on dirigeait ensuite sur les hôpitaux ou qu’on renvoyait selon les cas. Sur l’initiative de l’Assistance publique, ces nombreux services ont été organisés, marchent depuis le 1er mai 1869 avec régularité, et sont pour la population indigente de Paris une source de secours extrêmement précieux.

 

La vaste salle d’attente ne désemplit pas ; en regardant les individus assis sur les bancs de bois, on a en quelque sorte un spécimen de toutes les souffrances humaines, et l’on peut voir à quel point notre race parisienne est chétive, étiolée, lymphatique et malvenue. Ce qui se rencontre là le plus fréquemment, c’est l’anémie, la phthisie, l’affection cutanée ; c’est la blessure accidentelle qui parfois devient un mal incurable. Si l’on cherche à dégager les causes de tous ces maux réunis, on trouvera presque toujours une invincible imprévoyance, des habitudes d’ivresse et le manque de nourriture substantielle.

 

Lorsqu’un homme a un domicile régulier, qu’il est dans ses meubles, comme on dit, surtout lorsqu’il est marié, il faut, pour qu’il soit admis à l’hôpital, que son état soit particulièrement grave. On lui fournit le plus souvent les médicaments, on le visite chez lui, on lui porte les secours dont il a besoin ; en un mot, on développe autant que possible le système des traitements à domicile, quelque coûteux qu’il puisse être pour l’administration, afin de désencombrer les hôpitaux et d’en garder les places disponibles pour les pauvres diables qui, n’ayant ni maison ni famille, sont réduits à gîter dans le galetas des garnis. Bien des misérables à bout de ressources viennent au bureau central dans l’espoir d’obtenir un lit hospitalier, l’abri et la pitance quotidienne. Il faut savoir n’être point pitoyable pour ces gens-là, car si l’on écoutait leurs plaintes, si l’on accédait à leur désir, ils s’entasseraient dans les hôpitaux, et les vrais malades resteraient sur le pavé.

 

On ne les repousse pas, on leur donne un bain dont, en dehors de toute thérapeutique, ils ont un impérieux besoin ; on leur glisse quelque monnaie dans la main, on change leurs vêtements sordides contre des hardes plus propres laissées aux hôpitaux par des malades décédés ; on leur distribue des soupes, et, s’ils ont besoin d’un pansement, ils trouvent un infirmier et une religieuse prêts à leur rendre les soins les plus répugnants.

 

 

Maxime Du Camp, Les Hôpitaux de Paris et le nouvel Hôtel-Dieu, Revue des Deux Mondes, 1870

 

Cour d'honneur de l'Hôtel-Dieu :photographie de presse, Agence Rol, Paris 1913

Cour d'honneur de l'Hôtel-Dieu :photographie de presse, Agence Rol, Paris 1913

Partager cet article
Repost0
3 décembre 2014 3 03 /12 /décembre /2014 12:00

À Paris, les formalités sont nulles ; tant qu’il y a de la place dans les hôpitaux, on y reçoit les malades, on y exerce l’hospitalité dans la plus large acception du mot. Ce sont les hommes de science, médecins, chirurgiens, internes, qui seuls décident si l’individu qui se présente est admissible ; l’administration se contente de déterminer le nombre de lits dont elle dispose. Dans les cas urgents, elle n’hésite pas à faire dresser des couchettes supplémentaires qu’en termes techniques on nomme des brancards, et que l’on installe momentanément au milieu des salles qui ne sont pas trop encombrées.

 

On entre de trois manières dans ces tristes et secourables maisons, ou d’urgence, ou par la consultation gratuite, ou par le bureau central. Lorsqu’une personne est frappée d’un mal subit ou atteinte par la brutalité d’un de ces mille accidents si ordinaires dans nos rues, on l’amène en fiacre à l’hôpital le plus voisin ou sur une de ces sinistres civières abritées par un tendelet en coutil blanc et bleu que nous avons tous vues passer avec émotion ; un examen sommaire permet de constater la gravité de la maladie, l’inscription sur le registre est rapidement faite, et le malheureux trouve aussitôt un lit et les soins que son état réclame.

 

Chaque jour, dans chaque hôpital, après la visite réglementaire que les médecins et les chirurgiens sont tenus de faire dans les salles affectées à leur service, il y a deux consultations gratuites, l’une pour la chirurgie, l’autre pour la médecine. C’est là, dans une chambrette souvent bien étroite, parfois même dans l’hémicycle de l’amphithéâtre destiné aux leçons, que se présentent les malades trop pauvres pour payer les conseils du médecin. En vertu de notre galanterie traditionnelle, les femmes passent les premières. Quelques-unes se sont mises en frais de toilette, elles ont arboré le chignon des dimanches et le petit chapeau à fleurs. Les hommes sont plus simples, ils portent leurs vêtements de travail ; on voit qu’ils viennent de quitter l’atelier ou le magasin. Le médecin examine attentivement un à un ces malades, qui emportent l’ordonnance à l’aide de laquelle des médicaments gratuits leur seront distribués ; on retient les plus souffrants, et on leur remet un bulletin d’entrée qu’ils n’auront qu’à présenter aux employés de l’hôpital pour être immédiatement admis.

 

Ces consultations sont fort appréciées par le peuple de Paris, qui s’y rend avec une confiance justifiée ; les médecins des hôpitaux ont en 1869 donné ainsi 363 003 consultations gratuites ; à Saint-Louis seulement le nombre s’est élevé à 90 866, dont 63 365 pour la médecine, ce qui prouve combien les maladies cutanées et les maux engendrés par la malpropreté et la négligence, tels que la teigne, la gale, sont fréquents dans la classe ouvrière. Les bains ordinaires ont été très nombreux, 212 696 ; dans ce total, Saint-Louis, dont le système balnéaire est fort important, entre pour 129 166.

 

 

Maxime Du Camp, Les Hôpitaux de Paris et le nouvel Hôtel-Dieu, Revue des Deux Mondes, 1870

 

Hôpital Saint-Louis, cour intérieure : statue de Saint Louis, Paris, 1950

Hôpital Saint-Louis, cour intérieure : statue de Saint Louis, Paris, 1950

Partager cet article
Repost0
2 décembre 2014 2 02 /12 /décembre /2014 12:00

Notre service hospitalier, bien que très fortement organisé, aurait besoin d’être augmenté dans des proportions sensibles, car il n’est plus en rapport avec la population qu’il a mission de secourir.

 

En effet, Paris ne possède aujourd’hui que quinze hôpitaux, dont huit ont un caractère général et dont sept sont réservés à des spécialités nettement définies. Les huit premiers sont : l’Hôtel-Dieu, qui contient 834 lits ;

— Notre-Dame de la Pitié, destiné dans le principe, par édit de Louis XIII en date du 27 avril 1612, à renfermer les pauvres : 726 lits ;

— La Charité, d’abord installée en 1602 au quai Malaquais sous les auspices de Marie de Médicis, qui avait fait venir de Florence des religieux de l’ordre de Saint-Jean de Dieu, et plus tard établie, par suite d’échange de terrains opéré en 1616, où nous la voyons à présent : 467 lits ;

— Saint-Antoine, ouvert en vertu d’un décret de la Convention du 17 janvier 1795 dans les bâtiments d’une ancienne abbaye relevant de Citeaux : 594 lits ;

— Necker, fondé en 1776 avec un premier fonds de 42 000 livres données par Louis XVI dans une ancienne maison de bénédictines : 445 lits ;

— Cochin, bâti de 1780 à 1782, grâce aux libéralités du curé de Saint-Jacques du Haut-Pas : 197 lits ;

— Beaujon, réservé dés 1784 par le célèbre financier à l’entretien de vingt-quatre orphelins, converti en hôpital par décret conventionnel du 17 janvier 1795 : 416 lits ;

— La Riboisière, dont la construction, décidée en 1839, commencée en 1846, ne fut achevée qu’en 1854 ; les différentes dénominations qui lui furent imposées rappellent les événements politiques de l’époque : ce fut d’abord l’hôpital du Nord, puis l’hôpital Louis-Philippe, ensuite l’hôpital de la République ; madame de La Riboisière, en mourant, légua toute sa fortune en nue propriété à l’Assistance publique, qui, par transaction, toucha 2 600 000 fr., put, grâce à cette somme, mettre la dernière main à l’hôpital inachevé et donna à celui-ci le nom de la bienfaitrice ; il renferme 634 lits.

 

À ces divers hôpitaux il convient d’ajouter le bâtiment des Incurables femmes qui, annexé momentanément à la Charité, offre un supplément de 530 lits.

 

Les sept hôpitaux spéciaux sont : — Saint-Louis, bâti par ordre de Henri IV sur les plans de Claude Villefaux pour abriter les pestiférés, fut ouvert en 1612 ; réservé aujourd’hui aux maladies cutanées et à un service de chirurgie, il contient 823 lits ;

— Le Midi, ouvert en 1792 sur l’emplacement d’un couvent de capucins, exclusivement attribué aux hommes malades des suites de débauches : 336 lits ;

— Lourcine, un ancien refuge acheté par l’administration en 1832, et ouvert en 1834 aux femmes que leur inconduite forçait d’entrer à l’hôpital : 276 lits ;

— Les Enfants malades, maison appropriée en 1802 au traitement des enfants par le conseil général des hospices qui avait été mis en possession d’un refuge pour les femmes de mauvaise vie fondé en 1732 par Languet de Gergy, curé de Saint-Sulpice : 618 lits ;

— Sainte-Eugénie, inauguré le 9 mars 1853, consacré aussi aux enfants, et qui avait été précédemment l’hôpital Sainte-Marguerite, puis des Enfants trouvés, puis des Orphelins : 345 lits ;

— La Maternité, qui occupe depuis un décret du 13 juillet 1795 les anciens bâtiments de Port-Royal et où l’on n’admet que les femmes en couches : 300 lits ;

 

Enfin les Cliniques, sorte d’infirmerie située sur une partie de l’emplacement occupé avant la Révolution par le couvent des cordeliers, et qui, après avoir été ouverte et fermée plusieurs fois, fonctionne régulièrement depuis le 1er décembre 1834 ; c’est là que l’on étudie les cas pathologiques curieux qui peuvent au point de vue de l’enseignement offrir un intérêt particulier : 152 lits.

 

Ainsi l’Assistance publique met à la disposition des indigents ou des malades qui ne peuvent se faire soigner à domicile un total de 7 693 lits, répartis en quinze maisons différentes.

 

Disons tout de suite qu'à Londres, dont la population est bien plus considérable que celle de Paris, ne possède que 4 154 lits dans ses dix-huit hôpitaux, où l’admission est souvent entourée de formalités très compliquées.

 

 

Maxime Du Camp, Les Hôpitaux de Paris et le nouvel Hôtel-Dieu, Revue des Deux Mondes, 1870

 

Hôpital Saint-Louis, Paris Xe, 1950

Hôpital Saint-Louis, Paris Xe, 1950

Partager cet article
Repost0
1 décembre 2014 1 01 /12 /décembre /2014 12:00

Dix-huit ans plus tard, en 1832, de nouveaux devoirs, moins douloureux peut-être, mais plus terribles par la nature mystérieuse du mal qui les imposait, vinrent accabler le conseil des hospices.

 

Ce n’étaient pas cette fois des armées ennemies qui envahissaient notre capitale, c’était une maladie étrange, presque inconnue, tant elle avait été rare dans notre pays, et qui fondit tout à coup sur Paris avec une violence inouïe. Le choléra avait ravagé la Russie et la Pologne, mais rien ne faisait présager que nous serions assaillis par lui, lorsque, le 13 mars, le bruit se répandit qu’un portier de la rue des Lombards venait d’être frappé mortellement. Les médecins eux-mêmes hésitaient à formuler une opinion définitive, quand, le 26, on vit mourir coup sur coup le cuisinier du maréchal Lobau, rue Mazarine, une enfant de dix ans dans la Cité, une marchande des quatre saisons près de l’Arsenal, un marchand d’œufs dans l’ancienne rue de la Mortellerie, aujourd’hui rue de l’Hôtel-de-Ville.

 

Le 31, sur quarante-huit quartiers qui formaient les divisions urbaines, trente-cinq sont attaqués ; dans la journée du 12 avril, 1 200 personnes sont atteintes et 814 périssent ; le 14, on compte 13 000 malades, 7 000 morts. Paris perd la tête, la panique gagne les habitants : on se fuit soi-même, toutes les affaires sont suspendues, on ne rencontre que des gens en vêtements de deuil. Le conseil des hospices tient bon devant le fléau et n’abandonne point son poste. Les hôpitaux étaient devenus absolument insuffisants, les couloirs, les paliers, les vestibules regorgeaient de malades. La population, malgré quelques actes d’ignare sauvagerie auxquels elle se livra, fut très-empressée à seconder les efforts qu’on faisait pour la sauver.

 

On établit des hôpitaux temporaires à la maison des Lazaristes, au séminaire de Saint-Sulpice, au Grenier d’abondance du quai Bourdon, au Gros-Caillou, à l’hospice Leprince, aux Bonshommes, à l’hospice des Petits-Ménages, à la maison des Orphelins du faubourg Saint-Antoine, à celle des Convalescents de Picpus, chez M. Mallet, rue de Clichy, chez M. Amelin, rue de la Pépinière, chez L. Derosne à Chaillot. De plus, dans chacun des quarante-huit quartiers de Paris, on avait établi des bureaux de secours, des ambulances que l’on reconnaissait facilement la nuit à une lanterne rouge, et où l’on était certain de rencontrer des médecins qui se relevaient de deux heures eu deux heures, comme des soldats en faction.

 

Le service des hôpitaux, quintuplé, décuplé, pendant une longue période de cent quatre vingt-neuf jours, ne languit pas un seul instant ; les administrateurs, les religieuses, le corps médical tout entier, maîtres et élèves rivalisèrent de dévouement et d’abnégation. Les agents de surveillance et de comptabilité restaient imperturbables dans leur bureau à côté d’un foyer épidémique infecté au plus haut degré ; leurs registres, tenus avec une régularité parfaite, permettraient d’écrire une histoire du choléra jour par jour, heure par heure, hôpital par hôpital, lit par lit. Grâce à ces précieuses paperasses couvertes d’une écriture hâtive, il est facile de reconstruire le chemin suivi par la maladie dans Paris, de dire à quel corps de métier elle s’est adressée de préférence, sur quel âge elle a sévi, combien d’heures il lui a fallu pour mettre un homme au tombeau.

 

Ces chiffres, si tristement éloquents pour qui sait les lire, prouvent que les excès auxquels les ouvriers se livrent ordinairement le dimanche n’ont pas été sans influence sur l’épidémie, et qu’ils l’ont augmentée d’une façon presque régulière et normale pendant toute la durée du fléau. En effet, les hôpitaux civils ont reçu 13 777 malades ; si l’on divise ce total par cent quatre vingt-neuf, qui est le nombre des jours cholériques, on voit que la moyenne des entrées quotidiennes a été de 72,56 ; mais, en relevant le nombre des admissions pour chacun des jours de la semaine pris isolément, on reconnaît que le dimanche donne en moyenne 67,88 et le lundi 76,85 : notable différence, qui doit être portée au compte du cabaret. Deux fois encore, en 1849 et en 1854, Paris traversa des crises analogues ; mais on s’était pour ainsi dire familiarisé avec le redoutable fléau asiatique, la population resta calme, et le service hospitalier normal put satisfaire à toutes les exigences.

 

Le choléra de 1849 fut plus meurtrier cependant que celui de 1832 ; voici, du reste, le chiffre des décès à Paris pendant ces trois épidémies : en 1832, 18 402 ; en 1849, 19 165 en 1854, 9 217.

 

 

Maxime Du Camp, Les Hôpitaux de Paris et le nouvel Hôtel-Dieu, Revue des Deux Mondes, 1870

 

Groupe, le Choléra, à Hôpital de la  Pitié- Salpêtrière, par Antoine Étex, Paris, 1832

Groupe, le Choléra, à Hôpital de la Pitié- Salpêtrière, par Antoine Étex, Paris, 1832

Partager cet article
Repost0
29 novembre 2014 6 29 /11 /novembre /2014 12:00

Les blessés ennemis commençaient à affluer, à la suite des combats de Craonne, de Soissons, de Laon ; c’est pour eux que l’on gardait les places que la mort bien plutôt que la guérison faisait dans les hôpitaux, où l’on ne recevait plus guère les indigents civils.

 

Les comités de bienfaisance en étaient d’ailleurs chargés et les faisaient traiter à domicile. Dans les cours de l’hôpital Saint-Louis, de la Salpêtrière, on fit élever des baraques de façon à pouvoir abriter 10 000 ou 12 000 individus. On avait cru par ces mesures aller au-devant de toutes les exigences, car on n’avait pas prévu que l’ennemi, nous dérobant ses marches, allait apparaître devant Paris, livrer bataille et occuper la capitale de la France.

 

À la veille du combat suprême, le conseil des hospices fit couvrir de matelas et de paille les vestibules, les corridors, le plancher des hôpitaux et des églises ; le 30 mars, à cinq heures du matin, les chirurgiens, les médecins, accompagnés de leurs élèves, étaient à leur poste dans leur service respectif, où de minute en minute on apportait les blessés. Dupuytren avait organisé une ambulance volante au pied même de la butte Chaumont, où l’engagement fut très vif. À Saint-Louis, la mitraille et les boulets balayaient les cours où Ruffin, Béclard et Richerand faisaient leurs opérations. Ce jour-là, 10 864 blessés furent conduits dans les hôpitaux de Paris et y reçurent tous, sinon des soins, du moins un asile. L’administration de la guerre quitta Paris le 31, laissant à la préfecture de la Seine la direction des hôpitaux militaires.

 

On n’était pas à bout de peine. Dès leur entrée à Paris, les alliés demandent 6 000 lits ; ils étaient les maîtres et parlaient comme tels, il fallut obéir. Le lendemain, nouvelle réquisition de 6 000 autres lits ; ce fut encore le Parisien qui fournit sans murmurer toute la literie qu’on réclamait ; il ne fallut pas plus de sept jours pour que les 12 000 lits exigés fussent prêts et mis à la disposition des coalisés. En un seul jour, la population assistée par les hôpitaux s’éleva à 31 000 individus. La boulangerie générale fournissait le pain à tous, et la pharmacie centrale ne laissa pas un seul malade manquer de médicaments. On pourrait imaginer que les membres du conseil des hospices, épuisés par un travail surhumain, trouvèrent la tâche au-dessus de leurs forces : on se tromperait ; l’humanité parla plus haut dans leur cœur, et non contents d’avoir à soigner cette armée de blessés aux multiples besoins desquels il fallait pourvoir, ils chargèrent un des leurs (M. Delalande) et M. Serres, inspecteur des élèves de l’Hôtel-Dieu, d’aller recueillir entre Paris et Meaux les soldats abandonnés. En six jours ils découvrirent et ramenèrent 9 512 Français et étrangers, auxquels il faut ajouter 11 400 malades que les hôpitaux situés entre Meaux et Troyes évacuèrent sur Paris. Si l’on additionne ce que les hôpitaux permanents et transitoires reçurent dans cette période, on arrive au chiffre vraiment excessif de 129 531 malades et blessés.

 

Qui croirait que de telles conjonctures devinrent presque un coup de fortune pour les hôpitaux ? Rien n’est plus vrai cependant. Les dons en nature et surtout en literie avaient été si particulièrement abondants qu’on put, une fois la crise passée, donner deux matelas à tous les lits, qui réglementairement n’en possédaient qu’un ; en outre, on eut une réserve considérable qui permit de distribuer des couchettes aux indigents à domicile. Ce grand désastre fut donc une source d’améliorations pour notre ameublement hospitalier et d’enrichissement pour les pauvres.

 

Du reste, les souverains alliés rendirent justice au zèle et au dévouement dont le conseil des hospices avait donné tant de preuves, et ils le firent solennellement remercier.

 

 

Maxime Du Camp, Les Hôpitaux de Paris et le nouvel Hôtel-Dieu, Revue des Deux Mondes, 1870

 

Campagne de France, 1814, Ernest Meissonier, Musée d'Orsay

Campagne de France, 1814, Ernest Meissonier, Musée d'Orsay

Partager cet article
Repost0
28 novembre 2014 5 28 /11 /novembre /2014 12:00

Dans ce siècle-ci, notre administration hospitalière a été mise deux fois à de rudes épreuves, et deux fois, à force d’énergie et de vaillance, elle a triomphé des difficultés excessives qu’elle avait à combattre.

 

Au moment où, après une lutte qui avait duré vingt-deux ans, la France, surmenée, harassée, semble s’écrouler sur elle-même, en 1814, nos hôpitaux des bords du Rhin, attaqués par le typhus, évacuèrent leurs malades devant l’ennemi qui avançait à grandes marches. Précédant nos armées refoulées, coupées, presque disséminées, malgré des prodiges de valeur et de stratégie, nos paysans, chassés par les bandes étrangères, vinrent se réfugier à Paris, que déjà l’on croyait imprenable. Avec eux, la contagion entra dans la ville, et les hôpitaux, qui n’étaient point outillés alors comme ils le sont aujourd’hui, furent subitement envahis et devinrent trop étroits pour la foule des malades et des blessés.

 

L’administration de la guerre, débordée depuis longtemps, ne pouvait recevoir tous les soldats qui venaient frapper à la porte du Val-de-Grâce et du Gros-Caillou. Tout le poids de la situation retomba avec une effroyable pesanteur sur le conseil général des hospices, dont la caisse était vide et le matériel insuffisant. Il était urgent de trouver 6 000 lits supplémentaires, garnis et prêts à être mis en service. On fit appel à la charité des habitants de Paris ; ceux-ci étaient épuisés par des réquisitions de toute nature, par des impôts sans cesse accrus, par l’arrêt forcé de toute transaction commerciale, par la suspension de tout travail. Le peuple avait grand-peine à vivre dans ces jours de douloureuse mémoire ; il sut se dépouiller avec une admirable abnégation. Chacun s’empressa d’apporter ses draps, ses matelas, ses couvertures, et les mairies furent encombrées par les objets de literie qui affluaient de tous côtés. En vingt-quatre heures, les 6 000 lits étaient au pouvoir de l’administration ; mais où les placer ?

 

On avait pensé à convertir le château de Bercy et l’hôtel des Invalides en hôpitaux provisoires ; de graves difficultés s’opposèrent sans doute à la réalisation de ce projet, car il fut aussitôt abandonné que conçu. Le préfet de la Seine, qui, comme chef de la cité, avait en tout ceci une responsabilité considérable, offrit au conseil des hospices de lui livrer les abattoirs du Roule, de Montmartre et de Ménilmontant, dont la construction, ordonnée par les décrets impériaux du 9 février, du 19 juillet 1810 et du 24 février 1811, n’était pas encore terminée. On accepta avec empressement, et l’on se mit à l’œuvre avec une activité que les circonstances stimulaient singulièrement. En moins de huit jours, ces grandes bâtisses, qui n’étaient que des chantiers pleins de pierres de taille, furent disposées de telle sorte que 4 000 malades y furent installés, et lorsque le calme se rétablit, on constata avec surprise que la mortalité avait été bien moins pesante dans ces sortes d’ambulances, nécessairement aménagées d’une façon imparfaite, que dans les hôpitaux les mieux organisés.

 

 

Maxime Du Camp, Les Hôpitaux de Paris et le nouvel Hôtel-Dieu, Revue des Deux Mondes, 1870

 

Les abattoirs de Montmartre (démolis en 1867 les abattoirs de Montmartre furent remplacés, en 1876 par le lycée Jacques-Decour)

Les abattoirs de Montmartre (démolis en 1867 les abattoirs de Montmartre furent remplacés, en 1876 par le lycée Jacques-Decour)

Partager cet article
Repost0
27 novembre 2014 4 27 /11 /novembre /2014 12:00

Pendant la Révolution, l’Hôtel-Dieu s’appelle "le grand hospice Humanité" ; c’est du moins le titre administratif qu’on lui donne. Mais le peuple de Paris ne se laisse pas prendre à ces désignations nouvelles, empreintes d’un esprit philosophique abstrait qui jamais n’a pénétré les masses ; la tradition persiste et la vieille maison fut toujours appelée l’Hôtel-Dieu, même aux jours les plus intolérants de la Terreur.

 

Il fallut la Révolution et certaines mesures justifiées par les circonstances pour que l’Hôtel-Dieu cessât d’être un charnier qui faisait dire à Cuvier que : les souffrances de l’enfer devaient surpasser à peine celles des malheureux serrés les uns contre les autres, étouffés, brûlants, ne pouvant remuer ni respirer, sentant quelquefois un ou deux morts entre eux pendant des heures entières.

 

Fleuriot, maire de Paris, et l’agent national Payan avaient réuni le palais de l’Archevêché à l’hôpital, afin que chaque malade fût au moins certain d’être placé dans un lit séparé ; aussi Mercier, dans son Nouveau Paris, s’écria-t-il qu’il n’apprenait pas sans la plus douce émotion qu’il y avait à l’Hôtel-Dieu 250 lits vides. Pour qui connaît Paris, on comprend vite que ce chiffre est singulièrement exagéré, mais il constate du moins que l’entassement impitoyable d’autrefois avait pris fin, et qu’un grand progrès venait de s’accomplir. Du reste, il est facile de reconnaître combien, au siècle dernier, la thérapeutique était peu avancée, et comme, en cas d’épidémie, on perdait rapidement la tête. Pour un peu, on serait retourné aux exorcismes, et le grand remède employé était encore les processions, les promenades de châsses et les cérémonies qui, si elles n’ont rien à faire avec l’hygiène, ont du moins pour elles d’être inoffensives.

 

On le vit bien en 1720, pendant cette fameuse peste de Marseille qui donna à M. de Belsunce une immortalité dont les causes paraissent indiscutables. Le ravage fut effroyable et fort augmenté par des troupes de voleurs qui s’abattirent, comme des oiseaux de proie, sur la ville pleine de cadavres. On n’y allait pas de main morte en ce temps-là, et l'on employait pour traiter les malades des moyens curatifs qui, pour être péremptoires, n’en étaient que plus abominables. À Aix, un homme ayant été reconnu atteint de la peste, fut muré dans sa maison, et, aux portes de la ville, on tua, sans autre forme de procès, trois voyageurs qui arrivaient de Marseille.

 

À Paris, nous avons traversé deux ou trois crises redoutables ; notre population n’a pas été beaucoup plus sage que celle de Marseille ; elle a jeté quelques prétendus empoisonneurs à la rivière ; mais elle a eu pitié des malades, et si elle a muré les deux extrémités de la rue de la Mortellerie, c’est lorsque tous les habitants l’avaient quittée.

 

 

Maxime Du Camp, Les Hôpitaux de Paris et le nouvel Hôtel-Dieu, Revue des Deux Mondes, 1870

 

Rue de la Mortellerie, photographie d'Eugène Atget, Paris

Rue de la Mortellerie, photographie d'Eugène Atget, Paris

Partager cet article
Repost0