Crist-Pantocrator.jpg

"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

La Manif Pour Tous 

La Manif Pour Tous photo C de Kermadec

La Manif Pour Tous Facebook 

 

 

Les Veilleurs Twitter 

Les Veilleurs

Les Veilleurs Facebook

 

 

 

papa%20GP%20II

1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


la vidéo sur KTO


Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

Rechercher

Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
capt_51c4ca241.jpg

Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

Archives

    

 

SALVE REGINA

27 février 2016 6 27 /02 /février /2016 05:00

 

Et surgens, venit ad Patrem.

Il partit aussitôt, et retourna à son père.

ÉVANGILE DE SAINT LUC

samedi de la deuxième semaine

 

 

Le dessein de Jésus-Christ dans la parabole de l'enfant prodigue a été de nous y proposer l'idée d'un véritable retour à Dieu et d'une sincère pénitence. Ce jeune homme, emporté par le feu de l'âge, avait quitté la maison de son père, et s'en était allé dans un pays étranger, pour y vivre selon son gré et pour y jouir de sa liberté. Mais il eut bientôt lieu de reconnaître son aveuglement et de penser à revenir dans la maison paternelle. Trois choses l'y déterminèrent : le sentiment de la misère où il se trouva réduit en très peu de temps ; le reproche intérieur et le repentir de la faute qu'il avait commise ; enfin, la confiance qu'il conçut en la bonté du meilleur de tous les pères, dont il s'était séparé, et de qui il se promit d'être encore favorablement reçu.

Qu'est-ce que ce prodigue ?

N'est-ce pas moi-même, et y a-t-il un plus grand prodigue qu'une âme religieuse qui, depuis bien des années, a vécu comme moi dans la tiédeur ? Quelles grâces, quels dons célestes et quels biens spirituels n'ai-je pas dissipés ? Mais voudrais-je toujours persister dans mon égarement, et dois-je différer davantage à rentrer dans les voies du Seigneur, et à réparer, autant qu'il me sera possible, toutes mes dissipations ? Les motifs qui inspirèrent à l'enfant prodigue une si prompte et si ferme résolution à l'égard de son père, ne sont-ils pas assez puissants pour me l'inspirer à l'égard de mon Dieu ?

 

BOURDALOUE, RETRAITE SPIRITUELLE

La chaire de Saint Paul - Saint Louis à Paris où prêchait Bourdaloue

La chaire de Saint Paul - Saint Louis à Paris où prêchait Bourdaloue

Partager cet article
Repost0
26 février 2016 5 26 /02 /février /2016 05:00

 

Écoutez cette parabole : Il y avait un père de famille, qui ayant planté une vigne, l’enferma d’une haie, et creusant dans la terre, il y fit un pressoir, et y bâtit une tour : puis l’ayant louée à des vignerons, il s’en alla en un pays éloigné. Or le temps des fruits étant proche, il envoya ses serviteurs aux vignerons pour recueillir le fruit de sa vigne. Mais les vignerons s’étant saisis de ses serviteurs, battirent l’un, tuèrent l’autre, et en lapidèrent un autre. Il leur envoya encore d’autres serviteurs en plus grand nombre que les premiers, et ils les traitèrent de même. Enfin il leur envoya son propre fils, disant en lui-même : Ils auront quelque respect pour mon fils. Mais les vignerons voyant le fils, dirent entre eux : Voici l’héritier ; venez, tuons-le, et nous serons maîtres de son héritage. Ainsi s’étant saisis de lui, ils le jetèrent hors de la vigne, et le tuèrent.

Lors donc que le seigneur de la vigne sera venu, comment traitera-t-il ces vignerons ?

On répondit à Jésus : Il fera périr misérablement ces méchants, et il louera sa vigne à d’autres vignerons, qui lui en rendront les fruits en leur saison.

ÉVANGILE DE SAINT MATTHIEU

Vendredi de la deuxième semaine

 

 

Ce n'est point un paradoxe, mais une vérité certaine, que nous n'avons point d'ennemi plus à craindre que nous-mêmes : comment cela ? parce que nul ennemi, quel qu'il soit, ne nous peut faire autant de mal, ni causer autant de dommage , que nous le pouvons nous-mêmes. Que toutes les puissances des ténèbres se liguent contre moi, que tous les potentats de la terre conjurent ma ruine, ils pourront me ravir mes biens, ils pourront tourmenter mon corps, ils pourront m'enlever la vie , et là-dessus je ne serai pas en état de leur résister ; mais jamais ils ne m'enlèveront malgré moi ce que j'ai de plus précieux, qui est mon âme. Ils auront beau s'armer, m'attaquer, fondre sur moi de toutes parts et m'accabler, je la conserverai, si je veux : et, indépendamment de toutes leurs violences, aidé du secours de Dieu, je la sauverai. Car il n'y a que. moi qui puisse la perdre ; d'où il s'ensuit que je suis donc plus redoutable pour moi que tout le reste du monde , puisqu'il ne tient qu'à moi de donner la mort à mon âme, et de l'exclure du royaume de Dieu.

 

D'autant plus redoutable que je me suis, toujours présent à moi-même, parce que je me porte partout moi-même, et avec moi toutes mes passions, toutes mes convoitises, toutes mes habitudes et mes mauvaises inclinations. Aussi, quand je demande à Dieu qu'il me défende de mes ennemis, je lui demande, ou je dois surtout lui demander qu'il me défende de moi-même. Et de ma part, pour me mettre moi-même en défense, autant qu'il m'est possible, je dois me comporter envers moi comme je me comporterais envers un ennemi que j'aurais sans cesse à mes côtés, et dont je ne détournerais jamais la vue ; dont j'observerais jusqu'aux moindres mouvements ; sur qui je tâcherais de prendre toujours l'avantage, sachant qu'il n'attend que le moment de me frapper d'un coup mortel. Celui qui hait son âme dans la vie présente, disait en ce sens le Fils de Dieu, la gardera pour la vie éternelle (Joan., XII, 25.1). Triste , mais salutaire condition de l'homme, d'être ainsi obligé de se tourner contre soi-même, et de ne pouvoir se sauver que par une guerre perpétuelle avec soi-même, que par la haine de soi-même !

 

Nous disons quelquefois à Dieu, dans l'ardeur de la prière : Seigneur, ayez pitié de mon âme ! Les plus grands pécheurs le disent a certains moments où les pensées et les sentiments de la religion se réveillent dans eux, et où ils voient le danger et l'horreur de leur état : Ah ! Seigneur, ayez pitié de mon âme. Mais Dieu, par la parole du Saint-Esprit et par la bouche du Sage, nous répond : Ayez-en pitié vous-même de cette âme que j'ai confiée à vos soins, et qui est votre âme  : Miserere animae tuae. (Eccli., XXX, 24) ! Je l'ai formée à mon image, je l'ai rachetée de mon sang, je l'ai enrichie des dons de ma grâce, je l'ai appelée à ma gloire, je veux la sauver ; et si elle s'écarte de mes voies, des voies de ce salut éternel que je lui ai proposé comme sa fin dernière et le terme de ses espérances, je n'omets rien pour la ramener de ses égarements, pour la relever de ses chutes, pour la purifier de ses taches, pour la guérir de ses blessures, pour la ressusciter par la pénitence, et pour lui rendre la vie. N'est-ce pas là l'aimer ? n'est-ce pas en avoir pitié ? Mais vous, vous la défigurez, vous la profanez, vous la sacrifiez à vos passions, vous la perdez, et tout cela par le péché. N'est-ce donc pas a vous-même qu'on doit dire: Ayez pitié de votre âme ? Ayez-en pitié, d'autant plus que c'est la vôtre. Quand ce serait l'âme d'un étranger, l’âme d'un infidèle et d'un païen, l’âme de votre ennemi, vous devriez être sensible à sa perte, et vous souvenir que c'est une âme pour qui Jésus-Christ est mort. Mais outre cette raison générale, il y en a une beaucoup plus particulière à votre égard, dès que c'est de votre âme, que c'est de vous-même qu'il s'agit. Est-il rien de plus misérable qu'un misérable qui n'est pas touché de sa misère, et qui n'a nulle pitié de lui-même : Quid miserius misero non miserante seipsun (Aug.) ?

 

BOURDALOUE, PENSÉES SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION ET DE MORALE

La chaire de Saint Paul - Saint Louis à Paris où prêchait Bourdaloue

La chaire de Saint Paul - Saint Louis à Paris où prêchait Bourdaloue

Partager cet article
Repost0
25 février 2016 4 25 /02 /février /2016 05:00

 

Factum est autem, ut moreretur mendicus, et portaretur ab angelis in sinum Ahrahœ. Mortitus est autem et dives, et sepultus est in inferno.

Or, il arriva que le pauvre mourut, et qu'il fut emporté par les anges dans le sein d'Abraham. Le riche mourut aussi, et il fut enseveli dans l'enfer.

EVANGILE DE SAINT LUC

jeudi de la deuxième semaine

 

Il faut, après tout, convenir, Chrétiens, que l'opulence est un plus grand obstacle au salut que la pauvreté ; et nous sommes obligés de reconnaître que le Fils de Dieu a canonisé les pauvres, et qu'il a frappé les riches de sa malédiction. Nous savons en quels termes il s'en est expliqué, et combien de fois il nous a fait entendre qu'il était, sinon impossible, au moins très difficile qu'un riche entrât dans le royaume du ciel : Quam difficile, qui pecunias habent, introibunt in regnum Dei. (Marc, X, 23.1)

 

On veut être riche ; voilà la fin qu'on se propose, et à laquelle on est absolument déterminé. Des moyens, on en délibérera dans la suite ; mais le capital est d'avoir, dit-on, de quoi se pousser dans le monde, de quoi faire quelque figure dans le monde, de quoi maintenir son rang dans le monde, de quoi vivre à son aise dans le monde ; et c'est ce que l'on envisage comme le terme de ses désirs. On voudrait bien y parvenir par des voies honnêtes, et avoir encore, s'il était possible, l'approbation publique ; mais, au défaut de ces voies honnêtes, on est secrètement disposé à en prendre d'autres, et à ne rien excepter pour venir à bout de ses prétentions.

 

Or, supposons un homme dans cette disposition ; que ne fera-t-il pas, et qui l'arrêtera ?

Quelle conscience ne sera-t-il pas en état de se former ?

A quelle tentation ne se trouvera-t-il pas livré ?

Le scrupule de l'usure l'inquiétera-t-il ?

Manquera-t-il d'adresse pour déguiser et pour pallier le vol ?

Sera-t-il en peine de chercher des raisons spécieuses pour autoriser la concussion et la violence ?

S'il est en charge et en dignité, rougira-t-il des émoluments sordides qu'il tire, et qui décrient son ministère ?

S'il est juge, balancera-t-il à vendre la justice ?

S'il est dans le négoce et dans le trafic, se fera-t-il un crime de la fraude et du parjure ?

Si le bien d'un pupille lui est confié, craindra-t-il de le ménager à son profit ?

S'il manie les deniers publics, comptera-t-il pour péculat tout ce qui s'y commet d'abus ?

 

Non, mes chers auditeurs, rien de tout cela ne sera capable de le retenir, ni souvent même de le troubler. Du moment qu'il veut s'enrichir, il n'y aura rien qu'il n'entreprenne, rien qu'il ne présume lui être dû, rien qu'il ne se croie permis. S'il est faible et timide, il sera fourbe et trompeur : s'il est puissant et hardi, il sera dur et impitoyable. Dominé par cette passion, il n'épargnera ni le profane ni le sacré ; il prendra jusque sur les autels. Le patrimoine des pauvres deviendra le sien ; et, s'il lui reste encore quelque conscience, il trouvera des docteurs pour le rassurer, ou plutôt il s'en fera. Il leur cachera le fond des choses ; il ne s'expliquera qu'à demi, et, par ses artifices et ses détours, il en extorquera des décisions favorables, et les rendra, malgré eux, garants de son iniquité. Que le public s'en scandalise, il aura un conseil dont il se tiendra sûr ; du moins, quoi qu'on en puisse dire, il parviendra à ses fins ; il veut être riche, et il le veut absolument : Rem facias, rem, si possis recte, si non, quocumque modo, rem. (Horace, Epîtres) : Fais fortune, fais-le honnêtement si tu peux, sinon, fais-le par n'importe quel moyen.

 

Non seulement il le veut être, mais il le veut être sans se prescrire de bornes : autre désir aussi dangereux qu'il est déraisonnable et insensé.

Car, où sont aujourd'hui les riches qui, réglant leur cupidité par une sage modération, mettent un point à leur fortune ?

Où sont les riches qui, contents de ce qui suffit, et portant leurs pensées plus haut, disent : C'est assez de biens sur la terre ; il faut se pourvoir de ces trésors célestes que ni le ver ni la rouille ne consument point ?

En vain on leur représente que se borner de la sorte, c'est la marque la plus certaine d'un esprit solide et judicieux.

En vain on leur fait voir la folie d'un homme qui, n'ayant que des besoins limités, a des désirs immenses et infinis ; semblable à celui dont parlait encore le même auteur profane, qui, n'ayant affaire que d'un verre d'eau, voudrait le puiser dans un grand fleuve, et non pas dans une fontaine.

En vain leur dit-on, avec l'Ecclésiaste, que cette ardeur d'amasser et d'accumuler n'est que vanité et affliction d'esprit ; que dans la cupidité même, comme en toute autre chose, il doit y avoir une fin, et qu'un des châtiments de Dieu les plus visibles sur les riches avares, c'est que, pour être dans l'opulence, ils n'en craignent pas moins la pauvreté, et que plus ils ont acquis, plus ils veulent acquérir.

En vain leur remontre-t-on qu'entassant toujours biens sur biens, ils n'en sont dans le monde, ni plus aimés, ni plus estimés, ni plus honorés ; que, la mesure nécessaire une fois remplie, ils n'en vivent pas du reste plus agréablement, ni plus doucement ; et que tout l'effet de ces grandes richesses est de leur attirer l'envie, l'indignation, la haine publique ; tout cela ne les touche point. Brûlés d'une avare convoitise, ils se répondent secrètement que tout est nécessaire dans le monde ; que rien, à le bien prendre, ne suffit ; qu'on n'en peut jamais trop avoir ; que les hommes ne valent et ne sont comptés que sur le pied de ce qu'ils ont ; qu'il est doux de cueillir en pleine moisson ; qu'il ne convient qu'à une âme timide, ou à une conscience faible, de fixer ses désirs.

Maximes qui les endurcissent, et dont ils se laissent tellement prévenir, que rien ne les peut détromper.

 

Or, figurez-vous quelles injustices cette passion effrénée traîne après soi ; imaginez-vous de quelles vexations, de quelles oppressions, de quelles concussions elle doit être accompagnée. De là vient que les prophètes, animés de l'Esprit de Dieu, prononçaient de si terribles anathèmes contre cette faim dévorante : Vœ vobis qui conjungitis domum ad domum, et agrum agro copulatis ; numquid habitabitis vos soli in medio terrœ (Isa., V 8.) ? Est-il rien de plus fort et de plus éloquent que ces paroles : Malheur à vous, qui joignez maison à maison, héritage à héritage ! malheur à vous dont le voisinage pour cela même est redouté, et qui des fonds les plus médiocres, par vos odieuses acquisitions, trouvez le secret de faire de grands et d'amples domaines ! prétendez-vous donc habiter seuls au milieu de la terre ? mais pourquoi, dit un riche, ne me sera-t-il pas permis d'accroître mon fonds ; et pourquoi, payant bien ce que j'acquiers, et ne faisant tort à personne, n'aurai-je pas droit de m'étendre ? Encore une fois, malheur à vous ! Vœ vobis !

Malheur, parce que vouloir toujours s'étendre et ne nuire à personne, ce sont communément dans la pratique deux volontés contradictoires.

Malheur, parce que ces accroissements ont presque toujours été et seront presque toujours injustes, sinon envers celui dont vous achetez l'héritage, au moins envers ceux aux dépens de qui vous le payez : Vœ qui multiplicat non sua (Habacuc, II, 6) : Malheur à celui qui ravit sans cesse ce qui ne lui appartient point !

Malheur à l'homme qui veut sans cesse multiplier ses revenus, parce qu'en multipliant le sien il y mêle infailliblement celui du prochain ! Vœ qui congregat avaritiam domui suœ, ut sit in excelso nidus ejus (Habacuc, II, 9) : Malheur à celui qui amasse du bien par une avarice criminelle pour établir sa maison, et pour mettre son nid au plus haut !

Malheur à l'homme qui, n'écoutant que son ambition et son avarice, forme toujours de nouveaux projets, et conçoit de hautes idées pour l'agrandissement de sa maison ! pourquoi ?

Admirez l'expression du Saint-Esprit : Quia lapis de pariete clamabit (Habacuc, II, 11) :  parce que les pierres mêmes dont cette maison est bâtie crieront vengeance, et que le bois employé à la construire rendra témoignage contre lui : Et lignum quod inter juncturas œdificiorum est, respondebit (Habacuc, II, 11).

 

Enfin, on veut être riche en peu de temps ; et, parce qu'il n'y a que certains états, que certaines conditions et certains emplois où, par des voies courtes et abrégées, on puisse le devenir, contre tous les principes et toutes les règles de la prudence chrétienne, on ambitionne ces états, on recherche ces conditions, on se procure ces emplois. S'enrichir par une longue épargne ou par un travail assidu, c'était l'ancienne route que l'on suivait dans la simplicité des premiers siècles ; mais de nos jours on a découvert des chemins raccourcis, et bien plus commodes. Une commission qu'on exerce, un avis qu'on donne, un parti où l'on entre, mille autres moyens que vous connaissez, voilà ce que l'empressement et l'impatience d'avoir a mis en usage. En effet, c'est par là qu'on fait des progrès surprenants ; par là qu'on voit fructifier au centuple son talent et son industrie ; par là qu'en peu d'années, qu'en peu de mois, on se trouve comme transfiguré, et que, de la poussière où l'on rampait, on s'élève jusque sur le pinacle.

 

Or, il est de la Foi, Chrétiens, que quiconque cherche à s'enrichir promptement ne gardera pas son innocence : Qui festinat ditari, non erit innocens (Prov., XXVIII, 20.1). C'est le Saint-Esprit même qui l'assure ; et quand il ne le dirait pas, la preuve en est évidente. Car il est incompréhensible, par exemple, qu'avec des profits et des appointements réglés on fasse tout à coup des fortunes semblables à celles dont nous parlons ; et que ne prenant selon le précepte de Jean-Baptiste, que ce qui est dû, l'on arrive à une opulence dont le faîte et le comble paraît presque aussitôt que les fondements. Il faut donc que la mauvaise foi, pour ne pas dire la fourberie, soit venue au secours, et qu'elle ait donné des ailes à la cupidité, pour lui faire prendre un vol si prompt et si rapide.

 

Cela va, me direz-vous, à damner bien des gens d'honneur ; et moi je réponds, premièrement, qu'il faudrait d'abord examiner qui sont ces gens d'honneur, et en quel sens on les appelle gens d'honneur ; secondement, qu'il ne m'appartient pas de damner personne ; mais qu'il est du devoir de mon ministère de vous développer les sacrés oracles de la parole divine. Si ce que vous appelez gens d'honneur y trouvent leur condamnation, c'est à eux à y prendre garde ; mais, quoi qu'il en soit, c'est une vérité incontestable : Qui festinat ditari, non erit innocens ; quand on s'empresse de s'enrichir, on n'est point sans crime, au jugement même du monde, comment le serait-on à celui de Dieu ?

 

Cependant, mes chers auditeurs, telle est l'obstination du siècle : pour être riche en peu de temps, on abandonne l'innocence, on renonce à la probité, on se dépouille même de l'humanité, on dévore la substance du pauvre, on ruine la veuve et l'orphelin : et souvent, après cela, par une grossière hypocrisie, on devient, ou plutôt on se fait dévot ; comme si la dévotion et la réforme, survenant à l'injustice sans la réparer, couvrait tout et sanctifiait tout.

 

Faut-il s'étonner que le Fils de Dieu, envisageant tous ces désordres, ait réprouvé les richesses dans son Évangile, et qu'il ne les ait plus simplement appelées richesses, mais richesses d'iniquité : mammona iniquitatis (Luc, XVI, 8.) ? Faut-il demander pourquoi le Sage, éclairé des lumières de l'Esprit de Dieu, cherchait partout un homme juste qui n'eût point couru après l'or et l'argent ; pourquoi il le regardait comme un homme de miracles, voulant faire son éloge, et le canonisant dès cette vie : Quis est hic, et laudabimus eum ; fecit enim mirabilia in vita sua (Eccli., XXXI, 9.2).

 

Cependant voulez-vous en faire des trésors de justice et de sainteté ? après les avoir acquis, partagez-les avec les pauvres. Cherchez-les, ces pauvres, dans les prisons, dans les hôpitaux, en tant de maisons particulières, disons mieux, dans ces tristes et sombres retraites où ils languissent. Allez être témoins de leurs misères, et vous n'aurez jamais l'âme assez dure pour leur refuser votre secours. Il y aurait là une inhumanité, une cruauté, dont je ne vous puis croire capables. Votre cœur s'attendrira pour eux, vos mains s'ouvriront en leur faveur ; et ils vous serviront d'avocats et de protecteurs auprès de Dieu. Voilà le fruit solide que vous pouvez tirer de vos biens ; voilà le saint emploi que vous en devez faire.

 

Craignez le sort du mauvais riche ; profitez de son exemple et de mon conseil. Et vous, pauvres, apprenez à vous consoler dans votre pauvreté ; apprenez à l'estimer, puisqu'elle vous met à couvert des dangers et du malheur des riches. Toute nécessaire qu'elle est, faites-en une pauvreté volontaire, en l'acceptant avec soumission, et en la supportant avec patience. Car que vous servirait-il d'être pauvres, si vous brûliez au même temps du feu de l'avarice ? Que vous servirait d'être dépourvus de biens, si vous aviez le cœur plein de désirs ? Heureux les pauvres, mais les pauvres de cœur, les pauvres dégagés de toute affection aux richesses de la terre ! Telle est la pauvreté que Jésus-Christ canonise dans son Évangile, et qui convient à tous les états. C'est ainsi que nous pouvons tous être pauvres en ce monde, et mériter les biens immortels de l'autre monde.

 

BOURDALOUE, SUR LES RICHESSES ; SERMON POUR LE JEUDI DE LA DEUXIÈME SEMAINE

La chaire de Saint Paul - Saint Louis à Paris où prêchait Bourdaloue

La chaire de Saint Paul - Saint Louis à Paris où prêchait Bourdaloue

Partager cet article
Repost0
24 février 2016 3 24 /02 /février /2016 05:00

 

Respondens autem Jesus, dixit : Nescitis quid petatis. Potestis bibere calicem quem ego bibiturus sum ? Dicunt ei : Possumus. Ait illis : Calicem quidem meum bibetis : sedere autem ad dexteram meam vel sinistram non est meum dare vobis.

Jésus leur répondit, et leur dit : Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire le calice que je boirai ? Ils lui dirent : Nous le pouvons. Alors il leur répliqua : Vous boirez le calice que je dois boire : mais d'être assis à ma droite ou à ma gauche, ce n'est pas à moi de vous l'accorder.

ÉVANGILE DE SAINT MATTHIEU

mercredi de la deuxième semaine

 

 

Ce n'est pas sans une providence particulière que Jésus-Christ, qui venait enseigner aux hommes l'humilité, choisit des disciples dont les sentiments furent d'abord si opposés à cette vertu, et qui, dans la bassesse de leur condition, avant que le Saint-Esprit les eût purifiés, ne laissaient pas d'être superbes, ambitieux et jaloux des honneurs du monde. Il voulait dans les désordres de leur ambition, nous découvrir les nôtres ; et dans les leçons toutes divines qu'il leur faisait sur un point si essentiel, nous donner des règles pour former nos mœurs, et pour nous réduire à la pratique de cette sainte et bienheureuse humilité, sans laquelle il n'y a point de piété solide, ni même de vrai christianisme.

 

C'est le sujet de notre évangile : Deux disciples se présentent devant le Sauveur du monde, et le prient de leur accorder les deux premières places de son royaume. Comme ils ne le connaissaient pas encore, ce royaume spirituel, et qu'ils ne l'envisageaient que comme un royaume temporel, il est évident que l'ambition seule, et le désir de s'élever au-dessus des autres, les porta à lui faire cette demande. Mais vous savez, Chrétiens, comment ils furent reçus ; et de ce qui se passa dans une occasion si remarquable, nous pouvons aisément reconnaître en quoi consiste le désordre de l'ambition, quels en sont les divers caractères, quels en sont les effets et les suites, et quels en doivent être enfin les remèdes.

 

Ces deux frères, enfants de Zébédée, demandent au Sauveur du monde les deux premières places de son royaume, et le Sauveur du monde, au lieu de leur répondre précisément, et de s'expliquer sur leur proposition, leur en fait trois autres bien différentes. Car premièrement, il leur déclare que ce n'est point lui, mais son Père qui doit nous élever à ces places et à ces rangs d'honneur dont ils paraissent si jaloux : Sedere autem ad dexteram meam vel sinistram, non est meum dare vobis, sed quibus paratum est a Patre meo (Matth., XX, 23.). Secondement, il leur fait entendre qu'ils ne doivent point chercher, comme les nations infidèles, à dominer ; mais que celui d'entre eux qui veut être grand doit établir pour principe de se regarder comme le serviteur des autres, et croire que la préséance où il aspire, ne sera pour lui qu'un fonds de dépendance et d'assujettissement : Non ita erit inter vos, sed qui voluerit inter vos major fieri, fiat sicut minor; et qui prœcessor est, sicut ministrator (Matth., XX, 26.). Enfin il les interroge à son tour, et il veut savoir d'eux s'ils pourront boire son calice, c'est-à-dire le calice de ses souffrances : Potestis bibere calicem, quem ego bibiturus sum (Matth., XX, 22.) ? Trois choses, Chrétiens, parfaitement propres à détruire trois erreurs dont ces deux apôtres étaient prévenus. Car ils supposaient, sans remonter plus haut, que Jésus-Christ, en qualité d'homme, leur pouvait donner ces places honorables qu'ils ambitionnaient, et Jésus-Christ leur fait connaître que nul ne peut légitimement les occuper, hors ceux à qui elles ont été préparées et assignées par son Père céleste. Leur prétention, en obtenant ces deux places, était de se distinguer des autres, et de prendre l'ascendant sur eux ; et Jésus-Christ les détrompe en les avertissant que d'être placé au-dessus des autres, n'est qu'une obligation plus étroite de travailler pour les autres et de les servir. Enfin ils se proposaient, dans ce prétendu royaume de Jésus-Christ et dans cette préséance imaginaire, une vie douce et commode ; et Jésus-Christ leur apprend combien cette préséance leur doit coûter, et que, pour l'avoir, il faut boire un calice d'amertume, et être baptisé d'un baptême de sang.

 

Leçons admirables, où il semble que le Fils de Dieu ait voulu ramasser tout ce que la morale chrétienne a de plus fort, pour corriger les désordres de notre ambition.

 

BOURDALOUE, SUR L'AMBITION ; SERMON POUR LE MERCREDI DE LA DEUXIÈME SEMAINE

La chaire de Saint Paul - Saint Louis à Paris où prêchait Bourdaloue

La chaire de Saint Paul - Saint Louis à Paris où prêchait Bourdaloue

Partager cet article
Repost0
23 février 2016 2 23 /02 /février /2016 05:00

 

Les scribes et les pharisiens sont assis sur la chaire de Moïse. Observez donc, et faites tout ce qu’ils vous disent ; mais ne faites pas ce qu’ils font : car ils disent ce qu’il faut faire, et ne le font pas. Ils lient des fardeaux pesants et insupportables, et les mettent sur les épaules des hommes ; et ils ne veulent pas les remuer du bout du doigt.

ÉVANGILE DE SAINT MATTHIEU

mardi de la deuxième semaine

 

 

Il n'y a point de vice qu'il nous soit plus important, dans l'usage du monde, de tenir au moins caché, si nous en sommes atteints, que l'orgueil, parce qu'il n'y en a point qui nous rende plus odieux. On pardonne plus aisément tous les autres vices, on les tolère ; mais l'orgueil est insupportable. Aussi Dieu n'a-t-il pu le souffrir dans le ciel, et dès qu'il le vit dans ses anges, il les précipita au fond de l'abîme.

 

Cependant on peut ajouter que de tous les vices, c'est celui peut-être qui se produit plus naturellement au dehors, et qu'il est plus difficile de dissimuler. Tout le fait paraître : l'air, la contenance, la démarche, le geste, la composition du visage, le tour des yeux, le discours, la parole, le ton de la voix, le silence même, cent autres signes qui frappent la vue et dont on s'aperçoit tout d'un coup. Un homme n'a donc qu'à se montrer, on le connaît bientôt, et son orgueil se répand dans toutes ses actions. S'il est dans une assemblée, il faut toujours qu'il soit placé aux premiers rangs : il ne balance pas là-dessus, et, sans attendre comme d'autres, et selon l'avis du Sauveur du monde, qu'on lui fasse honnêteté pour l'inviter à monter plus haut, il se croit affranchi de cette loi de bienséance, et prévient de lui-même cette cérémonie. S'il parle dans un entretien, c'est ou en maître qui ordonne avec empire, ou en juge qui décide avec autorité, ou en philosophe qui prononce des sentences et des oracles, ou en docteur qui enseigne et qui dogmatise. Il occupe seul toute la conversation, et ferme la bouche à quiconque voudrait l'interrompre pour quelque temps, et demander à son tour le loisir de s'expliquer. Si, par une disposition toute contraire, il se tait et prend le parti d'écouter, l'attention qu'il donne ne fait pas moins voir avec quelle hauteur d'esprit et quel dédain il reçoit ce que chacun dit. Ses réponses les plus ordinaires, ce sont quelques coups de tète, quelques œillades, quelques souris moqueurs, quelques mots entrecoupés, quelques expressions enveloppées et mystérieuses, comme s'il était seul au fait des choses, comme s'il avait seul la clef des affaires, comme s'il en savait seul pénétrer le secret et démêler les ressorts, comme si tout ce qu'il entend n'était de nul poids et ne méritait nulle réflexion, comme s'il ne daignait pas y prêter l'oreille, et qu'il le regardât en pitié. Car dans la société humaine on ne rencontre que trop de ces présomptueux qui n'ont pas même soin de se déguiser, et se laissent emporter aux sentiments de leur orgueil. Orgueil grossier dont rougit pour eux toute personne sage et pourvue de raison : mais eux, ils ne rougissent de rien, tant ils sont infatués d'eux-mêmes et prévenus à leur avantage.

 

Ce qui doit encore plus étonner, c'est lorsqu'on vient à découvrir cette sensibilité et cet orgueil dans des âmes pieuses et dévotes, dans des âmes religieuses et consacrées à Dieu, dans des ministres de l’Église et des pasteurs du peuple fidèle. Le prophète vit en esprit l'abomination de désolation dans le lieu saint ; et n'est-ce pas ce qui s'accomplit réellement à nos yeux et de quoi nous sommes témoins, quand nous voyons l'orgueil dans les plus sacrés ministères, l'orgueil dans le sanctuaire de Jésus-Christ, sous les livrées de Jésus-Christ, à la table, à l'autel de Jésus-Christ ? C'est là qu'on le porte, et, au lieu de l'étouffer aux pieds d'un Dieu humilié et anéanti, c'est de là qu'on le rapporte aussi entier et aussi vivant qu'il était. Scandale qui confirme le monde dans ses préjugés contre la dévotion, et qui l'autorise à dire, quoique avec une malignité outrée, qu'il suffit d'être dévot pour être plus jaloux de son rang, plus intraitable sur ses privilèges et sur ses droits, plus sensible à la moindre offense, plus scrupuleux sur le point d'honneur, en un mot, plus orgueilleux.

 

BOURDALOUE, DE L'HUMILITÉ ET DE L'ORGUEIL

La chaire de Saint Paul - Saint Louis à Paris où prêchait Bourdaloue

La chaire de Saint Paul - Saint Louis à Paris où prêchait Bourdaloue

Partager cet article
Repost0
22 février 2016 1 22 /02 /février /2016 05:00

 

Respondens Simon Petrus, dixit : Tu es Christus, Filius Dei vivi.

Pierre répondit à Jésus : Vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant.

EVANGILE DE SAINT MATTHIEU

lundi de la deuxième semaine

 

 

Voilà toute la substance de l'Évangile de ce jour, et des importantes vérités qui y sont contenues ; voilà sur quoi est fondée la gloire de Saint Pierre. C'est lui qui le premier a confessé la divinité de Jésus-Christ ; et voilà pourquoi Jésus-Christ lui a donné, au-dessus des Apôtres, cette primauté qui nous le rend si vénérable, et en vertu de laquelle il est le chef de toute l’Église. C'est lui qui, non seulement pour sa personne, mais au nom de tous les autres Apôtres, a le premier rendu témoignage que Jésus-Christ est le Fils du Dieu vivant, non pas simplement par adoption, mais par nature : car il l'a reconnu Fils du Dieu vivant d'une manière qui ne convenait ni à Élie, ni à Jean-Baptiste, ni aux Prophètes. Or Élie, Jean-Baptiste et les Prophètes étaient, dans les termes de l’Écriture, enfants de Dieu par adoption. Il est donc vrai que Saint Pierre, qui prétendait élever Jésus-Christ au-dessus d'eux, l'a confessé absolument Fils de Dieu, égal à Dieu, consubstantiel à Dieu, en un mot, Dieu lui-même.

 

Et c'est pour cela, encore une fois, que Jésus-Christ a établi cet Apôtre comme le fondement sur lequel il voulait édifier son Église, pour cela qu'il lui a mis en main les clefs du ciel, pour cela qu'il lui a donné le pouvoir de lier et de délier sur la terre : en sorte que toutes les prérogatives de Saint Pierre ont été les suites heureuses et les fruits de cette confession de Foi : Tu es Christus, Filius Dei vivi.

 

Ajoutons-y toutefois, Chrétiens, l'ardent amour de ce glorieux Apôtre pour Jésus-Christ : car la Foi de Saint Pierre, sans son amour, n'eût pas suffi. Il fallait que le chef de l’Église fût non seulement le plus éclairé, mais le plus rempli de zèle et de charité. Et en effet, ce que Jésus-Christ promet aujourd'hui à Saint Pierre, parce qu'il confesse sa divinité, n'a eu son accomplissement qu'après que le Fils de Dieu lui eut demandé s'il l'aimait plus que tous les autres. M'aimez-vous, Simon, fils de Jean ? lui dit ce Sauveur adorable après sa résurrection. Oui, Seigneur, lui répondit Pierre ; vous savez que je vous aime, et que je suis prêt à donner ma vie pour vous. Paissez donc mes agneaux et mes brebis, reprit son divin Maître : Pasce agnos meos, pasce oves meas (Joan., XXI, 15.1).

 

Ainsi, Chrétiens, c'est sur la Foi de Saint Pierre et sur l'amour de Saint Pierre qu'est établie sa sainteté et sa prééminence : voilà les deux sources des grâces dont il fut comblé. Il a été le pasteur des peuples, et le souverain pontife : pourquoi ? parce qu'il a reconnu Jésus-Christ pour le Fils du Dieu vivant, et parce qu'il a aimé Jésus-Christ jusqu'à verser pour lui son sang.

 

BOURDALOUE, SERMON POUR LA FÊTE DE SAINT PIERRE

La chaire de Saint Paul - Saint Louis à Paris où prêchait Bourdaloue

La chaire de Saint Paul - Saint Louis à Paris où prêchait Bourdaloue

Partager cet article
Repost0
20 février 2016 6 20 /02 /février /2016 05:00

 

Vous avez appris qu’il a été dit : Vous aimerez votre prochain, et vous haïrez votre ennemi.

Et moi je vous dis : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous persécutent et qui vous calomnient : afin que vous soyez les enfants de votre Père qui est dans les cieux, qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.

ÉVANGILE DE SAINT MATTHIEU

samedi de la première semaine

 

 

Ce que nous craignons communément le plus, et ce qui nous serait dans la vie plus fâcheux et moins soutenable, c'est, Chrétiens, qu'on nous traitât comme nous traitons les autres, qu'on nous jugeât comme nous jugeons les autres, qu'on nous poursuivît et nous condamnât comme nous poursuivons et condamnons les autres. Notre injustice va jusqu'à ce point, de ne vouloir rien supporter de ceux avec qui nous sommes liés par le nœud de la société humaine, et de prétendre qu'ils nous passent tout, qu'ils nous cèdent tout, qu'en notre faveur ils se démettent de tout. Si, par un retour bien naturel, ils se comportent envers nous selon que nous nous comportons envers eux ; s'ils s'élèvent contre nous, de même que nous nous élevons contre eux ; et s'ils nous font ressentir toute la rigueur qu'ils ressentent de notre part, nous en paraissons outrés et désolés. Mais à combien plus forte raison devons-nous donc craindre encore davantage que Dieu ne se serve pour nous de la même mesure dont nous nous servons pour le prochain, c'est-à-dire qu'il ne devienne aussi implacable pour nous que nous le sommes pour nos frères, et que le pardon que nous ne voulons pas leur accorder, il ne nous l'accorde jamais à nous-mêmes ?

 

Non, Chrétiens, tant que vous serez inflexibles pour vos frères, n'espérez pas que Dieu jamais se laisse fléchir en votre faveur. Vous vous prosternerez à ses pieds, vous gémirez devant lui, vous vous frapperez la poitrine et vous éclaterez en soupirs pour le toucher : mais la même dureté que vous avez à l'égard d'un homme comme vous, il l'aura envers vous ; et malgré vos gémissements et vos soupirs, n'attendez de lui d'autre réponse que ce foudroyant anathème : Point de miséricorde à celui qui n'a pas fait miséricorde : Judicium sine misericordia illi qui non fecit misericordiam (Jac. II, 13.1) : Car celui qui n’aura point fait miséricorde, sera jugé sans miséricorde.

 

BOURDALOUE, SUR LE PARDON DES INJURES

La chaire de Saint Paul - Saint Louis à Paris où prêchait Bourdaloue

La chaire de Saint Paul - Saint Louis à Paris où prêchait Bourdaloue

Partager cet article
Repost0