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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






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Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

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SALVE REGINA

31 mars 2012 6 31 /03 /mars /2012 04:00

Quand Lazare fut sorti du tombeaux, les nombreux Juifs, qui étaient venus entourer Marie sa sœur et avaient donc vu ce que faisait Jésus, crurent en lui.


Mais quelques-uns allèrent trouver les pharisiens pour leur raconter ce qu'il avait fait. Les chefs des prêtres et les pharisiens convoquèrent donc le grand conseil ; ils disaient : "Qu'allons-nous faire ? Cet homme accomplit un grand nombre de signes. Si nous continuons à le laisser agir, tout le monde va croire en lui, et les Romains viendront détruire notre Lieu saint et notre nation". Alors, l'un d'entre eux, Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là, leur dit : "Vous n'y comprenez rien ; vous ne voyez pas quel est votre intérêt : il vaut mieux qu'un seul homme meure pour le peuple, et que l'ensemble de la nation ne périsse pas." Ce qu'il disait là ne venait pas de lui-même ; mais, comme il était grand prêtre cette année-là, il fut prophète en révélant que Jésus allait mourir pour la nation.


Or, ce n'était pas seulement pour la nation, c'était afin de rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés.

 

À partir de ce jour-là, le grand conseil fut décidé à le faire mourir.


C'est pourquoi Jésus ne circulait plus ouvertement parmi les Juifs ; il partit pour la région proche du désert, dans la ville d'Éphraïm où il séjourna avec ses disciples.

 

Or, la Pâque des Juifs approchait, et beaucoup montèrent de la campagne à Jérusalem pour se purifier avant la fête. Ils cherchaient Jésus et, dans le Temple, ils se disaient entre eux : "Qu'en pensez-vous ? Il ne viendra sûrement pas à la fête !"


Les chefs des prêtres et les pharisiens avaient donné des ordres : quiconque saurait où il était devait le dénoncer, pour qu'on puisse l'arrêter.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

 

La Résurrection de Lazare, Giotto  

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30 mars 2012 5 30 /03 /mars /2012 11:30

Qu'y a-t-il de plus dur à un homme et de moins supportable que son propre joug, que le joug de sa faiblesse naturelle, que le joug de ses passions, de ses appétits sensuels et de ses désirs déréglés ? Mais non, nous dit-il, ce n'est point votre joug que je vous impose ; au contraire,  je vous permets de le rejeter,  je vous y exhorte,  je vous l'ordonne, puisque je vous ordonne de vous renoncer vous-mêmes et de vous dépouiller de vous-mêmes. C'est donc, en la place du vôtre, le mien que je vous présente et que je vous enjoins de prendre.

BOURDALOUE

 

 

Je ne puis mieux entrer dans cette seconde partie que par une figure dont j'ai lieu de croire que vous serez touchés, et qui pourra faire une forte impression sur vos cœurs. Je m'imagine le Sauveur du monde chargé de sa croix, montant au Calvaire, et suivi non de ses ennemis, mais des chrétiens qui sont ses disciples. Je me le représente en cet état, nous adressant la parole et nous faisant cette même invitation qu'il a faite tant de fois à ses apôtres, et qui renferme en abrégé toute la doctrine évangélique : Si quis vult post me venire, tollat crucem suam et sequatur me (Matth.,XVI, 24.). Chrétiens, vous qui professez ma loi, et qui vous flattez de m'appartenir, déclarez-vous ; ou plutôt, éprouvez-vous vous-mêmes, et voyez si vous voulez en effet venir après moi. Ah ! il le faut bien, Seigneur ; et à qui irions-nous, puisque c'est vous seul qui avez les promesses et les gages de la vie éternelle ? Ad quem ibimus ? verba vitœ œternœ habes (Joan. VI, 69.). Vous y êtes donc résolus, reprend ce divin Maître, et vous m'en faites une sincère protestation. Or, si cela est, écoutez la condition que je vous propose : c'est que vous prendrez sur vous mon joug, qui est ma croix, et que vous la porterez avec moi : Tollite jugum meum super vos (Matth., XI, 29.).

 

Voilà des paroles, mes chers auditeurs, qui de tout temps ont paru bien dures aux âmes mondaines, et dont notre mollesse et notre amour-propre a toujours témoigné une extrême horreur : pourquoi cela ? parce que nous ne les avons jamais comprises dans toute la force de leur sens, et que nous n'en avons jamais eu une intelligence parfaite. Car en même temps que ces divines paroles nous imposent une obligation dont notre faiblesse est étonnée, et qui nous semble trop rigoureuse pour la pouvoir soutenir, elles nous présentent d'ailleurs tout ce qui peut nous en adoucir la rigueur et nous en faciliter la pratique. Appliquez-vous, je vous prie, et tâchez de vous en convaincre.

 

De quoi s'agit-il ? Ce n'est pas seulement de porter la croix, mais de porter la croix de Jésus-Christ ; ce n'est pas seulement de la porter seul et sans guide, mais de la porter après Jésus-Christ et avec Jésus-Christ ; ce n'est pas seulement de la porter volontairement et de gré, mais de la porter en vue de Jésus-Christ et pour Jésus-Christ. Or, dès que c'est la croix de Jésus-Christ, dès qu'il est question de la porter avec Jésus-Christ et après Jésus-Christ, pour Jésus-Christ et en vue de Jésus-Christ, un chrétien, frère et membre de Jésus-Christ, y peut-il alors trouver des difficultés ; ou quelques difficultés qu'il y puisse d'abord rencontrer, ne sont-elles pas bientôt levées par la douceur et l'abondance des consolations dont il est rempli ? Du moment que le soldat voit avancer le capitaine, il marche, il court, il vole ; point de péril qui l'arrête, et qui même ne disparaisse à ses yeux ; tout lui devient aisé. S'il hésitait, s'il délibérait, s'il restait en arrière, ne serait-ce pas une honte et un opprobre dont la confusion lui ferait mille fois plus de peine que tous les dangers qu'il eût eu à essuyer ! Hé quoi ? mes Frères, ne sommes-nous pas encore plus étroitement engagés à Jésus-Christ ? Le caractère dont nous sommes revêtus, la fidélité que nous lui avons jurée, le serment que nous lui avons fait, tout cela a-t-il moins de pouvoir pour nous animer à le suivre ? Nous serait-il moins honteux de reculer ; et, témoins de ses démarches, serions-nous moins piqués d'une généreuse et sainte émulation ? Car il ne nous dit pas : Marchez devant moi ; mais, après moi ; il ne nous dit pas : Ouvrez-vous le chemin ; mais : Entrez dans le chemin que je vous ai ouvert : il ne nous dit pas : Faites les premiers efforts et donnez les premières attaques ; mais : Venez me joindre dans le combat, et partager avec moi le travail. A cette proposition , tout notre zèle ne doit-il pas s'allumer, et y a-t-il obstacle qui nous puisse retenir ?

 

Autrefois, dit saint Bernard, et dans l'ancienne loi, il n'en était pas de même à l'égard d'un juste. Quand Dieu lui offrait une croix à porter, il pouvait craindre, il pouvait se délier de lui-même ; il pouvait, si j'ose parler ainsi, avant que de la prendre, en mesurer l'étendue et la comparer avec ses forces : pourquoi ? parce qu'il n'avait point devant lui le chef visible qui le soutint par son exemple. Cependant ces justes de l'ancien Testament, sans être soutenus comme nous de l'exemple de Jésus-Christ, que n'ont-ils pas souffert, et que n'ont-ils pas voulu souffrir ? Il n'y qu'à lire le détail qu'en a fait saint Paul, et qu'à jeter les yeux sur l'admirable peinture que ce grand apôtre nous en a tracée. Quelles misères ont-ils eu à supporter ? la disette, la faim, la soif, tous les ennuis de l'exil et toute la violence des plus cruelles persécutions : Egentes, angustiati, afflicti (Hebr., XI, 37.). Par quelles épreuves ont-ils passé ? ils ont été exposés aux outrages, aux ignominies, aux coups ; ils ont été arrêtés, chargés de fers, enfermés dans les prisons : Alii ludibria et verbera experti, insuper et vincula, et carecres (Ibid., 36.). Quels tourments ont-ils endurés ; on les tirait sur des chevalets, on les lapidait, on les sciait, on les faisait périr par le tranchant de l'épée : Alii autem distenti sunt, lapidati sunt, sceti sunt, in occisione gladii mortui sunt (Ibid., 37,). Tout cela les ébranlait-il, leur paraissait-il insoutenable ? Ah ! ils n'en étaient que plus constants, que plus intrépides et plus forts : Convaluerunt de infirmitate, fortes in bello facti sunt (Ibid., 34.). Or, voilà notre confusion. Avant Jésus-Christ, tout ce que la croix peut avoir de plus douloureux et de plus pesant, leur est devenu léger et doux par le seul zèle de l'honneur du Dieu d'Israël qu'ils adoraient : et nous, depuis Jésus-Christ, nous, excités non seulement par l'intérêt et la gloire de ce même Dieu que nous adorons comme eux, mais par la présence d'un Homme-Dieu qui s'est montré à nous, et qu'ils n'ont pas vu comme nous, tout nous fait peine et tout nous abat ! O insensati, ante quorum oculos Jesus Christus prœscriptus est (Galat., III, 1.). ! C'était le reproche que faisait aux Galates le docteur des Gentils, et qu'on peut bien nous faire à nous-mêmes. Chrétiens aveugles et insensés, ou, pour mieux dire, chrétiens lâches et timides, levez les yeux, regardez devant vous, et considérez quel est celui qui vous précède : c’est votre maître, c'est votre Sauveur, c'est votre Dieu. Avec cela y a-t-il rien qui ne doive l'aplanir pour vous ? et si la route qu'il tient vous semble trop étroite et trop épineuse, êtes-vous dignes de son nom, et méritez-vous la glorieuse qualité dont il vous a honorés ? O insensati, ante quorum oculos Jesus Christus prœscriptus est !

 

D'autant plus que c'est sa croix que nous devons porter, et non point précisément la nôtre. Oui, c'est la croix de Jésus-Christ ; et de là vient, remarque saint Chrysostome, qu'en nous invitant à le suivre, il ne nous a pas dit : Prenez votre joug; mais : Prenez mon joug : Tollite jugum meum super vos (Matth., XI, 29.) ; parce qu'il voulait nous engager par un puissant attrait à son service, et nous rendre la croix dont il nous chargeait aussi aimable que vénérable. S'il nous eût dit : Prenez votre joug et portez-le, il nous eût effrayés et rebutés : car qu'y a-t-il de plus dur à un homme et de moins supportable que son propre joug, que le joug de sa faiblesse naturelle, que le joug de ses passions, de ses appétits sensuels et de ses désirs déréglés ? Mais non, nous dit-il, ce n'est point votre joug que je vous impose ; au contraire, je vous permets de le rejeter, je vous y exhorte, je vous l'ordonne, puisque je vous ordonne de vous renoncer vous-mêmes et de vous dépouiller de vous-mêmes. C'est donc, en la place du vôtre, le mien que je vous présente et que je vous enjoins de prendre. Je veux faire un échange avec vous. J'ai pris votre joug sur moi, en me revêtant de votre chair mortelle et de votre humanité : prenez maintenant le mien sur vous, en participant aux souffrances de ma passion et en portant ma croix. C'était une humiliation pour moi de porter votre joug, et ce ne peut être qu'une gloire pour vous de porter le mien. Je n'ai trouvé dans votre joug que de l'amertume, et j'en ai senti tout le poids ; mais vous goûterez dans le mien les douceurs les plus solides, et souvent les plus sensibles. J'ai été accablé de votre joug, et j'y ai enfin succombé ; mais le mien vous fortifiera, et, bien loin de vous fatiguer, il nous soulagera : Tollite jugum meum super vos, et invenietis requiem animabus vestris (Ibid.).

 

C'est ainsi, dis-je, que nous parle notre adorable Sauveur ; et c'est par la même, mes chers auditeurs, qu'au lieu d'un joug d'esclaves et de malheureux, tel qu'est celui que nous portons communément dans le monde, il ne tient qu'à nous de porter le joug d'un Dieu. Voilà ce que souhaitait si ardemment saint Bernard, et ce qu'il demandait à Jésus-Christ avec tant d'instance dans ses pieux colloques : Seigneur, déchargez-moi de mon joug, je ne le puis plus soutenir ; et puisqu'il faut nécessairement en avoir un, donnez-moi le vôtre. Car dès que ce sera le vôtre, vous me le ferez porter avec une sainte allégresse, comme en triomphe.

 

Il le fera, chrétiens ; et tout ce qu'éprouva saint Bernard, nous l'éprouverons nous-mêmes. Et en effet (c'est la belle réflexion de saint Chrysostome), si ce pauvre Cyrénéen, que les Juifs forcèrent de porter la croix de Jésus-Christ, eût su que c'était la croix du Sauveur des hommes, que c'était le trésor du monde, l'instrument et le gage de notre rédemption, que c'était la croix de son Dieu et du Dieu de l'univers ; s'il en eût connu le prix infini et le mérite sans mesure ; si Dieu, dans ce moment, lui eût ouvert les yeux pour voir tous les fruits de grâce et de salut que cette croix allait produire, de quel sentiment de joie eût-il été transporté ? avec quelle ardeur l'eût-il embrassée ? eût-il fallu le presser et le solliciter, eût-il fallu le contraindre ? eût-il été besoin de lui promettre une récompense, et en eût-il voulu d'autre que l'avantage et l'honneur de toucher ce bois précieux et de l'appliquer sur lui ? Ne s'y serait-il pas présenté de lui-même ? n'aurait-il pas redoublé ses prières auprès des soldats, auprès des ministres de la justice, pour obtenir un bonheur qu'il eût plus estimé que toutes les richesses de la terre ? Cette seule pensée, ce n'est point la croix d'un criminel que je porte, mais c'est la croix de mon créateur et de mon rédempteur ; voilà ce qui l'eût enlevé, ce qui l'eût consolé, et, si je l'ose dire, ce qui l'eût béatifié. Nous sommes à sa place, Chrétiens ; ce qu'il ne connaissait pas, nous le connaissons. Nous savons ce que c'est que la croix de Jésus-Christ, et quelle en est l'excellence et la valeur. La foi nous l'apprend : et ce qu'elle nous en découvre, ne doit-il pas être pour nous l'adoucissement de toutes ses rigueurs ?

 

Surtout lorsque nous ne la portons pas tout entière ; et voici ce qui nous rend encore plus inexcusables quand nous faisons si peu d'efforts pour vaincre notre délicatesse, et que nous en tirons tant de prétextes pour exagérer nos peines, et pour y chercher tous les soulagements que nous inspire un amour désordonné de nous-mêmes. Car que souffrons-nous qui puisse être en quelque sorte comparé avec tout ce qu'a souffert Jésus-Christ ? Je pourrais vous dire : Que souffrons-nous en comparaison de ce que nous méritons après tant de péchés, dont un seul ne pourrait être dignement expié par tous les supplices de l'enfer ? Je pourrais vous dire : Que souffrons-nous en comparaison de tant de misérables sur la terre, que nous voyons dans la pauvreté, dans la nécessité, dans l'obscurité, manquant de tout, et ayant néanmoins besoin de tout dans les infirmités et les maladies qui les affligent, et dans les douleurs aiguës qui les tourmentent ? En sommes-nous réduits là ; et au lieu des plaintes que nous formons, n'aurions-nous pas de quoi remercier Dieu, qui nous a mis à couvert de tous ces maux et de bien d'autres ?

 

Mais ceci n'est point de mon sujet, et je m'en tiens toujours au même exemple. Je vous le dis donc encore une fois, mon cher auditeur, et je le répète : que souffrons-nous en comparaison de Jésus-Christ ? Voilà la grande mesure et la grande règle par où nous devons juger de notre état : oserions-nous le mettre en parallèle avec l'état d'un Dieu anéanti ; avec l'état d'un Dieu abandonné à toute l'envie et à tous les attentats d'un peuple ennemi et furieux ; avec l'état d'un Dieu traîné à tous les tribunaux, et là, accusé, calomnié, traité comme le plus abominable des hommes et le plus impie ; avec l'état d'un Dieu condamné à la mort, et à la mort la plus infâme ? Par conséquent, la croix que nous portons n'est qu'une partie de la croix de ce Dieu Sauveur, et n'en est même qu'une très petite partie. Or, dans une si faible portion de cette croix, qu'y a-t-il qui doive tant nous coûter ?

 

Vous me direz que la difficulté ne doit pas se mesurer par les choses, selon ce qu'elles sont en elles-mêmes, mais selon nos forces ; et qu'étant aussi fragiles que nous le sommes, le moindre fardeau est capable de nous abattre. Il est vrai, mes Frères, et j'en conviens, si nous nous trouvons abandonnés à nous-mêmes, si nous sommes seuls à porter la croix, et que nous soyons privés du secours d'en-haut. Mais ce qui doit achever de nous convaincre, c'est qu'en portant la croix de Jésus-Christ, nous la portons avec lui, ou qu'il la porte avec nous, comme il la portait avec le Cyrénéen. Principe incontestable dans la religion ; car il est de la foi que Jésus-Christ souffre dans nous, que Jésus-Christ est affligé et persécuté dans nous : tellement que, quelque adversité qui nous arrive, nous pouvons avec la même confiance que saint Paul, nous dire à nous-mêmes, en nous encourageant et nous animant : Non ego, sed gratia Dei mecum (1 Cor., XV, 10.) : Ce coup est bien rude, ce calice bien amer, cet accident bien triste et bien fâcheux ; mais le Seigneur ne me manquera pas au besoin : il sera auprès de moi, avec moi, dans moi, pour me seconder et me conforter. Or, avec le Seigneur et avec sa grâce toute puissante, que ne peut-on, et de quoi ne vient-on pas à bout ? Omnia possum in eo qui me constat (Philip., IV, 13.).

 

Le point essentiel est de se bien persuader cette importante vérité, et de se l'imprimer bien avant dans l'esprit : Jésus-Christ porte avec moi cette croix, ou du moins il est toujours prêt à la porter, si j'ai recours à lui, et que je veuille l'accepter comme m'étant présentée de sa main. Tant que je serai soutenu de cette pensée, et que dans cette pensée je me tiendrai soumis aux ordres de Dieu, quand tous les fléaux du ciel tomberaient sur moi, quand toute la terre se liguerait contre moi, quand je me verrais assailli de toutes les infortunes et de toutes les calamités de la vie, au milieu de tous les assauts je demeurerai inébranlable : pourquoi ? parce que j'aurai pour appui Jésus-Christ, et que par une vertu supérieure il m'élèvera au-dessus de tout. Dans une humble et sainte assurance, je m'écrierai avec le Prophète : Que les armées entières conjurent ma perte : Si consistant adversum me castra (Psal., XXVI,3.) ; que de toutes parts les puissances des ténèbres viennent m'attaquer : Si exurgat adversum me prœlium (Ibid.) ; mon cœur n'en sera point ému, et mon âme, d'autant plus ferme qu'elle comptera moins sur elle-même, ne perdra rien de sa tranquillité et de son repos : Non timebit cor meum (Ibid.).

 

D'où partira cette force ? C'est que le Seigneur me favorisera de sa présence et qu'il m'aidera. Or, dès que je pourrai me répondre de l'assistance du Seigneur, tout s'aplanira sous mes pas, et tout me deviendra possible ; c'est trop peu, tout me deviendra même aisé et facile : Omnia possum in eo qui me confortat (Philip., IV, 13.). Mais, Chrétiens, du moment que nous ne pensons point à cette présence de Jésus-Christ, et que nous nous reposons sur nous-mêmes, nous sommes perdus ; car, indépendamment de Jésus-Christ, que pouvons-nous attendre de nous-mêmes ? et voilà par où les croix nous paraissent intolérables ; nous ne les regardons que par rapport à notre faiblesse, et alors il n'est pas surprenant qu'elles nous causent tant d'alarmes, et qu'elles nous jettent dans le découragement et le désespoir. Si les saints les avaient ainsi envisagées, ils en auraient été effrayés comme nous : mais parce que dans toutes leurs souffrances ils avaient toujours en vue Jésus-Christ, et qu'ils se tenaient inséparablement unis à lui ; parce qu'ils se souvenaient de la promesse qu'il nous a faite d'être avec nous jusqu'à la dernière consommation des siècles : Ecce ego vobiscum sum usque ad consummationem sœculi (Matth., XXVIII, 20.) ; voilà pourquoi ils s'estimaient heureux dans les plus grandes tribulations. Les apôtres se réjouissaient de tous les opprobres et de toutes les ignominies où ils se voyaient exposés dans les rues et dans les places publiques : Ibant gaudentes (Act., V, 41.). Les martyrs se montraient devant les tyrans, et leur répondaient avec une constance dont ils étaient déconcertés. On les mettait entre les mains des bourreaux pour les tourmenter, pour les brûler, pour les crucifier ; et dans les plus violentes douleurs, ils se félicitaient eux-mêmes, et goûtaient les plus pures délices. C'étaient là, dites-vous, des miracles : oui, mes Frères; mais le même Dieu qui les opérait dans eux, ces miracles, ne peut-il pas, par proportion et selon les divers états de souffrance où nous nous trouvons, les opérer encore dans nous ? ne le veut-il pas ? n'est-ce pas le même Jésus-Christ qui nous offre sa grâce, à cette seule condition que nous prendrons sa croix chrétiennement, et que nous nous joindrons à lui pour la porter ? Est-ce trop nous demander que de nous dire : Venez à moi, et je vous soulagerai, et je répandrai sur vous toute l'onction céleste ? Venite ad me, et ego reficiam vos (Matth.,XI, 28.).

 

Profitons, mes chers auditeurs, d'un secours si présent et si efficace. Bénissons mille fois ce Dieu Sauveur d'avoir voulu de la sorte nous adoucir lui-même, et par son exemple, et par l'impression de sa grâce, toutes les peines de cette vie. C'était bien assez de nous les rendre méritoires et salutaires : mais il ne s'est pas contenté de cela ; il veut que dès ce monde même notre tristesse, ainsi qu'il le disait à ses disciples, se tourne pour nous en joie : Tristitia vestra vertetur in gaudium (Joan., XVI,20.). Il veut que nous éprouvions la vérité de sa parole, quand il nous a proposé comme une béatitude les pleurs, les disgrâces temporelles, les revers de fortune, les persécutions.

 

Confions-nous en sa providence, lors même qu'elle nous semble moins favorable. Après nous avoir fait trouver dès maintenant notre félicité dans la croix, il veut enfin par la croix nous conduire au repos éternel.

 

BOURDALOUE

EXHORTATION SUR JÉSUS-CHRIST PORTANT SA CROIX

 

Le Christ Portant La Croix, Hieronymus Bosch

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29 mars 2012 4 29 /03 /mars /2012 11:30

Je n'en dis pas assez, mes Frères ; et s'il est nécessaire de la porter cette croix, combien plus l'est-il de la porter après Jésus-Christ ; car de la porter simplement, c'est la chose en soi la plus indifférente. Les pécheurs la portent aussi bien que les saints, et tous les jours on la porte pour se damner comme pour se sauver..

BOURDALOUE

 

 

Susceperunt autem Jesum, et eduxerunt. Et bajulans sibi crucem, exivit in eum qui dicitur Calvariœ locum.

Alors ils prirent Jésus, et ils l'emmenèrent ; et Jésus, chargé de la croix, sortit pour aller au lieu appelé Calvaire. (Saint Jean, chap. XIX, 17.)

 

Vous voyez, chrétiens, quel doit être aujourd'hui le sujet de notre entretien : Jésus-Christ sortant du prétoire de Pilate, et marchant vers le Calvaire, chargé de sa croix. Voilà le triste objet que j'ai à vous représenter. Après tant de scènes différentes, et toutes également lugubres, nous approchons enfin de la funeste catastrophe d'une tragédie si sanglante. Il faut que le sacrifice soit consommé, et que la victime perde la vie. C'est pour cela qu'on le conduit au Calvaire, ce Juste, ce Saint des saints, cet Homme-Dieu condamné à la mort, et qu'on lui donne même à porter la croix qui lui est destinée.

 

Contemplons-le dans cette marche, mes chers auditeurs, et suivons-le nous-mêmes pas a pas. Que veux-je dire ? mon dessein est de vous apprendre comment nous devons nous-mêmes dans le christianisme porter la croix, et la porter après Jésus-Christ. Car il y a pour nous des croix en ce monde ; il y en a, vous le savez, de toutes les sortes, et nous avons chacun la nôtre. Or, il nous est d'une conséquence infinie de la bien porter, en la portant sur les traces de Jésus-Christ ; et c'est de quoi je vais tout ensemble vous faire voir, et la nécessité, et la facilité. Nécessité de porter la croix après Jésus-Christ : ce sera la première partie ; facilité de porter la croix après Jésus-Christ : ce sera la seconde. Que ces deux points bien compris peuvent produire d'heureux effets, et qu'ils sont capables de nous rendre tant de souffrances où nous sommes tous les jours exposés, et plus salutaires qu'elles ne l'ont été jusqu'à présent, et plus supportables ! Appliquez-vous.

 

L'arrêt de mort était prononcé contre le Fils de Dieu, et toutes choses étaient préparées pour l'exécution. On lui signifie qu'il est temps d'aller au supplice, et on lui présente sa croix, dont on l'oblige à se charger jusqu'au Calvaire. Toutes ses forces sont épuisées, tout son corps est meurtri de coups et couvert de plaies ; il ne se soutient que par miracle, et à chaque moment il est sur le point de succomber ; le chemin qui mène à la montagne est rude et difficile, et sa croix enfin est d'une pesanteur extraordinaire. C'est l'Isaac de la loi nouvelle : il faut qu'il porte lui-même le bois de son sacrifice. Car l'Isaac de l'ancienne loi n'était qu'une figure de celui-ci, et ne porta son propre bûcher que pour annoncer ce qui arriverait dans la plénitude des temps au vrai Messie.

 

Ce ne fut point, au reste, ses seuls ennemis qui lui imposèrent une obligation si rigoureuse : ce fut son Père qui l'avait ordonné de la sorte, et dont toutes les volontés étaient pour lui autant de préceptes inviolables. Ainsi Abraham prit-il le bois de l'holocauste, selon le terme de l'Ecriture ; et l'ayant mis sur les épaules de son fils, il lui commanda de marcher en cet état vers la montagne où il se disposait à l'immoler : Tulit quoque ligna holocausti, et imposuit super Isaac filium suum (Genes., XXII, 6.).

 

Le voilà donc, mes Frères, ce véritable Isaac, en qui toutes les nations doivent être bénies ; le voilà le Fils unique de Dieu, qui paraît portant le bois de son holocauste sur ses épaules sacrées, et dans son cœur le feu qui doit servir à le consumer ; je veux dire, le feu de sa charité divine. Il est accompagné de deux infâmes voleurs, lui qui dans le séjour et les splendeurs de la gloire céleste est assis au-dessus de tous les chœurs des anges, et qui se fit voir avec tant d'éclat sur le Thabor, au milieu de Moïse ou d'Elie. Tout le ciel est attentif à ce spectacle, et jamais y en eut-il un plus digne en effet de ses regards ? L'escorte qui l'environne et qui s'avance avec lui, ce sont les ministres de la justice ; ce sont tous les prêtres, les pontifes, les princes de la Synagogue ; c'est toute la soldatesque et tout le peuple, dont l'innombrable multitude lui fait comme une pompe funèbre. On le presse, on redouble les invectives et les imprécations. Parmi ce tumulte et cette confusion, il traîne quelque temps sa croix, plutôt qu'il ne la porte : mais tous ses efforts ne suffisent pas au poids qui l'accable, et, sans un prompt secours, il n'y a pas lieu d'espérer qu'il poursuive plus loin sa route, ni qu'il puisse parvenir au terme fatal où les Pharisiens souhaitent si ardemment de le voir. C'est donc par cette crainte, dit saint Jérôme, et non par compassion, qu'on pense à l'aider. On ne veut pas que, par une mort précipitée, il échappe à une mort mille fois plus douloureuse et plus ignominieuse. La haine de ses persécuteurs ne serait pas assouvie et pleinement rassasiée, s'ils n'étaient spectateurs de toute la honte et de toute la cruauté de son crucifiement, et s'ils ne repaissaient leurs yeux de ce plaisir barbare. Voilà pourquoi on arrête Simon le Cyrénéen. Il s'en défend, mais on l'engage par force ; il résiste, mais on lui fait violence, et on le contraint de suivre Jésus et de le soulager : Et imposuerunt illi crucem portare post Jesum (Luc, XXIII, 21.).

 

Quoi qu'il en soit de l'intention, notre Maître, mes Frères, avait en cela même ses vues ; et rien ne se faisait qui ne dût, selon ses desseins, contribuer à notre édification. Cependant, à une peine où il reçoit quelque soulagement, une autre succède. Il aperçoit une troupe de femmes qu'une tendre piété attire après lui, pour compatir du moins à ses maux, s'il n'est pas en leur pouvoir de l'en délivrer. Leurs visages sont baignés de larmes, elles se frappent la poitrine, elles éclatent en gémissements. A cet aspect, que dut ressentir son cœur ? De quelle pitié, dit saint Ambroise, paya-t-il lui-même toute la pitié qu'elles lui témoignaient ? Il ne veut pas qu'elles pleurent pour lui ; mais il les avertit de pleurer pour elles-mêmes. Il ne veut pas qu'elles s'arrêtent à déplorer sa misère ; mais il leur fait entendre qu'elles doivent bien autrement déplorer les affreuses calamités et les misères extrêmes dont leurs enfants sont menacés. Il leur prédit le plus désolant avenir, et un avenir prochain ; qu'alors on dira d'elles : Bienheureuses les femmes qui sont demeurées stériles ; bienheureuses les entrailles qui n'ont point conçu , et les mamelles qui n'ont point donné de lait : qu'alors elles s'adresseront aux montagnes et aux collines, et que, dans leur désespoir, elles s'écrieront : Montagnes, tombez sur nous ; collines, couvrez-nous. Car si l'on traite ainsi le bois vert, conclut-il, que fera-t-on au bois sec ? C'est-à-dire, jugez parce que je souffre ce que vous devez un jour, à plus forte raison, souffrir vous-mêmes : Quia si in viridi ligno hœc faciunt, in arido quid fiet (Luc, XXIII, 31.) ?

 

Raisonnement invincible, mes chers auditeurs , et preuve la plus convaincante pour nous-mêmes, si nous nous en faisons à nous-mêmes la juste application. Tout nous prêche ici la nécessité indispensable de porter la croix, et la nécessité encore plus étroite de la porter après Jésus-Christ ; car ces deux nécessités sont bien différentes, et l'une enchérit infiniment sur l'autre. Nécessité de porter la croix : pourquoi ? parce qu'un Homme-Dieu, notre modèle et notre médiateur, l'a portée : d'où il s'ensuit que nul homme n'a droit de s'en exempter. Et en effet, c'est un Juste, et nous ne sommes que des pécheurs ; c'est un fils, et le Fils du Très-Haut, et nous ne sommes que des esclaves ; c'est un Dieu, et nous ne sommes que de viles créatures. De là, les conséquences sont aisées à tirer, et se trouvent renfermées dans cette courte et divine parole du Sauveur, qui seule contient tout ce que pourraient exprimer les plus longs discours, et qui devrait être le sujet éternel de nos réflexions : Si in viridi ligno hœc faciunt, in arido quid fiet ?

 

Jésus-Christ, remarque saint Augustin, n'a porté la croix que parce qu'il l'a voulu : mais la volonté qu'il a eue de la porter lui en a fait une nécessité ; et ce qui fut pour lui une nécessité d'engagement libre, est devenu pour nous une nécessité de devoir, une nécessité de loi, une nécessité de condition et d'état. Entre lui et nous, ajoute le même saint docteur, il y a une différence bien essentielle ; car on ne peut pas dire de nous que nous portons la croix, parce que nous le voulons. On peut bien dire que nous la voulons porter, on peut bien dire que nous la portons et que nous le voulons ; mais que nous ne la portions que parce que nous le voulons, c'est ce qui ne nous convient pas. Il n'appartient qu'au Sauveur du monde de la porter de la sorte, et il n'y a que lui dont il soit vrai, non seulement qu'il l'a portée et qu'il l'a voulu, mais qu'il ne l'a portée que parce qu'il l'a voulu : Non oblatus est et voluit (ce sont les paroles de saint Augustin), sed oblatus est quia voluit.

 

Or, c'est sur cela même que je dois former ma résolution ; car si Jésus-Christ a bien voulu porter la croix sans être obligé à le vouloir, que dois-je faire, moi qui ne puis refuser de la porter et ne le pas vouloir, sans me la rendre d'une part beaucoup plus pesante, et de l'autre absolument inutile ? Quoi que je fasse, je la porterai ; et tous mes soins, toutes mes précautions ne m'en préserveront jamais. Quand je serais assis sur le trône, je ne l'éviterais pas ; au contraire, je l'y trouverais plus dure et plus accablante qu'en bien d'autres conditions. Dieu l'a ainsi réglé et arrêté : si c'était par la disposition des hommes que cela arrivât, peut-être pourrais-je prendre des mesures pour m'en garantir ; mais c'est un arrêt du ciel, contre lequel il n'y a point de conseil ni de prudence : Non est prudentia, non est consilium contra Dominum (Prov., XXI, 30.). La grande prudence est de me conformer à ce souverain arrêt, puisqu'il est irrévocable, et qu'il n'y a point de tribunal où j'en puisse appeler. Le grand secret est de me rendre la croix volontaire ; et puisque je ne puis avoir la gloire de la porter parce que je le veux, le plus sage conseil est d'avoir au moins la gloire de l'accepter et de la vouloir quand je la porte : ne me contentant pas là-dessus d'une certaine persuasion générale, qu'il faut porter sa croix dans le monde, car il n'y a personne qui n'en soit convaincu : mais m'appliquant en particulier ce principe universel, le réduisant aux occasions et aux points qui me sont propres, reconnaissant la croix dans les sujets où Dieu me la présente, et prenant bien garde à ne la pas considérer seulement en spéculation et en idée, ce qui fait l'erreur de la plupart des chrétiens, mais la déterminant à ceci et à cela ; bénissant Dieu de cette affliction, me soumettant a telle disgrâce, souffrant avec patience cette douleur, cette incommodité, cette perte de biens, ce rebut et ce mépris de ma personne, parée que fout cela est véritablement la croix et ma croix qu'il faut porter, puisque la Providence me l'a préparée , et qu'elle me vient de la main du Seigneur.

 

Je n'en dis pas assez, mes Frères ; et s'il est nécessaire de la porter cette croix, combien plus l'est-il de la porter après Jésus-Christ ; car de la porter simplement, c'est la chose en soi la plus indifférente. Les pécheurs la portent aussi bien que les saints, et tous les jours on la porte pour se damner comme pour se sauver. Mais de la porter après le Fils de Dieu, c'est-à-dire dans le même esprit, avec les mêmes vues et par le même chemin que le Fils de Dieu, voilà le point capital et ce qui opère le salut.

 

Or, c'est à quoi il nous engage puissamment dans le mystère que nous méditons. Les Pères demandent pourquoi cet adorable Sauveur, allant au Calvaire, voulut qu'on le soulageât, et qu'on lui donnât quelqu'un pour porter la croix avec lui. Ne pouvait-il pas faire un miracle ? Ne pouvait-il pas mettre en œuvre cette toute-puissante vertu qui porte le monde, et dans une telle conjoncture ce miracle n'eût-il pas servi à sa gloire ? Ne pouvait-il pas ranimer toutes ses forces, quoique épuisées, et ne le fit-il pas ensuite, lorsqu'avant que de rendre son dernier soupir, il poussa vers le ciel un cri qui, selon tous les principes de la nature, n'était point d'un homme mourant ? Ne pouvait-il pas appeler des millions d'anges, et le secours d'un seul n'eût-il pas été pour lui un soutien plus que suffisant ? Ah ! mes Frères, répond saint Ambroise, il pouvait tout cela ; mais tout cela n'était point de l'ordre de sa prédestination et de la nôtre. Il ne devait point appeler d'anges à son secours, parce que la croix n'était point pour les anges, il ne devait point faire de miracle pour la porter seul, parce que la croix n'était pas pour lui seul. C'était la croix des hommes et la sienne ; il fallait donc qu'il la portât avec les hommes, ou que les hommes la portassent avec lui ; et c'est pourquoi il souffre que Simon, ce pauvre étranger, lui soit associé : Bonus ordo nostri profectus, ut prius crucis suœ jugum ipse humeris imponeret, deinde nobis tradiderit sublevandum : en cela il s'est proposé notre avancement et notre bien. Il a pris d'abord le joug de la croix et l’a chargé sur ses épaules, et puis il nous l'a donné, comme pour nous dire : Voilà désormais votre partage, n'en cherchez point d'autre ; c'est celui des élus de Dieu. Cette croix n'est pas moins pour vous que pour moi, et elle doit être même plus pour vous que pour moi, puisqu'elle n'a été pour, moi que parce qu'elle devait être pour vous.

 

C'est ainsi, dis-je, qu'il nous parle : et parce que la plupart des hommes n'entendent pas ce langage, et qu'ils ont peine à l'écouter ; parce qu'au lieu de s'attacher à la pratique de cette grande maxime, ils se repaissent de vaines idées et de fausses apparences ; parce que tout le fruit qu'ils recueillent de la passion de Jésus-Christ est d'en concevoir, à certains moments, quelques sentiments tendres et affectueux ; parce qu'en même temps que nous la pleurons, nous n'y voulons participer en aucune manière, versant des larmes de dévotion au souvenir et à la vue de la croix, mais du reste employant tous nos efforts à l'éloigner de nous autant qu'il nous est possible ; enfin, parce que la considération des souffrances du Sauveur n'a pu encore nous mettre dans cette disposition chrétienne, de vouloir souffrir avec lui, que fait-il ? Il s'adresse à nous pour nous faire la même leçon qu'il fit à ces femmes de Jérusalem : Nolite flere super me (Luc., XXIII, 28.).

 

Détrompez-vous, nous dit-il, et instruisez-vous. Pleurer ma passion, c'est sans doute un saint entretien, mais ce n'est point de cela seulement qu'il s'agit ; et si vous vous en tenez là, autant vaudrait de n'y point penser, et de ne la pleurer jamais : car il y a si longtemps que vous la pleurez, sans que vos pleurs aient produit en vous un changement solide et véritable. Super vos ipsos flete : commencez par pleurer sur vous-mêmes, et puis vous pourrez pleurer sur moi. Pleurez sur tant de désordres où vous vous laissez sans cesse entraîner ; pleurez sur l'éternel malheur dont vous êtes menacés, et à quoi vous vous exposez ; pleurez de ce qu'après avoir cent fois médité le mystère de ma croix, vous n'en êtes pas moins sensuels, pas moins amateurs de vous-mêmes, pas moins ennemis de tout ce qui peut mortifier ou votre cœur, ou votre chair ; pleurez de ce que, malgré toutes vos larmes et toute votre compassion pour moi, vous n'en êtes pas plus déterminés à partager avec moi mes peines, ni à tenir la même route que moi ; pleurez de ce que vous n'avez point encore appris de mon exemple à faire chrétiennement ce que néanmoins vous ferez nécessairement jusqu'au dernier jour de votre vie, qui est de marcher dans la voie de la tribulation et de la croix : Nolite flere super me; sed super vos ipsos flete.

 

A cela, mes Frères, que devons-nous répondre, et en quels sentiments devons-nous là-dessus entrer ? Je les réduis à trois : le premier, d'une vive douleur ; le second, d'une humble reconnaissance, et le troisième, d'une ferme résolution, Car ce que je dois d'abord témoigner à Dieu, et ce que je dois amèrement et véritablement ressentir devant Dieu, c'est un regret sincère d'avoir depuis tant d'années si mal porté ma croix ; je veux dire, de l'avoir portée par contrainte et non par vertu ; de l'avoir portée en me défendant, en me révoltant, en me plaignant, en me désolant, en murmurant; de l'avoir portée pour le monde, pour les vains respects du monde, pour les fausses espérances du monde et jamais pour le ciel ni pour Dieu ; de l'avoir par conséquent portée sans mérite et même à ma condamnation, au lieu de la porter pour mon salut, et de m'en faire un moyen de sanctification.

 

Tels sont en effet, Chrétiens, les déplorables égarements où nous tombons à l'égard des souffrances et des afflictions de la vie. Nous portons la croix ; mais si j'ose user de cette expression, nous la portons comme des forçats qu'on tient enchaînés, et qu'on soumet au joug et au travail à force de coups. Ainsi la porta ce Simon de Cyrène ; il fallut le menacer, l'intimider, l'arrêter : Hunc angariaverunt ut tolleret crucem (Matth., XXVII, 32.). Nous portons la croix, mais en faisant tous les efforts possibles pour la secouer et nous en décharger. De là tant de mesures qu'on prend, tant d'inquiétudes et d'agitations où l'on entre, tant de mouvements que l'on se donne ; et parce que tous ces mouvements, toutes ces agitations et ces inquiétudes, toutes ces mesures n'ont communément d'autre succès que de nous tourmenter davantage, bien loin d'apporter quelque soulagement au mal qui nous presse ; de là les chagrins, les mélancolies, les amertumes de cœur, les emportements, quelquefois les plus violents désespoirs et les blasphèmes les plus impies contre le Seigneur et sa providence. Nous portons la croix, mais nous la portons pour nous avancer dans le monde et selon le monde : car y a-t-il une croix plus rude que celle d'un homme intéressé, qui, pour satisfaire son avare convoitise, se mine de soins et de fatigues ; que celle d'un homme vain et orgueilleux, qui, pour un honneur frivole, se consume d'études et de veilles ; que celle même d'un homme sensuel et voluptueux, que sa passion expose à mille dégoûts, et qu'elle dévore de soupçons et de jalousies ? Nous portons la croix ; et ne la portant pas comme nous le devons, nous nous la rendons infructueuse devant Dieu, et inutile pour le royaume de Dieu.

 

Encore si elle nous devenait seulement inutile ! mais nous la portons à notre ruine, et cette même croix par où Dieu voulait nous attirer à lui et nous assurer la possession de sa gloire sera éternellement contre nous un titre de réprobation, puisque ce sera une grâce dont nous aurons abusé, et dont Dieu nous demandera compte. Voilà de quoi je dois m'humilier en la présence de Dieu. Ah ! Seigneur, je ne serai pas moins jugé selon les maux dont vous m'aurez affligé sur la terre, que selon les biens dont vous m'aurez comblé ; et votre justice ne me punira pas moins du mauvais usage des uns que des autres, car les uns et les autres imitaient également de votre miséricorde, et devaient contribuer à l'accomplissement de ses favorables desseins. Je vois, mon Dieu, toutes les pertes que j'ai faites, et j'en gémis. Heureux de n'y être pas insensible, et d'en concevoir actuellement le vrai repentir qu'il vous plaît de m'en inspirer !

 

L'autre sentiment est celui d'une humble reconnaissance envers Dieu, qui nous a mis cette nécessité de porter la croix et de souffrir. Non seulement je ne dois pas la regarder, cette nécessité inévitable, comme un malheur, mais je la dois considérer comme un des plus solides avantages de cette vie. Non seulement j'y dois consentir, mais j'en dois être bien aise, mais j'en dois louer Dieu, mais je dois m'écrier avec saint Augustin : Felix necessitas ! Ô salutaire et précieuse nécessité ! car puisque c'est la croix qui me doit sauver, n'est-ce pas un bien pour moi qu'elle me suive partout, et qu'il ne soit pas en mon pouvoir de l'éloigner de moi et de m'en préserver ? Si Dieu me laissait sur cela le choix, je n'aurais pas le courage de la chercher, et il y a bien de l'apparence que je succomberais aux révoltes de la nature et aux répugnances de mes sens, qui se soulèvent contre, et qui ne peuvent s'en accommoder. Ainsi je passerais mes jours sans combats, sans victoires sur moi-même, sans mortification et sans pénitence ; mais grâce au Seigneur, dont la sagesse y a pourvu, il ne m'est pas libre de fuir la croix et de m'en garantir. Il n'y a que la manière de la porter qui dépend de moi ; et dès qu'il ne s'agit plus que de la manière, on a moins de peine à se résoudre, et à prendre le plus sage et le meilleur parti. Je serais bien aveugle et bien ennemi de moi-même, si, me trouvant attaché inséparablement à la croix, je ne la portais pas au moins de bonne grâce, et ne tâchais pas d'en profiter.

 

Quel est donc le dernier sentiment qui me reste a prendre ? c'est une ferme résolution de bien porter ma croix jusqu'à ce que je sois arrive au sommet de la montagne, c'est-à-dire jusqu'à ce que je sois parvenu à la fin de ma vie et au terme de ma félicité éternelle où je suis appelé de Dieu. Car m'appliquant les paroles de l'ange au prophète Elie, je me dis à moi-même : Surge (3 Reg., XIX, 7.) ; Prends courage, mon âme, et ne te laisse point abattre. Tu n'es pas au bout de ta course. Il y a encore bien du chemin à faire pour y atteindre ; et puisque la voie qui nous y conduit est celle de la croix, il y a bien encore pour toi des croix à porter : Grandis enim tibi restat via (Ibid.). C'est ici qu'il faut de la fermeté et de la persévérance. On en voit qui portent assez bien la croix une partie du chemin, qui la portent bien pour un temps ; mais qui se relâchent ensuite et qui demeurent. Ce n'est point à eux que la couronne est promise, et ce n'est point ainsi qu'on emporte le prix. Il n'est réservé qu'au vainqueur, et on ne l'est qu'après avoir fourni toute la carrière. Mais il en doit coûter pour cela ; vous le dites, mon cher auditeur : et moi je vais vous montrer, non plus la nécessité, mais la facilité de porter la croix après Jésus-Christ.

 

Ceci demande une attention toute nouvelle, et ce sera la seconde partie.

 

BOURDALOUE

EXHORTATION SUR JÉSUS-CHRIST PORTANT SA CROIX 

 

Le Christ portant la Croix, Altobello Melone

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28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 11:30

Nous sommes les sujets d'un roi couronné d'épines ; nous appartenons à un roi de souffrance, à un roi d'abjection et d'humiliation ; nous ne sommes à lui que pour vivre comme lui, que pour être animés du même esprit que lui, que pour nous rendre ses imitateurs, comme nous nous déclarons ses disciples et ses sectateurs. Vérités universellement reconnues dans le christianisme, mais bien peu suivies dans la pratique, et même, si je l'ose dire, généralement abandonnées et démenties.

BOURDALOUE

 

 

C'est le caractère particulier de la royauté de Jésus-Christ, d'avoir été reconnue au milieu même des opprobres et jusque dans le comble de l'humiliation. Au Calvaire et sur la croix, entre deux voleurs condamnés au même supplice que lui et mourant avec lui, il fut déclaré roi ; et malgré toutes les oppositions de la Synagogue, l'écriteau qu'on mit au-dessus de sa tête en le crucifiant portait ces mots : Jésus de Nazareth, roi des Juifs (Joan., XIX, 9.). Il est étonnant, chrétiens, que Pilate, après avoir accordé si lâchement aux Pharisiens tout ce qu'ils lui avaient demandé touchant la personne du Sauveur, jusqu'à la sacrifier à leur haine, ne voulût néanmoins jamais les entendre, ni rien relâcher, quand ils lui proposèrent d'effacer ces quatre paroles, ou d'y faire au moins quelque changement. Quelque mécontentement qu'ils pussent lui en témoigner, quelques instances qu'ils lui fissent, tous leurs efforts et toutes leurs remontrances furent inutiles. Non, leur répondit-il avec une fermeté inébranlable, il n'y a rien là à réformer : ce que j'ai écrit, est écrit : Quod scripsi, scripsi (Joan., XIX,22). Pourquoi cela, et d'où lui venait sur ce point une telle résolution ? N'en soyons point surpris, dit saint Chrysostome : c'est qu'il agissait alors par le mouvement de l'esprit de Dieu qui le conduisait : et comme Caïphe, tout méchant et tout injuste qu'il était, avait prophétisé, par l'inspiration divine, sur la mort de Jésus-Christ, aussi Pilate, quoique païen, fut l'organe dont Dieu se servit pour relever solennellement et authentiquement la royauté de ce Messie. Jésus-Christ, parlant de lui-même, avait dit hautement : Je suis roi ; et les Pharisiens soutenaient opiniâtrement qu'il ne l'était pas. Il fallait un juge qui terminât ce différend et un juge désintéressé. Pilate prononce ; et après avoir ouï les parties, et mûrement examiné le fait, lui qui était étranger et Romain, il décide à l'avantage du Fils de Dieu, et le reconnaît roi : Jesus Nazarenus rex (Ibid., 19.).

 

Mais que fais-je, Chrétiens ? n'allons pas si loin : les soldats, en le couronnant, ne commencent-ils pas dès lors à le reconnaître pour ce qu'il est ; et tout ignominieux que paraît ce couronnement, n'était-ce pas, selon les vues du ciel, une disposition secrète au jugement que devait rendre Pilate ? ce n'était pas là l'intention de cette brutale et insolente milice ; mais, remarque saint Ambroise, contre leur intention, ils contribuaient, sans le vouloir et sans le savoir, à l'accomplissement des desseins de Dieu. Dieu voulait que son Fils fût salué comme roi, fût couronné comme vainqueur, fût adoré comme Seigneur et comme Dieu. Or, voila justement ce qui s'exécute ; et quoique ce ne fût pour ces soldats qu'un divertissement et qu'un jeu, c'était, pour la Providence et la Sagesse éternelle qui l'avait réglé de la sorte, un effet réel et une vérité : Et si corde non credunt, Christo tamen suus non defuit honor, qui salutatur ut rex, coronatur ut victor, Deus et Dommus adoratur ; mystère profond et admirable, mes chers auditeurs ; mystère digne de toutes nos réflexions. Mettons-le dans un nouveau jour, et tâchons à en découvrir toutes les merveilles.

 

Car ce qu'il y a, ce me semble, de plus singulier, c'est que les mêmes choses par où les persécuteurs de notre divin Maître croyaient le déshonorer, ont été les marques les plus naturelles de sa souveraineté, et ont servi à nous en donner l'idée la plus convenable. Prenez garde, ils l'ont couronné d'épines ; à qui cette couronne pouvait-elle mieux convenir qu'à celui qui devait surtout être le roi des âmes souffrantes, et qui ne voulait à sa suite que des sujets préparés à la douleur, aux persécutions, au martyre ? une couronne de fleurs lui eût-elle été propre, et ces épines n'exprimaient-elles pas le vrai caractère de sa dignité royale ? En effet, Chrétiens, c'est cette couronne d'épines que toute la terre a révérée ; c'est pour cette couronne d'épines que les princes et les plus grands monarques ont témoigné tant de zèle et tant de piété, armant des flottes entières, passant les mers, s'exposant à mille périls, et regardant comme une précieuse conquête de l'enlever à des peuples infidèles ; c'est cette couronne d'épines qu'ils ont rapportée dans leurs Etats, et qu'ils y ont conservée comme le plus riche trésor ; c'est cette couronne d'épines qui a fait les délices des saints, et toute leur gloire.

 

Quand le Sauveur des hommes se présenta à la bienheureuse Catherine de Sienne avec deux couronnes à la main, l'une d'épines et l'autre de roses, et qu'il lui en laissa le choix, délibéra-t-elle un moment ? Avec quelle ardeur et quelle tendresse, avec quels transports de joie prit-elle les épines et rejeta-t-elle les roses ! pourquoi ? parce qu'elle savait à quel roi elle s'était dévouée ; que ce n'était point un roi de plaisir, mais un roi de souffrance ; que dans sa cour il ne permettait ni délicatesses, ni douceurs humaines, ni commodités de la vie. D'où elle concluait que, s'étant toute consacrée à son service, elle ne devait point souhaiter d'autre partage que les afflictions et les épines les plus aiguës. Nous n'en demanderons point d'autre nous-mêmes, dès que nous serons remplis du même esprit que cette fidèle épouse de Jésus-Christ, ou, pour mieux dire, dès que nous serons remplis comme elle du véritable esprit de la religion que nous professons.

 

Cependant, mes Frères, à ce roi couronné d'épines il fallait un sceptre, et les soldats y pourvoient. Le sceptre répond parfaitement à la couronne : car c'est un roseau qu'ils lui mettent dans la main. Or, selon la belle observation de saint Augustin, pouvaient-ils mieux représenter la nature de son pouvoir, qui n'a point éclaté par la force ni par la violence, mais par la faiblesse même et par l'infirmité ? Les rois de la terre ont besoin de troupes, de légions, de corps d'armées, pour dompter leurs ennemis, et pour maintenir leurs sujets dans le devoir et l'obéissance. Ils portent le sceptre ; et ce sceptre, disait un ancien, est comme une main empruntée (Manus altera regum) ; pour signifier que si d'eux-mêmes ils n'ont pas le bras assez fort, ils ont de quoi l'affermir et le raidir, quand ils voudront l'étendre sur la tête des rebelles. Mais au roi que nous adorons, il ne faut, de la part des hommes, ni appui, ni secours. A le considérer selon le monde, on dirait qu'il n'est rien de plus faible, et qu'il n'a ni puissance, ni vertu ; c'est un roi pauvre, un roi humble et petit, un roi sans éclat, sans pompe, sans munitions, sans armes ; mais comme il est le bras de Dieu, rien de tout cela ne lui est nécessaire ; et sans emprunter sa force d'ailleurs, il la trouve dans lui-même : de sorte qu'avec les moyens les plus impuissants, il peut tout et il vient à bout de tout. Pour opérer les plus grands miracles, un roseau lui a suffi : avec ce roseau qui fut, selon la remarque de saint Athanase, le symbole de la croix, il a subjugué plus de nations que les plus fameux conquérants ; avec ce roseau, il a confondu les démons et mis toutes les puissances infernales en déroute ; avec ce roseau, il a établi son royaume, qui est son Eglise ; il l'a élevée sur les ruines de l'infidélité, et répandue jusqu'aux extrémités du monde ; avec ce roseau, il a brisé l'orgueil des potentats qui s'opposaient à sa sainte loi ; il a dissipé tous leurs projets, renversé toutes leurs entreprises, et les a réduits eux-mêmes sous son empire. Ô prodige le plus merveilleux ! ô faiblesse toute-puissante !

 

Sur quoi saint Bernard entrait dans un sentiment bien affectueux et bien touchant : Ah ! Seigneur, s'écriait-il en s'adressant à Jésus-Christ même, puisque les choses les plus faibles acquièrent dans votre main tant de pouvoir et tant de force, et qu'un roseau y a été comme un sceptre et une verge de fer pour régir les peuples, prenez mon cœur ; ce n'est qu'un roseau fragile, qu'un roseau creux et vide de tout bien, vide de charité, vide de dévotion et de piété, vide de bonnes œuvres et de mérites ; qu'un roseau flexible et mobile, que son extrême légèreté fait tourner à tout vent, et que la moindre impression est capable d'ébranler : mais du moment qu'il sera entre vos mains, vous le remplirez de votre grâce et de la force de votre divin esprit ; vous en ferez un cœur généreux, un cœur ferme, un cœur ardent et fervent ; un cœur prêt à surmonter toutes les difficultés, et à vaincre, par une persévérance infatigable, tous les obstacles. Ainsi parlait ce Père ; et ne nous persuadons pas, au reste, que ce roseau donné à Jésus-Christ, en forme de sceptre, fût de l'invention des soldats ; il fut du choix même du Fils de Dieu, qui, selon le témoignage du grand Apôtre, a toujours pris ce qu'il y avait de plus infirme et de plus petit dans le monde pour abattre les forts ; ce qu'il y avait de plus vil et de plus bas, pour humilier les grandeurs ; ce qu'il y avait de plus méprisable ou ce qui le paraissait ; en un mot, ce qui n'était rien, pour confondre tout le faste humain et pour anéantir toute puissance mortelle : Infirma mundi elegit Deus, ut confundat fortia ; et ignobilia mundi et contemptibilia elegit Deus, et ea quœ non sunt, ut ea quœ sunt, destrueret (1 Cor., I, 28.).

 

Ce n'est pas non plus sans mystère qu'on le couvre enfin d'un manteau de pourpre, et il n'est pas difficile d'en apercevoir d'abord toute la convenance : car était-il une couleur plus sortable à un roi qui devait former son royaume sur la terre, et qui devait l'amplifier par l'effusion de son sang ? Ah ! il devait être le prince et le roi des martyrs : il devait leur donner le signal de ces guerres sanglantes où leurs corps seraient livrés à tous les tourments, où ils seraient brisés, déchirés, immolés comme des victimes ; et quel autre signal eût été plus propre à leur annoncer de tels combats, et à les animer, que la pourpre dont il est revêtu ! La pourpre fut toujours employée à l'investiture des rois ; mais jamais roi eut-il droit comme le Sauveur, de la porter, puisque jamais roi ne fut consacré comme lui, ni ne reçut l'onction royale dans son sang ? Ce roi de nos cœurs (belles paroles de saint Ambroise), ce roi de nos cœurs se montre à nous sous la pourpre et sous l'écarlate, pour nous désigner les victoires et les triomphes du martyre : Designans martyrum palmas, et regiœ protestatis insignia. Il veut nous faire entendre de quel sang son Eglise serait un jour tout empourprée, il veut nous faire connaître sur quoi son royaume sera fondé, à quel prix il le doit acheter, et que c'est par le sacrifice de sa vie et par toutes les douleurs de sa passion qu'il le doit conquérir : Quod caro ejus fusum pro toto terrarum orbe sanguinem esset susceptura pro nobis, et passio regnum paritura de nobis.

 

La pourpre des Césars était teinte de sang, dit saint Jérôme ; mais du sang des hommes qu'ils avaient versé, et souvent avec autant d'injustice que de fureur. Si elle éclatait, c'était du feu brûlant de leur ambition : et si elle rougissait, c'était bien moins de sa propre couleur que de leurs vices. Leur pourpre les faisait donc redouter, poursuit ce saint docteur ; mais la pourpre de Jésus-Christ nous le fait également respecter et aimer : car qui ne l'aimerait pas, voyant dans cette pourpre, avec les marques de sa royauté, les plus sensibles témoignages de sa charité ?

 

Il n'y a dans tout cet appareil qu'une circonstance qui ne semble pas pouvoir s'accorder avec la majesté souveraine : ce sont les injures qu’il reçoit, les blasphèmes que profèrent contre lui les soldats, les reproches , les malédictions, les coups dont ils l'accablent. Quels hommages en effet pour un roi ! Je me trompe, Chrétiens, et saint Cyrille de Jérusalem corrige sur ce point mon erreur : c'est dans la douzième de ses Catéchèses. Il prétend, et avec raison, que ces hommages, quelque indignes qu'ils paraissent, n'ont rien eu que de très conforme à la mission du Sauveur et à sa qualité de roi. Si son royaume, dit-il, eût été, comme les autres, un royaume temporel, il faut avouer qu'il n'y eût eu entre sa royauté et de pareils traitements nulle proportion : mais souvenons-nous, mes Frères, ajoute ce saint évêque, et n'oublions jamais que le royaume de notre maître ne consiste pas dans les honneurs mondains ; ou plutôt, souvenons-nous que ce royaume de Jésus-Christ consiste expressément dans le mépris de tous les honneurs du monde, que c'en est là une des lois fondamentales, que c'en est une des maximes les plus essentielles. Or, un roi qui venait ériger en maxime et en loi le mépris des honneurs, pouvait-il être mieux reconnu que par les affronts et les opprobres ? Voilà donc encore une fois la royauté du Fils de Dieu déclarée, publiée, manifestée dans toute la manière qu'elle devait l'être ; et, malgré la malignité des Pharisiens, voilà les vues du ciel suivies avec toute l'exactitude possible, et ses ordres pleinement accomplis.

 

De là même, Chrétiens, devons-nous conclure ce que nous sommes, à qui nous sommes, pourquoi nous y sommes, et ce que nous devons enfin devenir, selon le caractère que nous portons, et selon les sacrés rapports que nous avons, en qualité de chrétiens, avec Jésus-Christ. Appliquez-vous, s'il vous plaît, à cette importante morale ; c'est tout le fruit de cette seconde partie. Nous sommes les sujets d'un roi couronné d'épines ; nous appartenons à un roi de souffrance, à un roi d'abjection et d'humiliation ; nous ne sommes à lui que pour vivre comme lui, que pour être animés du même esprit que lui, que pour nous rendre ses imitateurs, comme nous nous déclarons ses disciples et ses sectateurs. Vérités universellement reconnues dans le christianisme, mais bien peu suivies dans la pratique, et même, si je l'ose dire, généralement abandonnées et démenties.

 

Car de ces principes, que s'ensuit-il ? Ah! mes Frères, que n'en avons-nous mieux compris jusqu'à présent les conséquences, ou du moins que ne commençons-nous à les bien comprendre, et à y conformer désormais tous nos sentiments et toute notre conduite ! Prenez garde : nous sommes les sujets d'un roi couronné d'épines, nous ne devons donc plus tant rechercher les douceurs et les délices de la vie. Car, servir un roi qui n'a que des épines pour couronne et vouloir se couronner de roses, n'est-ce pas une contradiction ? Tel est néanmoins le désordre le plus commun : et quel autre langage est plus ordinaire dans le monde, je dis dans le monde même prétendu chrétien, que celui de ces impies, qui se disent les uns aux autres chez le Sage : Venite, et fruamur bonis quae sunt (Sap., II, 6.) ; divertissons-nous, et jouissons des biens que nous avons : Coronemus nos rosis (Ibid., 8.) ; Faisons-nous des couronnes de fleurs, et des fleurs les plus agréables et les plus douces : Ubique relinquamus signa lœtitiœ (Ibid., 9.) ; Que la joie nous accompagne en tous lieux, et laissons-en partout des marques : Quoniam hœc est pars nostra, et hœc est sors (Ibid.) ; car voilà quel doit être notre partage et notre sort, voilà quelle doit être notre vie.

 

Il est vrai néanmoins que cette vie molle et délicieuse n'est pas la vie de tous les gens du monde, et qu'il s'en faut bien même qu'elle le soit. Mais si ce n'est pas là leur vie en effet, ce l'est au moins en désir. On y aspire sans cesse, à cette vie aisée et commode ; on se la propose comme la fin de ses travaux ; on y fait consister le bonheur et la sagesse ; on envie la destinée de ceux qui en goûtent la tranquillité, et l'on se plaint de ne pouvoir trouver dans sa condition cette félicité temporelle : comme si c'était un malheur à des sujets de n'être pas mieux traités que leur roi, et qu'au lieu des épines qu'il a portées et consacrées, il ne dût leur fournir dans son service que des plaisirs. Nous appartenons à un roi de souffrances : nous ne pouvons donc participer aux avantages et aux prérogatives inestimables de sa royauté qu'autant que nous participerons à ses douleurs. C'est en cette vue que les saints ont témoigné tant d'ardeur pour les souffrances. Il n'est pas nécessaire que nous les cherchions comme eux, ni que nous les demandions à Dieu : sa providence prend assez soin d'y pourvoir ; et, par une miséricorde aussi favorable qu'elle nous semble sévère et rigoureuse, il ne nous laisse point manquer sur la terre de disgrâces et d'afflictions ; il n'est question pour nous que d'en bien user ; tellement que cette robe de pourpre, dont nous consentirons à être revêtus, nous soit une robe d'honneur et un vêtement de sainteté à quoi il nous reconnaisse. Mais voici l'erreur la plus déplorable, et c'est celle où les disciples eux-mêmes tombèrent. Ils se persuadaient que Jésus-Christ dans la suite serait un roi temporel, et que sous son règne ils n'auraient rien à souffrir : Domine, si in tempore hoc restitues regnum Israël (Act., I, 6.) ? Ainsi nous nous imaginons faussement, et nous croyons, parce que nous sommes à Dieu, que nous devons être exempts de toutes peines et à couvert de toutes adversités. Nous nous étonnons de voir des gens de bien affligés et sujets aux calamités humaines ; et comme ce qui nous touche nous est encore beaucoup plus sensible, il ne faut que le plus léger accident qui nous arrive, pour nous troubler et nous déconcerter. D'où vient cela ? c'est que nous ne considérons pas que ce sont là justement les apanages du roi que nous servons, que c'est par là qu'il nous distingue, et qu'il nous fait entrer au nombre de ses élus.

 

Enfin, nous dépendons d'un roi ignoré du monde, abject et obscur selon le monde, regardé, si je puis m'exprimer de la sorte, comme un roseau dans le monde : comment donc sommes-nous si jaloux d'y paraître et de nous y élever ? Je vous laisse, mes Frères, faire vous-mêmes cette monstrueuse opposition, d'un roi volontairement réduit dans le dernier mépris et dans l'humiliation la plus profonde, et d'un vil sujet qui ne pense qu'à s'agrandir, et qu'à tenir au-dessus des autres un rang qui le fasse craindre, qui le fasse honorer, qui lui attire des respects et de la considération parmi les hommes. Car n'est-ce pas là le terme où tendent tous les désirs, toutes les réflexions, tous les projets et toutes les démarches d'une multitude infinie de chrétiens adorateurs d'un Dieu abaissé, moqué, outragé ?

 

C'est à vous, mes chers auditeurs, à le dédommager de tant d'outrages qu'il a reçus de ses ennemis, et qu'il a si souvent reçus de nous-mêmes. Les Juifs n'en ont point voulu pour leur roi ; mais nous l'avons choisi pour le nôtre. Allons lui offrir nos hommages, et des hommages dignes de lui ; l'hommage d'une tendre componction, l'hommage d'une sainte mortification, l'hommage d'une sincère humilité de cœur et d'action. Voilà par où il veut être honoré, et par où nous parviendrons à régner un jour avec lui dans la gloire  que je vous souhaite.    

 

BOURDALOUE

EXHORTATION SUR LE COURONNEMENT DE JÉSUS-CHRIST

 

L'Homme des Douleurs, Memling

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27 mars 2012 2 27 /03 /mars /2012 11:30

Mais du reste, n'allumons point inutilement notre zèle contre les ennemis de Jésus-Christ : réservons-le pour nous-mêmes, et tournons-le contre nous-mêmes. Car n'est-ce pas ainsi que nous avons cent fois traité ce roi de l'univers, et que nous le traitons tous les jours ? Nous le couronnons, mais nous le couronnons d'épines, et d'épines mille fois plus piquantes que toutes celles dont il fut couronné par ses bourreaux.

BOURDALOUE

 

 

Tunc milites prœsidis suscipientes Jesum in prœtorium, congregaverunt ad cum universam cohortem ; et exuentes eum, chlamydem coccineam circumdederunt ei ; et plectentes coronam de spinis, posuerunt super caput ejus, et arundinem in dextera ejus.

Alors les soldats du gouverneur ayant emmené Jésus dans le prétoire, rassemblèrent autour de lui toute la cohorte ; et après l'avoir dépouillé, ils le couvrirent d'un manteau de pourpre : puis faisant une couronne d'épines, ils la lui mirent sur la tête. Ils lui mirent aussi un roseau à la main droite. (Saint Matthieu, chap. XXVII, 28.)

 

N'était-ce donc pas assez de tant d'outrages déjà faits au Fils de Dieu ? et puisqu'il était enfin condamné à mourir, fallait-il ajouter, à l'injustice et à la rigueur de cet arrêt, de si amères insultes et de si barbares cruautés ? Il semble, dit saint Chrysostome, que tout l'enfer en cette triste journée fût déchaîné, et eût donné le signal pour soulever tout le monde contre Jésus-Christ. Car ce ne sont plus même les princes des prêtres, ce ne sont plus les scribes et les pharisiens, qui pouvaient avoir des raisons cachées et des sujets particuliers de haine contre ce divin Sauveur ; ce ne sont plus là, dis-je, ceux qui le persécutent ; mais ce sont les soldats de Pilate, ce sont des Gentils et des étrangers, qui en font leur jouet, et qui le préparent au supplice et à l'ignominie de la croix par les plus sensibles dérisions, et par toutes les inhumanités que leur inspire une brutale férocité. Les paroles de mon texte nous les marquent en détail ; et voilà le mystère que nous méditerons, s'il vous plaît, aujourd'hui, et que je puis appeler le mystère de la royauté du Fils de Dieu. Car, à bien considérer toutes les circonstances qui s'y rencontrent, j'y trouve tout à la fois la royauté de ce Dieu-Homme méprisée et reconnue, avilie et déclarée, profanée et néanmoins établie et solidement vérifiée. Je dis méprisée, avilie, profanée, par les indignités qu'exercent contre lui les soldats ; mais je dis en même temps reconnue, établie, et solidement vérifiée, par une conduite supérieure et une secrète disposition de la Providence qui se sert pour cela de l'insolence même des soldats et de leur impiété. L'un et l'autre ne sera pas pour nous sans instruction.

 

En voyant la royauté de Jésus-Christ si outrageusement méprisée, nous nous confondrons de l'avoir tant de fois méprisé nous-mêmes, ce roi du ciel et de la terre ; et en la voyant si justement reconnue et si solidement vérifiée, nous apprendrons à quoi nous la devons nous-mêmes reconnaître, et en quoi nous la devons honorer. La suite vous développera ces deux pensées, qui comprennent tout le sujet et tout le partage de cette exhortation.

 

Jamais la barbarie fut-elle plus ingénieuse que dans la passion de Jésus-Christ à satisfaire son aveugle fureur, et quelles lois si sévères ont jamais produit aucun exemple d'un supplice pareil à celui que vient d'imaginer une cohorte entière de soldats, et qu'ils mettent en œuvre contre cet adorable Maître ? Ils avaient entendu dire qu'il prenait la qualité de roi ; et pour se jouer de cette royauté prétendue, selon leur sens, le dessein qu'ils forment est de lui en déférer, avec une espèce de cérémonie et d'appareil, tous les honneurs, et d'observer à son égard tout ce que l’on a coutume de pratiquer envers les rois. On le conduit encore dans le prétoire de Pilate, on lui présente un siège qui lui doit servir de trône, on lui commande de s'asseoir, tous se rangent autour de lui : Congregaverunt ad eum universam cohortem (Matth., XXVIII, 27.) ; et chacun témoigne son empressement pour être admis au nombre de ses sujets.

 

Ce n'est pas assez : afin de le revêtir des marques de sa dignité, on le dépouille de ses habits collés sur son corps déchiré et tout ensanglanté par la cruelle flagellation qu'il a endurée. On lui jette sur les épaules un manteau de pourpre, comme son manteau royal ; on lui met un roseau à la main, qui lui tient lieu de sceptre, et qui représente son autorité et son pouvoir. On fait plus encore, et pour diadème on prend une couronne d'épines qu'on lui enfonce dans la tète. De toutes les parties de ce corps sacré, il n'y avait que la tête qui fût restée saine, et qu'on n'eût point attaquée. Aussi dans les supplices des plus grands criminels, épargnait-on toujours la tète, parce que c'est, le chef où domine la raison, et où résident les plus nobles puissances de l'âme. Mais par rapport a Jésus-Christ, il n'y a plus de règles. Il faut qu'il soit couronné ; mais que son couronnement lui coûte cher. Il faut que ce soit un couronnement de souffrances et un martyre. Les épines, appliquées avec force, le percent de toutes parts ; autant de pointes, autant de plaies ; le sang coule tout de nouveau, et, selon la parole du Prophète qui s'accomplit à la lettre, depuis la plante des pieds jusqu'au sommet de la tête, il n'y a plus rien en cet homme de douleurs qui n'ait eu sa peine et son tourment : A planta pedis usque ad verticem non est in eo sanitas (Isa., I, 6.).

 

Du moins si l'on en demeurait là ! mais tout cela ne peut suffire à des cœurs si durs et si impitoyables. Il faut qu'on lui rende dans cet état les hommages qui lui sont dus, c'est-à-dire des hommages proportionnés à la pourpre, au sceptre et à la couronne qu'il porte. Comment donc l'adorent-ils ? En s'humiliant par raillerie devant lui, en lui disant, un genou en terre et d'un ton moqueur : Nous vous saluons, roi des Juifs : Ave, rex Judœorum (Matth., XXVII, 29). Quels tributs lui paient-ils ? Ils lui crachent au visage, ils le meurtrissent de soufflets, ils lui ôtent la canne qu'il tient dans la main, et lui en déchargent mille coups sur la tête. Tout ce que je dis, c'est ce que les évangélistes nous ont rapporté, et je n'ajoute rien au témoignage qu'ils en ont rendu : Et expuentes in eum, acceperunt arundinem, et percutiebant caput ejus (Ibid.,30.)

.

Voilà, Chrétiens, à quoi fut exposé le Roi des rois ; voilà, j'ose l'espérer de votre piété, voilà ce qui vous touche, ce qui vous pénètre, peut-être ce qui vous attendrit jusqu'aux larmes, ou ce qui vous anime au moins de la plus juste indignation. Mais du reste, n'allumons point inutilement notre zèle contre les ennemis de Jésus-Christ : réservons-le pour nous-mêmes, et tournons-le contre nous-mêmes. Car n'est-ce pas ainsi que nous avons cent fois traité ce roi de l'univers, et que nous le traitons tous les jours ? Nous le couronnons, mais nous le couronnons d'épines, et d'épines mille fois plus piquantes que toutes celles dont il fut couronné par ses bourreaux. Je m'explique, et concevez ceci, je vous prie.

 

Nous sommes chrétiens, et en qualité de chrétiens, nous faisons profession d'appartenir à ce Dieu Sauveur, comme à notre roi. Nous savons, et la foi nous l'enseigne, que toute puissance lui a été donnée au-dessus de toutes les nations du monde, et même au-dessus de toute la cour céleste : Data est mihi omnis potestas in cœlo et in terra (Ibid., XXVIII, 8.). Nous savons qu'il a été établi de son Père pour régner non-seulement en Sion : Ego autem constitutus sum rex ab eo super Sion (Psal., II, 6.) ; mais pour étendre son empire jusqu'aux extrémités de la terre : Postula a me, et dabo tibi gentes hœreditatem tuam, et possessionem tuam terminos terrœ (Ibid., 8.). Il est vrai qu'il dit à Pilate que son royaume n'était pas de ce monde, mais il ne prétendait point en cela lui faire entendre que ce monde ne fût pas soumis à sa domination. Il ne voulait lui dire autre chose, sinon qu'il n'était venu dans le monde que pour y exercer une domination spirituelle, et non point une domination temporelle : car voilà le sens de ces paroles : Regnum meum non est de hoc mundo (Joan., XVIII, 36.). Domination qu'il n'a fait consister que dans l'Evangile qu'il nous a annoncé, que dans la loi qu'il nous a prêchée, que dans les préceptes, dans les conseils, dans les exemples et les règles de conduite qu'ils nous a donnés : Ego autem constitutus sum rex ab eo, prœdicans prœceptum ejus (Psal., II, 6.). Nous savons, dis-je, tout cela, mes Frères, et, prévenus de ces connaissances et de ces principes de religion, nous embrassons l'Evangile de cet envoyé de Dieu, nous acceptons la loi de ce souverain législateur, nous recevons sa morale, et nous révérons, ce semble, ses préceptes et ses maximes ; nous allons à ses autels lui offrir notre culte, et nous nous prosternons en sa présence pour l'adorer. Ainsi, pour m'exprimer de la sorte, le voilà proclamé roi par notre bouche, et couronné de nos propres mains : Et cœperunt salutare eum : Ave, rex (Marc, XV, 18.).

 

Mais cette couronne que nous lui présentons, de quelles épines n'est-elle pas mêlée ; ou plutôt, de quelles épines n'est-elle pas toute composée ? Car ne nous trompons point, mes chers auditeurs, et ne nous arrêtons point à de spécieuses démonstrations. Quand, en même temps que nous couronnons Jésus-Christ, nous le renonçons du reste dans toute la conduite de notre vie ; quand, après lui avoir rendu devant un autel ou au pied d'un oratoire, je ne sais quel culte d'un moment et de pure cérémonie, nous agissons ensuite d'une manière toute contraire à l'Evangile qu'il nous a prêché ; que nous violons impunément et habituellement la loi qu'il nous a annoncée ; que nous suivons dans la pratique une tout autre morale que celle qu'il nous a enseignée ; que nous abandonnons les règles, les maximes, les principes qu'il nous a tracés ; que nous traitons même de faiblesse, et que nous tournons en raillerie la fidélité de quelques âmes chrétiennes qui refusent de s'en départir, et font une profession ouverte de s'y conformer ; quand nous ne prenons pour guides dans toutes nos démarches que le monde, que notre ambition, que notre plaisir, que notre intérêt, que nos ressentiments, que nos passions et tous nos désirs déréglés ; encore une fois, quand nous nous déclarons ses sujets, et que néanmoins nous en usons de la sorte et nous nous comportons en mondains et en païens, n'est-ce pas le couronner d'épines ? et ne peut-on pas alors dire de nous ce que le texte sacré nous rapporte des soldats ? Et plectentes coronam de spinis, posuerunt super caput ejus (Matth., XXVII, 29.).

 

Car jamais les épines qui lui percèrent la tête lui furent-elles plus douloureuses et plus sensibles que tant de désordres, que tant d'injustices, que tant de vengeances, que tant de médisances, que tant d'impiétés, que tant d'excès et de débauches, où tous les jours l'on se porte jusque dans le christianisme, qui est proprement son royaume ? Est-ce donc là le tribu que nous lui payons ? Les rois, dit saint Bernard, se font des couronnes de ce qui leur est offert par les peuples qui leur sont soumis ; et comme l'or est le tribut qu'ils exigent de leurs sujets, de là vient aussi qu'ils ont des couronnes d'or : mais que reçoit de nous notre Dieu et que lui produisons-nous autre chose que des épines, c'est-à-dire que des négligences et des lâchetés, que des imperfections et des infidélités, que des habitudes vicieuses, que des attaches criminelles ? tellement que notre âme est comme ce champ ou comme cette vigne dont a parlé le Sage, lorsqu'il disait : J'ai passé par le champ du paresseux, et j'ai considéré la vigne de l'insensé : Per agrum hominis pigri transivi, et per vineam viri stulti (Prov., XXIV, 30.) ; mais qu'y ai-je aperçu ? tout était plein d'orties, et toute la surface était couverte d'épines : Et ecce totum repleverant urticœ, et operuerant superficiem ejus spinœ (Ibid., 31.).

 

Il ne peut s'en taire, ce Roi digne de toutes nos adorations et de tout notre amour, mais dont nous profanons si indignement la souveraine majesté, et à qui nous causons tous les jours de si vives douleurs. Il nous adresse sur cela ses plaintes, et sa grâce nous les fait entendre au fond du cœur : mais où tombe sa parole ? comme ce bon grain de l'Evangile, elle tombe au milieu des épines : Et aliud cecidit inter spinas (Luc, VIII, 7.) ; c'est-à-dire, qu'elle tombe dans des cœurs sensuels et tout charnels, dans des cœurs vains et enflés d'orgueil, dans des cœurs possédés du monde et de ses biens périssables, dans des cœurs corrompus. Ces épines croissent toujours, elles s'étendent, elles se multiplient, jusqu'à ce qu'elles viennent à étouffer tous les sentiments de la grâce du Seigneur, et qu'elles arrêtent toute la vertu de sa divine parole : Et simul exortœ spinœ suffocaverunt illud (Luc, VIII, 7.).

 

Ce n'est pas tout, reprend saint Bernard, et nous déshonorons encore autrement la royauté du Fils de Dieu. Outre les épines dont nous le couronnons, nous ne lui faisons porter pour sceptre qu'un roseau : comment cela ? Par nos inconstances et nos légèretés perpétuelles en tout ce qui concerne son service. Aujourd'hui nous sommes à lui, et demain nous n'y sommes plus. Aujourd'hui nous nous rangeons sous son obéissance pour exécuter fidèlement ses ordres, et demain nous les transgressons. Aujourd'hui nous lui jurons un attachement inviolable, et demain nous secouons le joug, et nous nous révoltons : tantôt pour Dieu et tantôt pour le monde ; tantôt dans l'ardeur d'une dévotion tendre et affectueuse, et tantôt dans le relâchement d'une vie tiède et inutile. Or tout cela, qu'est-ce autre chose que lui mettre un roseau dans la main pour nous gouverner ? Je veux dire que c'est ne lui donner sur nous qu'un empire passager, sans solidité et sans consistance.

 

Car son empire est dans nous-mêmes et au milieu de nous-mêmes : Regnum Dei intra vos est (Luc, XVII, 21.) ; et quelque absolu qu'il soit, il ne subsiste (ne vous offensez pas de cette proposition, je l'expliquerai), il ne subsiste qu'autant que nous le voulons et que nous nous y soumettons. Si nous le voulons toujours et si nous nous y soumettons toujours, il durera toujours : mais si nous ne le voulons et si nous ne nous y soumettons que par intervalles, ce ne sera plus un empire stable et permanent. Ce n'est pas que Jésus-Christ, vrai Dieu comme il est vrai homme, n'ait sur nous un empire indépendant de nous, un empire inaliénable, immuable, éternel, un empire que nous ne pouvons troubler, parce qu'il est au-dessus de tous nos caprices et de tous nos changements : mais outre ce premier empire, cet empire essentiel et nécessaire, il y en a un que nous pouvons lui donner ou lui refuser, parce qu'il l'a fait dépendre de nous-mêmes et de notre volonté. Ainsi, que nous lui soyons volontairement et librement soumis comme à notre roi ; que volontairement et de gré nous nous attachions à lui, nous observions ses commandements, nous lui rendions tous les devoirs que nous prescrit la religion, voilà l'empire que nous pouvons lui ôter. Je ne dis pas que nous pouvons lui en ôter le droit, mais l'effet, puisqu'il nous a laissé notre libre arbitre pour demeurer dans la sujétion qui lui est due, et pour satisfaire à tout ce qu'elle nous impose, ou pour nous en retirer malgré toutes nos obligations, et pour vivre selon nos appétits et nos aveugles convoitises.

 

Or c'est de cet empire, dont il est néanmoins si jaloux, que nous faisons comme un roseau qui plie au moindre souffle, et qui tourne de tous les côtés. Que ne lui disons-nous point à certains jours et à certaines heures, où l'esprit divin se communique plus abondamment à nous, et nous touche intérieurement ? De quels regrets sommes-nous pénétrés à la vue de nos égarements, et que ne nous proposons-nous point pour l'avenir ? Quelles résolutions, quels serments de ne nous détacher jamais de ses intérêts, et de garder de point en point toute sa loi ? Rien donc, à ce qu'il semble, rien alors de mieux établi que son empire. Mais le voici bientôt détruit : il ne faut pour cela qu'une occasion qui se présente, qu'un exemple qui attire, qu'une difficulté qui naît, qu'un respect humain qui arrête, qu'un dégoût naturel qui survient, qu'une passion qui se réveille. On reprend ses premières voies, on se rengage dans ses mêmes habitudes, on oublie toutes ses promesses, on quitte toutes ses bonnes pratiques, on change de maître ; et de l'empire de Jésus-Christ, on retourne sous la domination et la tyrannie de ses inclinations vicieuses. Peut-être en revient-on encore ; mais pour y rentrer tout de nouveau. Ce ne sont que vicissitudes, que variations ; et le plus fragile roseau n'est pas sujet à plus de mouvements opposés, ni à plus de dispositions toutes différentes.

 

Cependant, mes frères, l'iniquité se soutient jusqu'au bout ; et si les soldats couvrent enfin par dérision le Sauveur du monde d'une robe de pourpre, cela même, par rapport à nous, renferme un mystère bien étrange ; je dis un mystère véritable, et que le Saint-Esprit, selon la remarque des Pères, a eu expressément intention de nous déclarer ; car ce n'est pas sans raison, dit saint Augustin, que le prophète Isaïe, s'adressant à la personne du Sauveur, lui demande l'intelligence de ce mystère, et qu'il veut apprendre de lui ce que signifie cette pourpre : Quare ergo rubrum est indumentum tuum, et vestimenta tua sicut calcantium in torculari (Isa., LXIII, 2.) ? Hé ! Seigneur, pourquoi votre robe est-elle toute rouge ? et pourquoi vos vêtements sont-ils comme les habits de ceux qui foulent le vin dans le pressoir ? Le voulez-vous savoir, chrétiens, la chose vous touche aussi bien que moi. Ecoutez ce que ce Sauveur lui-même répond à son prophète : Aspersus est sanguis eorum super vestimenta mea (Ibid., 3.) : Leur sang a rejailli sur moi, et toute ma robe en a été tachée. Comme s'il disait : Ce sont les dérèglements de mon peuple qui m'ont fait rougir, et c'est de quoi je rougis encore tous les jours. La honte en est retombée sur moi ; et ne pouvant faire nulle impression sur ma divinité, elle s'est attachée à l'humanité dont je me suis revêtu. Dans la splendeur de ma gloire, mes habits étaient aussi blancs que la neige ; mais depuis que je me suis réduit sous une forme humaine, ils sont devenus rouges comme l'écarlate, parce que je me suis vu chargé de toutes les abominations du monde.

 

Quel reproche, mes frères, et quel sujet de confusion pour nous-mêmes ! Car la confusion de notre roi doit retomber sur nous-mêmes, et doit encore de plus servir un jour à notre jugement et à notre condamnation. Il aura son temps pour venger l'honneur de sa royauté flétrie et profanée. Tout l'univers alors s'humiliera devant lui, tous les rois de la terre déposeront à ses pieds leurs couronnes ; il n'y aura plus là d'autre roi que ce Roi de gloire ; et de quelle frayeur serons-nous saisis, quand nous le verrons assis sur son trône, armé du glaive de sa justice, et couronné de tout l'éclat de sa divine et suprême grandeur ! C'est à ce dernier jour qu'il fera le terrible discernement de ceux qui l'auront honoré, et de ceux qui l'auront méprisé ; qu'il mettra les uns à sa droite comme ses prédestinés et ses élus, et les autres à sa gauche comme des rebelles, des réprouvés ; qu'il dira aux uns, en les appelant à lui : Venez, possédez mon royaume, vous qui m'avez servi comme votre maître, et qui m'avez obéi comme à votre roi : Tunc dicet rex his, qui a dextris erunt : Venite, possidete paratum vobis regnum (Matth., XXV, 34.) ; et qu'il dira aux autres, en les rejetant : Allez, et retirez-vous de moi ; vous n'avez point été mon peuple, et vous n'avez point voulu vivre dans ma dépendance ; je ne sais qui vous êtes, et je vous livre à ces puissances de ténèbres qui vous ont si longtemps temps dominés, et qui vous attendent pour vous faire part de leur sort et de leur malheur éternel : Tunc dicet et his qui a sinistris erunt : Discedite a me in ignem œternum, qui paratus est diabolo et angelis ejus (Matth., XXV, 41.).

 

Ah ! chrétiens, que ferons-nous lorsqu'il nous frappera de ce redoutable anathème ? En vain nous commencerons à craindre et à révérer son souverain pouvoir ; en vain nous lui crierons mille fois : Seigneur, Seigneur : Tunc respondebunt ei, Domine (Ibid., 44.) ; en vain, prosternés devant son tribunal, nous lui dirons : Roi immortel, roi de tous les siècles, que toute louange, que toute gloire vous soit rendue : Regi sœculorum immortali honor et gloria (1 Tim., I, 17.) ; ce ne sera plus qu'un culte forcé et contraint, et il demandait un culte de piété et d'amour ; ce ne seront plus que des soumissions d'esclaves, et il voulait une obéissance d'enfants. Or, il n'y a que les enfants qui trouveront place dans son royaume, et les esclaves en seront éternellement bannis. Ce n'est pas qu'il ne retienne toujours sur ces malheureux son empire naturel, car c'est à lui que son Père a dit : Régnez au milieu même de vos ennemis : Dominare in medio inimicorum tuorum (Psal., CIX, 2.) ; mais comment ? pour les gouverner avec un sceptre de fer, et pour leur faire sentir tout le poids de vos justes vengeances : Reges eos in virga ferrea (Ibid., II,9.).

 

Je vais trop loin, mes chers auditeurs, et revenons.

 

Comme il n'y a point de mystère où la royauté de Jésus-Christ ait été plus avilie et plus outragée que dans son couronnement, je prétends d'ailleurs qu'il n'y en a point où elle ait été plus solidement établie et plus justement vérifiée : c'est le sujet de la seconde partie.

 

BOURDALOUE

EXHORTATION SUR LE COURONNEMENT DE JÉSUS-CHRIST    

 

Christ de Pitié, Eglise Saint Nizier, Troyes

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26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 04:00

L'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.


L'ange entra chez elle et dit : " Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. "


À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L'ange lui dit alors : "Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n'aura pas de fin."

 

Marie dit à l'ange : " Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? "


L'ange lui répondit : " L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu'Élisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, alors qu'on l'appelait : 'la femme stérile'. Car rien n'est impossible à Dieu."


Marie dit alors : " Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. "

 

Alors l'ange la quitta.

 

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc

 

L'Annonciation, Rogier van der Weyden

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25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 04:00

Parmi les Grecs qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu durant la Pâque, quelques-uns abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée. Ils lui firent cette demande : "Nous voudrions voir Jésus."


Philippe va le dire à André ; et tous deux vont le dire à Jésus. Alors Jésus leur déclare :

" L'heure est venue pour le Fils de l'homme d'être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s'il meurt, il donne beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perd ; celui qui s'en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle. Si quelqu'un veut me servir, qu'il me suive ; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera.    

" Maintenant je suis bouleversé. Que puis-je dire ? Dirai-je : Père, délivre-moi de cette heure ? — Mais non ! C'est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom !"

 
Alors, du ciel vint une voix qui disait : " Je l'ai glorifié et je le glorifierai encore. "


En l'entendant, la foule qui se tenait là disait que c'était un coup de tonnerre ; d'autres disaient : " C'est un ange qui lui a parlé."


Mais Jésus leur répondit :

" Ce n'est pas pour moi que cette voix s'est fait entendre, c'est pour vous. Voici maintenant que ce monde est jugé ; voici maintenant que le prince de ce monde va être jeté dehors ; et moi, quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai à moi tous les hommes."

 
Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

 

Le Christ portant la Croix, Le Greco

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