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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

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SALVE REGINA

13 juin 2011 1 13 /06 /juin /2011 04:00

Réjouis-toi, heureuse Padoue, riche d'un trésor sans prix ! Antoine, en te léguant son corps, a plus fait pour ta gloire que les héros qui te fondèrent en ton site fortuné, que les docteurs de ton université fameuse. Cité chérie du Fils de Dieu, dans le siècle même qui le vit prendre chair au sein de la Vierge bénie, il envoyait Prosdocime t'annoncer sa venue ; et tout aussitôt, répondant aux soins de ce disciple de Pierre, ton sol fertile offrait au Seigneur Jésus la plus belle fleur de l'Italie dans ces premiers jours, la noble Justine, joignant aux parfums de sa virginité la pourpre du martyre : mère illustre, à qui tu devras de voir se reformer dans tes murs les phalanges monastiques présentement dispersées ; nouvelle Debbora, qui bientôt étendra sur Venise ta rivale son patronage glorieux, et, unissant sa force suppliante à la puissance du lion de saint Marc, obtiendra du Dieu des armées le salut de la chrétienté dans les eaux de Lépante. Aujourd'hui, comme si, ô Padoue, tes gloires natives ne suffisaient pas aux ambitions pour toi de l'éternelle Sagesse, voici que du fond de l'antique Ibérie, Lisbonne est contrainte de te céder sa perle la plus précieuse. Au milieu des troubles qui agitent l'Eglise et l'empire, dans la confusion qu'amène l'anarchie au sein des villes italiennes, Antoine et Justine partageront le soin de ta défense contre les tyrans ; l'Occident tout entier bénéficiera de cette alliance redoutable sur terre et sur mer aux ennemis de la paix et du nom chrétien. Combats nouveaux, qu'aime le Seigneur ! Quand cessent de se montrer les forts en Israël, Dieu se lève et triomphe par les petits et les faibles. L'Eglise alors en paraît plus divine.

 

Le temps de Charlemagne n'est plus. L'œuvre de saint Léon III subsiste toujours ; mais les césars allemands ont trahi Rome, dont ils tenaient l'empire. L'homme ennemi, laissé libre, a semé l'ivraie dans le champ du Père de famille ; l'hérésie germe en divers lieux, le vice pullule ; et si les papes, aidés des moines, sont parvenus, en d'héroïques combats, à rejeter le désordre en dehors du sanctuaire, les peuples, exploités trop longtemps par des pasteurs vendus, restent sur la défiance, et se détachent maintenant de l'Eglise. Qui les ramènera ? qui fera sur Satan cette nouvelle conquête du monde ? C'est alors que, toujours présent et vivant dans l'Eglise, l'Esprit de la Pentecôte suscite les fils de Dominique et de François. Milice nouvelle organisée pour des besoins nouveaux, ils se jettent dans l'arène, poursuivant l'hérésie dans ses repaires les plus secrets comme au grand jour, tonnant contre les vices des petits et des grands, combattant l'ignorance ; partout dans les campagnes et les villes ils se font écouter, déconcertant les faux docteurs tout à la fois par les arguments de la science et du miracle, se mêlant au peuple qu'ils subjuguent par la vue de leur héroïque détachement donné en spectacle au monde, et qu'ils rendent au Seigneur repentant et affermi, en l'enrôlant par foules compactes dans leurs tiers-ordres devenus en ces temps le refuge assuré de la vie chrétienne. Or, de tous les fils du patriarche d'Assise, le plus connu, le plus puissant devant les hommes et devant Dieu, est Antoine, que nous fêtons en ce jour.

 

Sa vie fut courte : à trente-cinq ans, il s'envolait au ciel. Mais ce petit nombre d'années n'avait pas empêché le Seigneur de préparer longuement son élu au ministère merveilleux qu'il devait remplir : tant il est vrai que, dans les hommes apostoliques, ce qui importe pour Dieu et doit faire d'eux l'instrument du salut d'un plus grand nombre d'âmes, est moins la durée du temps qu'ils pourront consacrer aux œuvres extérieures, que le degré de leur sanctification personnelle et leur docile abandon aux voies de la Providence. On dirait, pour Antoine, que l'éternelle Sagesse se plaît, jusqu'aux derniers temps de son existence, à déconcerter ses pensées. De ses vingt années de vie religieuse, il en passe dix chez les Chanoines réguliers, où, à quinze ans, l'appel divin a convié sa gracieuse innocence ; où, tout entière captivée par les splendeurs de la Liturgie, l'étude des saintes Lettres et le silence du cloître, son âme séraphique s'élève à des hauteurs qui le retiennent, pour jamais, semble-t-il, dans le secret de la face de Dieu. Soudain l'Esprit divin l'invite au martyre : et nous le voyons, laissant son cloître aimé, suivre les Frères Mineurs aux rivages où plusieurs d'entre eux ont déjà conquis la palme glorieuse. Mais le martyre qui l'attend est celui de l'amour ; malade, réduit à l'impuissance avant que son zèle ait pu rien tenter sur  le sol africain, l'obéissance le rappelle en Espagne, et voici qu'une tempête le jette sur les côtes d'Italie.

 

On était dans les jours où, pour la troisième fois depuis la fondation de l'Ordre des Mineurs, François d'Assise réunissait autour de lui son admirable famille. Antoine, inconnu, perdu dans l'immense assemblée, vit les Frères à la fin du Chapitre recevoir chacun leur destination, sans que personne songeât à lui ; le descendant de l'illustre famille de Bouillon et des rois d'Asturie restait oublié dans ces assises de la sainte pauvreté. Au moment du départ, le ministre de la province de Bologne, remarquant l'isolement du jeune religieux dont personne ne semblait vouloir, l'admit par charité dans sa compagnie. A l'ermitage du Mont Saint-Paul, devenu sa résidence, on lui confia le soin d'aider à la cuisine et de balayer la maison, comme l'emploi qui semblait répondre le mieux à ses aptitudes. Durant ce temps, les chanoines de Saint-Augustin pleuraient toujours celui dont la noblesse, la science et la sainteté faisaient naguère la gloire de leur Ordre.

 

L'heure arriva pourtant, où la Providence s'était réservé de manifester Antoine au monde ; aussitôt, comme on l'avait dit du Sauveur lui-même, le monde entier se précipita sur ses pas. Autour des chaires où prêchait l'humble Frère, ce ne furent que prodiges dans l'ordre de la nature et dans l'ordre de la grâce. A Rome il méritait le noble titre d’arche du Testament, en France celui de marteau des hérétiques. Il nous est impossible de suivre en tout sa trace lumineuse ; mais nous ne devons pas oublier qu'en effet, une part principale revient à notre patrie dans les quelques années de son puissant ministère.

 

Saint François avait grandement désiré évangéliser lui-même le beau pays de France, ravagé par l'odieuse hérésie ; il lui envoya du moins le plus cher de ses fils, sa vivante image. Ce que saint Dominique avait été dans la première croisade contre les Albigeois, Antoine le fut dans la seconde. C'est à Toulouse qu'a lieu le miracle de la mule affamée, qui laisse sa nourriture pour se prosterner devant l'Hostie sainte. De la Provence au Berry, les diverses provinces entendent sa parole ardente ; tandis que le ciel réconforte par de délicieuses faveurs son âme restée celle d'un enfant, au milieu de ses triomphes et de l'enivrement des multitudes. Dans une maison solitaire du Limousin, sous le regard de son hôte, c'est le saint Enfant Jésus, rayonnant d'une admirable beauté, qui descend dans ses bras et lui prodigue ses caresses en réclamant les siennes. Un jour d'Assomption qu'il était tout triste, au sujet de certain passage de l'Office d'alors peu favorable à l'entrée de la divine Mère au ciel en corps et en âme, Notre-Dame vient le consoler dans sa pauvre cellule, l'assure de la véritable doctrine, et le laisse ravi des charmes de son doux visage et de sa voix mélodieuse. A Montpellier, comme il prêchait dans une église de la ville au milieu d'un immense concours, il se rappelle qu'il est désigné pour chanter à l'heure même dans son couvent l’ Alléluia de la Messe conventuelle ; il avait oublié de se faire remplacer ; profondément chagrin de cette omission involontaire, il incline la tête ; or, tandis que, penché sur le bord de la chaire, il semble dormir, ses Frères le voient paraître au chœur, et remplir son office ; après quoi, reprenant vie devant son auditoire, il achève avec éloquence le sermon commencé.

 

C'est dans cette même ville de Montpellier où il enseignait la théologie aux Frères, que son Commentaire des Psaumes ayant disparu, le voleur fut contraint par Satan lui-même à rapporter l'objet dont la perte causait au Saint les plus vifs regrets. Plusieurs voient dans ce fait l'origine de la dévotion qui reconnaît Antoine comme le patron des choses perdues : dévotion appuyée dès l'origine sur les miracles les plus éclatants, et que des grâces incessantes ont confirmée jusqu'à nos jours.

 

Mais il est temps de donner sur cette belle vie le récit abrégé de la sainte Eglise : 

Antoine naquit à Lisbonne en Portugal, de parents nobles, qui l’élevèrent dans l'amour de Dieu. Jeune homme, il embrassa la vie des Chanoines Réguliers. Or il arriva que cinq Frères Mineurs étant morts pour la foi au Maroc, les corps des bienheureux martyrs furent transportés à Coïmbre ; leur vue embrasa Antoine du désir d'être aussi martyr, et il passa dans l'ordre de Saint-François. Sous l'impulsion du même désir, il eut bientôt gagné le pays des Sarrasins ; mais une maladie le réduisit à l'impuissance et le força de revenir. Or, comme le navire faisait voile sur l'Espagne, les vents le poussèrent en Sicile.

 

De Sicile il se rendit au chapitre général qui se tenait à Assise. Puis, retiré dans l'ermitage du Mont Saint-Paul en Emilie, il y vaqua longtemps à la divine contemplation, aux jeûnes et aux veilles. Dans la suite, élevé aux saints Ordres, il reçut la mission de prêcher l'Evangile. Telles apparurent alors la sagesse et l'abondance de sa parole, telle fut l'admiration qu'il excita, que, prêchant un jour devant le Souverain Pontife, il fut appelé par lui l'Arche du Testament. L'hérésie surtout ressentit sa vigueur, et les coups qu'il lui porta valurent à Antoine le nom de perpétuel marteau des hérétiques.

 

Le premier de son Ordre, à cause de l'éclat de sa science, il expliqua les saintes Lettres à Bologne et ailleurs, et dirigea les études de ses Frères. Après avoir parcouru des provinces nombreuses, un an avant sa mort il vint à Padoue, où il laissa de sa sainteté d'insignes monuments. Enfin, précédé par les grands travaux qu'il avait accomplis pour la gloire de Dieu, chargé de mérites, illustre par ses miracles, il s'endormit dans le Seigneur aux ides de juin, l'an du salut mil deux cent trente et un. Le Souverain Pontife Grégoire  IX  l'inscrivit au nombre des saints Confesseurs.

 

Que la mémoire faite par nous du bienheureux Antoine votre confesseur soit pour votre Eglise, ô Dieu, une cause de joie ; qu'elle y trouve l'appui constant de vos grâces, et l'assurance du bonheur éternel.

 

 

Glorieux Antoine, la simplicité de votre âme innocente a fait de vous le docile instrument de l'Esprit d'amour. L'enfance évangélique est le thème du premier des discours que le Docteur séraphique consacre à votre louange ; la sagesse, qui fut en vous le fruit de cette enfance bénie, forme le sujet du second. Vous étiez sage, ô Antoine ; car dès vos jeunes années vous aviez poursuivi l'éternelle Sagesse, et, ne voulant qu'elle en partage, vous aviez en grande hâte enfermé votre amour dans le secret du cloître et de la face de Dieu, pour savourer ses délices. Vous n'ambitionniez que le silence et l'obscurité dans son divin commerce ; et, dès ici-bas, ses mains se sont plues à vous orner d'une incomparable splendeur. Elle marchait devant vous ; vous la suiviez joyeux pour elle seule, et sans savoir que tous les biens devaient se rencontrer pour vous dans sa compagnie. Heureuse enfance, à qui, maintenant comme de vos jours, sont réservés la Sagesse et l'amour ! Mais qui, dans le monde, est enfant aujourd'hui ? s'écrie votre illustre et saint panégyriste. Plus d'humble petitesse ; aussi,  plus d'amour.

 

On ne voit que vallées s'arrondir en collines, et collines s'enfler en montagnes. Mais qu'est-il écrit ? Vous les avez renversés, dans le temps qu'ils s'élevaient. Et Dieu dit à ces hauteurs usurpées : Je t'ai ramené à la petitesse de l'enfance, mais d'une enfance profondément méprisable au milieu des nations. Pourquoi, ô hommes, cette puérilité remplissant vos jours d'inconstance, d'ambition tapageuse, d'efforts qui ne récoltent que le vent ? Autre est l'enfance dont il est dit qu'elle est la plus grande dans la patrie des vraies grandeurs. Elle fut la vôtre, glorieux Antoine, et vous livra tout entier aux divines influences.

 

En retour de votre soumission toute d'amour au Père qui est dans les cieux, les peuples vous obéirent, les plus féroces tyrans tremblèrent à votre voix. L'hérésie seule, un jour, refusa d'écouter vos accents ; mais les poissons vous vengèrent : ils vinrent par multitudes, aux yeux de toute une ville, écouter votre parole dédaignée des sectaires. L'erreur, hélas ! qui se dérobait devant vous, ne se contente plus maintenant de refuser d'entendre ; elle veut parler seule.

 

Ô vous qui, chaque jour, subvenez à vos dévots clients dans leurs nécessités privées, vous dont la puissance est la même au ciel qu'autrefois sur la terre, secourez l'Eglise, le peuple de Dieu, la société plus universellement et plus profondément menacée que jamais.

 

Arche du Testament, ramenez à l'étude fortifiante des Lettres sacrées nos générations sans amour et sans foi ; marteau des hérétiques, frappez de ces coups qui fassent encore trembler l'enfer et réjouissent les anges.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique
 

 

SAINT ANTOINE DE PADOUE par Gozzoli

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11 juin 2011 6 11 /06 /juin /2011 04:00

La promulgation de l'alliance nouvelle est venue convier tous les peuples à prendre place au banquet du royaume de Dieu ; depuis lors, nous l'avons remarqué, l'Esprit sanctificateur produit les Saints, dans le cours des siècles, à des heures qui correspondent souvent aux desseins les plus profonds de l'éternelle Sagesse sur l'histoire des  nations. Nous ne devons pas nous en étonner : les nations chrétiennes ayant comme nations leur rôle assigné dans l'avancement du règne de l'Homme-Dieu, cette vocation leur confère des devoirs et des droits supérieurs à la loi de nature ; l'ordre surnaturel les investit de toutes ses grandeurs, et l'Esprit-Saint préside par ses élus à leur développement comme à leur naissance. C'est à bon droit que nous admirons dans l'histoire cette providence merveilleuse agissant, à leur insu quelquefois, parmi les peuples, dominant par l'influence cachée de la sainteté des petits et des humbles l'action des puissants qui semblent conduire toutes choses au gré de leur seule volonté.

 

Mais, entre les Saints qui nous apparaissent comme le canal des grâces destinées aux nations, il en est que la reconnaissance universelle doit oublier moins que tous les autres : ce sont  les Apôtres, placés comme fondement à la  base de l'édifice social chrétien dont l'Evangile est la force et la loi première. L'Eglise veille soigneusement à écarter de ses fils le danger d'un oubli si funeste ; aucune saison liturgique n'est privée du souvenir de ces glorieux témoins du Christ. Mais depuis la consommation des mystères du salut, qui livra le monde aux conquêtes de leur zèle, leurs noms se pressent davantage encore sur les fastes sacrés ; chaque mois du Cycle emprunte son éclat, pour une part principale, au triomphe de quelqu'un d'entre eux.

 

Le mois de juin, tout embrasé des feux de la Pentecôte, vit l'Esprit-Saint poser les premières assises de l'Eglise sur ses fondements prédestinés ; il méritait l'honneur d'être choisi pour rappeler au monde les grands noms de Pierre et de Paul, qui résument les services et la gloire du collège entier des Apôtres. Pierre proclama l'admission des gentils à la grâce de l'Evangile ; Paul fut déclaré leur Apôtre ; mais, avant même d'avoir comme il convient rendu gloire à la puissante principauté de ces deux guides du peuple chrétien, l'hommage des nations s'adresse à bon droit en ce jour au guide de Paul lui-même dans les débuts de son apostolat, au fils de consolation (Act. IV, 36.) qui présenta le converti de Damas à l'Eglise éprouvée par les violences de Saul le persécuteur. Le 29 juin tirera sa splendeur de la confession simultanée des deux princes des Apôtres, unis à la mort comme dans leur vie. Honneur donc tout d'abord à celui qui noua dans l'origine cette union féconde, en conduisant au chef de l'Eglise naissante le futur docteur de la gentilité (Act. IX, 27.) ! Barnabé se présente  à nous comme  avant-coureur ; la fête que lui consacre l'Eglise, est le prélude des joies qui nous attendent à la fin de ce mois si riche en lumière et en fruits de sainteté.

 

Lisons son histoire, résumée, pour la plus grande partie, des Actes des Apôtres. Malgré sa brièveté, il est peu de récits plus glorieux dans le livre de la sainte Liturgie : 

Barnabé, lévite, né en Chypre, et appelé aussi Joseph, fut destiné avec Paul à la prédication de l'Evangile de Jésus-Christ en qualité d'Apôtre des Gentils. Il avait vendu un champ qu'il possédait, et en avait apporté le prix aux Apôtres. Envoyé à Antioche pour y prêcher, il y rencontra un grand nombre de personnes déjà converties à la foi du Seigneur Christ, ce qui lui fut un motif de grande joie, et il multiplia ses exhortations pour les engager à persévérer dans la foi. Sa parole eut un grand succès, parce qu'il était regardé de tous comme un homme bon et rempli du Saint-Esprit.

 

Il partit de là pour Tarse afin d'y chercher Paul, et vint avec lui à Antioche. Ils passèrent un an avec les fidèles qui composaient l'Eglise de cette ville, s'appliquant à leur inculquer les préceptes de la foi et de la vie chrétienne. Ce fut dans cette même ville que l'on commença à donner le nom de Chrétiens aux adorateurs de Jésus-Christ. Les disciples de Paul et de Barnabé secouraient de leurs aumônes les chrétiens de Judée et faisaient passer leurs largesses par les deux Apôtres. Ayant accompli cet office de charité, Paul et Barnabé revinrent à Antioche avec Jean surnommé Marc, qu'ils s'étaient adjoint.

 

Pendant que Paul et Barnabé servaient le Seigneur dans l'Eglise d'Antioche, jeûnant et priant avec les autres prophètes et docteurs, le Saint-Esprit dit : Séparez-moi Paul et Barnabé pour l'œuvre à laquelle je les ai destinés. Alors, avec des jeûnes et des prières, on leur imposa les mains et on les laissa partir. Ils allèrent à Séleucie, et de là en Chypre ; ils parcoururent en outre beaucoup de villes et de pays, prêchant l'Evangile avec un grand fruit pour ceux qui les écoutaient. Barnabé se sépara ensuite de Paul avec Jean surnommé Marc, et il revint en Chypre. Ce fut là que, vers la septième année de Néron, le trois des ides de juin, il unit la couronne du martyre à l'honneur de l'apostolat. Son corps fut retrouvé dans l'ile de Chypre sous l'empire de Zenon ; sur sa poitrine était une copie de l'évangile de saint Matthieu écrite de la main de Barnabé lui-même.

 

Recevez, ô Barnabé, l'hommage des nations reconnaissantes. Lévite fidèle, vous veilliez près du sanctuaire figuratif des siècles de l'attente, observant l’arrivée du Seigneur Dieu (Levit. VIII, 33.), jusqu'à ce que la véritable arche sainte, l'humanité du Sauveur, ayant paru dans Sion, vous vous rangeâtes près d'elle aussitôt pour la défendre et la servir. Elle venait rallier tous les peuples, leur donner la vraie manne, fonder avec tous un Testament nouveau ; elle demandait aux fils de l'ancienne alliance le sacrifice des privilèges qu'ils avaient eus au temps de l'égarement des nations. Membre de la tribu favorisée entre toutes, vous eûtes promptement fait l'abandon d'un titre périmé ; allant plus loin que le précepte, on vous vit renoncer aux possessions mêmes que vous teniez de votre famille, et vous donner, vous et vos biens, à l'Eglise à peine née, persécutée, méconnue de la synagogue. Aussi l'Esprit-Saint, qu'on ne surpasse jamais en générosité, vous réserva-t-il l'insigne honneur de donner aux nations leur Apôtre. Saul, votre ami, aveuglé par les préjugés de la secte pharisienne, n'avait point suivi votre exemple ; et les fidèles tremblaient à son seul nom, comme à celui du plus fougueux des persécuteurs. Mais votre intercession montait silencieusement pour lui de cette terre, et s'unissait dans le ciel à la prière d'Etienne pour son meurtrier. L'heure de la grâce sonna enfin ; vous  fûtes le  premier dans Jérusalem à connaître son triomphe, et il ne fallut rien moins que l'autorité de votre témoignage pour faire ouvrir au récent converti les portes de l'assemblée des croyants.

 

Devenu près de l'Eglise garant du Docteur des nations, il vous appartenait de le conduire en ses premiers travaux. Quelle gloire à vous d'avoir eu Paul pour compagnon ! S'il vous manqua d'avoir été mis au nombre des douze, votre autorité fut bien celle qui se rapprocha le plus de la leur. Délégué par eux à Antioche après le baptême de Cornélius, pour prendre en mains la conduite de l'évangélisation des gentils, vous vous adjoignîtes le nouvel ouvrier ; c'est alors que la parole du salut, passant par vos lèvres, produisit des conversions si nombreuses, qu'on donna pour la première fois aux fidèles le nom de chrétiens, qui les distinguait à la fois des païens et des Juifs. L'émancipation des nations était accomplie ; et Paul, aux yeux de tous et d'après le langage de l'Esprit-Saint lui-même, n'était encore que votre disciple et votre protégé (Act. XI, 3o ; XII, 25 ; XIII, 1.). Aussi l'Esprit voulut-il que l'ordination solennelle qui le constituait Apôtre des gentils, vous fût commune avec lui. Vos voies, inséparables jusque-là et quelque temps encore, n'allaient pas tarder à se diviser pour le bien d'un plus grand nombre d'âmes. L'île de Chypre, fatalement abusée par le démon de la volupté durant les siècles de l'idolâtrie, reçut plus spécialement vos soins apostoliques ; elle vous avait donné le jour : vous lui rendîtes en échange votre sang et vos sueurs, portant partout sur son territoire la sainte et purifiante lumière du Fils de Dieu.

 

Mais le feu de la Pentecôte qui brûlait en vous, sollicitait votre âme à des missions plus lointaines. C'est de vous-même qu'il était écrit, en même temps que de Paul : "Je t'ai établi pour être la lumière des nations et leur salut jusqu'aux extrémités de la terre" (Act. XIII, 47.). L'Italie entendit votre douce parole qui répandait la joie sainte et la consolation du Paraclet ; elle vit ce noble visage, dont la sereine majesté faisait croire aux pauvres païens qu'ils recevaient en votre personne le prince de leurs dieux, caché sous des traits humains (Ibid. XIV, 11.). Bergame, Brescia, d'autres villes encore, Milan surtout, vous honorent comme leur père. Du haut de votre trône d'Apôtre, ô Barnabé, gardez en elles toujours la foi que vous y avez déposée ; plus heureuses que les cités de l'île de Chypre, elles sont jusqu'ici restées fidèles. Protégez l'Ordre utile à l'Eglise, qui se réclame de votre puissant patronage ; que son apostolat continue le vôtre, et mérite jusqu'au dernier jour à ses membres l'estime dont les entourait saint Charles Borromée, votre glorieux successeur sur le siège de Milan.

 

Enfin, ô père des nations, étendez votre sollicitude à la gentilité entière qui vous fut confiée par l'Esprit-Saint sans distinction de races ou de pays : qu'elle entre toute dans la voie de lumière si bien décrite par la Lettre précieuse qui porte votre nom béni (Ep. cathol. S. Barnab. ap. XIX.) ; qu'elle soit pour Dieu le vrai temple dont celui de Moriah n'était que la figure.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

Paul et Barnabé à Lystra par Nicolaes Berchem

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10 juin 2011 5 10 /06 /juin /2011 04:00

À Paris, vers 656, Saint Landry, Évêque. Pour venir en aide aux miséreux lors d’une famine, il vendit les vases sacrés et construisit un Hospice près de la Cathédrale. Martyrologe romain

 

Hotel Dieu de Paris 

'Cette Maison du Bon Dieu fut fondée vers 650 par Saint Landry' 

 

Hotel Dieu Paris

L'HOTEL-DIEU A PARIS

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9 juin 2011 4 09 /06 /juin /2011 04:01

Le 9 juin, mémoire de saint Ephrem, diacre et docteur de l’Église. Il exerça d’abord à Nisibe, sa patrie, la charge de prédication et d’enseignement de la doctrine sacrée, puis, après l’invasion de Nisibe par les Perses, il se réfugia à Édesse en Syrie avec ses disciples, il y posa les fondations d’une école de théologie, accomplissant son ministère par sa parole et ses écrits, remarquable par sa vie austère et son érudition, à tel point qu’il mérita d’être appelé, pour les hymnes de toute beauté qu’il composa, la cithare du Saint Esprit. Il mourut en 373. Martyrologe romain

 

The death of St Ephraim of Syria, with St Gregory of Nycea reading the funeral service

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8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 04:00

Près de Soissons, en 564, saint Médard, évêque du Vermandois. Quand la cité de Saint-Quentin fut ruinée, il transféra son siège dans la ville fortifiée de Noyon, d’où il mit tout son soin à détourner le peuple des superstitions païennes pour le tourner vers la doctrine du Christ. Martyrologe romain

 

Saint Médard de Noyon-copie-1

Saint-Médard Couronnant La Première Rosière, Chapelle de la Vierge de l’église Saint-Médard à Paris 

 

L’usage depuis l’antiquité était de couronner la jeune fille la plus vertueuse, la plus pieuse, la plus modeste et qui avait en outre une conduite irréprochable tant pour elle que pour sa famille.

Selon la tradition la sœur de Médard aurait été couronnée la première à ce pieux concours de vertu.

 

On possède une description de cette fête grâce à une lettre insérée dans l’année littéraire de 1766 :

" Le 8 juin jour de la Saint Médard, ou le dimanche le plus rapproché de ce jour, la rosière vêtue de blanc, frisée, poudrée, les cheveux flottants en boucles sur ses épaules, accompagnée de sa famille et de 12 filles aussi vêtues de blanc, avec un large ruban bleu en baudrier, se rend au château de Salency au son des instruments. Le seigneur et tout un cortège la mènent à la paroisse, où elle entend les Vêpres sur un prie-Dieu placée au milieu du chœur.
Les Vêpres finies, le clergé sort avec le peuple pour aller à la chapelle de Saint Médard. C’est là que le curé bénit la couronne et la pose sur la tête de la Rosière qui est à genoux.

On ne saurait croire combien cet établissement a suscité à Salency l’émulation des mœurs et de la sagesse. Quoique les habitants de ce village soit au nombre d’environ cinq cents, on assure qu’il n’y a pas un seul exemple de crime commis par un naturel du lieu, pas même d’un vice grossier, encore moins d’une faiblesse de la part du sexe."

Saint Médard — Diocèse de Beauvais, Noyon et Senlis

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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 04:00

À Paris, en 1889, la bienheureuse Marie-Thérèse de Soubiran La Louvière, vierge. Pour la plus grande gloire de Dieu, elle fonda la Société de Marie Auxiliatrice, mais chassée de son Institut, elle passa le reste de sa vie dans la plus grande humilité. Martyrologe romain    

Bienheureuse Marie Thérèse de Soubiran 

Née à Castelnaudary en 1834, Marie-Thérèse de Soubiran avait fondé la congrégation de Marie-Auxiliatrice dans un esprit ignacien "pour la plus grande gloire de Dieu". Adoration perpétuelle du Saint-Sacrement et culte du Sacré-Cœur, fondation d’écoles populaires devaient constituer le programme de l’Institut, approuvé en 1869.

Mais la fondatrice allait être supplantée et chassée de sa Congrégation. Elle vint à Paris demander asile aux Sœurs de Notre-Dame-de-Charité-du-Refuge, rue Saint-Jacques (1874). Elle y vécut jusqu’à sa mort (1889), méconnue : "Maintenant, écrit-elle en 1879, dans l’oubli, l’inaction, la nullité la plus complète, je me passionnerai de Notre-Seigneur Lui-même."

Réhabilitée dès 1891, elle repose à Villepinte, diocèse de Saint-Denis, dans la chapelle du sanatorium de Marie-Auxiliatrice.

Bienheureuse Marie Thérèse de Soubiran - Diocèse de Paris

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6 juin 2011 1 06 /06 /juin /2011 04:00

L 'Esprit divin multiplie les secours sur la route de l'Eglise. Il semble vouloir nous montrer aujourd'hui que la puissance de son action ne doit point s'amoindrir avec les années ; voici que douze siècles après sa venue, éclatent dans le monde les mêmes miracles de conversion et de grâces qui signalèrent son glorieux avènement du ciel en terre.

 

Norbert, qui porte en ses veines le sang des empereurs et des rois, s'est vu convier surnaturellement, dès le sein de sa mère Hadwige, à une noblesse plus haute ; et cependant, trente-trois années d'une vie qui n'en doit guère compter plus de cinquante, ont été données par lui sans réserve aux plaisirs. Il est temps pour l'Esprit divin de hâter sa conquête. Un jour, dans un orage soudainement survenu, la foudre tombe au-devant du prodigue ; elle le précipite de son cheval, et creuse un abîme entre lui et le but où le porte une soif inassouvie de vanités qui n'arrivent point à combler le vide de son cœur. Alors, au plus intime de son âme retentit la voix qu'entendit Saul sur le chemin de Damas : "Norbert, où vas-tu ?" Et le miséricordieux dialogue continue entre Dieu et ce nouveau Paul : "Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? — Eloigne-toi du mal, et fais le bien ; cherche la paix et poursuis-la". Vingt ans après, Norbert est au ciel, occupant parmi les pontifes un trône illustre, et rayonnant de l'éclat qui marque dans la patrie les fondateurs des grands Ordres religieux.

 

Quelle trace profonde, durant les années de sa pénitence, il a laissée sur terre ! L'Allemagne et la France évangélisées, Anvers délivré d'une infâme hérésie, Magdebourg arraché par son archevêque aux dérèglements qui souillaient la maison de Dieu : tant d'oeuvres dignes de remplir une longue et sainte vie, ne sont point pourtant les plus beaux titres de Norbert à la reconnaissance de l'Eglise. Avant d'être appelé malgré lui aux honneurs de l'épiscopat, l'ancien hôte de la cour impériale avait choisi dans les forêts du diocèse de Laon, pour prier Dieu et châtier son corps, une solitude inhabitable. Mais bientôt Prémontré a vu ses marécages envahis par des multitudes ; les plus beaux noms de la noblesse venaient demander au grand pénitent la science du salut. En même temps, Notre-Dame lui montrait l'habit blanc que ses disciples devaient revêtir ; saint Augustin leur donnait sa Règle. Une famille nouvelle de Chanoines réguliers, la plus illustre, était fondée ; ajoutant aux obligations du culte divin solennel les austérités de sa pénitence ininterrompue, elle dévouait également ses membres au service des âmes par la prédication et l'administration des paroisses.

 

Il fallait, dans l'Eglise de Dieu, ce complément à l'œuvre des moines qui avaient relevé, au siècle précédent, l'épiscopat et la papauté du servilisme féodal. Les  moines,  quoique n'excluant de leur vie aucune œuvre sainte, ne pouvaient cependant, aussi nombreux qu'il eût été nécessaire, quitter leurs cloîtres et prendre sur eux la charge des âmes, que tant de pasteurs indignes du second ordre continuaient de trahir, dans le douzième siècle, au profit de leurs passions simoniaques et concubinaires. Seule, néanmoins, la vie religieuse pouvait relever le sacerdoce, depuis les hauts sommets de la hiérarchie jusqu'aux derniers rangs de la milice sainte. Norbert fut élu de Dieu pour une part de cette œuvre immense ; et l'importance de sa mission explique la prodigalité sublime avec laquelle l'Esprit-Saint multiplia autour de lui les vocations. Le nombre et la rapidité des fondations permirent de porter bientôt partout le secours ; l'Orient lui-même vit presque aussitôt se lever sur lui la lumière de Prémontré. Au XVIIIe siècle, malgré les destructions des Turcs et les ravages de la prétendue Réforme dans les pays où sa diffusion avait été la plus grande, l'Ordre, divisé en vingt-huit provinces, renfermait encore dans presque toutes ses maisons de cinquante à cent vingt chanoines, et l'on comptait toujours par milliers les paroisses confiées à ses soins.

 

Les religieuses, dont la sainte vie et les prières sont l'ornement et le secours de l'Eglise militante, occupèrent dès l'origine la place qui leur était due dans cette innombrable famille ; au temps du fondateur ou peu après sa mort, on en comptait plus de mille à Prémontré même. Un tel chiffre pourra nous donner une idée de la propagation vraiment prodigieuse de l'Ordre à ses débuts. Norbert étendit également sa charité aux personnes qui, comme Thibault comte de Champagne, eussent voulu le suivre au désert, et que la volonté de Dieu retenait dans le monde ; il préluda aux pieuses associations que nous verrons saint Dominique et saint François organiser, au siècle suivant, sous le nom de tiers-ordres.

 

Voici la notice consacrée dans la sainte Liturgie à ce grand serviteur de l'Eglise et des âmes : 

Norbert , issu de nobles parents, reçut dans sa jeunesse une éducation distinguée. Placé ensuite à la cour de l'empereur, il méprisa les attraits du monde, et voulut être enrôlé dans la milice ecclésiastique. Après avoir reçu les saints Ordres, il renonça au luxe et à la commodité des habits, et, couvert d'une melote de peau, il se livra tout entier à la prédication de la parole de Dieu. Ayant renoncé pareillement aux revenus ecclésiastiques dont il jouissait et qui étaient considérables, il distribua de plus son patrimoine aux pauvres, et entreprit un genre de vie d'une austérité admirable, ne faisant qu'un seul repas par jour qu'il prenait sur le soir et qui ne consistait qu'en mets permis pour le carême, marchant nu-pieds et ne portant que des habits usés dans les rigueurs même de l'hiver. En retour, il fut puissant en œuvres et en paroles , et ramena en nombre immense les hérétiques à la foi, les pécheurs à la pénitence, les ennemis à la paix et à  la concorde.

 

Etant à Laon , et l'évêque l'ayant prié de ne pas s'éloigner de son diocèse, il se choisit une solitude dans le lieu qui était appelé Prémontré. Avec treize compagnons qu'il y réunit, il institua l'Ordre de Prémontré, après avoir reçu de saint Augustin dans une vision divine la règle qu'il devait suivre. La renommée de sa sainteté se répandant de plus en plus, et un grand nombre de disciples venant à lui tous les jours, son Ordre fut confirmé par Honorius II et par d'autres Souverains Pontifes ; on construisit pour lui un grand nombre de monastères, et il se propagea d'une manière  admirable.

 

Ayant été appelé à Anvers, Norbert détruisit dans cette ville la coupable hérésie de Tanquelin. Il fut illustre par le don de prophétie et celui des miracles. A la fin, ayant été élevé, malgré ses refus, sur le siège archiépiscopal de Magdebourg, il y soutint avec constance la discipline ecclésiastique, principalement le célibat. Au concile de Reims, il se montra un excellent appui d'Innocent II, et, se rendant à Rome avec d'autres évêques il réprima le schisme de Pierre de Léon. Enfin cet homme de Dieu, rempli du Saint-Esprit et chargé de mérites, s'endormit dans le Seigneur à Magdebourg, l'an du salut onze cent trente-quatre, le six de juin.

 

 

Vous sûtes racheter le temps comme il convenait, ô Norbert, en ces jours mauvais où vous-même, entraîné par l'exemple de la multitude insensée, aviez frustré Dieu si longtemps dans ses desseins d'amour. Les années refusées par vous d'abord au service du seul vrai Maître du monde lui sont revenues multipliées à l'infini, augmentées de toutes celles que lui ont données vos fils et vos filles. En vingt ans, vos œuvres personnelles ont, elles aussi, rempli le monde.

 

Le schisme abattu, l'hérésie terrassée pour la plus grande gloire du divin Sacrement qu'elle attaquait dès lors, les droits de l'Eglise revendiqués intrépidement sur les princes de ce monde et tous les détenteurs injustes, le sacerdoce rendu à sa pureté première, la vie chrétienne affermie sur ses véritables fondements qui sont la prière et la pénitence : tant de triomphes en si peu d'années, sont dus à la générosité qui vous empêcha de regarder en arrière, même un instant, du jour où l'Esprit-Saint toucha votre cœur.

 

Faites donc comprendre aux hommes qu'il n'est jamais trop tard pour commencer à servir Dieu. Fût-on, comme vous, déjà sur le soir de la vie, ce qu'il reste de temps suffit à faire de nous des saints, si nous donnons pleinement ce reste au ciel.

 

Foi et patience furent vos vertus chéries ; répandez-les sur notre triste siècle, qui ne sait plus que douter et que jouir en allant stupidement à l'abîme. N'oubliez point dans le ciel, ô apôtre, les contrées que vous avez évangélisées, malgré leur oubli, malgré leur retour aux tromperies de l'enfer. Saint pontife, Magdebourg a perdu l'antique foi, et avec elle le dépôt qu'elle ne méritait plus de votre saint corps ; Prague possède aujourd'hui vos reliques sacrées ; en bénissant l'hospitalière cité, priez pour la ville ingrate qui n'a pas su garder son double trésor.

 

Enfin, ô fondateur de Prémontré, souriez à la France qui se réclame de votre plus pure gloire. Obtenez de Dieu que, pour le salut de nos temps malheureux, il rende à votre puissant Ordre quelque peu de son ancienne splendeur.

 

Bénissez dans leur trop petit nombre, ceux de vos fils et de vos filles qui cherchent, en dépit des hostilités ridicules et odieuses du pouvoir, à faire revivre chez nous vos bienfaits. Maintenez en eux votre esprit : qu'ils sachent trouver dans la paix avec eux-mêmes le secret du triomphe sur les forces de Satan ; que les splendeurs du culte divin soient toujours pour eux la montagne aimée d'où, comme Moïse, ils rapportent au peuple chrétien, nouvel Israël, la connaissance des volontés du Seigneur.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

SAINT NORBERT

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