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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

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BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

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SALVE REGINA

3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 20:00

Mais ces deux images de la Madone à l'usage des chrétiens de l'Eglise primitive ne sont pas les seules qui se rapportent aux deux premiers siècles.

 

Au cimetière de Nérée et Achillée, s'en présente une autre, entourée des plus classiques peintures de l'âge des Antonins. Le trône désigne, selon la coutume, la majesté et la puissance de celle qui est assise et tient entre ses bras l'Enfant-Dieu. Autour d'elle sont les mages offrant au souverain Roi, son fils, les présents de l'Orient. Il est à regretter que cette peinture ait souffert de graves détériorations.

 

 La série des peintures historiques retrace quelques-uns des prodiges de l'Homme-Dieu, de ces prodiges auxquels Cécile fera appel dans sa harangue à Tiburce, comme aux irréfragables arguments de la divinité du fils de Marie. Telle est la guérison de l'aveugle-né reproduite par une autre fresque de Nérée et Achillée. (BOSIO, p. 249, I.) Quant aux épisodes relatifs à la Passion du Sauveur, ils manquent, sauf peut-être celui du couronnement d'épines, au cimetière de Prétextat, et encore y serait-il tellement déguisé, qu'on aurait peine à trouver des arguments pour répondre au contradicteur. Rien d'étonnant d'ailleurs, lorsque nous rencontrons si souvent les martyrs sur nos fresques, toujours placides et n'annonçant leur triomphe que par la sérénité de leurs traits.

 

 La résurrection de Lazare revient souvent sur nos peintures, et comme fait historique et comme symbole ; car les traits de l'Evangile, ainsi que l'ont remarqué les Pères, servent à la fois d'arguments   dans  la  démonstration   chrétienne  et d'instruction morale aux fidèles. Dans cette première   partie   de   notre   exposé,   nous   insérons d'abord ce qui tient au positif des faits sur lesquels s'appuie la croyance. Les gentils de Rome et de l'Empire ont cru à Jésus-Christ, parce qu'il a ressuscité à Jérusalem un mort nommé Lazare, enseveli depuis quatre jours. Le sens moral que l'on peut tirer de ce fait les eût peu intéressés, si, avant tout, le fait n'eût pas été certain à leurs yeux.  Tenons-nous donc pour assurés qu'ils y ont regardé  de  fort près,  avant  d'accepter  le récit dans sa teneur ; car personne n'ignorait les conséquences qui pouvaient résulter du passage d'un païen au christianisme. Quant à la société polie de Rome au sein de laquelle nous avons signalé et nous signalerons tant de conversions à la foi prêchée par les apôtres, on conviendra qu'elle s'affirme suffisamment par le luxe colossal de ces innombrables  peintures dont les débris sont encore si imposants et si précieux pour l'histoire de l'art.

 

Ne faudrait-il pas être insensé, pour prétendre encore que le christianisme,  réduit aux ressources d'une agrégation formée au sein des classes vulgaires, eût pu concevoir et exécuter ces oeuvres d'une si haute distinction, et qui souvent rivalisent d'élégance avec les fresques si admirées des tombeaux des Nasons ? Non ; c'est bien l'aristocratie chrétienne de Rome qui a cru la résurrection de Lazare par le Christ, et qui a reconnu pour un Dieu le Nazaréen, maître de la vie et de la mort. Le plafond d'Orphée nous donne aussi ce sujet si souvent répété dans les cryptes chrétiennes.  Lazare est représenté en momie, et la baguette dont le Sauveur le touche figure le pouvoir divin qui seul peut rendre un mort à la vie.

 

 La foi chrétienne est désormais établie sur le fondement des miracles. Les apôtres reçoivent la mission d'enseigner toutes les nations : que va devenir le judaïsme ? Après avoir recruté d'une faible partie de ses membres la nouvelle société, il s'irrite de voir les gentils admis à l'alliance de Dieu. Par son dépit inhumain contre le christianisme, il renouvelle la jalousie de Jonas contre Ninive pénitente. Il fallait que ce trait tînt bien fortement à coeur aux premiers chrétiens pour qu'ils l'aient reproduit si souvent, non seulement sur leurs fresques murales, mais jusque sur les bas-reliefs de leurs sarcophages.  La fureur des juifs contre la loi nouvelle, le bonheur, chez les gentils convertis, de se sentir héritiers des promesses, et d'avoir éprouvé les miséricordes de Dieu, nous donnent la raison de cette insistance. Le livre sacré nous apprend que Jonas, après avoir dénoncé aux Ninivites l'arrêt divin qui condamnait leur ville à une destruction violente dans le terme de quarante jours, s'irrita de voir Dieu pardonner à cette ville infortunée, qui l'avait désarmé par la prière et par l'expiation. Dans son dépit d'avoir proféré une menace que la bonté divine avait daigné retirer, il alla se placer sur une montagne située à l'orient de Ninive, et de là il considérait avec indignation  la ville  qui venait de faire l'épreuve de la miséricorde céleste. Le soleil était ardent au ciel, et dardait vivement ses rayons sur le prophète. Une des fresques du cimetière de Domitille nous le représente dans l'accablement physique et moral qu'il éprouvait. (BOSIO, 243, V.)

 

 Il se leva cependant, et chercha à se construire un abri en ce lieu où sa colère le retenait. Dieu, qui lui ménageait une leçon, fit croître à l'instant sur l'appentis une plante grimpante aux larges feuilles que l'ancienne Vulgate appelle cucurbita, ce qui a donné lieu aux premiers chrétiens d'en mêler les fruits au-dessus de la tête du prophète. Sous cet ombrage, Jonas put goûter le repos de ses membres,  garanti qu'il était des ardeurs du soleil. Les fresques du même cimetière, avec leur allure classique, nous le représentent dans cette attitude. (BOSIO, 225, III.)

 

 Mais Dieu, qui voulait donner aux juifs une leçon d'humanité, envoya dès le matin un ver qui coupa la racine du bienfaisant arbrisseau ; les feuilles séchèrent tout à coup et tombèrent, et les premiers feux du soleil dont l'ardeur montait toujours vinrent donner d'aplomb sur la tête de Jonas. Le courage l'abandonna, et, dans sa déception, il en vint jusqu'à souhaiter la mort. Le peintre chrétien du deuxième siècle l'a représenté dans cette situation. (BOSIO, 226, III.)

 

Dieu se fit entendre alors à son prophète infidèle : "As-tu raison de t'irriter contre cet arbrisseau qui te refuse service ? — Oui, répondit le prophète ; je suis irrité à en mourir". Et le Seigneur lui dit : "Tu te fâches au sujet d'une plante que tu n'as pas fait pousser. Née dans la nuit, elle a disparu dans une nuit, et moi je n'aurais pas le droit de pardonner à Ninive, cette immense cité, où plus de cent vingt mille hommes ne savent pas discerner leur main droite de leur main gauche ?" (JONAS, IV.)

 

Saint Augustin explique ce type de Jonas si populaire dans les premiers siècles, et si inintelligible pour les chrétiens qui ne lisent plus la Bible. "Jonas, dit-il, figurait le peuple charnel d'Israël. Ce peuple était triste du salut des Ninivites, c'est-à-dire de la rédemption et de la délivrance des gentils. Pourtant, le Christ est venu appeler, non les justes, mais les pécheurs à la pénitence. Cette ombre de la cucurbite, qui s'étendait sur la tête du prophète, signifiait les promesses du Vieux Testament qui ne garantissaient, pour  récompense,   que   l'exemption   des   maux temporels, et dont les bienfaits, dans la terre de promission, n'étaient qu'une ombre des récompenses futures. Ce ver qui, dès le matin, vient ronger la racine de la cucurbite,  est le Christ qui, par sa parole, par la prédication de l'Evangile, a desséché ce feuillage temporel, à l'ombre duquel l'Israélite avait cru trouver un repos sans fin. Maintenant ce peuple expulsé de Jérusalem, privé de sa royauté, de son sacerdoce,  de son sacrifice, toutes choses qui n'étaient que l'ombre des biens futurs,  est esclave et dispersé ; il est brûlé, comme Jonas, des ardeurs de la tribulation." (Epist. ad Deogratias.)

 

Nous arrêtons ici la première série des peintures cémétériales, qui conduisaient les fidèles de la création et de la chute de l'homme à la réparation par le Christ, et se terminaient par la substitution de la gentilité au peuple d'Israël.

 

Nous allons suivre maintenant l'enseignement dogmatique de la foi chrétienne ; mais, auparavant, il est nécessaire d'établir l'Eglise par laquelle la foi et la grâce nous sont transmises.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 19 à 24)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 20:00

A l'époque où Cécile  donna sa vie pour le  Christ,  l'antique société romaine est encore reconnaissable ; le troisième siècle,  avec ses empereurs asiatiques et tout ce qu'ils entraînent après eux, lui enlève par trop  cette physionomie dont les  Antonins essayèrent de lui conserver quelques restes.

  

 Il entrait dans notre plan de commencer cette investigation des fresques cémétériales par une description générale des catacombes, ramenant le sujet à certains principes fondamentaux, à laide desquels il est aisé de saisir tout le système de Rome souterraine, au point de vue géologique, architectonique et chronologique.

  

On sait que Mabillon créa un jour la science diplomatique qui n'existait pas avant lui. Il y avait eu jusqu'alors des essais plus ou moins heureux ; mais, lorsque le maître eut paru, on entendit un homme aussi érudit que modeste, Papebrock, témoigner hautement de son admiration, et rendre grâces, au nom du monde lettré, au moine français qui avait ainsi reculé les bornes du savoir humain. Notre siècle aura vu quelque chose de semblable. On avait écrit beaucoup et doctement sur les catacombes ; il était réservé à M. de Rossi d'en fonder la science. Nous n'aurions fait, après tout, que répéter les leçons que nous avions prises, non seulement dans la lecture des écrits si lumineux du puissant archéologue romain, mais dans nos relations intimes avec lui. Quant au résultat quelconque de nos études personnelles, il n'a jamais fait que confirmer ce que le moderne Bosio a enseigné dans ses savants écrits. Au reste, les travaux récents de M. Desbassayns de Richemont, de MM. Northcote et Brownlow, et du docteur Kraus, suffisent abondamment pour initier tout lecteur de bonne volonté à une branche si importante de l'archéologie chrétienne, et dans leurs excellents travaux chacun peut prendre une idée exacte de la Rome souterraine.

  

 Avant de nous enfoncer dans ses sombres galeries, pour retrouver a la lueur des torches les fresques qui retraçaient aux yeux des chrétiens du deuxième siècle les faits et les symboles auxquels la foi les avait initiés, nous payerons un tribut de reconnaissance à ces humbles fossores qui par leurs travaux gigantesques ont créé cette nécropole aux détours infinis, et dont l'étendue réelle ne sera probablement jamais connue. Les effigies de ces constructeurs à la pioche, à l'équerre et au ciseau, se rencontrent de temps en temps sur les peintures murales ; hommage légitimement dû aux hommes laborieux qui préparaient ainsi des tombeaux aux martyrs, des sépultures aux fidèles, des sanctuaires et des lieux de réunion pour les membres de la chrétienté romaine. Il est à regretter que les peintres dont nous admirons les scènes historiques, les symboles et les élégants plafonds, n'aient pas songé à nous léguer aussi quelqu'un de leurs portraits, reconnaissable à la postérité.

  

 Au début de la synthèse doctrinale qu'offrent les peintures des deux premiers siècles dans les catacombes, il est naturel de placer les faits dont la succession historique constitue la base du christianisme. Nous citerons donc d'abord une fresque du cimetière de la voie Nomentane représentant Adam et Eve au pied de l'arbre de la science du bien et du mal. (Bosio, p. 455, II.)

  

L'unité de la race humaine, sa descendance d'une même famille, l'épreuve à laquelle furent soumis nos premiers parents, la tentation du serpent : tout est compris dans cette importante peinture.

 

Le cimetière de la voie Lavicane (Bosio, p. 38g, II) offrait aux chrétiens le spectacle de la catastrophe amenée par la désobéissance : le péché commis, le mal et par lui la mort introduite sur cette terre, Adam et Eve dans la honte et la désolation, le serpent détaché de l'arbre et triomphant de sa victoire ; mais, en face de cette scène désolante, le fidèle avait à se rappeler la miséricordieuse promesse d'un rédempteur pour les coupables et pour leur race, la tête du serpent ennemi brisée par le pied de la femme.

 

Un sujet répété maintes fois sur les fresques des catacombes, le déluge et le rôle de Noé, nous est offert sur les belles peintures du cimetière de la voie Ardéatine, comme l'un des jalons de l'enseignement chrétien. (Bosio, p. 231, II.) La justice de Dieu punissant les crimes de la terre, et la miséricorde conservant une famille de la race humaine, afin que la grande promesse s'accomplisse en ce monde repeuplé, au temps marqué par les décrets divins.

 

L'histoire du sacrifice d'Abraham continue l'instruction du chrétien. Pour prix de son obéissance envers Dieu, le patriarche apprend que de sa race naîtra un fils, et que, dans ce fils d'Abraham "toutes les nations de la terre seront bénies". (Genèse, XXIII.) Rome a déjà part à cette bénédiction par le grand nombre de chrétiens qui se pressent dans son enceinte. Le sacrifice d'Abraham a valu à celui-ci la gloire d'être non plus seulement le père d'Israël, mais le père de tous les croyants, même dans la gentilité, comme l'a enseigné saint Paul aux Romains eux-mêmes. Ce sujet revient souvent sur nos fresques.

 

C'est maintenant le rôle passager d'Israël qui va se dessiner. Il faut à Dieu un peuple qui conserve son nom et son culte, jusqu'à l'avènement du Sauveur promis, un peuple au sein duquel s'accomplissent les figures dont les réalités sont réservées au peuple cosmopolite des chrétiens. Saluons donc Moïse et le Sinaï, sur les sommets duquel est donnée la loi de crainte dont le juif est encore si fier, bien qu'elle ait croulé avec les murs de Jérusalem et de son temple.

 

Le peuple israélite ne pouvait se maintenir dans la réaction contre le polythéisme et l'idolâtrie, que par le secours d'une Providence occupée sans cesse à multiplier les prodiges ; autrement, il retournait au veau d'or et à d'autres divinités plus odieuses encore. Un échantillon de ces merveilles est le miracle de l'eau sortant du rocher, au contact de la verge de Moïse. Nous le trouvons reproduit dans un des compartiments du très beau plafond de l'Ardéatine ayant Orphée pour centre. (Bosio, p. 239, IV.)

 

Il est temps que paraisse David, roi et prophète, ancêtre direct du libérateur. Le livre de ses cantiques a passé tout entier de la Synagogue dans l'Eglise. Sans cesse, dans ses strophes inspirées, il montre le Christ, tantôt dans les souffrances, tantôt dans la gloire. Il convie toutes les nations de la terre à l'adoration du Dieu unique et véritable. C'est à David même que résiste le juif qui s'obstine à vouloir éloigner le gentil. Sur ce même plafond de la voie Ardéatine, on a peint le jeune David marchant, avec sa fronde, à l'attaque de Goliath. (III.)

 

L'esprit de prophétie, qui est un des principaux traits de l'Ancien Testament, est représenté par Elie dans les catacombes, comme il le fut sur le Thabor. Le cimetière de Domitille (Bosio, p. 227, IV) en fournit un intéressant exemple. Elie monte sur le char céleste qui va l'enlever, et laisse à Elisée son manteau de prophète. Il est à regretter que la dévotion indiscrète d'un chrétien ait mutilé celte belle fresque en creusant un loculus, afin d'ensevelir un enfant plus près du martyr qui reposait sous l'arcosolium.

 

Enfin le moment est venu où la promesse faite au commencement va s'accomplir. Un ange est envoyé à la Vierge, fille de David, pour lui annoncer qu'elle concevra, sous l'influence de l'Esprit-Saint, un fils qui, tout en étant le sien, sera appelé le Fils du Très-Haut. Une scène si imposante ne pouvait manquer d'être placée, quoique avec mystère, sous les yeux des fidèles. Le cimetière de Priscille nous fournit ce beau plafond, où la  Vierge,  assise  sur un  siège  d'honneur, ainsi que nous la montrent presque toujours les fresques des catacombes, afin de marquer sa supériorité sur tous les autres personnages, reçoit de Gabriel l'intimation du décret divin par lequel elle va devenir la mère de Dieu. (Bosio, p. 541.)

 

Une  autre peinture,   continuant  cette  divine histoire, nous montre la Vierge-Mère allaitant le Créateur de toutes choses, qui a pris chair dans son chaste sein. Un personnage tenant à la main le rouleau qui contient les prophéties d'Israël la désigne aux gentils.  L'étoile annoncée par Balaam, et qui guida les mages de l'Orient à Bethléem, scintille au ciel. Le style primitif de cette fresque, dont la gravure ne peut donner qu'une imparfaite idée, la fait remonter, aux yeux des connaisseurs, jusqu'à l'âge des Flaviens. On la voit au cimetière de Priscille, où elle semble se dérober aux regards,  et par sa dimension très restreinte et par la manière mystérieuse avec laquelle elle a été placée. Sur cette peinture, malheureusement  détériorée  par  l'humidité,   nous possédons le plus antique monument de Rome chrétienne en  l'honneur de  la Mère de Dieu. (De Rossi, Bulletino, III, 27.)

 

La même catacombe de Priscille nous offre dans une autre salle, célèbre sous le nom impropre de Capella graeca, une autre image de la Vierge-Mère, assise sur le trône, et se disposant à allaiter le divin enfant. Cette peinture, ainsi que celles qui l'accompagnent, remonte au temps de Marc-Aurèle. C'est dans le même compartiment que se trouve le groupe de la vierge Pudentienne cité plus haut dans cet ouvrage. Praxède a dû veiller à l'exécution de cette fresque, dans cette crypte des Pudens.

 

Mais ces deux images de la Madone à l'usage des chrétiens de l'Eglise primitive ne sont pas les seules qui se rapportent aux deux premiers siècles.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 13 à 18)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 20:00

Les choses devant se passer ainsi, on aurait eu lieu de penser que l'ambition de Cécile pour le martyre pourrait être déçue ; et en effet, si un jour elle fut satisfaite, notre héroïne le dut, après la grâce divine, à cette grandeur d'âme, à cette sublime ardeur qui la fit courir au-devant du sacrifice.

 

 Un puissant stimulant vers le martyre s'offrait de lui-même aux chrétiens de cette génération, dans les fréquentes visites qu'ils faisaient aux catacombes pour les réunions religieuses, les anniversaires déjà si multipliés des martyrs, la sépulture des morts et le culte de leur mémoire. Rome souterraine n'était plus réduite aux hypogées primitifs qui dataient de l'époque apostolique ; l'immense labyrinthe avait rayonné en tous sens, ayant, sur chaque voie romaine, pour point de départ quelque sépulture historique. Des escaliers nouvellement creusés conduisaient à des étages inférieurs ; de toutes parts, grâce à l'opulence de la communauté chrétienne, les galeries s'étendaient, et leurs alvéoles recevaient journellement les corps des fidèles du Christ que la mort enlevait à l'Eglise militante.

 

De nombreux cubicula se couvraient de fresques, œuvres d'un pinceau que n'avait pas encore trop affaibli la décadence de l'art. Sur la voie Ardéatine, les salles auxquelles accédaient les corridors qui partaient de la tombe des martyrs Nérée et Achillée donnent encore, par leurs élégants plafonds et leurs peintures murales, une idée de la magnificence avec laquelle ces demeures sépulcrales étaient ornées. Les cryptes de la voie Nomentane autour du cimetière Ostrianum, celles de Prétextat, n'étaient point au-dessous. Celles de la voie Salaria, des voies Latine et Lavicane, rivalisaient souvent avec ces types d'un art qui savait fondre ensemble le génie classique et l'intention chrétienne. Passé l'époque des Antonins, le style s'affaiblit et se perd dans les catacombes comme ailleurs.

 

Les regards de Cécile durent fréquemment rencontrer, en ces lieux sacrés, la représentation émouvante des scènes et des symboles dans lesquels se résumaient les dogmes de sa croyance. En dépit des ravages du temps, cette synthèse animée de la foi chrétienne peut encore être suivie aujourd'hui. En étudiant dans les cimetières de Lucine, de Domitille, de Priscille et des voies que nous venons de nommer, les fresques du premier et du deuxième siècle, sur lesquelles la peinture conserve encore cette pureté de lignes et celte manière antique que celles du troisième siècle ne retracent plus que par exception, on se sent avec attendrissement en face des mêmes scènes si souvent contemplées par ces chrétiens qui, sous le règne des deux Césars Marc-Aurèle et Commode, lorsque la persécution sourde et cruelle sévissait dans tout l'empire, venaient étudier à leur source les traditions du martyre.

 

 Quant à l'intention et au choix des représentations qui ornent les parois et les plafonds des cubicula, on ne saurait y méconnaître un enseignement officiel et garanti par l'autorité compétente. Sans cesse les prêtres de l'église romaine, les papes eux-mêmes,  étaient amenés dans les cimetières, soit pour la célébration des mystères, soit pour les sépultures; ils n'eussent pas souffert que cet enseignement contredît la doctrine prêchée   par   les   saints   apôtres,   et   conservée comme  un   dépôt  inviolable   dans   l'église   de Rome. On a donc le droit de considérer le cycle des peintures cémétériales comme ayant été exposé aux regards des fidèles avec la sanction de l'autorité.  Par suite des destructions  à jamais déplorables qui ont eu lieu,  il est indubitable que plusieurs des sujets de cette vaste synthèse nous manquent aujourd'hui ; mais assez d'éléments nous sont restés pour nous mettre à même d'y retrouver sans effort le symbole presque entier de la foi catholique.

 

Une réserve qui s'explique aisément par la loi de l'arcane, et par le danger où l'on était sans cesse de voir la police païenne descendre dans ces souterrains pour les explorer,  a  fait employer plus d'une fois des types usités avec une signification différente dans la gentilité, et reproduire comme ornement des motifs profanes que leur qualité accessoire rendait insignifiants ; mais les représentations directement et exclusivement chrétiennes,   quoique toujours mesurées dans l'expression, y sont en telle majorité, qu'un œil investigateur ne saurait s'y tromper. Les illusions de M. Raoul Rochette n'ont eu d'autre raison d'être que l'inconvénient dans lequel il est tombé, de prendre l'accessoire pour le principal.

 

 La police impériale, pénétrant dans ces sombres galeries, n'aurait eu du moins aucune raison de poursuivre comme provocatrices à la révolte ces inoffensives peintures, qui traduisaient la pensée chrétienne sur les murailles des cryptes. Tout y respirait la paix, et rien n'annonçait qu'une réaction politique fût à craindre de la part de ceux qui venaient déposer dans les alvéoles de ces labyrinthes les corps de tant de personnes chères et si souvent victimes de la férocité païenne. Les effigies de ces nobles victimes apparaissent plus d'une fois sur les fresques des cimetières, mais rien ne dénote en elles la résistance : c'est par la patience qu'elles ont vaincu ; rien ne rappelle les tortures par lesquelles elles ont passé. En contemplant ces héros, on voit seulement qu'ils sont arrivés et qu'ils sont dans la paix : IN PACE, EN EIPHNH, ainsi qu'il est écrit sur leurs tombes.

 

 Oui, ils sont là comme les vainqueurs, et nous verrons que les palmes et les couronnes ne leur manquent pas ; mais, comme le dit l'apôtre saint Jean, "c'est par la foi qu'ils ont vaincu le monde". (I JOHAN., V.) Rien n'est donc plus intéressant que de saisir au vif le principe qui les a soutenus et armés, et, sans tarder davantage, nous allons en rechercher la trace, interrogeant celles des peintures cémétériales que leur style nous montre contemporaines des événements que nous avons à raconter. Le désir de ne pas franchir l'époque où Cécile subit son glorieux martyre nous interdit le secours que nous auraient fourni les sarcophages chrétiens par les bas-reliefs dont ils commencent à paraître ornés dès le siècle suivant, et surtout au quatrième. Il nous faut renoncer pareillement à l'emploi de plusieurs peintures du plus haut intérêt que produisit le troisième siècle dans les catacombes ; mais nous avons préféré conserver à cette monographie son  cachet particulier.

 

A l'époque où Cécile  donna sa vie pour le  Christ,  l'antique société romaine est encore reconnaissable ; le troisième siècle,  avec ses empereurs asiatiques et tout ce qu'ils entraînent après eux, lui enlève par trop  cette physionomie dont les  Antonins essayèrent de lui conserver quelques restes.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 8 à 12)

 

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28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 20:00

Nous savons par le témoignage de Cécile elle-même, qu'elle fut, nourrie dans le christianisme dès son berceau. La maison où elle fut élevée et où elle passa ses années jusqu'à l'âge nubile était située au Champ de Mars. La piété romaine érigea de bonne heure une église sur l'emplacement de cette maison, et cette église fut appelée Sainte-Cécile in Domo. Elle fut rebâtie dans de moindres proportions, au siècle dernier, par la munificence de Benoît XIII, et une inscription qui provient de l'ancienne église, et qui est gravée en caractères de la fin du moyen âge sur un cippe antique, porte ces mots :

 

HAEC   EST   DOMVS
IN   QVA   ORABAT
SANCTA   CAECILIA

 

Le titre populaire (Sancta Maria del divino amore) qui s'est attaché à cette église relie le monument moderne à la maison des Caecilii, qui fut véritablement, durant les années que la vierge passa sous son toit, un temple auguste de l'amour divin.

 

 On ne doit pas s'étonner de trouver déjà, sous les Antonins, une maison patricienne établie au Champ de Mars. Quoique les auteurs anciens donnent à entendre que ce vaste emplacement fut destiné aux exercices militaires, sous les empereurs, il était déjà envahi dans sa plus grande partie par des temples et des édifices publics, et l'on vit Auguste, dès son sixième consulat, faire construire son  célèbre mausolée  entre  la  voie Flaminienne et la rive gauche du Tibre, au delà même du lieu où s'éleva le palais des Caecilii. Ce mausolée était environné de bosquets  que l'empereur avait destinés à l'agrément du peuple. On sera moins étonné encore que les Caecilii aient choisi le Champ de Mars pour y établir leur  demeure,   lorsqu'on  se  rappellera que  le Numidique avait sa maison sur le Palatin.

 

Personne n'ignore les bouleversements que Néron opéra sur cette colline, lorsqu'il bâtit sa maison dorée. Il réduisit par là même les anciens habitants du Palatin à aller chercher ailleurs l'emplacement de leur demeure, et le Champ de Mars, déjà envahi depuis Auguste,  offrait assez d'espace pour que l'on fût à même de choisir. C'est donc à l'antique règle ecclésiastique, qui fut en vigueur si longtemps dans la construction des églises,   que nous devons de pouvoir constater aujourd'hui l'emplacement du palais des Caecilii, au temps de l'Empire. Le souvenir de l'enfance et de l'habitation de Cécile au Champ de Mars a protégé, en le déterminant, le lieu où les Metelli, descendus du Palatin, étaient venus se poser, de même que son église de la voie Tiburtine nous éclaire sur l'emplacement de la villa du Numidique. Des fouilles, nécessitées par quelques réparations vers le milieu de ce siècle, dans les substructions de la petite église de Sancta Maria del divino amore, ont mis à découvert les restes d'importantes constructions qui attestent qu'un somptueux édifice s'élevait autrefois en ces lieux.

 

 On ignore à quel âge Cécile fut régénérée dans l'eau baptismale. Hors le cas où la vie de l'enfant pouvait courir des risques, l'Eglise d'alors retardait le plus souvent ce grand acte jusqu'au moment où, l'intelligence et la volonté étant éveillées, le néophyte pouvait comprendre l'étendue des engagements contractés avec le Dieu des chrétiens. Soumise aux influences des membres de la famille qui adoraient le Christ, Cécile n'eut point à chercher la voie qui conduit l'homme à Dieu. Elle fut de bonne heure à même de connaître d'autres aïeux, auprès desquels pâlissait la gloire de ceux que Rome païenne lui avait donnés. Elle sut que, par son baptême, elle avait eu part à l'adoption divine, et qu'elle était devenue la propre fille de l'Eglise qui est l'Epouse du Fils de Dieu. Sa première gloire fut de se sentir disciple des apôtres qu'il a envoyés aux hommes, comme son Père l'avait envoyé lui-même. A ses yeux, la Rome dont ses pères avaient porté si haut la puissance et si loin la domination, était déjà transformée en une Rome nouvelle, mère et nourrice des élus dans le monde entier. Les tombeaux de Pierre et de Paul étaient là comme les témoins impérissables de la foi qu'ils avaient annoncée : Pierre, dans la crypte Vaticane, sous la garde des Cornelii ; Paul, sur la voie d'Ostie, dans le sanctuaire souterrain que lui avait consacré Pomponia Graecina. Dès ses jeunes années, les yeux de Cécile avaient pu contempler la chaire vénérable sur laquelle Pierre s'était assis, et ses lèvres avaient pu baiser respectueusement les chaînes qu'il avait portées dans le Carcer Tullianus.

 

 La jeune fille n'ignorait donc pas à quelles dures conditions la foi qu'elle professait s'était implantée, au prix de quelles épreuves elle se maintenait et se propageait, dans ce centre de l'idolâtrie et de tous les vices d'une monde dégradé. Elle savait que l'Eglise issue de la croix obtenait son accroissement par le glaive, et tout aussitôt elle se sentit prête. L'espérance du martyre reposa dans son cœur, jusqu'au jour où elle put en cueillir la palme. Avec quel enthousiasme elle repassait dans son souvenir les glorieux combats livrés au paganisme par les fidèles sous la tyrannie de Néron ! Avec quel pieux respect son regard s'arrêtait sur le cirque Vatican, fameux par tant de victoires chrétiennes ! L'amphithéâtre Flavien lui redisait le triomphe d'Ignace, qui avait suivi de si près les immolations commandées par Domitien. En descendant la série des Césars plus voisins de son temps, elle sentait avec transport que, si le martyre était devenu plus rare, les règnes des Trajan, des Hadrien, des Antonin, avaient eu cependant leurs privilégiés, et un pressentiment semblait lui annoncer que le César sous lequel elle avait vu le jour ouvrirait plus largement la carrière aux soldats du Christ.

 

 Cécile était fière de la part que son sexe avait eue à tant de victoires. Elle connaissait mieux que nous la liste des héroïnes qui l'avaient précédée dans l'arène ; mais nous ne pouvons douter que ceux des glorieux noms qui ont pu descendre jusqu'à nous n'aient fait battre son cœur d'une  noble envie.  Ainsi,  au milieu des  sanglantes hécatombes de Néron, son œil discernait les  deux héroïques  femmes,   Danaïs  et Dyrcé, dont la renommée était allée jusqu'à Corinthe. Sous Domitien, la gracieuse Flavia Domitilla lui apparaissait s'envolant, vers l'Epoux céleste, du milieu des  flammes.   Sous  Trajan,   Balbine  et Théodora payaient avec joie le tribut du  sang au Christ qui les avait choisies ; Sérapie conduisait au triomphe Sabine, sa noble mère, à qui elle donnait ainsi la vie céleste, en retour de la vie  naturelle  qu'elle en  avait reçue ; sous  Hadrien,  c'était Symphorose,  le front ceint d'un diadème où brillaient sept rubis ; sous Marc-Aurèle, Félicité, seconde émule de la mère des Macchabées,  entourée d'un  nouveau septénaire de héros ; et à l'heure où Cécile, mûrie par la grâce, repassait ainsi les glorieux fastes de son sexe, il était à espérer que l'invincible phalange des chrétiennes martyres ne tarderait pas à s'enrichir de nouvelles recrues. La superbe forteresse du paganisme, Rome la déesse, se sentait assiégée ; mais elle ne devait se rendre qu'après de sanglants combats, dont la durée s'étendrait à plus d'un siècle encore.

 

C'est au sein de cette ville impure que Cécile devait attendre son départ pour sa vraie patrie, et, jusqu'à cette heure fortunée, il lui fallait rencontrer à chaque pas ces odieuses idoles auxquelles les esprits infernaux semblaient s'être incorporés, ces pompes, ces cérémonies de tous les jours, où Satan se faisait rendre hommage par un peuple enivré de toutes les erreurs et voué à toutes les corruptions.

 

Plus d'une fois, dans les calamités publiques, ce cri féroce : "Les chrétiens aux lions !" digne écho des clameurs du cirque et de l'amphithéâtre, avait retenti aux oreilles de la jeune femme. On avait peut-être lieu de s'attendre de la part du pouvoir à des ménagements envers les classes élevées de la société. Le christianisme, on l'a vu, avait jeté de profondes racines dans l'aristocratie romaine, et ses progrès, de ce côté, paraissaient au grand jour. En même temps, ceux entre les mains desquels se trouvaient à ce moment les destinées de l'Empire avaient quelque intérêt à ne pas se déclarer hostiles à certaines familles, dont au besoin ils auraient réclamé l'alliance. Aussi verrons-nous que la haine du christianisme, qui était un sentiment intime dans Marc-Aurèle, sévit de préférence sur les rangs inférieurs de la société.

 

Les choses devant se passer ainsi, on aurait eu lieu de penser que l'ambition de Cécile pour le martyre pourrait être déçue ; et en effet, si un jour elle fut satisfaite, notre héroïne le dut, après la grâce divine, à cette grandeur d'âme, à cette sublime ardeur qui la fit courir au-devant du sacrifice. 

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (TOME SECOND pages 1 à 7)

 

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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 20:00

En toute hypothèse, cette inscription commence la série d'un grand nombre d'autres de la famille Caecilia que nous énumérerons bientôt, et qui attestent directement la profession du christianisme dans cette famille au deuxième siècle.

 

 Il serait difficile de pousser plus avant l'investigation généalogique ; mais un fait de la plus haute évidence démontre que notre héroïne est issue de la branche des Caecilii Metelli Numidici et Pii. Les monuments pouvaient seuls dirimer le problème. Nul archéologue chrétien ne peut ignorer le canon du concile de Carthage qui a fait droit si longtemps, même à Rome, dans l'attribution du nom de tel ou tel saint à une église que l'on voulait construire. Ce célèbre canon auquel M. de Rossi a fait appel avec tant de succès, pour déterminer l'origine de la basilique de Saint-Clément, porte que les églises en l'honneur des saints peuvent être élevées seulement dans les lieux où reposent leurs reliques et dans ceux où ils ont vécu, où ils ont souffert, et, encore, dont ils ont été possesseurs. (Concil. carthag. IV, ann. 398, canon XIV.)

 

Or nous apprenons du Liber pontificalis que le pape saint Zacharie, qui siégea de 751 à 752, entreprit la restauration d'une église de Sainte-Cécile qui était située sur la voie Tiburtine au cinquième mille vers le point où le Magliano joint ses eaux à celles du Teverone. A en juger par les soins que le pontife mit à cette restauration, il faut que cette antique mémoire de sainte Cécile ait été d'une haute importance historique ; d'autre part, l'état de ruine où elle se trouvait déjà au huitième siècle atteste l'époque reculée à laquelle elle remontait. Zacharie la releva avec splendeur, l'orna de peintures, la dota richement et il alla jusqu'à racheter les biens qu'elle avait eus autrefois, et qui avaient été envahis par les voisins. Dans son respect pour ce lieu sacré, il en confia l'administration au clergé de la basilique Vaticane, et le Liber ponlificalis, chronique contemporaine, atteste que cette belle et riche église de la voie Tiburtine était appelée Domus culta sanctae Caeciliae.

 

 Nous avons vu plus haut que Caecilius Metellus le Numidique avait fait construire magnifiquement sa villa sur la voie Tiburtine, et un texte de Cicéron nous apprend que cette villa ne devait pas être très éloignée de Rome. Le grand orateur raconte que, dans une levée de soldats, un particulier cherchant à se faire exempter sous le prétexte de la faiblesse de sa vue, le Numidique lui demanda s'il ne voyait absolument rien. "Oh ! répondit le Romain, je suis encore de force à apercevoir ta villa, en regardant de la porte Esquiline". (De Oratore, II.) Cette petite distance de Rome concorde aisément avec ce que dit le Liber pontificalis des cinq milles qui séparaient de la ville l'église de Sainte-Cécile rebâtie par Zacharie.

 

 Nous pouvons maintenant tirer les conséquences. Sainte Cécile n'a point souffert le martyre sur la voie Tiburtine, à cinq milles de Rome ; ses reliques n'y ont jamais reposé ; le motif qui lui a fait ériger un sanctuaire très important en ce lieu dès la paix de l'Eglise ne peut donc être que le séjour qu'elle y aura fait, ou le domaine qu'elle y aura exercé. Or ce lieu, ce domaine, qui se rattache au souvenir et au culte d'un membre de la gens Caecilia sur la voie Tiburtine, peut-il être autre que la célèbre villa du Numidique, possédée ensuite par son fils Caecilius Pius et par sa descendance ? Dès lors il nous est permis d'affirmer avec certitude la filiation qui rattache en ligne directe notre héroïne à la branche la plus glorieuse des Caecilii. Ceci admis, il est assez naturel de conjecturer que la villa Tiburtine aura été assignée en dot à Cécile, lors de son mariage avec Valérien ; et l'église romaine, que nous verrons si empressée de recueillir les traces de l'illustre martyre dans la ville, n'aura pas mis moins de zèle à les glorifier hors de Rome.

 

Cécile dut naître dans les premières années du règne de Marc-Aurèle, et le glaive du martyre l'avait déjà moissonnée avant la mort de l'empereur philosophe. Sa carrière fut courte ; car la mort de son jeune époux Valérien et sa propre immolation suivirent de près le jour qui éclaira l'alliance de ces deux grands noms.

 

 Ses Actes nous apprennent qu'elle souffrit la mort pour le Christ sous Marc-Aurèle et Commode ; ils précisent par là même, autant qu'il est possible, la date de son glorieux trépas, puisque ces deux empereurs ne régnèrent ensemble que du 27 novembre 176 au 17 mars 180, qui fut le jour de la mort de Marc-Aurèle. C'est donc dans l'intervalle qui s'écoule entre ces deux dates que doit être placé le martyre de la fille des Caecilii.

 

On verra par le récit les raisons qui nous font choisir de préférence l'année 178.

 

(FIN  DU PREMIER VOLUME)

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 375 à 378) 

 

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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 20:00

Une autre Caecilia est restée célèbre jusqu'à nos jours, non par les qualités dont elle fut ornée, puisque les historiens ne nous en ont rien transmis, mais par la grâce et la majesté du monument qui lui servit de tombeau.

 

Fille de Q. Caecilius Metellus le Crétique, que nous avons vu consul en 685, elle fut mariée au triumvir M. Licinius Crassus. Assis vers le sommet d'une colline que la voie Appienne monte rapidement, le sépulcre élevé par le Romain à son épouse dominait avec grandeur les tombeaux, les temples, les villae et les aqueducs qui portaient à la ville des Césars le tribut des lacs et des fleuves. De nos jours, cet admirable monument n'est plus qu'une ruine ; mais il est resté le plus bel ornement de cette sublime région de la campagne romaine, si grandiose dans ses lignes, si suave dans l'ondulation de ses plans.

 

 Posant sur un dé quadrilatère, construit en travertin, ce tombeau a la forme d'une tour aux plus élégantes proportions. Une frise à festons entrecoupés de têtes de taureau décore avec grâce la partie supérieure, et un toit conique terminait autrefois ce gracieux monument. Ce toit fut renversé au moyen âge et remplacé par des créneaux de défense qui subsistent encore en partie. Le temps et les hommes ont respecté jusqu'aujourd'hui l'inscription dédicatoire placée sous la frise, faisant face du côté de la voie, et surmontée de plusieurs trophées. Elle porte seulement ces mots :

 

CAECILIAE

Q.  CRETICI F.

METELLAE CRASSI.

 

A l'intérieur du monument, on admirait le sarcophage dans lequel Crassus déposa le corps de son épouse. Il fut enlevé au seizième siècle, et placé dans Rome sous le cortile du palais Farnèse, où il est encore.

 

 Q. Caecilius Metellus Pius fut père d'une autre Caecilia Metella, qui épousa d'abord M. Aemilius Scaurus, prince du sénat, deux fois consul. Devenue veuve, elle s'unit en secondes noces à celui qui fut plus tard le trop célèbre dictateur L. Cornélius Sylla Félix (666), consul cette année même avec Pompée. Cette mésalliance d'une fille des Gaecilii choqua toute la ville, et Plutarque (in Syllam) rapporte que l'on chanta dans les rues des couplets à la honte de celui qui n'avait pas reculé devant une telle ambition ; les sénateurs eux-mêmes, au rapport de Tite-Live, "n'estimant pas digne de la main d'une si grande dame celui qu'ils avaient jugé digne du consulat". Au reste, Sylla entoura toujours Metella de la plus haute considération. Il eut d'elle deux enfants jumeaux, un fils et une fille, qu'il appela, l'un Faustus et l'autre Fausta.

 

 L'héritier des Cornelii et des Gaecilii, que nous avons vu succomber à Thapsus, eut une fille qui conquit au plus haut degré l'estime de la société romaine. Elle est connue sous le nom de Cornelia. Ayant perdu son mari P. Crassus qui périt dans la guerre des Parthes avec son père le triumvir, elle épousa en secondes noces le grand Pompée. Plutarque dit à propos de cette nouvelle Caecilia : "Ceste dame avoit beaucoup de grâces pour attraire un homme à l'aimer, oultre celle de sa beaulté ; car elle estoit honestement exercitée aux lettres, bien apprise à jouer de la lyre, et sçavante en la géométrie, et si prenoit plaisir à ouïr propos de la philosophie, non point en vain, ny sans fruict : mais, qui plus est, elle n'estoit point pour tout cela ny fascheuse, ny glorieuse, comme le deviennent ordinairement les jeunes femmes qui ont ces parties et ces sciences-là. Davantage, elle estoit fille d'un père, auquel on n'eust sceu que reprendre, ny quant à la noblesse de sa race, ni quant à l'honneur de sa vie. (Plutarque d'AMYOT, in Pompeium.)

 

 Notre intention n'est pas d'énumérer ici toutes les gloires qu'apportèrent, par leurs alliances, à la gens Caecilia, les femmes de cette grande race. Mais nous ne devons pas omettre la fille de Pomponius Atticus, celle-là même que Cicéron salue encore tout enfant, dans ses lettres à son père : "Puellae Caeciliae bellissimae salutem dices." (Ad Atticum, VI, 4) Elle fut mariée à l'ami et lieutenant d'Auguste, M. Vipsanius Agrippa, qui préféra l'alliance de Pomponius Atticus, simple chevalier de la gens Caecilia, à celle des plus grandes familles.

 

La fille de Caecilia Attica fut appelée des noms de son père Vipsania Agrippina, et Auguste l'ayant fiancée, dès l'âge d'un an, à Tibère, elle épousa celui-ci et lui donna pour fils Drusus César, le père même de cette Julie que Messaline fit périr en l'année 43, et dont la mort fut le moyen dont se servit la divine Providence pour amener au christianisme notre illustre Pomponia Graecina. Plus tard, Auguste rompit le mariage qu'il avait noué lui-même. Tibère se vit contraint de renvoyer Vipsania, qui était enceinte, et jouissait de l'estime universelle, aussi bien que de la tendresse de son mari. Ce divorce imposé fut très sensible à Tibère qui dut épouser Julie, la propre fille d'Auguste. Il est à croire que si le futur empereur fût demeuré sous l'ascendant de la petite-fille des Caecilii, Rome et le monde n'auraient pas vu les affreux désordres qui souillèrent le trône impérial, et mirent à l'ordre du jour les infamies qui forment le caractère du règne des premiers Césars.

 

Séparée pour toujours de Tibère, Vipsania épousa en secondes noces Asinius Gallus, et mourut en l'année 20 de l'ère chrétienne. Elle est la seule des nombreux enfants d'Agrippa qui n'ait pas péri de mort violente. Son second mari, Asinius Gallus, était fils du célèbre orateur C. Asinius Pollion, qui, appelé aux honneurs du consulat et du triomphe, eut aussi la gloire d'ouvrir à Rome la première bibliothèque publique. Il mourut dans sa villa de Tusculum, la troisième année de notre ère. Sa fille, belle-soeur de Vipsania, épousa M. Claudius Marcellus Aeserninus ; et ce fut cette alliance qui introduisit dans la gens Asinia l'usage du surnom Marcellus, qu'on y retrouve fréquemment depuis, avec celui d'Agrippa qu'y apportait en même temps la petite-fille de Caecilius Atticus. Un nouveau mariage sera-t-il venu, dans la seconde moitié du premier siècle, resserrer encore l'alliance des deux familles Asinia et Caecilia ? C'est ce que semblerait insinuer le cognomen de ce Q. Caecilius Marcellus, possesseur, sous Trajan, de la magnifique villa Tusculane dont M.  de Rossi vient de déterminer l'emplacement. Il n'était pas rare à cette époque que les fils de famille adoptassent comme troisième nom celui de leur mère, et cette villa de Q. Ceecilius Marcellus, si elle ne fut pas la dot même d'Àsinia Marcella, mère de celui-ci, se trouve du moins en rapports de voisinage avec d'importantes possessions des Àsinii (villa, briqueteries) sur ce même territoire de Tusculum.

 

Telle fut l'illustre race d'où sortit au deuxième siècle la vierge Cécile dont la gloire efface par son éclat toutes les grandeurs qui l'avaient précédée. Elle fut donnée du ciel pour unir en sa personne l'ancienne Rome, en ce qu'elle avait de plus noble et de plus pur, à la Rome nouvelle qui, à partir de Cornélius Pudens et de Pomponia Graecina, avait déjà enrôlé dans ses rangs généreux plus d'un membre ou allié de la gens Caecilia. Les autres demeurèrent, comme il n'est que trop aisé de l'expliquer, sous les ombres de l'infidélité. A rares intervalles, sous les empereurs, quelques-uns parurent sur les fastes consulaires ; ainsi nous noterons, en l'an 17 de l'ère chrétienne, G. Caecilius Rufus, dont le cognomen annonce une alliance des Cornelii Rufi avec la grande race des Caecilii. Il faut descendre jusqu'à l'an 137 pour rencontrer L. Caecilius Balbinus Vibullius Pius ; mais celui-ci a droit de nous arrêter. Son cognomen Pius indique tout d'abord la filiation du Numidique ; et d'autre part, son praenomen Lucius se retrouve sur le marbre chrétien d'un Caecilius, dont le cognomen a été brisé. Ce marbre, découvert par M. de Rossi au cimetière de Lucine, appartient à la dernière moitié du deuxième siècle. N'aurait-il pas rapport au consul de l'année 137, ou au fils de celui-ci ?

 

En toute hypothèse, cette inscription commence la série d'un grand nombre d'autres de la famille Caecilia que nous énumérerons bientôt, et qui attestent directement la profession du christianisme dans cette famille au deuxième siècle.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 370 à 374) 

 

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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 20:00

Nous notons ces points en passant, nous réservant d'y revenir.

 

 Son fils Q. Caecilius Metellus Pius avait fait ses premières armes dans la guerre contre Jugurtha, où le Numidique l'emmena simple soldat sous ses ordres. Il parut plus tard comme un des meilleurs généraux de Sylla, dans les luttes de celui-ci contre la faction démocratique ; mais il n'avait d'autre but que de refouler la démagogie qui, sous la conduite de Marius, menaçait Rome des derniers malheurs, et il ne trempa jamais dans les violences atroces qui ont souillé la mémoire du dictateur. Il eut les honneurs du consulat en 674. On ne tarda pas à l'envoyer en Espagne, où Sertorius tenait en échec la puissance romaine. Les rebelles, qui avaient compté sur l'isolement de la péninsule pour prolonger leur occupation séditieuse, se virent contraints de céder devant la science militaire de Pius. Celui-ci, dans l'expédition, avait eu pour collègue le jeune Pompée qui partagea avec lui les honneurs du triomphe en 684. Il mourut en 691, ayant tenu durant quarante ans le pontificat suprême.

 

Le rôle militaire des Caecilii, sur la terre d'Espagne, ouvert par le Macédonique, ne s'étendit pas au delà des dernières campagnes de Metellus Pius ; mais cette contrée demeura chère aux Caecilii qui l'avaient occupée assez de temps pour y fonder comme un second établissement de leur famille. Deux villes nouvelles, Mételline et Castra Caecilia, aujourd'hui Cacérès, en Estramadure, ont marqué le souvenir de leur glorieux passage. Lorsque tout fut perdu pour la grandeur romaine, on vit une partie de cette noble race s'établir sur le sol que ses ancêtres avaient reconquis à Rome, et venir chercher au milieu des races ibériennes l'héritage de cette estime que leurs pères y avaient méritée. Les médailles et les inscriptions nous les montrent, aux premiers siècles de notre ère, se liant toujours plus par leurs bienfaits avec les peuples de la péninsule. Au reste, les Caecilii ne furent pas seuls à venir demander à cette terre l'indépendance et la dignité de la vie, telles qu'elles pouvaient exister encore sous le règne des Césars.

 

" On peut dire que l'époque la plus heureuse et la plus brillante pour l'Espagne fut celle où, à partir du règne d'Auguste, ayant renoncé à la lutte contre la puissance des légions, elle recueillit et appliqua les moyens de civilisation qu'apportèrent dans son sein les grandes races de l'émigration romaine. Ce fut au moment même où la péninsule Italique marchait vers la décadence que l'Ibérique s'éleva au faîte de sa grandeur. Grâce aux influences que nous signalons, l'esprit romain, la langue et les moeurs latines, s'y montraient plus florissants qu'en Italie même, où l'esprit grec avait si fort modifié le vieux caractère national. On ne s'étonne plus alors de voir l'Espagne fournir à Rome des empereurs : Trajan, Hadrien et Théodose." (Reinhold Baumstark, Une Excursion en Espagne.)

 

 Entre les familles du patriciat romain dont plusieurs membres émigrèrent dans ce pays, nous ne pouvons omettre de désigner les Valerii. On les y suit comme les Caecilii, à l'aide des inscriptions et des médailles, à partir du règne d'Auguste, exerçant l'un après l'autre ou simultanément les premières charges dans les colonies et les municipes de cette contrée. Bien plus, les deux noms s'unissent dans la communauté la plus intime. A Sagonte, un Valerius est adopté par les Caecilii ; à Barcelone, une Valeria dédie un monument funèbre à son mari Caecilius ;  un Caecihus Bassus épouse une autre Valeria ; tandis que, à Rome, un Valerius Bassus est le mari d'une Caecilia. Ces rapprochements auront plus tard leur prix dans notre histoire.

 

 Nous avons parlé déjà, à propos des Cornelii, de Q. Caecilius Metellus Pius Scipion, adopté par les Caecilii. En même temps qu'il était arrière-petit-fils de P. Cornélius Scipion Nasica Corculum, il se rattachait au même degré de parenté, par son aïeule, à Caecilius le Macédonique, en attendant qu'il entrât définitivement dans la gens Caecilia par l'adoption que fit de lui Metellus Pius. Nous avons dit comment, en la journée de Thapsus, cet héritier des deux races succomba avec Rome devant la fortune de César.

 

 Avant de parler des femmes de la gens Caecilia, il n'est pas hors de propos de dire quelque chose des simples chevaliers de cette famille. On entendait sous ce nom ceux des Caecilii qui, laissant à leurs frères l'illustration des hautes magistratures, se contentaient de l'état intermédiaire où les plaçait leur fortune. Ainsi nous mentionnerons Q. Caecilius Bassus qui, après la bataille de Pharsale, lutta avec énergie dans Apamée contre les forces de César. Nous avons nommé déjà l'ami de Cicéron, Q. Caecilius Pomponianus Atticus, né d'un Pomponius et d'une Caecilia. L'existence splendide et pacifique de ce personnage dans des temps aussi agités, est un des épisodes les plus intéressants de cette époque où Rome finit. Nous avons dit la grande fortune que lui assura l'adoption de son oncle Q. Caecilius, et son nom ne tardera pas à revenir, à propos de sa descendance féminine.

 

Le nom d'une Caecilia brille aux premières pages de l'histoire romaine, et là est le point de départ des gloires inouïes qui se sont rassemblées autour de cette famille. L'époque des rois était close depuis bien des siècles, la république avait épuisé ses destinées, l'Empire s'en allait chancelant vers sa ruine, que le souvenir de Caïa Caecilia Tanaquil, femme de Tarquin l'Ancien, planait encore sur la ville éternelle. Dans son admiration pour cette matrone, Rome lui avait érigé une statue au Capitole. Varron, au rapport de Pline, atteste que la quenouille garnie de laine et le fuseau de Caïa Caecilia se conservaient encore de son temps dans le temple de Sangus, et que l'on gardait dans celui de la Fortune une robe que cette princesse avait tissée pour l'usage de Servius Tullius.

 

Ce culte traditionnel rendu à une femme que son rôle politique n'avait point détournée des convenances et des occupations de son sexe, est un des traits caractéristiques de l'ancienne Rome, et nous aurons occasion de remarquer jusqu'à quel degré l'idée et les attributs de Caïa Caecilia étaient entrés dans le type de l'épouse romaine. Mais ce qui ajoute encore à la gloire de ce personnage mystérieux, c'est d'avoir obtenu les éloges d'un Père de l'Eglise. Saint Jérôme a cité l'épouse de Tarquin l'Ancien comme l'un des modèles de la pudicité conjugale chez les gentils. "Le nom du prince auquel elle fut unie, dit le saint docteur, disparaît sous les ombres de l'antiquité comme celui des autres rois ; mais la rare vertu qui a élevé cette femme au-dessus de son sexe est gravée si profondément dans la mémoire de tous les siècles, que le temps n'a pu l'effacer." (Adv. Jovinian., lib. I, c. XLIX.)

 

Une autre Caecilia est restée célèbre jusqu'à nos jours, non par les qualités dont elle fut ornée, puisque les historiens ne nous en ont rien transmis, mais par la grâce et la majesté du monument qui lui servit de tombeau.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 365 à 369) 

 

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